AG/1207

LES DÉLÉGATIONS À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE CONSTATENT LES PROGRÈS ACCOMPLIS PAR LE CONSEIL DE SÉCURITÉ MAIS REGRETTENT SON IMMOBILISME SUR LA QUESTION DU PROCHE-ORIENT

16/10/2001
Communiqué de presse
AG/1207


Assemblée générale

27ème séance plénière – matin


LES DÉLÉGATIONS À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE CONSTATENT LES PROGRÈS ACCOMPLIS PAR LE CONSEIL DE SÉCURITÉ MAIS REGRETTENT SON IMMOBILISME SUR LA QUESTION DU PROCHE-ORIENT


Le représentant de la Tunisie souhaite que le Conseil se saisisse

du dossier somalien afin d'éviter une situation comparable à celle de l'Afghanistan


L'examen du rapport du Conseil de sécurité qui se poursuivait ce matin, en séance plénière de l'Assemblée générale, a été l'occasion pour certaines délégations de souligner les progrès accomplis et les résultats engrangés par le Conseil.  Le représentant de la Tunisie, celui du Mali, d'Ukraine et du Pakistan notamment, ont constaté des améliorations dans les méthodes de travail du Conseil qui vont dans le sens d'une plus grande transparence et se sont félicités de la tenue de plus en plus fréquente de débats et réunions publics d'information.  Le représentant de la Tunisie a jugé particulièrement opportunes et utiles les réunions d'évaluation organisées par certains Etats membres du Conseil au terme de leur présidence et a souhaité que cette pratique se développe.  Autre amélioration relevée ce matin, c’est la recherche par le Conseil d’approfondir ses connaissances des questions dont il est saisi.  Le représentant du Mali s’est réjoui, à cet égard, de l'envoi de plus en plus fréquent de missions du Conseil de sécurité dans les régions de conflit ainsi que du développement des contacts directs avec les parties en conflits et les acteurs régionaux.  Il a également jugé remarquables les progrès enregistrés dans le sens d'un meilleur ciblage de certains régimes de sanctions.


Il n’en reste pas moins que de nombreuses critiques aient été exprimées à l'égard du rapport présenté par le Conseil.  Il a été également reproché à ce dernier le maintien de certains régimes de sanctions, notamment en Iraq, qui, aux yeux de plusieurs délégués, ne sont plus appropriées, le «manque d'objectivité» du Conseil, le recours au veto jugé parfois abusif, ses réunions à huis clos et sa gestion de questions telles que la situation en Palestine pour laquelle sa carence a été jugée regrettable.  Le représentant de la Tunisie a insisté pour que le Conseil de sécurité assume également ses responsabilités à l'égard de la question somalienne, un dossier sur lequel, a-t-il dit, le Conseil est pratiquement absent malgré les risques évidents que représente l’absence prolongée des fondements de l’Etat en Somalie et qui fait craindre qu’on ne débouche sur une situation comparable à celle de l’Afghanistan.  Le représentant de la République démocratique populaire de Corée a dénoncé le maintien du Commandement des Nations Unies mis en place en 1950 dans la partie méridionale de la péninsule coréenne et qui, à son avis, est une émanation des Etats-Unis et non des Nations Unies.


Outre les délégations déjà citées, les représentants des pays suivants se sont également exprimés : Venezuela, Ukraine, Myanmar, Espagne, Bhoutan, Slovénie, Indonésie, Namibie, Bangladesh, Pakistan, Jamahiriya arabe libyenne et Palestine. 


L'Assemblée générale poursuivra son débat sur le rapport du Conseil de sécurité cet après-midi à 15 heures.


RAPPORT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ


Déclarations


M. NOUREDDINE MEJDOUB (Tunisie) a indiqué qu’il prenait acte des efforts soutenus du Conseil de sécurité visant à améliorer son rendement dans le cadre de son mandat relatif au maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le Conseil a démontré, a-t-il poursuivi, sa capacité de répondre positivement et concrètement aux souhaits exprimés par les Etats Membres de l’Organisation.  Le représentant a, par ailleurs, demandé que le Conseil de sécurité accorde l’attention requise à la situation dans les territoires palestiniens, y compris Jérusalem.  Sa responsabilité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales exige qu’il traite comme il se doit le dossier somalien, qui demeure quasi absent de l’ordre du jour du Conseil malgré les risques évidents que représente l’absence prolongée des fondements de l’Etat en Somalie.  Le Conseil de sécurité doit aborder d’urgence ce problème car il est à craindre que la prolongation de ce vide ne débouche un jour sur une situation telle que celle de l’Afghanistan.  Concernant la question des sanctions, il a fait part des regrets de sa délégation devant le fait que le Conseil de sécurité n’ait pas adopté les recommandations du Groupe de travail qu’il a constitué à cet effet.  Le représentant de la Tunisie a aussi souhaité que le Conseil de sécurité convienne des mesures nécessaires susceptibles d’harmoniser le régime des sanctions.


Pour ce qui est des méthodes de travail du Conseil de sécurité, il a noté avec satisfaction l’amélioration croissante enregistrée dans ce domaine, qui a permis de revêtir les travaux du Conseil d’une plus grande transparence.  Il a également relevé l’attachement du Conseil de sécurité à approfondir sa compréhension des situations dont il est saisi.  Une autre satisfaction exprimée par le représentant concerne la tenue de séances publiques qui permettent aux Etats Membres de s’informer de l’évolution des travaux du Conseil à la fin de chaque présidence et il a souhaité que l’on développe davantage cette pratique.  Il a constaté la disposition du Conseil à améliorer davantage ses méthodes de travail et a souligné la haute importance que sa délégation accorde aux travaux du Conseil sur cette question.  Concernant enfin la forme et la teneur du rapport annuel du Conseil de sécurité, il a estimé qu’il ne répondait pas aux objectifs pour lequel il est conçu.  Il faut y remédier, a-t-il ajouté.  Les tentatives pour aborder des problèmes tels que la transparence, la responsabilité ou le suivi de l’application des décisions du Conseil de sécurité sont à encourager, a-t-il conclu.


M. MILOS ALCALAY (Venezuela) s’est félicité de l’attention particulière portée dans le rapport à des thèmes qui touchent l’Afrique, le Moyen-Orient y compris la question palestinienne, le Timor oriental, l’Iraq et la région des Balkans.  Il a cependant regretté le nombre élevé de sessions privées, qui lui semblent contraires à une pratique démocratique et transparente.  Le représentant s’est félicité de l’importance accordée dans le rapport à des thèmes majeurs tels que les enfants et les conflits armés, le VIH/sida, les opérations de maintien de la paix, la femme, la paix et la sécurité et a souhaité que le Conseil de sécurité envisage ces problèmes sous l’éclairage de ses domaines de compétences, à savoir le maintien de la paix et de la sécurité internationales.


M. Alcalay a également déploré l’absence dans le rapport des réalisations du Conseil de sécurité en matière de progrès accomplis en ce qui concerne la résolution des problèmes les plus graves tels qu’ils avaient été identifiés par la Déclaration du Millénaire.  A cet égard, il a estimé que le rapport aurait dû être plus analytique et plus constructif afin de refléter avec plus d’exactitude les orientations que le Conseil de sécurité essaye de donner à son action en vue de la réalisation des objectifs de paix et de sécurité internationales.  Enfin, le représentant a salué les efforts entrepris par le Conseil de sécurité pour créer une interaction positive, ouverte et fluide avec les États Membres, qui s’est notamment concrétisée récemment par l’adoption de la résolution 1373 relative à la lutte antiterroriste.


M. VALERI KUCHYNSKI (Ukraine) a fait remarquer que le bilan du Conseil était toujours mitigé et que la période de douze mois couverte par le rapport ne faisait pas exception à cette règle.  Il a estimé que les changements radicaux intervenus sur la scène politique internationale au cours de ces dix dernières années ont conduit à un renforcement et un à élargissement des pouvoirs du Conseil de sécurité, en faisant de lui l'organe dominant et le plus influent des Nations Unies dont les activités façonnent réellement les relations internationales.  M. Kuchynski a observé que ces changements n’ont fait qu'attiser les exigences de réformes du Conseil qu’appelle de ses vœux la communauté internationale.  L'Ukraine reste réaliste et comprend qu'une transformation complète du Conseil et de ses activités n'est pas une tâche facile.  Les progrès lents du Groupe de travail de l'Assemblée sur cette question ont atténué notre enthousiasme et nos attentes de résultats rapides.  Le représentant estime néanmoins qu'il est de plus en plus admis, y compris au sein même du Conseil, qu'une réforme était réellement indispensable.


M. Kuchynski a fait observer que pendant la période considérée, le Conseil s’était attaché à appliquer des approches novatrices des dernières années, accentuant ainsi la tendance à une plus grande transparence et à une amélioration des méthodes de travail.  Il a notamment souligné les progrès notoires dans la réforme des mécanismes de maintien de la paix des Nations Unies ainsi que dans la politique du Conseil de sécurité dans le domaine des sanctions tout en insistant à cet égard sur la nécessité d'appliquer une méthodologie claire et cohérente et la création d’un groupe de travail du Conseil à cet effet mérite d’être saluée.  Il n'en a pas moins estimé que des changements urgents devaient survenir dans plusieurs domaines que ce soit sur la question palestinienne, à propos de laquelle, il a souligné l'incapacité du Conseil d’agir, ou à l'égard de l'Iraq, un dossier qu'il estime qu’on ne peut régler par un resserrement des sanctions.  Il a également désigné la crise des Balkans comme un autre exemple des difficultés rencontrées par le Conseil de sécurité.  Il a en revanche fait remarquer qu'en ce qui concerne l'Afrique, le Conseil avait poursuivi avec succès sur la lancée encourageante engagée il y a deux ans.


M. KYAW TINT SWE (Myanmar) a estimé que le rapport annuel du Conseil de sécurité demeure le mécanisme le plus riche en informations pour la majorité des Etats, en particulier pour ceux qui disposent de ressources humaines limitées.  Le rapport est exhaustif et détaillé mais les efforts visant à rendre le rapport plus analytique doivent encore se poursuivre et se renforcer.  Nous aurions fortement souhaité être informés du raisonnement conceptuel qui sous-tendait la réflexion autour de chaque problème, a-t-il fait observer.  Il s’est néanmoins déclaré encouragé que le rapport continue à fournir des évaluations du travail du Conseil ce qui rend ce travail plus transparent.  Les discussions publiques mensuelles sur


le travail du Conseil de sécurité sont une initiative utile, a-t-il reconnu, car la transparence du Conseil de sécurité dans son travail renforce sa crédibilité ainsi que son efficacité.  Il s’est félicité des mesures prises par le Conseil pour renforcer la coopération entre les pays contributeurs de troupes d’un côté et le Secrétariat et le Conseil de sécurité de l’autre.  L’efficacité du Conseil dépend dans une large mesure de la mise en œuvre de ses résolutions en situation de conflits, a-t-il ajouté.


Concernant les aspects positifs du rapport, le représentant a estimé que le Conseil reste saisi de nombreuses situations de conflits et de crises.  A cet égard des problèmes demeurent qui sont dus au manque de volonté politique des parties concernées.  Pour ce qui est des opérations de maintien de la paix, il a souhaité que les recommandations contenues dans la résolution 1327 parviennent à apporter les changements nécessaires dans ce domaine.  Le représentant a aussi reconnu les bonnes intentions qui sous-tendent le principe des sanctions mais il a cependant estimé qu’elles ne constituent jamais une tâche aisée car elles ont toujours un impact négatif inattendu sur des innocents et les pays voisins du pays sanctionné.  La levée des sanctions, a-t-il ajouté, doit être guidée par des considérations objectives.  Il s’est par ailleurs félicité de ce que le Conseil de sécurité ait établi un groupe de travail pour améliorer l’efficacité de ces sanctions mais s’est dit découragé par le fait que les aspects principaux du problème des sanctions soient en suspens.


Mme ANA MARIA MENEDEZ (Espagne) a souligné la contradiction d’un rapport qui est à la fois trop volumineux et fait peu de place aux informations attendues au sujet du contenu des consultations privées du Conseil de sécurité.  Elle a cependant reconnu les indéniables progrès accomplis dans les méthodes de travail du Conseil et sa transparence, comme en témoignent l’augmentation des réunions publiques, des réunions mensuelles de récapitulation à l’attention des pays non membres du Conseil de sécurité, ou encore les débats et les représentants du Secrétariat, dans le cadre des réunions du Groupe de travail de l’Assemblée générale pour la réforme du Conseil de sécurité.  Elle a néanmoins regretté que les réunions privées ou semi-privées restent une règle du fonctionnement du Conseil.  Ces réunions privées, a-t-elle ajouté, ne devraient se tenir qu’en cas de réelle nécessité et c’est pourquoi elle a demandé que la question de la participation des pays non membres aux réunions à huis-clos soit enfin clarifiée.


Evoquant le fonctionnement du Groupe de travail du Conseil de sécurité sur la documentation et les procédures, elle a suggéré que ses travaux soient coordonnés avec ceux du Groupe de travail de l’Assemblée générale sur la réforme du Conseil de sécurité, dans un souci d’efficacité et de transparence, puisque les deux groupes abordent des questions similaires.  La représentante de l’Espagne a en outre salué l’adoption en juin dernier de la résolution 1353, renforçant la coopération du Conseil avec les pays fournisseurs de troupes, qu’elle considère comme un exemple à suivre qui nécessiterait néanmoins d’être étudié plus avant.


M. LYOMPO OM PRADHAN (Bhoutan) a fait remarquer que le Conseil de sécurité avait eu à gérer, au cours de l'année écoulée, un vaste éventail de questions internationales complexes et que, si dans certains cas, les progrès font encore attendre, le travail des Nations Unies avait conduit à la tenue d'élections au Timor oriental, un pays dont on espère qu'il rejoindra prochainement les rangs des Etats souverains des Nations Unies.  Il s'est félicité des initiatives du Conseil de sécurité sur le VIH/sida et ses implications dans les opérations de maintien de la paix, une question qui, à son avis, mérite la plus vive attention. 


Il a exprimé son soutien à l'appel lancé par le Secrétaire général en faveur d'une démarche qui permette de passer d'une culture de la réaction à une culture de la prévention dans le domaine du maintien de la paix et a estimé que le Conseil de sécurité devrait renforcer sa capacité en matière de prévention des conflits.  Alors que le rapport du Conseil de sécurité montre à quel point le monde a changé depuis la fondation des Nations Unies, la composition du Conseil de sécurité reste pratiquement la même si l'on excepte l'augmentation limitée de ses membres non permanents.  Le changement de la nature et des responsabilités du Conseil appelle un élargissement de sa composition, à la fois au niveau des membres permanents et non permanents, qui soit représentative de tous les continents et des principaux groupes de population dans le monde.


M. ERNEST PETRIC (Slovénie) a regretté qu’en dépit des nombreux faits et données contenus dans le rapport ce dernier ne facilite pas l’analyse générale des activités du Conseil de sécurité.  Une telle analyse permettrait aux États qui ne sont pas membres du Conseil de prendre une part active aux discussions qui touchent les problèmes cruciaux auxquels est confrontée l’ONU.  Le rapport devrait comporter une étude des méthodes qui ont permis d’améliorer le travail du Conseil ainsi qu’une analyse des domaines dans lesquels des progrès ont été accomplis et ceux dans lesquels le Conseil a échoué.  De même, l’exigence de transparence dans les méthodes de travail du Conseil de sécurité étant cruciale, le rapport devrait signaler les progrès éventuels réalisés en matière de transparence.


M. Petric s’est félicité de l’intérêt porté par le Conseil de sécurité à un nombre croissant de problèmes liés au maintien de la paix et de la sécurité internationales.  La croissance des problèmes posés montre qu’il est indispensable de s’attaquer aux causes des conflits dans toute leur complexité, a-t-il poursuivi.  Il est par conséquent de notre responsabilité de faire en sorte que le Conseil de sécurité soit plus représentatif et corresponde davantage aux réalités de la communauté internationale.  Cependant, en dépit de la capacité du Conseil de sécurité de s’adapter aux nouvelles réalités, le représentant a regretté que le rapport n’ait pas réussi à accorder l’importance qui lui est due à la question du terrorisme international.  Les événements qui ont eu lieu le 11 septembre dernier sont l’une des conséquences de l’incapacité de la communauté internationale de considérer le problème de façon globale et dans de brefs délais. Cependant, les résolutions prises à la suite des attentats ainsi que la création d’un Comité anti-terrorisme constitue une évolution encourageante, a-t-il ajouté.  En conclusion, le représentant s’est félicité de l’importance accordée par le Conseil de sécurité aux problèmes qui se posent dans le Sud-Est de l’Europe.


M. MAKMUR WIDODO (Indonésie) s’est félicité des progrès réalisés en matière de règlement des tensions, d’amélioration des conditions de travail des personnels humanitaires dans les régions en crise, de promotion de la démocratie et du droit et de l’adoption d’une approche intégrée dans la résolution politique des conflits.  Les progrès réalisés par le Conseil ont renforcé son rôle dans la résolution des conflits et reflètent sa détermination à développer une approche équitable dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité dans toutes les régions du monde.  En ce concerne la situation au Timor oriental, le représentant a estimé que l’ONU devrait étendre sans limite son soutien aux besoins et aux aspirations légitimes de la population, en particulier dans le cadre de la construction de la nation.  Il est en outre d’avis que le Conseil doit répondre aux recommandations de l’Assemblée générale et être responsable de ses actions et de ses décisions.


M. Widodo a indiqué qu’alors que les procédures des comités des sanctions devenaient de plus en plus transparentes, il n’en demeurait pas moins un besoin d’information sur leur travail.  A cet égard, l’Indonésie fait sienne la stratégie du Secrétaire général qui consiste à minimiser l’impact humanitaire des sanctions, de les soumettre à une étude régulière et de mettre au point des sanctions mieux ciblées.  Le représentant a en outre estimé qu’il fallait modifier le contenu et le format du rapport.  La volonté de la majorité des États Membres de disposer d’un rapport analytique n’est en effet pas respectée car l’approche caractérisée par une compilation de nombreux documents, une simple description d’activités et une reproduction de résolutions déjà connues persiste.  Cependant, le représentant a salué les efforts entrepris pour une plus large diffusion de l’information aux États Membres et aux organisations régionales concernées et la tenue d’un plus grand nombre de réunions publiques.  Enfin, il a indiqué que la publication de plus de rapports spéciaux permettrait une meilleure coordination entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.


M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a fait remarquer qu’un certain nombre de problèmes contenus dans le rapport ont été examinés pendant le mandat de la Namibie au Conseil de sécurité et s’est déclaré particulièrement préoccupé par la situation qui prévaut en République démocratique du Congo et qui rend la situation très pénible pour le peuple congolais.  Il semble que l’agression dont il est l’objet soit devenue acceptable pour la communauté internationale et que le statu quo doive se perpétuer.  Le représentant a rendu hommage au panel qui à son avis a bien respecté le mandat qui lui a été confié par le Conseil de sécurité.  Ma délégation, a-t-il ajouté, attend du Conseil qu’il agisse selon les recommandations du panel, quels que soient les coupables.  Personne ne doit être au-dessus du droit international et l’intérêt du peuple congolais doit être le principe fondamental et non pas les intérêts économiques de quelques uns sous couvert d’une prétendue protection de la sécurité nationale.


Le représentant a, par ailleurs, souligné le fossé grandissant entre certaines situations de conflit et la promptitude du Conseil de sécurité à passer à l’action et à mettre en œuvre ses résolutions.  Il a rappelé la négation pendant deux décennies du droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple namibien et a demandé au Conseil de sécurité d’autoriser le déploiement d’une force d’observateurs des Nations Unies pour protéger les civils palestiniens et assurer la mise en œuvre complète des recommandations du rapport Mitchell.


M. MOCTAR OUANE (Mali) a souligné l'évolution qualitative du fonctionnement du Conseil de sécurité qu'il a jugé d'abord perceptible dans sa recherche d'une meilleure connaissance des conflits dont il est saisi.  Il s'est félicité à cet égard de l'envoi de plus en plus fréquent de missions du Conseil de sécurité dans les régions de conflits telles que les missions dans la région des Grands Lacs, en Sierra Leone et au Kosovo.  Il a jugé également satisfaisant le développement des contacts directs avec les parties en conflits et les acteurs régionaux grâce notamment à la tenue de séances dites privées avec le Conseil de sécurité qui permettent un échange de vues franc et interactif entre les membres du Conseil et les acteurs régionaux ou les organisations régionales.  Il a rappelé que la présidence malienne du Conseil de sécurité avait organisé, le 29 septembre 2000, un échange de vues fructueux avec le Président Nelson Mandela sur le processus de paix au Burundi et les questions se rapportant à l'Accord de paix.  Il a estimé, dans le même ordre d'idées, que la coopération croissante avec la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) était un fait marquant et encourageant et a salué l'envoi d'une mission interinstitutions en Afrique de l'Ouest. 

M. Ouane a attiré l'attention sur l'évolution notable des instruments d'action dont dispose le Conseil de sécurité qu'il considère comme un autre fait marquant de la période couverte.  Il a indiqué à cet égard que le Mali accorderait une attention particulière à la résolution 1318 (2000) adoptée lors de la réunion historique du Conseil de sécurité, le 7 septembre 2000, au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement et visant à trouver une réponse adéquate, efficace et durable aux conflits en Afrique.  Il a également insisté sur les progrès remarquables enregistrés dans le sens d'une efficacité accrue et d'un meilleur ciblage de certains régimes de sanctions. Il s'est félicité de la nouvelle démarche du Conseil visant à l'imposition de sanctions à durée déterminée et mieux ciblées conduisant à un changement de comportement de la part de groupes ou individus bien identifiés.  Il s'est également félicité de ce que, dans l'examen de questions allant au-delà du maintien de la paix, qu'il s'agisse de prévention des conflits ou de consolidation de la paix après les conflits, l'on ait de plus en plus recours aux débats publics et aux réunions publiques d'information contribuant ainsi à la transparence des travaux du Conseil de sécurité.


M. SHAMEEN AHSAN (Bangladesh) a rappelé que son pays avait déployé des efforts afin de renforcer le rôle du Conseil de sécurité en matière de maintien de la paix et de la sécurité, de faire du Conseil un organe de prévention plutôt que de réaction et de rendre le Conseil plus transparent.  Le développement d’une culture de prévention doit passer par une prise en compte des impératifs politiques, économiques et, surtout humanitaires.  Il s’agit également, a-t-il poursuivi, d’une responsabilité partagée et le Bangladesh a appuyé les actions qui consistaient à susciter un engagement de la part des autres organes des Nations Unies, les institutions de Bretton Woods, la société civile, les organisations non gouvernementales et le secteur privé.  Le représentant a fait observer que des efforts avaient été accomplis afin de renforcer la coopération entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, notamment sous la présidence de son pays qui avait prié les membres du Conseil d’être plus réceptifs aux demandes des Etats Membres de l’Organisation. 


M. Ahsan s’est félicité des efforts accomplis dans le domaine de la résolution des conflits et notamment de l’envoi de missions spéciales du Conseil et de la tenue de réunions avec les pays concernés, y compris au plus haut niveau.  Les résultats sont mitigés mais les raisons des échecs ou d’absence de progrès dans certains domaines dépassent la capacité du Conseil.  Des progrès ont également été réalisés en matière de transparence, d’ouverture et d’implication d’un plus grand nombre de pays dans les travaux du Conseil.  Le représentant a salué l’attention accordée par le Conseil aux domaines qui dépassent le seul maintien de la paix, à savoir la prévention des conflits, le rétablissement de la paix et la consolidation de la paix après les conflits.  Enfin, M. Ahsan a souligné que si des conflits et des problèmes demeurent irrésolus, c’est parce que l’action du Conseil de sécurité résulte des accords passés par ses États membres.  La règle du consensus prévaut et le droit de veto est déterminant.


M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a dénoncé les sanctions économiques décrétées par le Conseil de sécurité et qui loin de régler les problèmes, les ont, au contraire, aggravés tout en engendrant des situations de misère en ternissant l’image des Nations Unies.  S’agissant du rapport du Conseil de sécurité, il a observé qu’il était trop volumineux et comportait des informations inutiles non conformes à ce à quoi l’on pouvait s’attendre.  Ce rapport ne contient ni analyse de ce qui a été fait ou de ce qui n’a pas été fait, ni d’évaluation sur l’efficacité des actions conduites, a-t-il regretté.  Il a observé aussi que ce


document mettait en évidence une certaine discrimination dans la mise en oeuvre des résolutions du Conseil de sécurité.  Il y a en effet une tendance croissante à élargir l’ordre du jour du Conseil de sécurité à des questions de plus en plus variées, comme la lutte contre le VIH/sida, la protection des civils dans les conflits armés, le commerce illicite des armes légères, les questions liées à la femme, ou encore les questions de droit international et de désarmement, qui à son avis, altère l’efficacité du Conseil de sécurité dans ses responsabilités premières qui sont celles du maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Ces différentes questions importantes, a-t-il ajouté, devraient être traitées par l’Assemblée générale et ses différents organes, pour ne pas surcharger inutilement les travaux du Conseil de sécurité.


Evoquant les méthodes de travail du Conseil de sécurité, il a regretté que les consultations privées restent la règle plutôt que l’exception et a dénoncé l’utilisation invisible du droit de veto, contraire aux exigences de transparence, notamment lorsqu’il n’y a pas de compte rendu des consultations privées.  Il a également fait observer que les débats thématiques ouverts qui devraient permettre aux non membres de présenter leurs vues, se réduisent souvent à des exercices stériles où les non membres sont entendus mais pas écoutés.  En conclusion, il a tenu à remercier les pays membres du Conseil qui ont contribué à apporter une plus grande transparence dans ses méthodes de travail, démarche dont il souhaite la poursuite afin de renforcer la crédibilité dudit Conseil.


M. LI HYONG CHOL (République populaire démocratique de Corée) a estimé que les méthodes de travail du Conseil de sécurité ne sont pas toujours à la hauteur des attentes des Etats Membres.  Les réunions privées, a-t-il poursuivi, ne sont pas la forme prévue par la Charte des Nations Unies ou par les règles de procédure du Conseil de sécurité.  Toutes les questions, sauf les questions de procédures, doivent être discutées en réunions publiques à composition non limitée pour que les activités du Conseil de sécurité aient lieu dans la transparence, a-t-il poursuivi.  Concernant les sanctions, elles doivent être utilisées en dernier ressort pour prévenir l’expansion des conflits, l’objet, la portée et la durée des sanctions devront être clairement établis, a indiqué le représentant.  Il serait nécessaire et utile de mettre en place un mécanisme dans lequel les décisions du Conseil de sécurité sur les sanctions seraient prises sur la base des recommandations de l’Assemblée générale.  Le manque d’impartialité du Conseil de sécurité altère la paix et la sécurité mondiales, a ajouté le représentant.  Il faut une équité et une objectivité absolues.


Il a par ailleurs indiqué que le Commandement des Nations Unies mis en place en 1950 dans la partie méridionale de la péninsule coréenne est illégal du point de vue de la procédure de sa création et de son mode d’existence.  Il n’a en réalité rien à voir avec les Nations Unies et tous les faits témoignent qu’il a été créé par les Etats-Unis et non par l’ONU, a-t-il poursuivi.  Les Nations Unies devraient prendre les mesures visant à retirer leur nom et leur drapeau abusivement utilisés par les Etats-Unis, a conclu le représentant.


M. GUMA I. AMER (Jamahiriya arabe libyenne) s’est félicité de ce que le rapport fait apparaître le développement d’une véritable coopération entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de troupes.  Il s’est également réjoui de la coopération qui existe dans le processus de définition du mandat et du rôle des opérations de maintien de la paix et a accueilli avec intérêt les évaluations mensuelles des présidents du Conseil de sécurité.  Il a néanmoins regretté que les diverses évolutions observées ne répondent pas entièrement aux


attentes des Etats Membres.  Ainsi a-t-il dénoncé le recours excessif aux consultations officieuses, qui porte atteinte à l’esprit et aux efforts qui visent à plus de transparence, mais aussi à la légitimité des travaux du Conseil de sécurité.  Le rapport du Conseil doit porter sur le contenu de toutes les délibérations tenues par le Conseil de sécurité et non pas seulement sur le nombre d’heures de travail, a-t-il ajouté.


S’agissant du fonctionnement du Conseil de sécurité, il a observé que le droit de veto avait souvent empêché le Conseil de sécurité de prendre certaines décisions, notamment lorsqu’il s’agissait de mettre fin aux sanctions décrétées contre son pays qui s’était pourtant plié à toutes les conditions fixées par les Nations Unies.  En revanche, il s’est félicité de l’attention soutenue accordée aux questions africaines, et a souligné la nécessité de traiter les conflits africains dans leur aspect global, y compris notamment le développement.  Il a évoqué le problème du VIH/sida et a demandé un engagement international pour lutter contre ce fléau qui menace plus de 30 millions de personnes en Afrique.  En conclusion, il a estimé que les propositions des Etats Membres doivent se transformer en recommandations pratiques, pour permettre une contribution de l’Assemblée générale dans son ensemble à la consolidation de la paix et de la sécurité internationales pour un monde plus stable.


M. NASSER AL-KIDWA (Observateur de la Palestine) a rappelé que les membres de l’Assemblée générale, lorsque le Conseil ne parvient pas à remplir sa mission, peuvent exercer leur propre responsabilité collective pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il s’est plaint de l’inaction du Conseil de sécurité qui n’a pas pris les mesures nécessaires à l’égard de la situation dangereuse qui menace tout le Moyen-Orient et la paix et la sécurité internationales.  Le Conseil de sécurité, a poursuivi le représentant, n’a pas su prendre les mesures qui s’imposent concernant la situation grave qui prévaut dans les territoires palestiniens occupés, y compris Jérusalem.  Il a estimé que la résolution 1322 du Conseil de sécurité, bien qu’adéquate et raisonnable, n’a pas été suivie de mesures appropriées.  Le Conseil de sécurité a été incapable, a-t-il poursuivi, d’assumer ses responsabilités du fait de la position négative d’un membre permanent du Conseil.  Le fait est qu’une situation explosive extrêmement menaçante pour la paix et la sécurité internationales existe depuis plus d’un an sans que le Conseil ait pris de décision.  Vingt-cinq résolutions ont été adoptées, aucune n’a été mise en oeuvre par la puissance occupante, 25 projets ont été bloqués par veto.  Aucun argument sérieux ne peut justifier ce comportement très inhabituel du Conseil qui méconnaît sa responsabilité à l’égard de la Charte des Nations Unies.  On ne peut comprendre que des tentatives se poursuivent pour neutraliser complètement le Conseil dans un conflit aussi important que celui du Moyen-Orient.


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