En cours au Siège de l'ONU

AG/1206

PRÉOCCUPATIONS À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE FACE À LA MULTIPLICATION DES RÉUNIONS À HUIS CLOS DU CONSEIL DE SÉCURITÉ

15/10/2001
Communiqué de presse
AG/1206


Assemblée générale

26ème séance plénière – après-midi


PRÉOCCUPATIONS À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE FACE À LA MULTIPLICATION

DES RÉUNIONS À HUIS CLOS DU CONSEIL DE SÉCURITÉ


Le Conseil est invité à se doter d'un code de

bonne conduite volontaire restreignant le recours au droit de veto


L'Assemblée générale, qui poursuivait cet après-midi son examen du rapport du Conseil de sécurité, a entendu de nombreux délégués demander que soient accélérées la réforme des méthodes de travail du Conseil comme celle de sa composition.  Même si certains délégués ont reconnu que des progrès avaient été enregistrés dans ces domaines, de nombreuses demandes ont été formulées pour que soit améliorée notamment la transparence des travaux du Conseil ainsi que sa coopération avec les pays contributeurs de troupes et avec l'ensemble des Etats Membres.  Le représentant du Canada s'est fait l'écho d'une préoccupation déjà exprimée ce matin face à la transformation de ses réunions publiques en spectacles médiatiques.  A l'inverse, il a demandé comme d'autres intervenants l’ont fait avant lui, que l'on cesse de prétendre que les réunions à huis clos n'existent pas et a regretté que, bien que financées par les Etats Membres, celles-ci ne fassent pas l'objet de comptes rendus.  Il serait peut-être temps de s’interroger au titre des articles 55 à 58 des règles de procédure du Conseil, sur ces réunions fantômes qui, comme les femmes sous le régime des Taliban, sont soigneusement voilées et occultées, a renchéri le représentant de l'Inde.  Si les consultations officieuses sont financées par les Etats Membres, ne devraient-elles pas être considérées comme des réunions privées et en tant que telles, faire l'objet de communiqués par le Secrétaire général à leur issue? s’est-il demandé.  Il s’est également étonné qu'aucune précision ne figure dans le rapport du Conseil sur le financement des opérations de maintien de la paix qui ont pourtant absorbé cette année, l'équivalent du double du budget ordinaire des Nations Unies. 


Le recours au droit de veto a suscité également de nombreux commentaires, plusieurs délégations se prononçant en faveur d'une restriction de cette prérogative «anachronique et peu démocratique».  Une telle restriction ont estimé d’aucuns permettrait d’introduire un élément de responsabilité qui bien trop souvent déterminé par des considérations de politique nationale.  Le représentant de la Mongolie a notamment estimé que l'Assemblée générale devrait demander des explications sur la façon dont le veto est, dans certains cas, utilisé.  


Les représentants des pays suivants : Bélarus, Philippines, Argentine, Autriche, République de Corée, Chypre, Egypte, Norvège, Jamaïque, Italie, Chili et Maurice, se sont également exprimés au cours du débat.


L'Assemblée poursuivra l'examen de ce point demain à 10 heures.


RAPPORT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ


Déclarations


M. SERGEI S. LING (Bélarus) a mis l’accent sur les travaux importants effectués par le Conseil de sécurité et notamment sur certaines activités vitales comme le règlement des conflits.  Il a également rendu hommage aux travaux de M. Brahimi, ainsi qu’à l’initiative de Singapour sur les perspectives de renforcement de la coopération avec les pays fournisseurs de contingents.  Il a évoqué les progrès réalisés dans certaines régions comme celle les Grands Lacs, ou encore en Ethiopie et en Erythrée et a déclaré que le succès de toute opération de maintien de la paix passait par un renforcement de la coopération internationale des Nations Unies avec les organisations régionales.  A cet égard, il a salué la volonté du Conseil de sécurité de renforcer les interactions avec d’autres organes des Nations Unies, car la prévention des conflits modernes, a-t-il ajouté, est liée à la recherche de solutions aux questions économiques et sociales tant est opportune la proposition du Royaume-Uni visant à organiser des réunions conjointes entre le Conseil économique et social et le Conseil de sécurité.


Le représentant s’est félicité de la levée des sanctions contre le Soudan et la Yougoslavie et de la volonté du Conseil de sécurité de mettre un terme à la violence au Moyen-Orient.  Il n’a cependant pas manqué d’exprimer sa préoccupation face à la situation qui prévaut dans les Balkans et plus particulièrement au Kosovo et a exprimé l’espoir que des élections auront lieu conformément à la résolution 1244 de 1999.  L’analyse du rapport du Conseil de sécurité, a-t-il encore indiqué, fait ressortir la nécessité de modifier sa forme et son contenu, car le document est trop volumineux, alors que le Conseil de sécurité ne cesse de modifier ses méthodes de travail dans le sens souhaité.  Il a appelé à suivre l’exemple du rapport du Secrétaire général, qui a l’avantage, de ne pas se limiter à un simple constat, mais de procéder à une analyse critique de ses activités.  S’agissant des récentes attaques terroristes, le représentant a fait part de toute la solidarité de son pays avec la communauté internationale et les Nations Unies dans la lutte contre ce fléau.


M. PAUL HEINBECKER (Canada) s’est déclaré convaincu que trois domaines pourraient connaître des changements à savoir: la coopération avec les pays contributeurs de troupes, la transparence et la responsabilité.  Il a estimé qu’une telle coopération pourrait réduire le fossé entre ceux qui prennent les risques, fournissent les contingents, et ceux qui prennent les décisions.  Concernant la transparence, il a déclaré qu’elle permet aux Etats Membres d’avoir accès aux informations fournies par le Secrétariat et de prendre part au processus de prise de décisions.  Le Conseil ne doit pas organiser de réunions publiques qui semblent davantage orientées vers le spectacle qu’elles ne sont centrées sur la politique, a poursuivi le représentant, car cela induit l’indifférence plutôt que la coopération.


La plus grande partie de l’insatisfaction vient de la menace de recours au droit de veto.  Beaucoup de délégations, a-t-il estimé, souhaitent une suspension du recours au droit de veto.  Nous suggérons en lieu et place un code de conduite volontaire qui nous paraît une bonne réforme, a-t-il déclaré.  Cela permettrait d’introduire un élément de responsabilité malheureusement déterminé parfois par des considérations de politique nationale.  Concernant l’aspect financier, il a préconisé l’adoption de mesures visant à garantir que l’argent est bien utilisé par le Conseil.  Le représentant a ajouté qu’il fallait arrêter de prétendre que les réunions à huis clos n’existent pas, elles privent les historiens d’outils précieux dans l’avenir.  Les Membres payent pour ces consultations informelles du Conseil de sécurité, et l’absence de compte rendu ne rend service à personne, a-t-il poursuivi.  Il a estimé par ailleurs que le rapport du Conseil de sécurité est une compilation de documents, longue, et dont l’utilité n’est pas évidente.  Pour conclure, il a estimé qu’il fallait poursuivre les travaux pour que le Conseil de sécurité soit l’organe efficient dans le monde dangereux où nous vivons actuellement. 


M. ENRIQUE A. MANALO (Philippines), a salué les efforts déployés par le Conseil de sécurité au Timor oriental ainsi que le succès des récentes élections.  Il a souligné la nécessité d’une présence internationale et d’un certain niveau d’assistance dans la région jusqu’à l’accession du territoire à l’indépendance.  Il a, de même, estimé que le Conseil de sécurité devait jouer un rôle clef en matière d’apaisement des tensions au Moyen Orient et a exprimé l’espoir que le Conseil de sécurité restera en contact avec les États membres afin de mettre en application la résolution 1373 relative à la lutte contre le terrorisme international.  En matière de sanctions, le représentant a souhaité que le Conseil élabore un concept de sanctions ciblées qui ferait peser la pression davantage sur les responsables et moins sur les populations innocentes.  Il a proposé à ce sujet que le rapport contienne un résumé des réunions du Comité des sanctions.  Le représentant a ensuite préconisé l’institutionnalisation des consultations triangulaires entre les pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale durant toutes les phases de délibération au sujet des opérations de maintien de la paix.  La prévention des conflits appelle également une interaction entre le Conseil, l’Assemblée générale et les États membres, en particulier en matière de prévention structurelle.


M. Manalo a souhaité que soient indiqués dans les rapports les progrès du Conseil de sécurité et les réformes entreprises en matière de documentation et de méthodes de travail dans l’objectif de promouvoir une plus grande transparence.  Les débats thématiques du Conseil de sécurité sont très utiles, a-t-il poursuivi, mais ils doivent cependant être davantage centrés sur des objectifs d’action à mener dans le moyen terme.  Enfin, le représentant a encouragé la publication des considérations mensuelles des présidents du Conseil de sécurité et a souhaité qu’elles bénéficient d’une place plus saillante dans les rapports à venir.  Ces considérations doivent être centrées sur les points importants des consultations informelles et sur les missions du Conseil de sécurité, a-t-il conclu.


M. KAMALESH SHARMA (Inde) a qualifié le rapport d'éléphantesque et a estimé qu'à l'instar des aveugles de l'Hindoustan, il était impossible de rien en tirer.  Il a fait observer qu’il faisait double emploi avec la compilation annuelle des résolutions du Conseil, anticipait le Répertoire du Conseil et que, même en tant qu'anthologie coûteuse, il n'était pas très utile dans la mesure où il ne reflétait pas avec exactitude les résolutions et déclarations produites par le Conseil.  Ces défaillances sont symptomatiques d'un malaise plus vaste au sein du Conseil, a-t-il ajouté; celui-ci ne répond pas aux vœux répétés de l'Assemblée parce que sa composition, notamment en ce qui concerne les membres permanents qui détiennent le pouvoir réel, ne représente pas comme elle le devrait, l'ensemble des Etats Membres. Il ne peut rendre compte de ses négociations sur le fond car celles-ci sont tenues secrètes sous une forme qui n'avait pas été envisagée par son propre règlement intérieur et  pourtant le Secrétariat gère le budget de ces réunions fantômes et en tient les minutes, a-t-il souligné, mais comme les femmes sous le régime des Taliban, ces réunions et ses rapports sont soigneusement voilés et occultés.  Il est peut-être temps de poser les questions suivantes sur les règles 55 à 58 du règlement du Conseil ; si les consultations officieuses sont financées par les Etats Membres, ne devraient-elles pas être considérées comme des réunions privées et en tant que telles, faire l'objet de communiqués par le Secrétaire général à l'issue des réunions qui seraient inclues dans le rapport fait à l'Assemblée générale?  S'il ne s'agit pas de réunions privées, l'Assemblée ne devrait-elle pas avoir accès aux minutes puisque la règle 56 ne donne un droit de veto au Conseil de sécurité sur l'accès aux rapports pour que les seules réunions privées?


Le représentant a jugé paradoxal qu'après la chute du Rideau de fer, le Conseil de sécurité en recrée un nouveau et s'en sert pour s'abriter.  Il a qualifié de "rituel vide" les débats publics organisés par le Conseil dans la mesure où, selon son habitude constante d'opacité, il décide à l'avance quel en sera le résultat.  Comme il souhaite une totale exclusivité sur les questions centrales touchant à la paix et à la sécurité, il retient pour ces débats des thèmes qui sont du ressort de l'Assemblée générale.  Apparemment destinés à répondre aux souhaits de l'Assemblée, ces débats reviennent en fait à l'affaiblir.  N'importe quel audit de la performance du Conseil conclurait qu'il n'a que médiocrement réussi, a-t-il déclaré et à cet égard il a cité en exemple la façon dont le Conseil a géré la question du terrorisme.  Il a fait valoir également que le maintien de la paix était une question coûteuse qui avait absorbé cette année plus de deux fois le budget ordinaire des Nations Unies et que pas un mot sur ces questions ne figurait dans le rapport.  C'est probablement la façon d'agir des forces armées dans un régime militaire, mais pas un ministre de la défense dans une démocratie ne se comporterait ainsi.  La solution se trouve dans la réforme du Conseil, a-t-il conclu; l'inclusion de pays en développement au nombre des membres permanents et non-permanents le rendrait non seulement plus représentatif mais également mieux à même de répondre aux souhaits et besoins de l'ensemble des Etats Membres.


M. LUIS E. CAPPAGLI (Argentine) a souhaité que le rapport puisse refléter clairement les travaux du Conseil de sécurité et ne pas être une simple compilation de données.  Il doit être analytique plutôt que descriptif afin de rendre justice aux travaux du Conseil de sécurité.  Le représentant a regretté que les questions importantes continuent d’être examinées dans le cadre de consultations informelles et a proposé que leur nombre soit réduit.  Dans certaines circonstances, a-t-il poursuivi, il faut autoriser la participation aux


réunions informelles d’États qui sont parties prenantes à un conflit mais qui ne sont pas membres du Conseil de sécurité.  De même, il a estimé que le Conseil devrait avoir une souplesse politique qui lui permette d’autoriser des États qui ne sont pas membres à participer à ces réunions.  Cela favorisait sa transparence et renforcerait sa légitimité.  Le représentant a fait observer que les comptes rendus du Secrétaire général n’étaient pas nécessairement confidentiels et que leurs contenus devraient par conséquent être partagés lors de réunions publiques et, exceptionnellement, lors de consultations informelles.  Il en est de même du programme de travail mensuel.  Il a suggéré que les membres nouvellement élus assistent aux réunions informelles du Conseil de sécurité un mois avant leur prise de fonction.


M. Cappagli a regretté qu’en dépit des bonnes intentions contenues dans les résolutions relatives aux pays contributeurs de troupes, peu de progrès aient été réalisés.  Il existe en effet un devoir de transparence à l’égard de ces pays auxquels tous les éléments nécessaires pour une évaluation objective de la situation doivent être donnés afin qu’ils prennent les décisions concernant leur participation.  Ce devoir de transparence ne se limite pas à l’accès à l’information mais implique également une ouverture à leurs opinions et à leurs inquiétudes.  En matière de transparence, le représentant a qualifié d’anachronique la persistance du droit de veto et il a conclu en faisait observer qu’un dialogue constructif, ouvert et continu entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale s’imposait.


M. GERHARD PFANZELTER (Autriche) s’est félicité de l’excellent travail du Secrétariat qui a su compiler cette source de référence précieuse.  La présidence du Conseil de sécurité peut jouer un rôle décisif en tenant les Etats Membres pleinement informés des délibérations du Conseil.  Il a estimé que les prévisions mensuelles en ce qui concerne le travail du Conseil constituent un instrument utile pour le travail quotidien des délégations et s’est félicité de l’inclusion dans le rapport d’évaluations mensuelles sur ce travail.  La pertinence de ces évaluations pourrait encore s’améliorer si ces évaluations analysaient plus à fond le processus de prise de décisions au sein du Conseil.  Le représentant a ajouté que l’expérience issue des opérations de maintien de la paix montre l’importance pour le Conseil d’engager un dialogue substantiel avec les Etats Membres pour que ses efforts soient couronnés de succès.  La délégation autrichienne appuie les efforts en cours en vue d’élargir la composition du Conseil.  Le représentant a estimé que les relations entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale occupent une place centrale dans le débat sur la réforme du Conseil de sécurité et doivent être guidées par le maximum de transparence et de légitimité.


M. SUN JOUN YUNG (République de Corée), après s’être félicité de la réaction rapide du Conseil de sécurité contre les attaques terroristes, notamment par l’adoption des résolutions 1368 et 1373 qui ont mis en place une Commission de lutte contre le terrorisme, a souligné les remarquables progrès réalisés par le Conseil dans certains domaines clés, tels qu’ils sont mis en évidence dans le rapport.  Evoquant l’ambitieux rapport du Secrétaire général du mois de juin 2001 sur la prévention des conflits armés, il a préconisé une meilleure coopération entre les principaux organes des Nations Unies et plus particulièrement entre le Conseil de sécurité et l'Assemblée générale dans le domaine de la prévention des conflits et de la construction de la paix.  A cet égard il a fait sienne la volonté du Secrétaire général de voir la culture de la prévention prendre forme dans les années à venir


Le représentant a souligné la nécessité d’une réforme du Conseil de sécurité afin de le rendre plus démocratique, plus transparent, plus efficace et donc plus apte à faire face aux nouveaux défis du Millénaire.  Dans ce contexte, il s’est félicité des premiers pas réalisés dans la bonne direction par le Conseil, grâce à une plus grande fréquence de réunions publiques et de conférences à destination des Etats non-membres.  Il a souhaité que ces réunions avec les non-membres puissent se transformer en véritables débats et s’est réjoui de la mise en œuvre de la résolution 1327(2000) sur la nécessité d’une collaboration avec les pays fournisseurs de troupes dans la mise en œuvre des missions de maintien de la paix.  Les recommandations du rapport Brahimi sont dignes de plus grand respect dans ce domaine.  Il a également regretté l’absence d’une approche plus analytique et plus facile à lire du rapport du Conseil et a exprimé l’espoir que l’on travaillera à rendre son contenu plus pertinent pour les travaux futurs de l'Assemblée générale.


M. CONSTANTINE MOUSHOUTAS (Chypre) a constaté les responsabilités croissantes du Conseil de sécurité et s’est félicité d’une certaine évolution de ses méthodes de travail dont l’illustration est la mise en place des réunions mensuelles de récapitulation, de l’information donnée par la présidence aux délégations et de la presse ou encore les consultations croissantes des Etats fournisseurs de contingents qui permettent aux opérations de maintien de la paix de gagner en efficacité.  Il s’est également réjoui de voir le nombre de réunions officieuses diminuer, même s’il faut regretter qu’elles soient toujours plus nombreuses que les réunions formelles.  Quant aux réunions privées, il a dénoncé leur manque de transparence dans la mesure ou elles apparaissent comme le signe d’une exclusion du reste des Nations Unies.


Le représentant a demandé que le nombre de sièges du Conseil de sécurité soit augmenté en respectant une distribution géographique équitable, qu’il s’agisse des membres non-permanents comme des membres permanents, afin de lui conférer une plus grande légitimité et une crédibilité accrue dans sa mission, qui consiste à faire face aux défis du nouveau siècle.  Il a également fait sienne la proposition indienne d’intégrer dans le rapport une véritable évaluation des insuffisances du Conseil de sécurité et a souligné la nécessité d’une stricte adhésion du Secrétariat aux décisions des organes principaux, de l’Organisation afin que celle-ci soit désormais plus crédible aussi qu’une plus grande coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales.


M. JARGALSAIKHANY ENKHSAIKHAN (Mongolie) s'est référé à la récente attribution du prix Nobel de la paix à l'ONU et à son Secrétaire général comme traduisant la reconnaissance du rôle accru de l'Organisation dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Il a souligné l'importance que sa délégation accordait à l'examen du rapport du Conseil de sécurité qui donne, à son avis, l'occasion de développer des liens constitutionnels et viables entre les deux principaux organes des Nations Unies.  Il a estimé que, même dans sa forme actuelle qui se résume, a-t-il dit, à une compilation de documents, le rapport reflétait néanmoins l'étendue et l'intensité des activités menées par le Conseil.  Il a déclaré qu’il partagerait toutefois l’avis de ceux qui estiment que l’une des faiblesses du rapport résidait dans l'absence d'explication sur les raisons pour lesquelles le Conseil s’était refusé à s’impliquer davantage dans le conflit du Moyen-Orient.  Il a estimé que le rôle des Nations Unies dans le maintien de la paix devrait être davantage renforcé et que les recommandations du rapport Brahimi devraient être appliquées dans leur intégralité.


Le représentant a insisté sur la nécessité d'accélérer la réforme du Conseil, jugeant déplorable qu'il n'y ait pas eu plus de progrès dans ce domaine au cours de l'année écoulée.  Il s'est prononcé en faveur d'une augmentation du nombre des membres permanents et non permanents.  Les représentants des pays en développement d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine devant selon lui figurer dans la première catégorie.  Il a également jugé qu'une réforme du droit de veto était indispensable et que son utilisation devrait être considérablement restreinte.  Il a suggéré que l'Assemblée générale demande des explications chaque fois qu'elle le jugerait nécessaire sur la façon dont le veto avait été utilisé dans certains cas.  Il a conclu en demandant que les consignes de réalisation du rapport soient réactualisées en prenant en compte les propositions actives et pratiques faites par les Etats Membres depuis 1998.


M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a indiqué qu’il notait une indéniable créativité du Conseil de sécurité lorsqu’il s’agit de déterminer des critères artificiels pour justifier la participation ou l’assistance aux sessions publiques ou officielles.  Concernant la situation des territoires occupés palestiniens, le représentant a fait remarquer que le Conseil avait échoué à plusieurs reprises durant l’année écoulée lorsqu’il avait fallu prendre les décisions visant à satisfaire les demandes de déploiement d’observateurs internationaux afin de contrôler la situation entre la puissance occupante et le peuple occupé.  Il s’agit, a-t-il poursuivi, de l’application flagrante de l’infamante politique des deux poids et deux mesures que l’Egypte a toujours dénoncée.


Concernant le combat contre le terrorisme, il a noté avec quelle célérité le Conseil de sécurité a adopté la résolution 1373, que l’Egypte juge d’ailleurs très positive.  Très peu de temps a donc été consacré à l’étude attentive de cette résolution. Il s’agit, a-t-il ajouté d’un dangereux précédent.  L’Assemblée dispose en effet d’instruments légaux pour examiner la question du terrorisme et le fait de la court-circuiter ainsi, a-t-il indiqué, n’est ni dans l’intérêt des Nations Unies ni dans celui de notre système collectif. Le représentant a conclu sur l’importance d’améliorer les méthodes de travail du Conseil et d’augmenter leur transparence.  Le Conseil de sécurité est un organe majeur qui a un rôle important et dangereux.  Si le Conseil n’assume pas sérieusement ses responsabilités, les membres doivent exprimer leurs vues pour que ce Conseil devienne un organe juste, impartial, équilibré et transparent.


M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a constaté que des efforts de transparence avaient été accomplis au sein du Conseil de sécurité au cours des dernières années mais qu’il fallait les poursuivre, notamment en ce qui concerne l’implication des pays contributeurs de troupes au processus de décisions.  Cependant, il a estimé qu’il ressortit autant à la responsabilité des membres du Conseil de sécurité qu’à celle des pays contributeurs de troupes de se réunir le plus possible et de faire en sorte que ces rencontres soient efficaces.  Le représentant s’est en outre félicité de ce que la communauté internationale se tourne davantage vers l’ONU pour trouver des solutions multilatérales aux conflits et aux menaces à la paix et à la sécurité internationales en particulier en matière de terrorisme.  La Norvège est fermement convaincue que l’ONU est indispensable, en particulier pour la résolution des conflits en Afrique, laquelle requiert une approche diversifiée.  Dans ce contexte, les organisations régionales et sous régionales sont devenues des partenaires importants de promotion de la paix et du développement.


M. Kolby a affirmé que son pays travaillerait dans le sens du renforcement de la coopération entre le Conseil de sécurité et les divers autres organes des Nations Unies impliqués dans les domaines de la réduction de la pauvreté, de l’aide humanitaire, de l’assistance au développement, des droits de l’homme et de l’environnement. Il a souligné l’importance de s’attaquer aux causes des conflits afin de pouvoir mieux gérer les crises sur le long terme.  Enfin, il a fait observer qu’il était indispensable que la légitimité et l’autorité du Conseil de sécurité restent fortes et de faire en sorte qu’il demeure un organe représentatif et efficace.


Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque), en tant que représentante d’un pays membre du Conseil de sécurité, a souligné l’action de la Jamaïque en faveur d’une augmentation de la participation des Etats non membres aux délibérations du Conseil et a assuré que son pays persévèrera dans la promotion des initiatives allant dans le sens d’une plus grande transparence.  Elle a reconnu qu’il y a eu une grande évolution dans le domaine de la communication avec les pays concernés par tel ou tel problème.  Evoquant les conflits autour desquels l’Organisation des Nations Unies a été amenée à intervenir notamment en Afrique, aux Balkans et en Asie centrale, elle a insisté sur la nécessité de prendre en compte les réalités locales dans les zones de conflits, et s’est félicitée de l’initiative du Secrétaire général de soumettre au Conseil de sécurité des rapports régionaux et sous-régionaux périodiques, sur des différends qui pourraient menacer la paix.


Mme Durrant a souligné les efforts des Nations Unies dans le domaine de la prévention du VIH/sida, de la protection des enfants, des femmes, ou encore le rôle du Conseil de sécurité tendant à protéger les civils dans les conflits armés, la collaboration avec les pays contributeurs de troupes dans la mise en oeuvre des missions de la paix, la tenue de réunions privées avec des groupes régionaux et sous-régionaux, ou des personnalités.  En conclusion, elle a réaffirmé la volonté de son pays d’oeuvrer pour que le Conseil de sécurité soit plus représentatif, et s’est engagée à participer à l’amélioration du rapport du Conseil de sécurité.


M. SERGIO VENTO (Italie) a jugé le rapport annuel du Conseil de sécurité onéreux et médiocre, ne permettant pas à l’Assemblée générale d’évaluer les performances du Conseil.  Pour lui, l’accent aurait dû être mis sur la qualité et non la quantité.  Le représentant a constaté pour le regretter que les affaires réelles du Conseil sont traitées en réunions informelles alors que les décisions du Conseil ressortissent à tous les Etats Membres.  Rappelant l’accroissement actuel des activités du Conseil, il a estimé que ses décisions requièrent le plus de transparence possible, c’est à dire le contraire de ce qui a lieu lors des consultations officieuses.  Il faut lever le voile qui recouvre les méthodes de travail du Conseil de sécurité et qui rendent parfois ses décisions si controversées, a-t-il poursuivi.  Il s’est félicité de la poursuite des efforts visant à stabiliser les crises en Afrique tout en regrettant de ne pas avoir trouvé dans le rapport d’indications sur les engagements du Conseil de sécurité en matière de consolidation de la paix sur le continent.  Le partenariat avec les pays contributeurs de troupes doit être renforcé et le dialogue entre le Conseil de sécurité et les institutions du système des Nations Unies doit se poursuivre, a-t-il ajouté.  Le représentant d’Italie a conclu en indiquant la position de son pays qui souhaite développer la coopération entre les Nations Unies et l’Union européenne dans la prévention des conflits et la gestion des crises.


M. JUAN GABRIEL VALDES (Chili) a qualifié le rapport du Conseil de sécurité de simple compilation de documents et a regretté qu’il ne constitue pas un outil d’évaluation des travaux accomplis.  En matière de réforme à mettre en oeuvre, le représentant a encouragé l’augmentation du nombre de séances publiques et a souhaité que les États qui ne sont pas membres du Conseil de sécurité puissent faire valoir leur point de vue sur différents problèmes qui font l’objet par la suite de résolutions et ce, sans diminuer les attributions du Conseil de sécurité telles que définies dans la Charte.  Il a en outre souligné l’importance des résolutions prises par le Conseil de sécurité à la suite des événements du 11 septembre.  La gravité du sujet traité a amené le Conseil à adopter une série de formulations qui relèvent du droit international et qui doivent faire l’objet d’un examen approfondi de la part des États membres.  Ce nécessaire examen illustre le caractère indispensable de la coopération entre le Conseil de sécurité et les divers organes de l’ONU responsables des domaines cruciaux que sont la réduction de la pauvreté, l’assistance au développement, les droits de l’homme et l’environnement. 


M. Valdes a insisté sur l’importance d’une utilisation efficace des mécanismes déjà existants qui facilitent les consultations entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes, lesquels ont le droit légitime d’exprimer leurs vues en matière de décisions concernant les opérations de maintien de la paix.  Enfin, le représentant s’est félicité des résultats positifs obtenus en Afrique et au Timor oriental et s’est réjoui que le Conseil de sécurité prenne en considération les problèmes relatifs aux conflits armés et aux enfants, aux petites armes, à la protection des civils, à la femme et à la paix.


M. JUGDISH KOONJUL (Maurice) a reconnu que l’on pouvait légitimement se demander pourquoi plusieurs membres du Conseil de sécurité étaient si critiques à l’égard du rapport émanant d’un organisme dont ils sont membres, alors qu’ils portent une responsabilité collective sur ce rapport qu’ils ont adopté le 18 septembre 2001.  Il a également estimé qu’il était nécessaire de reconnaître les lacunes du rapport, tant au niveau de la forme que du contenu, qu’il fallait faire une distinction à l’avenir entre un guide et un rapport, et adopter une nouvelle approche en matière de communication avec les autres Etats Membres.  L'Assemblée générale a besoin d’un rapport concis et analytique, a-t-il encore ajouté, qui contienne une évaluation complète des travaux du Conseil, qui lui, devrait faire en sorte de mériter la compréhension des Membres de l'Assemblée générale en vue de faciliter ses travaux.


Tout en reconnaissant que les actions du Conseil de sécurité devenaient de plus en plus transparentes, le représentant de Maurice a néanmoins estimé qu’il fallait augmenter le nombre des membres pouvant participer aux travaux du Conseil de sécurité.  Il a en outre évoqué les questions de maintien de la paix et a déclaré à cet égard qu’il était nécessaire de reconnaître le caractère spécifique de l’Afrique, et que le Conseil de sécurité devrait y jouer un rôle plus direct afin de résoudre ces conflits et de participer aussi à la reconstruction après le conflit, ainsi qu’aux mesures d’instauration de la confiance et de la mise en place d’institutions démocratiques, en collaboration avec l’ECOSOC et toutes les autres organisations concernées.  En conclusion, il a rappelé l’obligation de l'Assemblée générale de faire part de ses vues et commentaires au Conseil de sécurité concernant son rapport, et a souligné son impatience de prendre connaissance de cette communication, qui formera la base des délibérations futures du Conseil et de ses méthodes de travail.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.