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AG/1223

LA DIVERSITÉ PRESENTÉE À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE COMME RICHESSE ET COMME PRÉALABLE À LA PAIX ET AU DÉVELOPPEMENT DURABLE

08/11/2001
Communiqué de presse
AG/1223


Assemblée générale

41ème séance plénière – après-midi


LA DIVERSITÉ PRESENTÉE À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE COMME RICHESSE ET

COMME PRÉALABLE À LA PAIX ET AU DÉVELOPPEMENT DURABLE


Le débat sur le dialogue entre les civilisations qui s’est poursuivi cet après-midi, a été marqué par des appels répétés au respect de la diversité sous toutes ses formes, linguistique, culturelle, religieuse et autres.  De nombreuses délégations ont expliqué que les interactions entre les civilisations ont toujours enrichi l’humanité au cours de l’histoire, même si le fait d’accepter les différences ne devait pas remettre en question la notion de valeurs universelles.  Notre survie dépend de notre capacité de promouvoir la tolérance et de respecter la différence.  C’est pour cela que le représentant d’Israël a recommandé pour renforcer le dialogue entre les civilisations, de traverser nos frontières mentales, de percer nos murs idéologiques afin que le meilleur de nous-mêmes puisse dans un premier temps suinter et ensuite gicler en parole libératrice.  Car, a-t-il ajouté, c’est au contact des régions du métissage culturel, dans le croisement d’histoires et de civilisations multiples que l’homme peut tracer dans la paix son devenir. 


La question des inégalités économiques, culturelles et sociales comme source de conflits entre les civilisations a été évoquée à maintes reprises et certains ont regretté que les bénéfices de la mondialisation et des technologies de l’information aient été répartis de façon très inégale. 


Le représentant de l’ex-République yougoslave de Macédoine a observé pour sa part que la réflexion conduite par le groupe des personnes éminentes a révélé que face aux craintes de ceux qui estiment qu’il y a conflit entre mondialisation et diversité culturelle, ou encore ceux qui redoutent d’être laissés pour compte dans la marche du progrès mondial, les dirigeants politiques se rendent compte qu’ils ne peuvent plus livrer le monde aux seules forces du marché.  Le représentant du Qatar, quant à lui, a invité les Etats-Unis à devenir le principal animateur du dialogue entre les civilisations parce que ce pays est un exemple dans le domaine de la coexistence sociale et vivait la différence culturelle au quotidien.  Quant au représentant de la Norvège, il a engagé au respect du droit des peuples autochtones dans la reconnaissance de leurs spécificités.


Les représentants des pays suivants sont intervenus au cours du débat : République de Corée, Chypre, ex-République yougoslave de Macédoine, Qatar, Bhoutan, Norvège, Mexique, Israël, Arménie et Indonésie.


L’Assemblée générale poursuivra son débat sur cette question vendredi 9 novembre, à 10 heures.  Elle ajournera à 12 heures sa séance plénière pour laisser place à une réunion officieuse au cours de laquelle s’exprimeront des personnalités choisies par le Secrétaire général pour intervenir sur le thème du dialogue entre les civilisations. 


ANNEE DES NATIONS UNIES POUR LE DIALOGUE ENTRE LES CIVILISATIONS


Déclarations


M. SUN JOUN-YUNG (République de Corée) s’est félicité de la publication du livre “Crossing the Divide” qui est le fruit de deux années de collaboration entre les 18 membres du Groupe des personnalités éminentes qui ont travaillé sur cette question.  Il a également déclaré que la mondialisation et la révolution de l’information de la technologie de communication se faisaient de façon inégale ce qui avait pour conséquences secondaires des disparités économiques entre les civilisations.  Au lieu de continuer à creuser le fossé entre pays développés et en développement, la communauté internationale devrait mettre tout en œuvre pour améliorer les relations entre les groupes et élaborer un cadre normatif pour favoriser des contacts plus étroits, a-t-il ajouté.  Il a invité les États Membres à adopter le projet de programme qui figure en annexe du projet de résolution proposé par la République islamique d’Iran.


Le représentant a engagé les Etats Membres à s’éloigner de ceux qui exploitent les différences sous prétexte de sauvegarder leur civilisation, car on ne peut nier que l’acceptation de la diversité est la base même du dialogue.  Il a mis en garde contre les peurs qui pourraient se transformer en haine et a noté que les interactions entre les civilisations ont toujours enrichi l’humanité au cours de l’histoire.  Il a ajouté à ce sujet que le fait d’accepter les différences ne devrait pas remettre en cause la notion de valeurs universelles.  En conclusion, il a insisté sur la fonction et le rôle clef que peuvent jouer les Nations Unies en tant qu’enceinte unique où toutes les civilisations sont représentées dans la promotion du dialogue entre les civilisations et a souhaité que l’élan initié dans le cadre de l’Année du dialogue entre les civilisations se maintienne et soit revitalisé au cours des années à venir. 


M. CONSTANTINE MOUSHOUTAS (Chypre) a déclaré que la promotion de la coopération, des échanges, de la tolérance et de la compréhension entre les peuples, les cultures et les religions n’est pas seulement de la bonne politique mais aussi une question de survie.  Nos sociétés et nos cultures ne sont pas des entités isolées, car nous faisons partie du même «village global».  Le représentant a cependant regretté que les nations, au lieu de se rapprocher, continuent à s’engager dans des conflits et à provoquer une misère humaine sur la base de la ségrégation et des divisions.  Le séparatisme, et en particulier le séparatisme militant, est l’une des causes fondamentales des conflits et à cet égard, le dialogue entre les civilisations est le moyen de progresser.  Le sens commun nous dicte d’ailleurs que les catastrophes que nous connaissons peuvent être évitées par la paix et la coopération.  Les bénéfices communs que nous pouvons tirer de l’interaction entre les civilisations doivent par conséquent être soulignés et cultivés.  Ils doivent également constituer le fondement de l’éducation, en particulier celle des enfants.  Le représentant a en outre indiqué que son gouvernement estimait que le dialogue était un moyen de régler le problème de Chypre.  Nous luttons pour la recherche d’une solution pacifique où les deux communautés de notre île puissent vivre en paix et en harmonie comme elles l’ont fait durant des siècles, a-t-il conclu.


M. SRGJAN KERIM (ex-République yougoslave de Macédoine) a jugé sage et opportun, de la part de l'Assemblée générale, d'avoir proclamé l'année 2001 Année du dialogue entre les civilisations.  Au-delà du concept qui sous-tend le dialogue entre les civilisations, il y avait la nécessité de marquer le commencement du troisième millénaire par la fertilisation croisée des cultures, selon l'expression de l'Académie universelle des cultures de Paris.  A regarder les images du cataclysme du World Trade Center, on ne peut s'empêcher de se demander : où va la civilisation?  Ces actes barbares de terrorisme vont-ils creuser de nouveaux fossés entre les peuples, les nations et les religions ou élargir ceux qui existent déjà?  C’est pour cela que notre objectif premier doit être d’éradiquer le terrorisme.


Le représentant a observé que, face aux craintes de ceux qui estiment qu'il y a conflit entre mondialisation et diversité culturelle ou encore ceux qui redoutent d'être les laissés pour compte dans la marche du progrès mondial, les dirigeants politiques et les organisations internationales se rendent compte qu'ils ne peuvent plus livrer le monde aux seules forces du marché.  Il a attiré l'attention sur le travail du Groupe de personnalités éminentes créé par le Secrétaire général.  Il mérite le plus grand respect non seulement pour la démarche intellectuelle adoptée, mais aussi pour avoir fait du dialogue un champ de discussions plus séduisant.  Les valeurs de base et les principes régissant un monde multipolaire et interdépendant diffèrent fondamentalement de ceux du monde qui a vu la naissance des Nations Unies.  L'application du concept d'ennemi ou encore la notion d'alignement basée sur les faits, selon les nouveaux paradigmes définis par le Groupe, nécessiterait un réexamen de certains principes fondamentaux de la Charte, a-t-il déclaré. 


M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a déclaré qu’il y avait un besoin urgent de développer une solidarité humaine et un dialogue qui puisse aboutir à un véritable développement de valeurs sociales, culturelles et religieuses communes, ce qui nous permettrait de mieux comprendre pourquoi certaines d’entre elles sont utilisées à des fins de violence.  Il a regretté que le monde ait plus de problèmes que de solutions et a évoqué le grand nombre de pays déchirés par les conflits, les maladies et les problèmes économiques.  A cet égard, il a souligné la nécessité du dialogue comme moyen de prévenir les crises avant qu’elles n’éclatent.  Il a également dénoncé les récents actes terroristes et ceux qui veulent accroître l’écart entre les cultures et a fait part de ses craintes de voir les Arabes et musulmans devenir des coupables désignés, situation qui pourrait entraîner une recrudescence des conflits de civilisation.  A ce sujet, il a rappelé que l’islam considérait tout crime comme abominable et inacceptable. 


Le représentant a engagé les Etats-Unis à prendre la tête du dialogue entre les civilisations dans la mesure où ce pays est un exemple de coexistence sociale et vivait la différence culturelle au quotidien.  Il a également fait part de sa crainte, maintenant que les conflits entre l’Occident et l’Orient ont pris fin, de voir se développer une réelle opposition entre le Nord et le Sud, entre les riches et les pauvres.  Il a exprimé l’espoir de voir la compréhension et la collaboration se renforcer et la diversité désormais perçue comme une source d’union et non de division.  En conclusion, il a cité un passage du Coran à titre d’illustration: Nous avons fait de vous des nations et des tribus pour que vous appreniez à vous connaître.


M. LYONPO OM PRADHAN (Bhoutan) a estimé que le dialogue entre les civilisations constituait un point de l'ordre du jour de l'Assemblée générale qui n'avait pas d'équivalent mais dont on peut retrouver la source dans les activités que font les Nations Unies pour résoudre les conflits par des voies pacifiques, quoiqu'il en coûte et dans le cadre de ses objectifs de paix et de sécurité.  Le dialogue entre les cultures s’inscrit également dans la promotion de la tolérance et compréhension entre les races, les religions et les peuples.  Pour faire progresser le dialogue, a-t-il estimé, toutes les civilisations qui y prennent part doivent souscrire aux buts et principes de la Charte des Nations Unies et faire preuve de la plus grande tolérance en termes de race, de couleur, de religion ou de développement socioéconomique; elles doivent se concevoir comme des égaux et partenaires à part entière du reste de la planète et être déterminées à vivre en paix. 


Le représentant a fait observer que la colonisation des peuples et de leurs terres, l'esclavage et l'exploitation d'individus d'autres races et d’autres couleurs de même que les conflits idéologiques n'ont engendré qu'injustice, souffrance, violence et terrorisme.  Lorsqu'une race, religion ou culture se croit supérieure à une autre, cela n'aboutit qu'à un choc des civilisations.  La coexistence pacifique ne peut se propager que lorsque les civilisations apprendront à s'adapter aux changements, à résoudre pacifiquement leurs différends avec autrui et à renoncer à la violence, au terrorisme et à la guerre, a-t-il déclaré en conclusion.  C'est ce que les attaques terroristes du 11 septembre ont rendu parfaitement clair.  Il a exprimé l'espoir que le dialogue mettrait au premier plan les questions que la communauté doit examiner plus attentivement et que cela déboucherait sur une coexistence et une coopération pacifiques.


M. ARNE B. HONNINGSTAD (Norvège) a indiqué que le dialogue entre les civilisations est un excellent moyen de promouvoir le pluralisme et la tolérance ainsi que la participation de la société civile au processus de gouvernance.  Le processus en cours de globalisation, a-t-il ajouté, entraîne l’intensification des échanges interculturels.  En même temps, les opportunités actuelles de communication  représentent pour nous un énorme défi, à la fois pour accroître notre capacité à comprendre, et à nous faire comprendre.  Le représentant a d’autre part observé que le dialogue doit englober les peuples indigènes et les cultures, il doit à cet égard permettre de promouvoir et assurer la jouissance par les peuples indigènes de leurs droits, après consultation de ces peuples eux-mêmes.  Il a d’autre part reconnu l’existence d’une civilisation mondiale fondée sur les buts et les principes de la Charte des Nations Unies, caractérisée par son insistance sur les droits humains universels et les libertés fondamentales, la tolérance du désaccord, et sa promotion des droits de l’individu d’avoir son mot à dire sur la façon dont il est gouverné où qu’il soit.  Une telle civilisation, a-t-il poursuivi, est basée sur l'idée que la diversité est quelque chose qui doit être célébrée et non crainte.  En effet, a expliqué le représentant, de nombreuses guerres ont été alimentées par la crainte des gens face à ceux qui leur sont différents.  Ce n’est qu’à travers le dialogue que de telles craintes peuvent être surmontées.


Le concept de dialogue entre les civilisations, a-t-il en outre indiqué, conduit naturellement et logiquement à l’affirmation des valeurs qui nous unissent de plus en plus : l’universalité des droits de l’homme.  Il a insisté sur le fait que les gouvernements sont les premiers responsables d’assurer le respect des droits de l’homme et les libertés fondamentales.  Le dialogue peut nous aider à distinguer la réalité du mensonge et la propagande de l’analyse, a-t-il ajouté.  Le terrorisme transcende les frontières nationales, il attaque le coeur des valeurs que nous tenons pour universelles, indépendantes de notre milieu culturel et de nos préférences religieuses.  Tout comme les habitants de New York restent unis dans la peine, la bravoure et la détermination, a-t-il poursuivi, la communauté internationale doit rester unie en se confrontant au terrorisme international.  Nous devons rester fermes dans notre rejet de toute menace contre les Nations Unies, la principale arène de dialogue dans le monde.  Notre défi est de rechercher la paix et la sécurité en ne tolérant jamais les tentatives terroristes visant à déstabiliser les valeurs mondiales représentées par les Nations Unies, a conclu le représentant.


M. JORGE EDUARDO NAVARETTE (Mexique) a estimé qu'il fallait faire du dialogue l'outil constant et privilégié pour résoudre les différences résultant de notre diversité.  Il a fait observer qu'il s'agissait d'une question qui incluait à la fois les concepts de culture et de civilisation.  La culture, c'est ce que nous savons, ce que nous possédons par imitation ou apprentissage, a-t-il précisé.  La civilisation c'est autre chose, un concept qui fait référence à la façon de comprendre à la fois l'univers et l'organisation sociale.  Civiliser, c'est soumettre à la raison de la pensée ou de la loi.  Il ne peut y avoir de communautés humaines sans culture mais il peut y avoir des communautés non civilisées.  Il a cité en exemple le cas de l'Europe qui a toujours été un foyer de cultures avec des peuples différents rassemblés sur un territoire relativement peu étendu et qui a progressé de façon notable du fait de cette proximité des cultures européennes.  Les différentes cultures et civilisations, a poursuivi le représentant, ne peuvent se comprendre que par le dialogue.  Comprendre une civilisation, a-t-il poursuivi, ne veut rien dire d'autre que la percevoir comme une réponse identique, du même genre mais aux différences spécifiques, aux besoins et idéaux de la civilisation dans laquelle nous évoluons et qui nous est de ce fait connue et familière.  Quand le dialogue échoue et qu'une civilisation ou culture différente n'est pas comprise, celle-ci est alors perçue comme étrangère, différente et souvent hostile.  Il n'y a pas loin entre incompréhension, hostilité et affrontement.  La confrontation est, de ce point de vue, le produit de l'échec de la compréhension mutuelle.  Il a conclu en affirmant que la diversité culturelle est une force et que les Nations Unies continuaient à être l'enceinte naturelle pour le dialogue entre les civilisations.


M. YEHUDA LANCRY (Israël) a observé que l’implacable antagonisme entre les civilisations, le recouvrement d’une culture par l’autre, les tentatives d’effacement d’une race par l’autre s’inscrivent comme autant de dérives tragiques et comme source de chaos et de malheurs dans notre monde.  Cependant, il a fait remarquer que dans cet univers de désastre marqué par la subjugation de l’homme par l’homme au nom des idéologies triomphantes, quelques périodes marquées par le dialogue et le respect de la diversité auront guidé l’homme vers sa survie.  C’est pourquoi, afin d’intensifier le dialogue entre les civilisations, il nous faudra traverser nos frontières mentales, percer nos murs idéologiques afin que le meilleur de nous-mêmes puisse d’abord suinter et ensuite gicler en parole libératrice, a déclaré le représentant. 


C’est au contact des régions du métissage culturel, dans le croisement d’espaces, d’histoires et de civilisations multiples que l’homme peut tracer, dans la paix, son devenir, a-t-il poursuivi.  Il a également souligné le fait que, suite aux événements du 11 septembre, un dialogue vivant et diversifié entre les civilisations se pose comme antidote au terrorisme intégriste et de ses nébuleuses.  Dans ce contexte, il y a une urgence exceptionnelle à l’extension du dialogue entre les civilisations ainsi qu’à la promotion du dialogue inter-religieux.  C’est une responsabilité qui incombe, en tout premier lieu, à la famille des nations, a-t-il conclu.


M. MOVSES ABELIAN (Arménie) a estimé qu’au seuil du troisième millénaire, on comprend de plus en plus que la race humaine ne peut plus être affaiblie par les différences culturelles, religieuses et idéologiques comme par le passé.  Ces différences, a-t-il ajouté, devraient être transformées en source inépuisable de force, d’inspiration, et de nouvelles idées.  Le concept même de dialogue entre les civilisations nous conduit à réaliser qu’il existe une civilisation humaine, incroyablement riche et diverse, a poursuivi le représentant, qui a estimé par ailleurs que le multiculturalisme est devenu une réalité, qui peut croître pour devenir une norme universelle afin de s’identifier culturellement au XXIème siècle.  La triste réalité, qui voit disparaître à chaque décennie plusieurs mini-cultures ou micro-civilisations de la surface de la planète ne doit pas être perçue comme un sacrifice nécessaire et inévitable sur l’autel de la mondialisation.  La communauté internationale doit respecter le droit à l’autodétermination culturelle de la même manière que le droit à l’autodétermination politique.


Le représentant a en outre fait observer l’existence d’une opposition au dialogue, qui se nourrit de la notion de supériorité culturelle.  Appeler les autres «inférieurs», «barbares» ou «infidèles», cela signifie l’ostracisme culturel qui offre un terrain fertile à l’intolérance ethnique et religieuse et peut se manifester sous la forme d’actes de violence et de terrorisme, a-t-il ajouté, tout en précisant que le sérieux de la théorie de la confrontation entre les civilisations ne doit pas être sous-estimé, le choc des civilisations étant tout aussi probable que le dialogue entre les civilisations.  Les actions politiques et militaires peuvent détruire des camps d’entraînement et des infrastructures terroristes, elles peuvent amener devant la justice les personnes coupables de crimes contre l’humanité mais elles ne peuvent pas ébranler les fondements des idées qui les motivent et distillent la haine et la colère dans leurs esprits.  Le dialogue ne doit pas se limiter aux conférences scientifiques, a-t-il estimé, mais doit trouver immédiatement le moyen de toucher les gens ordinaires de la rue.  Même les discussions au cours du dialogue entre les civilisations peuvent être menées de telle façon qu’elles renforcent les barrières au lieu de les abaisser.  Mon pays peut être considéré, a conclu le représentant comme une réussite en matière d’interaction des cultures et des civilisations, l’Arménie étant un pays chrétien qui, par ailleurs, comprend très bien la civilisation musulmane qu’il a appris à respecter durant des siècles de coexistence.


M. MAKMUR WIDODO (Indonésie) a fait remarquer que, dans la mesure où l’Indonésie est un pays multiethnique, multireligieux et multilingue, elle a compris qu’il fallait adopter la tolérance et le dialogue comme principes de fonctionnement.  La transmission pacifique du pouvoir et le renforcement du processus démocratique ont marqué, cette année, l’entrée de l’Indonésie dans une ère de stabilité, a-t-il ajouté.  C’est pourquoi, il a apporté tout son soutien à l’idée selon laquelle une volonté politique est indispensable à la garantie d’un dialogue entre les différents groupes de la société.  Ce dialogue doit d’ailleurs être mené aussi bien aux niveaux local et national qu’aux niveaux régional et international.  Il a également estimé que le dialogue entre les civilisations devrait être le moyen de mener une diplomatie souple qui démontrera, à terme, son efficacité et sa rentabilité. 


M. Widodo a en outre fait remarquer que son gouvernement encourage le libre-échange de vues à travers la liberté de la presse et que les différents groupes de la société travaillent ensemble à résoudre les problèmes posés par la mondialisation et l’incertitude économique.  À cet égard, il a souligné l’importance de la contribution des organisations gouvernementales et en particulier des membres de la société civile comme relais du dialogue entre les différents groupes.  Pour le représentant, les Nations Unies représentent le forum multilatéral privilégié pour la mise en place d’un dialogue qui devra se manifester à travers des réalisations concrètes.  Enfin, il a estimé que, suite aux attentats du 11 septembre, l’ONU a acquis un rôle encore plus important dans la recherche de solutions aux problèmes de la paix et de la sécurité et de la promotion du développement.


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