LES PAYS LES MOINS TOUCHES PAR LE VIH/SIDA, ALARMES PAR LES MENACES QUE FAIT PESER L'EPIDEMIE, SOUTIENNENT L'INITIATIVE EN COURS
Communiqué de presse AG/1169 |
Assemblée générale
Vingt-sixième session extraordinaire
5e & 6e séances plénières – après-midi & soir
LES PAYS LES MOINS TOUCHES PAR LE VIH/SIDA, ALARMES PAR LES MENACES QUE FAIT PESER L'EPIDEMIE, SOUTIENNENT L'INITIATIVE EN COURS
La majorité des membres de gouvernement qui sont intervenus, cet après-midi et ce soir, dans le cadre du débat général de la session extraordinaire de l’Assemblée générale - consacrée à l’examen du problème du virus de l’immunodéficience humaine et du syndrome d’immunodéficience acquise sous tous ses aspects - représentaient des pays relativement peu touchés par l'épidémie. Même le Ministre de la santé d'un pays africain comme l'Erythrée a annoncé un taux de prévalence de 3%. Ils n'en ont pas moins exprimé leur inquiétude face aux dangers que faisait peser l'épidémie sur l'humanité, insistant à l'instar du représentant d'Israël sur le fait que le virus ne connaissait "ni frontières, ni race, ni sexe" ainsi que sur les changements dans les modes de transmission de la maladie et sur sa progression dans certains groupes sociaux, les femmes notamment. Le Premier Ministre des Comores a évoqué des populations atterrées et traumatisées face à une maladie qui anéantit des décennies de développement dans de nombreux pays.
Tous ont exprimé leur soutien à la démarche engagée visant à donner une envergure mondiale à la lutte contre le sida et à créer un Fonds mondial pour la santé et la lutte contre le sida. Le Secrétaire d'Etat à la santé de l'Autriche a indiqué qu'en dépit de contraintes budgétaires importantes, son pays verserait un million de dollars à ce Fonds. Le Ministre de la santé et des services sociaux du Libéria a également annoncé une contribution de 25 000 dollars. Des appels ont néanmoins été lancés pour que des ressources financières supplémentaires soient dégagées, notamment pour venir en aide aux pays les plus pauvres ou touchés par des crises économiques ou sociales. Les pays africains doivent pouvoir disposer des fonds affectés au service de la dette qui représente aujourd’hui 227 milliards de dollars, a notamment déclaré le Vice-Président du Malawi. Nous pouvons vaincre l’épidémie du VIH/sida et aider les malades à vivre dans la dignité mais cela nécessite près de 10 milliards de dollars par an, ce qui représente moins que le coût d’un bombardier Stealth. Le niveau actuel des ressources affectées à la prévention et au traitement du sida doit être doublé, a estimé de son côté le Ministre de la santé et du bien-être social du Libéria qui a, par ailleurs, souhaité que les pays développés repensent les mesures destinées aux pays pauvres très endettés (PPTE) de façon à alléger le fardeau de la dette pour les pays en développement et, notamment, ceux qui sortent de crises civiles. Le coût actuel des médicaments de traitement du sida a de nouveau été évoqué comme un des freins à la lutte contre l'épidémie dans les pays à faibles ressources, même si certains intervenants se sont félicités des avancées récentes dans ce domaine.
(à suivre – 1a)
Les effets de la maladie sur les populations à risques - femmes, enfants, toxicomanes, homosexuels, personnes impliquées dans le commerce sexuel, populations défavorisées - et la nécessité de mener des actions spécifiques à l'égard de ces groupes ont été mis en avant par plusieurs intervenants, le Ministre de la santé et du bien-être social de l'Indonésie indiquant à ce sujet que la mise en oeuvre de ces programmes était compliquée par les pratiques religieuses et culturelles. Le représentant de la Jamahiriya arabe libyenne a, en revanche, estimé que les valeurs morales, spirituelles et religieuses étaient des "soupapes de sécurité" face à la progression du sida et a regretté que l'Assemblée générale ait autorisé la participation d'une organisation homosexuelle aux travaux de sa session extraordinaire.
Les Premiers Ministres du Tchad et du Cameroun ont également pris la parole cet après-midi ainsi que les Ministres de la santé de la Pologne, de Sao-Tomé-et-Principe, de Madagascar, de l'Erythrée, de l'Iraq, du Sri Lanka, de la Slovaquie, la Ministre de la santé et du développement social du Venezuela, le Ministre de la santé et de l'éducation du Bhoutan, le Ministre de la santé publique du Qatar, le Ministre de la santé, de la solidarité et de l'action humanitaire de la République du Congo, le Ministre de la planification et de la mise en oeuvre d'Antigua-et-Barbuda, la Ministre par intérim de la santé de la Dominique, le Secrétaire parlementaire auprès du Premier ministre de Singapour et le Secrétaire permanent au Ministère de la santé des Iles Salomon. Sont également intervenus les représentants des pays suivants : Saint-Marin, Tadjikistan, Bulgarie, Malte, Oman, Hongrie, Yémen, Haïti, Népal, Georgie, Ex-République yougoslave de Macédoine, Emirats arabes unis et Lettonie.
En cours de séance, le Secrétariat de l’Assemblée générale a annoncé que les Etats Membres sont parvenus à un consensus sur le projet de déclaration d’engagement, qui sera présenté demain pour adoption avant la clôture de la présente session extraordinaire. Le texte sera disponible dans toutes les langues officielles.
Le débat général de la session extraordinaire reprendra, demain mercredi
27 juin à 9 heures.
EXAMEN DU PROBLÈME DU VIRUS DE L’IMMUNODÉFICIENCE HUMAINE ET DU SYNDROME D’IMMUNODÉFICIENCE ACQUISE SOUS TOUS SES ASPECTS
Débat
M. NAGOUM YAMASSOUM, Premier Ministre du Tchad : L’expérience de ces dernières années a montré que les perspectives de succès de la lutte contre le VIH/sida sont meilleures lorsque le plaidoyer a lieu au plus haut niveau, autour des structures placées sous l’autorité directe du chef de l’Etat ou du gouvernement. Au Tchad, il y a un renforcement significatif du processus de lutte active depuis 1986. Les principales étapes sont notamment la mise en place en 1988 du Programme national de lutte contre le sida et des organes d’encadrement et sa restructuration en 1997, la réalisation en 1994 d’un atelier de consensus national sur le VIH/sida/MST, la mise en place en 1999 d’un réseau de parlementaires pour la population et le développement engagés dans la lutte contre le VIH/sida ou encore l’engagement du Tchad dans le processus d’accès aux antirétroviraux depuis l’année dernière. Au niveau international, l’initiative des pays du Bassin du Lac Tchad bénéficie du soutien de la part des partenaires traditionnels et de Taiwan qui se sont engagés aux côtés du Tchad dans un programme de prévention. A l’égard de l’Afrique, le partenariat international s’est intensifié, mais il faut encore faciliter aux pays concernés l’accès aux trithérapies et aux antirétroviraux à des coûts abordables. S’agissant de la mobilisation des ressources nécessaires, le chemin à parcourir est encore long. Le Tchad souscrit naturellement à la proposition du Secrétaire général de créer un Fonds mondial pour le sida et la santé.
M. PETER MAFANY MUSONGE, Premier ministre du Cameroun : Le problème posé par la propagation du virus du sida est devenu un problème de développement qui ne fait qu’exacerber la question de la pauvreté. Il est, par conséquent, indispensable d’agir rapidement aux niveaux national, régional et international. Face au sérieux de la situation, le Cameroun a adopté un plan national stratégique qui prend en compte tous les secteurs d’activité et qui est renforcé par une communication et un plan de mobilisation sociale. Parmi les différentes actions mises en œuvre, on peut souligner celles concernant les secteurs de l’information et la mise en place d’une campagne de prévention. Un système de volontariat a aussi été établi ainsi qu’une assistance aux patients et un réseau de recherche afin de mieux répondre aux questions locales et multisectorielles dans les zones rurales et urbaines. Face à la nécessité d’accroître les ressources consacrées à la lutte contre le sida, mon pays soutient sans réserve la Déclaration d’Abuja et la création du Fonds mondial pour la santé et contre le sida. De même, nous souhaitons voir réduire le coût des médicaments et, en particulier les antirétroviraux.
M. JUSTIN MALEWEZI, Vice-Président du Malawi : Le VIH/sida est un problème mondial mais il touche plus gravement l’Afrique australe où la pandémie menace l’avenir de notre jeunesse. Au Malawi, nous considérons qu’un engagement politique de haut niveau est nécessaire pour la mise en oeuvre d’une approche multisectorielle de lutte contre le VIH/sida. Le Gouvernement du Malawi a mobilisé toutes les couches de la société dans un effort concerté qui associe les personnes vivant avec le VIH/sida, le Gouvernement, la société civile, les organisations non gouvernementales, le secteur privé et les organisations religieuses. Le succès de nos campagnes de sensibilisation et de prévention sera fonction de la diminution du nombre de jeunes touchés par ce fléau dans les années à venir. En associant la jeunesse dans nos campagnes et dans nos programmes, nous tentons de leur inculquer de nouveaux comportements sexuels. Par ailleurs, l’accent est également mis sur les inégalités dont sont victimes les femmes et en les associant à nos programmes, nous contribuons à accroître leur vigilance par rapport à cette maladie.
Nous avons développé des programmes qui garantissent des tests libres et confidentiels pour les volontaires, qui apportent un soutien psychologique aux malades, assurent des soins palliatifs ainsi qu’un soutien nutritionnel. Par ailleurs, des traitements antirétroviraux sont mis à la disposition des malades, en priorité aux femmes afin de limiter les chances de transmission mère-enfant. Cependant, afin de poursuivre ces programmes nationaux, les pays africains doivent pouvoir disposer des fonds affectés au service de la dette qui représente aujourd’hui 227 milliards de dollars. Nous pouvons vaincre l’épidémie du VIH/sida et aider les malades à vivre dans la dignité mais cela nécessite près de 10 milliards de dollars par an, ce qui représente moins que le coût d’un bombardier Stealth. Aussi, nous incombe-t-il de nous engager pour que la menace du VIH/sida soit écartée en ce début de nouveau millénaire.
M. GREZGORZ OPALA, Ministre de la santé de la Pologne : On assiste à une explosion de la progression de la maladie en Europe centrale et orientale et il est probable que l'infection va encore se répandre dans la région en raison du grand nombre de toxicomanes, des taux en progression de MST, le commerce sexuel qui se développe et les effets secondaires de la transition socioéconomique. En dépit de ces tendances, même des pays aux ressources modestes comme la Pologne ont montré que l'épidémie peut être stabilisée ou même contrecarrée. Les programmes qui ont réussi, en Pologne comme ailleurs, incluent un leadership fort à un haut niveau politique dans le domaine de la prévention, un plan national, un financement adéquat et une forte implication de la communauté. On estime aujourd'hui à 15 000 le nombre de personnes vivant avec le VIH et le sida dans notre pays. L'épidémie est un problème mondial et pour faire face à la maladie et à ses conséquences, notamment sur les groupes très vulnérables et les sociétés du monde, il faut une action internationale. La coopération à la fois aux niveau régional et mondial est essentielle.
M. AHMAD SUYUDI, Ministre de la santé et du bien-être social de
l’Indonésie : En Indonésie, nous estimons à près de 80 à 100 000 personnes les porteurs du VIH/sida au cours de l’année 2001. La maladie touche particulièrement les personnes à comportement sexuel à haut risque, les personnes droguées et les populations des quartiers défavorisés. Afin de faire face à ce fléau, le Gouvernement indonésien a pris certaines mesures afin de prévenir et contrôler la progression de la pandémie. A l’échelle nationale, l’abstinence et la fidélité ont été conseillées aux populations et des campagnes de protection ont été mises en place à l’intention des populations à haut risque. Cependant, la mise en oeuvre de ces programmes n’est pas évidente en raison de la taille de notre pays et des pratiques religieuses et culturelles qui ne facilitent pas la communication. En outre, les conséquences de la crise économique que traverse l’Indonésie aggravent la situation et ont forcé notre Gouvernement à réaffecter les fonds qui auraient pu servir au programme national de lutte contre le VIH/sida. Il est désormais difficile pour le Gouvernement de mettre à la disposition de la population des moyens de prévention et pour les malades des traitements antirétroviraux à bas prix. Cependant, l’Indonésie considère que le VIH/sida est le défi le plus important posé à l’humanité, aujourd’hui, et exige
une mobilisation de toutes les structures de la société civile, des gouvernements, des organisations régionales et internationales. Nous en appelons à la communauté internationale afin qu’elle contribue financièrement aux efforts des pays en développement dans leur lutte contre la progression du VIH/sida.
M. ANTONIO MARQUES DE LIMA, Ministre de la santé et des sports de Sao Tomé-et-Principe : Le VIH/sida est aujourd’hui la principale cause de mortalité en Afrique. Le revenu par tête d’habitant a accusé une réduction de 0,7% par an pendant que, dans certains pays, les dépenses de santé étaient quadruplées. Après le Sommet d’Abuja, qui constituait un tournant dans notre façon d’agir, il apparaît que les ressources disponibles sont extrêmement restreintes. Les pays pauvres sont donc amenés à intégrer les programmes de lutte contre le sida dans leurs plans de développement. En outre, la solidarité de la communauté internationale, et spécialement celle des pays les plus développés, est nécessaire et urgente. Dans la lutte, l’industrie pharmaceutique ne peut pas ne pas renoncer à être avec nous et Sao Tomé-et-Principe salue la solidarité manifestée par la société Pfizer qui a annoncé qu’elle fournirait gratuitement et pour une période illimitée les 50 pays les plus pauvres en médicaments pour le traitement des infections opportunistes.
Mme MARIA URBANEJA, Ministre de la santé et du développement social du Venezuela : Nous sommes ici pour réaffirmer l'aspiration collective des Vénézuéliens de rendre effectif le droit imprescriptible à la santé, au bien-être et au respect. Si l'on considère que l'épidémie a touché jusqu'à ce jour l'équivalent de la population du Venezuela, nous pensons que la réponse logique des Nations Unies était la tenue de cette session extraordinaire de l'Assemblée générale ayant pour but l'adoption d'un compromis mondial pour faire face à l'épidémie. Nous sommes ici pour manifester notre solidarité à travers des actions concrètes et réalistes qui lèvent le voile sur les thèmes sous-jacents à la pandémie. Il est temps de rompre le silence. Le virage pris au Venezuela dans ses politiques de lutte contre le sida s'est traduit par une augmentation des ressources qui sont passées de quelque 300 000 dollars environ en 1998 à 45 millions de dollars aujourd’hui. Les prix actuels des médicaments continuent à compromettre notre capacité à fournir un traitement intégral. Des négociations bilatérales avec quelques laboratoires pharmaceutiques ont permis d'acquérir des médicaments à des prix abordables. Le Ministère de la santé et du développement social étudie actuellement les possibilités de permettre la production locale de médicaments génériques. Les populations les plus affectées, comme dans les autres pays de la région, incluent des groupes tels que les hommes ayant des relations sexuelles avec d'autres hommes, les consommateurs de drogues par voie intraveineuse et ceux impliqués dans le commerce sexuel, particulièrement ceux qui vivent en situation de pauvreté. Il est nécessaire que ces groupes fassent l'objet de campagnes d'information et de prévention, que l'on reconnaisse leurs spécificités et que l'on fasse référence à leurs besoins particuliers.
L'appui à la création du Fonds mondial pour la lutte contre le sida est un des objectifs les plus significatifs de la déclaration d'engagement que nous adopterons au cours de la présente session. Nous pensons qu'il faut établir des critères clairs pour la distribution des ressources et la gestion du Fonds.
Mme HENRIETTE RATSIMBAZAFIMAHEFA-RAHANTALALAO, Ministre de la santé de Madagascar : Le taux de prévalence au VIH pour l'Afrique est de 8%, affectant pour plus de la moitié les femmes. Les chiffres indiquent que cette infection menace sérieusement non seulement la santé de l'humanité tout entière, mais également son développement au sens large du terme. Le taux de prévalence moyen actuel est de 0,16% à Madagascar alors qu'il n'était que de 0,07% il y a cinq ans, soit une augmentation de 100%. Le Gouvernement a pris en main l'organisation de la lutte contre le sida. Le défi est de conserver un taux de prévalence inférieur à 1%. Nous sommes fermement convaincus qu'une telle entreprise n'est pas seulement l'affaire d'un Etat et que le partenariat et la coopération internationale prennent ici tout leur sens. Plus que jamais, les nations sont acculées à collaborer et à oeuvrer ensemble pour faire reculer cet ennemi commun qu'est le sida. Nous recommandons que l'allègement de la dette extérieure soit encore plus substantiel afin qu'on puisse dégager des ressources supplémentaires pour les programmes de lutte contre le sida. De même, il serait bon que les tests antirétroviruax et les tests de dépistage de l'infection au VIH fassent l'objet de négociations concertées à laquelle tous participent sans exception. Madagascar se dit favorable à apporter sa contribution financière sans toutefois que celle-ci excède le montant de sa contribution à l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
M. LYONPO SANGAY NGEDUP, Ministre de la santé et de l’éducation du Bhoutan : L’humanité est menacée gravement par le fléau du VIH/sida. Tout en sachant que nous avons encore beaucoup à apprendre sur le VIH/sida, nous en savons déjà suffisamment pour comprendre que nous avons besoin de courage afin de protéger les jeunes et les innocents et de conseiller ceux qui en sont déjà infectés. Au Bhoutan, les personnes infectées sont relativement peu nombreuses, mais nous sommes préoccupés par les conséquences de la maladie sur notre petite population située dans une région où l’épidémie se propage à une vitesse alarmante. Un programme national de contrôle a débuté en 1988 et s’intègre dans le système décentralisé de santé publique. Une éducation est également fournie à la communauté rurale. L’engagement politique de lutte contre ce fléau est fort et la Reine Ashi Sangay Choden Wangchuck, Ambassadeur de bonne volonté, a participé à l’amélioration de la prise de conscience en matière de santé reproductive. Enfin, le Bhoutan soutient totalement la création d’un Fonds mondial pour le sida et la santé, et appelle la communauté internationale à s’inspirer du succès de l’Alliance mondiale pour la vaccination et l’immunisation pour garantir le succès de la lutte contre le sida.
M. SALEH MEKY, Ministre de la santé de l’Erythrée : Nous espérons que cette rencontre sera l’occasion de mobiliser tous les efforts et toutes les bonnes volontés afin de prendre à bras le corps la question de la lutte contre la pandémie du VIH/sida qui est une véritable menace pour l’avenir de l’humanité. Si nous parvenons à vaincre ce fléau, alors nous aurons accompli une oeuvre salutaire pour le développement de nos pays et pour les générations futures. Ceci dit, nous ne devons pas désespérer puisque certains pays africains sont parvenus, au cours de ces dernières années, à inverser la progression de cette pandémie par la mobilisation de toutes les couches de la société.
Pour sa part, l’Erythrée est encore dans une frange qui lui permet de contrôler étroitement la progression de la maladie puisque le taux de contamination est de l’ordre de 3%. Cependant, cela exige de prendre des mesures immédiates afin de lutter contre la progression du VIH/sida et, à cette fin, le Gouvernement érythréen a mis en oeuvre des approches multisectorielles au cours des cinq dernières années. Le Programme national de lutte contre le VIH/sida repose donc sur une approche qui associe les institutions gouvernementales, les organisations non gouvernementales, les autorités régionales, les institutions privées et les associations religieuses. Les principaux objectifs de ce programme visent à parvenir à un changement des comportements sexuels au sein de la population, en particulier les jeunes. Par ailleurs, des centres spécialisés sont mis en place pour répondre spécifiquement aux besoins des populations à risque et des personnes contaminées en mettant à disposition des traitements antirétroviraux. A ce titre, outre la mobilisation financière de la communauté internationale en faveur des efforts des pays en développement pour la lutte contre le VIH/sida, nous lançons un appel aux groupes pharmaceutiques afin qu’ils démocratisent l’accès aux traitements qu’ils commercialisent.
M. UMAID MEDHAT MUBARAK, Ministre de la santé de l’Iraq : Etant donné l’ampleur prise par la propagation du VIH/sida, nous soutenons vivement les initiatives prises par la communauté internationale. La diffusion rapide du sida dans les pays aux ressources limitées montre que cette propagation est en partie liée à la détérioration de leur situation économique. Par conséquent, il est indispensable d’augmenter le soutien financier consacré à l’amélioration des centres d’aide aux malades du sida, de fournir à ces derniers les médicaments dont ils ont besoin, de renforcer le niveau des services et de s’assurer du soutien des autres secteurs. Nous demandons également à la communauté internationale et, en particulier aux pays du Nord, de trouver les moyens d’éliminer l’épidémie à des prix raisonnables. Il faut avant tout soutenir les programmes de prévention, accroître la formation des travailleurs dans ce secteur, augmenter le soutien technique dans le domaine des traitements, fournir les moyens d’un meilleur éveil culturel, favoriser la formation culturelle et éthique de la jeunesse à travers le monde et renforcer les capacités des pays qui souffrent d’une détérioration économique et environnementale injuste et ceux qui subissent les conséquences négatives d’un embargo économique et scientifique. Dans le domaine de contrôle et de l’évaluation, l’échange d’expertise est indispensable. Malgré les destructions injustes perpétrées par les agressions quotidiennes des avions de guerre américains et anglais, l’Iraq a pu développer des campagnes de sensibilisation et de traitement. Cependant, ces agressions empêchent mon pays de réaliser des avancées scientifiques et d’améliorer les activités de prévention médicale et les procédures de dépistage rapide. Face à la gravité des conséquences de l’embargo parmi la population et, en particulier en matière de sida, nous appelons la communauté internationale à prendre des mesures efficaces afin de mettre un terme aux mesures économiques coercitives prises à l’encontre de l’Iraq.
M. CHAN SOO SEN, Secrétaire d’Etat auprès du Premier Ministre et du Ministre de la santé de Singapour : Le VIH/sida est une pandémie qui pose une sérieuse menace à l’humanité et Singapour partage les préoccupations des pays les plus affectés face à ce fléau et souhaite que cette session se traduise par des engagements concrets pour lutter contre le VIH/sida à l’échelle mondiale. Le premier cas de VIH/sida a été enregistré en 1985 à Singapour et aujourd’hui, le pays compte 1 300 porteurs du virus. Nous avons mis l’accent sur la prévention et adopté un programme national multisectoriel contre le VIH/sida qui consiste à sensibiliser les populations par les médias, à mobiliser les jeunes et les forces armées afin de prévenir les risques d’infection et d’encourager les personnes à risque à se soumettre à des tests confidentiels. Un contrôle strict des dons de sang est mis en oeuvre à l’échelle nationale et les porteurs du virus ont accès à
des traitements performants et à des coûts moindres grâce aux subventions de l’Etat. Enfin, le Gouvernement s’efforce de promouvoir la tolérance à l’égard des populations porteuses du virus et des groupements de malades sont associés aux campagnes de sensibilisation et de prévention.
M. LESTER ROSS, Secrétaire permanent au Ministère de la santé des Iles Salomon : Bien que les Iles Salomon aient un taux relativement faible de cas de VIH/sida, nous devons rester vigilants car il existe un potentiel d’infection non négligeable. De plus, pour un petit Etat comme le nôtre, les ressources humaines sont primordiales. Le Gouvernement a déjà pris des mesures politiques et élaboré des stratégies de prévention, incluant l’éducation et une campagne de prise de conscience. Il reste toutefois à les institutionnaliser, mais on se heurte à un manque de ressources et de personnel, ainsi qu’à des problèmes de communication en raison de la diversité des langues et de la particularité géographique du pays. Les Iles Salomon appuient fermement l’approche multisectorielle de la prévention, tout en notant que des ressources financières substantielles sont indispensables pour mettre en oeuvre les plans et stratégies en la matière. En outre, l’action nationale et la coopération multilatérale sont fondamentales.
M. GIAN NICOLA FILIPPI BALESTRA (Saint-Marin) : Pour combattre la maladie, nous devons comprendre sa nature et sa structure, la raison de ses effets dévastateurs et plus encore la psychologie de ses victimes. Si nous étions dans la situation d’une victime du VIH/sida, nous nous demanderions d’abord comment nous avons contracté le virus, puis nous penserions à notre famille et aux personnes avec lesquelles nous sommes en contact. Ensuite, nous imaginerions la réaction de la société et de nos amis, de notre employeur. Serions-nous en mesure de payer le prix des médicaments? Quelle signification notre vie aurait-elle alors que nous savons que nous mourrons bientôt? Ce sont les questions que se posent 36,1 millions de personnes chaque jour. Comment pouvons-nous leur répondre et les rassurer? Ces interrogations sont là pour nous faire réaliser que le sida nous concerne tous et de très près, que c’est non seulement une urgence médicale, mais aussi une crise sociale, culturelle et économique. A Saint-Marin, étant donné la petite taille du pays, la plupart des patients préfèrent se faire traiter à l’étranger pour plus de discrétion. Des campagnes d’information sont cependant menées et une politique de coordination est élaborée. La coopération entre les structures publiques et les associations de bénévoles constituent, en outre, un outil important pour améliorer la qualité du système de santé publique. Enfin, Saint-Marin souligne que la responsabilité doit être équitablement partagée ente les gouvernements, les patients et les sociétés pharmaceutiques.
M. RASHID ALIMOV (Tadjikistan) : Force est de constater que le VIH/sida ne connaît pas de frontières et a acquis ces dernières années une ampleur dramatique au niveau mondial qui exige une approche concertée de l’ensemble de la communauté internationale. Nous nous félicitons de l’initiative que constitue cette session extraordinaire qui traduit la volonté commune des Etats de lutter contre cette pandémie dont les principales victimes sont les femmes et les enfants. Au Tadjikistan, bien que nous n’ayons que 20 cas recensés, le Gouvernement a décidé de prendre des mesures radicales et, dès 1993, une loi a été adoptée par le Parlement afin d’élaborer une stratégie nationale de lutte qui s’est traduite, en 1997, par la mise en oeuvre d’un Programme national de lutte contre le VIH/sida en vigueur jusqu’en 2007. Cette stratégie nationale a été réalisée grâce notamment à la coopération de l’ONUSIDA et un programme complexe de prévention axé en priorité sur les jeunes a pu être lancé. Ces programmes qui visent le renforcement des structures de santé dépendent malheureusement de la générosité des donateurs. La situation est souvent aggravée par les conséquences des conflits civils comme c’est le cas pour le Tadjikistan. Divers projets destinés à renforcer les soins de santé primaire et à lutter contre les maladies infectieuses sont confrontés à des problèmes d’ordre financier. Pourtant, au cours de ces dernières années, le nombre de cas de maladies sexuellement transmissibles a été multiplié par 15 et le nombre de tuberculeux a été multiplié par 3. Par ailleurs, la propagation du VIH/sida est aggravée par la circulation des stupéfiants du fait des frontières communes avec l’Afghanistan. L’ONUSIDA et l’OMS devraient accroître les efforts et les programmes des pays encore peu touchés comme le Tadjikistan. Concernant l’initiative mondiale, nous considérons que les efforts à entreprendre aux niveaux national, régional et mondial devront être à la portée des moyens dont disposent les Etats Membres.
M. STEPHANE TAFROV (Bulgarie) : Vingt ans après son apparition, l’épidemie du VIH/sida prend des proportions défiant les prévisions les plus pessimistes et il est clair que la réponse à cette pandémie ne peut être que multisectorielle et multidimensionnelle. Combattre le sida exige un changement radical et soutenu de la part de chaque individu et de chaque institution et une participation de la société civile dans cette lutte est cruciale. La Bulgarie est un pays faiblement touché par le sida puisque 338 cas seulement ont été recensés depuis 1985. Cependant, le Gouvernement a tout de même mis en place une stratégie concertée qui exige une coopération étroite avec les organisations internationales compétentes. Au cours de ces trois dernières années, une analyse approfondie de la situation épidémiologique a été faite en Bulgarie avec le soutien du PNUD et a permis d’élaborer une stratégie nationale pour la période 2001-2007. Cette stratégie a retenu comme domaines prioritaires les jeunes et les groupes vulnérables tels que les personnes utilisant des drogues par voie intraveineuse. Cette stratégie consiste dans des politiques de dépistage et de contrôle épidémiologique. Ce programme est entièrement financé par l’Etat avec la coopération d’institutions spécialisées des Nations Unies telles que l’UNICEF, le PNUD et l’ONUSIDA. La victoire sur la pandémie du VIH/sida passe par le renforcement du secteur de la santé publique et la lutte contre les autres maladies importantes telles que la tuberculose. C’est un phénomène planétaire et la réaction ne peut être que planétaire.
M. YEHUDA LANCRY (Israël) : Cette session extraordinaire fournit une occasion historique. L'ampleur de l'épidémie et son formidable coût en vies humaines exigent que nous agissions de façon décisive. Nous devons nous concentrer sur deux problèmes prioritaires : la nature mondiale de la crise du sida et la situation tragique qui met en péril l'avenir du continent africain. Toutefois, cette maladie et ses conséquences dévastatrices ne sont en aucun cas confinées en Afrique. Le sida se propage sans considération de frontières, de race ou de sexe. A ce problème mondial, nous devons apporter une réponse mondiale. Israël félicite le Secrétaire général pour son appel à l'action et à la création d'un Fonds mondial pour combattre le sida qui placera les Nations Unies à la tête de l'effort mondial contre la propagation de la maladie. Israël est prêt à prendre sa part dans cet effort mondial et explorera au cours de cette session les moyens d'apporter ses techniques et compétences. Nous examinons la possibilité de fournir une unité de santé mobile compacte qu’assure une aide préventive, des services cliniques et de diagnostic ainsi que des soins à la mère et à l'enfant dans des zones reculées. Israël peut aussi fournir conseil et aide
dans la création d'institutions pour les orphelins du sida au regard de son expérience unique en matière d'accueil de jeunes et d'institutions pour la jeunesse. Nous sommes décidés à créer des partenariats qui permettront à cette expérience d'être le plus profitable.
Nous avons la chance en Israël d'avoir une prévalence du VIH/sida relativement faible avec 690 cas de sida et 2 402 individus séropositifs enregistrés au 1er juin 2000 depuis l'apparition de l'épidémie en 1981. Nous n'en avons pas moins développé une infrastructure pour tester, éduquer et soigner les personnes infectées. Le ministère de la santé a développé des programmes d'éducation et assuré traitement et suivi aux personnes infectées, y compris les cocktails antirétroviraux disponibles qu'il fournit à bas prix.
M. WALTER BALZAN (Malte) : La prévention et les soins sont deux stratégies complémentaires de lutte contre l’épidémie du sida. En dépit d’un faible taux d’infection à Malte, nous sommes conscients du danger de l’épidémie du sida et nous poursuivons la mise en oeuvre d’un programme global d’éducation sexuelle à travers le Département de la promotion de la santé. L’éducation, ainsi que des campagnes de sensibilisation à l’intention de ceux qui ont déjà quitté l’école, sont des éléments incontournables. De plus, l’utilisation des médias pour promouvoir des pratiques sexuelles sans danger permet aux autorités de toucher une grande audience. La distribution de documents écrits est aussi un bon moyen de prévention. Il faut aussi favoriser le rôle central joué par la famille. Dans la mesure où les traitements demandent un accompagnement sérieux, les personnels de santé reçoivent régulièrement une formation.
Il faut aussi noter que dans toutes les phases de lutte contre le sida, le respect des droits de l’homme est un élément à ne pas négliger. Les femmes et les enfants, populations particulièrement vulnérables, méritent une attention toute particulière. Il ne faut pas non plus oublier que l’épidémie menace les éléments les plus productifs de la société et que ses aspects négatifs se font ressentir non seulement sur la génération actuelle mais aussi sur le développement à venir. Concernant les traitements, les résultats obtenus à travers l’utilisation de médicaments antirétroviraux sont très encourageants et la prochaine étape est de renforcer les systèmes de santé qui permettront de fournir à ceux qui en ont besoin ces médicaments. Il ressort, par conséquent, de ces considérations qu’il est indispensable d’augmenter les ressources des systèmes publics de santé aux niveaux national et international.
M. FUAD M. AL-HINAI (Oman) : Le Sultanat d’Oman a accompli de nombreux progrès en matière de santé publique au cours des dernières années, parvenant ainsi à faire reculer le nombre de décès d’enfants âgés de moins de cinq ans et à assurer une espérance de vie comparable à celle des pays développés. Cependant, les rapides changements socioéconomiques et la transition démographique ont conduit à une évolution des problèmes de santé à Oman et notamment à la prise de conscience de l’apparition du VIH/sida dès 1984. Bien que la prévalence soit encore faible, le Gouvernement ne peut se permettre d’être complaisant et indifférent. C’est pourquoi, il a pris des mesures pour contrôler la progression de la pandémie en collaboration avec les institutions internationales telles que l’ONUSIDA ou l’OMS. Le Programme national de lutte contre le VIH/sida a été lancé en 1987 et a consisté dans la mobilisation et la sensibilisation des populations les plus jeunes et à risque. Ce programme lutte également contre les discriminations dont sont victimes les malades et prévoit une série de mesures préventives par des contrôles des dons du sang notamment, des tests volontaires et confidentiels et la protection contre les risques de transmission mère-enfant. Nous nous réjouissons des négociations en cours entre l’ONUSIDA et l’OMS et les laboratoires pharmaceutiques afin que ces derniers rendent leurs traitements plus accessibles et nous souhaitons que le partenariat international se poursuive afin de venir à bout de cette menace mondiale.
M. ALAN PINTER, Médecin en chef et chef de la délégation de la Hongrie, : Mon pays a reconnu le VIH/sida, il y a quinze ans, comme l'un des défis épidémiologiques majeurs de ces dernières décennies. La Hongrie fait partie des pays à prévalence basse. Entre 1985 et 2000, 879 personnes ont été testées positives et 766 d'entre elles se sont vues attribuer un code d'identification, 133 restant anonymes. La proportion d'étrangers parmi les personnes positives est considérable. A la fin de 2000, un total de 221 personnes testées positives, originaires de 56 pays, a été enregistré, représentant 29% de l'ensemble des personnes testées positives dans le pays. Il faut noter qu'un certain nombre de ces personnes sont venues en Hongrie dans le but explicite d'être testé. Les schémas de transmission, comme c'est le cas ailleurs dans le monde, changent. La transmission hétérosexuelle est en augmentation. La prévalence chez les femmes a tendance à augmenter. Cependant, le nombre des toxicomanes infectés enregistrés reste faible. Deux toxicomanes infectés seulement ont été enregistrés à la fin de 2000 alors que leur nombre augmente à un rythme alarmant. Grâce à des mesures épidémiologiques strictes introduites immédiatement après l'apparition des premiers cas positifs en 1985, le taux du sida en Hongrie reste faible. Les possibilités de détection précoce de l'infection du sida ainsi que les évolutions récentes dans le domaine de la thérapie antirétrovirale lève l'espoir de réduire l’impact de la maladie dans le monde. Il faut que des efforts soient accomplis pour fournir les meilleurs traitements existants dans tous les pays. Le Gouvernement hongrois soutient pleinement l'esprit du projet de déclaration d’engagement visant à lutter contre la crise posée par le VIH/sida et à mener une action aux niveaux national, régional et mondial. Il s'engage à participer au succès de la mise en oeuvre de la déclaration.
M. ABDALLA SALEH AL-ASHTAL (Yémen) : On ne pouvait jamais imaginer, il y a vingt ans, lorsque le premier cas de VIH/sida a éte identifié, que cette pandémie allait prendre une telle ampleur et causer plus de 20 millions de morts et toucher 36 millions de personnes essentiellement sur le continent africain. Il est regrettable qu’en dépit des progrès technologiques, il soit toujours impossible de trouver un vaccin contre le VIH/sida et que les traitements antirétroviraux demeurent encore inaccessibles au plus grand nombre de malades. Nous devons trouver des solutions face à cette tragédie, y compris en termes de ressources financières, et répondre ainsi aux objectifs de la Déclaration du millénaire qui prévoit d’inverser la tendance actuelle d’ici à 2015. Le VIH/sida a créé une crise mondiale qui menace la stabilité de toute la société humaine et les mesures qui seront adoptées doivent traduire notre volonté politique de lutter efficacement contre ce fléau. Le Gouvernement du Yémen soutient fermement l’initiative visant à établir le Fonds mondial pour le sida et la santé lancée par le Secrétaire général et souhaite que des mesures d’assistance aux pays les moins avancés soient mises en oeuvre afin d’alléger le fardeau de la pauvreté, de la dette et du sous-développement, aggravé ces dernières années par la propagation rapide du virus du VIH/sida. Cette session est une occasion historique de briser le mur du silence et le Gouvernement du Yémen qui associe la société civile, les bailleurs de fonds, les organismes publics dans son programme national de lutte contre le VIH/sida en portant un intérêt particulier aux jeunes, aux femmes et aux enfants, est convaincu de l’urgence à prendre des mesures à l’échelon national pour lutter contre la pauvreté et l’analphabétisme qui sont les terreaux de la propagation du VIH/sida. N’oublions pas, enfin, que l’humanité tout entière accorde un intérêt particulier à cette session extraordinaire et souhaite pouvoir alléger la souffrance des malades et des orphelins du sida que les dirigeants de la planète se sont engagés à protéger au cours du Sommet du millénaire.
Mme MILDRED ARISTIDE (Haïti) : Le trinome démocratie-pauvreté-sida pourrait servir de repère solide aux actions et interventions de l’ONU en vue de contrecarrer l’épidémie du sida qui menace le développement, la sécurité alimentaire, l’espérance de vie et l’économie. Dans ce contexte, le 7 mai dernier, le Gouvernement a lancé officiellement le processus d’élaboration du Plan stratégique national de lutte contre le sida pour la période 2002-2006. Ceci témoigne d’un engagement et d’une volonté politique inscrits dans le cadre d’un partenariat avec le secteur privé. La politique sociale du Gouvernement accorde une place de choix au droit à la santé qui s’harmonise bien avec la création d’un cadre institutionnel de réorganisation du système national de santé et d’amélioration de ses performances par le biais de la décentralisation des responsabilités et des services. Les ressources du système de santé sont insuffisantes mais, en dépit de ces difficultés, Haïti a mis en place un programme de lutte axé sur la prévention, la réduction des infections sexuellement transmissibles, la transmission mère-enfant, la sécurité transfusionnelle, la recherche du vaccin, et la prise en charge des personnes infectées. L’assistance assurée par les ONG ne doit pas faire oublier l’importance d’un renforcement de la gouvernance étatique. Au-delà du secteur de la santé, il faut apporter des moyens visant à réaliser les droits fondamentaux tel le droit à l’éducation, le droit à l’information, le droit à la justice et le droit à des conditions de vie décente.
M. MURARI RAJ SHARMA (Népal) : Au moment du développement des thérapies antirétrovirales et de la sensibilisation contre des pratiques sexuelles à risque qui ont permis une réduction du taux d’infection dans les pays riches, l’épidémie se propage de façon alarmante dans les pays pauvres. La pauvreté et l’ignorance sont à la base du problème. Dans ce contexte, mon pays appuie fermement la création d’un Fonds mondial pour la santé et contre le sida. Il est évident qu’il faut s’engager en vue de réduire la souffrance des malades et de produire des médicaments peu coûteux mais il faut aussi faire de la prévention une priorité. En effet, il est indispensable d’éduquer et de permettre aux populations à risque de se protéger, d’encourager les personnes infectées à sortir de l’anonymat et à demander une assistance, et de développer l’investissement dans la recherche afin de trouver un vaccin. Toutes ces mesures doivent être réalisées en collaboration avec les victimes du sida en respect des droits de l’homme et en offrant information, dépistage et conseil. Par-dessus tout, il est nécessaire de briser le cercle de la pauvreté, de l’analphabétisme, de la maladie et des conflits afin de soulever les obstacles structurels qui nous empêchent de lutter efficacement. En dépit des ressources limitées de mon pays, nous avons mis en place un centre national de lutte contre le sida, une cellule de police a été créée afin de contrôler le trafic des femmes et une campagne a été lancée pour sensibiliser les populations à risque. Tout ceci est encore trop peu et le Népal a besoin de l’aide de la communauté internationale pour pouvoir construire les capacités humaines et financières nécessaires.
M. HUBERT HARTL, Conseiller auprès du Secrétaire d'Etat à la santé d'Autriche : Le ministère autrichien de la santé a réagi en 1986 au défi posé par le VIH/sida en adoptant sa propre législation sur le sida qui accorde une place privilégiée à la prévention. Pendant les quinze dernières années, le Ministre fédéral de la sécurité sociale et des générations s'est engagé personnellement dans une campagne d'information sur le sida. En 2001, 34 millions de shillings autrichiens ont été affectés à des programmes permettant aux personnes qui le souhaitent de se faire tester dans l’anonymat, à des réunions de prévention dans les écoles et à des activités de consultations et d'information destinées aux personnes infectées et à leurs familles. Dans un pays d'un peu plus de 8 millions de personnes, 2 096 cas de séropositifs – dont 1 269 décès - ont été enregistrés depuis 1985. Des estimations fiables chiffrent le nombre d'infections à 10 à
15 000 cas.
Le Gouvernement autrichien a décidé, en dépit d'un budget très serré et d'une politique générale d'épargne, d'apporter son soutien financier aux Nations Unies dans sa lutte contre la pandémie VIH/sida et de contribuer au Fonds mondial pour la santé et la lutte contre le sida pour un montant d’un million de dollars.
M. HAMADA BOLERO, Premier Ministre des Comores : A l’allure où se propage la maladie, ce sont des décennies de développement qui sont anéanties. D’où la nécessité d’une mobilisation mondiale en vue d’une action plus renforcée en ce sens. La gestion de la lutte contre l’épidémie du VIH/sida comporte plusieurs dimensions, de nature sociale tout d’abord, puis économique et financière et enfin culturelle et éducative. Ce dernier aspect nécessite l’intensification des actions de prévention. Nous devons nous engager dans un partenariat novateur pour faire face à cette pandémie, notamment par une prise de conscience que les soins doivent aller de pair avec un énorme soutien moral. Le Forum 2000, qui s’est tenu à Addis-Abeba, et la Déclaration d’Abuja revêtent une importance particulière. L’archipel des Comores reste exposé à la pandémie du VIH/sida du fait qu’il attire des vacanciers saisonniers et favorise la libre circulation des personnes en provenance des pays à forte prévalence du VIH/sida. Le Gouvernement a mis en place, depuis 1990, un programme national de lutte contre les maladies sexuellement transmissibles (MST) et le sida. En outre, un plan d’action a été élaboré pour la période 1999-2003 qui intègre les mesures d’enregistrement des personnes infectées. S’agissant des jeunes, une attention particulière leur est accordée et, ainsi, des clubs antisida sont de plus en plus constitués dans les écoles, les parents sont sensibilisés et les chefs religieux mis à contribution. Les obstacles à l’action du gouvernement sont essentiellement d’ordre financier et les Comores appellent à une plus grande solidarité internationale.
M. JOHN SENEVIRATNE, Ministre de la santé du Sri Lanka : Le Sri Lanka est un pays faiblement touché actuellement par le VIH/sida mais il a toutes les chances de voir cette pandémie se développer de manière spectaculaire si rien n’est mis en oeuvre pour endiguer sa progression puisque LE Sri Lanka compte 55% de personnes sexuellement actives et connaît des flux migratoires importants et de nature à favoriser cette progression. L’épidémie qui ravage l’Afrique a pointé son nez en Asie et certains de nos voisins sont d’ores et déjà confrontés aux conséquences tragiques de cette pandémie. C’est pourquoi, nous mettons l’accent sur la prévention en étroite collaboration avec les ministères de l’information, de la défense, du tourisme, les organisations non gouvernementales, en tenant compte de la situation des groupes les plus vulnérables, à savoir les militaires, les jeunes, les drogués et les populations défavorisées. Des initiatives ont été prises en matière de transfusion sanguine, de vente libre de préservatifs, et vente à bas prix de traitements antirétroviraux. Par ailleurs, nous tentons de lutter contre les effets dévastateurs de cette pandémie, en particulier l’exclusion dont sont victimes les porteurs du virus. Toutes ces initiatives sont prises au regard de la détresse que peuvent connaître d’autres pays fortement touchés par le VIH/sida et nous souhaitons travailler conjointement avec d’autres Etats afin de lancer une dynamique et de rendre par exemple plus accessibles les traitements antirétroviraux grâce à des arrangements avec les groupes pharmaceutiques. A ce titre, le Sri Lanka propose la création, au plan régional et avec l’aide des Nations Unies, d’un Fonds asiatique pour le sida et la santé et d’un Partenariat asiatique contre le VIH/sida. Ce partenariat serait basé sur la confiance mutuelle entre les divers acteurs et viserait à inverser la tendance actuelle à la propagation du VIH/sida.
M. HAJAR BIN AHMED HAJAR AL-BANALI, Ministre de la santé publique du Qatar : La propagation du VIH/sida sur notre petite planète dans un court laps de temps exige une prise de position ferme pour combattre cette épidémie. Nous avons beaucoup appris au cours de ces vingt dernières années et il est maintenant temps de s’engager politiquement. Au Qatar, il y a une diversité de cultures qui enrichit le développement humain, mais nous nous élevons contre les attitudes à risque qui sont pratiquées dans certaines sociétés. Le Qatar fournit tous les services et le soutien nécessaires aux personnes vivant avec le VIH/sida, tout en tentant d’améliorer la prise de conscience de la population. Le caractère religieux et conservateur du pays tend à limiter la propagation de la maladie. Nous devons donner de bons exemples aux jeunes, en leur montrant que nous avons suivi les valeurs et principes dont nous avons hérité. Au niveau mondial, le Qatar souhaite voir se réaliser les étapes suivantes : traiter le problème de la dette des pays en développement, améliorer les systèmes de santé dans ces pays, échanger les expertises dans le domaine de la prévention du VIH/sida, intensifier les efforts de soutien à la recherche scientifique, fournir une prophylaxie contre la tuberculose pour toutes les personnes infectées par le VIH et, enfin, investir plus d’argent et d’efforts pour une meilleure prise de conscience au niveau de
la société.
M. ROMAN KOVAC, Ministre de la santé de la Slovaquie : Mon pays connaît une transition économique complexe qui se traduit notamment par la transformation du système de santé. En avril 2000, le ministère slovaque de la santé, en coopération avec les institutions de la société civile, a organisé la rencontre du Programme national pour une réunion d’information sur le sida qui avait pour but de renforcer la coordination et la coopération à tous les niveaux de la société dans la lutte contre le sida. Le Programme national contre le sida a été reconnu comme le partenaire principal. Cependant, outre le renforcement de la coopération multisectorielle existante, une autre mesure a été prise pour mettre au point un système de prévention et de traitements antirétroviraux. La création d’un partenariat sous-régional est en outre un élément indispensable de la prévention contre le sida. Le renforcement de la coopération technique d’ONUSIDA et celui du Programme d’action accéléré de l’Union européenne pourraient fournir une assistance significative à mon Gouvernement. Nous appuyons dans ce contexte la création du Fonds mondial pour la santé et contre le sida.
M. LEON-ALFRED OPIMBAT, Ministre de la santé, de la solidarité et de l’action humanitaire de la République du Congo : Le fléau du VIH/sida impose malheureusement d’importantes régressions à l’humanité tout entière. La pauvreté, la malnutrition, l’analphabétisme et les conflits armés constituent, dans la sous-région d’Afrique centrale, des facteurs aggravants. La lutte contre le VIH/sida passe nécessairement par l’instauration de la paix et de la stabilité, et c’est en ce sens que le Gouvernement congolais s’est engagé. La pandémie requiert une réponse mondiale, dans un élan d’amour, d’altruisme et de solidarité, ainsi qu’une mobilisation conséquente des ressources. Il faut reconnaître les efforts remarquables déployés par les Etats dits pauvres ou en développement dans la lutte contre le VIH/sida et dans le renforcement des services de santé, notamment dans les domaines de l’information, de l’éducation, de la communication, du marketing social du préservatif et de la formation. Cependant, des contraintes limitent la capacité d’action de ces pays, comme le poids de la dette extérieure. Un effort financier complémentaire de la communauté internationale demeure donc indispensable. Le Congo se réjouit enfin de la création d’un Fonds mondial pour le sida et la santé, en espérant que les pays riches et les généreux donateurs apporteront leur contribution au soulagement de la souffrance des démunis.
M. PETER S. COLEMAN, Ministre de la santé et du bien-être social du
Libéria : Avec un taux actuel de prévalence de 8,2%, nous nous trouvons au bord de l'explosion. Les interventions conventionnelles semblent efficaces mais laissent subsister un fossé entre prise de conscience et éducation. Avec des facteurs négatifs tels qu’un taux élevé d'analphabétisme, une migration massive et un niveau de pauvreté croissant, nous n'avons pas d'autres options que d'adopter une approche nouvelle qui reflète les résolutions du Forum du développement africain et de la Déclaration d'Abuja. Des ressources supplémentaires de financement bilatérales et multilatérales sont nécessaires. Il faut plus que doubler le niveau actuel des ressources affectées à la prévention et au traitement du sida ainsi qu'à l'allègement de la pauvreté. Le problème des obligations internationales extérieures crée des difficultés supplémentaires dans la mesure où nous sommes assujettis au problème de la dette qui nous étrangle. La lutte contre le sida aurait de plus grandes chances de succès si les pays développés pouvaient canaliser l'initiative de la Banque mondiale pour les pays pauvres très endettés (PPTE) de façon à alléger le fardeau des pays en développement et spécialement ceux qui émergent de crises civiles. Le Libéria félicite le Secrétaire général des Nations Unies pour son initiative audacieuse visant la création d'un Fonds mondial pour la lutte contre le sida et s'engage à verser 25 000 dollars à ce Fonds.
M. GASTON BROWNE, Ministre du plan et du développement d’Antigua-et-
Barbuda : Le premier cas de VIH/sida a été recensé à Antigua-et-Barbuda en 1985 et nous avons vu une augmentation des cas d’infection au cours des 15 dernières années. Nous avons tenté, avec nos ressources limitées, de mettre en place des programmes de prévention et de traitement du VIH/sida dans une région caribéenne fortement affectée par ce fléau. Aujourd’hui, le VIH/sida menace le développement de notre région car il affecte l’espérance de vie, la formation de ressources humaines et détérioration du tissu socioéconomique. Notre programme national est financé presque entièrement par le Gouvernement d’Antigua-et-Barbuda et par l’ONUSIDA. Grâce à ce programme, des tests volontaires sont mis à la disposition des femmes enceintes afin de limiter les risques de transmission mère-enfant. Nous mettons également en place des programmes d’assistance aux personnes infectées afin qu’elles puissent disposer des traitements adéquats. Cependant, nous ne disposons pas des ressources suffisantes pour répondre aux besoins de santé de notre population et nous appelons la communauté internationale à apporter l’assistance nécessaire à la région des Caraïbes afin qu’elle puisse faire face aux ravages de la pandémie. Une approche mondiale concertée est la seule réponse que la communauté internationale puisse apporter au problème du VIH/sida et nous souhaitons que les sociétés pharmaceutiques d’offrir les traitements antirétroviraux sur le marché à des prix abordables afin de garantir le succès des efforts accomplis par les gouvernements au niveau national.
Mme JACQUELINE THEODORE, Ministre par intérim de la santé de la Dominique : la propagation de l’épidémie du sida dans notre pays risque d’affecter nos capacités productives alors qu’au même moment, on assiste à un accroissement des demandes de financements consacrés à la fourniture de soins aux victimes et à la mise en place d’un système visant à atténuer les conséquences économiques et sociales de la maladie. Une campagne d’information et d’éducation est mise en place, par le biais des médias, au sein des écoles et des groupes communautaires depuis 1986. Dans le même sens, un Comité national contre le sida travaillant de concert avec le ministère de la santé et de la sécurité sociale et comprenant des agences gouvernementales, des éléments de la société civile, du secteur privé et des organisations religieuses, a été mise en place en 1988. Au niveau régional, nos efforts ont été soutenus par le Centre épidémiologique des Caraïbes qui travaille régulièrement avec nous à la mise en place d’un plan stratégique quinquennal contre le sida. Cependant, outre les efforts nationaux et régionaux déjà accomplis, il faut développer des programmes d’éducation innovants afin de changer le comportement des jeunes en particulier, de mettre en place davantage de programmes de lutte contre la pauvreté et de faciliter l’accès à des traitements au moindre coût. Afin de remplir la tâche qui nous incombe, nous avons besoin du soutien de la communauté internationale. C’est pourquoi, nous soutenons vivement la création du Fonds mondial pour la santé et contre le sida qui doit notamment avoir pour priorité de lutter pour la production de médicaments génériques
M. AHMED EL-ATRASH (Jamahiriya arabe libyenne) : Le VIH/sida est une des plus grandes tragédies de l’histoire de l’humanité qui ne connaît ni frontières, ni ne fait de distinction wntre ses victimes. Nous devons aujourd’hui oeuvrer sérieusement pour faire face à ce danger et être à la hauteur de nos responsabilités et dépasser nos égoïsmes afin de mettre en oeuvre les moyens nécessaires pour lutter contre le VIH/sida. Les pays les moins avancés sont déterminés à oeuvrer en faveur de la lutte contre le VIH/sida et, malheureusement, ce sont les pays riches qui ne sont pas à la hauteur des attentes de nos populations. Pourtant, aujourd’hui et face à ce danger, toutes les mesures devraient s’articuler autour de cette pandémie et des campagnes de sensibilisation et d’information devraient être mises en oeuvre en direction des populations les plus vulnérables. La Libye réaffirme son attachement aux valeurs morales, religieuses et spirituelles qui sont des “soupapes de sécurité” face aux risques de progression du VIH/sida. En effet, l’homosexualité est une des causes principales de la propagation de cette maladie et, à ce titre, il est regrettable que l’Assemblée générale ait reconnu ce phénomène en laissant participer des organisations homosexuelles aux travaux de cette session. En Afrique, nous sommes engagés à tout mettre en oeuvre pour lutter contre cette pandémie et les chefs d’Etat et de gouvernement, réunis récemment à Abuja, se sont engagés à consacrer 15% des budgets nationaux à la lutte contre le sida. Je tiens à souligner
l’obligation qu’ont les pays riches à contribuer aux efforts des gouvernements africains et la Libye a décidé, pour sa part, de créer une Fondation Sud-Sud pour la lutte contre les maladies infectieuses et le sida. Nous serons jugés sur nos actions et non sur nos déclarations et les déclarations que nous adopterons devront se traduire en mesures concrètes.
M. TENGIZ TSERTSVADZE, Président du Conseil exécutif du Centre scientifique pour le sida et l’immunologie clinique de la Georgie : La période post-totalitaire a été très difficile pour la Géorgie et nous avons eu à faire face à une situation économique catastrophique et à des infrastructures défaillantes. Au cours des dix dernières années, la Géorgie n’a pu disposer d’un système de santé digne de ce nom en raison de cette crise économique mais nous avons tout de même fait notre possible pour bâtir un système démocratique reposant sur les valeurs humaines élémentaires. Dans ses efforts de réforme, le Gouvernement a particulièrement mis l’accent sur la santé et a disposé d’un soutien important de la communauté internationale. Aujourd’hui, la Géorgie compte 229 cas de VIH/sida pour une population de 5 411 000 habitants mais nous estimons à près de 1 500 le nombre de personnes atteintes du virus sur tout le territoire. Les cas d’infection sont essentiellement dus aux injections de drogue par voie intraveineuse, aux comportements homosexuels, et aux transfusions sanguines. La Géorgie ne fait pas partie des pays les plus affectés mais si des mesures ne sont pas prises de manière urgente, les experts prédisent une expansion rapide de la pandémie. Le Gouvernement de Géorgie est conscient de la nécessité de considérer le VIH/sida comme une question prioritaire et un Programme national de contrôle et de prévention sur le VIH/sida a été créé, en 1999, à la suite de la fusion de trois différents programmes. Grâce à ce programme, les méthodes modernes de diagnostic et de traitement du VIH/sida sont disponibles en Géorgie bien que les conditions économiques ne nous permettent pas de mettre à la disposition des malades les traitements antirétroviraux. Nous souhaitons, à ce titre, obtenir le soutien des institutions spécialisées des Nations Unies telles que l’ONUSIDA et l’OMS pour qu’elles nous aident à bénéficier de ces traitements à moindre coût. Actuellement, un programme national multisectoriel de lutte contre le VIH/sida est en cours d’élaboration pour la période 2002-2006, grâce au concours d’agences internationales de développement.
M. NASTE CALOVSKI (Ex-République yougoslave de Macédoine) : Les gouvernements, le secteur privé, et les organisations non gouvernementales doivent unir leurs forces pour une mobilisation massive contre l’épidémie du sida. La propagation du virus dans notre pays s’est essentiellement effectuée par le biais de consommateurs d’héroïne. Une transmission verticale mère-enfant a également été détectée. Notre pays se bat constamment contre les facteurs d’intensification de la propagation tels que le trafic des drogues, le trafic illégal de petites armes et armes légères et le trafic d’êtres humains organisés par les terroristes albanais. La Commission nationale contre le sida, de concert avec les institutions spécialisées des Nations Unies, a été chargée d’élaborer et de constituer un plan stratégique multisectoriel. Il a été prévu d’instaurer un système de recherche et de surveillance épidémiologique, un laboratoire de recherche, une formation des travailleurs de la santé et un système d’éducation pour la population entière et, en particulier, pour les groupes à risques. Malheureusement, devant affronter des problèmes budgétaires, le ministère de la santé s’est vu contraint d’abandonner l’essentiel de sa politique de prévention.
Le Gouvernement soutient financièrement les services de santé publique et les ONG tentent de trouver des financements externes. Dans ce contexte, une coopération aux niveaux national, régional et international est indispensable et nous soutenons activement la création du Fonds mondial pour la santé et contre le sida.
M. MOHAMMED RASHID AL-ABSI (Emirats arabes unis) : Cette session marque la prise de conscience du fléau que constitue le VIH/sida. Il est extrêmement préoccupant de constater que les statistiques officielles montrent que cette maladie ne cesse de progresser. Depuis son apparition, en 1981, elle a coûté la vie à 22 millions de personnes dont la plupart étaient des femmes et des jeunes et cela malgré les progrès scientifiques. La gravité du problème et le lien entre sa progression et la pauvreté, l'ignorance, l'absence de traitements antirétroviraux ont empêché les pays de faire face à ce fléau. Cela exige la mise en place d'un véritable partenariat pour permettre l'accès des pays en développement aux traitements. Tout en rendant hommage aux efforts déployés par la communauté internationale pour lutter contre le VIH/sida, nous lançons un appel à la mobilisation des ressources et à une coordination des efforts.
Au plan national, les Emirats arabes unis ont mis en place un système de dépistage, de prévention et de soins dans le cadre d’un programme national aux ressources adéquates qui comporte notamment la fourniture de traitements. Il a adopté une législation visant à assurer aux malades tous leurs droits humains et notamment leur accès aux soins de santé tout en leur garantissant la protection contre toute discrimination. Nous avons également mis en place des actions de formation. Nous espérons que les efforts de la communauté internationale aboutiront à une stratégie claire et un plan d'action à la mesure des attentes de la communauté internationale.
M. VIKTORS JAKSONS, Conseiller du Ministre de la santé de la République de Lettonie : Aujourd’hui, le VIH/sida est reconnu comme une maladie classique, moderne, étroitement liée aux comportements humains et fortement influencée par le contexte socioéconomique. Le VIH/sida a un impact immédiat sur les populations marginalisées ou discriminées et, depuis son indépendance en 1991, la Lettonie fait face à de graves problèmes de santé publique et au VIH/sida en particulier. Après avoir été qualifiée de zone peu affectée pendant quelques années, nous avons maintenant un nombre important de personnes infectées par le virus. Après des consultations avec les Etats voisins de la Baltique qui ont lancé une initiative régionale de lutte contre le VIH/sida en 1999/2000, la Lettonie a entrepris la mise en place d’un cadre national de prévention et de contrôle de l’évolution de la pandémie. Ce programme national vise à s’assurer que chaque citoyen ait accès à l’information nécessaire et à l’éducation à la santé ainsi qu’aux soins de santé primaires. Il prévoit également des tests volontaires et confidentiels et protège les personnes atteintes contre toute discrimination. Il met également à la disposition des malades du sida des traitements antirétroviraux gratuitement dans la mesure du possible. La Lettonie soutient toute initiative qui, à l’échelle mondiale, renforcerait les moyens nationaux et régionaux de lutte contre le fléau du VIH/sida.
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