AG/1174

L’ASSEMBLEE GENERALE APPROUVE LE STATUT DE L’ECOLE DES CADRES DES NATIONS UNIES

12/07/2001
Communiqué de presse
AG/1174


Assemblée générale

107ème séance plénière - après-midi


L’ASSEMBLEE GENERALE APPROUVE LE STATUT DE L’ECOLE DES CADRES DES NATIONS UNIES ET POURSUIT L’EXAMEN DE LA PRÉVENTION DES CONFLITS ARMÉS


Elle décide d’examiner à sa prochaine session l’application du

Programme d'action en faveur des pays les moins avancés pour la Décennie 2001-2010


L’Assemblée générale a poursuivi, cet après-midi, son débat sur la prévention des conflits armés après avoir adopté à l’unanimité deux résolutions concernant respectivement la Troisième conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés et les activités des Nations Unies dans le domaine de la formation et de la recherche.  L’Assemblée a décidé d'inscrire à l'ordre du jour provisoire de sa cinquante-sixième session une question intitulée «Application du Programme d'action en faveur des pays les moins avancés pour la Décennie 2001-2010», aux termes d’une résolution adoptée à l’unanimité.  Dans le cadre de son segment sur la formation et la recherche, l'Assemblée générale a ensuite adopté à l'unanimité une résolution sur le "Statut de l’École des cadres du système des Nations Unies, Turin (Italie)"approuvant le statut de l’École des cadres, et priant tous les organes concernés de prendre rapidement toutes les dispositions administratives, institutionnelles et logistiques nécessaires pour assurer un démarrage sans heurt des activités de l’École à compter du 1er janvier 2002.  Le représentant de la Roumanie a pris la parole au titre de ce texte. 


Poursuivant leur débat sur la prévention des conflits armés, les délégués ont estimé que la prévention est d’autant plus efficace qu’elle intervient tôt, tient compte des facteurs sociaux, économiques, politiques et culturels et prend en compte les initiatives élaborées par les acteurs locaux.  Les représentants de pays des régions africaine, asiatique et européenne ont évoqué les atouts des organisations régionales et sous-régionales dans la préventions des conflits armés.  Ces organisations ont une connaissance approfondie du terrain et des intérêts en jeu, ce qui leur permet de déterminer les points susceptibles de provoquer un conflit et de résoudre les problèmes avant qu’ils ne deviennent incontrôlables.  Pour sa part, la représentante du Kazakhstan s’est déclarée convaincue que les Nations Unies ont un rôle clef à jouer dans la prévention des conflits armés.  Elle a appuyé la proposition visant à ce que le Conseil envisage la possibilité de créer un mécanisme lui permettant d’assurer plus efficacement ses responsabilités en matière de prévention des conflits. 


La prévention des conflits et le développement durable se renforcent mutuellement, a-t-il également été souligné.  Les représentants ont ajouté qu’une stratégie de prévention efficace doit s’attaquer aux causes structurelles de tension grâce à une bonne gouvernance, le règne de l’état de droit, de la démocratie, du respect des droits de l'homme et de la reditionnalité des responsables politiques.  Toutes ces mesures doivent absolument être renforcées par un ferme engagement des acteurs locaux et régionaux en faveur des méthodes pacifiques de règlement et de la prévention.  Toutefois, le représentant du Pakistan mais n’a pas adhéré pas à l’analyse selon laquelle ces causes sont essentiellement économiques, sociales ou culturelles, estimant qu’elle revient à reléguer les symptômes politiques des conflits au second plan.  Lorsque les Etats pensent pouvoir tirer profit de conflits, il y a toutes les chances que des conflits éclatent, a ajouté le représentant de la Lituanie.  Il a suggéré que le Conseil de sécurité, avec la communauté des affaires, développe des mesures visant à réduire plus efficacement les profits économiques retirés de la guerre et de lutter contre l’exploitation illégale des ressources naturelles, qui alimentent les conflits armés. 


Les représentants des pays suivants ont pris la parole : Australie, Kazakhstan, Sierra Leone, Guatemala, République populaire démocratique de Corée, Pologne, Norvège, Canada, Brésil, Lituanie, Pérou, Uruguay, Pakistan, Jamaïque, Chili, Liechtenstein, Cuba, Roumanie, République arabe syrienne, Israël, Indonésie, Japon, Fédération de Russie, Népal, Algérie, Venezuela et Inde.  Les représentants de l’Observateur de la Palestine et de l’Observateur de la Suisse ont également participé au débat. 


L’Assemblée générale achèvera son débat sur la prévention des conflits armés demain, vendredi 13 juillet, à 10 heures. 


ADOPTION DE RESOLUTIONS


Résolution A/55/L.89


Aux termes d’une résolution sur le "Statut de l’École des cadres du système des Nations Unies, Turin (Italie)" (A/55/L.89), présenté par l’Italie, adoptée à l’unanimité, l’Assemblée générale a réaffirméle rôle de cette Ecole en tant qu’institution de gestion du savoir à l’échelle du système des Nations Unies, ainsi que de formation et d’apprentissage du personnel du système, notamment dans les domaines du développement économique et social, de la paix et de la sécurité et de la gestion interne du système.  Elle a accueilliavec satisfactionles consultations tenues dans le cadre du Comité administratif de coordination visant à faire de l’École des cadres un mécanisme novateur propre à renforcer la coopération et la cohérence entre les différents organismes du système, notamment la coordination à l’échelle du système de l’application de la Déclaration du Millénaire qu’elle a demandée dans sa résolution 55/162 du 14 décembre 2000.


L’Assemblée générale a approuvéle statut de l’École des cadres qui figure en annexe du projet de résolution, en prianttous les organes concernés de prendre rapidement toutes les dispositions administratives, institutionnelles et logistiques nécessaires pour assurer un démarrage sans heurt des activités de l’École à compter du 1er janvier 2002. 


Le Statut de l’École des cadres du système des Nations Unies, qui figure en annexe de la résolution, énonce deux séries d’objectifs: transmission et gestion du savoir pour instaurer une culture de gestion cohérente à l’échelle du système des Nations Unies; organisation des activités en fonction des besoins formulés par les organismes des Nations Unies, en étroite collaboration avec les institutions de formation et de perfectionnement et d’autres organismes du système ayant même vocation, la collaboration avec des organismes compétents en dehors du système étant aussi prévue.  Le Directeur et le personnel de l’École des cadres seront des fonctionnaires de l’Organisation des Nations Unies et il pourra être fait appel à un nombre restreint de personnes qualifiées pour exercer des fonctions de collaborateur associé ou de consultant.


En ce qui concerne les dispositions financières, il est prévu un budget biennal et aussi la possibilité de recevoir des contributions volontaires de la part de gouvernements, d’organisations intergouvernementales, ainsi que de fondations et d’autres sources non gouvernementales. Il est précisé que l’École des cadres organise des cours et d’autres activités en vertu de son mandat moyennant paiement.  L’École des cadres, qui fera partie de l’Organisation des Nations Unies, jouira du statut et des privilèges et immunités qui en découlent.


Résolution A/55/L.88


Aux termes d'une résolution présentée par le représentant du Bangladesh et adoptée à l’unanimité sur le "Programme d'action en faveur des pays les moins avancés pour la Décennie 2001-2010" (A/55/L.88), l'Assemblée générale, a souscrit à la Déclaration et au Programme d'action de Bruxelles en faveur des pays les moins avancés pour la Décennie 2001-20102, adoptés par la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés, tenue à Bruxelles du 14 au 20 mai 2001, et a décidé d'inscrire à l'ordre du jour provisoire de sa cinquante-sixième session une question intitulée « Application du Programme d'action en faveur des pays les moins avancés pour la Décennie 2001-2010».


Suite du débat général sur la prévention des conflits armés


Mme PENNY WENSLEY (Australie) a considéré que l’action préventive doit s’attaquer aux multiples causes qui engendrent un conflit ou y contribuent.  L’analyse des causes doit cependant être assortie d’actions appropriées pour y remédier.  L’Australie se félicite de l’importance accordée aux droits de l’homme dans la prévention des conflits, soulignée dans les recommandations 16 et 17 du rapport.  Il est aussi important, selon elle, que les Nations Unies continuent de renforcer leur capacité à réagir rapidement face à une crise naissante.  Le Secrétariat joue un rôle important en ce domaine et le Conseil de sécurité doit se montrer plus proactif dans sa façon d’aborder les conflits.  Il est indispensable, de traiter les crises à mesure qu’elles se produisent, mais cela ne doit pas être fait aux dépends des programmes de développement à long terme qui fondent la paix durable.  Elle a noté que le PNUD est appelé à jouer un rôle important dans la prévention des conflits, et a mis l’accent sur le rôle des ONG.


En appuyant l’approche globale intégrée, le gouvernement australien est conscient des responsabilités que doivent prendre les gouvernements nationaux.  Les organisations régionales sont aussi importantes dans ce domaine, car elles ont une perception accrue des conflits.  En ce qui concerne les stratégies régionales, Mme Wensley a cité le programme de prévention de l’ANASE, ses membres étant tombés d’accord sur trois étapes en matière de prévention des conflits.  Dans la sous-région du Pacifique Sud, à Bougainville, l’Australie reste engagée dans l’équipe de surveillance de la paix, de même que dans les îles Salomon.  Au Timor, elle considère que les Nations Unies ont montré comment elles peuvent aider la résolution de situations très graves.  Nous devons continuer à apporter cette aide au Timor oriental, a-t-elle déclaré.  S’agissant de la prolifération des armes légères, elle a estimé que chacun sait quelle est sa part dans le maintien des conflits et donc a conscience de l’importance de s’y attaquer.  Par ailleurs, à son avis, les femmes affectées par les conflits armés doivent bénéficier d’une meilleure protection et il faut aussi associer celles-ci au processus de paix.  Il faut accorder une perspective plus grande aux aspects sexospécifiques dans la prévention des conflits.  Cette prévention doit enfin être traitée de façon intégrée, par tous les acteurs, a-t-elle conclu.


Mme MADINA JARBUSSYNOVA (Kazakhstan) a dit que le débat d’aujourd’hui contribuera à l’élaboration d’une stratégie de la part de la communauté internationale dans le domaine de la prévention des conflits armés.  Le Kazakhstan estime que la prévention des conflits peut s’avérer tout à la fois financièrement avantageuse, sauver des vies et encourager un environnement favorable au développement.  Tout en reconnaissant avec le Secrétaire général que les Etats ont la responsabilité première de la prévention des conflits armés, la représentante s’est dite convaincue que les Nations Unies y ont aussi un rôle clef à jouer.  Partant, le Conseil de sécurité a besoin de la pleine et entière coopération de tous les organes des Nations Unies.  Elle a espéré aussi que le Conseil donnera rapidement suite aux recommandations qui lui ont été adressées dans le rapport du Secrétaire général.  Elle a appuyé la proposition visant à ce que le Conseil envisage la possibilité de créer un mécanisme lui permettant d’assurer plus efficacement ses responsabilités en matière de prévention des conflits. 


Le Kazakhstan se réjouit de la recommandation de développer des stratégies régionales impliquant les acteurs régionaux dans la prévention à long terme.  Cette proposition revêt pour mon pays, et pour lui et pour ses voisins d’Asie centrale, une importance particulière, compte tenu du danger d’expansion du conflit en Afghanistan.  La représentante a réitéré l’appel lancé par son Président pour que le Conseil de sécurité tienne une réunion spécial sur la situation en Afghanistan et en Asie centrale.  “Une telle initiative devrait marquer l’adoption par la communauté internationale de mesures politiques, économiques et humanitaires pour stabiliser la situation”, a ajouté

Mme Jarbussynova, précisant que la réalité exige que la communauté internationale développe un nouveau concept de règlement de la question afghane, comprenant une intervention internationale et la mobilisation de ressources financières et matérielles. 


M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) a déclaré que la paix, la démocratie et le développement sont intimement liés.  En conséquence, la prévention des conflits à l’intérieur des Etats exige l’établissement d’institutions démocratiques solides, qui préservent l’Etat de droit et promeuvent les droits fondamentaux de l’homme, y compris le droit au développement.  Les Etats et les gouvernements nationaux ont la responsabilité première de réaliser cet objectif.  A cet égard, cette semaine lors du Sommet de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), les dirigeants africains se sont, dans le cadre d’une initiative historique, engagés, entre autres, à renforcer les mécanismes de prévention des conflits du continent, à promouvoir et préserver la démocratie et les droits de l’homme.  Mais pour que ces efforts soient couronnés de succès, il faudra que l’environnement international soit favorable, en particulier pour ce qui est du commerce international et de l’élimination du fardeau de la dette, a averti le représentant. 


Abordant le rôle spécifique de l’Assemblée générale dans la prévention des conflits armés, M. Kumalo a estimé que ce forum universel unique a un rôle important à jouer concernant plus particulièrement la création et la préservation de valeurs et de normes mondiales.  Sur le plan pratique, l’Assemblée générale peut aussi fournir un appui politique et financier aux efforts visant le renforcement des capacités régionales de prévention et de règlement des conflits.  A cet égard, des efforts encore être déployés pour que la coopération entre les acteurs régionaux des Nations Unies se concentre davantage sur les domaines clefs que sont l’analyse et l’échange d’informations et les capacités d’alerte des organisations régionales.  Partie intégrante d’une stratégie plus large de prévention des conflits, la consolidation de la paix est une tâche complexe et coûteuse qui pose d’importants défis.  Les relever exige des efforts unifiés et un engagement à long terme et de l’avis de l’Afrique du Sud, l’Assemblée générale est idéalement placée pour garantir que les efforts de la communauté internationale vont dans la même direction.  La pauvreté et le sous-développement constituant un terrain fertile pour les conflits, l’ECOSOC a aussi un rôle plus actif à jouer en matière de prévention.  Il peut notamment aider à l’élaboration de stratégies à long terme s’attaquant aux causes profondes des conflits.  Le représentant a aussi insisté sur le rôle que peut jouer le Secrétaire général en matière de prévention des conflits.  A cet égard, il l’a appelé à continuer d’améliorer l’efficacité des instruments d’analyse et d’alerte précoce de l’Organisation.  En dernier ressort toutefois, a prévenu M. Kumalo, le succès de la prévention dépend de la volonté politique de la communauté internationale d’éliminer les menaces à la paix et à la sécurité internationales.  Et ceci exige que les Etats Membres revoient leur notion d’intérêt national pour tenir compte d’un nouveau concept de sécurité où l’accent est mis sur la sécurité des êtres humains.


M. ALLIEU IBRAHIM KANU (Sierra Leone) a dit que toute analyse de conflit doit comprendre un examen des causes sous-jacentes en accordant la priorité aux variables politiques, sociales et économiques.  A cet égard, nous convenons avec le Secrétaire général que la prévention des conflits et le développement durable et équitable sont liés et se renforcent mutuellement, a-t-il observé.  En ce qui concerne le rôle du Conseil de sécurité, il a appuyé les mesures suggérées par le Secrétaire général dans son rapport sur la prévention des conflits armés, en particulier les mesures concernant les cas d’alerte rapide.  Pour ce qui est du rôle de la Cour internationale de justice, le représentant a déclaré qu’elle intervient en cas de différends entre Etats ou organisations internationales, autrement dit en cas de différends de caractère international.  Il a estimé qu’en cas de différends sans caractère international, tels que la rébellion de groupes armés au sein d’un Etat, l’établissement de tribunaux et de cours spéciaux pour les pays émergeant de conflits est un moyen efficace de prévenir les conflits armés.  Il a appuyé la proposition de créer un Bureau des Nations Unies en Afrique de l’Ouest.  Le représentant a fortement appuyé la recommandation 9 du rapport visant à renforcer le rôle traditionnel de prévention revenant au Secrétaire général.  Se disant favorable au contrôle de la fabrication, le transfert et le stockage des armes légères et de petit calibre, le représentant a souhaité qu’il y ait une plus grande transparence entre les Etats Membres en ce qui concerne la fabrication et le commerce de ces armes.  Toutefois, a déclaré le représentant, nous affirmons le droit légitime des Etats à acquérir des armes destinées à une utilisation légitime, leur droit à une défense individuelle ou collective et leur devoir de protéger leurs citoyens.  Nous appuyons également le droit de toute personne à porter des armes afin de défendre ses droits individuels, a-t-il ajouté. 


M. ROBERTO LAVALLE VALDES (Guatemala) a abordé la question de la distinction entre les conflits armés interétatiques et les conflits armés intraétatiques, ces derniers étant actuellement les plus nombreux.  Les méthodes de règlement de ces conflits sont différentes, et il en est de même pour les méthodes de prévention, a estimé le représentant.  En outre, il considère que la distinction a une influence sur l’application de la Charte des Nations Unies.  Le rapport recouvre néanmoins les deux catégories de conflit sans indiquer comment faire la distinction entre elles.  Cela reflète les déclarations du Président du Conseil de sécurité des

30 novembre 1999 et 20 juillet 2000, qui ne distinguaient pas entre les deux types de conflits armés, indiquant toutefois que la prévention des conflits interétatiques intéressait plus directement le Conseil.  Il a noté que les recommandations du rapport peuvent s’appliquer aussi bien à l’un à l’autre des types de conflits armés, certaines ne pouvant cependant s’appliquer qu’aux conflits entre Etats.  Dès lors, il aurait apprécié qu’une différence soit faite entre les conditions d’application.  Par ailleurs, au paragraphe 27 du rapport, il a regretté qu’on ne mentionne pas les initiatives prises par l’Assemblée générale relative aux modalités de règlement des conflits entre Etats spécifiées dans l’article 33 de la Charte, comme les normes types sur l’arbitrage.  En outre, il a estimé qu’une importance plus grande aurait pu être donnée à la Déclaration sur la prévention et le règlement des conflits et des situations susceptibles de menacer la paix et la sécurité internationales et sur le rôle des Nations Unies dans ce domaine, qui figure en annexe de la résolution 43/51.  Cette Déclaration n’est citée qu’au paragraphe suivant, en rapport avec le rôle de l’Assemblée générale.


M. LI HYONG CHOL (République populaire démocratique de Corée) a évoqué ce qu0il qualifie de désir commun de l’humanité de vivre ce nouveau siècle dans la paix et la prospérité.  Il a souligné l’importance de fonder les relations internationales sur les principes de respect de la souveraineté et de non-ingérence dans les affaires internes des pays tiers.  Il a noté que persistent des violations de la souveraineté sous la forme d’attaques militaires, d’embargo économique et de pression politique, sous le couvert d’interventions motivées par les rivalités entre groupes politiques et ethniques perdureront.  Ce qui est à l’origine de nombreux conflits armés ces dernières années.  Il a considéré comme nécessaire de créer un environnement international favorable au développement durable, encourageant une plus grande aide publique au développement. 


Concernant la résolution pacifique des conflits, il faut que la négociation soit le principe, a-t-il déclaré.  Le représentant a considéré comme importante l’amélioration du rôle des Nations Unies dans la prévention des conflits armés, en renforçant le rôle de l’Assemblée générale et en assurant l’impartialité des activités du Conseil de sécurité.


M. JANUSZ STANCYK (Pologne) a estimé que la réflexion solide et complète présentée par le Secrétaire général dans son rapport, si elle est pleinement mise en oeuvre, contribuera de manière significative au renforcement des capacités de l’ONU en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Le rôle clef que joue la prévention dans ce domaine y est à juste titre souligné.  Nul ne peut nier que les coûts associés à la prévention sont beaucoup moins élevés que les dommages et destructions causées par les conflits.  Dans la mesure où l’ONU a un rôle particulièrement important à jouer en matière de prévention des conflits, il est urgent d’améliorer la coopération au sein du système.  A cet égard, la Pologne attend avec intérêt la mise en oeuvre des recommandations visant à harmoniser les activités de prévention du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale.  Il est d’une grande importance que les résolutions du Conseil soient appliquées efficacement, notamment celles relatives à des embargos sur les armes imposés aux parties à un conflit. 


De son côté, la communauté internationale devrait accorder une plus grande attention à la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales.  La Pologne appuie toutes les mesures visant à améliorer cette coopération, qui peut s’avérer un outil très utile de prévention des conflits.  La communauté internationale devrait aussi faire tout son possible pour réduire le fossé entre les privilégiés et les déshérités, qui concrètement se traduit par un accès inégal à l’éducation, la santé et l’alimentation; autant de conditions qui peuvent rapidement conduire à des explosions de violence.  Sur ce point, le représentant a salué le caractère large de l’approche adoptée par le Secrétaire général dans son rapport et il a considéré tout à fait justifiée la proposition visant à ce que le Conseil économique et social, lors de sa session de fond annuelle, se penche sur la question des causes profondes des conflits et du rôle du développement dans la prévention à long terme.  Il convient de ne pas oublier que les violations des droits de l’homme sont aussi à la source de nombreux conflits, a prévenu M. Stanczyk.  Aussi les activités de prévention ne seront vraiment efficaces que si les mécanismes des Nations Unies en matière de droits de l’homme y sont pleinement associés.  La prévention des conflits devrait effectivement comprendre la promotion de tous les droits de l’homme, y compris les droits sociaux.  Ce qui a amené le représentant à insister également sur l’importance des stratégies de développement.  Les tensions et les frustrations sociales pouvant engendrer conflit et instabilité, des programmes sociaux et économiques pour réduire la pauvreté devraient être partie intégrante de la nouvelle culture de prévention.   Les recommandations du rapport du Secrétaire général montrent de manière cohérente la voie à suivre pour traduire les engagements politiques en actions.  Ce dont il est besoin désormais, c’est d’une ferme volonté politique de la part de la communauté internationale pour les appliquer. 


Mme KRISTIN HELENE JORGENSEN HAFSELD (Norvège) a estimé que la prévention des conflits doit être une « propriété nationale ».  Pour être efficace, elle doit s’appuyer sur une compréhension des causes locales et sous-jacentes de chaque conflit.  La communauté internationale devrait mettre l’accent sur l’assistance, en particulier en matière de renforcement des capacités.  Le succès des stratégies préventives dépend aussi de la coopération entre les nombreux acteurs du système des Nations Unies.  La Norvège estime qu’il faut renforcer la politique générale des Nations Unies et favoriser une coopération plus étroite entre le système des Nations Unies consacré au développement et leur appareil politique, principalement au niveau local.  Il est important que les Nations Unies soient présentes dans chaque pays afin de mener à bien, au plus tôt, une action de prévention des conflits.  Les actions préventives doivent aussi s’appuyer sur des initiatives et une participation au niveau local.  Mme Hafseld s’est félicitée du fait que les organisations régionales et sous-régionales renforcent également leur capacité dans le domaine de la prévention des conflits armés.  Elle a préconisé une étroite coopération avec les institutions de Bretton Woods.  Soulignant le rôle aggravant de la cupidité et de l’appât du gain, la représentante a noté que pauvreté générale et conflits armés vont main dans la main dans des pays riches en ressources.  Elle a insisté sur la responsabilité des Etats Membres dans la mise à disposition de ressources financières au plus tôt ou avant même l’explosion d’un conflit, afin de permettre aux Nations Unies de passer rapidement à l’action.  La prévention des conflits et le développement durable étant liés, Mme Hafseld a également estimé qu’un renversement de la tendance à la baisse de l’aide publique au développement (APD) serait un signal clair de l’engagement de la communauté internationale en faveur de la prévention des conflits armés. 


M. GELSON FONSECA (Brésil) a estimé que le rapport du Secrétaire général est porteur d’un message novateur, à savoir que toutes les activités des Nations Unies peuvent potentiellement contribuer à prévenir les conflits.  La recommandation visant à ce que l’Assemblée générale recoure plus activement aux pouvoirs que lui confèrent les Articles 10, 11 et 14 de la Charte suppose, de l’avis du Brésil, une réelle détermination et volonté politique de la part des Etats Membres, tant pour les situations qui demandent une action préventive que dans le cas de paralysie flagrante du Conseil de sécurité.  Afin d’améliorer l’interaction entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, le représentant a proposé de créer un groupe de travail de l’Assemblée qui constituerait un mécanisme permanent de suivi des recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général.  Le Brésil ne voit pas non plus d’obstacle à créer un organe subsidiaire du Conseil de sécurité sur la prévention des conflits, à condition toutefois que les délégations y soient représentées au plus haut niveau. 


Tout en se félicitant des recommandations relatives aux armes conventionnelles et aux armes légères, le représentant a regretté que le Secrétaire général n’ait fait, dans son rapport, aucun cas du désarmement nucléaire et de son importance dans un contexte de prévention des conflits. 

Il a jugé impératif de continuer à progresser vers l’élimination des armes de destruction massive.  Il est indéniable que les conflits se nourrissent de l’inégalité, de la pauvreté et de la marginalisation et les stratégies de prévention des conflits, d’élimination de la pauvreté et de promotion du développement économique et social sont complémentaires.  C’est pourquoi le Brésil appuie fermement la recommandation visant à améliorer la coopération internationale et les ressources mises à disposition de l’aide au développement.  M. Fonseca a fait observer qu’il n’est pas rare aux Nations Unies de sentir une certaine frustration du fait du fossé entre la capacité à formuler des propositions et la rareté des ressources qui sont allouées pour les mettre en œuvre.


M. GEDIMINAS SERKSNYS (Lituanie) a déclaré que la prévention des conflits armés est la pierre angulaire de la sécurité collective mais que la condition de son efficacité est une définition plus large de la sécurité qui englobe les aspects structurels, économiques et sociaux.  Il a mis l’accent sur le développement, le rôle des organisations régionales et le rôle des Nations Unies dans une action préventive efficace.  Le représentant a estimé que la prévention des conflits et le développement durable se renforcent mutuellement. 

Une stratégie de prévention efficace doit s’attaquer aux causes structurelles grâce à une bonne gouvernance, au règne de l’état de droit, à la démocratie, au respect des droits de l’homme et à la reditionnalité des responsables politiques.  Toutes ces mesures doivent absolument être renforcées par un ferme engagement des acteurs locaux et régionaux en faveur des méthodes pacifiques de règlement et de la prévention.  A cet égard, M. Serksnys a estimé que les organisations régionales et sous-régionales jouent un rôle central car elles ont une connaissance intime et des intérêts qui leurs permettent de déterminer mieux que quiconque les points d’achoppement possibles et de résoudre les problèmes avant qu’ils ne deviennent incontrôlables.  Le représentant a suggéré d’examiner les causes économiques des conflits car lorsque les Etats pensent pouvoir tirer profit de conflits, il y a toutes les chances que des conflits éclatent.  Avec la communauté des affaires, le Conseil de sécurité devrait donc travailler à développer des mesures pouvant réduire plus efficacement les profits économiques retirés de la guerre et de lutter contre l’exploitation illégale des ressources naturelles, qui alimentent les conflits armés


M. ALFONSO RIVERO (Pérou) a souligné que la gestion des conflits internationaux implique une grande variété de stratégies et d’efforts qui vont au-delà d’une simple présence diplomatique et militaire ou d’une perception seulement sécuritaire.  Il a noté que le rapport met l’accent sur le fait que le caractère multidimensionnel des efforts visant à obtenir la paix et la sécurité internationales n’en fait pas un domaine réservé à seule instance sur la scène internationale.  L’ONU est seulement le principal acteur, entouré d’autres organisations internationales et régionales, de groupes d’Etats et de pays directement impliqués, ainsi que de la société civile des Etats affectés.  Leurs actions sont coordonnées, a-t-il remarqué.  De même, il a noté que, d’après le rapport, la prévention implique des interactions au sein des principaux organes.  Cela constitue, à son avis, une réponse aux Etats qui ne comprennent pas que le Conseil de sécurité soit l’instance exclusive qui mène une réflexion sur la conceptualisation et la philosophie de la lutte pour la paix internationale.  Il reste encore à définir le rôle qui peut être joué dans ce domaine par l’Assemblée générale et par le Conseil économique et social (ECOSOC).


De l’avis du représentant, l’Assemblée générale est l’organe le plus approprié pour dégager le consensus requis, fruit du dialogue et de la coopération entre le Conseil de sécurité et l’ECOSOC.  Le Pérou est persuadé que chaque organe des Nations Unies est capable d’établir un cadre spécifique d’action, intégrant ses propres idées aux recommandations du Secrétaire général.  Son représentant s’est par ailleurs félicité de l’accent mis par le Secrétaire général sur l’importance de la lutte contre la pauvreté et du développement économique.  De même, il estime que la détermination des causes des conflits est très importante.  Il considère en outre que le rôle des Nations Unies est essentiellement de soutenir les gouvernements nationaux dans leur recherche de solutions.  La participation de l’Etat qui accueille des missions de prévention est indispensable pour l’application des mesures préventives, a-t-il ajouté. 


M. JULIO BENITEZ SAENZ (Uruguay) a exprimé son accord avec les conclusions du rapport du Secrétaire général sur la prévention des conflits armés selon lesquelles la responsabilité fondamentale de l’action préventive incombe aux gouvernements nationaux qui, dans ce cadre, doivent s’attaquer aux causes profondes de nature socioéconomique, culturelle et environnementale. 


Il a déclaré que les Articles 10, 11 et 14 de la Charte confèrent un rôle particulièrement important à l’Assemblée générale, et dont elle doit faire un usage plus actif, en tant qu’organe possédant la plus large représentativité de l’Organisation des Nations Unies.  Le représentant a partagé les recommandations contenues dans le rapport en ce qui concerne le renforcement de son rôle traditionnel de prévention du Secrétaire général et la mise en place d’un «réseau informel de personnalités éminentes». 


Pour M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan), le rapport du Secrétaire général représente une base utile de discussion tant au sujet de son contenu que de ce qui manque.  Certaines des hypothèses qui y sont exposées se contredisent et si le Pakistan apprécie le fait que le rapport mette l’accent sur le rôle des Etats Membres dans la prévention des conflits armés, il n’est pas disposé à absoudre l’ONU des obligations que lui confère la Charte en matière de maintien de la paix.  Les Etats et la société civile ne peuvent pas être tenus pour seuls responsables de la prévention des conflits, en particulier lorsqu’il s’agit d’un conflit entre Etats.  C’est à cet organe international qu’est l’ONU que revient la responsabilité ultime de négocier et de faire respecter la paix. “Sans quoi, les Nations Unies n’auraient pas de raison d’exister”, a ajouté le représentant.  Le Secrétaire général a insisté sur la nécessité d’identifier les différends qui peuvent dégénérer en conflit mais la question qu’il faut poser, c’est de savoir comment concrétiser cet objectif.  Or, la triste réalité de cet organe mondial est que bien souvent les expédients politiques et les intérêts de quelques-uns prennent le pas sur l’intérêt collectif et dictent son ordre du jour.  La situation en Palestine et au Kashmir sont deux exemples qui illustrent bien l’apathie et l’inaction des Nations Unies, a poursuivi le représentant, ajoutant qu’après plusieurs décennies de conflit dans ces régions, l’ONU continue d’être un spectateur silencieux. 


Certes l’un des moyens de prévenir les conflits est de s’attaquer à leurs causes profondes.  Mais le Pakistan n’adhère pas à l’analyse selon laquelle ces causes sont essentiellement économiques, sociales ou culturelles, reléguant ainsi les symptômes politiques des conflits au second plan.  Or, les exemples de conflits engendrés par des facteurs politiques sont multiples.  “L’ONU devrait donc prendre garde à qu’un mauvais diagnostic ne la conduise pas à appliquer le mauvais traitement”.  C’est pourquoi, le Pakistan appuie la proposition visant à ce que l’Assemblée générale et le Secrétaire général assument un rôle plus actif en matière de prévention, en recourant aux mécanismes existants.


Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a rappelé que sa délégation a abordé directement au Conseil de sécurité, le 21 juin dernier, certaines recommandations du Secrétaire général visant à renforcer la capacité des Nations Unies sur la question de la prévention des conflits.  Elle a estimé que créer une culture de prévention exige que l’Assemblée générale utilise plus activement les pouvoirs qui lui sont dévolus en fonction des Articles 10, 11 et 14 de la Charte.  En effet, elle considère que l’Assemblée n’a pas fait pleinement usage des mécanismes à sa disposition, tels que la création d’un groupe d’experts pour les enquêtes et la conciliation.  Les réponses données par l’Assemblée générale doivent aussi intégrer des solutions en matière, entre autres, de désarmement, droits de l’homme et développement.  Aucun organe à lui seul n’a l’avantage de s’occuper de cas de conflits latents, a-t-elle fait remarquer.  En matière de prévention structurelle, elle estime que l’Assemblée générale doit examiner les moyens d’accroître l’interaction avec le Conseil de sécurité.  La collaboration est indispensable entre les organes des Nations Unies, les gouvernements et les sociétés civiles.  La Jamaïque appuie aussi l’appel en faveur d’un financement de la part de la communauté internationale afin d’augmenter l’aide au développement.


Mme Durrant a estimé que la capacité du Secrétariat de l’ONU doit aussi être renforcée, comme il est recommandé au rapport.  Elle a ajouté qu’il est nécessaire d’améliorer les moyens d’information qui permettent de contrecarrer les messages de haine incitant aux conflits.  La Jamaïque a souligné, à l’occasion de la Conférence sur le commerce illicite des armes légères et des petites armes, le lien qui existe entre la prolifération des armes légères et la menace grandissante à la sécurité personnelle, la bonne gouvernance, les droits de l’homme et la justice sociale.  La réponse que peut apporter l’ONU en matière de prévention doit être centrée sur différents facteurs, selon elle.  Il lui faut en effet élaborer des méthodes d’approche efficaces et s’attaquer aux facteurs politique, institutionnel et socioéconomique.  En outre, les Etats doivent être encouragés à prévenir les conflits et il faut créer un environnement propice en matière de développement.  La représentante a déclaré attendre avec intérêt le résultat des discussions sur la prévention des conflits armés qui ont lieu dans d’autres forums au sein de l’ONU.


M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a relevé que les méthodes préventives restent appliquées de façon très exceptionnelle.  Il a noté que le rapport souligne que la prévention est au coeur du mandat des Nations Unies et qu’il faut  donner sa juste place à l’ONU.  La rentabilité est l’un des principaux avantages de la prévention, a-t-il estimé.  Les souffrances humaines ne doivent pas pour autant être oubliées, les enfants privés d’avenir payant le prix le plus grand.  Il a rappelé que le développement durable est lié intimement avec la prévention.  Si la prévention est bien accomplie, a-t-il fait remarquer, elle passe facilement inaperçue et il est difficile d’en mesurer les succès.  Il semble aussi difficile d’aborder un problème avant qu’il n’existe.  De plus, le règlement des problèmes en cours passe en général avant la prévention.  C’est donc un domaine où les progrès sont faits à petits pas, a-t-il noté.  Selon lui, il faut mieux équiper le Secrétariat pour la prévention des conflits.  Il a considéré que l’instauration de la paix doit faire appel à une forte participation des femmes, en reconnaissant le rôle qu’elles peuvent jouer.  La désignation de femmes comme envoyées du Secrétaire général pourrait avoir un effet positif considérable, mais cela reste rare.  A son avis, il est important que les Etats mettent au point des mécanismes avant que certaines situations ne dégénèrent en conflits armés.  L’application de ces mécanismes ne doit pas saper la souveraineté des Etats mais au contraire la renforcer.  Enfin, il a estimé que le Secrétaire général doit continuer à jouer un rôle proactif.  Nous continuerons à le soutenir dans tous les efforts qu’il fera dans cette voie, a-t-il ajouté.


M. BRUNO RODRIGUEZ (Cuba) a déclaré que l’histoire a démontré que l’on ne peut pas mener une stratégie préventive efficace si l’on ne prend pas des mesures pour lutter contre la pauvreté et instaurer un ordre mondial équitable.  L’aide publique au développement permettrait à la population du Sud de réaliser son développement de manière durable.  L’Assemblée générale est l’organe qui doit tenir le rôle central dans le débat sur la prévention des conflits armés et devrait utiliser plus activement les pouvoirs que lui confèrent les Articles 10, 11 et 14 de la Charte.  Les stratégies de prévention doivent être adaptées aux besoins des pays et des régions visées et les pays doivent donner en tout temps leur consentement à toute intervention extérieure.  D’abord et avant tout, il doit y avoir des échanges actifs et efficaces entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité.  Sans la transparence requise et si le Conseil de sécurité continue de jouer un rôle intrusif et hégémonique, les autres organes des Nations Unies ne pourront pas jouer pleinement leur rôle dans la prévention des conflits.  La proposition visant à financer les mesures de prévention à partir du budget ordinaire devrait aussi être examinée avec attention, et les mesures envisagées devraient être clairement définies. 

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