L’INTERVENTION EN AFGHANISTAN DEVRA S’ACCOMPAGNER DE MESURES DE RECONSTRUCTION DE CE PAYS ET D’AIDE HUMANITAIRE
Communiqué de presse AG/1227 |
Assemblée générale
45e séance – après-midi
L’INTERVENTION EN AFGHANISTAN DEVRA S’ACCOMPAGNER DE MESURES
DE RECONSTRUCTION DE CE PAYS ET D’AIDE HUMANITAIRE
La lutte contre la pauvreté pourrait contribuer,
entre autres, à éliminer le terrorisme, suggèrent plusieurs délégations
Le Pakistan a essayé d’empêcher une action militaire en Afghanistan, malheureusement il n’y est pas parvenu. Aujourd’hui, à la lumière du nombre important de victimes civiles de l’opération en Afghanistan, l’intervention est interprétée comme une guerre ouverte contre une population innocente déjà pauvre et victime de grandes souffrances. Il est donc souhaitable que l’opération militaire en Afghanistan soit aussi brève et précise que possible. Telle a été la teneur de l’allocution qu’a prononcée, cet après-midi devant l’Assemblée générale, le général Pervez Musharraf, Président et Chef de l’exécutif du Pakistan. Pour lui, la question de l’Afghanistan exige d’agir sur trois fronts: militaire, politique et humanitaire, ce dernier devant comprendre une phase de redressement économique. Une fois les objectifs militaires atteints, il faudra, en effet, éviter que le pays ne tombe dans un vide qui pourrait conduire à l’anarchie. Un point de vue d’ailleurs partagé par le Ministre des affaires étrangères de la France, M. Hubert Védrine, pour qui aussi inévitable qu’elle soit, l’action militaire doit s’accompagner d’une solution politique urgente, ainsi que l’envisage le plan d’action proposé par le Gouvernement français dès le début octobre. Toutefois, M. Musharraf a prévenu que le nouvel ordre politique en Afghanistan ne devra pas être imposé de l’extérieur. Qualifiant d’obligation morale, l’aide généreuse que la communauté mondiale doit apporter au peuple afghan, il a proposé de créer à cet effet un fonds d’affectation spéciale pour l’Afghanistan, placé sous les auspices de l’ONU.
Le Président du Pakistan a aussi insisté sur la nécessité de créer les conditions du retour des quelque 3 millions de réfugiés afghans présents actuellement dans son pays, qui ne doit pas être à nouveau victime des erreurs du passé. Conscient de l’importance de la question nucléaire pour la sécurité de la région, il s’est dit prêt à aborder avec l’Inde la question des mesures de réduction du risque nucléaire, et ce, dans le cadre d’un dialogue structuré, complet et intégré, ajoutant qu’il entendait maintenir la dissuasion au niveau minimum. Il a aussi indiqué qu’il avait l’intention de tenir, comme prévu, des élections aux assemblées provinciales et nationales et au sénat en octobre 2002.
(à suivre – 1a)
Rejetant la stigmatisation dont est victime actuellement la religion musulmane, M. Musharraf a expliqué que le terrorisme n’est d’aucune religion, qu’elle soit chrétienne, bouddhiste, juive ou musulmane. Il est en fait comme un arbre, et à moins d’en couper les racines, les branches repoussent toujours. A ses yeux, cela implique notamment la nécessité de régler les différends politiques de part le monde, dont ceux du Cachemire et de la Palestine, de manière juste et honorable. Sur ce point, M. Védrine a estimé que la création d’un Etat palestinien n’est pas le problème, mais la solution, ajoutant qu’il s’agit d’un objectif que le Président Bush a fait lui-même sien ce matin. Le terrorisme se nourrissant du terreau de l’injustice et de la pauvreté extrême, il faut aussi que le monde développé s’attaque, sans détour, à cette question, en encourageant la croissance, en éliminant le fardeau de la dette, et en luttant contre, ce que
M. Musharraf a appelé, “le blanchiment d’argent du pillage du tiers monde”. Une proposition qui a trouvé écho auprès des Présidents de la Colombie, M. Andres Pastrana, de la Bolivie, M. Jorge Quiroga, et du Pérou, M. Alejandro Toledo, qui ont plaidé pour le renforcement de la lutte contre le trafic des drogues, arguant que l’épidémie de violence et de terrorisme prend sa source dans les empires transnationaux de la drogue.
Pour tous ces orateurs, la lutte contre le terrorisme ne doit donc pas effacer les autres grandes questions à aborder telles que l'élimination de la pauvreté, le problème de la dette, celle du sida, ou encore, la nécessité de faire profiter tous les peuples de la mondialisation. Ainsi que l’a déclaré le Ministre des affaires étrangères du Canada, M. John Manley, rien n’affaiblit en effet davantage l’humanité que les ravages de la pauvreté extrême, tout particulièrement en Afrique. Le Vice-Président du Ghana, M. Alhaji Aliu Mahama, a, par exemple, demandé l’appui de la communauté internationale pour que tous les pays en développement puissent réaliser leur potentiel de développement durable à travers des politiques propices en matière de dette, d'accès aux marchés, d’échanges commerciaux générateurs de ressources, de transfert de technologies, d'augmentation de l'investissement étranger et de renforcement de l'aide publique au développement.
Dans ce contexte, nombreux ont été les intervenants à souhaiter que les prochaines conférences des Nations Unies sur le financement du développement, à Monterrey, et sur le développement durable, à Johannesburg, ainsi que la réunion de l’Organisation mondiale du commerce qui se tient en ce moment même à Doha fassent progresser le monde vers la réalisation des objectifs de la Déclaration du Millénaire. Ainsi que l’a posé simplement M. Frederick Chiluba, Président de la Zambie, et président en exercice de l’Union africaine, récemment créée, avec de meilleures conditions sociales et économiques, la démocratie et la bonne gouvernance seront préservées, le nombre des conflits diminués et la paix et la sécurité assurées.
L’Assemblée générale a également entendu: le Président de la République de Slovénie, M. Milan Kucan, le Président de la Roumanie, M. Ion Iliescu, ainsi que le Premier Ministre et Ministre de la défense de la Jamaïque, M. Percival James Patterson. Les Ministres des affaires étrangères de l’Andorre, du Zimbabwe et du Honduras ont aussi pris la parole.
Le débat général se poursuivra demain, dimanche 11 novembre, à partir de 9 heures.
Déclarations
LE GENERAL PERVEZ MUSHARRAF, Président et Chef exécutif de la République islamique du Pakistan: L’année dernière, lors du Sommet du Millénaire, nous étions tous rassemblés pour susciter une renaissance en ce nouveau millénaire. Aujourd’hui, malheureusement, nous nous réunissons avec en arrière plan l’infamie terroriste à laquelle le monde entier a assisté, en état de choc, le 11 septembre dernier. Des milliers de vies innocentes ont été perdues en quelques minutes et quatre-vingt nations ont perdu certains de leurs meilleurs et de leurs plus brillants ressortissants. En ces temps de grands bouleversements, une réflexion claire et une action ferme sont nécessaires. Je viens donc avec un message à la fois déterminé et volontaire ainsi qu’avec un message de paix pour tous les peuples. Il n’est aucune justification pour les actes de terreur perpétrés aux Etats-Unis et ils doivent être condamnés sans équivoque et dans les termes les plus forts. Ces attaques contre l’humanité exigent que nous unissions nos forces pour combattre le terrorisme. Le Pakistan a donc joint le geste à la parole. Mais maintenant que l’unité est scellée, l’heure est à l’introspection. Il est temps de faire la lumière sur certaines tendances dangereuses, sur certains préjugés qui, s’ils ne sont pas arrêtés, pourraient conduire à un désordre et à un chaos plus grand encore. Le terrorisme n’est d’aucune religion, qu’elle soit chrétienne, bouddhiste, juive ou musulmane. Il doit être condamné quels qu’en soient ses auteurs, les individus, les groupes ou les Etats.
Il faut se demander quelles sont les raisons de ces actes extrémistes de part le monde. A mes yeux, ce sont les différends politiques non résolus comme ceux de Bosnie-Herzégovine, du Kosovo, de la Palestine et du Cachemire. Malheureusement, ces différends impliquent des musulmans, qui en sont tristement les premières victimes. Le manque de progrès dans la résolution de ces problèmes suscite un sentiment de frustration, de désespoir et d’impuissance, parfois exacerbé davantage par des décennies de décisions du Conseil de sécurité sans suite. La question se pose alors de savoir si ce sont les peuples qui réclament leurs droits conformément aux résolutions des Nations Unies qu’il faut qualifier de terroristes, ou plutôt les pays qui refusent de mettre en oeuvre ces résolutions et pratiquent le terrorisme d’Etat. Au Cachemire, par exemple, les forces indiennes ont tué plus de 75 000 individus prétextant que ces meurtres sont le fait de terroristes étrangers. L’Inde doit cesser cette mascarade et les résolutions du Conseil de sécurité doivent être mises en oeuvre. Toutes les formes de terrorisme doivent être condamnées et prévenues mais, ce faisant, le monde ne doit pas fouler au pied les droits et les aspirations légitimes des populations qui luttent pour leur libération et sont victimes du terrorisme d’Etat.
Pour lutter contre l’extrémisme, il faut lui ôter toute source de motivation. Le terrorisme se développe dans un environnement où des millions sont victimes d’injustice et vivent dans des conditions indignes. Une solution juste et honorable au problème du Cachemire et la fin des souffrances du peuple palestinien sont donc des questions à régler de toute urgence, avec vigueur et franchise. Le terrorisme est comme un arbre, à moins d’en couper les racines, les branches repoussent toujours. Pour combattre le terrorisme dans son ensemble, il faut adopter une stratégie triple: s’en prendre aux individus terroristes, démembrer les organisations terroristes, et régler les différends politiques de part le monde de manière juste.
C’est de façon délibérée que le Pakistan a décidé de se joindre à la coalition mondiale de lutte contre le terrorisme après les événements du 11 septembre. Cette décision nous a catapultés une nouvelle fois à l’avant-scène du combat contre le terrorisme. Mais ce faisant, le peuple du Pakistan continue de souffrir d’un sentiment de trahison et d’abandon qui traîne depuis le retrait russe d’Afghanistan en 1989. En première ligne également à l’époque, nous avons reçu en retour trois millions de réfugiés, une économie détruite, une culture de la « Kalachnikov » et de la drogue et nous avons été laissés seuls pour y faire face. Le Pakistan espère donc que les erreurs du passé ne se reproduiront pas et qu’il recevra, d’urgence, une assistance financière et commerciale.
Le Pakistan a essayé d’empêcher une action militaire en Afghanistan, malheureusement il n’y est pas parvenu. Aujourd’hui, à la lumière du nombre important de victimes civiles de l’opération en Afghanistan, l’intervention est interprétée comme une guerre ouverte contre une population innocente déjà pauvre et victime de grandes souffrances, ce qui n’est plus le cas. Il est donc souhaitable que l’opération militaire soit aussi brève et précise que possible. Le Pakistan souhaite aussi que soit établie une stratégie politique visant à réaliser les mêmes objectifs que les opérations militaires. En fait, la question de l’Afghanistan exige une action sur trois fronts: militaire, politique et humanitaire, ce dernier devant comprendre une phase de redressement économique. Une fois les objectifs militaires atteints, il faudra éviter que le pays ne tombe dans un vide qui pourrait conduire à l’anarchie et mettre immédiatement sur pied des stratégies politiques et de reconstruction. Toutefois, le nouvel ordre politique en Afghanistan devra être interne et ne devra pas être imposé de l’extérieur. Cet ordre politique doit notamment être représentatif de la composition multiethnique du pays. La communauté mondiale a l’obligation morale de venir généreusement en aide au peuple afghan et, ce, de deux manières : une action humanitaire immédiate, en train de se dérouler actuellement, et une phase de redressement économique et de reconstruction, une fois les opérations militaires terminées. Les conditions devront aussi être réunies pour que les plus de 3 millions de réfugiés vivant au Pakistan puissent retourner dans leur pays. Nous proposons de créer un fonds d’affectation spéciale pour l’Afghanistan, sous les auspices de l’ONU, en vue du redressement économique et de la reconstruction du pays.
La pauvreté et le dénuement conduisent à la frustration et rendent les masses vulnérables à l’exploitation par les organisations extrémistes. Le monde développé a donc aussi le devoir moral de s’attaquer de manière franche et non détournée à cette question, par le soutien à la croissance, l’élimination de la pauvreté, et l’action sociale dans les pays en développement. L’une des avancées les plus significatives serait sinon d’éliminer, du moins de réduire le fardeau de la dette. Il faudrait aussi que des mesures similaires à celles prises contre l’argent de la drogue et du terrorisme soient prises contre le blanchiment d’argent du pillage du tiers monde. J’en appelle donc à tous les pays développés pour qu’ils légifèrent contre cet argent mal acquis qui est déposé chez eux. Le Pakistan est aussi pleinement conscient de la dimension nucléaire de la question de la sécurité de sa région, ainsi que des dangers qui sont ainsi posés et de la responsabilité qui incombe aux Etats ayant ce type d’arme. Nous sommes disposés à envisager la manière dont le Pakistan et l’Inde pourraient créer un mécanisme de sécurité stable pour l’Asie du Sud, s’appuyant sur le règlement pacifique des différends, la préservation de l’équilibre nucléaire et conventionnel, la prise de mesures de confiance et le non-recours à la force. Nous sommes disposés à aborder, avec l’Inde, la question de la retenue, tant nucléaire qu’en matière de missiles, ainsi que des mesures de réduction du risque nucléaire, et ce, dans le cadre d’un dialogue structuré, complet et intégré. Le Pakistan n’a pas été le premier à lancer les essais nucléaires et il ne sera pas le premier à les reprendre. Nous faisons aussi en sorte que nos éléments nucléaires soient bien gardés et demeurent en sûreté. Nous maintiendrons la dissuasion à son niveau minimum. Ces deux dernières années, le pays a en fait axé ses efforts sur le redressement économique, l’allègement de la pauvreté, l’amélioration de la gouvernance et l’établissement d’un processus démocratique véritable. En dépit des circonstances, nous sommes résolus à tenir les élections aux assemblées provinciales et nationales et au sénat en octobre 2002, ainsi qu’annoncé en août dernier.
M. ANDRES PASTRANA ARANGO, Président de la Colombie: La tragédie du 11 septembre dernier a eu un effet positif: elle nous a tous unis contre cet ennemi commun qu’est le terrorisme. Elle a aussi mis fin à l’hypocrisie de nos discours. Le temps est venu de définir nos positions, sans ambiguïté ni équivoque: soit nous sommes pour l’humanité, pour sa dignité et son intégrité, soit nous sommes contre.
Le monde est aujourd’hui bouleversé à cause du terrorisme. Nous, en Colombie, souffrons de ce mal depuis longtemps à cause du trafic des drogues, sans sentir à nos côtés le ferme soutien de la communauté internationale. Or, le fléau de la drogue n’est pas seulement un problème de culture et de trafic, c’est un problème mondial avec des ramifications mondiales. Il s’agit d’un secteur complexe et transnational, dont les profits circulent en toute liberté dans les marchés financiers. Mon pays demande que les mesures prises pour lutter contre les drogues illicites s’appliquent aussi au terrorisme, car aucun Etat n’est à l’abri des conséquences destructrices des drogues illicites. Le problème de la drogue, et plus largement de la criminalité organisée, sape les structures institutionnelles, conspire contre la démocratie, fragilise la gouvernance et sème la mort et la violence. Il est temps pour la communauté internationale de prendre des mesures concrètes pour démanteler la structure financière des terroristes. C’est le seul moyen de détruire à la racine l’épidémie de la violence et du terrorisme qui prend sa source dans les empires transnationaux de la drogue.
L’année dernière, le Sommet du Millénaire a été l’occasion de souligner une priorité: la nécessité de faire profiter tous les peuples du monde de la mondialisation. En effet, la mondialisation est une réalité faite d’asymétries qui ont entraîné mécontentement et conflits. Nous avons besoin d’une réflexion en profondeur pour rendre la mondialisation plus humaine, et pour nous assurer qu’elle prend en compte les intérêts de tous les pays et de toutes les régions. Nous devons tirer parti du Sommet mondial pour le développement durable qui se tiendra à Johannesburg l’année prochaine pour tracer la voie qui nous permettra d’établir une harmonie véritable entre la croissance économique, le développement social et la protection de l’environnement.
M. ALEJANDRO TOLEDO MANRIQUE, Président du Pérou: Une des plus grandes priorités du Gouvernement péruvien est la lutte contre le terrorisme et ses alliances perverses avec le trafic de drogue et la corruption. De même, il est essentiel de réduire les dépenses militaires en Amérique latine et dans le reste du monde afin d’affecter ces ressources à la lutte contre la pauvreté. La communauté internationale doit également analyser la situation économique mondiale afin de protéger les opportunités d'emploi et de revenu pour les populations les plus pauvres du monde. Nous nous félicitons de ce que le Pérou ait entamé un processus démocratique irréversible et nous sommes conscients des responsabilités qui s'imposent à nous en termes de consolidation de la démocratie, de renforcement des institutions et de relance de l'économie. Le renforcement de nos institutions et la lutte contre la pauvreté font partie du même objectif à atteindre dans la mesure où la corruption, la pauvreté et le trafic de drogue sont tous ennemis de la démocratie. La communauté internationale doit en outre s'efforcer de donner à la mondialisation un visage humain afin que la compétitivité puisse avoir des perspectives de durée.
Le Pérou réaffirme sa solidarité avec le peuple et le Gouvernement américains face aux atrocités du 11 septembre dernier car il s'agit d'une attaque contre la paix et la démocratie. C'est pourquoi, nous contribuerons activement à la lutte internationale contre le terrorisme, notamment par la mise à disposition d'experts. Le Pérou a d'ailleurs ratifié certaines conventions internationales de lutte contre le terrorisme et estime que les Etats doivent imposer des obligations en matière de coopération dans les domaines de la justice, de la police, de l'information et du financement afin d'accélérer l'arrestation et l'extradition des criminels et des responsables d'actes de corruption.
Il faut également noter qu'il est impossible de relever le défi de la corruption sans le relier à la lutte contre le trafic de drogue et le blanchiment d'argent. C’est pourquoi, j'appelle la communauté internationale à ce qu'elle s'oppose aux interprétations capricieuses du droit qui offrent une certaine impunité aux responsables de la corruption bénéficiant encore de soutien politique au Pérou. En outre, une lutte sans frontière contre la pauvreté est indispensable mais il faut également s'attacher à réaliser un gel de l'achat d'armes offensives en Amérique latine et à réaliser un accord permettant de réduire les dépenses militaires afin de les réorienter vers l'investissement social. Je me félicite, dans ce contexte, des accords importants récemment passés avec le Chili et l'Equateur en matière de lutte contre la pauvreté et nous visons l'élaboration d'un cadre d'action en faveur de la réduction des dépenses militaires. Nous estimons que les ressources consacrées à l'achat d'armes devraient être investies pour enrichir l'esprit humain et garantir la sécurité alimentaire, la santé et l'éducation. Afin de lutter contre la pauvreté, le Pérou défend également l'idée de responsabilité fiscale. Mon pays considère qu'il est à présent urgent de contrôler les dégâts provoqués par la crise économique actuelle sur la situation économique et sociale des pays les plus pauvres. A cet égard, la prochaine réunion de l'Organisation mondiale du commerce devrait être centrée sur la recherche d'une mondialisation à visage humain.
M. MILAN KUCAN, Président de la République de Slovénie: L’occasion de ces débats généraux et de cette Année du Dialogue entre les civilisations doit être saisie, suite aux récents actes terroristes, pour réaffirmer nos engagements pour un monde plus pacifique, avec plus de liberté, de solidarité de sécurité et de justice sociale pour tous les individus et toutes les nations. Ce sont les valeurs universelles des civilisations contemporaines, comme le respect de la dignité humaine et le caractère sacré de la vie qui nous fourniront les bases d’une démocratie mondiale. Nous sommes arrivés à une analyse réaliste des effets économiques, financiers, sociaux, culturels et écologiques d’une économie mondialisée à l’issue du Sommet du Millénaire et nous devons aujourd’hui aller plus loin dans la compréhension qu’un monde globalisé entraîne une responsabilité mondiale. Dans ce contexte, les États ne peuvent plus se permettre des comportements arbitraires en contradiction avec les valeurs démocratiques mondiales, ni violer les fondements de base des droits de l’homme au nom de l’État, ni encourager des activités qui menacent la sécurité d’autres pays et de la communauté internationale en général. Nous avons des défis à relever dans la lutte contre les fondamentalismes de tous ordres, les inégalités, les politiques nationales et internationales exagérément simplistes, le manque de communication entre les autorités et les mouvements civils de plus en plus larges et qui ne cesse de se développer.
Il est plus que jamais nécessaire d’adapter les Nations Unies aux nouvelles circonstances, car le monde d’aujourd’hui est très différent de celui d’hier. Bien que les 189 membres et leurs représentants sont d’abord liés dans le cadre de la souveraineté de leur pays, le monde a besoin d’une véritable instance commune à tous les États, qui sera capable de prendre toutes les mesures nécessaires pour favoriser un développement dynamique qui permettra une répartition équitable des forces et des effets de l’économie mondiale et de la mondialisation en général. Cela passe par la reconnaissance que toutes les sociétés, en particulier la communauté mondiale, doivent se soumettre à des règles et à des normes communes et spécifiques pour ne plus laisser de place à la logique de la force. Pour ce faire, nous avons un besoin urgent d’une politique commune qui sache promouvoir la légitimité d’un système universel avec ses organes et institutions, auquel nous allons confier la charge et le pouvoir d’élaborer des lois, normes et règles communes. A titre d’illustration, je souhaiterais évoquer l’expérience de mon pays qui a accédé à l’indépendance voilà dix ans, à la suite d’une période marquée par la violence et une politique barbare et génocidaire, et qui maintenant se construit dans la liberté. Je suis persuadé que la mondialisation aboutira à un meilleur équilibre entre les États, petits et grands, riches et pauvres, développés et marginalisés qui chercheront ensemble de nouvelles solutions. La réponse ne pourra venir que dans le cadre d’une Organisation des Nations Unies réformée.
M. JORGE QUIROGA RAMIREZ, Président de la Bolivie: Le mur de Berlin était le symbole des divisions idéologiques pendant la seconde moitié du XXe siècle. Il nous faut désormais, depuis le 11 septembre dernier, abattre le mur de terrorisme et d’intolérance que quelques personnes veulent ériger pour diviser le monde. D’un côté de ce nouveau mur se trouvent ceux qui ont foi en la démocratie et le pluralisme, qui défendent la liberté de religion, qui tentent d’assurer l’égalité des chances pour les femmes et qui font de la liberté la plus haute valeur. De l’autre côté se trouvent ceux qui imposent leurs idées de façon despotique, qui n’autorisent pas la liberté de religion, qui oppriment les femmes et qui veulent mettre à bas la liberté. Assurément, la Bolivie sera toujours du côté de la démocratie, de la liberté et de la tolérance. C’est pourquoi, mon pays soutient sans réserve les initiatives prises par la coalition menée par le Gouvernement des Etats-Unis à la suite des attentats qui ont causé la mort de milliers d’innocents.
Le terrorisme croît et se nourrit dans une large mesure grâce au monde souterrain du trafic de drogue. Terrorisme et trafic de drogue sont des frères siamois et des ennemis des démocraties libres. C’est pourquoi, nous devons lutter contre chacun d’eux avec la même vigueur et la même détermination. La Bolivie, en dépit de ses maigres ressources, fait ce qu’elle doit faire pour lutter contre le trafic de drogue, et tente d’éliminer la culture de coca grâce au plan « Dignité ». Mais le travail n’est pas fini, et la Bolivie a besoin de l’appui de la communauté internationale. D’abord, la communauté internationale devrait prendre conscience que l’appui aux programmes de développement alternatif est d’autant plus nécessaire aux pays qui, comme la Bolivie, ont considérablement réduit leur production de coca. Ensuite, la Bolivie a besoin d’un accès aux marchés. La décision prise par les Etats-Unis et l’Union européenne d’ouvrir leurs marchés aux produits de développement alternatif est une mesure importante à cet égard. La Bolivie est le pays le moins développé d’Amérique du Sud, celui dont l’économie est la plus ouverte et la seule nation à avoir autant réduit sa production de cocaïne en un temps record. Pour ces raisons, nous pensons avoir le droit de demander un accès triplement libre aux marchés: exempt de droits de douane, exempt de subventions et exempt de mesures paradouanières. En effet, un citoyen éduqué et vacciné qui n’a pas de débouchés n’est pas un citoyen du monde.
La Bolivie est aujourd’hui confrontée à un autre défi qui peut changer son avenir: en quelques années, à partir du moment où a commencé la construction du plus grand gazoduc d’Amérique du Sud, la production de gaz naturel bolivien a augmenté de façon exponentielle. Les réserves de gaz naturel de mon pays le placent désormais dans une position importante sur ce marché. Les tragiques événements du 11 septembre dernier ont contribué à la prise de conscience que l’intégration de l’énergie et du gaz devait se faire à partir d’une vision sur le long terme et en se basant sur trois éléments: des réserves de gaz importantes, une économie solide, et une société démocratique. La Bolivie répond à tous ces critères.
M. FREDERICK CHILUBA, Président de la République de Zambie, Président en exercice de l’Union africaine: Le terrorisme est un affront à l'humanité. Nous le rejetons presque autant que nous rejetons l'apartheid ou toute forme de racisme. C'est la raison pour laquelle, depuis longtemps, l'Afrique lutte contre le terrorisme et demande l'adoption, par la communauté internationale, de stratégies efficaces permettant l'éradication de ses causes. Cependant, la lutte contre le terrorisme ne doit pas effacer les autres grandes questions à aborder telles que l'éradication de la pauvreté, le problème de la dette et celui du sida.
En dépit de développements positifs et de l'existence d'une véritable volonté politique pour résoudre les problèmes et trouver des solutions, de nombreux conflits continuent d'avoir cours dans de nombreux pays d'Afrique. Par conséquent, l'Afrique a besoin du soutien moral et effectif de la communauté internationale car ce continent a toujours été convaincu que l'unité fait la force. Le Gouvernement zambien estime que toutes les nations appartiennent à une grande communauté qui partage le même destin et les mêmes responsabilités. C'est pourquoi, l'Afrique a toujours participé aux efforts de restauration de la paix par l'envoi de casques bleus en Europe, en Asie et au Moyen-Orient. Nous souhaitons que la communauté internationale soit partenaire de la recherche de la paix en Afrique. Dans ce contexte, il est regrettable que le dialogue intercongolais n'ait pu avoir lieu en raison d’un manque de ressources financières et nous comptons sur la communauté internationale pour fournir l'assistance nécessaire à l'organisation de ce dialogue. Il faut par ailleurs souligner que les conflits et les tensions sociales sont le résultat de déséquilibres dans la répartition du pouvoir politique, économique, ainsi que de la ségrégation et de la répression des individus sur des motifs raciaux, ethniques ou religieux. Le continent africain souffre depuis des siècles du sous-développement, de la privation des richesses et de la privation des responsabilités politiques et sociales. La prise en compte de tous ces facteurs doit faire partie de la lutte pour un équilibre politique et économique. Dans ce contexte, on ne peut que se féliciter que la Conférence de Durban contre le racisme ait condamné le commerce des esclaves, l'esclavage, le colonialisme et l'apartheid comme crimes contre l'humanité. La condamnation des injustices du passé doit s'accompagner de la détermination à s'engager dans un processus de réconciliation car notre objectif final est d'apporter la justice, la libération politique, le développement économique et un système juste qui assure la promotion des droits de l'homme, la souveraineté des Etats et la coopération internationale. Afin d'atteindre ces objectifs, il faut lutter contre les fléaux tels que la pauvreté généralisée, la misère et les maladies qui continuent de s'abattre sur l’Afrique. Le processus de développement consécutif au colonialisme et à l'indépendance en Afrique a provoqué une accumulation de la dette et des échanges commerciaux inégaux pour ses matières premières et ses produits exportés vers les pays développés. Tous ces facteurs ont des conséquences dramatiques sur les programmes publics de construction d'infrastructure, sur l'éducation et la santé. Il faut souligner que l'Afrique ne demande pas la charité mais seulement des conditions commerciales plus justes, une meilleure accessibilité aux marchés, une meilleure intégration économique et une réduction ou une annulation de la dette.
Nous nous félicitons de ce que la création de l'Union africaine permette de faire progresser la cohésion politique et économique de l'Afrique. L'Union africaine souhaite également promouvoir de nouveaux niveaux de partenariats, en particulier dans les domaines du développement économique durable, de la paix et de la sécurité. Enfin, il faut souligner qu'avec de meilleures conditions sociales et économiques, la démocratie et la bonne gouvernance seront préservées, le nombre des conflits diminué et la paix et la sécurité assurées.
M. ION ILIESCU, Président de la Roumanie: Il ne peut y avoir d’ambiguïté ni de demi-mesure lorsqu’il s’agit de condamner le terrorisme et la violence fanatique dans son ensemble et nous partageons l’avis du Président Georges W. Bush lorsqu’il déclare que la lutte contre le terrorisme est l’affaire de tous ceux qui croient au progrès, au pluralisme, à la tolérance et à la liberté. Nous partageons également les récents propos du Secrétaire général, M. Kofi Annan, selon lesquels il ne faut pas que les tragiques événements du 11 septembre nous distraient de nos autres responsabilités, notamment la mise en oeuvre des accords obtenus dans le cadre du Sommet du Millénaire, en accord avec le Plan de campagne y afférent. Une de nos priorités reste le renforcement des capacités de maintien de la paix des Nations Unies, ce qui passe par l’accroissement de ses effectifs et des changements structurels, comme l’a mis en évidence le rapport Brahimi.
C’est dans ce contexte que la Roumanie a décidé de fournir une contribution conséquente sous la forme d’un contingent de policiers militaires dans le cadre de la présence internationale au Kosovo. Les Nations Unies ont également un rôle clef à jouer dans l’intégration de l’économie mondiale sur la base des principes d’un développement durable pour lutter contre les inégalités et réduire la pauvreté de moitié d’ici 2015, à l’heure où nous constatons un fossé grandissant entre les centres de décisions et les périphéries, entre le Nord et le Sud, entre les riches et les pauvres; ce qui met en évidence l’inefficacité des systèmes de répartition des ressources mis en place jusqu’à présent. A ce titre, la lutte contre le terrorisme ne peut être efficace que si elle s’affirme également comme une lutte contre la pauvreté, l’illettrisme, la maladie et l’intolérance, dans une logique qui combine la vision d’un développement durable et écologiquement rationnel avec une bonne gouvernance en accord avec le respect généralisé des droits de l’homme.
Dans les mois qui viennent nous serons engagés dans la préparation de deux rendez-vous très importants qui sont d’une part, la Conférence sur le financement du développement qui se tiendra à Monterrey (Mexique) en mars 2002 et, d’autre part, le Sommet mondial sur le développement durable, justement nommé Rio+10, qui se tiendra à Johannesburg (Afrique du sud) au cours de la même année. Ces deux événements marqueront un pas significatif d’une communauté mondiale à la recherche d’un consensus et d’une approche innovante en direction des questions liées au développement et à la disponibilité des ressources nécessaires à son financement. La Roumanie soutient le renforcement des Nations Unies grâce à une réforme générale de ses institutions qui lui permette d’évoluer d’une culture de réaction vers une culture de prévention et nous espérons que l’Assemblée générale pourra jouer un rôle central dans la famille des Nations Unies, comme le suggère la Déclaration du Millénaire. L’expérience nous montre que le renforcement de la coopération régionale peut être à la fois le moteur ou une conséquence de la mondialisation et la Roumanie aspire à une intégration régionale et une insertion active au processus de mondialisation. C’est cette ambition qui motive notre participation engagée dans différentes formes de coopération régionale et notamment l’intégration à l’Union européenne qui s’impose comme un défi visant à se conformer aux normes d’une société ouverte basée sur les valeurs de la démocratie, de la liberté d’entreprendre et de l’État de droit.
Suite du débat général
M. PERCIVAL JAMES PATTERSON, Premier Ministre de la Jamaïque: La Jamaïque se tient résolument aux côtés de la communauté internationale en soutenant la résolution 1373 du Conseil de sécurité contre le terrorisme. Tout en accueillant favorablement les efforts visant l’élaboration d’une Convention générale contre le terrorisme, mon pays pense que la communauté internationale doit prendre des mesures pour rendre universels les Conventions et les outils déjà existants. Ce matin, j’ai également eu le plaisir de signer la Convention internationale contre le financement du terrorisme.
Depuis deux ans, la Jamaïque travaille avec les autres membres du Conseil de sécurité pour rendre les opérations de maintien de la paix plus efficaces. Grâce à l’action des tribunaux internationaux, nous avons pu démontrer que les Nations Unies sont disposées à agir pour mettre fin à l’impunité. En dépit de ces efforts soutenus, il reste plusieurs points chauds et mon pays s’inquiète en particulier du cycle de violence au Moyen-Orient. Nous demandons de nouveau au Gouvernement israélien et à l’Autorité palestinienne de faire des efforts pour respecter les accords déjà conclus et nous appelons les parties à rester engagées dans la quête d’une paix durable.
Aujourd’hui, je viens à cette tribune pour appeler à une renaissance des Nations Unies, qui ne doit pas être seulement le héraut de la paix, mais qui doit avoir les moyens de mettre en place le climat adéquat pour débuter une nouvelle ère de développement mondial. La croissance de l’économie mondiale dans les quatre dernières décennies n’a pas éliminé la pauvreté. Durant la dernière décennie, un processus de mondialisation, de déréglementation et de privatisation a balayé le monde. Nous nous berçons d’illusions si nous pensons que les protestataires de Seattle, de Washington, de Prague, de Québec ou de Rome ne sont que des anarchistes. De plus en plus, on reconnaît la nécessité d’une nouvelle
architecture institutionnelle pour réguler l’économie mondiale et pour accroître la justice économique et sociale à travers le monde. Certains des progrès requis sont réalisables au sein des institutions existantes, mais des réformes plus radicales sont peut-être nécessaires. La persistance de la pauvreté, la longue liste des atteintes à l’environnement, la réduction de l’aide au développement et les fluctuations de l’investissement privé rendent convaincants les appels à un impôt mondial.
Le monde fait face à des choix cruciaux. Nous devons suivre un principe directeur si l’humanité veut apporter une réponse éclairée à ses défis. La seule solution réside dans les Nations Unies, institution créée par un groupe de gouvernements dans un rare moment de sagesse collective. De cette époque, les Nations Unies gardent des défauts dont certains entravent sa renaissance. C’est dans ce contexte que les demandes en vue d’une réforme du Conseil de sécurité deviennent particulièrement urgentes. Mais c’est au sein de l’Assemblée générale que la véritable renaissance des Nations Unies doit commencer, car c’est le seul organe qui inclut tous les membres sur la base d’«un membre un vote». L’Assemblée générale doit occuper davantage la scène et réorganiser ses travaux pour les rendre plus denses et plus efficaces. Je suis conscient qu’on ne peut se débarrasser en un seul geste des bagages accumulés pendant des décennies. C’est pourquoi je ne parle pas de réforme mais de renaissance. Nous sommes suffisamment effrayés par les défis qui s’annoncent pour reconnaître la nécessité, pour l’humanité, d’emprunter des « chemins de traverse ».
M. ALHAJI ALIU MAHAMA, Vice-Président du Ghana: Il est encourageant de constater les efforts accomplis au cours du siècle dernier dans les domaines économique, scientifique et technologique. Cependant, en dépit de développements positifs, l'Histoire se souviendra de ce siècle comme d'un siècle de conflits, sources de déséquilibres socioéconomiques, de dégradation de l'environnement et de pauvreté. En outre, les tragiques attaques terroristes du 11 septembre dernier ont révélé au monde les nouveaux défis que la communauté internationale doit relever. Cette lutte contre le terrorisme doit être collective et être guidée par les principes de la Charte des Nations Unies et du droit international. Dans ce contexte, le Ghana se félicite de l'adoption des récentes résolutions du Conseil de sécurité en matière de lutte contre le terrorisme, rappelant toutefois qu’il ne faut pas oublier que cette lutte doit s'attaquer aux causes profondes qui nourrissent de tels actes. Les crimes contre l'humanité ont renforcé notre conviction que la Cour pénale internationale est l'instrument privilégié de lutte contre la perpétration de tels crimes et, à cet égard, nous appelons tous les Etats qui ne l'ont pas fait à ratifier son Statut. De même, la prolifération des armes conventionnelles étant une de ses préoccupations, le Ghana se félicite de l'adoption en juillet 2001 du Programme d'action sur les armes légères.
Il est regrettable que les conflits, en particulier dans les pays en développement, aient empêché l'accès de leurs populations à des conditions de vie meilleure. Le développement durable ne peut être réalisé que dans un environnement où la paix et la sécurité internationales sont assurées. Afin de créer ces conditions, la communauté internationale doit assister les pays qui ont institué les conditions d'un développement économique viable. Un tel appui leur permettra d'accomplir leur potentiel de développement durable à travers des politiques propices en matière de dette, d'accès aux marchés, de transfert de technologies, d'augmentation de l'investissement étranger et de renforcement de l'aide publique au développement. Dans ce contexte, il est important que la Conférence de l'Organisation mondiale du commerce qui se déroule actuellement à Doha insiste sur la nécessité de développer des échanges commerciaux générateurs de ressources pour les pays en développement. Le succès des efforts déployés au niveau international dépendra de la qualité de la gouvernance dans nos pays respectifs car nous ne pouvons pas revendiquer l'équité sociale si nous échouons à faire respecter la démocratie, le droit et la lutte contre la corruption. A cet égard, il faut saluer l'avancée notable de la démocratie en Afrique et la communauté internationale doit encourager et soutenir ce processus. C'est pourquoi, le Ghana a ratifié l'acte constitutif de l'Union africaine qui rejette les changements non constitutionnels de gouvernements et réaffirme le respect des principes démocratiques, des droits de l'homme, de la primauté du droit et de la bonne gouvernance.
Le Ghana reconnaît sa responsabilité en matière de développement, estimant toutefois que la contribution de ses partenaires est cruciale. A cet égard, la prochaine Conférence sur le financement du développement et le Sommet mondial pour le développement durable nous permettront de mesurer notre volonté à relever les défis soulignés dans la Déclaration du Millénaire. Le Ghana émet l’espoir que la question de la sexospécificité continuera de retenir toute l'attention de la communauté internationale et se dit déterminé à prendre des mesures concrètes afin de faire des femmes des partenaires du développement de nos pays.
M. HUBERT VEDRINE, Ministre des affaires étrangères de la France: L’ampleur et la gravité sans précédent de l’attaque terroriste du 11 septembre dernier justifiaient une réponse exceptionnelle. Le Conseil de sécurité a eu raison de qualifier d’agression cet acte, par sa résolution 1368 adoptée à l’unanimité. Dans la mise en oeuvre de leur riposte militaire ciblée contre les organisations terroristes responsables de ces actes, les Etats-Unis bénéficient donc d’une pleine légitimité juridique et politique. L’action militaire en cours était inévitable. Elle doit se poursuivre jusqu’à ce que ses objectifs soient atteints, je l’espère le plus tôt possible, au-delà des résultats obtenus hier. Mais cette action militaire doit naturellement s’inscrire dans une stratégie d’ensemble, ce qui inclut une action humanitaire immédiate de très grande envergure, mieux coordonnée, mieux adaptée aux populations en détresse et durable. Cela inclut aussi une solution politique, maintenant urgente. Elle doit éviter que la disparition du pouvoir des Taliban ne débouche sur le chaos. C’est l’objet du plan d’action pour l’Afghanistan, proposé par la France dès le 1er octobre. Nous attendons aussi avec intérêt les propositions de M. Lakhdar Brahimi. Elles doivent tracer, pour les Nations Unies, des grandes lignes d’action. Sur ces bases, le Conseil de sécurité devrait pouvoir adopter dans quelques jours une résolution-cadre qui précisera les modalités du soutien des Nations Unies à la mise en place d’un pouvoir afghan représentatif des diverses composantes de la population. J’appelle donc toutes les composantes de la nation afghane et tous les pays voisins à faire prévaloir l’intérêt général de l’Afghanistan et de son peuple car c’est la seule façon de tourner le dos au passé.
Au-delà des actions militaires, diplomatiques et humanitaires immédiates, notre lutte commune contre le terrorisme devra se poursuivre sous toutes ses formes, policière, judiciaire et autres. Les Nations Unies auront un rôle essentiel à jouer, en fixant des obligations universelles pour chaque Etat ainsi que le cadre de notre action. Il faut notamment accélérer la signature et la ratification des conventions déjà conclues et l’Assemblée générale doit achever rapidement la négociation de la convention générale contre le terrorisme. L’action contre le terrorisme devra également être menée au sein d’autres organisations en liaison avec l’ONU. L’Union européenne vient, pour sa part, de prendre des dispositions sans précédent pour renforcer entre ses Etats membres la coopération policière et judiciaire, notamment par la création d’un mandat d’arrêt européen. Les 29 pays membres du Groupe d’action financière contre le blanchiment de capitaux (GAFI) ont décidé d’étendre la lutte contre le blanchiment d’argent sale à la lutte contre le financement du terrorisme. Au-delà, je propose la création d’un forum de dialogue pour aller plus loin dans cette direction.
Mais nous ne gagnerons durablement la lutte contre toutes les formes de terrorisme que si nous sommes capables de priver les terroristes de leur terreau, de leur retirer les prétextes dont elles se nourrissent fallacieusement. Cela suppose ni plus ni moins que de changer notre monde. Et que l’on ne dise pas que cela serait donner raison aux terroristes! En effet, ni mon pays, ni l’Europe, ni les Nations Unies n’avons attendu le 11 septembre pour découvrir, dénoncer et commencer à traiter les plaies du monde. Le 11 septembre devrait constituer d’abord pour nous tous une impérieuse raison pour trouver une solution aux crises régionales, avant tout au Proche-Orient. La France ne cesse de demander depuis 1982 la création d’un Etat palestinien. Il devra être viable, démocratique, pacifique, et prendre des engagements crédibles quant à la sécurité d’Israël. Mais l’Etat palestinien n’est pas un problème, c’est la solution, un objectif que le Président Bush a lui-même fait sien ce matin. C’est la voie de la raison. La responsabilité d’un accord de paix durable incombe aux protagonistes et sans un sursaut courageux de leur part, il sera impossible de mettre fin aux souffrances des deux peuples. Mais les menaces que ce conflit fait peser de plus en plus sur la paix et la sécurité internationales justifient que tous ceux qui en ont la volonté et les moyens s’associent pour obtenir la paix, dès lors que les protagonistes directs n’y arrivent pas eux-mêmes. L’urgence de la situation ne doit pas faire oublier l’Iraq, où l’embargo sur les biens civils doit être levé, ni les Balkans, où l’européanisation doit se poursuivre, ni encore la région des Grands Lacs, où une solution durable passe par une solution négociée assurant la restauration de la souveraineté de la République démocratique du Congo, ainsi que des clauses de sauvegarde de la sécurité de chacun des Etats impliqués.
Même si nous parvenons à résoudre toutes ces crises régionales, notre tâche ne serait pas terminée. Car, globalement, le divorce entre les intentions affichées pour le monde dans les réunions internationales et les réalités devient insupportable à beaucoup de peuples. Il nous faut redoubler d’efforts pour une mondialisation humaine. Pour cela, il faut parvenir à une répartition moins inéquitable des richesses, faire reculer l’impunité, assurer le développement partout, gérer humainement les mouvements de population, élaborer de façon démocratique les normes internationales, et ne plus tolérer les situations de détresse humaine. La souveraineté des Etats, qui reste essentielle, ne saurait dans des situations extrêmes être un principe absolu servant de prétexte à l’inaction. Il faut aussi faire progresser un désarmement équilibré et négocié, permettre à toutes les cultures et civilisations de dialoguer et relever le niveau sanitaire mondial. A cet égard, je souhaite que le Fonds mondial pour la santé et contre le sida soit opérationnel dès le début de 2002.
Atteindre ces objectifs supposera d’autres règles, d’autres mécanismes, à commencer par la réforme et l’élargissement du Conseil de sécurité. Cela passe aussi par la ratification des principaux instruments multilatéraux, comme le Statut de la Cour pénale internationale et le Protocole de Tokyo, un usage plus pertinent et moins indiscriminé des sanctions ou encore une clarification des rôles respectifs des gouvernements et de la société civile. Nous sommes tous placés devant ces défis, mais les pays riches, soit un milliard cent trente cinq millions de personnes, ont encore plus de responsabilité que les autres. Bâtir la communauté internationale suppose pour certains d’entre nous qu’il faut renoncer à des privilèges, partager autrement les richesses et les pouvoirs, et modifier certaines règles présentées hier comme intangibles. La vaste redistribution des cartes diplomatiques qui a lieu en ce moment, je l’espère, facilitera le sursaut indispensable et, ainsi, tous ensemble nous saurons prolonger la nécessaire coalition contre le terrorisme par une coalition pour un monde équitable.
M. JULI MINOVES-TRIQUELL, Ministre des Affaires étrangères de la Principauté d’Andorre: Les récentes attaques terroristes contre la ville de New York soulignent la nécessité pour tous les Etats de débattre ensemble sur la manière de répondre aux actes de violence. Nous avons tous un rôle à jouer dans la lutte contre ce fléau et, à cet égard, nous sommes fermement convaincus que les Nations Unies sont l’instance appropriée. La Principauté d’Andorre, petit pays créé par un pacte pacifique en 1278, jouit d’une situation de paix depuis plus de sept siècles et profite d’un système parlementaire mis en place dès 1419. Elle est un exemple de tolérance et de coexistence entre différentes croyances et nationalités qui, à travers les siècles, a accueilli des réfugiés issus de tous les conflits européens souvent persécutés dans leur pays d’origine pour leurs idées et opinions. C’est fort de cette expérience que la Principauté d’Andorre est profondément convaincue des bienfaits du dialogue et s’est résolument engagée dans la lutte contre le terrorisme en adhérant aux conventions des Nations Unies contre le financement du terrorisme et la criminalité transnationale organisée ainsi qu’aux conventions du Conseil de l’Europe contre le terrorisme et la corruption.
Les réseaux terroristes invoquent l’histoire pour justifier leurs actes, par exemple la perte de l’Andalousie en 1492 pour justifier leur guerre de religion. Cela nous rappelle les luttes fratricides entre les catholiques et les protestants qui se sont entretués aux XVIe et XVIIe siècle pour obtenir les clefs du paradis. Mais de cette lutte est née un antidote appelé humanisme, caractérisé par un scepticisme humain qui s’oppose au dogmatisme des religions et un grand pas a été effectué, notamment grâce à l’intermédiaire de penseurs comme Montaigne, pour libérer la connaissance des certitudes de la religion et permettre l’émergence d’un nouveau champ de connaissances défini comme la « science ». Dans le même ordre d’idées, beaucoup d’observateurs du conflit afghan définissent cette lutte comme un combat des extrémistes islamistes contre la modernité. Néanmoins, on peut s’interroger sur les origines sociales des auteurs des actes terroristes du 11 septembre dernier qui proviennent surtout des classes moyennes, voire privilégiées, et étaient souvent titulaires de diplômes universitaires et semblaient pleinement intégrés à la modernité. Ceci n’est pas contradictoire
parce que la résistance à la modernité est un mythe romantique généré par la modernité elle-même, comme la mystification du pauvre, et il n’est pas surprenant que les adversaires de la modernité se soient servis des outils de cette modernité - appartenance, transports et communication - pour se retourner contre elle. La résistance à la modernité ayant d’abord des fondements idéologiques, l’accès à l’éducation à été un don pour les auteurs de ces actes, un passeport vers le terrorisme.
Je propose aujourd’hui un retour urgent vers un nouvel humanisme sur deux fronts. D’abord au sein de l’Islam, un humanisme entre les musulmans eux-mêmes, puis les politiciens et écrivains, afin de refroidir la violence sectaire et d’aboutir à la disparition de l’extrémisme religieux. Il faut reconnaître qu’il existe au sein des régimes politiques du monde islamique une antipathie à l’égard de ceux qui ne sont pas d’accord ou qui pensent différemment. Ensuite, un humanisme à l’extérieur de l’Islam qui reconnaisse la modernité et sa grande contribution à une culture séculaire et universelle, comme un phénomène devant être préservé. Je propose également un véritable débat mondial sur l’importance du débat, dans lequel il faut reconnaître le scepticisme humain, mais aussi les limites de la croyance. Il sera très difficile de résoudre la crise actuelle du fait des inégalités qui demeurent dans le monde. J’ai espoir de voir une résolution positive des crises auxquelles nous avons à faire face, à condition que la modernité reste au cœur des débats et que nous sachions écouter les manifestants des mouvements antimondialisation. Le principe de l’ancien Testament, oeil pour oeil, nous laissera bientôt aveugle et nous ne pourrons plus apprécier le monde dans sa diversité merveilleuse, diversité mondiale qu’on peut apprécier en se promenant dans cette miraculeuse ville qu’est New York.
JOHN MANLEY, Ministre des affaires étrangères du Canada: Le fait que nous soyons réunis ici, à peine deux mois après les terribles attaques terroristes du 11 septembre, démontre l’attitude de défi d’une communauté mondiale unie. Le succès de notre campagne contre le terrorisme repose sur notre aptitude collective à faire preuve de leadership, à mobiliser la volonté politique et à honorer l’engagement que nous avons pris, de ne pas permettre que des crimes si abjects restent sans réponse ou se répètent un jour. Il n’est plus temps de se livrer comme avant à des attaques et contre-attaques diplomatiques : les Gouvernements doivent assumer leurs responsabilités et rendre compte de leurs actes et de leurs décisions en ce qui concerne leur rôle dans la lutte contre le terrorisme.
Les Nations Unies font sans doute face aujourd’hui au plus grand défi que l’Organisation ait eu à affronter depuis sa création. Mais l’adoption de la résolution 1373 du Conseil de sécurité démontre clairement ce que nous pouvons accomplir ensemble. Aussi horribles qu’aient été les atrocités commises le 11 septembre, il ne s’agissait pas du premier acte de terrorisme posé dans l’histoire, mais en tant que communauté mondiale nous avons la responsabilité d’y mettre fin, et les Nations Unies ont à cet égard un rôle unique et indispensable à jouer. Au Canada, la campagne contre le terrorisme est notre priorité absolue. Nous avons affecté 2000 membres des forces armées à la coalition militaire internationale, nous avons déjà mis en place bon nombre de dispositions de la résolution 1373 du Conseil de sécurité et nous progressons rapidement sur les autres points. Le Canada est prêt à prodiguer son appui aux Etats pour lesquels l’application de la résolution suscite de grandes difficultés. Nous achevons également le processus de ratification de deux Conventions auxquelles le Canada deviendra partie à part entière des douze Conventions de l’ONU contre le terrorisme. Ce qu’il nous faut maintenant, c’est la volonté politique de faire aboutir les négociations sur la Convention globale contre le terrorisme international. Notre système juridique international a également besoin d’un vigoureux régime de contrôle des armements, de non-prolifération et de désarmement.
Bien avant les événements du 11 septembre, notre conception de ce qu’est « la sécurité » connaissait déjà une évolution saisissante. Le déni des droits de la personne, la propagation du VIH, la pauvreté des populations sont des menaces pour la sécurité humaine, tout comme la discrimination et le racisme. Rien n’affaiblit davantage l’humanité que les ravages de la pauvreté extrême, tout particulièrement en Afrique.
Le sort du peuple afghan doit rester clairement au cœur de nos préoccupations. Ce pays a été tellement négligé, tellement victime d’abus qu’il n’a même pas été possible de le classer sur le dernier indice de développement humain des Nations Unies. Pour cette raison, le Canada a répondu à l’appel humanitaire de l’ONU, ajoutant de nouvelles ressources aux 160 millions de dollars d’aide que nous avons déjà consentis au cours des dix dernières années.
L’horreur phénoménale du 11 septembre nous a donné une nouvelle base de coopération entre les Etats, à la fois à l’intérieur et à l’extérieur des Nations Unies. Le terrorisme nous donne une perspective mondiale, il mondialise la consternation et la condamnation tout comme la compassion et l’appel à la justice. Nous devons nous assurer que le terrorisme mondialise aussi la volonté ferme d’y mettre fin.
M. HON. I.S.G. MUDENGE, Ministre des affaires étrangères du Zimbabwe: Les attaques terroristes du 11 septembre dernier représentent sans aucun doute les attaques les plus brutales de ce nouveau millénaire et, tandis que les Etats-Unis sont actuellement menacés par les armes biologiques de destruction massive sous la forme de l'anthrax, le Zimbabwe, ayant été lui-même victime de telles attaques, exprime son opposition à toute forme de terrorisme. Nous nous félicitons en outre des progrès réalisés dans l'application de l'accord de cessez-le-feu en République démocratique du Congo (RDC), mais nous appelons le Conseil de sécurité à manifester plus fermement son soutien à l'instauration de la paix en RDC par l'emploi de ressources humaines et financières appropriées. Nous regrettons en outre que le manque de ressources financières ait été la cause de l'échec du dialogue intercongolais aussi bien en termes de nombre de participants que de durée. A cet égard, nous estimons que nous avons tous un rôle à jouer dans le processus de restauration de la paix en RDC et dans la région des Grands Lacs et que nous devons soutenir l'Afrique du Sud dans son engagement à assister la mise en place du prochain dialogue national. De même, il est temps de s'assurer que les mesures prises par le Conseil de sécurité qui déterminent que l'UNITA doit être privée de ses ressources soient effectives. La situation au Moyen-Orient doit également attirer l'attention de la communauté internationale sur la base du respect des résolutions 241 et 338 du Conseil de sécurité. La réforme du Conseil de sécurité est également une priorité. Cet organe doit en effet devenir plus démocratique afin qu'il représente plus équitablement la communauté internationale. L'aide publique au développement doit figurer parmi les priorités de l'action de la communauté internationale dans la mesure où le développement durable est une des conditions de l’instauration et du respect de la démocratie.
La persistance de l'héritage colonial est un des problèmes majeurs à appréhender. Cet héritage a toujours un impact au sein des pays et sur les relations entre les pays. Il en est pour preuve le refus de quelques anciennes puissances coloniales de reconnaître les effets dévastateurs du colonialisme sur le développement économique de la plupart des pays colonisés lors de la Conférence de Durban contre le racisme. Au Zimbabwe, cet héritage est très lourd puisque l'on peut constater que 70% des terres arables appartiennent à 4 100 propriétaires blancs de souche britannique et que 8 millions de paysans noirs se partagent les 30 % des terres les moins fertiles restantes. Cette situation doit être corrigée dans l'intérêt de l'équité, de la justice, de l'harmonie et de la stabilité politique du pays et de la région de l'Afrique du Sud. Les objectifs de la Charte des Nations Unies dans le domaine économique ne pourront pas être atteints tant que les Etats Membres n'auront pas joint leurs efforts pour le redressement de la situation créée par le colonialisme. Une mise en place d'une redistribution équitable des terres s'impose. Nous sommes en outre très inquiets de la propagation du virus du sida qui détruit les fondements économiques de nos pays. Dans ce contexte, le Zimbabwe - ainsi que d'autres pays en développement-, aura besoin de toute l'assistance dont il peut bénéficier pour alimenter son propre Fonds d'affectation spécial pour la lutte contre le sida et, à cet égard, la communauté internationale doit développer des stratégies pour permettre un accès à un prix raisonnable aux médicaments.
M. ROBERTO FLORES BERMUDEZ, Ministre des relations extérieures de la République du Honduras: Les pays de l’Amérique centrale se sont réunis au Honduras, le 19 septembre dernier, à l’invitation du Président hondurien Carlos Flores, pour adopter des mesures concrètes aux niveaux régional et sous-régional avec nos moyens modestes pour combattre le terrorisme. Ces mesures prévoient le contrôle des migrations, des financements et la collaboration des services d’intelligence dans le cadre de l’Organisation des Etats d’Amérique et de l’Organisation des Nations Unies. Par ailleurs, nous sommes favorables à la création d’un Etat palestinien car nous sommes convaincus que c’est la seule façon d’arriver à un accord de paix au Moyen-Orient. Le Honduras attire également l’attention sur la question primordiale de la lutte contre le VIH/sida, qui a fait l’objet d’une session extraordinaire le 25 juin dernier, session qui nous a permis de mieux comprendre l’impact de cette épidémie. A ce sujet, il est indispensable de réduire les coûts des médicaments pour les rendre accessibles aux malades. Nous nous félicitons également du soutien de l’UNESCO qui nous assiste à créer un centre régional de prévention de la maladie pour toute l’Amérique centrale. Il faut aussi s’attaquer aux causes de la pauvreté extrême, afin de permettre aux groupes les plus marginalisés de participer à l’économie et au progrès. A ce titre, le volet éducation est un élément primordial de la stratégie contre la pauvreté. Le Honduras a lancé un dialogue national et mis en place un plan de reconstruction national pour réparer les conséquences de l’Ouragan Mitch il y a trois ans, une stratégie qui couvre les quinze ans à venir, ce qui est une première dans notre pays.
Les signes de la maturité des Etats sont intimement liés au respect qu’ils manifestent aux principes démocratiques et au sérieux de la manière avec laquelle ils conduisent les relations internationales dans le respect de la justice et du droit international. Le Président du Mexique a convoqué les Etats des Caraïbes afin de stimuler les engagements pris par ces pays en matière de droit de la mer. A cet égard, il est intéressant de noter que le Belize et le Guatemala sont en train de trouver une solution, sous les auspices des Nations Unies, à la controverse centenaire qui les oppose en matière de délimitation maritime. Nous devons oeuvrer pour que la paix et la sécurité internationales s’affirment comme une valeur que nous partageons tous et que tous les pays, petits et grands, respectent. Je souhaiterais citer à cet égard particulièrement les engagements pris pour sauver la planète des conséquences des changements climatiques. Il est aussi nécessaire d’agir aux niveaux national et international afin de réduire notre vulnérabilité dans tous les domaines qu’il s’agisse des domaines politiques, économiques, sociaux ou culturels, dans le respect des principes de paix et de sécurité internationales.
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