En cours au Siège de l'ONU

AG/1141

L'ASSEMBLEE S'ELEVE CONTRE LA DESTRUCTION DES OBJETS D'ART PREISLAMIQUES PAR LES TALIBAN EN AFGHANISTAN

09/03/2001
Communiqué de presse
AG/1141


Assemblée générale

94e séance - matin


L'ASSEMBLEE S'ELEVE CONTRE LA DESTRUCTION DES OBJETS D'ART PREISLAMIQUES

PAR LES TALIBAN EN AFGHANISTAN


Débattant ce matin de la situation en Afghanistan et de ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales, l'Assemblée générale a examiné le projet de résolution relatif à la destruction de reliques et de monuments en Afghanistan.  Aux termes de ce texte adopté sans vote, l'Assemblée demande très instamment aux Taliban de se conformer aux engagements qu'ils ont pris de protéger le patrimoine culturel afghan contre les actes de vandalisme, les dégradations et le vol, et les prie très instamment de revoir le décret du 26 février 2001 et d'en arrêter l'exécution.  Elle les prie aussi très instamment de prendre immédiatement des mesures pour éviter que les reliques, monuments ou objets d'art irremplaçables appartenant au patrimoine culturel du pays ne continuent d'être détruits, et elle demande aux Etats Membres d'aider, par des mesures techniques appropriées, à protéger les sculptures, y compris si nécessaire en les déplaçant provisoirement ou en les soustrayant à la vue du public.


Présenté par la délégation de l'Allemagne, le projet de résolution était coparrainé et soutenu par la majorité des Etats Membres qui ont souhaité envoyer un signal fort et unanime aux Talibans.  Cependant, en prenant la parole, le représentant du Pakistan a estimé qu'il était également temps que la communauté internationale et les Nations Unies se soucient beaucoup plus de la situation humanitaire en Afghanistan et essaient de mettre fin à l'isolation du pays et du régime des Taliban.  Pour le Pakistan, les mesures récemment prises par les Taliban et qui mettent en danger le patrimoine culturel et spirituel mondial sont aussi l'expression du désespoir et de l'isolement international du régime.  La communauté internationale, a estimé le représentant, devrait beaucoup plus recourir à la persuasion au lieu des menaces envers un régime qui, aux yeux du Pakistan, a mené quelques actions positives, notamment en mettant fin aux trafics de drogues et à la culture du pavot dans les territoires qu'il contrôle.


La situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales


Déclarations


Introduisant le projet de résolution (A/55/L.79), M. DIETER KASTRUP (Allemagne) a déclaré que son pays avait été choqué d'apprendre que le Gouvernement des Taliban avait pris la décision de détruire l'ensemble des statues et sanctuaires préislamiques et notamment les Bouddhas de Bamiyan et qu'en dépit de tous les appels lancés par la communauté internationale, cette destruction avait déjà commencé.  Quatre-vingt pays ont coparrainé le texte qui va être examiné par l'Assemblée aujourd'hui, a-t-il indiqué.  La destruction systématique de statues bouddhistes et de quelque autre héritage culturel que ce soit, menée par les Taliban est inacceptable et nous les condamnons comme une expression irresponsable de fanatisme religieux.  Il y a 1500 ans, la vallée de Bamiyan était un important centre commercial entre la Chine, l'Inde et le Sud-Est de l'Asie.  C'était un lieu de rencontre et de tolérance.   L'Islam, qui est une des grandes religions du monde a aussi été la source d'une grande civilisation.  La décision prise par les taliban ne peut donc se réclamer du véritable esprit islamique et n'est que l'expression de la barbarie et de l'obscurantisme d'un groupe extrémiste.


L'Allemagne soutiendra tous les efforts de la communauté internationale en vue de sauver les Bouddhas de Bamiyan.  Nous sommes prêts à participer à la préservation de ces statues, que ce soit en les déplaçant ou en les soustrayant à la vue du public.  Notre délégation appelle donc tous les Etats Membres à voter en faveur du projet de résolution et à démontrer ainsi aux Taliban l'unité de la communauté internationale sur cette question.


M. PIERRE SCHORI (Suède), au nom de l’Union européenne et des pays associés, a fait part du choc produit dans l’Union européenne par la nouvelle de l’édit prononcé par le mollah Omar, dirigeant des Taliban, ordonnant la destruction de toutes les statues et sanctuaires d'Afghanistan.  L’Union européenne, a-t-il dit, a été encore plus consternée d’apprendre dimanche que les Taliban avaient déjà engagé la destruction de ces objets d’art.  Des objets d'art qui  ont une valeur historique inestimable, a-t-il fait valoir.  Le riche héritage culturel afghan a une importance vitale non seulement pour l’Afghanistan mais aussi pour le monde entier.  L’Union européenne exhorte fortement les dirigeants taliban à prendre des dispositions immédiates afin d’empêcher toute nouvelle destruction de cet héritage culturel irremplaçable, a déclaré M. Schori.  L’Union européenne condamne énergiquement la décision tragique prise par les Taliban.  Elle leur demande de  revenir sur leur décision et de faire preuve de la tolérance que prône l’Islam ainsi que de respect pour le sentiment de la communauté internationale sur cette question. 


M. MOHAMMAD YUNUS BAZEL (Afghanistan) a rappelé que le régime des Taliban s'était déjà illustré par son intolérance religieuse, culturelle et linguistique.  Les Taliban, soutenus par le Pakistan ont ainsi déjà interdit la langue perse qui était pourtant la lingua franca de la région, a-t-il déclaré.  La politique de génocide culturel du Mollah Omar qui se prétend le leader de l'Afghanistan ne reflète que la politique diabolique planifiée par les autorités pakistanaises qui dirigent en sous-main les Taliban.  Le Pakistan est le principal soutien militaire


des Taliban et le centre de l'endoctrinement idéologique et religieux qui perpétue la violence en Afghanistan.  La junte militaire pakistanaise est responsable de la situation en Afghanistan.  La destruction des biens culturels en Afghanistan, contre l'esprit de la convention sur la préservation des biens culturels de 1954, devrait mettre le Pakistan au ban de la communauté internationale.


La décision de détruire les Bouddhas de Bamiyan est la dernière manifestation de l'intolérance des Taliban qui se mettent ainsi en porte-à-faux de tous les régimes islamiques afghans qui avaient pourtant préservé ces statues, a fait valoir le représentant.  C'est en 1992, après l'occupation de Kaboul par les Pakistanais et les Taliban, que le musée de la ville a été pillé, la plupart des œuvres détournées se retrouvant entre les mains de personnalités pakistanaises.  Nous voulons mettre les pays qui ont reconnu les Taliban comme le régime légitime de l'Afghanistan devant leurs responsabilités.  Ce qui est en train de se passer concernant les statues de Bamiyan révèle la vraie nature de ce régime et doit être condamné par l'ensemble de la communauté internationale.


M. YUKIO SATOH (Japon) a déclaré que le Japon déplore la destruction des statues historiques d’Afghanistan initiée par décret par les Taliban, alors que ces statues  constituent en réalité le patrimoine mondial de l’humanité.  Récemment, le Japon a trouvé que les mesures prises par les Taliban en réponse aux appels de la communauté internationale pour réduire considérablement la culture du pavot et permettre aux femmes un accès, limité, à l’éducation, allaient dans le bon sens.  Le Japon est donc d’autant plus déçu par ce nouveau développement.  Le représentant a jugé ironique que cet édit ait été adopté pendant l’Année internationale pour le dialogue entre les civilisations.  Il a fait valoir que la notion de tolérance était embrassée par toutes les religions, y compris par l’islam et a appelé les Taliban à faire preuve de tolérance.  En ce qui concerne l’aide humanitaire à la population qui souffre en Afghanistan, on a appris récemment, a-t-il fait observer, que ses souffrances immenses découlent des conséquences conjuguées de la guerre et des catastrophes naturelles.  La communauté internationale doit immédiatement s’attaquer à ce problème, a conclu le représentant.


M. JOHN DE SARAM (Sri Lanka) a fait remarquer que c'est l'Allemagne, un pays non bouddhiste, qui a introduit le projet de résolution visant à préserver les monuments et les statues menacés de destruction en Afghanistan par le régime des Taliban.  Beaucoup de pays qui coparrainent cette résolution ne pratiquent pas le Bouddhisme, et il faut y voir un signe de l'unité spirituelle du monde, au-delà des dénominations religieuses.  Bouddha a appris au monde que le plus grand guerrier est celui qui arrive à se conquérir lui-même, et les Taliban devraient suivre cet enseignement.  Le Sri Lanka a une longue tradition bouddhiste, le Bouddha ayant, trois siècles avant l'ère chrétienne, changé le cœur de l'Empereur Asoka, qui de seigneur de la guerre, devint un homme de paix et se mit à prêcher la non-violence et la paix.  Asoka envoya son fils Mahinda et sa fille Sanghamitta au Sri Lanka pour y porter les enseignements du Bouddha.  Sanghamitta amena avec elle une graine de l'arbre sacré Bo sous lequel s'était assis et avait médité le Bouddha.  Cette graine a poussé et produit ce qui est aujourd'hui l'arbre sacré de la ville d'Anuradhapura au Sri Lanka.  Dépositaire direct de la tradition du Bouddha, le Sri Lanka espère donc que les statues de Bamiyan seront sauvées et soutient les termes de la résolution présentée aujourd'hui.


M. OM PRADHAN (Bhoutan) a déclaré que le peuple et le Gouvernement du Bhoutan étaient consternés par la destruction délibérée par les Taliban de statues vieilles de plusieurs siècles dans la province afghane de Bamiyan.  Nous considérons que ces sculptures de Bouddha sans équivalent sont, non seulement l’inestimable héritage du peuple afghan, mais aussi l’héritage commun de l’humanité, a-t-il poursuivi.  Le bouddhisme fait partie intégrale de l’héritage de mon pays.  Nous vivons selon les principes bouddhiques de paix, tolérance et tradition.  En même temps, nous respectons les autres croyances, religions et modes de vie.  C’est une attitude essentielle pour qui veut vivre en être civilisé, en harmonie et en paix avec les autres nations.  Nous sommes donc consternés par l’édit des Taliban ordonnant la destruction des statues des Bouddhas de Bamiyan.  Il n’y pas d’explication rationnelle à cet acte irresponsable. 


Le New York Times du 3 mars 2001, dans un article sur l’appel lancé aux Taliban par le Secrétaire général des Nations, l’UNESCO et le Metropolitan Museum of Art entre autres, cite un passage du Coran en faveur de la tolérance religieuse : « Je ne sers pas ce que tu vénères; et tu ne sers pas ce que je vénère.  Tu as ta propre religion et j’ai la mienne. »  Dans ce sens, l’édit taliban apparaît comme totalement non islamique et ne peut être soutenu par quiconque, a estimé le représentant.  Des appels ont été lancés aux Taliban de toutes parts.  Ceux-ci semblent pourtant avoir jeté au vent toute raison, tout sentiment de justice, de tolérance et de respect pour les autres, et semblent décidés à mener jusqu’au bout ces actes de destruction absurdes.  Nous espérons qu’avec l’appel collectif lancé dans la résolution L.79 par la communauté internationale, les Taliban choisiront d’écouter la voix de la raison et de la santé mentale et écouteront l’appel qui leur est adressé leur demandant d'arrêter la destruction de statues à la valeur inestimable ainsi que celle des autres reliques et monuments.


M. KAMALESH SHARMA (Inde) a déclaré que le genre de menaces que font planer les Taliban traduit une profonde intolérance religieuse qui devrait être impensable au XXIe siècle.  Mais l'attitude des Taliban ne devrait pas être vraiment une surprise, ce régime ayant dans le passé nié aux femmes le droit à l'éducation, à l'emploi et à toutes formes d'épanouissement, a-t-il observé.  Le prétendu Islam dont se réclament les Taliban est une atteinte à l'esprit et à la vérité de l'Islam.  C'est l'expression d'une forme de nihilisme qui est lui-même le signe d'un régime sans respect pour toute idée de civilisation.  Les populations afghanes sont aujourd'hui conscientes que le régime taliban vise à faire de l'Afghanistan une terre brûlée.  Il n'y a qu'à voir ce qui est advenu des œuvres d'art reflétant les différentes périodes de l'histoire du pays.  Tout a été pillé et livré aux trafics.  C'est l'annihilation de tout ce qui peut représenter la diversité de la culture afghane.  La destruction des statues de Bamiyan, qui sont une expression de la compassion du Bouddha, montre la véritable nature des Taliban.  Notre gouvernement a annoncé que l'Inde était prête à accueillir ces trésors qui sont l'héritage de toute l'humanité.  La communauté internationale doit aujourd'hui condamner sans équivoque ce qui se passe en Afghanistan.


M. LUIS RAUL ESTEVEZ LOPEZ (Guatemala) a expliqué que le Guatemala a le privilège et la fierté d’abriter des sites et des monuments qui sont des trésors archéologiques et historiques appartenant au patrimoine culturel de l’humanité.  Les autorités nationales font tout ce qu’elles peuvent pour protéger ces trésors archéologiques, a-t-il indiqué.  Pour le Guatemala, il est donc absolument incompréhensible qu’un esprit humain puisse concevoir l’idée absurde de détruire, de sang froid et pour des raisons qui n’ont rien à voir avec l’utilité publique, des monuments archéologiques dont la valeur pour l’humanité tient non seulement à leur intérêt artistique et historique mais aussi au caractère vénérable que leur confère le fait qu’ils sont associés à l’une des plus anciennes religions du monde.  La possibilité tragique que l’humanité puisse perdre à jamais l’un de ces magnifiques monuments rappelle en outre au Guatemala les pertes qui ont été infligées à son propre patrimoine historique par des actes de vandalisme et des déprédations commises par des individus qui placent leur appât du gain et leur égoïsme avant l'intérêt de l’humanité.


M. AHMED ABOULGHEIT (Egypte) a déclaré que son pays regrettait les souffrances de la population afghane et les dommages portés au patrimoine commun de l'humanité par les Taliban.  L'Islam ne s'est jamais prononcé contre l'héritage culturel des autres cultures et nations.  Nous n'acceptons pas des théories qui prétendent justifier les atteintes aux expressions culturelles d'autres religions.  Le décret des Taliban vise en réalité à détourner l'attention de la communauté internationale des souffrances du peuple afghan.  L'Egypte demande que le projet de résolution soit adopté sans vote afin d'envoyer un signal ferme aux Taliban.  Nous demandons aussi que toutes les factions qui luttent en Afghanistan mettent les intérêts du peuple afghan avant leurs propres visées étroites.


M. SUN JOUN-YUNG (République de Corée) a déclaré que les statues de Bouddha qui se trouvent en Afghanistan doivent être protégées en tant qu’héritage culturel irremplaçable de l’humanité.  Aussi longtemps que le décret taliban reste en place, l’objectif de protection et de restitution de notre héritage commun continuera de nous échapper, a-t-il fait valoir.  La communauté internationale a le devoir de protéger les monuments historiques afghans.  Dans ce contexte, la République de Corée soutient pleinement le projet de résolution sur la destruction de reliques et de monuments en Afghanistan.


M. MASOOD KHALID (Pakistan) a estimé que s'il faut continuer à insister auprès des Taliban pour qu'ils annulent leur décret de destruction des Bouddhas de Bamiyan, il faut aussi cependant que la communauté internationale se demande ce qui a pu pousser les Taliban à cette extrémité, a-t-il déclaré.  Cette attitude n'est-elle pas un signe du désespoir dans lequel sont plongés les Taliban du fait de leur mise à l'écart permanente par la communauté internationale ?  Le Pakistan estime que la communauté internationale devrait user à l'égard des Taliban de persuasion au lieu d'intimidation.  Il faudrait aussi reconnaître ce qu'ils accomplissent de positif, par exemple la destruction des récoltes de pavot et la lutte qu'ils ont engagée contre la drogue.  Si les reliques historiques sont importantes, nous pensons que les vies humaines le sont encore plus, a estimé le représentant.  L'Afghanistan traverse une profonde crise humanitaire. 700 000 personnes sont en ce moment déplacées en plein hiver et 170 000 Afghans se sont réfugiés au Pakistan.  Au lieu de venir en aide à ces populations, le Conseil de sécurité a récemment imposé des sanctions à un pays qui a déjà le dos au mur.  Les conséquences de cette décision sont aujourd'hui une crise aux proportions inquiétantes.  Il est donc temps que l'ONU se penche sur l'ensemble des problèmes de l'Afghanistan à savoir la restauration de la paix et la reconstruction du pays.

M. HADI NEJAD HOSSEINIAN (République islamique d’Iran) a regretté qu’en cette Année internationale pour le dialogue entre les civilisations, une partie de l’héritage culturel de l’humanité en Afghanistan soit menacée de destruction par la milice des Taliban.  Les tentatives en cours de destruction des reliques anciennes se trouvant à Bamiyan font suite à une série d’actes perpétrés par les Taliban et allant à l’encontre de tous les principes élémentaires du respect, de la tolérance et de la sagesse sur lesquels est fondé l’Islam.  Les Taliban ont déjà imposé de nombreuses souffrances au peuple afghan en refusant de s’engager dans un processus de paix véritable et de parvenir à un règlement pacifique de la crise afghane.  Nous espérons encore que les dirigeants taliban reconsidèreront leur décision de telle manière que l’héritage historique afghan soit préservé pour le bien des générations présentes et futures.  Nous estimons donc que les efforts menés par la communauté internationale pour convaincre les Taliban de ne pas poursuivre les destructions prévues sont fondés et doivent être poursuivis avec la plus grande énergie.


M. ASDA JAYANAMA (Thaïlande) a exprimé la tristesse de sa délégation face à la décision prise par les Taliban de détruire des monuments et des statues majeures du Bouddhisme.  C'est là un acte de vandalisme international touchant le patrimoine commun de l'humanité.  La Thaïlande espère que la communauté internationale condamnera sans ambiguïté les Taliban.  Nous apportons tout notre appui au projet de résolution, dont nous espérons qu'il sera adopté à l'unanimité, et demandons à tous ceux qui en ont les moyens de faire pression sur les Taliban.


M. VOLODYMYR G. KROKHMAL (Ukraine) s’est aligné sur la déclaration prononcée par le représentant de la Suède.  Il a fait part de sa condamnation énergique des Taliban pour cet édit visant la destruction de monuments historiques afghans et demandé sa révocation.  Il s’est félicité du projet de résolution présenté à l’Assemblée et a rendu hommage à la délégation de l’Allemagne pour le rôle essentiel qu’elle a joué dans ce processus.


M. DURGA P. BHATTARAI (Népal) a souligné que les statues de Bouddha et les autres objets d’art menacés en Afghanistan constituent un patrimoine culturel commun à toute l’humanité.  La communauté internationale doit donc adopter une position collective et unir ses forces pour les préserver, a-t-il estimé.  Le Népal prend note des mesures adoptées par le Secrétaire général et l’UNESCO pour faire face à cette catastrophe imminente.  Il sait également gré aux efforts déployés par la délégation de l’Allemagne pour présenter le projet de résolution sur la destruction de monuments et de reliques en Afghanistan dans les plus brefs délais.  Il a espéré que les dirigeants des Taliban protègeront ces statues représentant l’un des plus grands défenseurs de la paix.


M. ANUND PRIYAY NEEWOOR (Maurice) s’est dit vivement préoccupé par la situation en Afghanistan et déçu par le mépris manifesté par les Taliban face aux appels de la communauté internationale.  Le décret visant à la destruction des statues de Bamiyan doit absolument être révoqué, a-t-il déclaré.  Le Gouvernement mauricien exhorte les Taliban à accepter l’offre du Metropolitan Museum of Arts qui s’est engagé à abriter provisoirement ces sculptures qui ont résisté à l’histoire, aux intempéries et appartiennent au patrimoine culturel de l’humanité.  Le représentant a estimé que la destruction des statues de Bamiyan est un acte qu’aucun concept de l’Islam ne saurait justifier.  Il a ajouté que les Taliban


agissent à l’encontre des principes fondamentaux de l’Islam qu’ils s’acharnent par ailleurs à professer.  La délégation mauricienne ne peut également que déplorer le sort des réfugiés afghans et demande aux Taliban de créer un environnement propice à l'aide de la communauté internationale aux réfugiés.  Les Taliban doivent lever les obstacles à l’accès aux populations vivant dans l’indigence.  La tolérance est la base d’une société vivant dans l’harmonie. 


M. SUN SUON (Cambodge) a déclaré que la population et le Gouvernement cambodgiens sont profondément perturbés par la décision prise par autorités des Talibans visant la destruction des statues bouddhiques de Bamiyan.  Il a estimé que l’intention qui sous-tend la destruction des vestiges d’une civilisation dont la population afghane ne peut qu’être fière est atterrante dans un monde où les civilisations nouent des liens et se rapprochent.  Cette destruction représente une perte irréparable pour la population afghane et pour le patrimoine culturel de l’humanité.  Le Cambodge demande aux autorités taliban de mettre fin à ces actes et de faire preuve de civilisation.  Il espère que la communauté internationale pourra mettre un terme à ces destructions.


M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a exprimé le soutien de sa délégation au projet de résolution examiné par l'Assemblée.  La Colombie rejette les termes du décret taliban visant la destruction des œuvres d'art préislamiques.  Cette attitude est totalement inacceptable au moment où la communauté internationale lance un dialogue entre les civilisations, a-t-il déclaré.


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