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ECOSOC/G/5969

ECOSOC : LES PARTICIPANTS AU DÉBAT DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE PORTENT LEUR ATTENTION SUR LE LIEN ENTRE PAIX ET DÉVELOPPEMENT

18/07/2001
Communiqué de presse
ECOSOC/G/5969


ECOSOC : LES PARTICIPANTS AU DÉBAT DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE PORTENT LEUR ATTENTION SUR LE LIEN ENTRE PAIX ET DÉVELOPPEMENT


La crise de la santé en Afrique est reconnue comme

un obstacle majeur au développement socioéconomique du continent


Genève, 18 juillet -- Le Conseil économique et social a poursuivi, ce matin, son débat de haut niveau sur le rôle du système des Nations Unies en ce qui concerne l'appui aux efforts des pays africains pour parvenir au développement durable.  Il a entendu, dans ce cadre, des dignitaires et représentants de haut niveau de plusieurs pays, ainsi que des responsables et représentants d'institutions et organisations internationales et régionales.


Nombre d'intervenants ont souligné le lien existant entre paix et développement.  L'accent a également été mis sur la nécessité de résoudre la crise de la santé en Afrique en ce sens qu'elle constitue un obstacle majeur au développement socioéconomique des pays du continent.  À cet égard, il a été souligné que la pauvreté reste la cause essentielle de la maladie.  Pour être efficace, l'éradication de la pauvreté requiert une action efficace dans les domaines de l'éducation, de la science et de la culture, a-t-il été précisé.  Plusieurs intervenants ont insisté sur la nécessité d'alléger la dette extérieure des pays africains, d'accroître les investissements étrangers directs en Afrique et d'assurer un meilleur accès des produits africains aux marchés mondiaux.  Certains ont dénoncé les subventions agricoles accordées par les pays de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) à leurs agriculteurs.


Ont pris la parole le Ministre des affaires étrangères de l'Andorre et de l'Ouganda, la Secrétaire d'État au développement international de la Norvège, le Directeur de la Division du Proche-Orient et de l'Afrique au Ministère des affaires étrangères de la Roumanie et l'Assistant du Vice-Ministre de la coopération internationale de la République démocratique du Congo.  Sont également intervenus les représentants des pays suivants: Mexique, Inde, République de Corée, Népal, Pakistan, Égypte et Bahreïn.  Le représentant du Saint-Siège a également fait une déclaration.


Sont également intervenus la Secrétaire exécutive de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), Mme Sophie Kalinde, ainsi que les représentants de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), de la Communauté européenne, du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) et de l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI).


Le Secrétaire général de l'Union internationale des télécommunications (UIT), M. Yoshio Utsumi, a souligné qu'il est incontestable que les efforts de la communauté internationale afin de combler la fracture numérique doivent se concentrer sur l'Afrique.  Il a attiré  l'attention sur les préparatifs du Sommet mondial sur la société de l'information qui se tiendra à Genève en 2003, puis à Tunis en 2005.


La représentante de la Conférence des organisations non gouvernementales dotées du statut consultatif auprès de l'ONU a également fait une déclaration.


Cet après-midi, à 15 heures, le Conseil achèvera son débat de haut niveau et adoptera une déclaration ministérielle sur le thème du débat: le rôle du système des Nations Unies en ce qui concerne l'appui aux efforts des pays africains pour parvenir au développement durable.


Débat de haut niveau


M. N. TIDJANI-SERPOS, Directeur général adjoint pour le Département de l'Afrique de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), a déclaré qu'il était de plus en plus apparent que les programmes d'action pour l'Afrique mis en place par les Nations Unies par le passé ne s'étaient pas toujours révélés très efficace et que des actions devaient être entreprises pour revoir les méthodes de travail.  L'Afrique aujourd'hui semble heureusement lancée dans un processus de développement et de modernisation avec un taux de croissance en hausse dans certains pays et une démocratisation qui se profile.  L'Unesco se félicite de la nouvelle volonté politique dont fait preuve l'Afrique.  Ses dirigeants ont enfin décidé de s'attaquer au défi du développement dans le contexte régional et sous-régional.  L'Organisation de l'unité africaine a relevé un nouveau défi lors de son dernier Sommet en soulignant que les dirigeants africains devaient prendre en main leur destin.  L'Unesco souhaite contribuer à cette nouvelle initiative.  Elle va s'engager dans la mise en œuvre de la Déclaration du millénaire et de ces objectifs avec pour priorité centrale la réduction de la pauvreté de moitié d'ici à l'an 2015.  La réduction de la pauvreté ne peut se faire qu'en améliorant la culture et la technique et cela relève de la compétence de l'Unesco, qui souhaite travailler en collaboration avec les États africains dans ce sens.  Selon M Tidjani-Serpos, l'éducation est une condition préalable pour le développement et le forum de Dakar en avril 2000, a élaboré une stratégie dans ce domaine.


La science et technologie sont également essentielles pour le développement.  À cet égard, les pays africains doivent combler le fossé numérique qui les sépare des pays développés et l'Unesco s'efforcera de les aider dans ce domaine.  La démocratie, la bonne gouvernance, ainsi que la paix sont nécessaires au développement.  Le savoir et les capacités sont les clés de tout progrès et l'Afrique doit s'attacher à les mettre à disposition de la population.  L'Organisation des Nations Unies pour l'éducation la science et la culture est prête à aider l'Afrique.


M. EBRAHIM SAMBA, Directeur régional pour l'Afrique à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a rappelé que le continent africain fait face à la plus terrible maladie de son histoire.  Le VIH/sida a déjà contaminé plus de 25 millions d'Africains et causé la mort prématurée de plus de 16 millions d'entre eux, engendrant une douzaine de millions d'orphelins.  Ce fléau a anéanti nombre d'acquis en matière d'espérance de vie dans un continent déjà affecté par les guerres et les catastrophes naturelles et où l'on compte environ 10 millions de réfugiés et 30 millions de personnes déplacées dans leur propre pays.  En outre, les Africains continuent de souffrir des maladies infectieuses qui frappent le continent depuis des siècles, à savoir le paludisme, la tuberculose, la poliomyélite, le choléra, la dysenterie et les maladies tropicales endémiques. 

En particulier, sur les 300 millions de cas de paludisme enregistrés chaque année à travers le monde, 90% se concentrent en Afrique subsaharienne.  La crise de la santé en Afrique constitue incontestablement le principal obstacle au développement socioéconomique du continent.  L'OMS, en ce qui la concerne, a joué un rôle majeur pour sensibiliser la communauté internationale à la crise sanitaire que connaît l'Afrique.  Ces deux dernières années, l'appui politique aux efforts internationaux destinés à lutter contre les maladies en Afrique s'est renforcé, a fait observer M. Samba.  Dans le cadre de la stratégie qu'elle a décidé de suivre, l'OMS se concentre sur la lutte contre la pauvreté en tant que cause essentielle de la maladie.

M. CARLO TROJAN, (Communauté européenne) a rappelé que pour parvenir au développement durable, il fallait s'attaquer en priorité à l'éradication de la pauvreté.  La Communauté européenne se concentre sur six domaines de politique de développement: le commerce et le développement, l'intégration régionale et la coopération, les réformes macro-économiques et les programmes dans le secteur privé, le transport, la sécurité alimentaire et le développement rural, ainsi que le renforcement des capacités institutionnelles.  La Communauté européenne estime que certaines activités spécifiques telles que le commerce contribuent au développement durable.  Le commerce est nécessaire et doit s'accompagner de politiques d'aide au marché local.  M. Trojan a rappelé que le meilleur moyen pour éviter les conflits en Afrique était de se servir des instruments de développement et de s'attaquer aux causes des conflits afin de les prévenir.


M. Trojan a souligné l'importance de la lutte contre les maladies.  En ce qui concerne le renforcement des capacités, le partenariat de la Communauté européenne avec les pays Afrique-Caraïbes-Pacifique permet de lutter contre la pauvreté et de mettre le développement humain au centre des activités.  M. Trojan estime que la bonne gouvernance est également importante et ce dialogue devrait inclure le secteur privé et la société civile.  Pour rompre avec le cercle vicieux de la pauvreté en Afrique, il faut également comprendre l'interdépendance entre le développement durable et la pauvreté.  La Communauté européenne se concentre sur l'année 2015, qui devrait voir les objectif fixés atteints, et estime que pour ce faire la collaboration entre la communauté internationale et l'Afrique doit être renforcée.


M. ABDOULIE JANNEH, Administrateur adjoint du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et Directeur régional PNUD-Afrique, a mis l'accent sur la nécessité d'appréhender le concept d'appropriation nationale (en vertu duquel les pays en développement sont amenés à prendre en main leur propre processus de développement) de manière plus dynamique, ce qui signifie qu'il faut aller au-delà du simple assentiment politique pour exercer un véritable leadership tout au long du processus - de la phase conceptuelle jusqu'à la mise en œuvre et au contrôle des programmes, en passant par leur préparation.  Pour leur part, les programmes du PNUD s'efforcent de promouvoir un tel leadership.  Le PNUD s'efforce également de soutenir les efforts déployés par les gouvernements - particulièrement en Afrique de l'Ouest - afin de contrôler la circulation des armes et de réduire leur nombre, tant il est vrai qu'il existe un lien étroit entre paix et développement.  Ainsi, le PNUD joue-t-il un rôle important en matière de prévention des conflits, d'établissement de la paix, de démobilisation, de déminage et de reconstruction dans les pays concernés.


Mme SIGRUN MOEGEDAL, Secrétaire d'État norvégienne au développement international, a rappelé que la Déclaration du Millénaire avait souligné le rôle des Nations Unies pour le développement de l'Afrique.  Les efforts déployés par le passé ont créé de nouvelles possibilités.  Les Nations Unies ne peuvent qu'aider les Africains à réaliser leurs objectifs.  Lors du sommet de l'OUA, un programme ambitieux pour l'éradication de la pauvreté a été présenté et la communauté internationale doit aider l'Afrique à mettre en oeuvre ce programme.  Mme Moegedal a rappelé que l'aide internationale devait être utilisée à bon escient par les différents acteurs.  Les Nations Unies doivent appuyer la Nouvelle initiative africaine et collaborer avec l'Afrique pour qu'elle atteigne ses objectifs.


La Norvège espère que les Nations Unies réagiront pour que les nouvelles initiatives débouchent sur des programmes plus efficaces que dans le passé. 

Mme Moegedal a rappelé qu'il était nécessaire de donner les moyens aux Africains d'être compétitifs sur le marché international.  Elle a souligné que les opérations de maintien de la paix commençaient à relever le défi de solutions à long terme car elles sont seules a même de permettre le développement durable.  La Norvège estime également qu'il faut renouveler l'appropriation des méthodes de coordination au niveau national.


M. JULI MINOVES TRIQUELL, Ministre des affaires étrangères de la Principauté d'Andorre, a déclaré que le cercle vicieux qui s'établit entre le niveau de pauvreté et l'escalade des conflits ainsi que l'étendue qu'a prise la pandémie de VIH/sida en Afrique sont des sujets qu'il faut aborder sans attendre.  Pour bien saisir les causes et les conséquences de ce cercle vicieux, il est indispensable de promouvoir la coordination et la collaboration entre les différents programmes œuvrant à la lutte contre la pauvreté, à la prévention des conflits et aux politiques post-conflits.  Toute politique nationale visant l'éradication de la pauvreté devrait recevoir un ferme soutien au niveau international, a poursuivi le Ministre andorran.  L'initiative prise au mois de mai 2001 de veiller à ce que l'architecture financière internationale ait une base solide dans le but de devenir plus stable paraît être une condition sine qua non à l'épanouissement des politiques de lutte contre la pauvreté, a-t-il ajouté.  M. Minoves Triquell a par ailleurs souligné que les efforts nationaux de prévention des conflits nécessitent l'engagement de la communauté internationale par le biais des fonds et programmes appropriés des Nations Unies.  Il a mis l'accent sur l'importance qu'il y a à promouvoir une culture de la paix.  Soulignant par ailleurs que la pandémie du VIH/sida a ravagé les ressources humaines en Afrique, il a rappelé que son gouvernement s'est engagé à contribuer à hauteur de 100 000 dollars au Fonds spécial des Nations Unies pour le VIH/sida.


M. M. AMAMA-MBABAZI, Ministre des affaires étrangères de l'Ouganda, a rappelé qu'il fallait remettre l'Afrique sur la voie du développement durable.  La principale responsabilité pour le développement de l'Afrique repose sur les Africains eux-mêmes et les Nations Unies doivent appuyer les efforts de l'Afrique.  Afin de sortir du piège de la pauvreté, l'Afrique a besoin de fonds permanents pour lui permettre d'accélérer et maintenir une croissance élevée.  M. Amama-Mbabazi a déclaré qu'il était essentiel de réduire la pauvreté et qu'une réduction voire une annulation de la dette était nécessaire pour permettre un développement des pays les plus pauvres de l'Afrique.  L'Ouganda se félicite de l'initiative «everything but arms» (tout sauf des armes) qui favorise les relations commerciales avec les pays les moins avancés.  L'intégration du commerce dans une politique de développement permet de faire face aux difficultés et d'entrer véritablement dans un développement durable.


Le savoir est devenu source d'avantages compétitifs et l'accès aux techniques de l'information et de la communication est nécessaire pour assurer le développement des pays africains, a poursuivi le ministre ougandais.  Les pays en développement doivent accéder à ces progrès.  Il faut donc fournir des ressources adéquates et mettre en place une politique de maintenance de ces nouvelles techniques de l'information et de la communication.  La pandémie du VIH/sida doit être freinée pour permettre à l'Afrique de mener à bien une politique de développement durable.  Des efforts accrus doivent être consentis pour lutter


contre la maladie, notamment en assurant l'accès aux médicaments.  Les pays africains ont mis en place des nouvelles institutions de bonne gouvernance et ont besoin de l'aide des Nations Unies pour poursuivre ces politiques, a conclu le ministre.


M. IONEL ILIE, Directeur de la Division du Moyen-Orient et de l'Afrique au Ministère des affaires étrangères de la Roumanie, a souligné que l'appui accordé par la Roumanie aux pays africains pour l'obtention de l'indépendance, l'émancipation économique et l'éradication de l'apartheid est reconnu sur l'ensemble du continent.  La Roumanie suit avec intérêt les évolutions sur le continent africain visant à approfondir les processus démocratiques et salue les efforts menés par les pays africains pour régler les conflits.  En tant que pays en transition, la Roumanie est à même de comprendre les difficultés d'un tel processus.  La Roumanie considère la relation avec les pays africains comme un volet important de sa politique extérieure.  La Roumanie est résolue à continuer de contribuer activement aux efforts de la communauté internationale en vue d'aider les pays africains à promouvoir les processus démocratiques, la résolution des conflits, l'instauration de la paix et le développement durable.


M. GUSTAVO ALBÍN (Mexique) a salué l'action des Nations Unies pour soutenir les pays africains dans leurs efforts pour parvenir au développement durable.  Il a rappelé que l'effort national était essentiel et devait être accompagné d'une assistance de la communauté internationale.  Dans une dynamique de mondialisation, l'action collective du système multilatéral est indispensable pour relever le défi du développement durable.  Le Mexique souhaite une plus grande participation des pays africains dans les échanges commerciaux, ce qui contribuerait à réduire la pauvreté.  Le manque de financement est très préoccupant et il faut consolider un nouveau programme de collaboration avec les Nations Unies dans ce domaine.  Le dialogue des Nations Unies avec des institutions internationales devra contribuer à trouver des solutions globales aux problèmes de l'Afrique.  Le Mexique participe au programme de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international pour la réduction de la dette et souhaite voir un engagement plus fort de la communauté internationale à cet égard.


Mme SAVITRI KUNADI (Inde) a exprimé l'espoir que la Nouvelle initiative africaine, lancée lors du récent Sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) à Lusaka, contribuera à forger une Afrique plus forte.  Le Conseil économique et social doit se concentrer sur les moyens susceptibles de permettre à la communauté internationale d'appuyer les efforts déployés au niveau national afin de lutter contre la pauvreté, la faim et la maladie.  Alors qu'elle représente 18% de la population mondiale, l'Afrique ne participe qu'à hauteur de 1,5% au commerce mondial, ce qui montre à quel point ce continent est marginalisé sur la scène mondiale.  Il est absolument nécessaire d'alléger la dette extérieure des pays africains - y compris ceux qui ne figurent pas au nombre des pays les moins avancés.  Il faut également renforcer le flux des investissements directs étrangers en Afrique et assurer un meilleur accès aux marchés mondiaux pour les produits africains, lesquels devraient en outre être davantage diversifiés.  Au fil des ans, les termes de l'échange se sont détériorés pour l'Afrique, a fait observer Mme Kunadi.  Les pays de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) freinent la mise en marche en Afrique d'une croissance axée sur les exportations.  À cet égard, il convient de rappeler que les subventions agricoles dans les pays de l'OCDE s'élèvent à 300 milliards de dollars.


MGR DIARMUID MARTIN (Saint-Siège) a déclaré que la mondialisation était assortie d'une exclusion qui représente un défi auquel la communauté internationale doit s'attaquer.  La mondialisation est une entreprise humaine et doit inclure toutes les populations humaines.  Il faut répondre aux besoins des plus faibles.  Le rapport du Secrétaire général recommande l'inclusion de l'Afrique au travers de politiques de partenariat.  La solidarité à l'ère de la mondialisation exige un concept de citoyenneté mondiale et, à cet égard, un système commercial ouvert aux produits africains doit être mis en place.  Le représentant du Saint-Siège a souligné que la richesse humaine et culturelle immense de l'Afrique était un atout indéniable pour le progrès.  L'urbanisation de l'Afrique lance des défis au niveau culturel et humain et une aide doit être apportée aux communautés rurales.  La communauté internationale a un devoir vis-à-vis de la jeunesse rurale en Afrique et doit déployer des efforts pour permettre le développement rural.  Mgr Martin a également rappelé qu'il était nécessaire de renforcer la démocratie pour promouvoir la paix en s'attaquant aux trafics d'armes et aux autres fléaux qui contribuent à la guerre.  Il faut répondre à ce problème de manière globale pour permettre à l'Afrique de vivre en paix


M. EUI-YONG CHUNG (République de Corée) a mis l'accent sur l'urgence qu'il y a à mettre un terme aux conflits armés qui sévissent en Afrique; ces conflits entravent le développement du continent.  Afin de garantir une paix et un développement économique durable, il faudrait en outre fournir une aide en vue de promouvoir la bonne gouvernance, la création de capacités et le développement des ressources humaines dans les pays africains.  Tout aussi importantes s'avèrent les mesures destinées à renforcer les capacités des pays africains dans les domaines de l'éducation et des technologies de l'information et de la communication, ainsi qu'en ce qui concerne la primauté du droit et la transparence administrative.  Étant donné que le commerce international est un moyen efficace de développer les économies et de les intégrer dans l'économie mondiale, une assistance devrait être apportée aux pays africains en vue de pallier les contraintes pesant du côté de l'offre et de promouvoir la diversification des exportations.  Vu l'ampleur et l'urgence des besoins financiers de l'Afrique, les Nations Unies devraient se concentrer sur la création d'un environnement favorable à l'utilisation efficace de l'aide publique au développement et susceptible d'attirer les investissements étrangers directs, tout en encourageant la communauté des donateurs à accroître son assistance financière.


M. JEAN-CLAUDE KAMANDA, Assistant du Vice-Ministre de la Coopération internationale de la République démocratique du Congo, a rappelé la situation désastreuse dans laquelle se trouvait son pays après trois ans de guerre.  Il a déclaré que son pays est victime d'une guerre d'agression de la part des pays voisins, le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda.  En trois ans, elle a généré une situation plus que désastreuse et dans tous les domaines : plus de 2 500 000 Congolais ont péri dans les territoires occupés, victimes directes et indirectes de la guerre; 2,1 millions de personnes déplacées; 400 000 Congolais réfugiés dans les pays voisins; 16 millions de personnes affectées par la guerre; l'augmentation du nombre de vulnérables - enfants de la rue, veuves, orphelins - l'enrôlement forcé des enfants dans les unités combattantes.  La République démocratique du Congo est victime d'un pillage systématique et massif des ressources naturelles, végétales et minérales contribuant ainsi à exacerber la pauvreté dans le pays. 

Le Conseil est conscient que ces activités sont contraires à l'ordre public international et violent le droit du peuple congolais à la libre disposition de ses richesses et ressources naturelles.

Ce tableau sombre de la situation, où tous les efforts du développement sont réduits au néant à cause de la guerre, montre que sans la paix, il n'y a pas de développement durable.  Pour parvenir au développement durable, le système des Nations Unies a un rôle important à jouer à trois niveaux.  Au niveau de la prévention des conflits, les efforts des Nations Unies doivent consister à appuyer les gouvernements africains dans le processus de pacification et de réconciliation des communautés, à aider les gouvernements à mener des études sur les causes des conflits et proposer des solutions, à mobiliser des ressources pour le développement de programmes régionaux et sous régionaux et à mener des actions contre le trafic d'armes.  Pendant les conflits, les Nations Unies doivent mobiliser des ressources accrues pour l'assistance humanitaire.  Après les conflits, elles doivent mettre en place des schémas visant au retour à une paix durable tels que des programmes de développement durable.  M. Kamanda a demandé au Conseil d'envisager une stratégie adaptée en faveur des pays affectés par les conflits et les guerres, en particulier la République démocratique du Congo.


M. MURARI RAJ SHARMA (Népal) a souligné que le cercle vicieux de la pauvreté et des conflits a épuisé les forces des pays africains.  Il faudra briser ce cercle vicieux et atteindre un plus haut degré de stabilité politique et de développement économique.  Afin de promouvoir le développement durable, la plupart des dirigeants africains souhaitent désormais établir des partenariats très larges aux niveaux local et national ainsi qu'avec les acteurs régionaux et internationaux.  La lutte contre la pauvreté, contre le VIH/sida et contre le paludisme, ainsi que l'éducation des enfants sont au cœur de l'ordre du jour en Afrique.  Mais cette lutte ne pourra être menée à bien si l'on ne développe pas la capacité d'agir des populations, si l'on ne génère pas des revenus, si l'on ne construit pas des infrastructures, si l'on ne développe pas le commerce et l'industrie, si l'on ne produit pas suffisamment de nourriture et si l'on ne parvient pas à résoudre les conflits.  L'Afrique ne saurait relever tous ces défis sans aide extérieure.  Les pays développés devraient s'efforcer d'atteindre les objectifs des Nations Unies en matière d'aide publique au développement, d'élargir l'initiative concernant les pays les plus endettés, de mettre à disposition les médicaments permettant de prévenir et de traiter les maladies mortelles, de promouvoir le transfert des technologies ainsi que l'instauration d'un environnement économique extérieur favorable.  Ils devraient en outre ouvrir leurs marchés et réduire leurs subventions agricoles.  Il convient également d'encourager les investissements étrangers en Afrique.


M. MUNIR AKRAM (Pakistan) s'est félicité que l'Afrique ait pris ses responsabilités concernant son propre développement.  Pour permettre le développement de l'Afrique, des politiques nationales accompagnées d'une assistance de la communauté internationale doivent être mises en place.  Le représentant a souligné que les économistes s'accordaient à dire que les modèles actuels de développement n'étaient pas les bons et le parcours que suit aujourd'hui la mondialisation n'est pas durable.  Il a estimé qu'il serait donc nécessaire de réorienter les politiques internationales et nationales vers plus d'équilibre en tenant compte des gens.  Les Nations Unies peuvent agir à cet égard dans le monde en développement en aidant à la réorientation des stratégies de développement.  Pour permettre le développement de l'Afrique, il faut trouver des solutions au problème de la dette et trouver de nouvelles formes de financement. 


Un système commercial stable doit également être mis en place en supprimant notamment les inégalités dans l'accès des produits africains aux marchés, en s'opposant au protectionnisme et en réduisant les droits de douane.  Une structure de prise de décision démocratique au sein des Nations Unies est nécessaire pour mettre en place toutes ces réformes.


Mme FAYZA ABOULNAGA (Égypte) a déclaré qu'en dépit des difficultés qu'elle rencontre - notamment du point de vue de l'alimentation, de la santé et du logement - l'Afrique possède un potentiel qui augure bien de son avenir.  Une fois qu'elle bénéficiera d'un environnement favorable, l'Afrique pourra se lancer sur la voie d'un développement qui lui permettra de trouver sa place sur la scène mondiale.  Mme Aboulnaga a salué les décisions prises lors du récent Sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), tenu à Lusaka, notamment en ce qui concerne la Nouvelle initiative africaine et la création de l'Union africaine. 

La représentante égyptienne a estimé qu'avec une aide publique au développement et des investissements étrangers accrus, le continent africain est capable de parvenir à un certain taux de croissance.  La charge du service de la dette grève lourdement les budgets des pays africains, aux dépens de besoins plus urgents, notamment en matière de développement, a fait observer Mme Aboulnaga.  La communauté internationale doit trouver une solution radicale à ce problème afin de débarrasser les pays africains de ce fardeau, a-t-elle insisté.  Elle a par ailleurs dénoncé les entraves à l'accès des produits africains aux marchés mondiaux ainsi que le déséquilibre profond qui, d'une manière générale, caractérise les Accords de l'Uruguay Round.


M. SAEED AL-FAIHANI (Bahreïn) a déclaré que les Nations Unies devaient aider et encourager les pays africains dans leur développement.  Le Bahreïn a des liens avec de nombreux pays africains et soutient les entreprises en faveur de l'Afrique telles que la lutte contre le VIH/sida.  Il soutient également toutes les initiatives prises pour la promotion de la paix et continuera à soutenir les pays africains pour arriver à un développement durable.  Le représentant bahreïnite a déclaré que les Nations Unies devaient continuer à soutenir les efforts de l'Afrique, et plus particulièrement dans ses efforts pour la paix.  Les gouvernements africains doivent prendre en main leur destin, mais ils devront le faire avec l'aide de la communauté internationale.  M. Al-Faihani a constaté que le nombre de pauvres ne cessait d'augmenter en Afrique et il s'est félicité des efforts entrepris pas la communauté internationale et les pays africains à cet égard lors du Sommet du millénaire.  Le représentant a également souligné le rôle considérable que sont appelées à jouer les Nations Unies pour contribuer au développement durable de l'Afrique à travers des nouveaux partenariats.


M. YOSHIO UTSUMI, Secrétaire général de l'Union internationale des télécommunications (UIT), a rappelé que l'un des objectifs de l'UIT est d'étendre les avantages des nouvelles technologies des télécommunications à l'ensemble de la population mondiale.  Or, c'est sur le continent africain que ce défi est le plus grand.  Ces cinq dernières années, la part de l'Afrique dans la population mondiale a augmenté, alors que la part du continent dans le nombre d'utilisateurs de l'Internet dans le monde chutait à 1,1%.  Durant la même période, la part de l'Asie dans le nombre total d'utilisateurs de l'Internet passait de 15% à 28%.  Il est donc incontestable que les efforts de la communauté internationale afin de combler la fracture numérique doivent se concentrer sur l'Afrique.


Lors du Sommet du G8 à Gênes ce week-end, les dirigeants du monde examineront le rapport du Groupe de travail sur les opportunités numériques qu'ils ont mis sur pied l'an dernier.  Des millions de dollars ont été consacrés à la préparation des études sur lesquelles est basé ce rapport mais pas un centime n'a été dépensé pour une action concrète visant à combler le fossé numérique.  Il faudra maintenant établir le Groupe de travail des Nations Unies sur les nouvelles technologies de l'information et de la communication et convoquer un Sommet mondial sur la société de l'information.  À cet égard, M. Utsumi a indiqué que ce Sommet, dont la convocation avait été annoncée il y a quelques temps et dont la date et le lieu n'ont été déterminés que le mois dernier, se déroulera en deux phases.  La première phase culminera avec la tenue du Sommet lui-même à Genève en décembre 2003, alors que la seconde phase se déroulera à Tunis en 2005 pour se concentrer sur les thèmes relatifs au développement, évaluer les progrès réalisés et, éventuellement, adopter tout nouveau plan d'action qui pourrait s'avérer utile.


M. WORKNEH DEGEIU, de l'Organisation météorologique mondiale, intervenant au nom du Secrétaire général de l'OMM, M. G.O.P. Obasi, a déclaré que le développement durable avait une dimension écologique en plus de sa dimension économique.  L'Organisation météorologique mondiale a pour mandat d'apporter son appui aux efforts de développement économique de l'Afrique.  Elle est le seul organisme international compétent qui surveille la terre fait valoir M. Obasi.  Les contributions de l'OMM aux efforts de l'Afrique sont nombreuses et on peut relever entre autres un programme de coopération technique d'augmentation des rendements agricoles.  En ce qui concerne l'approvisionnement en eau, l'OMM s'attache à améliorer les ressources en eau.  Elle contribue, par ailleurs, au renforcement de la capacité des pays d'Afrique à mieux gérer les catastrophes naturelles.  Les systèmes d'alerte rapide ont su montrer leur efficacité et des travaux se poursuivent dans ce domaine.


Un représentant de l'Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), intervenant au nom du Directeur général, M. CARLOS MAGARINOS, a souligné que pour aider les pays africains à atteindre les objectifs fixés par la Déclaration du millénaire et faire de la mondialisation un processus bénéfique pour tous, il convient d'identifier les domaines prioritaires vers lesquels l'action commune de la communauté internationale devrait se concentrer.  À cet égard, il convient, selon l'ONUDI, d'améliorer les conditions susceptibles d'accroître la compétitivité; d'encourager les investissements étrangers; de stimuler la croissance macroéconomique; de promouvoir des politiques harmonieuses qui soient mutuellement bénéfiques; de tenir compte de la dimension sociopolitique des problèmes; d'élargir les marchés; de diversifier les produits et les relations commerciales; et de développer les infrastructures.


Le représentant de l'ONUDI a souligné que l'activité industrielle apporte davantage de valeur ajoutée aux produits de base que la valeur intrinsèque de la plupart des biens de consommation eux-mêmes.  En outre, les prix à l'exportation des produits manufacturés sont à la fois moins volatiles et moins susceptibles de se dégrader à long terme que les prix à l'exportation des produits de base, de sorte que l'industrie contribue davantage à la durabilité de l'ensemble du processus économique.  Les gains de productivité et les transferts de technologie sont par ailleurs bien plus élevés dans le secteur manufacturier que dans la production des produits de base.  Il est donc de plus en plus évident pour tous qu'un secteur industriel stable et sain constitue un important facteur de stabilité et de paix sociale.

Mme SOPHIE KALINDE, Secrétaire exécutive de l'Organisation de l'unité africaine, a déclaré que le besoin de promouvoir le développement durable en Afrique était devenu une priorité dès lors que le continent ne bénéficiait pas de la croissance économique mondiale.  La mondialisation a eu pour résultat une plus grande marginalisation des pays africains, l'aggravation de la pauvreté et la montée du VIH/sida et il est nécessaire de prendre des mesures immédiates. 

Mme Kalinde s'est félicitée de l'attitude des gouvernements africains qui ont manifesté, lors des dernières réunions, leur désir de mettre en œuvre des politiques de développement durable.


L'Organisation de l'unité africaine estime que les pays africains ont décidé de prendre en main leur destin mais estime que la communauté internationale, et plus particulièrement les Nations Unies, doivent les assister dans cette tâche.  La coopération est urgente dans le domaine de l'infrastructure, du développement humain - dont l'éducation - et de l'aide internationale, notamment.


Mme RENATE BLOEM (Conférence des organisations non gouvernementales dotées du statut consultatif auprès de l'Organisation des Nations Unies - CONGO) a insisté sur la nécessité de prendre des mesures pour lutter contre le fléau du VIH/sida en Afrique, promouvoir la participation des femmes à la résolution des conflits, éradiquer la pauvreté et annuler la dette sur le continent, assurer la sécurité alimentaire et la protection de l'environnement.  Les organisations non gouvernementales africaines ont demandé à leurs dirigeants de prendre des mesures dans tous ces domaines sensibles et d'apporter un soutien aux abondantes ressources qui existent au sein des communautés locales africaines.  Il faut donner aux femmes l'occasion de faire valoir leurs compétences particulières.  Il convient en outre de prendre des initiatives d'annulation de la dette dans la mesure où cela constitue la seule manière de renouveler la viabilité économique de la plupart des pays africains endettés.  Il faut également réorienter l'agriculture en Afrique vers le développement durable en évitant les dommages irréversibles à l'environnement.


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