L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE APPELÉE À RECOMMANDER L’INSTAURATION D’UNE SEMAINE CONSACRÉE À LA CULTURE DE LA PAIX
Communiqué de presse AG/1209 |
Assemblée générale
29ème séance plénière – matin
L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE APPELÉE À RECOMMANDER L’INSTAURATION D’UNE SEMAINE
CONSACRÉE À LA CULTURE DE LA PAIX
Elle élit les membres du Conseil d’administration du PNUE,
les membres du Comité du programme et de la coordination et nomme ceux du Comité des conférences
L’Assemblée générale a entendu au cours de sa séance de ce matin des appels pressants en vue de l’instauration d’une semaine annuelle consacrée à la culture de la paix. Cette initiative a fait l’objet d’un projet de résolution élaboré par le représentant d’El Salvador, et soumis à l’examen des Etats Membres. Aux termes de ce projet, la semaine de culture de la paix se tiendrait chaque année du 11 au 21 septembre. Au cours des interventions sur cette question, plusieurs délégations ont fait le lien entre la pauvreté et l’insécurité : toute campagne sérieuse contre le terrorisme, ont-ils fait valoir, doit également aborder les conditions sociales, économiques et politiques qui nourrissent l’émergence du terrorisme de la violence et des conflits a indiqué le représentant du Saint-Siège. La corrélation étroite entre le sous-développement économique, la pauvreté et la malnutrition d’un côté, la paix et l’ordre menacés de l’autre côté, a été souligné par le représentant des Philippines. Les enfants ont également fait l’objet de nombreuses considérations et, comme le représentant de la Colombie, certains représentants ont fait état de mesures prises par les gouvernements afin d’introduire dans les programmes scolaire une formation en vue d’une culture de paix et de lutte contre toutes les formes de violence qui leur est faite. Le représentant des Philippines a notamment exhorté les promoteurs de la culture de la paix à rendre justice aux enfants en les libérant de cet esclavage qu’est la pauvreté et dont ils sont les otages.
Le représentant de l’Egypte a attiré l’attention sur le sort du peuple palestinien qui subit depuis un demi siècle l’occupation étrangère et la guerre. Pour sa part, la République démocratique populaire de Corée a dénoncé la présentation de l’Histoire faite par le Japon en indiquant que cette attitude constituait une menace pour la stabilité de la région Pacifique.
L’Assemblée générale était saisie d’un projet de résolution consacré à la Décennie de la promotion d’une culture de la non-violence et de la paix pour les enfants du monde qui a été présentée par le représentant du Bangladesh et sur laquelle elle prendra une décision à une date ultérieure. Le représentant de la Namibie est également intervenu au cours du débat sur ce point. Les représentants d’Israël et d’Egypte ont exercé leur droit de réponse.
L’Assemblée a par ailleurs adopté une résolution présentée par le représentant du Costa Rica dans le cadre de l’examen du rapport concernant l’Université pour la paix qui invite notamment les États Membres, les organismes intergouvernementaux, les organisations non gouvernementales et les particuliers intéressés à contribuer directement au Fonds d’affectation spéciale pour la paix ou au budget de l’Université.
L’Assemblée générale a en outre élu les vingt-neuf membres suivants du Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour l’environnement : Tchad, Congo, Kenya, Namibie, Nigéria, Soudan, Zambie et Zimbabwe pour les États africains; Chine, Indonésie, Japon, Myanmar, République de Corée et République arabe syrienne pour les États d’Asie; République tchèque, Roumanie et Fédération de Russie pour les États d’Europe de l’Est; Antigua-et-Barbuda, Argentine, Cuba, Nicaragua et Uruguay pour les États d’Amérique latine et des Caraïbes; Belgique, Canada, France, Allemagne, Grèce, Suisse et Etats-Unis pour les États d’Europe de l’Ouest et autres États.
L’Assemblée générale a également élu les sept membres suivants du Comité du programme et de la coordination sur la base des candidatures présentées par le Conseil économique et social : Ethiopie, Nigéria et Tunisie pour les Etats africains; Chine, Japon et République de Corée pour les Etats d’Asie; Uruguay pour Etats d'Amérique latine et des Caraïbes pour un mandat de trois ans à compter du 1er janvier 2001.
Pour 2001, la composition du Comité du programme et de la coordination est la suivante : Allemagne, Argentine, Bahamas, Bangladesh, Bénin, Botswana, Brésil, Cameroun, Chine, Comores, Cuba, Égypte, États-Unis d’Amérique, Fédération de Russie, France, Gabon, Indonésie, Iran (République islamique d’), Italie, Japon, Mauritanie, Mexique, Pakistan, Pérou, Pologne, Portugal, République de Corée, République de Moldova, République-Unie de Tanzanie, Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, Saint-Marin, Ukraine, Uruguay et Zimbabwe.
Les pays élus ce matin sont appelés à remplacer : Bénin, Chine, Comores, Égypte, Japon, République de Corée et Uruguay dont le mandat vient à expiration le 31 décembre 2001.
Sept membres du Comité des conférences ont en outre été nommés par l’Assemblée générale pour une période de trois ans à compter du 1er janvier 2002 : Autriche, Ethiopie, Jamaïque, Jordanie, Népal, Tunisie et Etats-Unis.
Le Comité des conférences est actuellement constitué comme suit: Algérie, Argentine, Autriche, Bénin, Chili, États-Unis d’Amérique, Fédération de Russie, Finlande, France, Guinée équatoriale, Jamaïque, Japon, Jordanie, Kenya, Kirghizistan, Lituanie, Namibie, Népal, Pérou, Philippines et Sierra Leone.
L’Assemblée reprendra ses travaux cet après-midi, à 15 heures.
UNIVERSITÉ POUR LA PAIX
Le rapport sur l'Université pour la paix (A/56/314) expose les progrès accomplis dans le processus de revitalisation des activités de l'Université pour la paix. Il en ressort que les activités en cours ont été étoffées et que d’autres ont été entreprises dans le cadre du programme de développement portant sur la période de janvier 2001 à décembre 2003. Un programme novateur d'enseignement, de formation et de recherche au service de la paix a été élaboré par l'organe directeur de l'Université, notamment grâce au financement de généreux donateurs. Cependant, des entretiens sont en cours en vue d'obtenir un appui financier qui permettrait l'exécution d'autres programmes, en particulier pour que l'Université puisse se décentraliser afin d'être en mesure de promouvoir efficacement les objectifs définis dans sa charte. Les thèmes suivants ont été retenus dans le nouveau programme : prévention des conflits, sécurité, droits de l’homme, protection de l’environnement et relèvement à la suite des conflits. L’Université pour la paix tente en outre de développer la coopération et les partenariats avec d’autres institutions de premier plan ayant des intérêts communs et exécutant des programmes complémentaires susceptibles de bénéficier de la contribution de l’Université.
L’Université pour la paix a été créée en décembre 1980 en application de la résolution 35/55 de l’Assemblée générale pour doter l’humanité d’un établissement international d’enseignement supérieur au service de la paix ayant pour objectif de favoriser entre tous les êtres humains un esprit de compréhension, de tolérance et de coexistence pacifique, d’encourager la coopération entre les peuples et de contribuer à réduire les obstacles à la paix et au progrès dans le monde, conformément aux nobles aspirations proclamées dans la Charte des Nations Unies. Le Siège de l’Université est situé à San José (Costa Rica).
Projet de résolution (A/56/L.4)
Aux termes de la résolution concernant l’Université pour la paix, l’Assemblée générale prierait le Secrétaire général d’envisager de recourir à l’Université pour la paix à l’appui des efforts qu’il mène pour régler les conflits et construire la paix. Elle inviterait les Etats Membres, les organismes intergouvernementaux, les organisations non gouvernementales et les particuliers intéressés à contribuer directement au Fonds d’affectation spéciale pour la paix ou au budget de l’Université. Elle inviterait également les organisations intergouvernementales et tous les peuples du monde à célébrer une Journée de paix pour le 1er janvier 2002, et tous les ans par la suite.
Déclaration
M. BERND NIEHAUS (Costa Rica) a rappelé que l’Université pour la paix avait été conçue comme un centre international spécialisé d’Études supérieures destiné à promouvoir la paix et prévenir les conflits dans un environnement propice. Dans ce contexte, elle coopère avec les Nations Unies afin de réaliser les objectifs fondamentaux inscrits dans la Charte. Il a rappelé que la paix est souvent menacée et par conséquent c’est aux causes profondes des conflits qu’il faut s’attaquer et notamment faire en sorte qu’un bon niveau de développement soit assuré. Les droits de l’homme doivent être respectés et la constitution d’un bien commun est un élément fondamental pour la paix.
Le représentant a indiqué que l’Université se trouve dans une période de réforme : restructuration de l’administration, constitution d’une base académique plus large, élaboration d’un programme de vulgarisation. L’Université, a-t-il indiqué, contribue activement à l’élaboration d’un programme d’action relatif à la culture de paix et elle met notamment l’accent sur l’indispensable développement d’une culture de prévention.
Rapport sur la Décennie internationale de la promotion d’une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde (A/56/349)
Ce rapport est soumis conformément à la résolution 55/47, adoptée par l’Assemblée générale le 29 novembre 2000, par laquelle elle prie le Secrétaire général de lui présenter, lors de la cinquante-sixième session, un rapport sur les suites données à cette résolution. L’objectif de la Décennie est de donner un nouvel élan au mouvement mondial en faveur de la paix, après la célébration en 2000 de l’Année internationale de la culture de la paix. La promotion d’une culture de paix doit devenir une priorité du système des Nations Unies dans un monde qui évolue rapidement, afin d’offrir aux générations futures des valeurs susceptibles de les aider à participer à la construction d’une société plus juste, basée sur le respect de toute vie, le rejet de la violence, le partage avec autrui, l’écoute axée sur la compréhension, la préservation de la planète et la découverte de la solidarité.
La stratégie exposée dans le rapport met l’accent sur l’éducation pour une culture de la paix dans le milieu éducatif scolaire et non-scolaire à tous les niveaux, en s’appuyant notamment sur la société civile dans son ensemble, ainsi que sur le rôle des médias et des nouvelles technologies de l’information, afin d’atteindre le public le plus large possible. En tant qu’organisme chef de file de la Décennie, l’UNESCO a été chargée de passer en revue et d’évaluer le Programme d’action. Conformément à la résolution 55/47, un rapport à mi-parcours sera présenté, à la soixantième session de l’Assemblée en 2005 et un rapport similaire devrait être soumis en 2010, à la fin de la Décennie.
Projet de résolution (A/56/L.5)
Aux termes de la résolution concernant la Décennie de la promotion d’une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde, 2001-2010, l’Assemblée générale réaffirmerait la Déclaration* et le Programme** en faveur d’une culture de la paix comme devant servir de base à la déclaration de la Décennie.
L’Assemblée générale réaffirmerait également l’objectif de la Décennie de donner un nouvel élan au mouvement mondial en faveur d’une culture de la paix, après la célébration en 2000 de l’année internationale de la culture de la paix et engagerait les organes compétents des Nations Unies et notamment l’UNESCO à continuer de promouvoir, à tous les niveaux, un enseignement scolaire et non scolaire qui favorise une culture de la non-violence et de la paix.
L’Assemblée générale déciderait l’inscription à l’ordre du jour provisoire de sa cinquante-septième session la question intitulée “Culture de la paix”, et prierait le Secrétaire général de lui présenter, à sa cinquante-septième session, un rapport sur l’application de la présente résolution.
* résolution 53/243 A
** résolution 53/243 B
Déclarations
M. SHAMEEM AHSAN (Bangladesh), dans le cadre du rapport du Secrétaire général sur la culture de la paix, a introduit le projet de résolution A/56/L.5. Les Etats Membres des Nations Unies, les organisations internationales et la société civile doivent être impliqués dans cette démarche a-t-il souligné. Il a ajouté que la paix ne signifie plus seulement l’absence de guerre, mais aussi la mise en place de nouveaux concepts et des valeurs qui aideront les jeunes à la construction d’un monde plus juste et plus prospère. Il a rappelé que des individus de plus en plus nombreux s’engagent dans ce mouvement universel pour un monde de paix. Si nous voulons relever ce défi, a-t-il précisé, il faut que cette culture devienne une priorité pour tout le système des Nations Unies. Il a souligné le travail de l’UNESCO et l’a encouragé à continuer à jouer ce rôle important qu’est le sien dans la promotion de la culture et de la paix.
Il a proposé que le projet de résolution A/56/L.5 soit adopté sans vote parce qu’il reprenait les grandes lignes de la résolution présentée lors de Assemblée générale précédente avec en plus cette année quatre nouveaux éléments, à savoir : une mention de la Déclaration du Millénaire dans le préambule, une référence au paragraphe 28 du rapport du Secrétaire général qui stipule que chaque année de la Décennie de la culture de la paix sera marquée par un thème prioritaire différent, puis un encouragement aux médias à s’engager dans cette promotion de la culture de la paix, notamment par l’intermédiaire du projet de Réseau Internet d’information sur la culture de la paix, et enfin une invitation à l’UNESCO à persévérer dans son travail de suivi de cette campagne et d’information entamé avec l’Année internationale pour la paix.
M. JOSE ANDINO SALAZAR (El Salvador) a déclaré qu'il n'y avait pas de sujet plus important que celui de la culture de la paix compte tenu de l'époque exceptionnelle que traverse le monde. Il a appuyé la proposition du Bangladesh car, a-t-il déclaré, son gouvernement regarde avec une certaine inquiétude ce qui se passe sur le plan international comme conséquence des événements du 11 septembre. Il est important de rappeler les engagements pris par les chefs d'Etat et de gouvernement tels qu'ils figurent dans la Déclaration du Millénaire et qui fixent des objectifs en matière de paix, de désarmement, des droits de l'homme, de démocratie et de bonne gouvernance.
Le représentant a indiqué qu’El Salvador estime qu'il faut faire porter plus d'efforts sur le dialogue et le respect mutuel entre les cultures et a décidé de lancer une initiative visant à promouvoir ces valeurs en organisant chaque année, du 11 au 21 septembre, une semaine annuelle de culture de la paix, une initiative cohérente, a-t-il souligné, avec le projet de résolution principal portant sur la décennie internationale. Il a demandé que le point 28 reste ouvert afin que les délégations puissent s'exprimer sur cette question et sur le projet de résolution, mis en circulation le 18 octobre, concernant la création de cette semaine de culture de la paix. Il a indiqué que sa délégation resterait mobilisée sur cette question.
M. AHMED ABUEGHEIT (Egypte) a fait observer que, jamais plus qu'aujourd'hui, le monde n'avait eu autant besoin d'une culture de la paix. Il a déclaré que le sort n'avait pas été clément pour certains peuples à cet égard, notamment ceux qui sont contraints de vivre sous la tyrannie d'une occupation étrangère ou de subir des guerres. Il a estimé que ce type de tragédie ne pouvait être mieux illustré que par le cas du peuple de Palestine qui a enduré plus d'un demi-siècle d'occupation brutale, la violation de ses droits humains fondamentaux et une politique sans précédent de discrimination, de déplacement de population et de privations de toutes sortes. Il a fait observer qu'aucune communauté ne pouvait prétendre s'isoler de la démocratie pour s'enfoncer dans les eaux marécageuses de la dictature, de la torture, de l'oppression et de l'assassinat systématique de civils.
Mon pays, a-t-il déclaré, a été le premier à tendre la branche d'olivier, il y a plus d'un quart de siècle de cela, et nous espérons qu'un jour le peuple et le Gouvernement d'Israël seront capables d'entendre la voix de leur conscience et de la sagesse. Nous lançons un appel à toutes les parties pour qu'elles coopèrent de bonne foi et abandonnent les horreurs et les erreurs du passé. Nous lançons un appel aux parties pour qu'elles aient le courage de créer un environnement sûr pour tous les enfants, israéliens et palestiniens, un environnement où résonneraient les rires des enfants au lieu des bruits de la guerre, de la destruction et de la torture.
M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a indiqué que l’année 2000, «Année internationale pour la culture de la paix» n’a pas été marquée par la consolidation de la paix mais par l’intensification de la lutte sociale et économique pour un nombre encore plus important de personnes dans le monde entier. Nous devrions évaluer le renforcement de la paix mondiale non pas seulement d’après le nombre de conflits résolus mais en nous demandant combien d’enfants vivent encore avec moins d’un dollar par jour, a-t-il estimé. La Décennie pour une culture de la paix doit représenter un engagement collectif de soutenir sérieusement les valeurs de liberté, de solidarité, et de tolérance.
Le représentant a, par ailleurs, estimé que la remise du prix Nobel aux Nations Unies et à son Secrétaire général devait être considérée comme un défi lancé à notre Organisation pour qu’elle mette en oeuvre le Programme d’action de la Décennie pour une culture de la paix. Concernant la stratégie proposée par le Secrétaire général pour cette mise en oeuvre, et notamment la participation de la jeunesse, le rapport du Secrétaire général a souhaité que les cinq années restantes de cette décennie se concentrent sur la jeunesse. Il a conclu en remerciant l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation et la culture (UNESCO) pour sa promotion d’une culture de la paix dans tous les domaines de sa compétence et a exprimé l’espoir que les Etats Membres soutiendront financièrement l’UNESCO dans cette tâche.
M. EDGARDO J. ANGARA (Philippines) a relevé que ce point qui concerne la culture et la promotion de la paix avait acquis un caractère particulier après les événements du 11 septembre, et que ces dernières semaines nous ont montré à quel point la paix était importante et combien nous devions tout mettre en oeuvre pour la préserver. Il a ajouté que la Décennie pour une culture de la paix et de non-violence pour les enfants du monde nous rappelle que nous luttons pour assurer la paix essentiellement pour nos enfants et leur avenir. Nous devons avoir présent à
l’esprit que les enfants sont toujours les premières victimes des conflits, qu’il s’agisse de conflits armés ou de situations d’extrême pauvreté. Il a défini la pauvreté comme une guerre silencieuse que les enfants perdaient tous les jours et à cet égard il a rappelé que près de la moitié des enfants des Philippines sont mal nourris, que nombreux sont ceux qui sont sans domicile et doivent mendier, ou fouiller dans les ordures pour trouver leur pitance.
Par ailleurs, il a indiqué que 40% des Philippins vivent en dessous du seuil de pauvreté et que plus d’un sur trois vivent avec moins de 60 cents US par jour. Il y a une corrélation étroite entre le sous-développement économique, la pauvreté et la malnutrition d’un côté, la paix et l’ordre menacés de l’autre côté, a-t-il ajouté. Dans le même ordre d’idées, il a souligné que les foyers d’insurgés et de groupes terroristes étaient nés dans les régions les plus pauvres de son pays. C’est pour ces raisons que le développement durable demeure à son avis le lien manquant pour parvenir à la paix. Il a ajouté que la lutte contre la pauvreté et la malnutrition sont un élément clef dans la lutte pour la paix. Cela passe non seulement par la modernisation de l’agriculture, mais aussi par la stimulation de la croissance économique, la promotion d’une réelle éducation, et un réel soutien aux défavorisés. En conclusion, il a appelé les promoteurs de la culture de la paix à rendre justice aux enfants en les libérant de cet esclavage qu’est la pauvreté et dont ils sont les otages.
M. NICOLAS RIVAS (Colombie) a indiqué que le monde nécessite plus que jamais la promotion d’une culture de paix basée sur le respect des principes de liberté, de démocratie et de justice. Il faut donc promouvoir la culture du dialogue et de la négociation pacifique, le respect de la vie et la promotion de la non-violence. Dans ce contexte, l’éducation, par sa capacité d’inculquer des valeurs et des principes dans l’esprit des hommes et des femmes de toutes les races, constitue un élément fondamental. Il faut lancer une campagne active de formation fondée sur l’introduction dans tous les programmes de formation de thèmes relatifs à la paix, a-t-il indiqué. D’autres personnes jouent un rôle fondamental au premier rang desquelles figurent les religieux, les professeurs, les personnalités politiques, les travailleurs sociaux et les organisations non gouvernementales.
M. Rivas a estimé qu’afin d’atteindre les objectifs d’élaboration d’une culture de paix, il faut notamment éliminer toutes les formes de discrimination et d’intolérance, éradiquer l’analphabétisme, promouvoir un développement économique durable et le respect du droit de tous les peuples à l’autodétermination, renforcer les institutions démocratiques et garantir la participation de tous au processus démocratique. Le Gouvernement colombien s’est engagé à lancer une culture de paix car il considère que le règlement politique du conflit interne est la seule solution viable. Le représentant a également indiqué que son pays avait mis en place une politique de reconstruction du tissu social car il considère que la paix commence dans les foyers et qu’il est indispensable de détecter la souffrance des enfants afin que la culture de la paix puisse offrir des valeurs visant à l’instauration d’une société plus juste et plus prospère.
M. KIM CHANG GUK (République populaire démocratique de Corée) a attiré l'attention sur le fait que l'homme est maître du cours des événements et que sa vision des choses est extrêmement importante, au regard des objectifs d'une culture de paix. Il a observé que, de ce point de vue, l'éducation est un important vecteur de cette culture. Il a attiré l'attention sur la façon dont les manuels scolaires japonais présentent les 700 ans d'agressions et d'exploitation japonaise. Ces manuels, a-t-il déclaré, ont développé la théorie de la menace coréenne, présentant la péninsule coréenne comme une base potentielle d'attaque contre le Japon pour peu qu'elle tombe entre les mains d'un pays hostile au Japon ce qui rendrait alors nécessaire la conquête de la Corée par le Japon. Ces livres, a-t-il indiqué, travestissent l'histoire de la guerre du Pacifique dont ils font une guerre visant à réaliser la Sphère de prospérité commune de toute Asie de l'Est.
Il a fait observer que le Japon continuait à ne pas reconnaître ses crimes contre l'humanité et à ne pas présenter d'excuses officielles à cet égard. Aussi longtemps que les autorités japonaises ne règleront pas, de façon concrète, les crimes inhumains qu'ils ont commis contre les peuples asiatiques dans le passé, le Japon restera une source majeure d'instabilité en Asie et dans la région Pacifique, a-t-il déclaré. La nation coréenne a souffert de l'occupation et de l'exploitation japonaise pendant les 41 ans qui ont suivi la division artificielle du pays par les Etats-Unis jusqu'à ce jour. Ma délégation réaffirme que la République populaire et démocratique de Corée fera face, de façon encore plus résolue, aux défis de la paix de ce siècle nouveau et se battra pour qu'une paix durable prévale dans la péninsule de Corée et le reste du monde, a-t-il conclu.
M. RENATO R. MARTINO (Observateur du Saint-Siège) a fait observer que la paix commence dans les coeurs. Elle nous aide à orienter notre raisonnement et nos actions vers le bien de tous. Une culture de paix, a-t-il indiqué, peut être envisagée comme le modèle de comportement humain qui doit être cultivé et transmis aux générations futures. Il a déclaré que des conflits existent dans le monde d’aujourd’hui parce que les parties concernées refusent des solutions justes. Il a estimé que ceux qui honorent Dieu devraient être au premier rang de ceux qui luttent contre toutes les formes de terrorisme. Nous devons, a-t-il poursuivi, supprimer les principaux éléments qui engendrent les conditions de haine et de violence et qui sont contraires à tout mouvement en faveur de la paix. Il a notamment évoqué la pauvreté, le manque de respect pour les droits de l’homme et les libertés fondamentales, l’exclusion sociale, les situations intolérables des réfugiés, le déplacement interne et externe et l’oppression physique ou psychologique. Toute campagne sérieuse contre le terrorisme doit aborder les conditions sociale, économique et politique qui nourrissent l’émergence du terrorisme, de la violence et du conflit.
L’Observateur a conclu en citant le Pape Jean-Paul II il y a presque 20 ans sur le thème «Dialogue pour la paix, un défi pour notre temps», lorsqu’il avait déclaré : «Je suis convaincu que ce dialogue -un vrai dialogue- est une condition essentielle pour la paix. Oui, ce dialogue est nécessaire, pas seulement opportun. Il est difficile mais possible, malgré tous les obstacles que le réalisme nous oblige à considérer».
Droits de réponse
Le représentant d'Israël a regretté que le débat sur la paix ait été l'occasion pour l'Egypte de reprendre une rhétorique de la haine d'autant plus mal venue, a-t-il déclaré, que l'Egypte sait mieux que quiconque non seulement l'engagement d'Israël en faveur de la paix, mais aussi les campagnes terroristes dont Israël est l'objet. Il a estimé que la culture de la paix progresserait si l'Egypte abandonnait ses accusations et s'occupait davantage de sa propre conduite, favorisait la démocratisation et le respect des droits de l’homme et cherchait à trouver des compromis au sein de sa propre société ainsi qu'avec ses voisins.
Le représentant de l'Egypte a remercié le délégué israélien pour ses préoccupations concernant la démocratie en Egypte mais lui a fait remarquer que ces questions relevaient des affaires intérieures égyptiennes et qu'il pouvait de son côté poser la question de savoir ce qu’est la démocratie en Israël. Il a indiqué que ce qui fait l’objet de préoccupations ici, était la situation des Palestiniens et que l'Egypte n'avait pas besoin de lancer des appels à la haine pour que chacun puisse juger de la politique israélienne.
Le représentant d'Israël a déclaré qu'Israël était un Etat démocratique dans un environnement hostile et non démocratique et qu'au lieu de l'attaquer, le représentant de l'Egypte ferait mieux d'examiner la situation des droits de l'homme dans son pays et travailler à y faire progresser la culture de la paix car il y circulait beaucoup de propagande antisémite. Il a estimé que l'Egypte ayant été le premier Etat arabe à reconnaître l'existence d'Israël, il devrait être un chef de file dans la promotion de la paix.
Le représentant de l’Egypte a souligné que ce débat ne semblait mener nulle part, car la paix n’était pas un mot dépourvu de sens. Les traités ne peuvent être signés un jour et ne pas être appliqués le jour suivant, a-t-il ajouté. Il a également insisté sur le fait que la paix était un engagement véritable qui commence dans nos coeurs, pour que nos actions aillent dans le bon sens. La différence entre la paix et les règlements, c’est comme la différence entre les tranquillisants et les solutions, a-t-il ajouté. Comment créer la paix si les partenaires ne sont pas convaincus, s’est-il encore interrogé? Je souhaiterais faire part de la nouvelle que le sang israélien n’est pas plus pur que le sang égyptien, a-t-il déclaré en conclusion.
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