AG/1214

L'ASSEMBLEE GENERALE EXAMINE LES VOIES ET LES MOYENS DE FAIRE PROGRESSER LA REFORME DU CONSEIL DE SECURITE

30/10/2001
Communiqué de presse
AG/1214


Assemblée générale

33ème séance plénière – après-midi


L'ASSEMBLEE GENERALE EXAMINE LES VOIES ET LES MOYENS DE FAIRE

PROGRESSER LA REFORME DU CONSEIL DE SECURITE


La question de la représentation équitable au Conseil de sécurité et de l'augmentation du nombre de ses membres qui est inscrit à l’ordre du jour de l'Assemblée générale depuis huit ans, a été reprise cet après-midi et continue de susciter un vif intérêt de la part des Etats Membres comme l'ont souligné la plupart des intervenants, certains rappelant à cet égard la participation record des délégations au débat de la 55ème session sur ce point.


Toutefois le fait que les efforts du Groupe de travail à composition non limitée chargé de mener à bien cette réforme n’aient débouché, en huit ans, sur aucun consensus a suscité chez de nombreux intervenants, un sentiment de frustration et de désenchantement.  Les discussions ont perdu leur vigueur, a remarqué le représentant de l'Algérie qui a rappelé que, nombreuses sont les délégations qui déjà l’année dernière avaient attiré l’attention sur le caractère peu représentatif du Conseil qui était loin de refléter la configuration géopolitique du monde actuel. 


Si dans le principe, une meilleure représentation des pays en développement et des régions recueille un large soutien, sa traduction dans la composition du Conseil est, selon le représentant des Pays-Bas, dans l'impasse.  Cependant, le représentant des Etats-Unis tout en se déclarant favorable à l'attribution d'un siège permanent à l'Allemagne et au Japon et d'un certain nombre de sièges à occuper par rotation aux autres pays et régions du monde, a estimé que cette augmentation seule ne traduirait pas nécessairement un renforcement du Conseil.  Il fallait aussi et surtout viser à la transparence et à l’efficacité et en tout état de cause sa délégation est opposée à toute tentative de réduction de l'usage du veto et a fortiori à son élimination.  Certains intervenants ont soutenu les propositions faites par le Mouvement des non-alignés, alors que d’autres ont appuyé celles de l’OUA.


Nombre de représentants ont également insisté sur la nécessité d'améliorer la transparence des activités du Conseil, certains soulignant les progrès réalisés dans ce domaine, d'autres au contraire jugeant que la multiplicité des réunions ne changeait rien à l'opacité des prises de décisions.  C'est ce qu'a notamment souligné le délégué de Singapour qui a affirmé qu'après dix mois passés à siéger au Conseil, il n'était pas sûr de comprendre ce qui s'y passait.


Outre les pays déjà cités, se sont également exprimés au cours du débat les représentants des pays suivants : Colombie, Japon, Belgique, Pérou, Egypte, Inde, Slovénie, République démocratique populaire lao, Royaume-Uni, Namibie, Philippines, Portugal et Cuba.  L'Assemblée a par ailleurs adopté une résolution concernant l’Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations* (A/56/L.6) aux termes de laquelle elle décide de tenir les séances plénières consacrées à cette question les 8 et 9 novembre 2001.  Elle prendra une décision sur le projet de résolution concernant sa session extraordinaire consacrée aux enfants à une date ultérieure.


L'Assemblée générale poursuivra l'examen de ce point demain matin, 31 octobre à 10 heures.


* A/56/L.6)


QUESTION DE LA REPRÉSENTATION ÉQUITABLE AU CONSEIL DE SÉCURITÉ ET DE L’AUGMENTATION DU NOMBRE DE SES MEMBRES ET QUESTIONS CONNEXES 


Déclarations


M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a insisté sur la question centrale du droit de veto dans la mesure où ce privilège, conféré uniquement à cinq membres, a des incidences sur le fonctionnement du Conseil de sécurité et sur la possibilité même de réaliser une réforme concertée.  La question du droit de veto est intimement liée à celle de l’augmentation du nombre de membres du Conseil de sécurité.  Par conséquent, il serait contradictoire de critiquer ce privilège et, en même temps, d’accepter que quelques États qui auraient les pouvoirs suffisants puissent utiliser leur droit de veto dans un Conseil élargi.  L’existence du droit de veto et le manque de volonté politique pour le limiter rendent difficile la réalisation d’un accord qui permettrait l’élargissement de la composition du Conseil, a-t-il poursuivi.  Et pourtant reconnaît le représentant, il existe un consensus sur la nécessité d’augmenter le nombre des membres non permanents.  C’est la raison pour laquelle une avancée dans ce domaine renforcerait la légitimité et la crédibilité du Conseil au sein et en dehors des Nations Unies.


En ce qui concerne les questions de forme, M. Valdivieso a encouragé l’intensification d’un dialogue productif entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité pour, notamment, faire entendre les inquiétudes légitimes des États non membres au sujet du travail du Conseil.  Le Groupe de travail à composition non limitée demeure l’enceinte adéquate pour discuter de la réforme du Conseil de sécurité sous tous ses aspects.  Il est inconcevable de vouloir créer des espaces alternatifs au sein desquels seul un petit nombre de délégations pourrait prendre la parole alors que nous disposons d’un mécanisme ouvert, démocratique, transparent et représentatif, a-t-il déclaré.  Les échecs dénoncés par certains ne sont pas attribuables au Groupe lui-même mais à un manque de réalisme dans les aspirations de certains membres et à l’absence de la volonté politique nécessaire à l’élaboration d’une réforme.  Le représentant a également fait remarquer que sa délégation avait montré sa volonté d’améliorer le fonctionnement du Conseil de sécurité en convoquant un groupe de travail sur la documentation et la procédure.  Enfin, il a souhaité que compte soit dûment tenu des opinions exprimées durant le débat sur le rapport du Conseil de sécurité.


M. YUKIO SATOH (Japon) a déclaré que les événements du 11 septembre nous ont montré que l’élimination de la menace terroriste constitue le problème le plus urgent de la politique internationale.  Définir le terrorisme n’est pas chose facile, a-t-il ajouté.  La possibilité des terroristes d’utiliser des armes nucléaires, biologiques ou chimiques justifie qu’un rang de priorité élevé soit accordé aux mesures antiterroristes.  Ces questions, a poursuivi le représentant, ont des conséquences importantes sur la réforme du Conseil de sécurité qui est appelé à examiner des questions de plus en plus larges.  La coopération de tous les Etats Membres est donc indispensable comme l’est aussi le renforcement de la coopération internationale compte tenu de la nécessité d’accélérer nos efforts avec un nouvel objectif, la légitimité et l’efficacité du Conseil.  L’ampleur, a-t-il poursuivi, et la diversité des moyens humains et matériels se sont déjà élargies et continueront de l’être.  Les opérations de maintien de la paix en sont un bon exemple. 


Concernant l’Afghanistan, le représentant a estimé que le Conseil doit envisager l’avenir de ce pays en ayant à l’esprit sa stabilité politique, économique et sociale.  Il a constaté que le monde n’est pas encore libre des cycles de violence qui ont persisté depuis la guerre froide.  Il a estimé qu’il fallait renforcer l’efficacité et la légitimité du Conseil de sécurité dont la composition actuelle ne reflète pas la  réalité d’aujourd’hui.  Tous les membres doivent s’attaquer à la question de cette réforme avec détermination.  Le représentant a jugé utile d’examiner dans un premier temps la question de la taille du Conseil élargi selon une démarche graduelle.  Et puis, a-t-il conclu, si des progrès n’étaient pas réalisés, nous pourrions envisager de donner aux représentants de haut niveau politique la possibilité d’évaluer le travail qui a été accompli jusque-là.


M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a estimé que le débat sur la réforme du Conseil de sécurité intervenait dans un contexte particulier marqué autant par le malaise croissant et le sentiment de frustration de nombreuses délégations à l'égard d'un Conseil qui peine à s'engager dans la voie du changement que par la volonté exprimée avec de plus en plus de force par ces mêmes délégations de voir l'Assemblée générale reconquérir ses prérogatives perdues.  Il a fait observer que les discussions, engagées il y a huit ans, avaient perdu de leur vigueur et n'avaient à ce jour produit aucun résultat tangible concernant l'élargissement de la composition du Conseil et aucune amélioration sensible dans son fonctionnement.  Il a rappelé que l'importance et la sensibilité de la question de la réforme du Conseil de sécurité avaient été une nouvelle fois démontrées par le nombre très élevé d'orateurs qui ont pris la parole lors du débat organisé l'an dernier par l'Assemblée générale et qui s'étaient, dans leur très vaste majorité, accordés à reconnaître, comme c’est également la conviction de l'Algérie que cet organe n'était plus représentatif de la configuration géopolitique du monde actuel. 


Le représentant a indiqué que l'absence de progrès concernant les questions substantielles était due, entre autres facteurs, au manque de volonté politique d'un petit nombre de délégations qui, non contentes de n'avoir jamais voulu faire l'effort de proposer des idées de nature à faire avancer le processus de réforme, tentent depuis peu de faire porter la responsabilité du blocage du processus aux méthodes de travail du groupe de travail à composition non limitée dont il a salué la compétence.  S'agissant de la question du veto, a-t-il déclaré, ma délégation estime qu'elle est intrinsèquement liée à celle de l'élargissement dont l'examen demeure au centre de la problématique de la réforme du Conseil de sécurité.  Ma délégation souscrit pleinement à l'idée défendue par la quasi-totalité des délégations selon laquelle le droit de veto est anachronique, discriminatoire et antidémocratique et elle souhaite une restriction progressive de ce privilège qui devrait se limiter aux questions relevant du Chapitre VII de la Charte avant d'être totalement éliminé.


Il a réitéré le soutien de sa délégation aux propositions concrètes faites par les pays membres du mouvement des non alignés, en particulier celle ayant trait à l'augmentation du nombre des membres du Conseil.  Il a estimé que tout élargissement de la composition du Conseil de sécurité devrait prendre en compte la revendication de l'Afrique, telle qu'elle a été formulée par le Sommet de l'OUA tenu à Harare en 1999 et selon laquelle cet élargissement devrait être à hauteur de 11 sièges dont, pour l'Afrique, deux sièges permanents rotatifs avec les mêmes prérogatives que les autres membres permanents et deux non permanents à répartir


entre les pays africains selon les critères de l'OUA en vigueur et des éléments qui viendraient ultérieurement améliorer ces critères.  L'élargissement du Conseil à 26 membres au moins confèrerait à son avis au Conseil plus de légitimité, de représentativité et de crédibilité et ne réduirait en rien son efficacité.  


M.JEAN DE RUYT (Belgique) a estimé que le Conseil de sécurité doit pouvoir améliorer sa représentativité, sa transparence et son efficacité.  Les événements du 11 septembre dernier rendent ce travail de réforme encore plus urgent.  Il a rappelé que la Belgique coordonne le groupe G-10, qui réunit 10 pays et qui a fait des propositions réalistes et opérationnelles sur la réforme du Conseil de sécurité.  Le représentant a aussi estimé que les débats de l’an passé ont montré la difficulté d’un accord sur la réforme tout en soulignant que les efforts concernant les méthodes de travail du Conseil ont été plus productifs.  Il a félicité à cet égard le Conseil de sécurité pour l’ouverture dont il a fait preuve envers des pays contributeurs de troupes.


Reprenant les termes de M. Holkeri, le représentant a fait observer que le problème principal est de passer de la discussion à la négociation, ce qui signifie, a ajouté le représentant, faire preuve de souplesse et de compromis.  Une percée ne sera pas possible sans volonté claire de la part des membres.  C’est la raison pour laquelle il ne faut pas exclure de passer au niveau politique lorsque cela sera approprié.  Nous devons mieux cibler le travail du Groupe pour aboutir à un accord global, a-t-il indiqué.  Nous devons redoubler d’efforts pour nous concentrer sur la mission du Groupe de0 travail, avançant là où le progrès est possible.


M. OSWALDO DE RIVERO (Pérou) a rappelé que la réforme du Conseil de sécurité avait eu un premier antécédent en 1963 suite à l’augmentation importante du nombre des Etats Membres des Nations Unies.  Le nombre de membres du Conseil avait alors été augmenté de cinq.  30 années se sont écoulées depuis cette décision, 8 depuis la création du Groupe de travail à composition limitée et la situation est quelque peu décourageante, a-t-il estimé.  En effet, il existe toujours une sous-représentation des pays en développement, un processus de prise de décisions peu transparent, une configuration exclusive d’un nouveau système de sécurité collective international qui exclut la grande majorité des États membres du processus décisionnel et un usage anachronique du droit de veto.  Cette dernière question est de son point de vue centrale car la conjoncture historique est très différente de ce qu’elle était, a-t-il poursuivi.  Le représentant a estimé qu’il faut au moins limiter l’exercice de ce droit.  Cette limitation représenterait une importante concession aux membres permanents dans la mesure où l’objectif final est la suppression totale du droit de veto.


M. de Rivero a en outre estimé qu’il faut renforcer le rôle de l’Assemblée générale en fixant le lien transparent qui doit exister avec le Conseil de sécurité.  Il a encouragé les efforts d’ouverture réalisés notamment par l’augmentation du nombre de séances publiques mais il a indiqué que beaucoup restait encore à faire, notamment en matière d’information sur les objectifs de paix, de diffusion et de discussion des concepts de la sécurité collective.  La coopération avec les pays fournisseurs de contingents devrait être renforcée compte tenu de l’importance du rôle de ces pays pour le succès des opérations de maintien de la paix.  Enfin, le représentant a salué la présence d’ambassadeurs du Conseil de sécurité au sein du Groupe de travail à composition limitée.


M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a fait observer que pour réformer une institution, il fallait commencer par la comprendre.  Il a ajouté qu'après dix mois passés au Conseil, sa délégation n'était pas sure d'en comprendre le principe.  Il a comparé le Conseil à un château médiéval aux cinq seigneurs traditionnels dont le rôle consistait à assurer la paix et la sécurité du village mondial. Il a fait remarquer qu'au cours des années récentes les réunions du Conseil avaient explosées et a cité les réunions publiques, privées, celles qui ne sont parfois accessibles ni aux médias ni à tous ses membres, les réunions selon la formule Arria, les réunions du Comité des sanctions désormais couplées avec celles du Comité contre le terrorisme.  Et bien sûr, a-t-il ajouté, il y a les réunions privées entre les seigneurs dont on ne garde pas trace ainsi que les réunions des groupes d'amis, également opaques.  En ce qui nous concerne, nous ne sommes pas sûrs de comprendre parfaitement comment les décisions sont prises même si nous assistons à toutes les réunions sans exception.  Comme dans tous les châteaux médiévaux, il y a dans celui-ci un labyrinthe secret dans lequel nous n'avons pas pénétré. 


Le représentant a estimé que le problème structurel du Conseil était qu'il ne réagissait pas aux situations d'urgence comme le feraient les pompiers de New York mais en fonction des intérêts nationaux de ses membres.  Il a cité en exemple la réunion qui aura lieu demain sur la question du Timor oriental.  Nous avons demandé, a-t-il indiqué, que le Conseil endosse les recommandations du Secrétaire général ; malheureusement, quelques membres du Conseil préfèrent faire passer leurs intérêts personnels avant ceux de la communauté internationale.  Si nous voulons mettre en œuvre les instructions de nos dirigeants concernant une réforme en profondeur du Conseil, il nous faut commencer à comprendre la façon dont il travaille réellement, a-t-il poursuivi.  Nous devons continuer à demander au Groupe de travail de comprendre l'institution que nous essayons de réformer et pour cela, il nous faut changer le langage de nos débats annuels sur cette question. 


M. AHMED ABUELGHEIT (Egypte) a fait observer que huit années se sont écoulées depuis le début de l’activité du Groupe de travail à composition non limitée de l’Assemblée générale, et que, pour plusieurs raisons, peu de progrès ont été accomplis.  Le représentant a réitéré la position de son pays selon laquelle au moins deux sièges permanents devraient être attribués à l’Afrique selon le système de rotation, ainsi que 5 sièges non permanents au sein d’un Conseil élargi.  Il a appelé à plus d’ouverture et de transparence dans les méthodes de travail du Conseil.  Il s’est aussi déclaré préoccupé par le fait que les consultations officieuses deviennent la règle plutôt que l’exception.  Concernant la nature du veto, il a estimé que l’exercice du droit de veto est toujours soumis à des considérations d’intérêt national étroit.


Le Groupe de travail de l’Assemblée générale sur la réforme du Conseil de sécurité  doit poursuivre ses travaux, a-t-il ajouté.  Il a regretté que les activités de ce groupe sur la documentation soient limitées aux réunions officielles et ne portent pas sur les consultations informelles.  Concernant la tendance visant à augmenter le nombre de missions d’établissements des faits, le représentant a indiqué qu’il souhaite que les mandats de ces missions soient clairs et rendus publics.  Il a aussi estimé que les consultations entre le Conseil et les pays contributeurs de troupes étaient en dessous du niveau acceptable.


M. DIRK JAN VAN DEN BERG (Pays-Bas) a estimé que l’amélioration de l’interaction entre le Conseil de sécurité et les États Membres pouvait être immédiatement réalisée s’il existait une véritable volonté politique.  L’objectif doit être de rendre le travail du Conseil de sécurité plus transparent et exhaustif en établissant une collaboration réelle et efficace entre les deux organes.  Le représentant a également souligné le déséquilibre qui existe entre les pays qui ont un rôle effectif en termes de responsabilité engagée en matière de contribution au maintien de la paix et ceux qui ont un rôle privilégié dans le processus de prise de décisions au sein du Conseil de sécurité.  Le représentant a noté que, même si le Conseil de sécurité a apporté des changements importants dans son fonctionnement, notamment grâce au Groupe de travail, les efforts devraient se poursuivre et à cet égard, la Charte offre une marge de manoeuvre suffisante pour améliorer l’efficacité du Conseil. 


Le représentant a insisté sur le caractère indispensable d’une plus grande interaction entre le Conseil et les Etats Membres de l’Organisation dans la mesure où il faut combiner l’analyse de son fonctionnement avec les propositions et les suggestions qui se dégagent afin de recenser les lacunes qui doivent être comblées.  Comme la crédibilité du Conseil de sécurité repose en outre sur l’existence d’un processus décisionnel légitime et représentatif, les régions doivent donc être mieux représentées.  Or, a fait observer M. Van den Berg, la question de la représentation est dans une impasse.  Par conséquent, il faut adopter une approche pragmatique et intégrée afin de créer des mécanismes qui permettent d’impliquer tout le monde et en particulier les pays fournisseurs de contingents.  Enfin, le représentant a estimé qu’il était de la responsabilité des Etats Membres de renforcer la coopération et la coordination entre le Conseil de sécurité et les principaux organes des Nations Unies dans l’objectif d’établir un partage clair du travail afin que le Conseil ne soit plus accusé d’empiéter sur les fonctions des autres organes. 


M. JAMES CUNNINGHAN (Etats-Unis) a indiqué que son pays restait concerné par le renforcement du Conseil de sécurité ce qui ne veut pas seulement dire l'élargissement de sa composition.   Un Conseil renforcé, avec le Japon et l'Allemagne siégeant en tant que membres permanents et un certain nombre de sièges occupés par rotation, jouirait d'une légitimité accrue dans l'exercice de sa responsabilité première, aux termes de la Charte, à savoir le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a souligné la complexité des questions qui restaient à résoudre, citant la représentation équilibrée des pays développés et des pays en développement, la représentation des régions et le souci de préserver l'efficacité du Conseil.  Il a précisé que les Etats-Unis participent activement aux discussions avec le Groupe de travail à composition non limitée qu'il a décrit comme la seule instance permettant de résoudre les difficultés encore en suspens. 


Le temps est venu d'aller au-delà du discours annuel habituel et d'analyser sérieusement les différentes possibilités d'élargissement de la composition du Conseil pour définir celle qui nous doterait d'un Conseil amélioré plus fort et plus efficace, a-t-il déclaré.  Pour en arriver là, il ne faut pas dissocier les questions de la taille et de la composition du Conseil élargi ce qui freinerait encore le processus.  Il a indiqué que les Etats-Unis continueraient à s'opposer aux efforts visant à limiter ou à supprimer le droit de veto car c’est le Conseil, dans sa structure actuelle, qui avait fait progresser la paix et la sécurité internationales parce qu'il avait été capable d'actions efficaces et rapides. 


Il s'est référé à l'adoption de la résolution 1368, dans les 26 heures qui ont suivi les attaques du 11 septembre ainsi qu'à la résolution 1373 qui a changé à jamais, a-t-il dit, la lutte contre le terrorisme et a exprimé le soutien de sa délégation à ceux qui cherchent à rendre le Conseil plus transparent et plus représentatif de l'ensemble des Etats Membres.


M. KAMALESH SHARMA (Inde) a déclaré que le diable se cache dans les détails.  Les débats au cours des huit dernières années n’ont pu déboucher sur une décision globale acceptable pour tous, a-t-il ajouté.  Il faut s’acquitter de cette énorme responsabilité avec tout le sérieux que mérite cette question. Il a remercié le Conseil pour avoir agi avec promptitude au cours des événements du 11 septembre dernier.  Un conseil anachronique, non représentatif, qui ne reflète pas les réalités actuelles ne pourra pas relever les défis contemporains avec efficacité et crédibilité.  Il faut renforcer le Conseil de sécurité en élargissant sa composition a-t-il poursuivi, afin que la grande majorité des pays en développement s’y trouvent représentés. 


Une solution globale est la seule façon de procéder.  Il ne s’agit pas seulement d’effectuer des changements cosmétiques dans les méthodes de travail car l’un des principaux défauts de la situation actuelle est l’absence d’un partenariat véritable entre le Conseil et les pays contributeurs de troupes.  Il faut corriger l’anomalie selon laquelle les pays fournisseurs de contingents sont désenchantés.  L’élargissement de la composition du Conseil de sécurité devrait être guidé par des critères objectifs et non pas subjectifs.  Tout nouveau membre permanent devrait être désigné par l’Assemblée générale, et aucune restriction ne devrait être imposée au rôle et à l’autorité de l’Assemblée générale, a-t-il estimé.  Citant le Premier Ministre, le représentant a indiqué que l’Inde a une revendication naturelle sur un siège permanent au Conseil de sécurité.  Il est impératif que les débats sur la réforme du Conseil de sécurité continuent, même après huit ans de négociations prolongées, a conclu le représentant.


M. ERNEST PETRIC (Slovénie) a fait part du souhait de son pays de voir la composition du Conseil évoluer pour mieux refléter les réalités politiques, économiques et sociales d’un monde qui a changé depuis la création de l’Organisation des Nations Unies et la mise en place dudit Conseil.  Il a évoqué les nombreuses propositions faites depuis 1993 en vue de l’augmentation du nombre de sièges permanents et non-permanents qui puisse respecter une représentation géographique équitable de tous les groupes de pays et notamment de celui des Etats d’Europe orientale dont le nombre a doublé ces dernières années.  Il a appelé l’Assemblée générale à trouver enfin, cette année, un consensus après huit années de débat à ce sujet.  Nous comprenons que ce problème est complexe et sensible, a-t-il ajouté, car il touche aux racines de notre organisation.


Par ailleurs, il a insisté sur la nécessité de changer les méthodes de travail du Conseil, car la réforme ne se limite pas à sa composition, a-t-il convenu.  A cet égard, il a cité la transparence des méthodes de travail, des méthodes de décisions et de l’utilisation du droit de veto.  Il s’est félicité de l’augmentation du nombre de réunions publiques, mais aussi des réunions organisées avec les pays fournisseurs de contingents, ainsi que les missions du Conseil dans les régions troublées du monde et a encouragé des innovations dans le domaine


de la coopération entre le Conseil de sécurité et les autres organes des Nations Unies, pour arriver à un Conseil réellement représentatif.  En ce qui concerne l’utilisation du droit de veto, il a déclaré que tous les membres permanents du Conseil devraient avoir le même droit, mais que son utilisation devrait être limitée afin de satisfaire les autres membres des Nations Unies.


M. ALOUNKEO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao) a regretté qu’aucun consensus sur la réforme du Conseil de sécurité n’ait pas été trouvé après huit années de discussion et a appelé à maintenir l’élan suscité lors du Sommet du Millénaire pour progresser dans cette entreprise de réforme.  Il s’est déclaré favorable à l’augmentation du nombre des membres à la fois permanents et non permanents qui tienne compte des réalités mondiales actuelles.  A cet égard, il a proposé, en ce qui concerne les nouveaux membres permanents, que deux d’entre eux proviennent de pays industrialisés et trois  de pays en développement.  En ce qui concerne les sièges non-permanents il a proposé que les groupes des pays de l’Asie, de l’Afrique, de l’Amérique latine et les Caraïbes, et de l’Europe de l’Est puissent obtenir chacun un siège.


Par ailleurs, le représentant de la République démocratique populaire lao s’est prononcé en faveur d’une plus grande transparence des méthodes de travail du Conseil de sécurité notamment dans le processus de prise de décisions, afin de gagner la confiance de tous les Etats Membres de l’Organisation.  Il a également dénoncé la question du droit de veto, qu’il a défini comme anachronique, discriminatoire et antidémocratique et comme d’un privilège qu’il fallait restreindre de façon progressive.  En conclusion, il a appelé le Conseil de sécurité à s’adapter aux nouvelles réalités du monde et à devenir un organe transparent, démocratique, ayant plus de légitimité et surtout de crédibilité.


M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a estimé qu’il était essentiel, dans le monde contemporain, que le Conseil de sécurité devienne plus représentatif et mieux à même de relever les défis qui se posent à lui.  Il a regretté les faibles avancées réalisées en matière d’élargissement de la composition du Conseil en dépit de consensus qui semble se dégager notamment sur la question de l’inclusion de membres de pays en développement et de l’augmentation du nombre de membres permanents et non permanents.  Dans ce contexte, le représentant a encouragé la poursuite des efforts du Groupe de travail visant à régler les désaccords existants. 


M. Greenstock s’est félicité des avancées réalisées par le Conseil de sécurité telles que l’instauration d’un équilibre entre les réunions privées et les réunions publiques et l’existence d’exposés destinés aux États non membres réalisés après les réunions privées par les présidents.  Il a également salué l’amélioration des consultations avec les pays contributeurs de troupes et la tenue d’une réunion avec l’ECOSOC en avril dernier.  Le représentant a en outre fait remarquer que les travaux du Conseil de sécurité étaient devenus plus accessibles aux non membres, sans que cela nuise à sa capacité de mettre en œuvre des actions efficaces.  Enfin, il a souhaité que davantage d’États Membres utilisent toutes les possibilités qui s’offrent à eux de s’adresser au Conseil de sécurité afin de tenir des débats plus spontanés et interactifs.


M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a appelé à une réelle volonté et courage politiques, afin de permettre l’aboutissement des travaux du Groupe de travail à composition non limitée sur la réforme du Conseil de sécurité, d’arriver à une augmentation du nombre des membres permanents et non permanents du Conseil, qui puisse respecter une répartition géographique équitable et une égalité souveraine des Etats, dans un souci de crédibilité et d’efficacité.  Il s’est demandé pourquoi des reformes ont pu être menées à bout pour le Conseil économique et social, par exemple, alors qu’aucune évolution n’a été observée en ce qui concerne le Conseil de sécurité?  Cette situation est contraire au bon fonctionnement des Nations Unies et contrevient à la Déclaration du Millénaire dans laquelle les dirigeants du monde ont affirmé leur volonté d’une plus grande démocratisation du Conseil de sécurité, a-t-il ajouté.


Il a également attiré l’attention sur la situation de l’Afrique,  notamment sur les écarts qu’il y avait entre les résolutions prises par le Conseil de sécurité et leur mise en oeuvre dans cette région et a déclaré que son pays ayant eu le rare privilège d’avoir été élu au Conseil soit que cet état de choses est dû au caractère déséquilibré, peu démocratique et peu représentatif de la structure du Conseil.  En conclusion, il a partagé la décision de l’OUA  de demander pour l’Afrique, deux sièges permanents et cinq sièges non permanents et que tous les nouveaux membres permanents puissent partager le privilège du droit de veto.


M. ENRIQUE A. MANALO (Philippines) a déclaré que son pays était favorable à une augmentation du nombre des membres permanents et non permanents et à la mise en place de mesures générales de réforme des procédures du Conseil de sécurité vers une plus grande transparence, doublée d’une plus grande participation des États Membres dans le processus de prise de décisions, mais aussi la limitation de l’utilisation du droit de veto pour toutes les questions concernant le maintien de la paix. 


Il a ajouté qu’il était peut-être nécessaire d’examiner les méthodes de travail du Groupe de travail sur la réforme du Conseil de sécurité afin d’arriver au compromis recherché. Il a suggéré que ce Groupe puisse axer ses travaux sur les questions urgentes, comme la taille et la composition du Conseil élargi, l’élargissement ou la limitation du droit de veto, les mesures visant à assurer une plus grande participation des pays fournisseurs de troupes aux prises de décisions concernant le fonctionnement des missions de maintien de la paix, une plus grande transparence des consultations informelles, ou encore l’amélioration des rapports du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.  En conclusion, il a insisté sur la nécessité d’examiner d’urgence les questions clefs et de ne pas perdre de temps sur celles qui n’ont aucune chance de déboucher sur un consensus clair.


M. SEIXAS DA COSTA (Portugal) a indiqué que l’objectif de la réforme complexe du Conseil de sécurité était clair, il s’agit de réviser à la hausse le nombre de membres du Conseil de sécurité du fait de l’augmentation substantielle du nombre des Etats Membres des Nations Unies ainsi que des changements intervenus dans les relations internationales.  Le représentant a reconnu que d’importants efforts avaient été accomplis pour faire avancer le processus, notamment pendant le Sommet du Millénaire.  Les éléments principaux de la réforme sont maintenant connus, a-t-il ajouté.  Le Conseil de sécurité en tant que premier responsable


doit être considéré comme un organe légitime, agissant au nom de l’entière communauté internationale avec transparence.  Un renforcement de sa nature représentative et une amélioration de ses méthodes de travail sont les éléments cruciaux pour renforcer son autorité et l’efficacité de ses décisions.


Nous devons disposer d’un organe fort, a poursuivi le représentant, réellement représentatif de la communauté internationale.  Pour sa part, le Portugal est ouvert à toute suggestion qui permette d’aller de l’avant, par exemple porter ce sujet à un niveau politique plus élevé pour rationaliser les débats et retrouver l’élan politique de la Déclaration du Millénaire.  Il faut examiner la question comme un ensemble, dans tous ses aspects.  Il ne s’agit pas d’une réforme qui tienne compte seulement de certains aspects.  Il faut faire preuve de souplesse sur toutes les questions.  Le droit de veto a certes été utilisé de façon modérée récemment mais sa menace continue d’être présente dans tous les aspects du processus de décision du Conseil.  Le Portugal a fait quelques propositions réalistes visant à restreindre son utilisation.  Les Nations Unies, a conclu le représentant, ont besoin de s’adapter aux réalités du nouveau siècle.


M. RODRIGUEZ PARRILLA (Cuba) a déclaré que le Conseil de sécurité ne peut pas être et ne sera pas efficace avec sa composition et ses méthodes de travail actuelles.  Une réforme profonde s’impose donc afin de rendre cet organe plus démocratique, plus représentatif et plus équilibré car, pour le moment, il ne fait que préserver les intérêts des membres permanents.  Il a fait remarquer que les membres actuels du Conseil ne représentent que 8% du nombre total des États Membres.  Par conséquent, le représentant a préconisé la création de 11 nouveaux postes, ce qui amènerait le taux de représentation à 13%.  Le Conseil de sécurité doit s’élargir afin d’inclure de nouveaux membres permanents et non permanents, a-t-il poursuivi, avec un minimum de deux postes pour les pays d’Afrique, de deux postes pour les pays d’Amérique latine, de deux postes pour les Caraïbes, et de deux postes pour les pays en développement d’Asie. 


Le représentant a, en outre, fait remarquer que l’objectif fondamental de l’augmentation du nombre de membres de Conseil de sécurité est de rectifier la sous-représentation des pays en développement.  En effet, comment le Conseil de sécurité peut-il comprendre les causes profondes des conflits lorsque les deux tiers de la population mondiale, qui vivent dans les pays en développement, sont complètement absents du Conseil, s’est-il interrogé.  En outre, le représentant a estimé qu’il fallait non seulement augmenter le nombre de réunions publiques mais qu’il fallait aussi qu’elles représentent l’opportunité, pour les États non membres, d’apporter des contributions utiles.  Le fonctionnement de l’Assemblée générale doit parallèlement être revitalisé car c’est le seul organe des Nations Unies véritablement représentatif.  Le représentant a également souligné le caractère antidémocratique du droit de veto et a condamné la pratique du veto silencieux qui s’exerce fréquemment dans les réunions officieuses.  Il est par conséquent indispensable de limiter son usage, a-t-il estimé.  Enfin, le représentant a condamné la politique sélective du Conseil de sécurité qui privilégie les intérêts nationaux au détriment de l’intérêt général


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