AG/1202

UN NOMBRE RECORD D'ORATEURS POUR LES REUNIONS DE L'ASSEMBLEE GENERALE SUR L’ELIMINATION DU TERRORISME QUI S'ACHEVAIT CET APRES MIDI

05/10/2001
Communiqué de presse
AG/1202


Assemblée générale

22e séance plénière – après-midi


UN NOMBRE RECORD D'ORATEURS POUR LES REUNIONS DE L'ASSEMBLEE GENERALE SUR L’ELIMINATION DU TERRORISME QUI S'ACHEVAIT CET APRES MIDI


Le Président de l'Assemblée y voit le signe de

l'importance qu'accorde la communauté internationale à ce formidable défi


Le débat qui s'achève est sans précédent dans l'histoire des Nations Unies en raison du nombre d'orateurs, 168, à s'y être exprimés, le nombre le plus élevé jamais enregistré pour un seul sujet, a fait observer, cet après-midi, le Président de l'Assemblée générale, M. Han Seung-soo (République de Corée), lors de la dernière des séances plénières consacrées au débat sur les mesures visant à éliminer le terrorisme international.  Cette participation record montre à quel point les Etats Membres et l'ensemble de la communauté internationale sont préoccupés par les actes terroristes du 11 septembre, dans la mesure où ils sont convaincus qu'il ne s'agit pas seulement d'attaques contre les Etats-Unis mais d'agressions contre le monde civilisé ainsi que d’une menace à la paix et à la sécurité internationales et d’un crime contre l’humanité.


Ces réunions ont débuté lundi dernier après que l’Assemblée générale ait entendu une déclaration du maire de New York, M. Rudolph W. Giuliani. Ouvrant les travaux, le Secrétaire général de l'ONU, M. Kofi Annan, avait alerté les Etats Membres sur les risques liés à des attaques à l’arme nucléaire ou biologique et les avait engagés à renforcer les normes mondiales contre l’utilisation ou la prolifération d’armes de destruction massive.


Les délégations ont été unanimes dans leur dénonciation du terrorisme et de ses auteurs, complices et parrains.  Ceux-ci ont été décrits par le représentant des Etats-Unis comme des hommes intoxiqués jusqu'au suicide par la vision du néant qui pervertissent les bases de la vie civilisée et osent appeler leurs actes l'œuvre de Dieu.  Plusieurs délégués ont toutefois insisté sur la nécessité d’analyser la genèse du phénomène pour mieux le combattre.  Il n’existe pas de gène du terroriste suicidaire, a fait observer l’un d’eux, il faut comprendre comment et pourquoi on le devient. 


L’idée défendue par le Secrétaire général que l’ONU devait jouer un rôle central dans la lutte contre le terrorisme, a été largement soutenue, des délégations affirmant qu’elle était la seule à avoir la légitimité pour cela.  Plusieurs représentants ont insisté sur le rôle de l’Assemblée générale dans cette démarche.  Des appels ont par ailleurs été lancés en faveur d’une ratification accélérée par l’ensemble des Etats des instruments juridiques de lutte contre le terrorisme, actuellement disponibles, et notamment de la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme.  Toutefois, de nombreux intervenants étaient également d’avis qu’un instrument global était nécessaire et ils ont demandé que soit menée à bien au plus vite l’élaboration de la Convention générale sur le terrorisme international à laquelle travaillent la Sixième Commission et le Comité spécial. Les ressources offertes par les accords régionaux et l’intérêt de la coopération régionale ont également été soulignés.  La nécessité de parvenir à une définition du terrorisme, idée défendue par de nombreuses délégations, n’en a pas moins été décrite comme une question controversée. Certaines délégations ont insisté pour que l’on fasse une différence entre le terrorisme et la lutte légitime des peuples pour l’autodétermination.


Prévenir l’accès des terroristes aux armes de destruction massive en renforçant les régimes de non-prolifération dans les domaines des armes nucléaires, chimiques et biologiques a également fait part des recommandations. Les mises en garde enjoignant les Etats Membres à ne pas assimiler l’Islam au terrorisme ont été nombreuses.  Des appels ont également été lancés pour que les Etats apportent leur concours financier à l’aide humanitaire en Afghanistan.  De nombreux intervenants ont instamment demandé que tous les Etats Membres s’abstiennent de quelque soutien que ce soit au terrorisme.  Ils ont été également plusieurs à insister sur la nécessité de mettre en place des mesures visant à tarir son financement et se sont félicités de l’adoption, la semaine dernière, de la résolution 1373 du Conseil de sécurité.  Les liens entre le terrorisme et la criminalité organisée, le trafic des drogues et d’armes ont été décrits et il a été fait remarquer à cet égard qu’il était nécessaire de réévaluer les méthodes des institutions engagées dans la lutte contre ces trafics.


Au cours de la séance de cet après-midi, l'Observateur permanent de la Suisse, a précisé qu'il n'y avait pas de secret bancaire en Suisse pour les terroristes et que les banques ont l'obligation pénale de bloquer les comptes liés au crime organisé et au terrorisme.  L'Observateur de l'Organisation de la Conférence islamique a indiqué que l'OCI condamnait toutes les formes de terrorisme et soutenaient les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Il a appelé toutefois à établir la distinction entre terrorisme et lutte des peuples sous occupation étrangère.  Sont également intervenus au cours du débat les représentants des pays suivants : Grèce, Antigua-et-Barbuda et Guinée équatoriale ainsi que l'Observateur permanent de l'Ordre de Malte.


La décision de tenir une réunion en séance plénière consacrée aux mesures visant à éliminer le terrorisme international a été prise par l’Assemblée générale, le 19 septembre dernier, sur proposition de la Belgique au nom de l’Union européenne, l’examen des aspects techniques de la question restant confié à la Sixième Commission (Commission juridique).  La Sixième Commission de l’Assemblée générale  procède actuellement à l’élaboration d’une convention internationale pour la répression des actes de terrorisme nucléaire et d’une convention générale sur le terrorisme international.  Un Comité spécial a été créé en 1996 par l’Assemblée générale, aux termes de sa résolution 51/210, dans le but de compléter le cadre juridique existant en matière de lutte contre le terrorisme.  Aux termes de sa résolution 1373 sur la prévention et la répression du financement du terrorisme, le Conseil de sécurité a décidé de créer un Comité spécial composé de l’ensemble des membres du Conseil et chargé de suivre l’application de cette résolution.


L'Assemblée générale se réunira le lundi, 8 octobre à 10 heures, pour l'élection de cinq membres non permanents du Conseil de sécurité.


MESURES VISANT A ELIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL


Déclarations


M. ELIAS GOUNARIS (Grèce) a estimé que les attaques soigneusement planifiées et coordonnées contre la population civile innocente et visant à provoquer le maximum de pertes en vies humaines au sein de la population américaine comme parmi les citoyens d'autres pays, ne pouvaient être caractérisées autrement que comme un crime contre l'humanité. C’est pour cela que la lutte contre le terrorisme ne peut que rassembler tous les Etats Membres des Nations Unies autour de leurs objectifs communs. Cependant, toute assimilation de cette lutte à une religion, une région, une race ou même un pays, ne ferait que compromettre les efforts accomplis pour garantir la paix et la sécurité, développer la tolérance, protéger le multiculturalisme et éviter la fragmentation.


M. Gounaris a réaffirmé l'engagement de son pays dans les efforts mondiaux destinés à éliminer l'horreur du terrorisme, et a attiré l’attention sur le fait qu'il était partie à l'ensemble de la législation existante dans le domaine des armes, des munitions et des explosifs et qu'il a mis en chantier un projet de législation sur des aspects spécifiques du crime organisé et des actes terroristes.  Pour le représentant de la Grèce, la lutte contre le terrorisme ne devrait pas se faire au détriment des efforts en faveur du développement, de la démocratie et des droits de l'homme.  Il a annoncé que la Grèce apporterait sa contribution humanitaire, bilatérale et multilatérale, à l'Afghanistan.


M. PATRICK A. LEWIS (Antigua-et-Barbuda) s’est associé à la déclaration du représentant de la Dominique, concernant la solidarité totale de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) avec la communauté internationale au sujet des mesures à prendre pour lutter contre le terrorisme international.  A cet effet, il a fait part du soutien de son pays à la résolution 1373 du Conseil de sécurité du 12 septembre, la stratégie de l'Organisation des Nations Unies devant être globale et multiforme.  Il a souhaité que les auteurs et les commanditaires des attaques du 11 septembre, ainsi que leurs complices, soient retrouvés et jugés.


Dénonçant l’attaque terroriste du 1er octobre au Jammu-et-Cachemire qui a déjà fait 40 morts et de nombreux blessés, il a insisté sur la nécessité de combattre le terrorisme à la racine. Il a recommandé de faire face sérieusement aux problèmes socioéconomiques humanitaires, politiques et économiques, facteurs de misère, qui forment le terreau auquel se nourrit le terrorisme. Le combat contre le terrorisme sera long et ardu, a-t-il ajouté, insistant, en conclusion, sur la nécessité de le mener jusqu’à la victoire.


M. BENJAMIN MBA ECUA MIKO (Guinée équatoriale) a déclaré que le monde se trouve engagé dans un conflit qui n’oppose ni l’Occident à l’Islam, ni des nations les unes aux autres pour des raisons religieuses, mais toutes les civilisations au terrorisme.  C’est pourquoi il a préconisé l’adoption de mesures individuelles et collectives pour démanteler les circuits de financement et les appuis, de quelque nature qu’ils soient, au terrorisme.  La Guinée équatoriale est pour sa part pleinement consciente de ce que depuis les deux guerres mondiales et la chute du mur de Berlin, les attaques terroristes représentent pour le monde et la civilisation le dilemme majeur du début du XXIème siècle.  Faute d’une action immédiate, déterminée et cohérente, nous risquons d’être entraînés dans un processus qui peut se solder par la destruction de la planète.  Le représentant a indiqué que l’Afrique centrale, attachée aux principes de solidarité, de paix et de stabilité, et concernée par ces événements préoccupants, envisage par

une stratégie de concertation, de contribuer résolument aux efforts de la Communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme, indépendamment des dispositions prises au niveau de chaque Etat de la sous-région.  Il est prévu que cette concertation aboutisse à une Déclaration en vue d’une position commune de l’Afrique centrale.


M. JENO C. A STAEHELIN (Suisse) en tant qu’Observateur permanent, a fait part du soutien de son pays à la communauté internationale, face aux actes terroristes du 11 septembre, qu’il a défini comme une violence criminelle qui a atteint son paroxysme.  S’agissant de la réponse à donner à ces crimes, il a insisté sur la nécessité d’une action fondée sur le droit, avec le concours de toutes les forces présentes dans cette assemblée.  Evoquant le résolution 1373 du Conseil de sécurité, il a exprimé la volonté de la Suisse, de participer à l’effort commun allant dans ce sens.  Par ailleurs, il a ajouté, que la Suisse appliquait déjà les résolutions des Nations Unies en matière de lutte contre le terrorisme, et a précisé qu’elle avait déjà signé la Convention pour la répression du financement du terrorisme et entamé le processus de ratification.  La Suisse compte également adhérer, à brève échéance, à la Convention pour la répression des actes terroristes à l'explosif.  Il a fait part de la volonté de la Suisse de participer à l’élaboration de tous les instruments internationaux de lutte contre le terrorisme.


L’Observateur a indiqué que son pays est partie à des accords bilatéraux relatifs à la lutte contre la criminalité sous toutes ses formes et s’est doté d’une législation nationale importante en ce domaine qui prévoit l’entraide judiciaire et lui permet de coopérer avec les autres Etats, en pratiquant un transfert automatique d’informations, lorsque celles-ci peuvent être utiles à des enquêtes menées à l’étranger, afin que les places financières helvétiques ne puissent être utilisées par le terrorisme.  Le secret bancaire, a-t-il précisé, n’a jamais protégé les terroristes, ni leurs transactions bancaires, car les banques suisses sont tenues sur le plan pénal, d’informer la justice de manière complète, et à réagir en bloquant les comptes et dépôts en relation avec le crime organisé et le terrorisme.


Le terrorisme est une menace qui pèse sur nous tous et dont nous devons organiser ensemble la défaite, a-t-il déclaré avant de faire observer que le seul recours à la force ne sera pas suffisant. Il a donc appelé à la coopération internationale, pour promouvoir efficacement l’état de droit et les droits de l’homme, et lutter contre les inégalités au niveau planétaire.  Il faut assurer la primauté du droit sur la force, a-t-il conclu, afin de défendre le rayonnement de nos sociétés.


M. MOKHTAR LAMANI, Observateur permanent de l'Organisation de la Conférence islamique (OCI), a indiqué que l'OCI avait condamné les attaques criminelles perpétrées contre les Etats-Unis, celles-ci allant à l’encontre des valeurs humaines et religieuses.  L'Islam, a-t-il déclaré, prise au plus point la vie humaine et à ses yeux, celui qui attaque une âme attaque tous les êtres humains.   L'OCI condamne toutes les formes de terrorisme et est attachée aux principes moraux et humains qui découlent d'une religion sublime appelant à l'élimination des injustices et des discriminations.  Il a précisé que le Secrétaire général de l'OCI appuyait les résolutions pertinentes adoptées par le Conseil de sécurité et a exhorté ses membres à les appliquer.  La Conférence qui va se tenir au Qatar est une forme d'appui à ces efforts, a-t-il indiqué.  De nombreuses résolutions ont également été adoptées par les organismes régionaux dont fait partie l'OCI pour soutenir les principes du droit international.


Terrorisme et violence ne se limitent pas à un peuple, a-t-il fait valoir.  La communauté internationale est plurielle et les relations internationales doivent être fondées sur la coexistence pacifique des communautés. Nous sommes convaincus de l'importance du dialogue entre les cultures. Les pays islamiques ont été les premiers à proposer un tel dialogue. M. Lamani a insisté sur la nécessité de faire la différence avec la lutte des peuples sous occupation étrangère et le terrorisme et a exprimé l'appui de l'OCI à la tenue d'une conférence internationale sous l'égide des Nations Unies pour identifier les moyens d’éradiquer le terrorisme.


M. JOSE ANTONIO LINATI-BOSCH (Ordre militaire souverain de Malte) a fermement condamné le terrorisme sous toutes ses formes, le qualifiant de fléau dont personne ne peut se sentir à l’abri.  Il a indiqué que la communauté internationale doit se défendre conformément au droit international et aux résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations Unies.  Il convient, pour ce faire d’édifier un système stable de morale et d’honneur civique, a poursuivi l’Observateur, car le terrorisme signifie la mondialisation de la peur, et la réponse appropriée doit être collective, même si chaque pays a le devoir de lutter contre le terrorisme sur son propre territoire.  M. Linati-Bosch a, d’autre part, fait remarquer que les activités humanitaires de l’Ordre militaire souverain de Malte sont profondément perturbées en ce moment, et que le personnel humanitaire dûment accrédité mérite lui aussi protection.  Il a conclu en souhaitant que l'Organisation des Nations Unies soit le chef de file de la lutte contre le terrorisme, lutte dans laquelle l’Ordre militaire souverain de Malte assurera pleinement ses responsabilités.


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