AG/1225

L'ASSEMBLEE GENERALE ADOPTE LE PROJET DE PROGRAMME MONDIAL POUR LE DIALOGUE ENTRE LES CIVILISATIONS

09/11/2001
Communiqué de presse
AG/1225


Assemblée générale

43ème séance plénière – après-midi


L'ASSEMBLEE GENERALE ADOPTE LE PROJET DE PROGRAMME MONDIAL POUR LE DIALOGUE ENTRE LES CIVILISATIONS


L'examen de la question du dialogue entre les civilisations, qui pendant ces deux derniers jours a monopolisé l’attention de l’Assemblée générale avec la participation au plus haut niveau des Etats Membres, s’est achevé cet après-midi, par l'adoption de la résolution présentant le projet de Programme mondial pour le dialogue entre les civilisations.


Ce Programme mondial fixe un certain nombre d'objectifs au dialogue entre les civilisations parmi lesquels figurent notamment la recherche de terrains d’entente entre les civilisations afin de relever les défis qui menacent les valeurs communes, les droits de l’homme et les acquis de l’humanité dans divers domaines.  Il définit un programme d'action aux termes duquel les Etats, le système des Nations Unies et les organisations internationales et régionales ainsi que la société civile sont invités à mettre notamment en oeuvre des programmes visant à développer le dialogue et la compréhension et à bannir l’intolérance, la violence et le racisme entre les peuples en particulier les jeunes.  Il invite également les gouvernements, les organismes de financement, les organismes de la société civile et le secteur privé à mobiliser les ressources nécessaires à la promotion du dialogue entre les civilisations en contribuant notamment au Fonds d’affectation spéciale créé à cette fin par le Secrétaire général en 1999.


Lors du débat, cet après midi, les intervenants ont insisté à nouveau sur l'importance que revêtait le Dialogue entre les civilisations à la lumière des événements du 11 septembre.  Initiative prometteuse et innovante en faveur de la coopération entre les peuples et les gouvernements, selon le Ministre des affaires étrangères de l'Uruguay, M. Didier Operating Badan, ce dialogue, même s'il n'est pas encore établi de façon satisfaisante, est un passage obligé en ces temps où l’expérience tragique du pays qui nous accueille nous rappelle combien les ennemis de l’humanité sont puissants, combien nos peuples sont vulnérables et combien notre sécurité est fragile. 


Ce que nous devons rechercher aujourd’hui, c'est louer la diversité, vénérer la tolérance, promouvoir le dialogue, la compréhension et l’harmonie, a déclaré le Ministre des affaires étrangères du Guatemala qui a appuyé son propos en rappelant que son pays plongeait ses racines dans des civilisations très anciennes et connaissait à la fois le potentiel créatif de la diversité culturelle et les risques de confrontation. 


Pour le Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mozambique, tant que les conflits qui continuent à dévaster de nombreuses parties du monde, en particulier l’Afrique, ne seraient pas réglés, les efforts pour promouvoir le dialogue entre les civilisations ne seraient qu’un vain effort.  Il a insisté également sur le rôle que jouent inévitablement la pauvreté dans l’aggravation des conflits et l'émergence de l’intolérance.


Evoquant les attaques terroristes qui ont frappé son pays, le représentant des Etats-Unis a déclaré que ces actes criminels ont incinéré des milliers de personnes, des hommes et des femmes, juifs, chrétiens, musulmans, Arabes, Asiatiques, Latino-Américains, Africains et Européens et s'est interrogé sur la façon de reléguer dans un passé révolu ce qu'il a appelé la négation d'un peuple. 


Ont pris part au débat de ces deux jours trois chefs d’Etat et de gouvernement et dix Ministres des affaires étrangères sont intervenus dans le débat de cet après-midi outre ceux déjà cités, les ministres des affaires étrangères de la Finlande et du Sri Lanka ainsi que les délégués des pays suivants : Tunisie, Bangladesh, Colombie, Canada, Liechtenstein, Emirats arabes unis, Népal, République tchèque, Iraq, Malaisie, Venezuela, Philippines et Cuba.  Les observateurs permanents du Saint-Siège et de la Suisse ont également pris la parole ainsi qu'un délégué de l'Organisation internationale de la Francophonie.


L'Assemblée générale a par ailleurs décidé, sur recommandation de son Bureau, d'affecter l’examen de la question de l'Administration de la justice aux Nations Unies à la Cinquième Commission, étant entendu que toute décision requérant d’amender le Tribunal administratif des Nations Unies ou liée à l’établissement d’une juridiction supérieure sera assujettie à l’avis de la Sixième commission.  Elle a en outre décidé, toujours sur recommandation de son Bureau, que le rapport du Conseil économique et social serait examiné directement en séance plénière, la Seconde, la Troisième et la Cinquième Commissions restant par ailleurs saisies des chapitres dont elles sont déjà chargées.


L'Assemblée générale se réunira à nouveau demain, samedi 10 novembre à 9 heures, pour entamer son débat général.


ANNEE DES NATIONS UNIES POUR LE DIALOGUE ENTRE LES CIVILISATIONS


Déclarations


M. JOHN D. NEGROPONTE (Etats-Unis) a indiqué que la brutalité sans discernement des attaques terroristes du 11 septembre représentait l'antithèse de tout ce que l'on peut espérer réaliser par le dialogue entre les civilisations si, par civilisation, on entend un mode de vie en commun qui permet aux peuples d'exprimer leurs plus belles qualités et leurs plus grands talents.  Déguisés sous le manteau de l'islam, les terroristes ont entrepris une guerre religieuse qui nie à priori l’existence des autres peuples.  Pourtant ces hommes ne représentent pas l'islam.  Leurs actions criminelles reflètent une décision unilatérale d'incinérer des milliers de citoyens provenant de contrées et de religions diverses.  Des hommes et des femmes sont morts.  Des juifs, des chrétiens et des musulmans ont péri.  Des Arabes, des Asiatiques, des Latino-Américains, des Africains et des Européens ont été ensevelis.  Ce n'était ni un dialogue ni la civilisation et c’est ce qui rend encore plus urgente notre mission, aujourd'hui.


Nous pouvons être certains qu'en ce qui concerne les auteurs des attaques du 11 septembre, justice sera faite, a déclaré M. Negroponte.  La question qui reste cependant est de savoir comment harmoniser les différentes perceptions de la glorieuse diversité du monde; comment nous assurer que la sauvage impulsion visant à nier l'existence d'autres peuples sera reléguée dans un passé révolu?  Le plus grand danger qui plane sur le monde, aujourd'hui, a-t-il poursuivi, n'est pas que nous parlions des langues différentes mais bien que nous n'écoutions pas toujours dans aucune de ces langues.  Le dialogue, c'est-à-dire une communication dans les deux sens, est d'une importance capitale pour tenter de répondre à la grande complexité des civilisations qui ont évolué au fil des millénaires. 


Il a fait observer que les Etats-Unis étaient une manifestation de la civilisation occidentale profondément enracinée dans le monde ancien de la Méditerranée mais que c'était également bien plus que cela.  Il a rappelé qu'une partie de l'immigration provenait de l'Europe de l'Est, d'Asie, d'Amérique latine et d'Afrique mais qu'il y avait aussi les esclaves et les peuples autochtones présents avant l'installation des Européens.  Ce sont les faits sombres de notre histoire, a-t-il ajouté.  Le dialogue entre les civilisations, tel que nous le pratiquons aux Etats-Unis, est un effort pour réconcilier ce que nous croyons et faisons ensemble et ce que nous croyons et faisons individuellement.  Nous sommes tous Américains mais nous sommes aussi catholiques, protestants, juifs, musulmans et hindous.  Il y a 1200 mosquées aux Etats-Unis, des temples bouddhistes, de larges communautés sikhs et orthodoxes. 


M. Negroponte a indiqué que les Américains partagent les principes énoncés par la Déclaration faite à Téhéran en 1999 par le Symposium islamique sur le dialogue entre les civilisations qui affirmait entre autres le respect de la dignité et l'égalité de tous les êtres humains, l'acceptation sincère de la diversité culturelle, le respect mutuel et la tolérance pour les vues et valeurs des différentes cultures et civilisations.  Dans notre monde globalisé, a-t-il ajouté, il nous faut encourager et non restreindre le flux des idées.  Il ne faut pas méconnaître le lien qui existe entre l'ignorance et la violence.  Les conflits à fondement culturel se nourrissent de préjugés et de stéréotypes, d’animosités historiques et de cynisme.  Il a salué l'initiative importante et bien venue que constitue le Dialogue entre les civilisations et a indiqué qu'il suivrait avec attention la façon dont il allait évoluer. 


M. ERKKI TUOMIOJA, Ministre des affaires étrangères de la Finlande, a indiqué que le dialogue entre les civilisations est crucial pour le renforcement de la tolérance, la compréhension et le respect mutuel.  Nous savons bien que le fanatisme allié à l’idéologie ou à la religion peut conduire à la haine aveugle et à la violence.  C’est cette sorte de fanatisme et d’intolérance qui est notre ennemi commun, a-t-il ajouté.  Il a rappelé que les civilisations changent en permanence, croissent, se développent  et s’adaptent à de nouvelles réalités à travers des interactions mutuelles.  De strictes dichotomies entre les différentes cultures et civilisations sont par conséquent infondées, de même que la théorie de la confrontation des civilisations est simpliste.  Le point de départ du dialogue entre civilisations est de reconnaître que la dignité et les droits égaux et inaliénables de tous les membres de la famille humaine sont le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde, comme le proclame la Déclaration universelle des droits de l’homme, a indiqué le Ministre.  Le respect des droits de l’homme ne signifie pas que les différences entre les cultures doivent disparaître, a poursuivi M. Tuomioja.  Au contraire, a-t-il précisé, le respect de la diversité et le droit de jouir de sa propre culture doivent être les éléments centraux de l’éthique mondiale. 


Nous devons accroître nos efforts pour mieux connaître l’histoire des différentes minorités, peuples autochtones et autres groupes ethniques ainsi que les contributions qu’ils ont apportées au développement de nos sociétés contemporaines.  Le Ministre a également souligné l’importance de la participation entière et équitable des femmes aux processus de prise de décisions.  Les médias ont aussi un rôle indispensable et instrumental dans la promotion du dialogue, et il est important d’assurer leur indépendance.  La formation et l’éducation sont essentielles en particulier l’éducation concernant les droits de l’homme, a poursuivi le Ministre, qui s’est félicité de la place donnée à l’éducation dans l’ordre du jour du dialogue entre les civilisations.  Ce dernier, a-t-il ajouté, devrait commencer par les enfants: les jeunes ne devraient pas être perçus comme des problèmes ou des victimes mais comme parmi les principaux contributeurs de l’élaboration et de la mise en oeuvre de solutions à long terme.  Le Ministre a conclu sur la lutte contre le terrorisme, indiquant qu’il fallait rester unis et promouvoir vigoureusement les valeurs communes de l’humanité afin de prévenir de telles attaques.


M. DIDIER OPERTTI BADAN, Ministre des affaires étrangères de l’Uruguay, a déclaré que le dialogue entre les civilisations constitue une initiative prometteuse et innovante en faveur de la coopération entre les peuples et les gouvernements.  Certes, ce dialogue n’a pas encore été établi de façon satisfaisante, a fait observer le Ministre, mais cela, au lieu de représenter un obstacle, doit être considéré un défi majeur pour ceux qui, comme nous, pensent que ce dialogue est un passage obligé.  Après avoir apporté son soutien au projet de résolution présenté hier, M. Badan a indiqué qu’il importe désormais de renforcer les liens entre les peuples sur la base de la connaissance, de la tolérance, de la compréhension et du désir universel de promouvoir la paix et le respect du droit, ainsi que de garantir un progrès social, économique et politique équitable.  En ces temps où l’expérience tragique du pays qui nous accueille nous rappelle combien les ennemis de l’humanité sont puissants, combien nos peuples sont vulnérables et combien notre sécurité est fragile, nous considérons le dialogue entre les civilisations comme un instrument extraordinaire pour prévenir les conflits, supprimer les rivalités et les ressentiments et renforcer la fraternité entre les nations.  Pour ces raisons, le travail réalisé par l’UNESCO afin de conscientiser les populations sur la diversité culturelle et de préserver l’héritage mondial est essentiel, a conclu le Ministre.


M. GABRIEL ORELLANA ROJAS, Ministre des affaires étrangères du Guatemala, a indiqué que son pays plongeait ses racines dans des civilisations très anciennes et connaissait le potentiel créatif de la diversité culturelle ainsi que les risques de confrontation.  Nous réalisons, a-t-il ajouté, que le concept de dialogue entre les civilisations peut conduire à des malentendus.  Ce que nous devons rechercher aujourd’hui, a-t-il encore indiqué, consiste à louer la diversité, vénérer la tolérance, promouvoir le dialogue, la compréhension et l’harmonie.  Nous nous félicitons de l’initiative heureuse qui nous amène ici aujourd’hui.


Le Ministre a rappelé l’accord sur l’identité et les droits des peuples indigènes, auquel son pays a souscrit en mars 1995, qui reconnaît l’identité des peuples Maya, Garifuna, Xinca ainsi que la culture maya comme le substrat originel de la culture guatémaltèque.  L’accord, a poursuivi M. Orellana Rojas, reconnaît clairement que la politique éducative et culturelle doit être centrée sur la reconnaissance, le respect et l’encouragement des valeurs culturelles indigènes.  Il souligne les valeurs de droits de l’homme, de tolérance, de participation, de démocratie et de développement, toutes les composantes essentielles du sujet de notre débat, a-t-il indiqué.  Nous appuyons entièrement le Secrétaire général, a conclu le Ministre, dans le fait que ce dialogue entre les civilisations est essentiel si nous voulons accomplir l’un des principaux objectifs des Nations Unies: la prévention des conflits et nous appuyons aussi l’adoption d’un programme d’action qui soutient les activités entreprises selon les mandats présents dans les résolutions 53/22, 54/113 et 55/23.


M. OTHMAN JERANDI (Tunisie) s’est déclaré plus résolu que jamais, dans le contexte des attentats du 11 septembre, à accorder au dialogue entre les civilisations la place qui lui revient.  Néanmoins, il a appelé à ce que ce dialogue ne soit pas conçu uniquement comme une riposte contre le terrorisme, mais puisse s’affirmer comme un moyen constant de rapprocher les peuples et diffuser la paix.  Dans cet ordre d’idées, il a fait part de sa crainte de voir l’opinion publique glisser vers un réflexe d’affrontement sous l’effet d’événements conjoncturels.  Son pays, carrefour et terre de rencontres de plusieurs civilisations, riche d’une histoire trois fois millénaire continuera, fort de son expérience, à promouvoir la tolérance dans la diversité, le dialogue et la concorde.  M. Jerandi s’est référé, à titre d’illustration, à l’annonce faite le 7 novembre dernier par le Président tunisien M. Ben Ali, de l’institution d’une “Chaire universitaire pour le dialogue des civilisations et des religions”.


Par ailleurs, il s’est dit persuadé que ce dialogue devait être ouvert à tous et basé sur les principes énoncés par la Charte des Nations Unies, pour aboutir à un rejet de toute forme d’exclusion et au renoncement à l’ingérence.  Il a également déclaré qu’avec la fin de la division bipolaire, le monde était confronté aujourd’hui à la mondialisation qui, certes, révélait la complexité de la diversité humaine dans toutes ses dimensions, mais devait s’attacher à promouvoir le maintien et la promotion des identités, la protection des traditions culturelles et civilisationnelles, qui ne peuvent servir de prétexte à l’ultra nationalisme.  En conclusion, il a appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités pour trouver des solutions justes, équitables et durables aux conflits en cours, et a espéré que cela se traduira tout particulièrement par une solution concrète et viable à la cause palestinienne, dont le peuple continuait de subir des pratiques humiliantes et des violations flagrantes.


M. LEONARDO SANTOS SIMAO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mozambique, a déclaré que le dialogue entre les civilisations était un élément essentiel pour promouvoir la paix et la tolérance à travers le monde.  La culture de paix et de tolérance devrait aussi être promue à tous les niveaux à l’intérieur de nos Etats, à travers l’engagement des hommes politiques, des leaders, des médias et de la société civile, a-t-il précisé.  Il a souhaité que chaque individu, quelles que soient ses valeurs et sa culture, fasse un effort pour apprécier et respecter la culture et les valeurs des autres êtres humains.  Les minorités devraient être encouragées à participer aux activités sociales qui renforcent le sentiment d’appartenance à une communauté. 


Le Ministre a ajouté que les efforts pour promouvoir le dialogue entre les civilisations ne seraient pas concluants tant que les conflits qui continuent à dévaster de nombreuses parties du monde, en particulier l’Afrique, ne seraient pas réglés.  Il a déclaré que la pauvreté conduisait inévitablement à l’aggravation des conflits et qu’elle entraînait l’intolérance.  Il a ajouté que, selon lui, la décision prise par l’Assemblée générale de proclamer 2001, Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations, donne un élan à la promotion de ce concept. 


M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a déclaré qu'au lendemain des attaques du 11 septembre, la communauté internationale doit passer d'un  monologue à un dialogue entre civilisations qui, comme le dit le Secrétaire général dans son rapport "est peut-être un outil feutré de la diplomatie mais qui, sur le long terme, peut l'emporter".  Bien évidemment, les Nations Unies seraient le lieu idoine d'un tel dialogue qui est essentiel pour la promotion des deux objectifs principaux de l'Organisation, à savoir la prévention des conflits et leur règlement ainsi que le développement socioéconomique.  Nous devons maintenir l'élan né de l'Année du dialogue entre les civilisations.  L'adoption du projet de résolution dont nous sommes coauteurs, n'est pas une fin en soi mais doit permettre la mise en place d'un cadre permettant d'institutionnaliser le dialogue.  A cette fin, les Etats, les organisations internationales et régionales ainsi que la société civile devront travailler en étroite coopération.  La participation de tous les secteurs de la société à ce dialogue, y compris les femmes, les enfants et les groupes vulnérables est indispensable. 


M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a fait observer que les Nations Unies nous ont permis de constater, depuis plus de cinquante ans, que sans un dialogue quotidien entre les nations appartenant à différentes civilisations, la paix serait éphémère.  C’est seulement par le respect, la compréhension et la tolérance mutuels entre les États et entre les cultures qu’il est possible de construire un monde au sein duquel prévalent la dignité, les droits de l’homme, la solidarité, l’amour, l’espoir et la paix, a-t-il ajouté.  C’est pourquoi les Nations Unies représentent l’enceinte privilégiée pour la mise en place d’un dialogue fondé sur la tolérance et l’entendement mutuels respectueux de la diversité, d’un dialogue qui cultive l’esprit et permette la découverte des différentes civilisations et cultures, qui consolide l’amitié entre les peuples.  Le représentant a également observé que la conjoncture actuelle exige la promotion d’un dialogue établi sur des valeurs communes telles que le respect de la vie, la défense de la dignité humaine, l’égalité entre les hommes et la protection de l’environnement.  Dans le contexte de la mondialisation, a-t-il ajouté, ce défi est encore plus urgent à relever. 


En effet, afin que le dialogue soit efficace, il faut préserver la diversité culturelle et distribuer plus équitablement les bénéfices et les coûts de la mondialisation, en particulier en faveur des pays en développement.  M. Valdivieso a estimé que les organisations régionales et internationales devraient participer activement à l’élaboration d’un dialogue universel.  Il a fait observer que le débat sur le dialogue entre les civilisations devrait en outre aboutir à un engagement ferme de tous les Membres de Nations Unies à mettre en oeuvre ses objectifs.  C’est la raison pour laquelle le représentant, en conclusion, a souhaité la programmation de conférences, d’ateliers et de séminaires auxquels seraient enviés aussi bien les Etats Membres des Nations Unies que les organisations non gouvernementales.


M. PAUL HEINBECKER (Canada) a déclaré que la tolérance, le respect de la diversité et l’acceptation du changement étaient des composantes d’une coexistence pacifique et prospère.  C’est pourquoi, il a souhaité que les terribles actes du 11 septembre n’entament en rien la détermination de la communauté internationale de promouvoir les droits de l’homme et les libertés fondamentales.  Il a également souligné le fait que les technologies de la communication, les migrations, les voyages et la libéralisation du commerce avaient accru les contacts interculturels et par conséquent l’intérêt pour la culture de l’autre.  Le représentant du Canada, pays bilingue et multiculturel, a défini la diversité de son pays comme une caractéristique fondamentale de son identité et l’un de ses biens les plus précieux. 


Le représentant a déclaré que le dialogue ne parviendrait à améliorer la compréhension entre des gens de cultures et de milieux différents que s’il impliquait un éventail aussi large que possible de tous les membres de la société y compris les femmes et les jeunes filles et l’éducation représente un instrument clef dans la lutte pour éradiquer le racisme et les autres formes de discrimination et d’intolérance.  En conclusion, il a demandé que la panoplie des instruments juridiques internationaux en vigueur soit complétée par des initiatives publiques de sensibilisation aux niveaux national, régional et international, afin d’instaurer un monde sûr et pacifique où règnent la diversité et le respect.


M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a estimé fausses les interprétations des événements du 11 septembre comme un heurt des civilisations.  Nous pensons que le terrorisme n’est ni l’expression d’une civilisation donnée ni réservée à une civilisation, c’est un fléau qui constitue la négation et la destruction des civilisations, a-t-il ajouté.  Parler d’un affrontement entre civilisations pour expliquer ces attaques est dangereux, mais nier le fait que ces risques de heurts existent l’est aussi.  Si les Nations Unies est le forum naturel pour un dialogue des civilisations, notre première contribution est de mettre en place les conditions préalables pour un tel dialogue qui doit être participatif et inclure tout le monde, a poursuivi le représentant.  Les gouvernements doivent permettre ce dialogue en assurant la liberté d’expression, l’accès à l’information et les moyens de combler le fossé numérique.  Donner une voix à ceux qui ont quelque chose à dire n’est possible que s’ils ont eu accès à l’éducation.  Nous avons tendance à considérer comme tenu pour acquis l’opportunité de conduire un tel dialogue, alors qu’il s’agit en fait d’un immense privilège.


Le dialogue requiert également des actions concrètes dans les domaines précédemment évoqués, a poursuivi le représentant.  La diversité offre une grande opportunité mais c’est aussi un défi.  Nous devons développer notre compréhension de la diversité, a-t-il ajouté, qui n’est l’expression ni de l’infériorité ni de la supériorité.  Une civilisation n’est pas statique et évolue constamment.  A l’ère de la mondialisation, ce fait est particulièrement significatif car il existe une inquiétude, compréhensible d’ailleurs, que la mondialisation conduise à une profonde division entre ceux qui ont et ceux qui n’ont pas, ou encore qu’elle aboutisse à la prédominance d’une civilisation sur une autre.  La mondialisation ne réussira que si elle réussit pour tous.  Un dialogue entre les civilisations doit contribuer à modeler les forces de mondialisation de façon à ce qu’elle préserve la richesse de la diversité, a indiqué le représentant.


Les Nations Unies ont un rôle de leader dans ce processus, a-t-il précisé, tout en ajoutant que le dialogue peut et doit aussi être promu par d’autres instances, comme par exemple le Conseil de l’Europe.  Lors d’une récente session du Conseil, a indiqué le représentant, les ministres ont exprimé leur détermination à promouvoir un vaste dialogue interculturel et interreligieux.  L’un des moyens de développer des démocraties fortes est la coopération étroite entre l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et l’Organisation de la Conférence islamique (OCI).  Le Conseil de l’Europe, a-t-il poursuivi, est parfaitement placé pour contribuer de façon significative au dialogue entre les civilisations et nous attirons votre attention sur l’excellent travail qu’il accomplit.


M. ABDULAZIZ BIN NASSER AL-SHAMSI (Emirats arabes unis) s’est félicité des engagements pris par les chefs d’État et de Gouvernement de développer une culture de paix et de sécurité et un dialogue entre les civilisations, dans le cadre du Sommet du Millénaire.  Il a souligné les problèmes et le sentiment d’insécurité liés aux actes terroristes, aux conflits et aux actes de violence en général et qui doivent être à la base du dialogue entre les civilisations et conforte le caractère d’urgence de cet outil.  Il a condamné les actes terroristes, les nettoyages ethniques et toutes les autres formes de violations graves des droits de l’homme et s’est dit préoccupé par les campagnes de certains médias sionistes et occidentaux qui font un amalgame préjudiciable entre les musulmans et les actes terroristes.  Il a jugé que cette attitude était contraire à l’esprit qui doit présider au déroulement du Dialogue entre les civilisations. 


Le représentant a lancé un appel aux États pour qu’ils réexaminent leur vision partiale concernant certains conflits et veillent à ce que les pratiques provocatrices et discriminatoires dont ces peuples sont victimes soient une fois pour toutes réglées.  Le représentant a fait état des efforts de son pays qui a promulgué plusieurs lois et programmes d’éducation qui renforcent les principes de respect des différences et les valeurs humaines et éthiques conformément à une tradition arabe qui tire ses sources du Coran et de la culture islamique.  En conclusion, il a évoqué les interactions constantes entre le local et le mondial et la nécessité de montrer la multiculturalité des peuples indépendamment de leur origine et a appelé la communauté internationale à s’éloigner de la pratique des «deux poids et deux mesures» que beaucoup de puissances continuent à avoir avec les pays en développement.


M. S.B. SHRESTHA (Népal) a estimé que rien n’est plus important que le fait d’amener les représentants de différents gouvernements, de groupes divergents et de foi différente devant une instance commune pour discuter de problèmes qui concernent l’humanité.  Perçues comme le dernier espoir de l’humanité, les Nations Unies ont à plusieurs reprises manifesté leur efficacité à protéger le monde contre la tornade des confrontations, a-t-il ajouté.  Le Népal, a-t-il poursuivi, a décidé rapidement d’approuver les décisions prises par l’organe mondial pour lutter contre le terrorisme à un niveau mondial.  Des efforts internationaux durables, continus et coordonnés doivent se poursuivre jusqu’à l’éradication de la menace du terrorisme, qui est l’antithèse de la paix.  Nous ne sommes pas tous prêts au même degré à créer un climat où la paix régnerait et il faut donc remédier à cette lacune, a observé le représentant.  Il a en outre fait remarquer que la constitution du Royaume du Népal est le produit du dialogue entre les forces politiques majeures du pays, c’est une création résultant d’un consensus national.  Ce consensus a offert un moyen pour les peuples de différentes races et ethnies, de vivre en harmonie et dans le respect mutuel.  Malheureusement, a poursuivi le représentant, la démocratie népalaise a été témoin d’actes de rébellion durant les derniers 70 mois.  Ces insurgés, qui se réfèrent au maoïsme, ont provoqué la mort de plus de 1700 personnes, a-t-il ajouté.  Le Gouvernement du Royaume du Népal, au lieu de recourir à la force, a d’abord demandé un dialogue pour trouver une formule mutuellement acceptable.  Nous sommes convaincus que le terrorisme, quelle que soit sa forme, ne peut être justifié, il faut le condamner dès le départ, a-t-il indiqué.  Le Gouvernement du Népal a récemment entrepris des mesures socioéconomiques radicales à l’égard des communautés en retard sur le plan économique et social, a-t-il ajouté.  Toutes les religions et les croyances ont un point commun visant à promouvoir la cause de l’humanité en développant un esprit de service des autres.  L’affrontement engendre l’affrontement.  Nous avons besoin d’un dialogue.  La civilisation n’est rien d’autre que l’assimilation d’efforts collectifs pour une meilleure vie indépendamment de l’époque et du lieu, a-t-il conclu.


M. JAN KARA (République tchèque) a déclaré que même s’il fallait chercher à clarifier la notion de «dialogue entre les civilisations», le contenu et l’intérêt de la discussion à ce sujet n’étaient pas remis en cause.  En effet, a ajouté le représentant, le dialogue entre les représentants de différentes cultures, groupes ethniques, religions ou modèles de société semble être encore plus important face aux défis que nous avons à relever.  Il a déclaré qu’il partageait les vues des pays qui ont opposé ces jours-ci dialogue et terrorisme, et que la ligne de fracture ne se situait pas entre les cultures et les différentes religions, mais entre les «civilisés» et les «barbares».  Le représentant s’est dit convaincu que le dialogue pouvait aider à prévenir les conflits et les problèmes du monde.  M. Kara a déclaré que le Forum 2000 qui a favorisé la rencontre à Prague de personnalités de différentes cultures, religions ou origines ethniques était en accord avec le programme d’action pour le dialogue entre les civilisations. 


Mme AKILA ALHASHIMI (Iraq) a déclaré que ces débats sont une occasion d’offrir un espoir à ceux qui connaissent la marginalité, la pauvreté, mais aussi une pluie de bombes et de missiles, et d’affirmer la nécessité de réduire les dangers de l’hégémonie.  Elle a déclaré qu’elle était convaincue de la nécessité du respect de la diversité pour sauvegarder les spécificités de la civilisation humaine.  L’interaction entre les civilisations contribue à l’enrichissement mutuel et jette des ponts entre les humains, a-t-elle encore ajouté.  Elle a également précisé que l’ordre international économique ne devrait pas être dirigé par un seul Etat au gré de ses intérêts, mais que le monde avait besoin de justice et d’égalité et non du recours à la force. 


La représentante a évoqué les innovations du rapport du Secrétaire général et a estimé que plus que jamais le monde avait un besoin pressant d’encourager le dialogue pour faire face à toutes les tendances nouvelles.  Elle a formé le vœu de voir le jour où les Nations Unies pourront faire en sorte que cette diversité culturelle devienne la base de l’interaction entre les peuples pour un véritable dialogue entre toutes les civilisations.  Les civilisations islamiques et arabes sont prêtes à faire ce pas, a-t-elle assuré, avant de conclure par la dénonciation de toutes les formes d’arrogance, d’ingérence et d’occupation étrangère.


M. MILOS ALCALAY (Venezuela) a indiqué qu’aujourd’hui, alors que le concept même de dialogue est menacé par des actions inqualifiables dont les motifs restent inaccessibles à la raison humaine, le rôle que doivent jouer les Nations Unies en faveur d’une compréhension accrue de la diversité prend tout son sens.  Il y a 500 ans, a affirmé le représentant, la rencontre de deux mondes a changé le cours de l’Histoire.  L’identité de ce qui est aujourd’hui l’Amérique latine a émergé, marquée par la richesse de sa diversité et la complexité de son métissage toujours en évolution.  Rappelant que le Venezuela accueillera une rencontre latino-américaine sur le dialogue entre les civilisations du 13 au 16 novembre prochain à Caracas, le représentant a indiqué que cette rencontre serait l’occasion d’initier un débat portant notamment sur les changements culturels.  M. Alcalay a insisté sur l’importance de la diversité culturelle dans la réponse à apporter aux défis contemporains et notamment aux risques d’homogénéisation que comporte la mondialisation.  En effet, a-t-il indiqué, la mondialisation se limite de moins en moins aux niveaux économique, financier et technologique et acquiert une dimension culturelle croissante.  Et si l’on souhaite préserver et respecter la diversité intellectuelle et culturelle de tous les peuples, il importe de promouvoir le dialogue, en se fondant sur une utilisation plus intensive des technologies de l’information pour promouvoir le dialogue dans le monde entier et diffuser des exemples historiques d’interaction constructive entre les différentes civilisations.


M. HASMY AGAM (Malaisie) a estimé que les actes de haine perpétrés, le 11 septembre dernier, par des personnes qui se réclament de l’islam ont terni l’image de cette grande religion tout comme ils l’ont desservie.  L’islam, a déclaré le représentant, a été "pris en otage" par un groupe de désespérés mus par leur agenda politique personnel.  Il y a de cela quelques années, a-t-il rappelé, un universitaire occidental, Samuel Huntington a alarmé l’opinion publique lorsqu'il a suggéré que l'évolution du monde politique allait dans le sens d'un "choc des civilisations", en particulier entre les civilisations occidentales et islamiques.  Quelles qu’aient été les motivations de cet universitaire lorsqu’il a fait ces prédictions, il vient néanmoins, dans un entretien récent, de confier qu’il ne souhaitait pas voir se réaliser cette prophétie en appelant à un dialogue constructif entre les civilisations.


Le représentant a donc estimé que le processus dans lequel s’est engagé l’Assemblée générale représente une mesure d’établissement de la confiance "par excellence" qui peut être un facteur important des efforts des Nations Unies dans le renforcement de la compréhension mutuelle et de l’harmonie pour un monde meilleur et plus pacifique.  En effet, a-t-il dit, étant donné les puits de différences et de préjugés qui existent toujours entre les civilisations humaines, il faudrait proclamer non pas une Année du dialogue entre les civilisations mais bien une Décennie.  Soulignant le caractère multiracial et multiconfessionnel de la Malaisie, le représentant s'est félicité des différentes manifestations et activités qui ont été organisées dans le monde en appui à l’Année internationale.


Le représentant a dit apprécier particulièrement le fait que, dans son rapport, le Secrétaire général ait souligné l’importance du lien entre le dialogue entre les civilisations et la mondialisation.  La Malaisie, a-t-il dit, souscrit pleinement aux propos du Secrétaire général lorsqu’il juge essentiel que la mondialisation ne conduise pas au triomphe ou à la victoire d’une idéologie ou d’un système culturel ou économique.  Dans ce contexte, le représentant a qualifié d’effort sérieux et concret, le projet d’ordre du jour relatif au dialogue entre les civilisations.  Il a souscrit au contenu du projet de résolution, en particulier au Programme d’action "ambitieux et réaliste".  A cet égard, il a considéré que l'ONU a un intérêt vital dans la réussite de ce Programme car, après tout, le concept du dialogue est parfaitement compatible avec ses buts et principes fondamentaux de l'ONU.


Pour M. ENRIQUE A. MANOLO (Philippines), les événements tragiques du 11 septembre font que la célébration, cette année, de l’Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations se déroule à point nommé.  Traditionnellement les Philippines ont recouru au dialogue pour briser les barrières géographiques, culturelles et sociales.  Toutefois aux Philippines, comme partout ailleurs dans le reste du monde, il faut faire en sorte que le dialogue, la tolérance et le respect ne soient jamais perdus de vue.  Les Nations Unies demeurent le fondement sur lequel doit reposer le dialogue entre les civilisations.  L’Organisation a de plus les moyens de prendre de nouvelles mesures concrètes afin de démontrer que le dialogue nous unit plus qu’il nous divise.  Les différentes conférences internationales tenues cette année sur la question peuvent, à cet égard, constituer un bon point de départ.


A la lumière des attaques du 11 septembre, il nous faut résister davantage encore à la tentation de succomber à l’exclusion et au manque de confiance.  Et le dialogue entre les civilisations est le meilleur moyen d’y parvenir.  Il faut éviter le syndrome du «nous» et du «eux» et ne pas stéréotyper les peuples et les cultures.  Les stéréotypes ne sont en effet que le substitut de la connaissance véritable et l’impulsion du mépris, a expliqué le représentant, avant d’ajouter que la communauté internationale doit d’urgence régler ces problèmes communs que sont la pauvreté, le sous-développement et la dégradation de l’environnement.  «La nécessité impérieuse de s’attaquer à ces fléaux universels transcende les différences culturelles».  Il reste encore beaucoup à faire pour atteindre les objectifs fixés durant le Sommet du Millénaire, notamment pour ce qui est de réduire de moitié, d’ici à 2015, le nombre d’individus vivant avec moins de 1 dollar par jour et ceux souffrant de la faim.  Le phénomène de la mondialisation des forces économiques et culturelles ne fait que renforcer la nécessité du dialogue et de la coopération, afin que tous le peuples en tirent partie.


M. LAKSHMAN KADIRGAMAR, Ministre des affaires étrangères du Sri Lanka, a déclaré que la religion qui dresse les hommes contre les hommes a été la cause des crimes les plus abominables commis au cours de l’Histoire.  Mais c’est aussi dans la religion que résident les espoirs les plus fermes pour unir les hommes, les forces de la vie et la recherche de la vérité.  Il a évoqué la situation de son pays où coexistent, depuis plusieurs siècles, le bouddhisme, l’hindouisme, l’islam et le christianisme, quatre des plus grandes religions dans une harmonie constructive.  Il a fait sienne une citation de Mahatma Gandhi qui disait que «si je trouve ma religion défectueuse, je devrais la servir en la purifiant de ses défauts».  Il a fait référence à des propos émanant aussi bien de Bouddha,


de Krishna, de Jésus et de Mahomet ou de textes sacrés de la Bible, du Coran et du Bhaghavadgita pour mettre en évidence la complémentarité de leurs prophéties et de leurs philosophies qui ne s’opposaient pas, mais au contraire se complétaient idéalement par leur message de respect de la diversité.  Il a ainsi comparé la naissance de Jésus et de Krishna, les révélations du Coran et du Bhaghavadgita qui surprennent par leurs similitudes.  Fort de ces exemples, il a appelé les hommes à se considérer comme des partenaires de la vie plutôt que de s’opposer et de se déchirer.


Le représentant a attiré l’attention sur les dangers d’un monde inquiet et désordonné qui ne croit en rien et dans lequel des superstitions sinistres réclament l’allégeance des hommes.  Il a invité la communauté internationale à ne pas faiblir dans sa détermination à aboutir à une humanité unie, non pas du fait de son passé mais dans le cadre d’un avenir commun.  Il a fait l’éloge de la fertilisation qui résulte du partage et de l’échange d’idées et des visions du monde.  C’est par conséquent avec confiance que le Sri Lanka a proposé en 1998 que le jour de Vesak, le jour où le Bouddha Gauthama est né, parvint à la connaissance et mourut, soit proclamé Journée de célébration des Nations Unies, a-t-il ajouté.  Il a encore précisé que la résolution qui a abouti à cette décision avait été coparrainée par 34 États.  En conclusion, il s’est réjoui de constater que l’humanité réalisait progressivement que les opinions et convictions différentes étaient nécessaires à chacun, ainsi qu’à la réalisation d’une synthèse plus large qui, elle seule, pourra fournir les bases spirituelles d’un monde intimement unifié.


M. ABELARDO MORENO (Cuba) a estimé qu’il est plus important que jamais qu’un véritable dialogue entre les civilisations ait lieu, afin de favoriser la compréhension mutuelle, la tolérance, la coexistence et la coopération internationales.  L’un des plus grands défis posés à l’Organisation des Nations Unies est d’encourager une perception positive de la diversité et de faire en sorte d’être le forum de dialogue entre toutes les nations sur tous les domaines de l’activité humaine.  «Malheureusement, nous sommes encore loin de cet objectif», a regretté le représentant, qui a estimé que ceux qui détiennent le pouvoir et la richesse ne ressentent aucunement la volonté politique de promouvoir la véritable égalité des chances et la justice pour tous les êtres humains, quelles que soient leur nation, leur ethnie, leur culture et leur religion.  Ces mêmes pays ont encore moins la volonté de trouver une solution aux problèmes mondiaux par la voie du dialogue, dans lequel tous les protagonistes seraient sur un même pied d’égalité.  Pour trouver une solution au désespoir du milliard trois cents millions d’individus qui vivent dans la pauvreté absolue et des 200 millions d’enfants de moins de 5 ans qui souffrent de malnutrition, il faut améliorer de manière significative la coopération internationale.  Si, en outre, l’on ne reconnaît pas que la pauvreté, le sous-développement, et l’insécurité sont le résultat d’injustices passées qui ne pourront être surmontées que par l’engagement véritable des pays industrialisés en faveur de la coopération, jamais l’on ne brisera le cercle vicieux de la marginalisation, de la mort, de la souffrance et de la violence, a prévenu M. Moreno. 


Notre Organisation doit arriver à être le lieu où s’harmonise la diversité, y compris politique, idéologique et culturelle et contribuer activement à modifier les situations d’injustice, d’inégalité et d’exclusion, a-t-il poursuivi.  Malheureusement le chemin de la guerre, choisi pour combattre le terrorisme, aussi méprisable et condamnable qu’il soit, escamote le rôle de paix et de dialogue de l’ONU, et qui est la véritable raison d’être de l’Organisation.  Le dialogue entre les civilisations doit combattre toute notion de supériorité culturelle et

idéologique, fondée sur le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance.  A cet égard, Cuba estime que la Conférence sur le racisme, tenue récemment en Afrique du Sud, montre précisément comment identifier ces phénomènes qu’il faut surmonter par un dialogue à la fois exhaustif et approfondi.  Il faut espérer que l’Assemblée générale en tiendra compte au moment où elle devra tirer les conclusions du présent débat.


Mgr RENATO MARTINO, Observateur du Saint-Siège, a indiqué que les attentats du 11 septembre nous forcent à considérer l’urgence d’un dialogue entre les civilisations.  Il a fait observer qu’une culture authentique est enracinée dans la quête de la vérité ultime.  Dans les recoins de son coeur, l’homme cherche à découvrir à la fois ses origines et sa destinée ultime, a-t-il ajouté.  A plusieurs égards, la culture est le moyen par lequel chaque communauté vient rencontrer Dieu et se pose les questions fondamentales sur la vie.  C’est cette recherche de la vérité qui forme les bases de la culture.  Au coeur de chaque culture, a-t-il poursuivi, repose l’attitude de l’homme devant le plus grand mystère: le mystère de Dieu.  La première expérience de vie avec les autres se trouve dans la famille, une expérience universelle dont l’importance peut difficilement être exagérée, a estimé l’archevêque qui a par ailleurs indiqué qu’il existe un lien étroit entre la culture particulière d’une personne et son identification à une nation.  Les systèmes idéologiques puissants du colonialisme et du totalitarisme n’ont pas réussi à supprimer le besoin universel d’une vie culturelle particulière et unique, le terrorisme n’y réussira pas non plus.


Le fait que chaque culture prétende avoir découvert la voie à l’exclusion de toutes les autres peut lui donner une certaine force mais ces affirmations trop simplistes ont conduit, et continuent de conduire au conflit entre les peuples.  Toutes les cultures doivent avoir un rapport à  la liberté et à la vérité.  Le fanatisme et le fondamentalisme ne peuvent être assimilés à la recherche de la vérité.  Un réel dialogue entre les cultures, a-t-il ajouté, requiert un respect des différences.  Beaucoup trop souvent, les différences ethniques et religieuses ont été utilisées comme justification pour les conflits, les génocides et les persécutions.  Un dialogue significatif entre les civilisations ne peut se développer en l’absence de liberté religieuse.  Les êtres humains ne peuvent faire fi du passé mais ils ont cette capacité de discerner et de choisir la manière dont ils veulent vivre.  On peut se demander ce qui unit l’humanité, a poursuivi l’Archevêque.  La réponse réaffirmée par l’ONU est que sont universels les droits dont l’être humain jouit du fait de son humanité.  La Déclaration universelle des droits de l’homme reste l’expression la plus haute de la conscience humaine de notre temps.  Nous ne vivons pas dans un monde irrationnel et privé de sens.  Au contraire il y a une logique morale, intrinsèque à la vie humaine qui rend possible le dialogue entre les individus et les personnes, a-t-il conclu.


M. JENÖ C.A. STAEHELIN, Observateur de la Suisse, a déclaré que les événements tragiques du 11 septembre et leurs conséquences soulignent encore plus le besoin du dialogue entre les civilisations.  Les normes, les valeurs, les religions et les traditions, a poursuivi le représentant, définissent une civilisation en même temps qu’elles créent une identité collective et un sentiment d’appartenance commun.  Cependant, il a fait remarquer que l’identité et la civilisation ne sont pas des données figées.  Les sociétés s’inventent, se réinventent et façonnent leurs conceptions du monde.  Ce processus est constant et peut être aussi déstabilisant.  C’est pourquoi on peut constater des tendances à l’isolement, au rejet de l’autre, de sa civilisation et de ses valeurs.  C’est là, a ajouté M. Staehelin, qu’un dialogue se révèle essentiel pour que nous réduisions les incompréhensions qui nourrissent les ressentiments qui peuvent, à leur tour, déboucher sur des conflits entre les différentes civilisations.  L’un des objectifs principaux du dialogue que nous voulons instaurer ne devrait-il pas être de mettre en évidence les éléments constitutifs du patrimoine commun de l’humanité, s’est interrogé le représentant.  À cet égard, il a souhaité que le dialogue devienne réalité sur le terrain et il a rappelé que la Suisse a notamment lancé, en coopération avec l’Iran, un projet de dialogue entre les citoyens des deux pays qui porte sur le rôle des femmes dans les domaines de l’éducation, de la communication, de la santé et du droit.  La Suisse a également soutenu et co-organisé, à Alger, avec les autorités algériennes, un colloque sur Saint-Augustin, qui est né et qui a vécu dans ce qui est aujourd’hui l’Algérie.


M. RIDHA BOUABID, Observateur permanent de l’Organisation internationale de la francophonie, a indiqué que pour la francophonie, carrefour des cultures de tous les continents, le dialogue des civilisations et des cultures ne sont pas des moments d’exception mais constituent le quotidien.  Il n’est d’autre moyen que le dialogue pour aménager une société internationale, a-t-il ajouté.  Le dialogue suppose le dépassement de l’altérité comme simple acte de tolérance.  Il suppose la perception des particularités comme autant de déclinaisons de l’universel.  Le dialogue tend à la compréhension de l’autre. La francophonie a voulu faire du dialogue des cultures un projet présupposant l’acceptation de la différence dans tous les aspects de la vie, a-t-il indiqué.  Les menaces de dérive hégémonique qui pèsent sur les civilisations sont nombreuses.  Quelques puissants acteurs, aussi bien privés que publics, visent d’une part les ressources du droit, les ressources de l’énonciation de la norme et de la légitimité et d’autre part cherchent à fabriquer un imaginaire uniforme ainsi que la mise en valeur de modes communs d’être, de se comporter et de consommer.


L’humanité refuse l’uniformité, a-t-il ajouté.  Alors que certains ont prophétisé une confrontation inévitable, nous constatons que la communauté internationale est consciente de l’enjeu, comme l’atteste la Déclaration universelle sur la diversité culturelle de l’UNESCO.  La francophonie a voulu mener cette réflexion avec le monde arabe, puis les lusophones, les hispanophones et les russophones afin que ce débat soit progressivement élargi à l’ensemble de la communauté internationale.  Elle aura toujours à coeur la conciliation du progrès pour un monde meilleur et la sauvegarde de la richesse culturelle de nos sociétés.  C’est pour nous un chantier du présent mais aussi d’avenir car il s’agit d’un projet à l’échelle de la planète.


*   ***   *


À l’intention des organes d’information. Document non officiel.