DES INITIATIVES REGIONALES DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME SONT PRESENTEES A L’ASSEMBLEE GENERALE
Communiqué de presse AG/1199 |
Assemblée générale
18e séance plénière – matin
DES INITIATIVES REGIONALES DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME
SONT PRESENTEES A L’ASSEMBLEE GENERALE
De nouvelles prises de position en faveur de la tenue d'une conférence internationale sur le terrorisme ont été exprimées ce matin lors de la poursuite de l'examen par l'Assemblée générale de la question des mesures visant à éliminer le terrorisme international. Une telle manifestation a été décrite comme l'endroit privilégié où pourrait être élaborée une riposte commune au terrorisme ainsi que l'occasion de stimuler la ratification des instruments juridiques existants. Certains intervenants ont rappelé que le Mouvement des pays non alignés demandait, depuis son Sommet en 1998, la convocation d'une conférence sur cette question.
Plusieurs délégations ont mis l'accent sur l'importance de la coopération régionale. Certains représentants de pays africains ont fait part des initiatives engagées sur le continent. Le représentant du Sénégal a présenté la proposition de Pacte africain contre le terrorisme lancée par le Président du Sénégal à la suite des attaques terroristes perpétrées contre les Etats-Unis. Celui-ci prévoit la création d'un comité de chefs d’Etats et une série de mesures, notamment des inspections africaines ou internationales, en cas de suspicions d'activités terroristes sur le territoire d'un Etat africain. Pour sa part, le représentant de la République-Unie de Tanzanie a rappelé qu'après les attaques contre les ambassades américaines à Dar-es-Salaam et Nairobi, en 1998, la sous-région d’Afrique orientale avait mis en place un Comité conjoint pour coordonner les mesures contre le terrorisme.
Parmi les pays européens à s'être exprimés à ce sujet, le représentant de la Lituanie a fait remarquer qu'au-delà des douze instruments internationaux des Nations Unies, le cadre juridique international offre de nombreuses autres ressources, citant notamment les initiatives du Conseil de l'Atlantique Nord, de la Commission européenne et les instruments adoptés par d’autres institutions européennes. A cet égard, le représentant de la Roumanie a cité les initiatives menées dans le cadre de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
Les appels visant à tenir compte des causes profondes qui ont conduit aux attaques terroristes sur le sol américain se sont à nouveau fait entendre. Il ne peut être apporté de réponse simpliste à un problème complexe, a notamment déclaré le représentant du Portugal tandis que le Secrétaire d'Etat aux affaires étrangères de la République dominicaine a suggéré que l'Assemblée générale demande à son Comité spécial sur le terrorisme d'examiner de manière approfondie cette question.
Ont également pris la parole au cours du débat les représentants des pays suivants : Ghana, Pologne, Fidji, Slovaquie, Swaziland, Côte d'Ivoire, Malte, Trinité-et-Tobago, Portugal, Saint-Marin, Congo, Namibie, Canada et Liban.
L'Assemblée générale poursuivra l’examen de ce point cet après-midi à 15 heures.
MESURES VISANT A ELIMINER LE TERRORISME INTERNATIONAL
Déclarations
Thierry AG1197
Mercredi 3 octobre
M. NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a condamné les actes terroristes du 11 septembre dernier en réaffirmant la détermination de son pays à coopérer à la coalition internationale contre le terrorisme sous toutes ses formes. Il a toutefois souligné la nécessité d’identifier et de comprendre les causes sous-jacentes du terrorisme. Il faut également être conscient, a-t-il précisé, qu’aucun pays n’est plus à l’abri d’un terrorisme qui a mondialisé ses opérations et moyens d’action. Il importe donc de passer d’une culture de la réaction à une culture de la prévention. Cette situation, a-t-il poursuivi, nécessite la prise d’actions concertées, pour lutter contre le terrorisme international, en appelant tous les Etats Membres à signer, ratifier et mettre en œuvre les 12 conventions internationales clefs élaborées sous les auspices des Nations Unies et autres instruments juridiques régionaux, qui offrent un cadre renforcé récemment par la résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité contre le terrorisme.
En conclusion, M. Apenteng a attiré l’attention sur la nécessité de donner une définition du terrorisme, afin de couper court à toute ambiguïté et stimuler la coopération internationale dans la lutte contre ce phénomène quelle que soit la définition arrêtée, dans le souci de réaffirmer nos engagements en faveur des principes de la Charte des Nations Unies pour préserver la paix et la sécurité internationales. Le représentant s’est également déclaré favorable à la tenue, sous les auspices de l’ONU, d’une conférence internationale de haut niveau pour formuler une riposte commune et concertée contre le terrorisme. Cette conférence permettra également de rassembler une forte volonté politique, en particulier de la part des pays non alignés.
M. JANUSZ STANCZYK (Pologne) a précisé que les actes de terrorisme constituaient, sans aucun doute, une grave violation des principes des Nations Unies et visaient directement les idéaux défendus par l'Organisation des Nations Unies. Les actes de terrorisme menacent sérieusement la paix et la sécurité. Les récents et tragiques événements ont confirmé, une fois de plus, que le terrorisme international est un phénomène mondial qui ne connaît pas de frontières et dont les effets ne se limitent pas à un pays ou à une région particulière. C’est un défi mondial qui exige une réponse mondiale. Et une réponse exige à son tour une coopération mondiale.
Le rôle que les Nations Unies devraient endosser est un rôle pivot contre ce fléau de notre époque. Le message émanant de ce forum ne devrait souffrir aucune ambiguïté: il ne devrait y avoir aucune tolérance pour ces actes de terrorisme et aucun havre pour ceux qui les perpétuent ou les organisent. Nous partageons, a ajouté le Représentant, la position du Secrétaire général, M. Kofi Annan, selon laquelle l’Organisation des Nations Unies dispose d’une position unique pour élaborer une large coalition antiterroriste.
Ce qu’il faut maintenant, c’est le développement d’une stratégie à long terme qui s’attaquerait à tous les aspects du phénomène. L’adoption de la résolution 1373 est une étape importante. La création d’un comité chargé de surveiller la mise en œuvre de cette résolution devrait renforcer la manière dont les Etats coordonnent la lutte contre le terrorisme.
La Pologne s’est par ailleurs félicitée des progrès accomplis dans l’adoption de conventions internationales qui ont permis de combler des fossés importants dans l’infrastructure existante pour l’élimination de bombardements terroristes et du financement du terrorisme. La Pologne est aussi revenue sur l’importance d’une convention internationale sur le terrorisme nucléaire. Le Représentant a également ajouté que le travail sur une convention sur le terrorisme international devait se poursuivre dans un esprit constructif. Une telle convention devrait entre autres contenir des dispositions dans le domaine de la coopération entre Etats. De plus, nous soutenons la création d’un mécanisme de surveillance facilitant la mise en place des conventions existantes.
M. AMRAIYA NAIDU (Fidji), déplorant l’échec de l’armature juridique internationale à prévenir le terrorisme, a souligné l’importance de la culture de la paix prônée par le Secrétaire général, M. Kofi Annan. Au vu de l’échec de la culture de la réaction, il importe de s’engager à promouvoir une culture de la prévention. En effet, la culture de la réaction a prouvé qu’elle alimentait la spirale des conflits. Les Nations Unies doivent se saisir de l’occasion fournie par l’émergence de cette nouvelle coalition internationale pour renforcer le dialogue et la coopération en vue de combattre le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations. Dans ce contexte, il s’est inquiété du fait que certains Etats tolèrent, pour des raisons économiques, les activités criminelles comme le trafic de drogue ou le blanchiment d’argent qui nourrissent le terrorisme. Tout en se félicitant de l’adoption de la résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité, le représentant a regretté qu’elle ne propose pas de définition du terrorisme. Néanmoins, il a rappelé qu’au-delà des mesures nationales prises pour combattre le terrorisme, il ne faut pas perdre de vue que seul le respect des droits de l’homme permettra de faire avancer la paix. Le représentant a poursuivi en soulignant l’importance de parvenir à une définition juridique du terrorisme, dont aucune forme n’est acceptable.
M. Naidu a indiqué que son pays s’apprêtait à ratifier la Convention internationale pour la répression des attentats terroristes à l’explosif (1997) et la Convention pour la répression du financement du terrorisme (1999) et qu’il avait également adopté diverses mesures nationales pour renforcer la sécurité, se prévenir du terrorisme et réfréner le trafic de drogue. Toutefois, le représentant s’est déclaré conscient que ce type de mesures sécuritaires ne suffit pas et qu’il faut s’attaquer à la pauvreté, l’instabilité politique, et la marginalisation qui sont souvent récupérées pour alimenter le fanatisme politique. En conclusion, il a estimé qu’à l’instar de New York, il fallait comprendre que nos différences nous donnent de la force et que nos préjugés nous affaiblissent. Un constat simple qui doit guider la communauté internationale dans son combat contre le fléau du terrorisme.
M. PETER TOMKA (Slovaquie) a exprimé la détermination de son pays à coopérer avec tous les Etats épris de paix dans leurs efforts pour éradiquer le terrorisme. Il a rappelé que la Slovaquie avait joué un rôle actif dans la préparation d'instruments internationaux visant à lutter contre la menace terroriste et qu'elle est partie à onze des douze instruments internationaux contre le terrorisme. Le représentant a également précisé que son pays avait signé en janvier 2001 la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme. Il s'est joint à l'appel lancé par de nombreuses délégations à tous les Etats afin qu’ils ratifient et mettent en œuvre sans réserve toutes les
conventions antiterroristes. La Slovaquie comme beaucoup d’autres souhaite que les travaux sur la Convention générale sur le terrorisme international aboutissent rapidement. Il s'est également prononcé en faveur d'un régime strict de vérification de la mise en œuvre de toutes les conventions interdisant les armes de destruction massive.
M. CLIFFORD S. MAMBA (Swaziland) a indiqué que son pays partage les inquiétudes de la communauté internationale à l'égard de l'augmentation alarmante des actes de terrorisme qui, a-t-il souligné, par leur nature et leurs liens avec le trafic des drogues, des petites armes et la criminalité organisée, déstabilisent les institutions sociales et politiques et compromettent le développement économique. La Déclaration du millénaire nous donne de bonnes raisons de faire diligence, a-t-il fait valoir.
M. Mamba a émis l'espoir qu'avec l'élaboration d'une convention générale sur le terrorisme international, sur la base de la proposition de l'Inde, une approche réellement intégrée et holistique du terrorisme international verrait le jour et apporterait une valeur ajoutée aux instruments juridiques sectoriels actuels. Il a estimé qu'il ne pouvait y avoir de meilleur moment pour se reposer la question de l'opportunité de réunir une conférence de haut niveau sous les auspices des Nations Unies qui permettrait à la communauté internationale de formuler une réponse au terrorisme sous toutes ses formes et manifestations. Il a réitéré l'appel lancé par le 12ème Sommet du Mouvement des non-alignés, réuni à Durban en 1998, en faveur de la tenue d'une conférence qui contribuerait à trouver un consensus entre les Etats et à créer un climat de confiance et de coopération.
M. DJESSAN PHILIPPE DJANGONE-BI (Côte d’Ivoire) a condamné de la manière la plus ferme et la plus catégorique les actes terroristes qu’aucune raison humaine ne saurait justifier. Il a apporté son soutien à la résolution 1373 (2001) adoptée par le Conseil de sécurité le 28 septembre 2001, et a souhaité que se tienne, sous les auspices des Nations Unies, une conférence de haut niveau pour élaborer une réponse concertée et adéquate au terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations. Le représentant a indiqué que les attentats avaient suscité d’innombrables interrogations, y compris sur le rôle que joue l’Organisation des Nations Unies dans la gestion de certaines crises graves. Les Nations Unies devraient rester vigilantes pour rappeler à l’ordre, en toute impartialité, ceux qui ne respectent pas les principes du droit international et, si possible, les sanctionner, sans complaisance et de façon juste et équitable. Il a aussi appelé les pays à faire preuve d’un sens de solidarité pour résoudre la question du terrorisme international. Les solutions à tous les problèmes que connaît la communauté internationale se trouvent dans la Charte des Nations Unies, a-t-il conclu. Seule l’incapacité de ses Etats Membres à œuvrer solidairement et à assimiler pleinement les nobles idéaux de l’Organisation pose problème.
M. GEDIMINAS SERKSNYS (Lituanie) a indiqué que son pays se joignait aux efforts collectifs des Nations Unies dans l'action complexe qu'elle mène contre le terrorisme. Il attache également la plus grande importance au rôle d'autres forums internationaux sur la question antiterroriste et soutient les déclarations de l’Organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) et la décision d'appliquer le Traité de Washington à l'attaque terroriste contre les Etats-Unis, a-t-il précisé soulignant par ailleurs que son gouvernement avait décidé d'accorder une autorisation diplomatique permanente de survol de son territoire et d'atterrissage sur son sol à l'aviation des Etats-Unis.
La Lituanie, a-t-il poursuivi, va également réévaluer ses relations avec certains pays à la lumière du soutien que ces pays ont pu apporter au terrorisme. Elle va notamment renforcer le contrôle de l'importation, du transit et de l'exportation des biens et technologies stratégiques. Les efforts destinés à prévenir la prolifération des armes de destruction massive et du matériel et des technologies connexes ainsi que celle des petites armes et armes légères seront renforcés, a-t-il précisé. Il a souligné le fait qu'au-delà des 12 instruments multilatéraux des Nations Unies visant à réprimer le terrorisme, l'espace juridique international fournissait un ensemble beaucoup plus large d'instruments internationaux pertinents et a cité notamment la Convention européenne pour la répression du terrorisme.
M. PAPA LOUIS FALL (Sénégal) a fait part de la démarche du Président du Sénégal, M. Abdoulaye Wade qui a lancé au lendemain de la tragédie l’idée d’un pacte africain contre le terrorisme. Ce pacte vise notamment à prévenir les menaces directes et indirectes qui touchent le continent. Il prévoit la création d’un Comité de chefs d’États dont l’action s’emploierait notamment à renforcer la coopération et la coordination avec les autres coalitions antiterroristes. Ce pacte comporterait notamment l’engagement de chaque État africain à refuser et à s’abstenir de participer, sous quelque forme que ce soit, à des activités et des actions terroristes; à ne pas financer d’activités et d’actions terroristes; à dénier l’accès de son territoire à tous individus ou groupements ayant des intentions terroristes; et à accepter de recevoir toute inspection africaine ou internationale s’il existe des indices de préparation d’actions terroristes. Ce pacte africain constituerait ainsi un complément à la Convention de l’OUA sur la prévention et la lutte contre le terrorisme (1999).
Le représentant a par ailleurs rappelé que le Mouvement des Pays non alignés est favorable à l’idée d’une conférence internationale sur le terrorisme qui se tiendrait sous l’égide des Nations Unies. Une telle conférence répondrait à la nécessité absolue d’intensifier la lutte contre le terrorisme et de renforcer la coopération internationale dans ce domaine. Le représentant a poursuivi en rappelant que cette coalition mondiale est un impératif catégorique tant la nature, les méthodes, formes et manifestations de l’activité terroristes ont connu des métamorphoses et des raffinements insoupçonnés. Aussi, s’est-il inquiété des menaces que pose le terrorisme chimique, bactériologique, ou nucléaire dont les risques sont terrifiants et méritent d’être sérieusement pris en compte. Faisant écho à l’appel du Secrétaire général en faveur de la ratification universelle des 12 instruments internationaux relatifs au terrorisme, il a exhorté la communauté internationale à surmonter rapidement ses difficultés à parvenir à une définition du terrorisme. Dans la même optique, il a exhorté le comité spécial à conclure rapidement ses travaux sur l’élaboration d’une convention générale sur le terrorisme. En conclusion, le représentant a mis l’accent sur la nécessité de s’attaquer aux causes du terrorisme et d’envisager les moyens d’endiguer les fléaux de la misère, de l’exclusion et des injustices qui constituent le terreau sur lequel prospèrent toutes les frustrations.
M. WALTER BALZAN (Malte) a souligné que le Conseil de sécurité a pris des mesures radicales destinées à échanger des informations sur le terrorisme et à entraver les flux financiers qui le sous-tendent. M. Balzan a ajouté que les nouvelles mesures sur l’échange d’informations opérationnelles sur le terrorisme, alliées aux mesures visant à tarir les sources financières des opérations terroristes d’envergure, pourraient, si elles étaient mises en œuvre dans un vaste ensemble de stratégies et de mécanismes cohérents, sérieusement atténuer le pouvoir d’action des terroristes.
Malte, a-t-il indiqué, a été l’un des premiers pays à signer la Convention pour la répression du financement du terrorisme. Un important travail sur la lutte contre le crime financier, en étroite coopération avec l’OCDE, le Conseil de l’Europe et le Commonwealth a été réalisé et Malte y trouve motif à satisfaction.
Malte a entrepris par ailleurs avec certains partenaires, une enquête approfondie pour débusquer les liens possibles entre certaines organisations suspectes et transactions effectuées par le biais d’institutions financières locales. La quête n’a pour le moment rien donné mais la diligence et le sérieux de la démarche se poursuivent.
M. ALEXANDRU NICULESCU (Roumanie) a annoncé que le Parlement roumain a adopté une résolution donnant à l’OTAN l’accès à tous les équipements et à l’espace terrestre, maritime et aérien de la Roumanie en cas d’action collective menée contre le terrorisme. De l’avis du représentant, il est impératif de mener collectivement le combat contre le terrorisme et d’élaborer une stratégie à long terme. Se félicitant de l’adoption de la résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité, qui enjoint les États Membres à prendre des mesures spécifiques et de coopérer activement, le représentant a indiqué que son pays est déjà partie à 10 des 12 instruments internationaux relatifs au terrorisme et qu’il s’apprête en outre à ratifier la Convention pour la répression des attentats terroristes à l’explosif et la Convention pour la répression du financement du terrorisme. De plus, il s’est déclaré favorable à ce que soit rapidement finalisée et adoptée la Convention générale pour la répression du terrorisme, actuellement à l’étude. Il a indiqué que son pays est prêt à participer activement aux travaux visant à parvenir à une définition légale du terrorisme.
Compte tenu de l’importance de la coopération régionale, le représentant a fait part de la proposition faite par le Ministre roumain des affaires étrangères à la session spéciale du Conseil permanent de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) qui demandait aux 55 États présents de resserrer leurs liens régionaux et de renforcer leurs législations nationales, notamment en envisageant de prévoir la possibilité d’un mandat européen pour la détention ou l’extradition de suspects. Des suggestions ont également été faites pour accroître la sécurité aux frontières et la surveillance des régions vulnérables. En outre, l’OSCE a proposé la création d’un groupe de travail sur la lutte contre le terrorisme qui bénéficierait de la participation d’un membre du Bureau des Nations Unies pour le contrôle et la prévention des drogues. En conclusion, le représentant a mentionné que son gouvernement avait approuvé son plan national en préparation de son adhésion à l’OTAN pour 2001-2002 qui comprend des mesures nationales en vue de faciliter la coopération régionale pour lutter contre le terrorisme.
MME GAILE A. RAMOUTAR (Trinité-et-Tobago) a condamné le terrorisme dans toutes ses formes et toutes ses manifestations, en soulignant que les attaques du 11 septembre nécessitent une réaction internationale forte. Il nous incombe, a-t-elle expliqué, de mettre en place des mesures efficaces pour renforcer la coopération entre les Etats de façon à punir les responsables de ces actes terroristes ainsi que ceux qui les soutiennent. Trinité-et-Tobago considère que les résolutions 1368 (2001) et 1373 (2001) du Conseil de sécurité, de même que la résolution 56/1 de l’Assemblée générale représentent des avancées positives vers
l’éradication du terrorisme international. Trinité-et-Tobago a adhéré, en avril dernier, à la convention internationale visant la suppression des bombardements terroristes. La semaine dernière, il a signé en outre la Convention contre le crime organisé, le Protocole visant à prévenir, supprimer et punir le trafic des êtres humains, en particulier les femmes et les enfants, et le Protocole contre le commerce des migrants par air, mer et terre. Il nous revient, a expliqué la représentante, de nous unir contre le défi que posent à tous les pays les récentes attaques terroristes. Si nous n’agissons pas, les conséquences pour l’humanité seront terribles.
M. FRANCISCO SEIXAS DA COSTA (Portugal) a évoqué le choc éprouvé par la communauté internationale à l'annonce des attaques terroristes brutales qui ont fait des milliers de victimes au nombre desquelles figuraient des citoyens portugais. Sa délégation se rallie pleinement à la détermination des Etats-Unis à lancer et poursuivre une campagne internationale en recourant à différents moyens et instruments pour traduire en justice les responsables de ces actes et appelle la communauté internationale à mener un effort concerté pour éviter que de tels actes ne se reproduisent à l’avenir, a-t-il déclaré, soulignant par ailleurs la réponse politique et pratique que l'Union européenne avait apportée à la crise.
Le temps de l'action mais aussi de la réflexion est venu, a poursuivi le représentant. Nous devons examiner le contexte politique, économique, social et ethnique du problème avec un esprit ouvert et ne pas adopter de solutions simplistes en réponse à des problèmes complexes. Certains estiment qu'il faut insister sur les priorités les plus urgentes; de l’avis de la délégation portugaise, la seule vraie priorité est de trouver une réponse au problème dans son ensemble et il faut être prêt à agir simultanément dans tous les secteurs qui peuvent être pertinents. Rien ne justifie le terrorisme mais ne soyons pas aveugles : le terrorisme prospère et il est soutenu par l'opinion publique dans les populations soumises à la pauvreté, à l'exclusion sociale ou politique et à l'inégalité. Seules des solutions globales permettront de surmonter des problèmes d'une extrême complexité, a-t-il fait valoir.
M. Seixas da Costa a insisté sur le fait qu'il ne s'agit pas d'un combat entre l'Occident et le monde arabe soulignant que la tradition musulmane a représenté, au fil des siècles, une des formes les plus tolérantes de civilisation. Il a indiqué que le Portugal comptait des pays arabes et musulmans parmi ses meilleurs amis et qu'il n'assimilerait jamais une religion hautement respectée avec un groupe de fanatiques qui agissent en son nom de façon inacceptable. Nous devons admettre, a-t-il poursuivi, que la question du terrorisme n'était pas, depuis quelque temps, prioritaire dans l'ordre du jour des Nations Unies. Il devient désormais urgent et impératif, non seulement de recourir aux instruments juridiques existants mais également de porter notre attention sur la finalisation du cadre juridique indispensable si les Nations Unies veulent se placer à la tête de ce programme d'action.
M.Daudi N. MWAKAWAGO (République-Unie de Tanzanie) a rappelé que la sous-région d’Afrique orientale avait malheureusement déjà été confrontée au terrorisme international, avec les attaques en 1998 contre les ambassades américaines à Dar es-Salaam et Nairobi. Suite à ces attaques, la sous-région d’Afrique orientale avait mis en place un Comité conjoint pour coordonner les mesures contre le terrorisme. Les Nations Unies, a ajouté le Représentant, apportent une légitimité à cette nouvelle guerre contre le terrorisme. La Tanzanie est tout à fait consciente que la lutte contre le terrorisme exigera un effort soutenu et coordonné, une coopération d’ordre pratique et une révision des moyens à disposition. Il faudra dans certains cas aider les pays qui n’ont pas les moyens de mener seuls cette lutte. Il est important d’en tenir compte, a précisé le Représentant, car il arrive parfois que des informations capitales peuvent ne pas être accessibles tout simplement par manque de moyens permettant de donner suite aux requêtes.
Une Convention globale pour combattre le terrorisme est une exigence urgente. Les stratégies, pour fonctionner, doivent notamment inclure un échange d’informations au sein d’une alliance large contre le terrorisme. Leur succès dépendra d’une coopération internationale bien coordonnée. Les initiatives, dans le domaine des instruments adoptés par l’Assemblée, dont la Convention sur la répression des attentats terroristes et celle sur la répression du financement, exigent un appui sans condition. La Tanzanie a aussi indiqué qu’une coopération avec la police à l’échelon international était essentielle pour s’attaquer aux flux de financement du terrorisme. Cette recherche des flux financiers appartenant aux terroristes doit être menée en toute légitimité et dans le respect de la souveraineté des Etats. Le fléau du terrorisme, a conclu le Représentant, doit être combattu sans stigmatiser un peuple, une religion ou une région.
M. GIAN NICOLA FILIPPI BALESTRA (Saint-Marin) a qualifié de crime contre l’humanité l’attaque du 11 septembre, en raison de sa grande envergure et parce qu’elle était dirigée contre la population civile. Pour la première fois dans l’histoire, a déclaré le représentant, nous devons faire face à un nouveau type de conflit, et à un ennemi obscur et furtif, sans visage ni structure identifiable. La coopération totale et inconditionnelle des Etats est la seule arme que nous possédons pour lutter contre ce phénomène menaçant. Nous avons aussi un corpus de lois internationales, même si ces instruments doivent être ratifiés, mis en œuvre et complétés par d’autres mesures et des accords internationaux. Lier le terrorisme à une religion particulière est une erreur, a insisté le représentant. Toute forme de violence, et en particulier le terrorisme, accomplie au nom de Dieu, est inacceptable et blasphématoire.
M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a attiré l’attention sur la souffrance des peuples angolais et namibien qui souffrent dans l’ombre des activités terroristes de Jonas Savimbi et de l’UNITA. A cet égard, il a appelé au renforcement des sanctions des Nations Unies contre l’UNITA et à leur application complète. Le représentant a également fait valoir l’importance du combat à mener contre la faim, la pauvreté et les privations qui fournissent des recrues au terrorisme. S’inquiétant du caractère de plus en plus mondialisé des réseaux terroristes, le représentant a insisté sur la nécessité de mettre un terme au trafic illicite d’armes légères et d’éliminer les réseaux du crime international organisé qui constituent l’infrastructure sur laquelle s’appuie le terrorisme pour menacer la stabilité des régions et des États. Il s’est félicité de l’adoption de la Convention de l’OUA sur la prévention et la lutte contre le terrorisme, et a demandé qu’une aide financière et matérielle soit accordée aux organisations régionales dans leur lutte contre le terrorisme.
Le rôle majeur des Nations Unies et de l’armature juridique dont l’Organisation s’est dotée, appelle, a-t-il déclaré, une accélération des travaux relatifs à l’élaboration de la convention sur la répression du terrorisme nucléaire et de la convention générale sur la répression du terrorisme international. Une telle convention permettrait en outre de s’accorder sur une définition universelle du terrorisme, a-t-il ajouté. Il a ensuite réitéré l’appel du Mouvement des pays non alignés en faveur de la convocation d’une Conférence ou
d’un Sommet mondial sous les auspices des Nations Unies qui permettrait d’élaborer une réponse commune face au fléau du terrorisme. Il a ensuite insisté sur le fait que pour être efficace, la lutte contre le terrorisme demande des stratégies globales et coordonnées, notamment sur la question des armes légères.
Abordant en dernier lieu, la question des mouvements de libération nationale, M. Andjaba a rappelé la position du Mouvement des pays non alignés selon laquelle ces mouvements ne sauraient être assimilés au terrorisme. Il a appelé à l’élaboration d’une définition du terrorisme qui fasse une distinction claire entre la lutte légitime des peuples pour l’autodétermination et le terrorisme.
M. PAUL HEINBECKER (Canada) a indiqué que son pays s’est associé à l’OTAN pour invoquer l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord et se déclare prêt à participer pleinement à cet effort. Il a ensuite mentionné que le Canada avait déjà donné effet à 10 des conventions contre le terrorisme et introduirait au Parlement les deux conventions restantes, celles réprimant les attentats terroristes à l’explosif et le financement du terrorisme, respectivement. Il a également exhorté les États Membres à surmonter les difficultés qui subsistent et mener à bonnes fins les négociations en vue de l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international et d’une convention pour la répression des actes de terrorisme nucléaire dès cet automne. Soulignant l’importance d’une action concertée contre le terrorisme, il s’est félicité de l’adoption de la résolution 1373 (2001) du Conseil de sécurité qui couvre tous les aspects de la riposte. Il s’est particulièrement félicité de la décision du Conseil de créer un Comité d’application chargé de suivre son application et de l’appel lancé aux États parties de rendre compte des mesures qu’ils avaient adoptées.
En réponse à l’appel du Secrétaire général, il a indiqué que son pays avait apporté une contribution complémentaire de 6 millions de dollars pour aider les populations déshéritées de l’Afghanistan. Il a, en outre, indiqué que le Canada était prêt à aider ceux qui pourraient avoir besoin d’une assistance technique pour élaborer leur propre législation. Dans le but de superviser l’effort du Canada, le Premier Ministre canadien a créé un Comité spécial des ministres sur la sécurité publique et l’antiterrorisme placé sous la direction du Ministre des affaires étrangères qui examinera les règles, les législations, les politiques et les programmes, y compris ceux portant sur la relation entre le Canada et les Etats-Unis.
S’inquiétant des dangers posés par le terrorisme nucléaire, le représentant a insisté sur la nécessité d’affermir le régime de non-prolifération en ratifiant le Traité d’interdiction complète des essais, d’élargir le contrôle de la technologie des missiles, et de conclure le protocole sur les armes biologiques. De même, il importe de mettre à profit la Conférence sur les armes légères, de ratifier le Statut de la Cour pénale internationale, et d’universaliser la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel. Envisageant ensuite la possibilité d’innover pour renforcer les moyens actuels de lutte contre le terrorisme, le représentant s’est demandé s’il ne serait pas possible de créer de nouveaux organes dotés d’un mandat clair et précis en matière de lutte contre le terrorisme et de ressources appropriées pour coordonner les efforts de la communauté internationale. Il s’est demandé pourquoi ne pas créer un équivalent du régime de contrôle de la technologie des missiles pour la lutte anti-terrorisme ou ne pas désigner un organe du Secrétariat doté d’un mandat particulier pour la recherche et le renforcement des capacités.
M. SELIM TADMOURY (Liban) a de nouveau exprimé la tristesse et l’indignation du peuple libanais face à la tragédie du 11 septembre. Avant de faire part des efforts menés par les pays arabes et de la Conférence islamique pour lutter contre le terrorisme et parvenir à une définition acceptable de ce fléau, il s’est félicité des travaux visant à l’adoption de la convention générale contre le terrorisme et pour la répression du terrorisme nucléaire. Il a ensuite indiqué que son pays était partie à 10 des 12 instruments internationaux relatifs au terrorisme. Le représentant a également indiqué que le Liban était prêt à coopérer avec les Etats-Unis et avec la coalition mondiale dans sa lutte contre le terrorisme.
Se déclarant favorable à toutes les initiatives visant à l’élaboration d’une convention générale et à l’élaboration d’une définition du terrorisme qui soit universellement acceptable, il a toutefois mis la communauté internationale en garde contre le danger qui consisterait à assimiler le terrorisme à toute nation, et notamment aux États arabes. Revenant sur les attaques du 11 septembre dernier qu’il a jugé révoltantes, le représentant s’est déclaré favorable à une lutte conjointe contre le terrorisme. Il a ensuite fait valoir qu’il fallait s’employer à résoudre les conflits armés qui durent depuis trop longtemps, notamment le conflit entre Arabes et Israéliens. Le processus de paix au Moyen-Orient doit reprendre, a-t-il dit. Il faut se saisir de l’occasion présente pour mettre fin à ce conflit en s’appuyant sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, car son règlement permettra de renforcer la paix et la sécurité dans la région. En dernier lieu, faisant référence aux causes profondes du terrorisme, le représentant a estimé que l’ONU est appelée à réactiver ses organismes humanitaires en vue de lutter contre les crises et la marginalisation.
M. LUC JOSEPH OKIO (République du Congo), s’exprimant au nom de M. Adada, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie, a indiqué que les terroristes avaient, le 11 septembre dernier, lancé un défi à la communauté internationale. Son pays avait aussi été victime d’un acte terroriste le 19 septembre 1989, qui avait causé l’explosion en vol au-dessus du Ténéré au Niger d’un aéronef civil d’UTA et coûté la vie à plus de 200 personnes. De façon générale, a précisé M. Okio, la situation en Afrique permet de constater, hélas, que le continent enregistre une augmentation régulière du nombre d’actes terroristes. Dès lors, face à cette menace qui est devenue globale, la question fondamentale qui se pose est de savoir comment lutter contre le fléau qui dépasse les frontières des Etats.
A cet égard, le Gouvernement congolais a opté pour une grande participation aux instruments multilatéraux de lutte contre le terrorisme et, sur cette base, plusieurs mesures ont été prises en vue d’incorporer dans la législation interne les obligations internationales en matière de prévention et de répression du terrorisme international. Consciente que la lutte contre le terrorisme requiert la participation de tous les Etats modernes attachés au progrès, au respect des droits de l’homme, à la paix et à la sécurité internationales, la délégation congolaise estime que la solution doit être transnationale. Il est nécessaire d’appliquer l’ensemble de l’arsenal juridique existant dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, à savoir les 12 instruments que l’on pourra au besoin réactualiser. Le terrorisme emprunte au monde moderne d’aujourd’hui ses technologies et toutes ses commodités. Il devient donc impératif pour la communauté internationale de veiller à une pleine application des conventions internationales antiterroristes et de s’organiser en vue de trouver des réponses appropriées qu’appelle cette nouvelle forme de lutte.
M. TOLENTINO DIPP, Secrétaire d'Etat aux affaires étrangères de la République dominicaine, a souhaité que les Etats Membres répondent à l'appel des Nations Unies les incitant à ratifier les accords existants sur la prévention, la lutte et la répression des actes terroristes. Il a toutefois fait valoir que l'essence démocratique des Nations Unies et le respect les droits de l'homme interdisent à la communauté internationale d’écarter ces principes d’une réponse qui serait animée par un esprit de vengeance. Le terrorisme est un phénomène lié à des circonstances multiples dont les origines vont au-delà des concepts idéologiques et il faut en analyser les causes si l'on veut parvenir à décimer l'hydre multicéphale qu'il représente aujourd'hui. Il a suggéré que l'Assemblée générale demande au Comité spécial sur le terrorisme d'examiner en détail les causes économiques, sociales et culturelles qui peuvent conduire au terrorisme, estimant qu'une étude de cette nature pouvait contribuer à l'éradication d'un tel dévoiement du comportement humain.
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