En cours au Siège de l'ONU

AG/1231

PLUSIEURS DELEGATIONS A L’ASSEMBLEE GENERALE PRONENT L’ERADICATION DE LA MISERE COMME ANTIDOTE AUX ADHESIONS A LA RHETORIQUE TERRORISTE

12/11/2001
Communiqué de presse
AG/1231


Assemblée générale

49ème séance plénière – après-midi


PLUSIEURS DELEGATIONS A L’ASSEMBLEE GENERALE PRONENT L’ERADICATION DE LA MISERE COMME ANTIDOTE AUX ADHESIONS A LA RHETORIQUE TERRORISTE


L'Assemblée générale a poursuivi, cet après-midi, son débat général au cours duquel les participants, à l'instar de ceux qui se succèdent à la tribune depuis le 10 novembre, ont démontré l'urgence qu'il y a à œuvrer à une réalisation effective des objectifs fixés dans la Déclaration du Millénaire de septembre 2000 et concernant les questions de paix, de développement, de l'environnement et des droits de l'homme.  Si elles ont rejeté comme inacceptable toute justification des actes terroristes perpétrés à New York, à Washington et en Pennsylvanie le 11 septembre dernier, les délégations qui ont participé au débat, cet après-midi, ont néanmoins défendu la thèse du lien de causalité entre les frustrations politiques, économiques et sociales et la vulnérabilité à la manipulation et au fanatisme qui peut conduire au terrorisme.  C'est sous cet angle qu'ont été analysées les situations au Moyen-Orient et en Afghanistan.  Sur le premier dossier, le Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Maroc, M. Mohamed Benaissa a réitéré l'appel de son pays à la levée du blocus imposé contre le territoire palestinien et à l’arrêt de la politique des colonies de peuplement.  Il a plaidé pour le retour à la table des négociations sur la base du Rapport Mitchell et des accords conclus entre les parties et, à cet égard, il a exprimé la satisfaction de son pays au sujet des déclarations du Président Bush concernant la création d’un État palestinien. 


Le Ministre marocain des affaires étrangères a aussi abordé la question du Sahara occidental pour demander aux parties d'entamer des négociations d’une solution politique à ce "conflit artificiel".  Il a, par ailleurs, jugé anachronique l’occupation par l’Espagne des deux villes marocaines de Sebta et Mellilia et des îles avoisinantes.  Répondant à cette remarque, le Ministre des affaires étrangères de l'Espagne, M. Josep Piqué a observé que ces deux villes font partie intégrante de son pays et que ces habitants sont représentés au Parlement espagnol et jouissent des mêmes droits que leurs compatriotes.  Après avoir fait part de son optimisme quant au rétablissement de la paix en Irlande du Nord, le Ministre des affaires étrangères de l'Irlande M. Brian Cowen, tout comme son homologue de la Nouvelle-Zélande, M. Phill Goff, s'est attardé sur la situation en Afghanistan pour souligner la nécessité sur le plan politique de déployer des efforts concertés, à l'échelle internationale et sous les auspices des Nations Unies, pour aider le peuple afghan à créer un gouvernement représentatif de tous les groupes ethniques, sans exception.  Il a exhorté sur le plan économique la communauté internationale à ne pas relâcher ses efforts et à s'attaquer, avec vigueur et avec les ressources financières appropriées, à la reconstruction du pays, seul moyen de préserver la paix. 


Pour sa part, le Président de la République d'Albanie, M. Rexhep Meidani a salué la fin des tensions en ex-République yougoslave de Macédoine (ERYM).  Il a exprimé l’espoir d’une mise en œuvre intégrale de l'Accord-cadre d'Ochrid, signé, le 13 août dernier, entre le Gouvernement de l'ERYM et les quatre principaux partis politiques issus de la communauté albanaise.  L'application de cet Accord, a-t-il déclaré, doit se faire de toute urgence pour garantir aux membres de la communauté albanaise le statut de citoyens égaux qui leur revient de droit.  Répondant à cette injonction, la Ministre des affaires étrangères de l'ERYM, a évoqué les efforts de son Gouvernement et ceux de la communauté internationale pour surmonter les obstacles dressés devant le processus parlementaire de ratification de l'Accord, la poursuite des provocations et les manœuvres d'obstruction à l'application de l'Accord.


La stabilité et la sécurité ne sauraient être garanties sans l’éradication de la pauvreté, de l’exclusion et de la marginalisation, a rappelé, à son tour, le Ministre des affaires étrangères de la Tunisie, M. Habib ben Yahia.  C’est dans ce cadre, qu'il a inscrit l’appel de son pays pour l’établissement d’un fonds mondial de solidarité, de l’éradication de la pauvreté et de la promotion du développement social dans les zones les plus pauvres du monde.  Toujours sur le plan économique, le Secrétaire du Comité populaire pour la coopération internationale de la Libye, M. Abdurrahman Mohamed Shalghem a dit la fierté de son pays de la création de l'Union africaine qui, à son avis, marque, une nouvelle phase dans la renaissance du continent africain.  Le Secrétaire libyen à la coopération internationale est, par ailleurs, revenu sur l'accident de Lockerbie pour demander la libération immédiate d’Abdel Basset Elmigrahy, acquitté par le tribunal, la fin des obstacles à la levée des sanctions et l’appui à sa quête légitime visant à obtenir une juste compensation des pertes subies suite au régime de sanctions imposé par le Conseil de sécurité.


Ont également pris part au débat les Ministres des affaires étrangères du Suriname, de la Pologne, du Luxembourg, du Bélarus, des Maldives et du Bangladesh.  Les représentants de l'Iran, du Royaume-Uni ont exercé leur droit de réponse.


L'Assemblée générale reprendra son débat général demain mardi 13 novembre à 9 heures.


Déclarations


M. REXHEP MEIDANI, Président de la République d'Albanie: Les institutions albanaises continueront à concentrer leur attention sur la lutte contre le terrorisme, les crimes organisés, les trafics illégaux et la corruption.  Etant un carrefour stratégique entre l'Europe de l'Est et de l'Ouest, l'Albanie est convoitée par les éléments du monde du crime organisé qui s'emploient à l'exploiter comme un pays de transit pour les trafics illégaux des drogues, des hommes et des armes.  Considérant la stabilité intérieure politique et économique comme indissociable de la stabilité régionale, l'Albanie s'est engagée à appliquer une politique régionale de bon voisinage envers tous les pays des Balkans.  Une expression éloquente de cette politique a été le rétablissement des relations diplomatiques avec le Gouvernement de Belgrade, au début de cette année.  L'Etat albanais a également adopté une position réaliste par rapport à la crise la plus récente dans l'ex-République yougoslave de Macédoine.  L'Albanie a dénoncé, de manière catégorique, la violence extrême qui s'est déclenchée dans ce pays non seulement parce qu'elle appuie l'intégrité et la souveraineté du voisin de l'Est mais aussi parce qu'elle croit que le dialogue politique est et doit être l'unique moyen de résoudre les problèmes dans une société multiethnique.  Le Gouvernement albanais espère voir la mise en œuvre intégrale de l'Accord cadre d'Ochrid entre les autorités macédoniennes et l'élément politique albanais.  L'Albanie souhaite que l'Accord soit ratifié au plus vite et en bloc par le Parlement macédonien  pour garantir aux Albanais de ce pays le statut qui leur revient de droit comme citoyens égaux d'un Etat. 


L'Albanie a aussi établi de bonnes relations de coopération avec le Kosovo.  Le scrutin du 17 novembre 2001 marque, pour elle, une étape importante dans l'histoire du Kosovo et de la région.  L'Albanie espère que la minorité serbe et les autres minorités du Kosovo participeront à ces élections en tant que parties intégrantes de la société kosovare.  L'Albanie fait appel à la communauté internationale pour qu'elle apporte une solution à la question de Mitrovica, consciente de ce que les idées du morcellement du territoire ainsi que la création d'institutions parallèles sont néfastes et condamnables.  L'Albanie réaffirme son engagement à réaliser les projets communs d'infrastructures dans le cadre du Pacte de stabilité pour l'Europe du Sud-Est.  Le pays a embrassé avec élan le processus d'intégration dans les structures euro-atlantiques avec pour objectif son adhésion à l'Union européenne.  L'Albanie voudrait voir la conclusion rapide des négociations sur l'Accord de stabilisation et d'association décidé au Sommet de Goteborg en juin dernier.  L'adhésion de l'Albanie à l'OTAN est un autre objectif stratégique.  Aujourd'hui, le pays se range parmi les neuf pays qualifiés par l'Alliance comme candidats potentiels.  L'Albanie est persuadée du rôle important de l'OTAN dans la région des Balkans où la notion de "sécurité des gens" doit être considérée sous un nouvel aspect.


Mme MARIA E. LEVENS, Ministre des affaires étrangères de la République du Suriname: Nous ne trouvons pas les mots pour commenter le grave accident qui vient de se produire et qui a vu un avion s’écraser sur un quartier résidentiel de New York.  Le peuple du Suriname transmet ses condoléances attristées aux familles des victimes.  Le Suriname est un petit pays multiethnique dont les habitants sont originaires d’Afrique de l’Ouest, de Chine, d’Inde, d’Indonésie, d’Europe et du Moyen-Orient.  Nous avons la chance de connaître une coexistence pacifique entre ces groupes dans le respect mutuel et la compréhension de l’autre, mais aujourd’hui plus que jamais, nous réalisons à quel point cette harmonie doit être protégée et chérie, car la paix et l’harmonie ne vont plus de soi.  C’est dans cette logique que les droits des indigènes sont traités avec la plus haute attention au Suriname et nous attendons avec impatience l’Instance permanente sur les populations autochtones qui devrait se tenir en mai 2001.  Nous souhaitons évoquer également le problème de l’accès limité des pays en développement aux marchés mondiaux du fait de réglementations commerciales rigoureuses et des régulations de l’Organisation mondiale du commerce qui ont contribué à accroître la pauvreté dans notre région.  Aussi, le Suriname fait-il appel à des négociations entre les Nations Unies et l’Organisation mondiale du commerce, afin que soit facilité pour les pays en développement l’accès à cet organe.  Nous saluons l’ambition de la communauté internationale de réduire de moitié la pauvreté d’ici 2015 et nous nous félicitons de la tenue de la prochaine Conférence sur le développement à Monterrey au Mexique en mars 2002, qui sera une opportunité pour les pays développés et ceux en développement d’aboutir à des accords permettant le financement du développement, d’assurer un développement durable et une distribution plus équitable des richesses mondiales, dans un développement prioritairement axé sur la personne humaine.


Nous souhaitons, par ailleurs, réaffirmer la nécessité de la lutte contre la pandémie du VIH/sida mais aussi de la malaria qui touche des millions de personnes dans le monde et nous appelons également la communauté internationale à faire preuve d’innovations pour trouver des solutions aux problèmes de la misère, de l’analphabétisme, de la tuberculose, du fardeau de la dette, de la dégradation de l’environnement ou du fossé grandissant entre les pays riches et les pays pauvres.  Nous espérons que le Sommet mondial sur le développement durable qui se tiendra à Johannesburg en 2002 ainsi que l’évaluation du Sommet planétaire de 1992 aboutiront à des recommandations et des engagements pour la mise en œuvre d’un développement humain durable dans un environnement mondialement viable.  Car l’effet de la mondialisation n’a pas été favorable à la plupart des pays en développement.  Cependant nous avons compris que notre monde est interdépendant et que nous ne pouvons plus faire marche arrière, comme l’ont mis en évidence les attentats du 11 septembre qui ont vu 80 nationalités touchées et des conséquences économiques négatives pour le monde entier.  En tant que Membres des Nations Unies nous sommes appelés à pratiquer le bon voisinage et la paix entre pays et nous avons pour obligation d’étudier les causes des récents actes terroristes, car le monde constitue notre propre foyer et nous, nous sommes des gens qui y vivent.


M. WLODZIMIERZ CIMOSZEWICZ, Ministre des affaires étrangères de la Pologne: La tragédie du 11 septembre doit avoir pour conséquence une réaction déterminée de la communauté internationale, une solidarité avec les États-Unis et la prise de mesures efficaces contre ceux qui provoquent la mort, la haine et la terreur.  Les fondements de l’ordre international doivent être réaffirmés.  Dans ce contexte, la réflexion doit être centrée sur le rôle de l’État qui est appelé à opérer dans un contexte absolument différent d’intégration, de mondialisation mais aussi de fragmentation.  Il s’agit d’un contexte d’interdépendance et de multiculturalisme dans lequel l’ouverture et la coopération internationale devraient permettre de corriger les processus de division et de désintégration qui peuvent aboutir au nationalisme, au séparatisme et à l’isolement.  La fragmentation est souvent provoquée par le fossé qui se creuse entre les pays développés et les pays en développement.  Le rôle de l’Organisation des Nations Unies est à cet égard crucial.  Il faut en outre noter que le terrorisme prend racine sur le terreau de la misère.  C’est pourquoi il est de notre responsabilité de faire face, de façon courageuse et attentive, à la question de la pauvreté dans le contexte international actuel dans la mesure où celle-ci engendre des inégalités et des calamités sociales.


Depuis le début, la Pologne s’est rangée du côté de la lutte contre le terrorisme et c’est pourquoi elle est en faveur de l’application de la résolution 1373 du Conseil de sécurité.  Les mesures régionales peuvent aider à la lutte contre le terrorisme et, la Pologne, à cet égard, a organisé une Conférence internationale la semaine dernière à Varsovie en présence de 17 pays d’Europe centrale, des Balkans et de la mer baltique.  La déclaration de la Conférence révèle la ferme volonté politique de lutter contre le fléau du terrorisme, en collaboration avec les États-Unis et la communauté internationale. 


On peut en outre relever que la mondialisation est une force positive qui appelle à une nouvelle approche de la coopération internationale, à la définition d’un rôle nouveau des institutions multilatérales et à la restauration de la primauté des décisions politiques courageuses et des accords intergouvernementaux.  Néanmoins, la mondialisation doit également permettre de combler le fossé entre les riches et les pauvres.  La promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance est d’ailleurs la meilleure voie pour la réalisation de ces objectifs.  


La Pologne estime que les intérêts de la sécurité internationale peuvent être servis par la signature et la ratification rapides des conventions internationales contre le terrorisme et, en particulier, de celles qui concernent la menace bioterroriste.  Cependant, si la lutte contre le terrorisme est impérative, elle ne doit pas occulter les autres défis à relever par les Nations Unies, au premier rang desquels on peut citer les problèmes de coopération socioéconomiques, de protection des droits de l’homme ainsi que les questions humanitaires et d’environnement.  De même, la Pologne estime qu’une attention particulière doit être accordée à l’élaboration et à l’adoption d’une série de mesures dans les domaines de l’aide au développement, de la réduction de la dette et de la facilitation du commerce. 


Enfin, il faut souligner la responsabilité partagée des Nations Unies avec les autres organisations et institutions financières et régionales ainsi qu’avec les États eux-mêmes en matière d’application de la Déclaration du Millénaire. 


M. ABDURRAHMAN MOHAMED SHALGHEM, Secrétaire du Comité général populaire pour les relations étrangères et la coopération internationale de la Jamahiriya arabe libyenne: Le 11 septembre dernier, plusieurs villes des Etats-Unis ont été victimes d’attaques terroristes dans lesquelles des milliers de personnes innocentes ont perdu la vie.  Elle-même victime du terrorisme, sous plusieurs formes, la Libye condamne ces événements douloureux, dénonce le terrorisme, quelle que soit la forme qu’il prenne, et appelle à l’élimination de ce phénomène qui constitue un danger pour la stabilité des Etats et la vie des individus.  Tout en appréciant les mesures prises par la communauté internationale pour éliminer le terrorisme à la racine, nous pensons qu’il est absolument nécessaire de prendre d’autres mesures, afin d’éliminer toutes les motivations aux sources desquelles il peut puiser.  Mais avant cela, il nous faut nous accorder sur la définition du terrorisme.  Nous ne pouvons pas en effet le condamner et le combattre lorsqu’il touche un pays précis et faire la sourde oreille lorsque d’autres Etats et d’autres peuples en sont les victimes.  Il ne faut pas non plus le lier à une religion ou une nationalité, car le terrorisme est sans foi et sans patrie.  Enfin, il est inacceptable de qualifier de terrorisme la lutte des peuples pour se protéger et parvenir à l’indépendance.  L’occupation, la provocation et l’agression des populations, comme celle dont nous avons été victimes en 1986,


sont des formes de terrorisme, tout comme le sont l’accumulation d’armes de destruction massive ou l’imposition de sanctions sans justification ni preuve.  Empêcher le Conseil de sécurité d’adopter des mesures pour protéger ceux qui sont soumis au meurtre et à l’exode est aussi une forme d’encouragement au terrorisme.  Pour toutes ces raisons, il est donc nécessaire que la communauté internationale mène sa lutte contre le terrorisme à tous les niveaux.


De manière plus générale, il reste encore beaucoup à faire pour que la communauté mondiale puisse affronter les défis qui attendent tous les Membres des Nations Unies, qu’il s’agisse de la dégradation de l’environnement, de l’extrême pauvreté, du VIH/sida, ou des obstacles technologiques qui sont venus remplacer les barrières idéologiques dressées contre l’épanouissement des pays en développement.  Les Nations Unies, qui sont l’instrument de nos efforts pour relever ces défis, doivent entreprendre, pour réussir dans cette mission, des réformes radicales.  Celles-ci devraient viser à améliorer la coopération entre les principaux organes de l’ONU et le reste du système, à renforcer le rôle de l’Assemblée générale – qui devrait notamment avoir droit de regard sur le Conseil de sécurité -, à accélérer la modification de la composition et des méthodes de travail du Conseil de sécurité, et surtout à éliminer les privilèges hérités de la Deuxième Guerre mondiale, comme le droit de veto.  L’Organisation ne peut pas seule accomplir sa mission en faveur de la paix et de la stabilité.  Les Etats doivent également y contribuer.  C’est en vertu de ce principe, que la Libye s’est constamment efforcée d’aider les pays victimes de conflits ou de différends.  Mais c’est de l’établissement de l’Union africaine, cette année, dont le peuple libyen est le plus fier.  Il marque en effet une nouvelle phase dans la renaissance africaine, qui permettra à ce continent, désormais uni, de relever les défis qui se présentent à lui.  Cela dit, la communauté internationale doit continuer à appuyer les efforts de paix africains, trouver une solution au problème de la dette extérieure, et surtout mettre un terme aux retombées du colonialisme, la source du sous-développement de l’Afrique et l’obstacle à son progrès, notamment en payant des compensations.   


La communauté internationale n’est toujours pas non plus parvenue à trouver une solution au problème palestinien.  A la lumière des faits, tous les efforts devraient se concentrer sur le retour du peuple palestinien sur sa terre et l’établissement d’un Etat démocratique, non raciste dans lequel tous les citoyens seraient égaux, quelle que soit leur religion ou ethnie, à la manière de ce qui a été réalisé en Afrique du Sud.  Tout en reconnaissant les progrès accomplis en matière de désarmement, la Libye estime qu’il ne sera jamais général et complet si l’on ne change pas les normes et les méthodes actuelles.  Pourquoi se concentrer sur le contrôle et l’élimination des petites armes lorsque se sont les armes de destruction massive qui constituent la plus grande menace?  Je me vois aussi obligé d’aborder à nouveau la question du différend qui oppose mon pays à plusieurs Etats occidentaux au sujet de l’accident de Lockerbie.  Le jugement rendu par le tribunal écossais au début de l’année, condamnant l’un des deux suspects et acquittant l’autre, participe plus d’une décision politique que de l’application du droit.  C’est pourquoi mon pays demande la libération immédiate d’Abdel Basset Elmigrahy, la fin des obstacles à la levée des sanctions et l’appui à sa quête légitime visant à obtenir juste compensation des pertes subis suite au régime de sanctions imposé.  


M. PHIL GOFF, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Nouvelle-Zélande: Mon pays accueille avec satisfaction la direction que les Nations Unies ont prise dans la coordination de la réponse au terrorisme.  Toutefois, l'action multilatérale et la coopération doivent être élargies de manière à éliminer durablement la menace du terrorisme.  Il faut une action globale pour minimiser cette menace et faire en sorte que les armes chimiques, biologiques ou nucléaires ne tombent pas aux mains des terroristes.  En conséquence, les Etats doivent ratifier au plus vite les Conventions pertinentes des Nations Unies et déployer tous les efforts pour faire progresser les discussions en cours dans les autres domaines du désarmement.  Les évènements du 11 septembre devraient également encourager les nations à ratifier le Statut de Rome sur la Cour pénale internationale qui est le forum indiqué pour juger les responsables de crimes contre l'humanité.  La lutte contre le terrorisme exige aussi que l'on s'attaque à ses causes.  Aussi est-il temps que les Etats réfléchissent à la pertinence d’adopter des politiques de répression contre les groupes dissidents ou minoritaires.  Ils doivent en outre, et en particulier ceux qui sont plus directement impliqués, renouveler les efforts pour trouver une solution durable à la crise du Moyen-Orient.  En ce qui concerne l'Afghanistan, il est important que l'ONU se tienne prête à contribuer à la reconstruction du pays une fois le conflit terminé, en travaillant avec une large coalition de groupes afghans à la création d'une infrastructure politique, économique et sociale viable. 


Les guerres du XXIème siècle ne seront pas gagnées par une seule nation quelle que soit sa puissance.  Seule l'ONU, dans une action collective, remportera la victoire contre le terrorisme, la pauvreté, les maladies et les menaces posées à l'environnement et par les armes de destruction massive.  Les engagements pris dans la Déclaration du Millénaire ont acquis une nouvelle urgence.  Et l'ONU ne pourra exploiter son potentiel que si des réformes efficaces sont entreprises, notamment au sein du Conseil de sécurité.  Pour la Nouvelle-Zélande, les pays contributeurs de troupes devraient être impliqués davantage dans le processus de prise de décisions du Conseil.  Il est également important de financer, de manière adéquate, les opérations de maintien de la paix et de renforcer la capacité de réaction rapide de l'ONU.  La Nouvelle-Zélande est d'ailleurs disposée à entamer des discussions sur un mémorandum d'accord concernant sa participation au système des forces en attente.


Mme LYDIE POLFER, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur du Luxembourg: Je voudrais tout d’abord présenter mes plus sincères condoléances aux familles des victimes de l’avion de la American Airlines qui s’est écrasé ce matin dans le Queens.  Le crime inqualifiable qui a été commis le 11 septembre 2001 ne visait pas seulement les États-Unis, mais notre mode de vie dans une société ouverte, démocratique, tolérante et multiculturelle, auquel aspirent la grande majorité des pays et des peuples ici représentés.  La discussion qui s’en est suivie dans nos opinions publiques montre cependant que nos sociétés ne se connaissent pas encore suffisamment, faute d’une communication adéquate.  Or, nous savons que la méconnaissance entraîne la méfiance, voire l’hostilité et favorise un repli frileux sur soi.  Le Président en exercice de l’Union européenne, M. Louis Michel, a exposé en détail voici deux jours, les mesures et initiatives prises par les Quinze en vue de combattre le fléau du terrorisme.  En ce qui concerne l’Afghanistan, nous pensons qu’il faut dès à présent œuvrer sous l’égide des Nations Unies en vue de favoriser l’émergence d’un gouvernement stable, légitime et représentatif de l’ensemble de la population.  Ce gouvernement devra être respectueux des droits de l’homme des Afghans et développer des relations de bon voisinage avec ses voisins.  Dans l’immédiat, il s’agit en priorité de venir en aide aux populations civiles, notamment aux réfugiés et le Luxembourg a d’ores et déjà mobilisé plus de 6,9 millions d’Euros à cette fin, qui s’inscrivent dans un effort global de l’Union européenne qui lui-même s’élève à plus de 320 millions d’Euros.  L’Union européenne est disposée, en coopération avec les États-Unis d’Amérique et les États arabes de la région, à encadrer le processus et à assister les parties en vue de faciliter leur nécessaire réconciliation.  S’agissant du Moyen-Orient, nous sommes favorables à la création d’un État palestinien et au droit du peuple d’Israël à vivre en sécurité. 


Par ailleurs, nous notons que le fonctionnement d’une démocratie est un atout majeur dans la marche vers le développement et il est important de réaffirmer l’importance des efforts nationaux contre la corruption et en faveur du développement d’un état de droit se basant sur des systèmes judiciaires équitables et performants.  Ensemble avec ses partenaires européens, le Luxembourg a affirmé son attachement aux engagements pris en septembre 2000 dans le cadre de la Déclaration du Sommet du Millénaire, qui sert depuis lors de balise à l’action des Nations Unies mais aussi à celle des États au niveau national.  Des instruments de mise en œuvre ont été lancés et un plan de route a été défini tenant compte des interdépendances entre dossiers et s’efforçant d’intégrer des contraintes locales, nationales, régionales ou globales.  En conclusion nous souhaitons évoquer deux repères qui illustrent la conscience du Gouvernement luxembourgeois pour préparer l’avenir des générations à venir.  D’une part, l’aide publique au développement du Luxembourg, qui atteint aujourd’hui 0,71% du revenu national brut, devrait atteindre 1% en 2005. D’autre part, j’ai présenté à la Chambre des députés du Luxembourg le projet d’une première candidature du Luxembourg à un siège non permanent au Conseil de sécurité en 2013-2014. 


M. MOHAMED BENAISSA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Maroc: Le Maroc condamne vigoureusement les crimes horribles commis le 11 septembre.  Quelles que soient notre vision et notre évaluation de ces événements, il est indéniable que les relations internationales ont connu, depuis ce jour, un nouveau cours et un tournant décisif.  Dans ce contexte, le Maroc appelle tous les États à se mobiliser et à n’épargner aucun effort pour extirper les racines du terrorisme qui constitue non seulement une menace contre la paix et la sécurité internationales mais aussi contre l’humanité tout entière.  Le Maroc juge essentiel que l'Organisation des Nations Unies puisse jouer un rôle de premier plan dans les efforts communs pour s’attaquer aux raisons profondes du développement du terrorisme.  Les résolutions du Conseil de sécurité constituent un cadre approprié dans l’organisation de l’action commune que pourraient mener les Nations Unies dans ce contexte. 


Il est certain que la question du Moyen-Orient constitue l’un des conflits régionaux qui secoue notre monde depuis plus d’un demi-siècle.  Le Maroc n’a cessé de demander la levée du blocus imposé aux villes et villages palestiniens, la cessation des démolitions des habitations et des récoltes ainsi que l’arrêt de la politique des colonies de peuplement dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967.  Le Maroc réitère par conséquent sa demande en vue de la cessation du cycle de violence et de la contre-violence et le retour à la table de négociations sur la base du Rapport Mitchell et des accords conclus entre les parties palestinienne et israélienne.  A cet égard, nous avons enregistré avec beaucoup d’intérêt et une grande satisfaction les déclarations du Président Bush concernant la création de l’État palestinien. 


Le Maroc espère en outre que les contacts en cours entre les Nations Unies et le Gouvernement iraquien aboutiront à la levée des sanctions et à la fin de l’état de désespoir et de souffrances vécus par le peuple iraquien.  Le Maroc réaffirme, également, la nécessité de préserver l’indépendance et la souveraineté de l’État du Koweït ainsi que l’intégrité de son territoire ainsi que celles de l’Iraq. 


En outre, le règlement des conflits armés est d’une importance cruciale pour le continent africain.  Notre organisation doit par conséquent développer une approche nouvelle et pragmatique de maintien et de consolidation de la paix fondée sur le respect du cessez-le-feu et l’encouragement du dialogue entre les parties.  Il s’agit également de faire prévaloir l’action préventive et de mettre en place des mécanismes d’alerte rapide dans les zones de tension. 


Le Maroc a toujours manifesté sa volonté d’accélérer la consolidation de l’Union du Maghreb arabe.  Toutefois, la construction de ce projet reste tributaire d’une solution juste et durable de la question du Sahara et, dans ce contexte, le Maroc invite les parties à répondre positivement à l’appel contenu dans la résolution du Conseil de sécurité 1359 pour engager des négociations au sujet d’une solution politique de ce conflit artificiel. 


Il faut en outre noter que l’occupation par l’Espagne des deux villes marocaines de Sebta et Mellilia et les îles avoisinantes constitue un anachronisme allant à l’encontre des valeurs et des principes universels défendus par la communauté internationale.  A cet égard, le Maroc considère que la consolidation de relations irréversibles de coopération, d’amitié et de bon voisinage avec l’Espagne est un objectif stratégique fondamental.  L’Espagne doit donc adhérer aux droits de souveraineté légitimes du Maroc sur ces villes occupées. 


Le maintien de la paix et de la sécurité internationales est également tributaire des problèmes liés à l’environnement.  Dans ce contexte, le Maroc a eu le grand honneur et la lourde tâche de contribuer à faire aboutir les négociations de la septième Conférence des Parties à la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.  Le Maroc est déterminé à contribuer efficacement à la réussite des travaux de la Session extraordinaire sur les enfants.  Enfin, nous souhaitons que les Nations Unies associent les potentialités offertes par les ONG dans les stratégies orientées vers les secteurs sociaux.


M. MIKHAIL KHVOSTOV, Ministre des affaires étrangères de la République du Bélarus: A la lumière des attaques du 11 septembre, la présente session de l’Assemblée générale n’est pas simplement un événement régulier dans le cadre des Nations Unies.  Tous les Etats Membres doivent témoigner d’une volonté collective réelle de rendre notre monde moins vulnérable à ces actes insensés qui placent l’humanité au bord d’une catastrophe mondiale.  Le Bélarus déjà partie aux 12 conventions des Nations Unies sur le terrorisme accueille donc avec satisfaction les mesures visant à définir et à éliminer non seulement le terrorisme lui-même, mais ses racines.  Il nous semble d’une importance capitale que les Etats Membres prennent conscience des liens indissociables entre le développement, la paix et la sécurité, dans le contexte de la mondialisation.  La Conférence internationale sur le financement du développement devra, à notre avis, jeter les fondements d’un nouveau consensus mondial sur les questions économiques et financières.  Ce consensus devra prendre en considération les intérêts et besoins spécifiques des pays selon leur niveau de développement économique et social. 


Tout en s’attaquant aux défis sociaux et économiques, il ne faut pas détourner notre attention des questions de sécurité et de désarmement.  Les informations selon lesquelles les dépenses militaires atteignent 800 milliards de dollars par an sont particulièrement inquiétantes.  Ayant lui-même volontairement renoncé à l’arme nucléaire, en 1996, le Bélarus est déterminé à plaider pour que les Etats non nucléaires obtiennent des garanties contraignantes, y compris par l’intermédiaire d’une convention internationale.  Le Bélarus compte parmi ceux qui jugent le Traité ABM de 1972 comme un élément fondamental du maintien de la stabilité stratégique.  Les résultats de plusieurs décennies de négociations difficiles sur ce point ne doivent pas être perdus et les consultations sur une question aussi importante devraient être conduites au plan multilatéral, assurant la participation de tous les Etats intéressés.  La prévention des conflits demeure, à nos yeux, l’une des questions les plus importantes à l’ordre du jour de l’ONU.  A cet égard, l’exemple de l’Afghanistan est parlant.  La force militaire ne sera pas capable en effet de résoudre à elle seule les problèmes complexes et de longue date de ce pays.  Seul un dialogue national équilibré, reposant sur le strict respect des normes du droit international, pourra surmonter les contradictions de cette société.  Au Kosovo et en Macédoine, la logique politique devrait aussi l’emporter sur le recours à la force.  Le Bélarus appuie d’ailleurs l’initiative de la Fédération de Russie visant à reconfirmer du point de vue légal les frontières dans les Balkans. 


La présente session de l’Assemblée générale revêt aussi une importance particulière pour le Bélarus puisqu’elle doit examiner la question visant à l’élimination des conséquences du désastre de Tchernobyl.  Au cours des dix dernières années, mon pays a consacré 12,5 milliards de dollars à essayer de surmonter les effets économiques, sociaux et humanitaires de cette catastrophe.  Les habitants des régions contaminées ne sont pourtant toujours pas en mesure de retourner dans leurs foyers et la communauté internationale doit se mobiliser davantage.  Les conclusions de la mission spéciale d’évaluation dépêchée par les Nations Unies dans les trois zones les plus touchées devraient permettre de faire porter l’attention des efforts sur le développement durable et les capacités humaines de ces régions.  Nous demandons aux délégations d’apporter leur soutien au projet de résolution présenté sur la question par la Fédération de Russie, l’Ukraine et mon pays.  


M. BRIAN COWEN, Ministre des affaires étrangères de l'Irlande: Dans la lutte contre le terrorisme, il faut savoir honnêteté et réalisme garder.  La justice pénale doit s'accompagner d'une autre sorte de justice, la justice distributive.  La paix et la sécurité ne seront jamais garanties sans une action simultanée pour traiter des causes sous-jacentes des conflits, de l'injustice, de la pauvreté et de la violation des droits de l'homme et des libertés fondamentales.  Au sein de l'ONU, il faut travailler avec un engagement et une détermination soutenus pour relever les défis fixés dans la Déclaration du millénaire.  Et ce faisant, il ne faut en aucun cas relâcher les efforts sur le front des droits de l'homme.  A cet égard, l'Irlande attend avec impatience la création de la Cour pénale internationale. 


L'Irlande est aux côtés des Etats-Unis et du reste de la communauté internationale pour faire en sorte que les actes barbares du 11 septembre ne réussissent jamais plus, pour qu'il soit mis fin au terrorisme international, et pour assurer l'engagement total des Etats.  En conséquence, l'Irlande espère que la campagne militaire atteindra rapidement ses objectifs.  Il faut tout faire pour épargner la population civile et mettre en place une stratégie humanitaire visible et efficace.  Il faut également des efforts concertés, à l'échelle internationale et sous les auspices des Nations Unies, pour aider le peuple afghan à créer un gouvernement représentatif de tous les groupes ethniques.  Dans ce cadre, il est important de prévoir un appui à la reconstruction du pays. 


En Irlande, la voie est maintenant libre pour une pleine application de "l’accord du Vendredi saint".  En la matière, l'expérience a montré qu'il ne peut y avoir de solution militaire et que le règlement durable d'un conflit doit toujours tenir compte de ses causes originelles.  L'expérience a aussi montré le caractère essentiel du compromis et l'importance pour la viabilité d'un accord d'être global et de traiter de toutes les questions.  La même expérience a montré la nécessité pour les défenseurs de la paix de travailler ensemble et pour la communauté internationale d'appuyer un processus de paix d'une manière équilibrée et objective.  Un processus réussi requiert également  une carte de route et un mécanisme de surveillance du respect des engagements pris par les parties.  L'expérience a enfin montré l'importance pour ceux qui mènent le processus de paix de dépasser la politique "du dernier mot" ou de la dernière attaque.  L'Irlande reconnaît qu'il n'y a pas de solution unique aux conflits mais elle estime toutefois qu'appliqué, ces principes peuvent représenter une contribution importante à la réalisation de la paix et du progrès politique.


M. FATHULLA JAMEEL, Ministre des affaires étrangères de la République des Maldives: Il y a presque 13 ans les Maldives étaient victimes d’une attaque de terroristes étrangers au cours de laquelle périrent de nombreux innocents.  La tragédie du 11 septembre nous a rappelé que la lutte contre le terrorisme était un des plus grands défis que doit relever de la communauté internationale.  A cet égard, il est important que la doctrine juridique en vigueur soit renforcée et universalisée et, que les Nations Unies en tant qu’organisation mondiale responsable de la paix et de la sécurité internationales, jouent un rôle central dans cette lutte.  En tant que peuple qui pratique l’Islam aux valeurs millénaires, nous nous sentons profondément offensés par l’amalgame entre le terrorisme et l’Islam ou les musulmans.  Lors du Sommet du Millénaire, nos dirigeants ont lancé les grandes lignes d’un monde meilleur, un monde dans lequel toute l’humanité puisse prospérer dans la dignité et le respect mutuel.  Parmi les grands objectifs, nous sommes persuadés que la lutte contre la pauvreté est au cœur de la réalisation de la paix et du développement et nous devons faire de l’élimination de la pauvreté notre première priorité. 


La mondialisation est maintenant devenue une réalité et beaucoup de pays développés ont profité de ses bénéfices pendant que ses forces affaiblissaient les économies fragiles de nombreux pays en développement, ce qui a contribué à élargir le fossé entre riches et pauvres.  Néanmoins, notre pays est touché par la bonne volonté et la solidarité exprimée par la communauté internationale à l’égard des pays les moins avancés (PMA) lors de la Troisième Conférence à ce sujet tenue à Bruxelles au début de l’année et nous estimons que le temps est désormais venu de mettre en œuvre les engagements pris alors par les pays développés.  En tant que petit pays de 250 000 habitants éparpillés sur plus de 200 îles et doté d’une économie fragile reposant sur la pêche et le tourisme, les dilemmes des Maldives sont représentatifs de ceux rencontrés par les Petits États Insulaires en Développement (PEID).  Par ailleurs, nous soutenons le Programme d’action de lutte contre la pandémie du VIH/sida adopté à l’issue de la session spéciale de l’Assemblée générale à ce sujet.  Nous sommes également convaincus que la question du désarmement et des mesures de contrôle des armes reste une grande priorité de notre ordre du jour international et nous attendons avec impatience l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN).  Nous soutenons également la juste lutte du peuple palestinien; nous dénonçons le refus d’Israël de se retirer des territoires occupés et restons convaincus de la nécessité de mettre en œuvre le Rapport Mitchell pour la reprise du processus de paix qui est dans l’impasse.  Parmi les autres priorités nous souhaitons une réelle réforme des Nations Unies pour que l’Organisation puisse refléter les réalités d’aujourd’hui afin d’être capable de créer un monde plus prospère et plus pacifique. 


M. JOSEP PIQUÉ, Ministre des affaires étrangères de l’Espagne: Après les attaques terroristes du 11 septembre, la communauté internationale ne peut plus continuer d’agir de la même manière.  Le terrorisme ne peut plus être appréhendé comme un fléau inévitable mais comme un ennemi mortel pour nos peuples.  Le moment est par conséquent venu de montrer la volonté politique de chacun de prendre des mesures effectives pour une coopération internationale contre le terrorisme, pour laquelle l’Espagne se bat depuis des années.  L’important consensus international issu des attaques du 11 septembre montre qu’il ne s’agit pas d’un conflit entre les civilisations.  Il révèle plutôt la différence qui existe entre ceux qui commettent ces actes et ceux qui les considèrent comme une violation des principes de coexistence humaine les plus élémentaires.  L’Espagne se félicite, dans ce contexte, de l’adoption de la résolution 1373.  La communauté internationale doit mettre en place des instruments efficaces qui ne soient pas paralysés par des discussions politiques byzantines.  Certaines situations qui favorisent l’éclosion du terrorisme doivent en outre faire l’objet d’une analyse.  Il s’agit de situations qui révèlent des problèmes structurels tels que la pauvreté et la marginalisation de millions d’individus.  Les conflits régionaux, comme celui du Moyen-Orient, font également partie des problèmes à résoudre de façon prioritaire.  Les parties au conflit dans cette région du monde doivent procéder à des négociations car il n’existe d’alternative au processus de paix et à la coexistence pacifique de l’État d’Israël et de l’État palestinien. 


Les attaques terroristes ne sont pas les seules causes d’incertitudes dans le monde contemporain.  On peut en effet noter que les conflits internes posent un défi dans la mesure où il est difficile de les appréhender avec les instruments de la diplomatie traditionnelle.  De même, la question de la pauvreté et de la mondialisation posent des questions cruciales dans la mesure où cette dernière ne distribue pas ses bénéfices de façon équitable et contribue, dans certains cas, à creuser le fossé entre riches et pauvres.  Ces situations demandent la recherche de solutions et c’est la raison pour laquelle nos peuples se tournent légitimement vers les gouvernements et les institutions internationales, en particulier les Nations Unies, qui doivent également relever le défi de leur modernisation.  Les Nations Unies doivent élaborer des instruments de lutte contre le trafic de drogues et le crime organisé.  L’Espagne estime en outre que la Cour pénale internationale devrait entrer rapidement en activité.  Le contrôle des armes, le désarmement et la non-prolifération requièrent l’attention de la communauté internationale ainsi que le besoin d’une protection de l’environnement.  L’attention de la communauté internationale doit également être attirée sur la situation du peuple afghan et le caractère indispensable d’une aide économique et institutionnelle pour la reconstruction du pays.  Les nouveaux instruments diplomatiques doivent également s’intéresser aux affaires humanitaires, à la protection des droits des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur de

leur pays, à la situation des enfants dans les conflits armés et à la protection du personnel humanitaire.  L’Espagne appelle en outre à la réforme du Conseil de


sécurité afin qu’il soit plus démocratique, plus efficace et plus transparent.  La question de Gibraltar retient également toute l’attention de notre pays qui réaffirme sa volonté politique et celle du Royaume-Uni de dépasser leurs différends et de relancer les discussions dans le cadre de la Déclaration de Bruxelles. 


Il faut en outre souligner le caractère central du problème du développement et on peut noter l’engagement de l’Espagne dans le domaine de la coopération qui se traduit par le développement du microcrédit, par la mise en place cette année d’une réunion de haut niveau sur le tourisme et le développement dans les pays les moins avancés.  L’Espagne organisera également le deuxième sommet mondial sur le vieillissement et contribuera de façon décisive au Fonds mondial des Nations Unies contre le VIH/sida.  L’Espagne souhaite que les efforts soient poursuivis pour imposer une discipline budgétaire à l’Organisation des Nations Unies mais souhaite également éviter les positions rigides qui ne lui permettraient pas de faire face à ses responsabilités.  Enfin, il faut insister sur le fait que Sebta et Mellilia sont deux villes qui font partie intégrante de l’Espagne, leurs citoyens sont représentés au Parlement espagnol et ils jouissent des mêmes droits que leurs concitoyens espagnols.


M. HABIB BEN YAHIA, Ministre des affaires étrangères de la République tunisienne: Cette session intervient au moment où le monde s’inquiète des retombées des horribles attentats terroristes du 11 septembre.  La Tunisie, tout en condamnant vigoureusement ces actes, lance un appel pour que les affres de la guerre et de la destruction soient épargnées à la population civile innocente de l’Afghanistan.  Elle exprime son profond regret et sa vive douleur pour les dommages subis par les civils afghans sans défense et souligne la nécessité de veiller davantage à les préserver des dangers.  La Tunisie réaffirme aujourd’hui l’importance d’œuvrer en vue de développer la coopération entre les Etats dans la lutte contre le terrorisme, ses auteurs et leurs complices, et contre tous ceux qui, dans leur pays d’origine ou à l’étranger, ont été condamnés pour des actes terroristes.  Evitons à cet égard les “deux poids et deux mesures” surtout quand il s’agit de l’octroi de l’asile politique et du droit de séjour.  Une coopération internationale accrue exige une consolidation de l’acquis juridique existant par l’élaboration d’une convention internationale générale permettant la mise au point d’un plan d’action global approprié.  La Tunisie appuie donc la tenue d’une conférence internationale sur la lutte contre le terrorisme.  Il faut aussi que l’approche globale fasse de la prévention et de l’examen approfondi des racines de ce phénomène la pierre angulaire de toute action internationale.  Il faut impérativement, dans ce contexte, analyser la conjoncture internationale favorisant la multiplication des actes terroristes.  Ce faisant, il importe de remédier aux conditions génératrices des sentiments d’injustice, d’iniquité, de privation et d’exclusion pour éviter qu’ils ne soient exploités par des éléments douteux pour alimenter l’extrémisme et le terrorisme. 


Mais la stabilité et la sécurité ne sauraient être garanties sans l’éradication de la pauvreté, de l’exclusion et de la marginalisation.  C’est dans ce cadre que s’inscrit l’appel de mon pays en vue de l’établissement d’un fonds mondial de solidarité, de l’éradication de la pauvreté et de la promotion du développement social dans les zones les plus pauvres du monde, un mécanisme propre à aider la communauté internationale à atteindre l’objectif du Sommet du millénaire qui est de réduire la pauvreté de moitié d’ici à 2015.  Il ne fait aucun doute non plus que le renforcement des assises de la paix relève principalement de la compétence du Conseil de sécurité.  Dans cette optique, la situation au Moyen-Orient doit occuper une place prioritaire parmi les questions dont il est saisi.  La Tunisie accueille avec optimisme les prises de positions positives récentes émanant du Président américain, principal parrain du processus de paix, reconnaissant la nécessité de consacrer le droit du peuple palestinien à établir son Etat indépendant.  La persistance d’autres foyers de tensions, en maintenant trop longtemps des sanctions rigoureuses contre certains pays, les pays arabes en particulier, est aussi un facteur d’instabilité dans le monde.  Dans ce contexte, nous appelons à la levée des sanctions contre la Libye et de l’embargo contre l’Iraq.   La Tunisie, qui a adhéré à l’Union africaine nouvellement créée, appelle aujourd’hui la communauté internationale à fournir son appui au “Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique”.


Les exigences de la mondialisation imposent une cohésion et une mobilisation accrues en vue de garantir à tous progrès et prospérité.  Malheureusement les apports de l’accumulation rapide des connaissances n’ont pas atteint des millions d’individus et l’élargissement du fossé numérique entre pays industrialisés et pays en développement est préoccupant.  Des mesures concrètes doivent être prises et la coopération dans ce domaine est une nécessité impérieuse.  C’est dans cette perspective que la Tunisie entend abriter la deuxième session du Sommet mondial sur la société de l’information en 2005, afin d’établir un véritable partenariat informatique mondial.  Nous espérons que l’Assemblée pourra adopter, lors de cette session, une résolution pour en lancer les préparatifs.


Mme ILINKA MITREVA, Ministre des affaires étrangères de l'ex-République yougoslave de Macédoine (ERYM): Tirant les enseignements de sa terrible expérience terroriste au cours des huit derniers mois, l'ERYM a proposé comme réponse la signature d'un Pacte régional.  Pour l'ERYM, l'action doit être lancée maintenant, par les Etats, les régions et les organisations internationales.  Il n'y a pas d'alternative à la coopération internationale.  Il n'y a pas d'alternative à la lutte commune contre le crime organisé qui nourrit le terrorisme et la multiplication des approches ne peut que compromettre la lutte contre ce fléau.  Il n'y a pas de grand ou de petit terrorisme ni de terrorisme national ou de terrorisme international.  Il n'y a pas de terrorisme tolérable et de terrorisme intolérable.  Ainsi, sous le prétexte fallacieux de lutter pour sa minorité et pour les droits de l'homme, la prétendue Armée de libération nationale dont les structures, le commandement, le contrôle et la logistique se trouvent au Kosovo, a voulu imposer son unique objectif, à savoir la division de la Macédoine et la modification de ses frontières. 


La réponse de l'ERYM a été militaire, politique et diplomatique.  L'Accord-cadre signé par les dirigeants des quatre principaux partis politiques résulte d'ailleurs du ferme engagement du pays de trouver une solution politique à la crise et le moyen le plus efficace de défendre le territoire et de mettre à nu les objectifs des terroristes.  Toutefois, l'ERYM le répète, elle est prête à employer tous les moyens pour défendre son territoire.  Le coût de la défense du territoire a été élevé dans le pays et c'est la raison pour laquelle le Gouvernement lance un appel urgent à la communauté internationale, aux institutions financières et en particulier à l'Union européenne, pour qu'elles envisagent, à la prochaine Conférence des donateurs, la possibilité d'annuler la dette extérieure du pays.


En dépit des efforts du Gouvernement de l'ERYM et de ceux de la communauté internationale, des tentatives pour bloquer le travail du Parlement sont faites par les terroristes qui continuent dans le même temps les provocations et les actes d'obstruction contre la mise en œuvre de l'Accord-cadre.  Il faut condamner ces obstacles à la paix et à la stabilité.  L'ERYM est déterminée à poursuivre sur la voie de la paix et elle ne permettra pas que ces évènements l'écartent de cette voie et son principal objectif qui est de consolider sa démocratie et d'assurer son intégration aux structures euro-atlantiques.  L'intégration à l'Union européenne et à l'OTAN est l'objectif commun de tous les pays de la région d'Europe du Sud-Est qui sont tous conscients de ce que leur adhésion serait la solution indiquée à une stabilité et une prospérité durables.  En attendant, cette année, la Première Commission a adopté un projet de résolution sur le bon voisinage, la stabilité et le développement en Europe du Sud-Est dont l'ERYM a été auteur aux côtés de 46 coauteurs.


M. REAZ RAHMAN, Ministre des affaires étrangères du Bangladesh: Le Bangladesh est engagé dans la lutte contre le terrorisme sous toutes ses formes et quelles qu’en soient ses manifestations et nous travaillons actuellement à devenir partie à plusieurs instruments contre le terrorisme.  Plusieurs orateurs précédents ont attiré notre attention sur le fait que la question du terrorisme ne devait pas nous distraire des autres problèmes auxquels nous avons à répondre de façon pressante, comme le trafic de stupéfiants, le crime organisé, le transfert illicite d’armes légères, le blanchiment d’argent, la dégradation de l’environnement, les nouvelles maladies.  Beaucoup de ces fléaux sont liés entre eux et aucun ne respecte les frontières, ce qui nécessite une approche mondiale concertée et globale pour y répondre.  Parallèlement la mondialisation est marquée par deux conséquences positives: la prise de conscience massive des droits individuels et l’impact des sciences et de la technologie.  Le nouveau Gouvernement du Bangladesh est engagé dans la consolidation et le développement d’une structure démocratique durable avec la participation de l’opposition.  En ce qui concerne la lutte contre la pauvreté nous considérons que la population doit être placée au centre de toutes les politiques publiques.  Dans le même ordre d’idées, nous pensons que la sécurité va au-delà des armes que l’on possède mais dépend de notre capacité d’améliorer de façon visible la qualité de la vie et de promouvoir des traitements spéciaux en faveur des plus pauvres.  Le Bangladesh est persuadé que le meilleur gage de paix pour l’Asie du Sud réside dans la promotion d’une croissance et d’un développement durables.


Nous sommes en outre particulièrement fiers d’être le pays qui fournit le plus grand nombre de casques bleus et je souhaiterais rappeler que nous participons à dix missions de paix.  Parmi les questions politiques et économiques, la situation de l’Afghanistan nous préoccupe tout particulièrement et nous espérons que le peuple afghan aura la réelle opportunité de choisir bientôt son propre système de gouvernement en accord avec les valeurs démocratiques et humaines, dans le système post-taliban.  A ce sujet nous appelons à un soutien de la communauté internationale afin de permettre le retour des réfugiés et la reconstruction du pays.  D’autre part, nous regrettons la détérioration de la situation au Moyen-Orient et souhaitons que les Palestiniens puissent créer leur État.  Nous souhaitons évoquer également la question de la pauvreté qui reste le premier défi humanitaire et moral et nous espérons la mise en oeuvre des engagements pris dans le cadre du Sommet du Millénaire l’an dernier et nous sommes heureux de constater que le G-8 réuni récemment à Gènes ait fait sien des propositions similaires en matière de lutte contre la pauvreté.  Nous regrettons que l’accès aux marchés mondiaux ait été sérieusement limité pour les produits des pays en développement en général et des pays les moins avancés en particulier.  Dans ce contexte, nous pensons que les technologies de communication et d’information pourraient être un outil utile en vue d’améliorer la productivité des peuples des pays en développement.  En conclusion, je souhaiterais souligner


que ce n’est pas le manque de conditions matérielles et de ressources qui s’oppose à la promotion d’une perspective collective et partagée sur les défis communs.  Ce dont nous avons réellement besoin c’est de trouver une détermination et un courage communs en vue de construire une approche collective et inclusive afin d’entreprendre des actions pragmatiques tournées vers l’avenir. 


Droits de réponse


      Le représentant de la République islamique d’Iran a indiqué que, ce matin, le représentant des Emirats arabes unis a présenté des revendications inacceptables concernant l’intégrité territoriale de son pays.  L’Iran est déterminé à respecter ses obligations au titre du droit international, tout particulièrement celles émanant de l’Accord de 1971.  Les mauvaises interprétations ou les malentendus sur cet Accord doivent être résolus dans le cadre d’un mécanisme de dialogue à l’amiable.


Répondant quant à lui aux remarques du Ministre des affaires étrangères de l’Espagne concernant Gibraltar, le représentant du Royaume-Uni a expliqué que la position de son Gouvernement sur cette question est connue de longue date.  Le Royaume-Uni demeure engagé envers la population de Gibraltar conformément au préambule de la Constitution de 1969, qui soumet tout changement de souveraineté au consentement de la population de Gibraltar.  Il partage l’opinion de l’Espagne selon laquelle les questions relatives à Gibraltar ne peuvent être résolues que par le dialogue, ainsi qu’il a récemment repris grâce au processus de Bruxelles.  Le Royaume-Uni attache beaucoup d’importance à la poursuite de ce dialogue avec l’Espagne et se réjouit de la participation du Chief Minister de Gibraltar lors de futures rencontres ministérielles.


Le représentant des Emirats arabes unis s’est dit surpris que l’invitation positive au dialogue adressée ce matin par son chef de délégation à l’Iran donne lieu à un droit de réponse.  La position intransigeante de l’Iran concernant le problème des trois îles occupées a pour l’instant forcé mon pays à trouver une solution au travers des instances juridiques internationales dont la Cour internationale de Justice.  Ce qui est décevant c’est que l’Iran est disposé simplement à aborder les questions marginales concernant ce problème et non le fond, qui à terme devrait permettre de restituer les trois îles à leurs véritables propriétaires.  L’invitation de mon Gouvernement fait d’ailleurs écho à l’invitation iranienne au dialogue entre les civilisations, a fait remarquer en conclusion le représentant.


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