LES OBJECTIFS QU’ISTANBUL+5 VA SE FIXER NE SAURAIENT ETRE TROP AMBITIEUX SI LA VOLONTE POLITIQUE DE LES REALISER EXISTE
Communiqué de presse AG/1158 |
Assemblée générale
25e session extraordinaire
5e séance plénière – matin
LES OBJECTIFS QU’ISTANBUL+5 VA SE FIXER NE SAURAIENT ETRE TROP AMBITIEUX SI LA VOLONTE POLITIQUE DE LES REALISER EXISTE
Les objectifs que la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée à l’examen et à l’évaluation des progrès accomplis dans la mise en oeuvre du Programme pour l’habitat est sur le point de se fixer ne sauraient être trop ambitieux si la volonté politique de les réaliser existe, ont déclaré ce matin plusieurs ministres chargés du logement et de l’aménagement du territoire.
Il faut trouver les moyens de réduire le poids des villes et des agglomérations urbaines sur l'environnement et de régler les problèmes des zones urbaines dans un monde où la population mondiale augmente de 70 millions de personnes par an, a souligné M. Klaus Toepfer, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) au cours du débat général. Etant donnée la nécessité d'intégrer les questions de l'environnement dans l'administration des villes, la coopération entre le Centre des Nations Unies pour les établissements humains et le PNUE est d'une importance capitale pour la tenue du Sommet de Rio+10, qui se tiendra à Johannesburg en 2002.
Les représentants de plusieurs pays en développement ont présenté les mesures prises par leur gouvernement respectif pour améliorer la qualité de vie dans leurs villes et villages, dans les domaines du logement, de la gouvernance, de l’éradication de la pauvreté, de la gestion de l’environnement, du développement économique et de la coopération internationale. Le Ministre du gouvernement local du Lesotho a ainsi expliqué que son Gouvernement a mis en place plusieurs comités et commissions chargés de revoir la politique du logement, de la terre ainsi que l’arsenal juridique en la matière, et dont les travaux devraient notamment aboutir à l’abrogation des lois interdisant l’accès des femmes au logement, à la terre et au crédit. En dépit des efforts déployés et des mécanismes mis en place pour mettre en oeuvre le Programme pour l'habitat, la Jamaïque demeure confrontée aux problèmes persistants liés au caractère inadéquat des ressources humaines, financières et technologiques, a cependant ajouté le Vice-Premier Ministre et Ministre des biens fonciers et de l'environnement de la Jamaïque, appuyé par les représentants de plusieurs autres pays, dont le Nigéria et le Paraguay. Outre le rôle vital des ressources financières, l’importance d’un cadre politique efficace et transparent a été soulignée par le Ministre des travaux publics et du logement du Ghana, entre autres intervenants. Le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Géorgie a, pour sa part, déploré un niveau élevé de corruption dans son pays qui se manifeste surtout dans le domaine du développement urbain.
Si les gouvernements en sont responsables au premier chef, les différents volets de la mise en oeuvre du Programme pour l’habitat exigent cependant des ressources techniques et financières trop importantes pour faire l’objet d’initiatives isolées. Conscients de cette réalité, les représentants gouvernementaux ont une nouvelle fois fait part de mesures facilitant l’action des autorités locales et les approches participatives. Ils ont aussi mis l’accent sur les partenariats internationaux. Les représentants de la Yougoslavie et de l’ex-République yougoslave de Macédoine ont fait part de leurs difficultés à gérer les problèmes économiques, sociaux et environnementaux liés à l’afflux de plusieurs centaines de milliers de réfugiés sur leurs territoires respectifs à la suite de conflits. Grâce à la coopération de la communauté internationale, El Salvador a pu construire 75 000 nouveaux logements provisoires alors que la moyenne annuelle de nouveaux logements était de 20 000, a ainsi déclaré la Ministre des affaires étrangères d’El Salvador.
L’Assemblée générale a également entendu les ministres et représentants des pays suivants: Panama, Chili, Sierra Leone, Lesotho, Libéria, Hongrie, Mozambique, Ethiopie, Soudan, Equateur, Guyana, Paraguay, Qatar, Singapour, Argentine, Jamahiriya arabe libyenne, Thaïlande, Estonie, République démocratique du Congo et Congo. La Présidente des «Grassroots Organizations Operating Together in Sisterhood» est aussi intervenue au cours du débat général.
La session extraordinaire tiendra sa dernière réunion, cet après-midi à
15 heures.
Examen et évaluation des progrès accomplis dans la mise en oeuvre du Programme pour l'habitat; autres mesures et initiatives visant à surmonter les obstacles entravant la mise en oeuvre du Programme pour l'habitat; déclaration sur les villes et autres établissements humains en ce nouveau millénaire
Débat
M. SEYMOUR MULLINGS, Vice-Premier Ministre et Ministre des biens fonciers et de l'environnement de la Jamaïque : Malgré les efforts déployés et les mécanismes mis en place pour mettre en oeuvre le Programme pour l'habitat, la Jamaïque, comme d'autres pays, demeure confrontée aux problèmes persistants liés au caractère inadéquat des ressources humaines, financières et technologiques. Ces pays continuent à dépendre des prêts concédés par les pays développés et les institutions financières internationales. Toutefois, pour les pays en développement, la communauté des donateurs doit comprendre que, si les problèmes peuvent être généralisés, les pratiques culturelles et autres, les normes et les niveaux d'éducation peuvent, elles, varier. Il y a donc un visage humain derrière chaque question. L'engagement et le rôle des multinationales doivent être encouragés pour qu'elles s'impliquent davantage à la recherche de solutions. Les pays en développement doivent aussi continuer à renforcer leur autosuffisance et compter davantage sur le talent de leur population. L'importance pour les stratégies de développement d'une approche participative doit être soulignée. Tous les citoyens doivent être amenés à comprendre les problèmes et les mesures qui suivront les décisions que prendra la session extraordinaire.
M. MIGUEL CARDENAS, Ministre du logement du Panama : Cinq ans après la Conférence d'Istanbul, le pays réitère, au nom des Ministres et de l'Autorité suprême du logement et de l'urbanisme d'Amérique latine et des Caraïbes (MINURVI), l'engagement en faveur du Programme pour l'habitat comme source de développement durable des établissements humains. Les Ministres de la MINURVI ont conçu les stratégies du Plan d'action régional qui traite de l'instauration de l'équité et de la lutte contre la pauvreté dans les villes, de l'urbanisme, de la vulnérabilité face aux catastrophes naturelles, de l'amélioration de l'environnement, de la gouvernance et de la participation, et de l'efficacité dans les politiques et la gestion. Les Ministres demandent que, dans le rapport de la session extraordinaire, soient inclues leur Déclaration de Santiago et une reconnaissance de la mise à jour du Plan d'action régional de la MINURVI. Au mois d'octobre prochain, les Ministres célèbreront le dixième anniversaire de la MINURVI qui sera l'occasion de présenter des éléments des stratégies de logement pour les prochaines années. Dans la région, la mise en oeuvre du Programme pour l'habitat a connu des progrès importants mais les inégalités demeurent en raison des conséquences de la mondialisation mais aussi des carences sociales du passé.
M. JAIME RAVINET, Ministre du logement, du développement urbain et du patrimoine national du Chili : Le Chili, petit pays de 15 millions d’habitants, dispose d’un peu moins de 4 millions de logements dont un million ont été construits ces dix dernières années. L’application de politique publique efficace est essentielle pour l’amélioration des établissements humains, de même que la coopération entre les secteurs privé et public. L’expérience des prêts à des taux favorables paraît un élément crucial pour le succès de la politique de logement. L’accroissement de la production, la transparence des procédures, l’organisation des résidents et la modernisation des institutions sont essentiels dans le contexte d’une économie faible. Nous avons réussi, grâce à des politiques sociales proactives, à réduire de manière significative la pauvreté en faisant passer le taux de la population pauvre de 40 à 20%. Pour réduire le déficit en matière de logements, nous adopterons des démarches intégrées et des politiques en faveur des plus démunis. Le Gouvernement s’est engagé à construire quelque 25 000 logements par an en encourageant l’épargne et en accordant des subventions. Environ 100 000 familles habitant actuellement dans les favelas seront relogées d’ici à 2005 et 30 000 de plus d’ici à 2007. Par ces programmes, nous fournirons quelque 300 000 logements d’ici à 2007. 85% de la population vivent dans des zones urbaines. L’urbanisation tentaculaire est un phénomène courant dans toute l’Amérique latine. A l’avenir, la politique chilienne se concentrera sur le développement des institutions en améliorant leur gouvernance, sur le développement urbain et l’aménagement du territoire, la réforme de leur financement et le renforcement de la participation des communautés, ainsi que la promotion du développement rural. Face aux défis que représente la satisfaction des besoins en logement des populations, il est nécessaire de renforcer la coopération internationale, notamment en encourageant les échanges d’expériences et le développement des technologies.
M. ALFRED BOBSON SESAY, Ministre des biens fonciers, du logement, de la planification et de l'environnement de la Sierra Leone : Du fait de la guerre
qui a ravagé le pays, quelque 300 000 maisons ont été détruites ainsi que
1 700 établissements scolaires, 400 hôpitaux ou dispensaires et 300 châteaux d'eau. Sur une population de 4,5 millions de personnes, 1,2 million d'entre
elles sont devenues soit personnes déplacées soit réfugiées. En outre, quelque
1 000 personnes de tous les âges ont été amputées. En dépit de cette situation, le Gouvernement a mis ses moyens limités au service de la reconstruction du pays. En 1996, le Gouvernement a procédé à des changements institutionnels pour traiter de la question de la reconstruction et de la démobilisation des anciens combattants. Ainsi, le Comité pour la reconstruction nationale a été transformé en une Commission pour la reconstruction, la réhabilitation et la réinstallation. Un Programme de démobilisation, de désarmement et de réintégration a également été établi. Le Gouvernement s'est en outre attelé à des réformes juridiques. Ainsi, la loi sur la planification du territoire a été amendée faisant de l'ensemble du pays un territoire à aménager. Cela signifie que le Ministre est maintenant l'autorité suprême en ce qui concerne l'utilisation de la terre sur toute l'étendue du territoire. Pour assurer la gestion de l'environnement, le décret en la matière a été transformé en loi.
M. GARBA MADAKI ALI, Ministre d’Etat des travaux et du logement du Nigéria : A l’orée du XXIème siècle, la population urbaine du Nigéria représente environ 40% de population totale du pays et ce taux devrait atteindre 65% d’ici à 2025. Une telle croissance urbaine provoque souvent une augmentation de la pauvreté, une dégradation de l’environnement, une congestion, une surpopulation, une criminalité accrue, ainsi qu’une multiplication des sans-abri. En collaboration avec le CNUEH, le Nigéria a lancé à Abuja la Campagne mondiale pour la bonne gouvernance urbaine. Pour que le Programme pour l’habitat puisse être mis en oeuvre, il est indispensable de créer un environnement propice et facilitant les programmes nationaux des pays en développement. Les pays développés doivent d’urgence atteindre l’objectif agréé au niveau international en matière d’aide publique au développement (APD). Il faut aussi que la communauté internationale traite du grave problème de la dette des pays en développement afin que ces derniers puissent allouer davantage de ressources aux programmes nationaux pour l’habitat. Il est tout aussi important d’améliorer et de renforcer le financement du CNUEH-Habitat afin qu’il puisse mener à bien les tâches dont il est chargé.
M. DRAGOSLAV SUMARAC, Ministre du logement de la Yougoslavie : La transition d’une économie planifiée à une économie de marché pose sans aucun doute des difficultés économiques et sociales affectant en particulier la population et les établissements humains. La Yougoslavie a longtemps été isolée, à la suite des sanctions imposées par l’ONU et d’autres restrictions et a souffert des bombardements dont elle a été victime en 1999 qui ont eu un impact négatif sur les établissements humains et l’environnement. La Yougoslavie a la charge d’une population de 700 000 réfugiés et personnes déplacées en provenance de Bosnie-Herzégovine, de Croatie et du Kosovo. La Yougoslavie compte sur une implication encore plus grande de la communauté internationale, et en particulier du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). La situation dans la province serbe du Kosovo et Metohija est une préoccupation supplémentaire. Les Serbes et les non-Albanais ont dû quitter leurs logements au Kosovo et à Metohija et trouver refuge dans d’autres parties de la Yougoslavie. Leurs logements sont maintenant occupés par des Albanais. Il est nécessaire que la Mission intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) et qu’Habitat, ainsi que les autres institutions spécialisées présentes au Kosovo, prennent des mesures, en coopération avec les autorités yougoslaves et la République de Serbie et conformément à la résolution 1244 du Conseil de sécurité, et ce dans le but d’assurer le retour des personnes expulsées et déplacées, en toute sûreté et sans obstacles, et de protéger leurs droits de propriété. La Yougoslavie est déterminée, en dépit des obstacles, à construire une société démocratique fondée sur l’Etat de droit et le respect des droits de l’homme. Elle envisage l’adoption de lois visant à décentraliser et à renforcer les autorités locales dans le domaine des établissements humains. L’élaboration d’un plan de développement régional est une priorité.
M. KWAMENA BARTELS, Ministre des travaux publics et du logement du Ghana : Le droit au logement est un droit fondamental et, dans ce cadre, le taux de croissance de la population urbaine doit être perçu comme un appel urgent en faveur du développement durable. Les objectifs que la session extraordinaire est sur le point de fixer ne sauraient être trop ambitieux si la volonté politique existe. La capacité des pays en développement à fournir un appui à ces citoyens dépend des partenariats et d'un cadre politique efficace. Dans ce contexte, le Ghana s'est engagé à offrir à sa population des établissements humains viables. Des politiques ont été mises en place pour encourager la transparence, extirper le pays de sa situation actuelle et contribuer à la paix dans la région pour encourager une plus grande création des richesses. Des investissements directs et des partenariats avec le secteur privé ont été au coeur des efforts nationaux. Les logements construits par ce secteur n'étant pas toujours abordables, le Gouvernement a pris des mesures pour alléger le coût des matériaux de construction et compenser l'absence de financement pour des constructions à long terme.
La politique du cadastre a pour priorité la fourniture des terres et la garantie de la sécurité. Ainsi, des subventions ont été offertes aux familles à faible revenu. Le Gouvernement essaye d'augmenter les investissements dans les logements en renforçant son soutien au secteur privé, et ce, en partenariat avec des ONG et d'autres acteurs de la société. A ce jour, 250 millions de dollars ont été consacrés à la construction de 20 000 unités de logement dans les prochaines années. Le but est aussi d'élargir l'accès des citoyens aux infrastructures de base. Par exemple, l'approvisionnement en eau couvre 75% des zones urbaines et 46% des zones rurales. La politique de décentralisation a aussi permis une plus grande participation au niveau des communautés locales. La Constitution prévoit,
en effet, que le Gouvernement central libère 5% des recettes totales du pays pour différentes assemblées qui mettent au point des projets de développement. Il leur revient alors d'utiliser 20% des sommes fournies pour offrir des logements à bon marché. La catastrophe du stade d'Accra a fait comprendre qu'il reste beaucoup à faire pour prévenir ce type d'accidents. Il faut plus de soutien et plus de ressources mais aussi plus d'indicateurs de mise en oeuvre du Programme pour l'habitat.
M. MOPSHATLA MABITLE, Ministre du gouvernement local du Lesotho : Dans sa quête d’une amélioration de la qualité de vie dans les villes grandes et moyennes et les villages de notre pays, et dans le contexte des engagements pris à Istanbul, qui incluent le logement, le développement social, l’éradication de la pauvreté, la gestion de l’environnement, le développement économique, la gouvernance et la coopération internationale, le Lesotho a créé un Comité national de l’habitat chargé d’élaborer une politique nationale du logement. Une Commission du même type a été créée pour réviser la politique nationale foncière dans le même esprit. Le Gouvernement encourage également le secteur privé à participer à la construction de logements en créant un climat propice aux investissements. De son côté, la Commission de réforme législative a proposé que toutes les lois qui interdisent aux femmes d’accéder à la terre, au logement ou au crédit soient abrogées. Dans le domaine de la bonne gouvernance, autre domaine clé d’Habitat, mon gouvernement a lancé un programme de réforme du secteur public visant, entre autres, l’amélioration de la qualité des services, la décentralisation et la mise en place de gouvernements locaux démocratiques, ainsi que l’administration de la justice. La restructuration de l’économie par la privatisation des entreprises d’Etat a permis de libérer des fonds destinés aux programmes sociaux depuis que le Gouvernement ne doit plus subventionner ces entreprises. En avril 2001, les présidents de l’Afrique du Sud et du Lesotho ont signé un accord de coopération dont le principal objectif est de sortir le Lesotho de la catégorie des pays les moins avancés en cinq ans.
Mme OPHELIA HOFF SYATUMAH, Maire de Monrovia, au nom de Mme AMELIA WARD, Ministre de la planification et des affaires économiques du Libéria : En tant
que pays sortant d’une guerre civile, la reconstruction de logements et d’établissements humains est une priorité. Le Libéria a créé un Comité national du logement, sous la houlette du ministère de la planification et des affaires économiques composé de membres de la société civile, d’organisations non gouvernementales et d’entités privés et communautaires. Les programmes spécifiques ont bénéficié de l’assistance financière et technique du PNUD et d’Habitat et ont permis la préparation du programme d’appui à la reconstruction d’infrastructures de logement et de services pour un montant de 11 924 000 de dollars. Un programme de reconstruction de logements ruraux, d’un montant de
1,5 million, est actuellement en cours. Ce programme contient un volet concernant la promotion de microcrédits à la construction et de programme de génération de revenu visant à réduire la pauvreté. Des ONG, des investisseurs financiers et des développeurs sont impliqués dans la réalisation du Programme pour l’habitat au Libéria. Le déficit de financement est un obstacle à l’expansion et au transfert des programmes dans les autres régions du pays qui en auraient besoin. Le conflit a contribué à l’affaiblissement des capacités de planification des institutions et des structures du Gouvernement. Le Libéria a besoin d’une assistance technique et d’une aide au renforcement des capacités supplémentaires afin de renforcer les autorités locales et de mener à bien la reconstruction. Une coopération régionale plus étroite est nécessaire pour assurer l’amélioration des résultats des programmes de coopération technique au développement du PNUD.
M. BOUATHONG VONGLOKHAM, Ministre des communications, des transports, des postes et de la construction de la République démocratique populaire lao : En raison de la situation économique difficile, le Gouvernement a pour politique d'encourager les investissements visant à développer les infrastructures et les équipements urbains d'un certain nombre de villes. Pendant les cinq dernières années, les réalisations des projets de planification et de développement urbain ainsi que les projets en eau potable ont été significatifs et pris une envergure sans précédent. Dans les principales villes, les réseaux d'infrastructures et les services urbains sont achevés. Dans ce contexte, le Gouvernement attache une grande importance aux problèmes d'environnement. En termes de gouvernance et d'institutions, le Gouvernement met en place une politique de décentralisation se traduisant par un transfert de ses compétences aux autorités des districts et des villages lesquels mettent en application la politique du Gouvernement. Ce dernier lance également la création d'une municipalité dans chacune des cinq grandes villes du pays afin d'établir un système municipal dans l'ensemble de la nation en tenant compte des caractéristiques politiques, administratives, économiques et sur le contexte socioculturel du pays. La coopération interne exige la participation de la population dans la mise en oeuvre des projets de développement urbain. Actuellement, sa participation reste limitée, son appui étant plutôt indirect et d'ordre moral.
Mme MARIA EUGENIA BRIZUELA DE AVILA, Ministre des affaires étrangères
d’El Salvador : Parmi les progrès modestes mais durables accomplis par mon pays dans la réalisation des objectifs du Programme pour l’habitat, on peut citer la réduction du déficit du logement. Malheureusement, ces progrès ont été mis à mal par l’Ouragan Mitch. Les ministères de l’environnement et des ressources naturelles et du logement ont mis en place un plan commun qui permettra notamment de réaliser la localisation géographique des investissements afin de favoriser un développement équilibré du territoire. Les organisations non gouvernementales et le secteur privé participeront à la mise en oeuvre de ce plan. Deux séismes récents intervenus en un seul mois ont fait perdre leur foyer à plus de 200 000 familles. Le Gouvernement a créé 75 000 nouveaux logements provisoires, alors que jusqu’ici, le pays créait 20 000 logements par an, et ce, grâce à la communauté internationale. Nous sommes convaincus que nous aurons des résultats prometteurs d’ici à la prochaine session d’Habitat.
M. PETER SZALO, Secrétaire d’Etat adjoint au ministère de l’agriculture et du développement rural de la Hongrie : La population urbaine représente 63,5% des 10,2 millions d’habitants. Le Gouvernement a pris des mesures pour décentraliser les décisions institutionnelles et financières dans le domaine du développement et des politiques régionales dont les objectifs sont l’amélioration des conditions d’emplois, d’infrastructures et de la qualité de vie, l’élaboration de stratégies en matière de nouvelles technologies de l’information dans les zones rurales, la réduction de l’exode rural, le développement rural, la réduction de la différentiation des espaces et de l’occupation illégale du territoire, ainsi que le renforcement des partenariats. S’agissant de la politique de conservation et de protection de l’environnement, le plus gros reste à faire pour ce qui est de l’amélioration de la qualité de l’air et de l’eau, des nappes souterraines, des déchets, des eaux usées, du bruit et de la diversité biologique. Entre 4 et 5% de la population vivent dans la pauvreté, la grande majorité se trouvant dans les zones rurales. Afin de faire face aux problèmes du chômage, des familles monoparentales, des personnes handicapées et de la pauvreté galopante, le
Gouvernement met en place un système de santé et de pensions. Une loi a également été adoptée pour protéger les enfants et l’égalité d’accès des femmes à l’éducation, à l’emploi et à d’autres situations où elles pourraient faire face à des handicaps. Le Gouvernement a élaboré, en 2000, un plan de développement économique complet dont la composante politique du logement prévoit la construction de 40 000 logements par an. Des mesures en faveur des personnes handicapées et des personnes âgées sont prévues, de même que des garanties de subventions publiques pour l’accès à la propriété. La Hongrie est convaincue que pour faire face aux problèmes du développement économique, aux problèmes sociaux, à la pauvreté et à la criminalité, l’adoption d’une approche intégrée est nécessaire. Les autorités locales jouent un rôle crucial dans le développement économique, l’amélioration des infrastructures et l’application des mesures environnementales. Elles jouent également un rôle important dans le développement d’une politique régionale permettant un aménagement du territoire équilibré.
M. DAVID APTSIAURI, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Georgie : Les besoins en logement, en travail et en revenus des 300 000 personnes déplacées d'Abkhazie et de la région de Tskhinvali, pesant lourdement sur la politique de logement du pays, ne peuvent être satisfaits qu'avec l'aide de la communauté internationale. Toutefois, les réformes systémiques dans lesquels s'est embarquée la Georgie depuis cinq ans, ont acquis un caractère irréversible. En 1997, un nouveau Code civil a été élaboré qui crée un cadre juridique aux nouveaux propriétaires immobiliers. Durant la même période, une série de lois ont été adoptées qui reconnaissent la propriété privée en matière de lotissements urbains et régissent les relations dans le domaine de l'utilisation des terres. Le Gouvernement a également élevé, au niveau des communes, la décentralisation au rang de priorité dans les domaines du développement, du logement et de l'économie, ainsi que de la gestion des constructions et des infrastructures de communication. Le système des indicateurs urbains mis en place en 1996 a ouvert de nouvelles opportunités pour le développement des logements.
Toutefois, les réformes entreprises n'ont pas vraiment porté leurs fruits en termes d'aménagement du territoire et de développement urbain. Le pays est confronté à des défis tels que l'augmentation de la pauvreté urbaine, l'émergence des personnes sans domicile fixe, les constructions illégales, la réduction des espaces publics, la destruction des espaces verts et des espaces de loisirs ou encore l'absence d'un système de logements sociaux. Outre ces problèmes, le pays doit s'attaquer au niveau élevé de corruption qui se manifeste surtout dans le domaine du développement urbain.
M. MARJAN DODOVSKI, Vice-Ministre de l’environnement et de l’aménagement du territoire de l’ex-République yougoslave de Macédoine : La politique démographique est un élément central dans la planification de l’avenir du pays et, dans ce cadre, le Gouvernement vise à garantir une efficacité maximum dans l’utilisation de l’espace et des ressources disponibles, l’humanisation des conditions de vie de la famille et de la vie sociale, la réduction des tendances migratoires, ainsi que la création de conditions équitables pour le développement régional. A l’heure actuelle, 59,7% de la population vivent dans des zones urbaines et 40,3% dans les zones rurales. L’exode rural entraîne une marginalisation des zones rurales du pays. Le Gouvernement a mis en place un nouveau plan de l’espace public et promulgué une nouvelle loi sur l’autonomie locale.
L’ex-République yougoslave de Macédoine, étant située dans la turbulente région des Balkans, a dû affronter d’extraordinaires défis pendant la crise des réfugiés du Kosovo en 1999, au cours de laquelle elle a dû abriter 360 000 réfugiés du Kosovo. En dépit des problèmes économiques, sociaux, sanitaires et environnementaux provoqués par cet afflux massif, plus de 160 000 personnes ont été abritées dans des camps et d’autres ont été accueillies dans des maisons privées ou des familles.
M. HENRIQUE COSSA, Vice-Ministre des travaux publics et du logement du Mozambique : Le Gouvernement du Mozambique a approuvé une stratégie de réduction de la pauvreté pour 2001-2005 prévoyant la prise en compte des aspects économiques, sociaux, politiques et culturels dans tous les programmes aux niveaux local, provincial et national. L’objectif est de maintenir une croissance autour de 8% afin de faire passer la part de la population pauvre en dessous de 50%. Un fonds national pour le logement a été créé pour fournir des crédits à la construction et permettre la réhabilitation des groupes de population à revenu faible et les jeunes couples. Le Gouvernement a transféré 70% de son parc immobilier à des prix subventionnés et alloué les ressources de ces ventes au Fonds pour le logement. Un Conseil pour le développement durable composé de la société civile, des autorités gouvernementales et de représentants du secteur privé a été créé afin d’œuvrer à l’application du Programme pour l’habitat. De même un programme pour la gestion de l’environnement est mis en place dans l’objectif de lutter contre la dégradation de l’environnement et de créer une capacité de gestion au niveau local. Les autorités locales jouent un rôle crucial dans le développement et la planification urbains et périphériques et l’amélioration des conditions de vie dans les centres urbains. La participation des femmes est encouragée dans toutes les activités de promotion du développement durable. Elles bénéficient d’une grande part des fonds alloués au développement du logement. Ces deux dernières années, le Mozambique a été très touché par les inondations qui ont fait reculer l’application des programmes et des projets dans le domaine des établissements humains. Les efforts sont concentrés sur la réhabilitation des routes et des infrastructures, sur la promotion d’activités génératrices de revenus, et sur l’évacuation des zones à risque et la réinstallation dans des logements sûrs.
M. BIRHANU TAMRAT, Vice-Ministre des travaux publics et du développement urbain de l'Ethiopie : Le pays s'engage à mettre en oeuvre le Programme pour l'habitat en fournissant la sécurité d'occupation et l'accès égal aux terres, conformément au droit au logement. Etant donné que 85% de la population éthiopienne vivent dans les campagnes, le pays est convaincu qu'une politique consistant à lier les préoccupations urbaines et rurales est d'une importance cruciale pour le développement durable des établissements humains. C'est la raison pour laquelle l'Ethiopie demande à la session extraordinaire d'accorder l'attention voulue à la dimension rurale du développement urbain durable. Bien que des efforts importants aient été déployés pour mettre en oeuvre le Programme pour l'habitat, à différents niveaux, il est toujours nécessaire de mettre en place des mécanismes de mobilisation et de coordination des ressources financières extérieures et de l'assistance technique. La coopération internationale doit se renforcer dans le domaine de l'amélioration des capacités des pays en
développement. Il faut en outre faire en sorte que l'investissement direct étranger (IED) est dirigé davantage vers les secteurs du logement, des infrastructures urbaines, de la protection de l'environnement et du renforcement des capacités institutionnelles. Il faut donc espérer de cette session extraordinaire qu'elle renforce la coopération entre pays développés, pays en développement et autres partenaires importants pour relever les défis mondiaux des établissements humains.
M. ADLAN EL SIDDIG ELKHALIFA, Secrétaire général du Conseil National pour l’aménagement du territoire (Soudan) : Un grand nombre de citoyens des pays en développement vivent en-dessous du seuil minimal de pauvreté. Istanbul a identifié deux grands objectifs, à savoir fournir un logement convenable à tous et garantir une sécurité d’occupation. Un Comité national a été créé afin de superviser la mise en oeuvre du Programme pour l’habitat. Nous espérons que l’Assemblée générale oeuvrera pour l’application du Programme d’Istanbul et apprécions grandement les travaux du Centre des Nations Unies pour les établissements humains (CNUEH), en particulier les deux campagnes mondiales qu’il a lancées pour la sécurité d’occupation et la gouvernance urbaine. Nous avons mis l’accent sur la paix, l’unité nationale et établi des plans d’action dans le domaine des établissements humains et du développement urbain. Nous avons également appliqué des politiques par étape dans des secteurs économiques et renforcé les institutions de l’Etat. Le Gouvernement fait tout son possible pour assurer un abri convenable à chacun, notamment grâce au projet de «l’habitat populaire préfabriqué». Conscient de l’importance des établissements durables, le Gouvernement a œuvrée en faveur de l’application de la Convention de Khartoum. La création de villages de paix dans les Etats méridionaux du Soudan est soutenue par l’Etat ainsi que par des organisations internationales. Nous avons également élaboré un programme de réduction de la pauvreté, de la mendicité et du vagabondage. Le Soudan a accompli des efforts considérables pour réduire le rôle du pouvoir central afin d’assurer une décentralisation efficace. Nous avons accordé plus de pouvoirs aux collectivités locales. En vue d’élargir la base de la participation populaire et de la société civile, nous avons appelé toutes les organisations nationales s’occupant des établissements humains à s’inspirer des meilleures pratiques. Nous admettons que les options de développement prospectives des établissements dépendent de l’évolution future de l’économie. On ne peut passer sous silence la condition des peuples opprimés, à la tête desquels se trouve le peuple palestinien opprimé par le pouvoir israélien.
M. CRISTIAN CORDOBA CORDERO, Vice-Ministre du logement et du développement urbain de l’Equateur : Le Gouvernement s’est concentré sur le développement des logements, le développement rural et la décentralisation au profit des autorités locales. Les subventions directes se sont montrées un outil efficace pour assurer le développement du logement. Pour surmonter la crise des zones rurales, des programmes de développement ont été lancés. La modernisation de l’Etat a été un défi difficile à mettre en œuvre mais l’Etat s’est efforcé d’encourager la décentralisation et les principes de bonne gouvernance et d’obligation rédditionnelle. Les autorités locales tentent de garantir un lien permanent avec les populations. Le Gouvernement envisage de renforcer les municipalités et de créer un système de cadastre pour favoriser le développement d’établissements humains durables. L’objectif est d’atteindre une meilleure gouvernance et d’assurer la participation des citoyens. L’Equateur connaît des limitations financières, compte tenu de la charge de la dette qui absorbe plus de 40% des ressources du pays. Les obstacles que constituent les droits de douanes trop élevés et les mesures protectionnistes en matière commerciale doivent être levés.
Il est essentiel d’assurer des progrès qualitatifs et quantitatifs dans le développement des établissements durables. Pour ce faire, il faut se concentrer sur les objectifs de la Déclaration du millénaire. Les questions capitales que constituent les défis des établissements humains et de la coopération internationale au développement doivent être examinées en priorité.
Mme MYRNA PITT (Guyana) : Au cours des cinq dernières années, le Gouvernement a mis au point des programmes dans le domaine du logement qui visent particulièrement les ménages à faibles revenus et les habitants de logements informels. A cette fin, près de 91 sites d'habitations ont été créés rendant disponibles quelque 50 000 maisons. En effet, les priorités sont de fournir des logements aux personnes démunies, d'élargir les services municipaux dans les nouveaux sites de logement et de réhabiliter les infrastructures municipales existantes. Toutefois, les succès auraient pu être plus notables si l'environnement international avait permis au pays d'obtenir un prix raisonnable pour ses principaux produits à l'exportation que sont le sucre, le riz et l'or. En effet, les prix de ces produits de base n'ont cessé de chuter durant ces dernières années. Toutefois, les efforts visant à assurer le droit à un logement abordable ont eu un impact réel sur la réduction de la pauvreté dans le pays.
Aujourd'hui, le pays travaille avec ses partenaires du développement pour alléger le fardeau de la dette. Des consultations préalables ont conduit à l'élaboration d'une Stratégie nationale de développement qui met en bonne place le droit au logement, le lien entre la politique de logement et les autres aspects de la stratégie de développement, ainsi que le droit de la population urbaine à des modes de vies décents. De plus, dans la politique du pays en matière de logement, une grande attention est accordée au renforcement du partenariat entre les secteurs public et privé, à la promotion des communautés et à celle d'un environnement favorable au développement de logements pour les groupes à faibles revenus. L'obstacle en la matière vient du marché international où le déclin des ressources à l'exportation entraîne automatiquement celui des ressources aux fins du développement. Le pays est donc convaincu que le succès du Programme pour l'habitat est intimement lié à celui du programme d'action qui sera adopté à la prochaine Conférence sur le financement du développement.
M. JORGE LARA CASTRO (Paraguay) : Selon les indicateurs démographiques actuels, 57% de la population paraguayenne, soit six millions de personnes, vivront dans des zones urbaines en 2005. Face à cette croissance démographique, le modèle économique prévalant n’a pas pu fournir de solutions aux besoins sociaux croissants et on a vu une augmentation générale et extrême de la pauvreté rurale et urbaine. Presque 1,8 million de personnes vivent actuellement dans la pauvreté. Le Gouvernement a instauré une décentralisation du rôle de l’Etat. Une grande partie de la population ne bénéficie pas des services nécessaires car la plupart des services sont concentrés à Asunción, la capitale du Paraguay. L’urbanisation exerce également une forte pression sur l’environnement. Il est incontestable que l’aggravation de la pauvreté est un obstacle à la mise en oeuvre des initiatives de logement ainsi qu’en matière de développement social. Les facteurs extérieurs ont également une incidence et n’ont fait qu’approfondir la pauvreté. Au nombre des facteurs positifs, il convient également de signaler la mise en application de lois portant sur la réforme fiscale, la loi du travail et la réglementation du marché des capitaux. La Banque nationale de l’épargne et le Conseil national du logement ont appliqué des stratégies nationales en matière de logement. La coopération internationale, doit accorder la priorité à la réforme de l’Etat, au processus de production et au renforcement des ressources humaines. En conclusion, le Paraguay réaffirme les engagements qu’il a pris en faveur du Programme pour l’habitat et fait appel aux Nations Unies pour mettre au point de nouvelles stratégies pour l’avenir.
M. JAMAL ALBADER (Qatar) : Le nombre de personnes qui sont sans-abri est trop important, surtout dans les pays en développement. Plus d’un milliard de personnes sont mal logés et quelque 100 millions sont sans-abri. L’exode rural exerce des pressions sur le développement urbain des villes des pays en développement. 40% de la population vivent dans les villes et ce nombre est en croissance. Tout est cependant mis en œuvre pour fournir un logement convenable à tous les citoyens du Qatar. L’Etat participe à des projets de logements sociaux, en particulier pour les orphelins et les personnes âgées. Les normes environnementales les plus élevées sont adoptées pour tous les programmes de développement des établissements humains. Des programmes de subventions à la construction sont mis en place. La coopération internationale est nécessaire à la réhabilitation des pays qui ont connu des guerres et ont la charge de populations réfugiées. Le peuple palestinien est confronté à l’occupation de son territoire. Les colonies israéliennes sont illégales et sont à la base de la complication de la situation. Nous lançons un appel à Israël pour qu’il mette fin à sa politique de colonisation.
M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) : Le pays est sans doute le territoire le plus peuplé de la planète qui, sur 680 km2, abrite 4 millions de personnes. En conséquence, les gouvernements successifs ont initié un programme important de construction qui continue à ce jour sous une forme modifiée et qui, sans doute, ne sera jamais terminé. Aujourd'hui, près de 86% de la population vivent en appartement alors que les 14% restants vivent dans des maisons privées. Parmi les résidents des appartements, 92% possèdent leur logement et 8% vivent dans des appartements subventionnés par l’Etat. Pour encourager ses habitants à devenir propriétaires, Singapour a mis en place un système obligatoire de sécurité sociale. Le statut de propriétaire a, en effet, fait de chaque citoyen un acteur actif du développement de la nation et a fait naître en chacun un intérêt réel pour l'harmonie sociale et la préservation d'un environnement sain. Dans ce contexte, certaines industries et entreprises ont été réinstallées en dehors du centre afin d'assurer une distribution plus équitable des logements et des emplois sur l'étendue du territoire.
Pour garantir une utilisation optimale de la terre, le pays a élaboré un "Plan concept". Toutefois, à Singapour comme ailleurs, les 5 à 10% de personnes ayant de faibles revenus nécessitent une assistance en matière de logement. C'est la raison pour laquelle l'autorité publique chargée du logement a mis en place une série de schémas d'assistance pour donner aux personnes concernées une plus grande mobilité grâce à l'octroi de subventions pour l'achat de leur logement. Compte tenu de sa situation unique et particulière, Singapour ne peut prétendre que son expérience est valable pour les pays ou les villes de plus grande taille. Mais, dans le cas des environnements urbains de taille réduite, Singapour a acquis une certaine expérience qu'elle peut partager au moins pour éviter à d'autres les erreurs et les problèmes que l'on peut faire et rencontrer. En la matière, l'adaptabilité, la détermination, la persévérance et la gestion prudente des ressources doivent être de mise.
M. NORBERT WALTER PAZOS, Sous-Secrétaire à la planification urbaine et au logement de l’Argentine : Dès les années 50, le droit au logement a été introduit dans la Constitution argentine. L’application des engagements pris par l’Argentine dans le cadre du Programme pour l’habitat a enregistré certains succès. On a assisté à des progrès de la réalisation du droit au logement grâce à une augmentation de la création de logements, qui est passée de 27 000 à 53 000 unités annuelles. Le nombre de personnes vivant dans des logements insalubres est passé de 12,1% à 9,3%. Dans les années 90, les ressources consacrées à la construction et à l’immobilier ont fortement augmenté grâce à la mise en place d’un cadre législatif adéquat. Les programmes de financement municipal ont augmenté considérablement. Le Gouvernement a entamé l’exécution d’un programme de logements à prix modérés. La construction et les matériaux passent par l’utilisation des matériaux locaux et peu coûteux.
M AHMED EL-ATRASH (Jamahiriya arabe libyenne) : Le problème du logement est un élément crucial du développement durable de toute société. Partant, l’enjeu consiste à permettre à l’être humain d’améliorer les conditions de son établissement sur terre. L’homme est le moteur et la finalité du développement. Avoir un accès à un logement convenable est un droit fondamental. Des lois ainsi qu’un Plan de logement à long terme ont été adoptés. La promotion du crédit à la construction a été un élément clef de la politique de mon pays. L’aspect qualitatif des établissements humains a été également pris en compte. Des mesures d’accès aux infrastructures d’assainissement, de fourniture d’eau potable ont été prises, de même que des mesures pour renforcer les capacités des ressources humaines. Les citadins représentent 80% de la population. De nombreux services de base dans le domaine de la santé et de l’éducation sont offerts gratuitement. Le taux de chômage est inférieur à 5%. Les femmes bénéficient des droits successoraux et ont la possibilité d’être propriétaire.
Le Gouvernement encourage la parité dans tous les aspects de la vie de la société. La gouvernance et la décentralisation sont également deux éléments importants de la politique de la Libye dans le domaine des établissements humains. Tous ces accomplissements ont été possibles malgré les sanctions imposées par le Conseil de sécurité et les sanctions unilatérales imposées par les Etats-Unis. Les mines terrestres antipersonnel empêchent l’utilisation normale des ressources. La Libye est très heureuse de l’accord intervenu avec l’Italie qui s’est engagée à déminer la région. Il est étonnant qu’Israël parle de terrorisme et accuse les victimes de ses politiques de terrorisme alors que l’entité sioniste se fonde sur le terrorisme d’Etat. La Libye lance un appel à cette entité pour qu’elle cesse les massacres et indemnise les victimes de la politique de la terre brûlée. Nous invitons la communauté internationale à contribuer à mettre fin à l’occupation par Israël des territoires palestiniens et à permettre aux Palestiniens d’appliquer le Programme pour l’habitat.
Mme NATHANON THAVISIN, Secrétaire permanent adjoint de l’Administration métropolitaine de Bangkok (Thaïlande) : Le taux d’urbanisation actuel est de 38% de la population totale. La Thaïlande a établi un Comité national du développement urbain chargé de l’application du Programme pour l’habitat. La Thaïlande est fière d’avoir atteint, grâce à une coopération entre les secteurs public et privé, un taux de propriété immobilière privée de 80% dans l’ensemble du pays et de 56% à Bangkok. Le développement de communautés viables est une priorité du Gouvernement qui s’efforce de renforcer leur fondation sociale et de promouvoir une distribution égale des bénéfices économiques au sein de la société. La démarche adoptée pour le développement est centrée sur l’homme.
Des mesures ont été prises pour décentraliser, au niveau des autorités locales les décisions dans le domaine de l’aménagement du territoire, l’environnement et la planification urbaine. Bangkok est devenue la treizième ville la plus viable d’Asie sur 30. La Constitution de 1997 encourage la décentralisation au profit des autorités locales et la bonne gouvernance, ainsi que la participation publique aux affaires quotidiennes. La Thaïlande prépare le neuvième plan de restructuration et de développement rural et urbain. L’émancipation des communautés et de la société civile dans le développement rural et urbain et le renforcement des relations d’interdépendantes entre les zones urbaines et rurales. Le facteur le plus important pour le succès des politiques est le renforcement des zones rurales et les zones urbaines dans l’objectif de réduire la pauvreté. Une action plus soutenue d’Habitat dans la région de l’Asie et du Pacifique, qui représente 60% de la population mondiale, est nécessaire. Il est également important de promouvoir la coopération régionale. La tendance à la baisse de l’aide publique au développement doit être renversée et la coopération internationale revigorée. La Thaïlande accueillera, du 28 octobre au 3 novembre à Bangkok, la cinquième Conférence des réseaux régionaux des autorités locales pour la gestion des établissements humains. D’importants efforts doivent être déployés afin d’encourager la participation des femmes dans les programmes de développement, en particulier dans les pays en développement.
M. TONIS KOLV (Estonie) : Au niveau national, la politique du développement des établissements humains revient au ministère des affaires économiques qui est chargé de coordonner les activités des différents acteurs. Dans ce cadre, les représentants du secteur privé et des organisations bénévoles sont activement impliqués. Les principaux objectifs du secteur du logement sont de garantir un logement abordable, d'accroître la capacité administrative des organisations volontaires, de préciser les fonctions publiques et de combler les lacunes de la législation sur la base du Plan de développement des logements pour la période allant jusqu'en 2010. Par ailleurs, le Gouvernement a créé un Conseil de protection des consommateurs et promulgué une loi sur l'administration locale qui énumère les domaines de compétences des autorités concernées. De manière générale, la tendance montre en Estonie que la part du secteur public dans la fourniture de logements est en train de diminuer au profit du secteur privé. Cette tendance est d'ailleurs encouragée par le Gouvernement qui accorde un ferme appui au secteur des organisations sans but lucratif. Dans sa mise en oeuvre du Programme pour l'habitat, l'Estonie a choisi de donner un rôle accru des résidents eux-mêmes au détriment de celui du Gouvernement.
M. ILEKA ATOKI (République démocratique du Congo -RDC) : Le résultat peu performant enregistré par la RDC dans le secteur des établissements humains est l'une des conséquences directes de la crise multiforme qui continue de traverser le pays depuis plus d'une décennie. Cette crise est encore gravement accentuée par la guerre d'agression qui sévit depuis août 1998. C'est dans l'espoir de l'accomplissement de la paix, que le pays ose croire imminente, que le Gouvernement vient d'élaborer avec l'assistance du PNUD et du Centre des Nations Unies pour les établissements humains, un Plan d'action national pour l'habitat dont les priorités à court terme visant la reconstruction des infrastructures détruites, le relogement des populations sinistrées et sans abri, la résorption des zones de pauvreté urbaine et le renforcement des capacités des populations locales par la mise en place des structures de facilitation et d'encadrement. L'exécution de ce Plan nécessite des moyens financiers importants que la RDC ne peut mobiliser dans la situation actuelle.
C'est la raison pour laquelle le Gouvernement lance un appel à la communauté internationale afin qu'elle s'engage à aider le pays à atteindre les objectifs minimaux qu'elle s'est assignés, notamment par une reprise conséquente de la coopération structurelle tant multilatérale que bilatérale et l'accès aux différents mécanismes d'allégement de la dette, y compris les facilités dont les pays émergeant d'un conflit armé bénéficient dans le cadre de l'Initiative en faveur des pays pauvres lourdement endettés. Pour le long terme, le Plan d'action pour l'habitat préconise une panoplie d'actions et d'initiatives en matière de promotion du logement, de développement urbain durable, de développement des capacités institutionnelles et de coopération internationale.
M. BASILE IKOUEBE (Congo) : Le Congo compte 70% de sa population en milieu urbain avec une forte concentration dans la capitale Brazzaville (40%) et à Pointe Noire (20%). La stratégie de développement des établissements humains au Congo se concentre sur la sécurité foncière, l’accès de tous à un logement convenable, la promotion de l’égalité d’accès au crédit et le développement de services urbains essentiels. La préparation d’un cadre institutionnel, réglementaire et législatif adéquat pour le développement des établissements humains, l’amélioration des services urbains, la lutte contre la pauvreté, la sauvegarde d’un environnement équilibré et la réduction de la pollution urbaine sont les principales orientations qui sous-tendent cette action. L’accent est mis sur la nécessité de garantir la sécurité d’occupation du sol, la dynamisation et la réactivation des programmes nationaux de construction des logements, la garantie du financement immobilier pour le plus grand nombre et l’accès aux services urbains essentiels. Le développement des actions communautaires et l’implication des collectivités décentralisées constituent également des impératifs incontournables.
Un intérêt particulier est en outre porté au respect de l’égalité entre les hommes et les femmes. L’assainissement du milieu urbain par la réduction de la pollution, la planification urbaine et la mise en complémentarité des missions et des actions garantiront un milieu environnemental favorable à la prévention des catastrophes tant sanitaires que celles liées à la croissance urbaine. Enfin, le renforcement des petites et micro-entreprises est appelé à stimuler la création d’emplois. Le programme post-conflit actuellement en cours d’exécution a déjà permis de renforcer le processus de pacification et de réconciliation nationale, de réhabiliter et de mettre en place les infrastructures de base, de ramener les partenaires bilatéraux et multilatéraux à soutenir le Congo et de créer les conditions de réalisation des activités d’urgence au profit du plus grand nombre, et en particulier des groupes touchés par la guerre, des jeunes, des femmes et des enfants. Le Congo lance un appel pressant à la communauté internationale, notamment au système des Nations Unies, pour un appui substantiel aux efforts de mon pays en faveur de l’élimination de la pauvreté urbaine et de la mise en œuvre du programme post-conflit.
M. KLAUS TOEPFER, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) : Le Centre de l'ONU pour les établissements humains et le PNUE sont tous deux installés à Nairobi, constituant les deux seules institutions des Nations Unies dont les sièges sont dans un pays en développement. A Nairobi, les deux institutions sont convaincues du défi qui est le leur de prouver que le développement des établissements humains, dans un processus écologiquement sain, est une condition préalable au développement durable et à la lutte contre la pauvreté. Les deux institutions sont également conscientes de leur devoir de coopérer, de manière ouverte et constructive, afin d'exploiter au mieux les synergies. Dans ce contexte, il est important de rappeler la résolution 53/242 de l'Assemblée générale qui soulignait la nécessité d'octroyer aux deux institutions des ressources financières adéquates et d'éviter les doubles emplois.
Il faut trouver les moyens de réduire le poids des villes et des agglomérations urbaines sur l'environnement et de régler les problèmes des zones urbaines dans un monde où la population mondiale augmente de 70 millions de personnes par an. Il faut passer en revue les efforts et faire de la densité de la population dans les villes une occasion d'optimiser l'efficacité écologique qui, d'ailleurs, exige des décisions stratégiques claires en matière d'administration des villes, en particulier en ce qui concerne la gestion du transport et du trafic et donc la pollution de l'air. L'efficacité écologique exige aussi une approche plus efficace du recyclage de l'eau et des déchets. Par ailleurs, la durabilité des villes se fonde sur l'intégration sociale et c'est là le défi des autorités locales. Etant donné la nécessité d'intégrer les questions de l'environnement dans l'administration des villes, la coopération entre le CNUEH et le PNUE est d'une importance capitale pour la tenue du Sommet Rio+10 qui se tiendra à Johannesburg en 2002.
Mme JAN PETERSON, Présidente de l’organisation «Grassroots Organizations Operating Together in Sisterhood – Huairou Commission» : Je suis fière de représenter «Huairou Commission», une coalition mondiale de réseaux partenaires qui comprend l’organisation «GROOTS International», dont sont membres plus de 11 000 groupes locaux de femmes et organisations non gouvernementales qui travaillent avec les autorités locales, les parlementaires, les institutions de développement et les organismes des Nations Unies. Nos objectifs principaux sont la gouvernance locale, la sécurité d’occupation et la reconstruction à la suite d’un conflit ou d’une catastrophe naturelle. Notre organisation forge de nouveaux partenariats entre la communauté et l’Etat. Nous avons appris de nos propres initiatives communautaires que les décideurs entretiennent certains mythes, à savoir que les efforts au niveau local se font sur une petite échelle, les initiatives locales de groupes de femmes utilisent forcément des technologies peu évoluées et que les groupes locaux de femmes sont bénéficiaires plutôt que partenaires. Etant donné que la majorité des interventions sur les établissements humains des pauvres se font à l’échelle communautaire, dans le contexte de la réduction de la pauvreté et de l’égalité entre les sexes, nous pensons que les initiatives locales ne sont pas marginales. Il faut mettre à la disposition des groupes locaux et communautés de femmes des ressources et des opportunités pour qu’ils puissent rendre publique la richesse de leurs stratégies et solutions.
Avec la disparition du programme pour l’habitat des femmes du CNUEH, la plate-forme, qui permettait à de nombreux groupes de femmes de renforcer leurs capacités et de contribuer au processus institutionnel d’intégration des pratiques respectueuses de l’égalité des sexes dans le domaine des établissements humains, a disparu. Nous appelons à des mesures concrètes qui transforment les institutions et les processus publics de façon à mettre les femmes et les communautés pauvres au centre des transformations générées par la croissance économique et les investissements dans l’habitat. Les gouvernements doivent reconnaître, dans leurs politiques, que les groupes locaux de femmes sont les moteurs du développement de leurs communautés. Le seul choix qu’ont les gouvernements est de démontrer leur engagement et leur volonté politique. Nous appelons d’urgence les gouvernements, les Nations Unies et les institutions multilatérales à créer des mécanismes institutionnels de participation et de négociation, à établir des mécanismes financiers décentralisés pour intégrer et revoir à la hausse les initiatives locales et à faciliter, entre autres, les partenariats entre les secteurs public et privé.
* *** *