En cours au Siège de l'ONU

AG/1185

L’ASSEMBLEE GENERALE ENTAME SON DIALOGUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DEVELOPPEMENT PAR LE PARTENARIAT

20/09/2001
Communiqué de presse
AG/1185


Assemblée générale

4e séance plénière – matin


L’ASSEMBLEE GENERALE ENTAME SON DIALOGUE DE HAUT NIVEAU

SUR LE DEVELOPPEMENT PAR LE PARTENARIAT


L’Assemblée générale a entamé, ce matin, son dialogue de haut niveau sur le renforcement de la coopération économique internationale pour le développement par le partenariat.  Deuxième du nom, ce dialogue, qui doit se terminer demain vendredi 21 septembre, porte sur le thème de l’adaptation à la mondialisation et de la facilitation de l’intégration des pays en développement dans l’économie mondiale.  Dans ce contexte, les participants au dialogue de haut niveau ont débattu des questions du déclin de l’aide publique au développement (APD), de la répartition inégale des capitaux privés, en particulier de l’investissement direct étranger (IED), des barrières commerciales, de la fragilité de l’architecture financière internationale, de la difficulté d’accès aux marchés financiers et de l’allègement insuffisant de la dette.  Lançant le dialogue, le Président de la cinquante-sixième session de l’Assemblée générale, M Han-Seung-Soo a, à l’instar des orateurs qui lui ont succédé, commenté les deux sous-thèmes du dialogue du haut niveau, discutés par ailleurs dans le cadre de deux tables rondes ministérielles, à savoir l’insertion des pays en développement dans le réseau mondial de l’information et l’obtention de nouvelles ressources financières publiques et privées aux fins du développement.  Pour le Président de l’Assemblée générale le premier axe d’actions, en vue de renverser la tendance à la marginalisation des pays en développement, consiste à rechercher les moyens de réaliser l’objectif, contenu dans la Déclaration du Millénaire de septembre 2000, visant à réduire de moitié la pauvreté absolue d’ici 2015.  Abondant dans ce sens, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Louise Fréchette, a invoqué le ralentissement actuel de l’économie mondiale pour demander un renouvellement des engagements en la matière.  Elle a vu, dans une présence renforcée des pays en développement dans le commerce mondial, un moyen de relancer la croissance nécessaire à une lutte efficace contre la pauvreté.


Pour elle, l’ouverture des marchés du Nord et l’amélioration des capacités de production et d’exportation du Sud sont les éléments incontournables d’une mobilisation des ressources aux fins du développement.  En écho à ces propos, de nombreuses délégations ont souligné l’avantage qu’auraient les pays en développement à entrer à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour participer en tant qu’acteur à l’édification d’un système commercial bien réglementé et faire du prochain cycle de négociations de l’OMC qui doit se tenir au Qatar, dans deux mois, un véritable “Cycle du développement”.  Dans ce contexte, parlant en particulier de la situation des pays les moins avancés (PMA), le représentant de la Belgique, au nom de l’Union européenne, a appelé, comme mesures de suivi à la Conférence de Bruxelles, qui s’est tenue au mois de mai dernier, à des négociations sur des réductions des tarifs et des subsides commerciaux et sur des règles qui tiennent compte des besoins de développement de ces PMA.


(à suivre – 1a)


Si l’entrée sur la scène commerciale mondiale a été admise par toutes les délégations comme une source de ressources aux fins du développement, des représentants comme celui de l’Iran, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, ont lié le renforcement de la capacité commerciale des pays en développement à la fourniture de l’APD, dont le rôle a été reconnu dans le développement des infrastructures nécessaires à l’expansion du commerce.  Le représentant, rejoint par celui de la Belgique, a insisté sur l’urgence qu’il y a, pour les pays développés, à respecter l’objectif visant à consacrer 0,7% du PNB à l’APD.  En reconnaissance du rôle de plus en plus prépondérant des capitaux privés dans le financement du développement, le représentant de la Belgique a insisté sur la nécessité, pour les pays en développement, de mettre en place un environnement favorable aux investisseurs.  Il a notamment invoqué des mesures de confiance comme le développement de la gouvernance d’entreprise, la lutte contre la corruption et le rétablissement de la solvabilité des pays en développement. 


A cet égard, à l’instar d’autres pays africains, le représentant de l’Algérie a souligné l’importance pour une mise en oeuvre réussie de la nouvelle Initiative africaine, adoptée en juillet dernier à l’OUA, d’un processus d’allègement de la dette qui doit revêtir la forme “ d’une conversion sociale” de la dette qui profiterait au premier chef aux dépenses publiques en matière de développement humain.  Il a aussi souligné l’importance de consolider et d’élargir l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés par l’allocation de ressources additionnelles en prélude, a-t-il dit au lancement, d’une initiative visant à l’allègement de la dette des pays à revenu intermédiaire.  Pour ces questions comme pour celle de l’architecture financière et de la gouvernance mondiale, les délégations ont toutes estimé que la Conférence sur le financement du développement qui doit se tenir à Monterrey en mars 2002 était l’occasion unique de leur trouver des solutions.


Outre les délégations citées, les représentants des pays suivants : Fédération de Russie, Arabie saoudite, Etats-Unis, Afrique du Sud, République de Corée, Maroc, Chine, Roumanie, Mexique et Pakistan.


Le Dialogue de haut niveau se poursuivra cet après-midi à 15 heures.


DEVELOPPEMENT DURABLE ET COOPERATION ECONOMIQUE INTERNATIONALE : DIALOGUE DE HAUT NIVEAU SUR LE RENFORCEMENT DE LA COOPERATION ECONOMIQUE INTERNATIONALE POUR LE DEVELOPPEMENT PAR LE PARTENARIAT (97 c)


L'Assemblée générale des Nations Unies tient du 20 au 21 septembre son deuxième "Dialogue de haut niveau sur le renforcement de la coopération économique internationale pour le développement par le partenariat", dont le thème général, cette année, est: "S'adapter à la mondialisation: faciliter l'intégration des pays en développement dans l'économie mondiale au XXIème siècle".  Le Dialogue de haut niveau comprend des séances plénières, deux tables rondes ministérielles et des réunions-débats informelles.  La première des tables rondes ministérielles a pour thème: "Amélioration de l'insertion des pays en voie de développement dans le réseau mondial de l'information, qui commence à se constituer, et élargissement de l'accès des pays en voie de développement aux technologies de l'information et de la communication", tandis que la deuxième table ronde va traiter du thème: "Promotion de l'intégration des pays en voie de développement dans l'économie mondiale et obtention de nouvelles ressources financières publiques et privées destinées à compléter les efforts de développement".  Les réunions informelles, auxquelles vont participer des spécialistes et des techniciens des domaines économiques, financiers et du secteur des technologies de l'information et de la communication, reprendront les deux thèmes examinés par les tables rondes ministérielles.


Objectif du Dialogue de haut niveau


Le Dialogue de haut niveau est un mécanisme de suivi et d'évaluation intergouvernementale de l'Agenda pour le développement, qui a été adopté par l'Assemblée générale en 1997, et qui prône que ce Dialogue soit utilisé comme une opportunité de débattre de questions nouvelles touchant la coopération internationale pour le développement.  Le Dialogue a pour but de promouvoir une meilleure compréhension de thèmes mondiaux et transnationaux, et de donner un élan à la coopération économique internationale pour le développement.  Loin d'être un évènement isolé, le Dialogue s'inscrit dans le processus intergouvernemental élargi englobant les grandes conférences et sommets mondiaux organisés par le système de l'ONU, et comprenant les travaux du Conseil économique et social et ceux des Deuxième et Troisième Commissions de l'Assemblée générale des Nations Unies.  Les résultats du Dialogue de haut niveau, qui seront présentés sous la forme d'un résumé du Président, doivent contribuer à la mise en oeuvre de l'Agenda pour le développement et des autres processus intergouvernementaux pertinents.


Technologies de l'information et de la communication et mondialisation


L'examen de la question de l'amélioration de l'insertion des pays en développement dans le réseau mondial de l'information et l'élargissement de l'accès de ces pays aux technologies de l'information et de la communication (TIC) qui va avoir lieu au cours de la première table ronde ministérielle du Dialogue de haut niveau répond à une résolution adoptée par l'Assemblée générale au cours de sa 54ème session et qui est relative au "Rôle des Nations Unies dans la promotion du développement dans le contexte de la mondialisation et de l'interdépendance".  Dans cette résolution, l'Assemblée demandait au Secrétaire général de lui soumettre un rapport contenant des recommandations sur le rôle que pourrait jouer le système de l'ONU dans le transfert des TIC vers les pays en développement.  L'Assemblée demandait aussi au Secrétaire général de réunir un panel d'experts de haut niveau sur les TIC et de soumettre des recommandations sur le rôle de l'ONU dans l'intégration, à des conditions préférentielles et favorables, des pays en développement au réseau mondial d'information et aux technologies qui le soutiennent.  Cette question a été ensuite inscrite à l'ordre du jour de la session de fond du Conseil économique et social (ECOSOC) qui en a fait le thème de son débat ministériel de haut niveau en l'an 2000.  La Déclaration ministérielle de ce débat de l'ECOSOC a reconnu le rôle clef que devaient jouer les partenariats réunissant des gouvernements nationaux, les agences de développement bilatérales et multilatérales, et le secteur privé et les autres parties prenantes pertinentes dans la mise en oeuvre des TIC au service du développement.  Le rapport remis par le Secrétaire général à l'ECOSOC contenait la déclaration du Comité administratif de coordination (CAC) sur ce sujet, dans laquelle les Chefs d'organisations et d'agences de l'ONU réaffirmaient leur déclaration du 11 avril 1997 sur la nécessité d'un "accès universel à des services d'information et de communication de base".


Financement du développement et intégration à l'économie mondiale


Le thème de la promotion de l'intégration des pays en développement dans l'économie  mondiale et de l'obtention de nouvelles ressources financières publiques et privées destinées à compléter les efforts de développement, qui sera débattu lors de la deuxième table ronde ministérielle, est particulièrement important et opportun au moment où l'Assemblée générale a décidé de la tenue de la Conférence internationale sur le financement du développement, qui aura lieu du 18 au 22 mars 2002, à Monterrey, au Mexique.  L'ONU travaille en étroite collaboration avec les institutions de Bretton Woods et l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour préparer cette rencontre, dont les débats auront lieu au plus haut niveau politique, et verront aussi la participation cruciale du secteur privé et de la société civile.  La question du financement du développement est inscrite à l'ordre du jour des travaux du Comité de développement du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, et sera également évoquée, sous l'angle des revenus que pourrait générer le commerce, au cours de la Quatrième réunion ministérielle de l'OMC qui aura lieu à Doha, au Qatar, du 9 au 13 novembre 2001, avec pour ambition de lancer des négociations commerciales multilatérales devant aboutir à un "Cycle de développement".  Ces processus et les différentes initiatives visant à réformer l'architecture financière internationale ont des implications tangibles sur les efforts visant à intégrer les pays en développement dans l'économie mondiale et à créer de nouvelles sources de financement pour le développement.  A cet égard, le Comité préparatoire de la Conférence internationale sur le financement du développement a inscrit les questions qui suivent à l'ordre du jour de la Conférence: la mobilisation des ressources financières intérieures; la mobilisation des ressources internationales, dont les investissements étrangers directs et les autres apports privés; le commerce et les questions qui lui sont liées, notamment l'accès aux marchés; le renforcement de la coopération financière internationale aux fins du développement, notamment au moyen de l'Aide publique au développement (APD); et les questions systémiques, dont l'harmonisation et la cohérence des systèmes monétaires, financiers et commerciaux, aux fins du développement.


La promotion de l'intégration des pays en développement dans l'économie mondiale et l'obtention de nouvelles ressources financières publiques et privées destinées à compléter les efforts de développement tiendra compte des objectifs et recommandations pertinents énoncés par la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) lors de sa dixième conférence à Bangkok en Thaïlande.  Au sortir de la crise financière qui avait frappé l'Asie du Sud-Est avant de sévèrement toucher les marchés émergents et les économies en transition, la CNUCED avait souligné le besoin de renforcer la coopération internationale en vue de prévenir les risques de crises financières.  Elle avait ensuite recommandé d'assurer des sources de financement et d'investissement stables et prévisibles à un plus grand nombre de pays en développement, de trouver une solution durable au problème de la dette et d'augmenter le niveau, fortement en déclin, de l'Aide publique au développement.  Les participants à la table ronde tiendront également compte des recommandations énoncées par un certain nombre de grandes conférences organisées par l'ONU au cours des années 90, et par leur conférence quinquennale d'examen et d'évaluation, dont, entre autres, le Sommet mondial sur le développement social de Copenhague et l'Agenda pour l'habitat adopté lors de la Conférence mondiale sur l'habitat qui a eu lieu à Istanbul.  Les participants considéreront aussi les recommandations de la IIIème Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA III) qui s'est tenue du 14 au 20 mai à Bruxelles. Dans la "Déclaration de Bruxelles", la communauté internationale s'engageait à saisir l'opportunité offerte par la prochaine réunion de l'OMC pour souligner le rôle que peut jouer le commerce pour l'intégration des PMA dans les échanges internationaux et dans l'économie mondiale.


Déclarations


M. HAN SEUNG-SOO (Corée), Président de la cinquante-sixième session de l’Assemblée générale, a estimé que si la communauté internationale a fait beaucoup pour promouvoir l’intégration des pays en développement dans l’économie mondiale, elle doit néanmoins convenir de la nécessité de tenir davantage compte des préoccupations de ces pays quant à leur marginalisation.  En la matière, le Président de l’Assemblée générale a souligné l’importance des objectifs contenus dans la Déclaration du Millénaire en souhaitant que celui visant à réduire de moitié la pauvreté d’ici 2015 soit au centre non seulement du dialogue de haut niveau mais aussi de l’ensemble de la cinquantième-sixième session de l’Assemblée générale. Dans le même contexte, le Président a relevé l’importance de la Conférence internationale sur le financement du développement qui doit se tenir en mars 2002 au Mexique. 


Venant à la question de l’accès aux nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC), le Président a qualifié de tâche immense celle qui consiste à combler le fossé numérique entre les pays et au sein des sociétés.  En cela, comme en tous domaines liés à la mondialisation, le Président a rappelé que le secteur public ne peut plus fournir toutes les réponses.  Pour lui, la société civile et le secteur privé ont d’autant plus un rôle à jouer dans le développement qu’ils ont les idées, la persévérance et la créativité nécessaires à l’élimination des obstacles et à la recherche des réponses aux défis auxquels le monde est aujourd’hui confronté.  Dans la perspective des Sommets mondiaux sur la société de l’information, qui doivent se tenir en 2002 et en 2005, il est important que les acteurs principaux soient impliqués dans la résolution des différents problèmes, y compris celui du fossé numérique. 


Pour le Président, il est essentiel que l’Assemblée générale explore les moyens d’entretenir des liens avec les divers acteurs et dans ce cadre, a-t-il dit, il est encourageant que ces acteurs aient montré leur volonté d’assurer leur part de responsabilité dans la réalisation des objectifs de développement.  Le dialogue de haut niveau doit donc être aussi interactif que possible et pleinement ouvert aux vues et suggestions des universitaires, de la société civile et du secteur privé, a conclu le Président de l’Assemblée générale.

Mme LOUISE FRECHETTE, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a rappelé que dans toutes les grandes réunions, la pauvreté absolue a été identifiée comme le défi le plus urgent auquel le monde est confronté.  Reconnaissant que la réalisation des objectifs en la matière risque d’être compromise par le ralentissement actuel de la croissance économique mondiale, elle a considéré que la tâche principale de ce dialogue doit être de faire en sorte que cet objectif soit poursuivi de manière plus vigoureuse.  La priorité pour les gouvernements, a estimé la Vice-Secrétaire générale, est de prendre des actions concertées pour insuffler un nouvel élan à la croissance économique mondiale laquelle doit être durable et répartie plus équitablement.


Les pays en développement, a poursuivi Mme Fréchette, doivent se voir offrir une réelle occasion de participer aux marchés mondiaux.  Pour elle, cela ne sera possible que si les pays développés font davantage pour ouvrir leurs marchés et si les pays en développement améliorent leur capacité de production et exportent leurs biens et services à des prix compétitifs.  Beaucoup d’entre eux, a souligné Mme Fréchette, auront besoin d’une assistance technique tout comme ils auront besoin de lever les barrières au libre-échange et à l’investissement qui sont encore de mise dans le monde en développement.


Il est donc plus que jamais important de saisir l’occasion de la réunion de l’Organisation mondiale du commerce qui doit se tenir au Qatar dans deux mois.  Mme Fréchette a souhaité que cette réunion soit l’occasion de mettre pleinement en oeuvre les engagements pris en vertu du Cycle d’Uruguay et de lancer un nouveau cycle de négociations commerciales qui méritera le nom de “Cycle du développement”.  Ce cycle, a-t-elle insisté, devrait rétablir l’élan des marchés libres tout en donnant une priorité véritable aux préoccupations et aux intérêts des pays en développement.


Commentant les deux sujets choisis pour ce dialogue de haut niveau et concernant les ressources financières publiques et privées et les nouvelles technologies de l’information et des communications, Mme Fréchette a attiré l’attention de participants sur les idées qui ont été lancées, y compris celles contenues dans le Rapport du Groupe de haut niveau nommé par le Secrétaire général, dit “Rapport Zedillo”.  Elle les a aussi appelés à penser des politiques pratiques et efficaces pour combler le fossé numérique.


M. SERGEI ORDZHONIKIDZE, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a déclaré que son pays soutient la pleine intégration des pays en développement dans l'économie mondiale, cette mesure étant la condition indispensable  à la mise en oeuvre de la stratégie mondiale de lutte contre la pauvreté  et pour la promotion du développement durable.  Des mesures doivent être prises à l'échelle internationale pour répondre à la situation alarmante que traversent certains pays, notamment en Afrique, face à la mondialisation.  Une intégration incontrôlée et spontanée des pays en développement à l'économie internationale pouvant avoir des conséquences négatives, la Fédération de Russie est d'avis que le processus de mondialisation doit être déterminé et régulé par les organisations internationales et les Etats, au lieu d'être laissé aux seules mains du secteur privé représenté par les sociétés transnationales.  S'il est vrai que la responsabilité de leur développement incombe d'abord aux pays en développement eux-mêmes, qui doivent mobiliser à cette fin leurs ressources internes, il faut aussi reconnaître que l'objectif que s'est fixé la communauté internationale de réduire de moitié le niveau de pauvreté d'ici à l'an 2015, ne peut être atteint qu'avec la mobilisation accrue de ressources au niveau international.  La Fédération de Russie place à cet égard beaucoup d'espoirs dans la tenue de la Conférence internationale sur le financement du développement, qui aura lieu au mois de mars prochain au Mexique.  Nous attendons que des décisions soient prises au niveau politique lors de cette Conférence, en vue de mettre fin à la tendance à la baisse de l'aide publique au développement (APD) et d'augmenter les flux de ressources publiques et privées destinées aux investissements, et d'alléger le poids énorme de la dette.  Concernant cette dernière question, en tant que membre du Club de Paris et du G8, la Fédération de Russie est favorable à la mise en oeuvre de l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). 

Nous pensons aussi que l'éradication de la pauvreté et la fin de la marginalisation des pays les moins avancés dépendront de leur intégration au commerce international.  Nous soutenons donc un meilleur accès aux produits de ces pays sur les marchés des pays riches.


Les technologies de l'information et de la communication (TIC) ont un énorme potentiel d'accélération de la croissance et du  développement économique.  A l'heure de la mondialisation, les TIC sont devenus un des principaux facteurs de développement de l'économie mondiale et de la promotion du développement durable.  Les TIC doivent être mises au service de tous les pays, et surtout de ceux qui en ont le plus besoin.  La communauté internationale doit par conséquent veiller à réduire le fossé numérique qui existe entre les pays et les régions.  La réduction de ce fossé se fera avec la participation du secteur privé, et peut être accompli par des partenariats entre l'ONU et le privé.  Nous soutenons sur cette question le "Pacte mondial" signé par le Secrétaire général et le secteur privé, et toutes initiatives du même type.


M. BAGHER ASADI (Iran), s’exprimant au nom du Groupe de 77 et de la Chine, a tout d’abord recommandé que tout soit mis en œuvre pour faciliter l’accès des pays en développement et des pays les moins avancés aux marchés mondiaux.  À cet égard, il a insisté sur l’importance de l’Aide publique au développement (APD) qui permet de renforcer le capital technique et les infrastructures et constitue un élément essentiel de l’intégration à l’économique mondiale.  Il importe donc de mettre fin à la tendance actuelle à la réduction de l’APD et de parvenir à l’objectif concerté de 0,7% du PNB des pays développés.  Par ailleurs, il a expliqué qu’il convenait également d’actualiser les accords multilatéraux pour qu’ils répondent plus efficacement aux demandes des marchés mondialisés.  En outre, le représentant a souligné l’importance de la coopération régionale qui devient de plus en plus proéminente.  Il est évident que les accords régionaux peuvent favoriser l’intégration des pays en développement à l’économie mondiale et renforcer la coordination économique dans de nombreux domaines, notamment en améliorant les règles monétaires et financières en vigueur.  Toutefois, il faut également favoriser l’intégration de ces groupes régionaux par la mise en place d’un environnement international propice. 


Abordant ensuite les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC), le représentant a regretté que le fossé numérique continue à se creuser, alors que les TIC devraient au contraire contribuer à la croissance économique et au développement, en réduisant les coûts et en favorisant la dissémination de l’information.  Si l’on veut que les TIC viennent en aide aux pays en développement, il importe de faciliter le développement de l’infrastructure et le renforcement des capacités locales.  Le représentant a insisté sur le fait que cette aide doit aller au-delà de la simple fourniture d’ordinateurs reliés à l’Internet.  Il faut en outre aborder des problèmes essentiels comme le renforcement d’un système éducatif, l’existence d’un système de télécommunications, la diffusion des technologies nécessaires à son fonctionnement.  Pour cela, il convient de faire les investissements nécessaires dans le développement des ressources humaines, le renforcement des institutions et des réseaux permettant l’accès à l’information.  Reconnaissant l’aspect essentiel des actions nationales visant au renforcement des capacités et à la mise en place d’une infrastructure solide, le représentant a estimé qu’un large appui international était également nécessaire.  Dans ce domaine, il a souligné l’importance du système des Nations Unies, de la Banque mondiale et de tous les partenaires du développement.  À cet égard, il s’est félicité de la création du Groupe de travail sur les technologies de l’information et de la communication et a recommandé que celui-ci s’appuie sur le savoir-faire existant à l’intérieur du système des Nations Unies, notamment au sein de la Commission des sciences et des technologies du développement.  En outre, il a souligné la nécessité de doter le groupe de travail des ressources nécessaires à son développement. 


M. JEAN DE RUYT (Belgique), au nom de l’Union européenne et des pays associés, a reconnu que s’il revient aux pays en développement eux-mêmes de créer un environnement propice à l’investissement, la communauté internationale a néanmoins un rôle important à jouer.  Dans ce contexte, le représentant a plaidé pour un système financier et commercial ouvert, équitable, basé sur des règles, prévisible et non-discriminatoire.  Il a aussi déclaré que, pour que les pays en développement puissent bénéficier pleinement de l’essor du commerce mondial, il faut d’abord qu’ils soient membres de l’OMC.  En cela, il a appelé à un effort particulier en faveur des PMA en attirant l’attention sur l’initiative “Tout sauf les armes” de l’Union européenne.  Il aussi rappelé les engagements pris lors de la Conférence des Nations Unies pour les PMA, qui s’est tenue à Bruxelles, en jugeant essentiel de s’accorder sur les mécanismes de suivi.  Il a donc appelé, dans ce contexte, à des négociations sur des réductions substantielles des tarifs et des subsides affectant le commerce et sur des règles qui tiennent compte des besoins de développement des PMA.


S’adressant à la communauté internationale, le représentant l’a appelée à dégager un consensus clair sur les éléments que requiert l’investissement direct étranger et sur les instruments juridiques visant à lutter contre la corruption et à faciliter le rapatriement des capitaux issus d’opérations illicites.  En ce qui concerne, plus particulièrement, les capitaux publics, le représentant a jugé essentiel de développer la gouvernance d’entreprise notamment par l’élaboration et la diffusion de normes de comptabilité internationales et des législations en matière de concurrence.  Toujours pour consolider la confiance, il convient aussi, a ajouté le représentant, de rétablir la solvabilité des pays en développement. Poursuivant, il a estimé que le potentiel des partenariats est encore largement sous-exploité en jugeant que l’aide publique au développement pourrait s’allier à d’autres formes de financement.  Pour lui, les institutions financières internationales pourraient aussi opérer selon des modalités de coopération plus diversifiées.  Il a aussi jugé utile de mettre en place des partenariats publics-privés qui nécessitent, a-t-il reconnu, des formes innovantes de garanties.


Commentant la question des nouvelles technologies de l´information et de la communication, le représentant a souligné que, pour combler le fossé numérique, il faut une libéralisation des marchés des télécommunications, une collaboration en ce qui concerne les questions de droit d’auteur, de sécurité informatique, de normes de commerce électronique, de questions juridictionnelles et fiscales et de lutte contre la délinquance informatique.  Il faut aussi, a-t-il ajouté, impliquer davantage le secteur privé en multipliant les formes de partenariats et intégrer véritablement la dimension technologique dans les programmes de développement.  Voyant dans ces technologies, un moyen de lutter contre la corruption, le représentant a appelé les gouvernements à se concentrer sur la promotion de l’e-gouvernement, soit l’utilisation intégrée de la télématique dans l’administration des affaires publiques.  Dans ce cadre, il a déclaré que la multiplication de points d’accès communautaires à Internet est un corollaire du succès d’une stratégie “e-gouvernement”.  Le représentant a aussi souhaité que soient exploitées les potentialités d’outils encore révolutionnaires tels que la télémédecine et l’enseignement par Internet.


M. FAWZI BIN ABDUL MAJEED SHOBOKSHI (Arabie saoudite) a présenté les condoléances de son pays au peuple et au gouvernement des Etats-Unis après les attentats de la semaine dernière, qui ne sont pas l'acte de personnes représentant l'Islam.  Il a ensuite déclaré que le monde actuel était régi par un système qui exclut du progrès la majorité des habitants de la planète.  La mondialisation n'est pas une idée nouvelle, mais un concept ancien, lié à l'expansion d'empires et à l'imposition de leurs vues et intérêts au reste du monde, a estimé le représentant.  Cette notion, qui a toujours existé, n'a fait qu'évoluer depuis plus d'un siècle.  La mondialisation se caractérise actuellement par une interdépendance croissante entre pays et peuples, et par l'essor et l'usage de nouvelles technologies.  Les pays en développement ne peuvent accepter que les fruits de cette mondialisation ne profitent qu'à une partie du monde.  Sous sa forme actuelle, la mondialisation n'a fait que creuser plus profondément le fossé entre riches et pauvres, et les chances qu'elle peut offrir ne seront mises à la portée de la majorité des peuples que s'il y a une volonté politique ferme et durable d'inclusion et non de marginalisation.  La concurrence imposée par les pays riches à des économies du Sud qui n'y sont pas préparées ne peut contribuer qu'à créer encore plus d'inégalités, du type de celles  que l'on observe dans le système de commerce international dit "multilatéral".  Les règles de l'OMC ne sont pas justes et équilibrées, et nous pensons que l'entrée des pays en développement dans les structures de l'OMC ne devrait pas se faire sur des critères qui sont plus sévères et plus exigeants que ceux qui ont été demandés au départ aux pays riches. L'Arabie saoudite trouve d'autre part inacceptable que l'on consacre de longs débats à blâmer et à critiquer les gouvernements des pays en développement, et qu'ensuite ces critiques ne soient jamais suivies de mesures d'aide concrètes, malgré les efforts et les sacrifices de ces pays.  La paix et la sécurité internationales seront de plus en plus mises en danger tant que ne sera pas respecté le droit au développement de tous les peuples.  Nous estimons que le rôle et le mandat des institutions de Bretton Woods devraient être revus.


Concernant la question du fossé numérique et des TIC, notre délégation pense que l'exclusion d'une partie du monde des bénéfices que peuvent générer ces outils est en train de créer une nouvelle forme de servage au niveau  mondial.   IL est impératif de mettre en place un système de relations internationales qui met au même niveau toutes les vies humaines et toutes les sociétés.  C'est seulement à cette condition que le monde pourra vivre dans la paix.


M. NORMAN NICHOLSON (Etats-Unis), à la lueur des derniers événements tragiques, a fait valoir qu’il importait de lutter contre le chaos, la faim, la peur et le désespoir qui mènent à la négation même du dialogue et du partenariat que sont les événements tragiques du 11 septembre dernier.  Ainsi, il importe de mettre au point une stratégie qui nous permette ensemble de mettre fin à la maladie et à la pauvreté.  Le représentant a tout d’abord réaffirmé l’appui des Etats-Unis aux efforts visant à soutenir la croissance économique mondiale et rappelé que la nouvelle donne économique mondiale avait changé la compréhension des processus de développement qui ne dépendent pas seulement du volume des flux financiers mondiaux mais de la bonne utilisation de ces ressources et aussi du développement des idées.  En outre, citant l’exemple de USAID, il a remarqué que l’on avait également assisté à une modification des sources des flux financiers, qui se sont grandement privatisés.  Reconnaissant toutefois l’importance de l’Aide publique au développement (APD), il a souligné la nécessité de diversifier le financement du développement en y associant les partenaires privés comme les organisations non gouvernementales.  La tendance récente a prouvé l’efficacité des partenariats, qui sont des structures plus souples et permettent de regrouper les efforts des gouvernements, des ONG, des fondations et des universités. 


Ainsi, les Etats-Unis, soucieux d’améliorer l’efficacité de l’aide, ont mis en place une “Alliance mondiale pour le développement” (Global Development Alliance—GDA) qui servira de nouveau modèle pour le financement du développement au XXIe siècle.  Cette Alliance tient compte du fait que les gouvernements et les institutions internationales ne sont plus les seuls ni même les principaux financiers du développement.  Ainsi, en 1999, sur les 50 milliards de dollars d’aide fournis par les Etats-Unis 36 milliards provenaient de flux privés de capitaux et de donations des ONG.  Le fonctionnement de l’Alliance mondiale pour le développement tirera profit de l’expérience acquise par USAID pour intervenir dans divers secteurs. Ainsi l’Alliance mondiale pour les vaccins a rassemblé quelque 750 millions de dollars en instaurant un partenariat entre la Fondation Gates, USAID, des institutions internationales comme la Banque mondiale, l’UNICEF, ainsi que des organisations de santé et l’industrie pharmaceutique. 


Par ailleurs, le représentant a fait valoir que les montants de l’aide sont liés aux situations économiques.  De ce fait, il est particulièrement important que les pays qui en dépendent mettent en place un environnement capable d’attirer l’investissement à la fois intérieur et étranger.  Dans ce contexte, l’Alliance mondiale pour le développement aura pour but de servir de levier et de catalyseur de l’Aide publique au développement (APD) et des sources privées de financement du développement.  Toutefois, il a insisté sur le fait que la responsabilité du développement incombait aux États eux-mêmes et que l’aide n’était pas une béquille mais un soutien ponctuel.  Ainsi les pays en développement doivent s’attacher à mettre en place des politiques économiques saines et à pratiquer une bonne gouvernance.  En conclusion, il a souligné que cette approche, prenant en compte toutes les sources de financement du développement, ne signifiait pas une désaffection vis-à-vis de l’importance de l’APD.  Toutefois, compte tenu de l’échec de l’APD à régler les problèmes du développement, il a estimé que la communauté internationale devait trouver les moyens d’instaurer une collaboration plus large englobant les entreprises privées. 


M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) a mis l’accent sur la “nouvelle Initiative pour l’Afrique”, dans laquelle les gouvernements africains ont identifié les conditions préalables au développement durable de leur continent.  Parmi celles-ci, le représentant a cité le règlement pacifique des conflits et la promotion des valeurs démocratiques et d’une gouvernance transparente.  Les gouvernements africains n’entendent pas, par cette Initiative, tourner le dos au Nord, a souligné le représentant.  Ces pays, a-t-il dit, attendent de ce dernier un partenariat qui garantit à leurs efforts des mesures d’appui appropriées. 


Parlant du commerce, le représentant a salué la libéralisation du marché mondial et le principe d’un système commercial fondé sur des règles.  Ce processus, a-t-il néanmoins prévenu, doit être équitable et pouvoir offrir aux pays en développement des opportunités commerciales dans les secteurs et les produits pour lesquels ils ont un avantage comparatif. 


Nous ne voulons pas d’un système qui ne fait que pérenniser les inégalités existantes en offrant des bénéfices dans des domaines où les pays en développement ne sont pas compétitifs.  En ce qui concerne les investissements, le représentant s’est dit convaincu qu’avec l’appui du Nord et la détermination du Sud à rester sur la voie du développement durable, il est possible de créer des conditions favorables.  Il a enfin souligné l’importance d’aborder les questions de l’architecture financière internationale et de la gouvernance mondiale.


M. SUN JOUN-YUNG (République de Corée) a déclaré que la mondialisation n'est plus un choix, mais une réalité incontournable à laquelle tous les pays doivent faire face.  S'il est vrai que beaucoup de pays ont, grâce à l'ouverture des marchés, aux avancées technologiques et à la bonne gouvernance, tiré des bénéfices de la mondialisation, beaucoup de pays en développement qui n'ont pas eu les moyens de s'intégrer à ce phénomène, sont eux devenus beaucoup plus marginalisés.  Etant donné les difficultés structurelles et financières que connaissent ces pays, et que vient aggraver le fossé numérique, les disparités de développement risquent d'être encore plus criardes, à moins que la communauté internationale ne prenne des actions concertées et ne mette en place de véritables partenariats.  Lors du Sommet du millénaire, qui s'est tenu au mois de septembre dernier, les dirigeants du monde ont clairement exprimé leurs soucis concernant les obstacles auxquels font face les pays en développement sur la question de la mobilisation des ressources pour le développement. Les Chefs d'Etat et de gouvernements ont alors décidé de créer un environnement qui soit beaucoup plus favorable à la lutte contre la pauvreté et au développement.  A cet égard, la République de Corée accorde une importance particulière à la tenue de la Conférence internationale sur le financement du développement, qui aura lieu à Monterrey au Mexique au mois de mars prochain.  La libéralisation de l'économie ayant donné naissance à de nouveaux acteurs influents sur la scène internationale, nous sommes d'avis que le succès de cette conférence dépendra largement autant de la participation et des apports de la société civile et du secteur privé, que de ceux des parties prenantes institutionnelles que sont le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale, et l'Organisation mondiale du commerce (OMC).  Il est vital, à notre avis, qu'un engagement ferme soit pris aux niveaux national et mondial pour améliorer la coopération et la cohérence des politiques entre les diverses parties prenantes.  Les donateurs et la communauté internationale devraient, d'autre part, mieux soutenir les efforts que font les pays en développement en matière d'amélioration de leur gouvernance et de promotion d'un environnement plus favorable à l'investissement et à la mobilisation des ressources.


Concernant les TIC, nous pensons que l'expansion du fossé numérique peut profondément miner les potentialités de développement des pays en développement.  Pour faire face à ce défi, des politiques audacieuses de développement des ressources humaines et des capacités institutionnelles doivent être adoptées.  Dans le secteur public, des règles et des instruments de régulation devraient être conçus, pour favoriser le développement des infrastructures et de contenus locaux en matière de TIC, et pour attirer l'investissement.  Notre délégation accueille favorablement la création d'un groupe de travail sur les TIC et attend le résultat de ses travaux.  Nous soutenons aussi la décision prise par l'Union internationale des télécommunications (UIT) de convoquer un Sommet mondial sur la société de l'information, et espérons que cette rencontre permettra de débattre des questions complexes liées aux TIC.  La République de Corée pense que les Nations Unies ont un rôle important à jouer pour promouvoir l'usage de ces technologies dans le développement et la lutte contre la pauvreté.


M. MOHAMED BENNOUNA (Maroc) a rappelé que les préparatifs de la Conférence sur le financement du développement, prévue pour mars 2002, font ressortir la nécessité d’une action internationale pour assurer la stabilité économique et sociale des pays et circonscrire les menaces de crises récurrentes pouvant s’étendre à l’ensemble du globe, aidées par la mondialisation de l’économie et la globalisation des marchés.  En effet, il est urgent d’adopter une stratégie permettant de mobiliser les ressources et de conjuguer les efforts pour financer le processus de développement.  À ce jour, il convient d’accorder la priorité à la mobilisation des ressources nationales des pays en développement afin d’assurer la croissance économique et le développement social.  Il appartient aux États eux-mêmes de veiller à l’adoption de politiques macroéconomiques saines et l’établissement de dépenses sociales ciblées, l’instauration d’une bonne gestion des deniers publics et la création d’un climat favorable à l’investissement privé aussi bien national qu’étranger.  Toutefois, les efforts des pays en développement doivent être appuyés par la communauté internationale.  Ainsi, la réforme de l’architecture financière internationale se révèle nécessaire pour créer un climat de prévisibilité et de stabilité qui renforceraient les stratégies de développement et de croissance des pays en développement. 


Reconnaissant que les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) peuvent contribuer grandement au développement, M. Bennouna a déploré l’existence d’obstacles considérables aussi bien au niveau du financement, de la recherche ou de la protection de la propriété intellectuelle.  Il a mis l’accent sur la nécessité de réduire le fossé technologique par la mise en œuvre de politiques internationales appropriées en vue d’amorcer un cycle de progrès et d’émancipation pour les populations et les sociétés marginalisées dans le monde.  À cet égard, M. Bennouna a insisté sur le fait que les politiques nationales peuvent être décisives pour favoriser le développement des compétences et l’amélioration de l’accès de toutes les couches sociales aux technologies de l’information.  Mais ces politiques nationales demeurent insuffisantes si elles ne sont pas conjuguées à des actions internationales pour instaurer des règles plus équitables et procurer ces technologies aux pays moins nantis, pour leur permettre de les utiliser dans leur lutte contre la pauvreté, l’analphabétisme, et les autres handicaps socioéconomiques.  Ainsi des ententes et des mécanismes appropriés peuvent être instaurés entre les pouvoirs publics et le secteur privés.  En outre, il serait opportun que les conventions multilatérales et les accords internationaux relatifs aux transferts de technologies et à la protection des droits de propriété intellectuelle soient réactivés et adaptés pour permettre aux pays en développement de bénéficier des TIC à des conditions préférentielles et concessionnelles.  C’est dans cet esprit qu’il convient de concevoir un plan global à l’échelle planétaire incorporant les TIC dans tous les programmes de développement. 


M. SHEN GUOFANG (Chine) a souligné qu’à l’heure actuelle, les pays en développement sont les seuls à subir les conséquences néfastes de la mondialisation.  Il a donc jugé essentiel que la communauté internationale trouve, de toute urgence, les moyens d’intégrer ces pays à l’économie du XXIè siècle.  Il a, à cet égard, qualifié de décisive la gouvernance mondiale en dénonçant le fait que les systèmes financiers, commerciaux et économiques représentent trop souvent les intérêts des pays riches.  Il est temps, a-t-il dit, que les “vedettes de l’économie mondiale” réalisent les conséquences à long terme de leur politique sur la prospérité mondiale et reconnaissent la nécessité d’encourager la participation des pays en développement à l’établissement des “règles du jeu internationales”.  Soulignant l’importance d’un financement adéquat du développement, le représentant a rappelé le rôle de l’APD pour les pays qui ne parviennent pas à attirer les capitaux privés.  Il a donc appelé à la réalisation urgente de l’objectif de 0,7% du PNB pour l’APD et aussi à une simplification des procédures en cours pour réduire, a-t-il dit, le fardeau des pays bénéficiaires et rendre cette forme d’aide plus efficace. 


Reconnaissant aussi le rôle prépondérant des capitaux privés dont l’IED dans l’économie actuelle, le représentant a encouragé les pays en développement à entreprendre les réformes nécessaires et les pays développés, à prendre des mesures pour inciter les capitaux privés à se diriger vers les pays en développement.  Etant donné le rôle du commerce dans le financement du développement, le représentant a appelé à l’élimination des barrières commerciales avant d’aborder la question des TIC.  Il a jugé essentiel que la communauté internationale apporte un appui sous la forme de ressources financières et de technologies à des prix préférentiels pour renforcer l’accès des pays en développement à ces TIC.  Dans le même temps, a-t-il dit, il ne faut pas perdre de vue que l’évolution des TIC exige une mise en valeur constante des ressources humaines.  En cela, a-t-il conclu, les Nations Unies ont un rôle à jouer. 


M. ALEXANDRU NICULESCU (Roumanie) a déclaré que l'économie mondiale du XXIème siècle se caractérisait par un dynamisme accrû, une plus grande compétition au niveau mondial, et des interconnections croissantes entre les organisations et les entreprises.  La production industrielle devient quant à elle plus flexible et plus digitalisée, et la recherche et l'innovation occupent une place de plus en plus importante sur un marché de plus en plus concurrentiel, a remarqué le représentant.  La Roumanie pense que deux développements majeurs soutiennent les nouvelles mutations économiques: ce sont la croissance exponentielle de l'Internet, qui amplifie la mondialisation, et le pouvoir croissant de l'information, qui fait que la connaissance, les idées, et la capacité de mobilisation de cerveaux de qualité deviennent les principales ressources économiques et cependant virtuelles immatérielles, du monde.  Le commerce électronique, fruit de ces évolutions, est devenu le concept clef de la nouvelle économie et il est au cœur de toute création d'entreprise.  Loin de se limiter au commerce entre détaillant et client, le commerce électronique va connaître sa véritable révolution dans le domaine stratégique des échanges entre entreprises.  Mais pour se développer, le commerce électronique a besoin de puissantes infrastructures de communication que n'ont pas les pays en développement, et il a ensuite besoin de populations et d'individus maîtrisant de nouvelles techniques et de nouvelles capacités. C'est une nouvelle forme d'alphabétisation, qui exige de nouvelles attitudes, de nouveaux comportements.  La nouvelle économie est d'abord un affrontement et une compétition d'idées, d'innovations et de visions.


Nous pensons que les TIC peuvent libérer les potentiels de croissance à travers trois facteurs décisifs: le premier est celui du soutien catalyseur qu'elles peuvent apporter aux secteurs et outils de production traditionnels; le second se manifeste à travers l'accélération de l'investissement dans le domaine des TIC elles-mêmes, qui permet d'en faire baisser les coûts d'installation et de maîtrise et de les mettre au service de plus de pays et de sociétés.  Enfin, le troisième facteur est celui de l'effet d'entraînement qu'ont les TIC sur le reste de l'économie.  Le Sommet du Millénaire a permis de reconnaître que les secteurs de la santé, de l'éducation, des opportunités économiques, de la participation des femmes à la production, et de la protection de l'environnement, pouvaient énormément bénéficier de l'usage des TIC.  Ces technologies devraient être mises au service des pays en développement pour leur permettre d'améliorer la qualité de leurs ressources humaines, de rendre leurs entreprises plus compétitives et d'accélérer leur développement économique et social.


M. JORGE EDOURDO NAVARRETE (Mexique) a estimé que tout en ayant créé de nouveaux modes de développement et de coopération, la mondialisation renforce la nécessité de veiller à l’intégration de tous au sein des sociétés nationales et de tous les pays au sein de la communauté des nations.  S’il apparaît que tous les pays n’ont pas pu tirer parti également de la mondialisation, au sein des sociétés nationales, la mondialisation a également favorisé ceux qui sont le mieux éduqués, sapant ainsi la cohésion nationale et internationale.  Jusqu’à présent, la mondialisation n’a pas permis de combler le fossé du développement ni d’égaliser les chances.  Elle s’est contentée de renforcer les circuits existants, ainsi que d’accélérer les tendances à la récession, comme on l’a vu au début de la semaine par les répercussions des décisions de baisser leur taux d’intérêt prises par les Etats-Unis et l’Union européenne. 


Le représentant s’est déclaré convaincu que la coopération est le seul moyen de favoriser l’intégration de tous les pays à la communauté mondiale.  Pour ce faire, il faut mettre au point une stratégie mondiale portant sur la dette, la coopération internationale et le financement du développement.  Il importe de comprendre la nature et les conséquences de l’interdépendance croissante de l’économie mondiale.  Il faut également prendre la mesure de l’influence des décisions nationales sur l’économie mondiale.  Afin de forger une alliance mondiale favorisant une mondialisation plus équilibrée et plus participative, il faut instaurer un dialogue visant à favoriser l’intégration.  Dans cette optique, le représentant a appelé tous les pays et institutions internationales ainsi que les organisations non gouvernementales à participer pleinement au processus préparatoire de la Conférence mondiale sur le financement du développement, dont le Mexique attend beaucoup. 


M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a déclaré qu’avec les autres pays africains, l’Algérie partage l’opinion contenue dans la nouvelle Initiative africaine adoptée au mois de juillet dernier par la Réunion au sommet de l’OUA qui considère que le redressement de l’Afrique et des pays en développement, en général, incombe en tout premier lieu aux pays concernés à travers l’adoption de politiques économiques et budgétaires saines et de pratiques sociales synonymes de bonne gouvernance.  Mais l’Afrique et l’Algérie estiment aussi, a souligné le représentant, que ce redressement nécessite en phase d’impulsion initiale, un accompagnement qui, en termes de ressources, doit provenir de l’augmentation en volume de l’APD, des investissements privés directs et surtout, de


l’approfondissement et de l’élargissement des mesures d’allègement de la dette extérieure.  Ce processus d’allègement doit revêtir, selon le représentant, la forme d’une conversion sociale de la dette qui profiterait au premier chef aux dépenses publiques nécessaires au développement humain. 


Dans ce cadre, le représentant a souligné l’importance que son pays attache à la consolidation de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) et à son élargissement par l’allocation de ressources additionnelles en prélude au lancement d’une initiative visant à l’allégement de la dette des autres pays, “hâtivement” qualifiés de pays à revenus intermédiaire et qui abritent pourtant la plus grande proportion de la population concernée par l’objectif de réduction de la pauvreté que la communauté internationale veut atteindre en 2015.


M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a déclaré que le processus de mondialisation se caractérisait d'abord par ses asymétries, qui font qu'un petit nombre de pays en sortent grands bénéficiaires, alors que la majorité des pays de la planète sont appauvris par ses mécanismes actuels.  Le modèle dominant à créé des aspirations de consommation et la recherche de modes de vie qui sont hors de portée de la majorité des peuples et ne sont pas durables et soutenables sur les plans social, culturel, politique et environnemental.  Les pays en développement sont convaincus que leurs efforts d'intégration à l'économie mondiale ont peu de chance d'aboutir si un nouvel environnement qui leur soit plus favorable n'est pas mis en place au niveau international pour leur permettre de minimiser les coûts de cette intégration et d'en maximiser les bénéfices éventuels.  Ceci ne peut se faire qu'en créant pour chaque pays un cadre d'intégration individuelle qui réponde à ses réalités propres et à son niveau individuel de développement en tenant compte de la capacité de ses institutions et de ses outils de production à se mettre au diapason des règles du nouveau jeu, basé sur la compétition.   Le système de commerce multilatéral se caractérise par des inégalités inacceptables, dont le fonctionnement a, à ce jour, bloqué l'accès aux marchés du Nord aux productions des pays en développement.  Ce fait est évident dans les domaines où les pays en développement ont des avantages comparatifs indéniables, comme les textiles et l'agriculture.  Les mesures anti-dumping, les subventions agricoles, et d'autres mesures arbitraires mises en place par les pays riches faussent les règles du jeu, alors que dans le même temps, ces mêmes pays s'approprient les connaissances traditionnelles des pays du Sud dans les domaines de la médecine, de la musique et des produits d'usage courant sans leur verser des royalties.  Certains pays s'arrogent le droit d'imposer des règles au sein de l'OMC et de s'en servir à leur propre profit, alors que les pays pauvres n'ont même pas droit à la parole.


Concernant la question des ressources, il est regrettable que l'APD et les flux de capitaux privés soient constamment en baisse, alors qu'ils sont indispensables à la croissance et au développement des pays en développement.  Quant à la dette, tout en se félicitant des mesures prises dans le cadre de l'initiative PPTE, le Pakistan pense que celle-ci vient trop tard et que ses objectifs sont trop limités.  En plus, cette initiative n'aborde pas la question de la dette des pays à revenu intermédiaire, dont certains ont un endettement aussi sévère que celui des pays les plus pauvres.  Nous pensons que l'ONU pourrait, en accord avec les institutions de Bretton Woods, trouver des options viables sur cette question.  Pour le Pakistan, seul un consensus mondial pourra permettre de faire face aux problèmes multiples que pose la mondialisation.


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