CS/2105

LE CONSEIL DE SECURITE DOIT VEILLER A ASSURER UNE TRANSITION VIABLE ENTRE LE MAINTIEN DE LA PAIX ET SA CONSOLIDATION

05/02/2001
Communiqué de presse
CS/2105


Conseil de sécurité

4272e séance - matin et après-midi


LE CONSEIL DE SECURITE DOIT VEILLER A ASSURER UNE TRANSITION VIABLE ENTRE LE MAINTIEN DE LA PAIX ET SA CONSOLIDATION


Mais il n’a pas vocation à être le maître d’oeuvre de la consolidation


La prévention des conflits, les opérations de maintien de la paix et la consolidation de la paix sont-elles inextricablement liées?  Oui, ont estimé la plupart des délégations qui ont participé au débat organisé ce lundi au Conseil de sécurité à l'initiative de la présidence tunisienne, sur le thème  "Consolidation de la paix: vers une approche globale", à la veille de la quatrième réunion de haut niveau entre l’ONU et les organisations régionales, sur le même sujet.  Pour beaucoup de délégations, le Conseil de sécurité doit inclure des éléments de consolidation dans ses opérations de maintien de la paix et conduire celles-ci de manière à assurer une transition viable vers les mesures de consolidation à plus long terme.  De l’avis général, le Conseil n’a toutefois pas vocation à diriger l’ensemble des mesures à long terme que suppose la consolidation.  Et certaines délégations ont même estimé que le thème abordé ne relevait pas de la compétence du Conseil et que celui-ci empiétait sur les prérogatives d’autres organes des Nations Unies.


Consolider la paix n’est pas imposer de façon spectaculaire un plan grandiose, a affirmé le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan.  C'est un travail qui consiste à construire petit à petit les piliers sur lesquels s’appuiera la paix.  Pour M. Annan, la consolidation de la paix ne concerne pas seulement les périodes d’après-conflit: on doit aussi la voir comme un instrument de prévention, qui peut traiter des causes profondes et sous-jacentes des conflits et qui peut être utilisée avant qu'une vraie guerre n'éclate.  Mais, quel que soit le moment de son lancement, c’est une oeuvre de longue haleine, qui doit être avant tout le fait de la société qui est menacée par le conflit ou qui y a succombé, laquelle doit être soutenue, mais pas remplacée, par la communauté internationale.  Dans ce cadre, le Conseil a un rôle primordial à jouer, a poursuivi le Secrétaire général, qui entend demander aux membres du Conseil de faire davantage sur le plan politique pour accorder un degré de priorité plus élevé à la consolidation de la paix.


Lors du débat, les délégations ont abordé les différentes questions suggérées par la présidence tunisienne dans le document de travail (S/2000/82) qu'elle avait présenté au Conseil.  Elles ont insisté sur le lien entre opérations de maintien de la paix - mesures à court terme - et consolidation de la paix, programme à long terme.  Rappelant, à l'image de l’Union européenne ou de la Colombie, que la fin des hostilités n'est pas la paix, de nombreux représentants ont affirmé qu'il était nécessaire de s'attaquer aux causes profondes des conflits, qui sont souvent la pauvreté, le colonialisme, mais aussi parfois des questions religieuses ou des sentiments de discrimination.  Le représentant des Etats-Unis a toutefois fait remarquer que nombre des guerres récentes avaient éclaté dans des pays bien fournis en ressources et qu'il ne fallait pas négliger les causes immédiates des conflits comme la cupidité ou l'ambition de quelques-uns.

Les intervenants ont également insisté sur la nécessité pour le Conseil de sécurité de ne pas mettre fin trop tôt ou trop brutalement à une opération de maintien de la paix.  Une transition progressive et en douceur d'un type d'opération vers l'autre est nécessaire, ont rappelé plusieurs représentants, qui ont fait le lien avec le débat organisé en novembre dernier sur les stratégies de sortie et ont fréquemment fait référence aux propositions du rapport Brahimi.  Les difficultés n'ont pas été dissimulées.  Le représentant de la France a rappelé que la faiblesse des autorités locales, qu'elle soit due à un manque de compétence administrative ou provoquée par l'hostilité de certains groupes, complique la tâche de la communauté internationale.  Comme moyen de renforcer celle-ci, on a cité la mise en place de nouvelles structures politique ou économique, la construction ou le renforcement de forces de maintien de l'ordre et d'une armée respectueuses de l'autorité civile - y compris par le biais de l'intégration des anciens combattants – le désarmement, la démobilisation et la réintégration des anciens combattants (DDR), le retour des réfugiés, le déminage, les mesures de réconciliation nationale ou la lutte contre l’impunité.  Les programmes de DDR ont été souvent cités en tant qu'élément important de la consolidation de la paix.  Confirmant la dimension globale du problème, plusieurs délégations ont fait le lien entre la consolidation de la paix et des thèmes tels que le trafic illicite des armes légères ou la question des enfants soldats.


Quel doit être, dans ce cadre, le rôle du Conseil de sécurité?  Avec d’autres, le représentant de la France a rappelé que le Conseil, s’il a la responsabilité principale du maintien de la paix, n’a pas vocation à être le maître d’oeuvre de la consolidation.  Le représentant de l’Egypte a pour sa part estimé que le Conseil devrait se concentrer sur sa fonction première de maintien de la paix, qu’il ne remplit pas dans certaines régions du monde, notamment au Moyen-Orient, plutôt que de traiter de questions qui n’entrent pas dans le cadre de son mandat.  Le représentant de l’Inde, quant à lui, a contesté la compétence du Conseil à traiter de la consolidation de la paix en s’opposant à la thèse qui consiste à justifier l'intervention du Conseil dans les mesures de renforcement de la paix en arguant que celles-ci ont évolué et sont devenues plus complexes.  Pour lui, le Kosovo, le Timor oriental et la Sierra Leone ne constituent pas la règle, mais des exceptions.  Ces deux pays ne dénient pas au Conseil tout rôle mais entendent le cantonner dans le maintien de la paix, considéré comme une composante initiale de la consolidation.  Le représentant de l’Inde a ainsi estimé que les forces de maintien de la paix pourraient se voir conférer un plus grand pouvoir pour imposer la mise en oeuvre des programmes de DDR.


D’autres organes ou institutions des Nations Unies ont vocation à agir: le représentant de l’Union européenne a rappelé les rôles dévolus à l’Assemblée générale et au Conseil économique et social dans les domaines du redressement et de la reconstruction, alors que le Secrétariat était cité notamment comme centre de collecte des données.  Reprenant le rapport Brahimi, le représentant du Royaume-Uni a proposé la création d’un Secrétariat d’information et d’analyses stratégiques.  Dans le cadre de l’indispensable coordination des activités des agences et programmes du Système, la responsabilité du Programme des Nations Unies pour le développement a été citée à plusieurs reprises.  Mais les représentants ont aussi mentionné le rôle des organisations régionales, celui des donneurs bilatéraux, et celui de la société civile, y compris les Organisations non gouvernementales et le secteur privé.


La question des moyens n’a pas été éludée.  Rappelant que les opérations de maintien de la paix bénéficient d’un budget garanti par des contributions contraignantes alors que la plupart des actions de consolidation reposent sur des contributions volontaires, le représentant de la France a jugé contradictoire de proclamer le rôle essentiel de cette dernière sans garantir les ressources nécessaires.  Pour sa part, le représentant de l’Algérie a demandé une coopération au développement plus généreuse et plus efficace, évitant le saupoudrage de ressources maigres et en diminution.


Outre le Secrétaire général des Nations Unies et les quinze membres du Conseil de sécurité, les représentants des pays suivants ont pris la parole: Suède (au nom de l’Union européenne et de pays associés), Algérie, Nigeria, République de Corée, Egypte, Sénégal, Guatemala, République islamique d’Iran, Japon, Roumanie, Mongolie, Inde, Argentine, Malaisie, Nouvelle-Zélande, Croatie et Népal.


Le Conseil de sécurité examinera de nouveau la question le 16 février.


CONSOLIDATION DE LA PAIX : VERS UNE APPROCHE GLOBALE


Déclarations


M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a affirmé que la consolidation de la paix constitue une dissuasion puissante à l'encontre des conflits violents.  Mais cette puissance tient à de multiples initiatives.  La construction de la paix n’est pas l’imposition d’un vaste projet.  Elle vient de la base et se construit petit à petit.  Les instruments de la construction de la paix sont aussi variés que le Système des Nations Unies lui-même, a poursuivi le Secrétaire général, qui a cité divers exemple comme les programmes de désarmement, démobilisation et réintégration des anciens combattants, le retour des réfugiés, l’éducation aux droits de l’homme ou la promotion des échanges culturels.  En outre, la construction de la paix ne doit pas seulement être globale, elle doit aussi se faire de manière intégrée.


Pour M. Annan, la consolidation de la paix  ne concerne pas seulement les périodes d’après-conflit.  On doit aussi la voir comme un instrument de prévention, qui peut traiter des causes profondes et sous-jacentes des conflits et qui peut être utilisée avant qu'une vraie guerre n'éclate.  Les aspects politiques, économiques et logiques d’une telle action ne souffrent pas de contestation.  Le problème est que nous ne pratiquons pas la prévention comme nous le pourrions ou le devrions.


Quel que soit le moment de son lancement, la consolidation de la paix est une oeuvre de longue haleine, a poursuivi le Secrétaire général.  Elle doit, avant tout, être l’oeuvre de la société qui est menacée par le conflit ou qui y a succombé.  Les efforts internationaux en faveur de la paix ou du développement doivent venir appuyer les efforts nationaux, non pas les remplacer.  La consolidation de la paix a en outre un caractère essentiellement politique, ce qui la distingue des activités de développement normales en situation de non-crises. Quand un pays glisse vers le conflit, ou émerge de la guerre, ses besoins sont qualitativement différents de ceux d’une société stable, et requièrent une réorganisation des priorités, afin que les activités  humanitaire, de développement ou autre contribue à la priorité numéro un: empêcher l’éclatement ou la reprise du conflit.


Le Secrétaire général a rappelé que, durant la décennie écoulée, l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité ont, tous deux, reconnu l’importance de la consolidation de la paix et la nécessité de travailler avec un certain nombre de partenaires, y compris le secteur privé et les ONG.  Le Conseil a à juste titre insisté sur la consolidation de la paix comme élément essentiel des missions de maintien de la paix, qui doivent inclure des activités de prévention.  Le Secrétaire général a également cité en exemple les Bureau d’appui à la consolidation de la paix créés en République centrafricaine, au Tadjikistan, en Guinée-Bissau et au Liberia.  En outre, il a rappelé que le Conseil examine actuellement la possibilité de rétablir une présence en Somalie.  Le Conseil, a déclaré.  M. Annan, a un rôle important à jouer, et il a rappelé qu’un élément essentiel de la consolidation de la paix résidait dans la mobilisation d’une volonté politique et de ressources de la part de la communauté internationale. Il a également estimé que des contributions utiles pourraient venir de la réunion organisée mardi et mercredi entre le Conseil et les organisations régionales.


M. JEAN-DAVID LEVITTE (France) a estimé que les problèmes posés par la consolidation de la paix sont de deux ordres: institutionnels et financiers.


Les opérations de maintien de la paix, décidées par le Conseil, comprennent des éléments de consolidation de la paix, mais le Conseil n’a pas compétence pour être le principal maître d’oeuvre dans ce domaine, a rappelé le représentant.  En revanche, le Conseil doit veiller à ce qu’il n’y ait pas de solution de continuité et que l’investissement fait par une opération de maintien de la paix ne soit pas perdu.  Dans le pays concerné, l’interlocuteur naturel de la communauté internationale devrait être en premier lieu le gouvernement issu d’un accord de paix ou des élections qui s’en sont suivies.  Or, souvent de telles autorités n’ont pas les compétences nécessaires, ou encore voient leur légitimité ou leur autorité remise en cause par des groupes rebelles restées en dehors des accords de paix ou qui violent leur engagement, ou, tout simplement n’existent pas. Cette faiblesse des autorités locales compliquent la tâche de la communauté internationale, a rappelé M. Levitte.


Le second problème est financier, a expliqué M. Levitte.  Les opérations de maintien de la paix bénéficient d’un budget garanti par des contributions contraignantes, alors que la plupart des actions de consolidation, reposent, elles, sur des contributions volontaires.  Il est contradictoire de proclamer le rôle essentiel de la consolidation de la paix et de ne pas garantir les ressources nécessaires.  En outre, les décaissements sont souvent trop lents.  La solution aux deux problèmes devraient être trouvée dans une évaluation très en amont des besoins, dans l’élaboration des stratégies assurant une pleine participation - si possible dès l’origine – des agences, fonds et programmes et banques compétents pour la consolidation de la paix, et dans une accélération de leur rythme de décaissement.  Le représentant a cité comme exemples le cas des programmes de désarmement, démobilisation et réinsertion des anciens combattants, et la reconstruction ou la consolidation d’un appareil judiciaire et policier fiable et impartial.


Le représentant a présenté cinq propositions pratiques.  La première concerne des consultations précoces entre le Conseil de sécurité et les organismes chargées de la consolidation de la paix, consultations qui doivent être faites avant tout par le Secrétaire général, mais dans le cadre desquelles le Conseil pourrait aussi jouer un rôle, par exemple, en faisant participer à ses délibérations les responsables de ces organismes.  La deuxième proposition concerne l’établissement d’un contrat à long terme entre la communauté internationale et les autorités de l’Etat qui sort d’un conflit, dans la mesure où ces dernières disposent d’un minimum de légitimité et de moyens administratifs.  Ce contrat pourrait prendre la forme d’un échange de lettres entre le Secrétaire général et le chef de l'Etat ou le chef du gouvernement de l’Etat concerné.  Les trois autres propositions concernent l’élaboration de stratégies de consolidation de la paix et de moyens de financement stables et prévisibles; le renforcement du rôle de coordination dévolu au Secrétaire général et à son représentant sur place; et l’information régulière du Conseil.


Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a déclaré que la consolidation de la paix  doit d’abord servir à prévenir les conflits.  L’élimination des causes de conflits nécessite de construire des sociétés qui respectent le droit, adhèrent aux normes internationales des droits de l’homme et au droit humanitaire, et sont capables de promouvoir le développement économique et social en vue d’éliminer les souffrances causées par le pauvreté et la maladie.  En adoptant une attitude proactive dans la manière dont elle fait face aux conflits, au lieu d’y répondre après qu’il se soient déclenchés, la communauté internationale sauvera des millions de vies humaines et épargnera à des millions d’autres des souffrances qui peuvent être évitées.  Les ressources destinées à la reconstruction et à la réhabilitation des sociétés dévastées par les guerres pourraient être orientées vers des programmes de développement économique et social durable.  Nous devons nous assurer que nos stratégies de rétablissement de la paix ont un impact sérieux, a dit Mme Durrant.  Trop souvent, la communauté internationale semble favoriser une approche de construction de la paix qui va du haut vers le bas.  A l’exception des programmes d’assistance humanitaire, on semble imposer aux populations locales des processus de paix sans aucun égard pour leurs besoins réels et leurs structures locales, en ignorant totalement le rôle important de la société civile et des ONG locales.  Nous en avons eu des exemples flagrants en République centrafricaine et en Guinée-Bissau 


Les Nations Unies, a estimé Mme Durrant, doivent promouvoir la gouvernance démocratique et l’état de droit en s’assurant que leurs programmes développent le respect des droits de l’homme, des droits des minorités et de la paix dans la justice.  Nous devons aussi nous assurer que la communauté internationale apporte une assistance aux démocraties émergentes dans les situations pré-conflits et post-conflits.  Cette assistance devrait promouvoir le développement économique et social à long terme.  Nous devons aussi, a dit la représentante, chercher à renforcer les agences et institutions financières et de développement internationales pour qu’elles prêtent beaucoup plus attention aux mesures de consolidation de la paix à toutes les étapes que traverse un pays en conflit.  L’ONU doit aussi fournir des ressources adéquates aux institutions et organisations régionales pour leur donner les moyens d’être plus dynamiques, et nous devons aussi donner aux pays, victimes de menaces, la certitude que la communauté internationale sera là pour leur venir en aide et leur assurer l’assistance en toute sécurité dont ils ont besoin.  Les Nations Unies doivent aussi, a demandé la représentante, faire en sorte que l’exploitation des ressources naturelles d’un pays assure à sa population les revenus dont elle a besoin, et que les fruits de cette  exploitation ne bénéficient pas seulement à une élite corrompue dont l’intérêt n’est pas dans le retour à la paix.


M. JAMES B. CUNNINGHAM (Etats-Unis) a fait observer que la consolidation de la paix passe par la promotion des droits de l’homme, les programmes de désarmement, la démobilisation et la réintégration des anciens combattants, le retour des réfugiés, etc.  Cela peut se faire par de nombreux moyens, bilatéraux et multilatéraux , et les Etats-Unis apportent déjà et continueront d'apporter leur contribution à ces efforts.  S’il est vrai que les conflits ont des causes profondes, ils ont aussi des causes immédiates qui sont souvent liées à l’ambition de quelques-uns, a observé le représentant tout en notant que des conflits récents ont éclaté dans quelques pays à cause de leurs ressources. Il ne faudrait donc pas perdre de vue ces réalités politiques.


La mutation d’un Etat en direction d'une paix durable après un conflit n’est pas un processus linéaire, a fait observer le représentant qui a souligné que des mesures de consolidation doivent être prises en même temps que des mesures de maintien de la paix.  Le Conseil n’a pas à jouer le rôle moteur dans la consolidation de la paix, mais il doit veiller à ce que les efforts de maintien de la paix ne soient pas perdus. Par exemple, les Etats-Unis ont appuyé les propositions du rapport Brahimi concernant un renforcement de la capacité des Nations Unies dans le domaine des activités de la police civile.  Le développement et la reconstruction ne sont pas de la responsabilité du Conseil de sécurité, mais il faut se demander quel pourra être le rôle du Conseil dans ce domaine.  Il est clair qu’une meilleure coordination entre les différents organismes intéressés est nécessaire.  Qui doit diriger les mesures de consolidation de la paix?  Faut-il une institution de premier plan dans ce domaine? a demandé le représentant, qui a souhaité qu’on décide où devra se situer, au sein du Système, la cellule de consolidation de la paix.


M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a déclaré que le Secrétaire général a eu raison de faire un lien entre la gestion des conflits et le développement économique et social.  Nous avons besoin de mesures globales et intégrées qui reconnaissent les liens entre la résolution des conflits, le rétablissement de la paix, la réduction de la pauvreté et la promotion de l’éducation et de la santé.  Notre délégation soutient la décision du Secrétaire général de nommer un Représentant spécial adjoint en Sierra Léone, chargé de s’occuper des aspects économiques et sociaux du programme de maintien de la paix, cet adjoint agissant comme Coordonnateur-résident de l’ONU.  Les moyens dont se sert le Conseil pour identifier les crises et y répondre s’avèrent peu sûrs, a estimé le représentant.  Les analyses dont nous avons besoin devraient aller au delà des causes immédiates des conflits et chercher leurs racines les profondes.  C’est pourquoi le rapport Brahimi a proposé la création d’un Secrétariat d’information et d’analyses stratégiques qui nous permettrait de faire travailler ensemble, de manière coordonnée, les divers spécialistes du le système de l’ONU, dont le Conseil et le Secrétaire général ont besoin, en raison de leur compétence.  Ensuite, nous pensons que l’approche intégrée à laquelle nous aspirons, devra s’appliquer à toutes les agences de l’ONU et à leurs partenaires sur le terrain.  Notre délégation aussi d’avis que la coordination sur le terrain doit être appuyée par une meilleure coordination au centre, ce que propose d’ailleurs le rapport Brahimi, quand il dit que le Secrétaire général doit étudier un plan global de renforcement des capacités de maintien de la paix des Nations Unies.  Le Conseil devra aujourd’hui exprimer ses vues sur cette proposition, dont les fondements devront être la prévention des conflits, le maintien de la paix et sa consolidation, les activités liées à ces différents aspects devant être perçues comme un tout.


Les rivalités et les jalousies à l’intérieur de l’ONU devraient disparaître, et les organisations régionaleS et les donateurs devraient être impliqués dans le processus.  Il serait rationnel, par exemple, de créer une approche d’équipe au Siège pour faire travailler ensemble tous les acteurs intervenant dans les 20 à

38 pays pauvres qui connaissent ou ont connu récemment des situations de conflit.  C’est pourquoi le Royaume-Uni soutient le concept de Groupe de travail intégré de Mission, et nous regrettons que le Secrétariat n’ait pas encore pu en mettre un sur pied, en dépit de l'approbation du Conseil et de l’Assemblée générale à cette


proposition contenue dans le rapport Brahimi.  De nombreuses Missions, dont celles de la MINUSIL en Sierra Leone, ou de la MONUC que nous envisageons en République démocratique du Congo, tireraient grand avantage de ce genre de démarche.  Le Conseil de sécurité lui-même pourrait tirer avantage de ce genre de processus qui bénéficierait aux travaux de son Groupe de travail sur le maintien de la paix.


M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a estimé que les exemples qui illustrent le mieux la consolidation de la paix sont la MINUK au Kosovo et l’ATNUTO AU Timor oriental, et dans le passé le Plan Marshall en Europe.  En matière de consolidation de la paix, le représentant a distingué trois étapes au niveau conceptuel: après qu’un conflit ait déchiré un pays et que les parties aient accepté d’y mettre fin, les Nations Unies obtiennent d’abord un mandat pour maintenir la paix.  Dans une deuxième étape, on y ajoute une composante de consolidation de la paix.  En cas de succès des deux premières étapes, le pays peut revenir à une situation normale avec l’aide de la communauté internationale, et le Cambodge et le Mozambique sont des exemples de la troisième phase.


Au niveau opérationnel, la consolidation de la paix après les souffrances causées par un conflit est par définition un exercice difficile , a reconnu le représentant, qui a fait longuement référence aux conclusions de la conférence tenue en novembre 1999 à Singapour et organisée par l’UNITAR, l’Institut des études politiques de Singapour et l’Institut des relations internationales du Japon.  Les Nations Unies, a-t-il rappelé, doivent créer les conditions tant de la paix que du développement.  Si une mission de maintien de la paix est retirée trop tôt, il existe un risque réel que le conflit reprenne, voire même s’aggrave.  Il est donc essentiel que les Nations Unies coopèrent avec les institutions de Bretton Woods pour assurer que la consolidation de la paix soit durable à long terme.


M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a souligné que la responsabilité du maintien de la paix doit faire partie d’un processus plus large relevant de la diplomatie internationale et de la politique nationale de chaque pays.  Dans un contexte de conflits internes, ethniques et souvent religieux, il faut avoir les moyens d’accomplir des efforts patients de reconstruction de la trame sociale des zones aujourd’hui affectées par les conflits.  La consolidation de la paix a des ennemis, qui peuvent être des individus, des groupes, des entreprises ou des gouvernements qui n’ont pas toujours intérêt au retour à la paix, a dit le représentant.  Les trafiquants de petites armes et ceux qui  les produisent n’ont, par exemple, aucun intérêt à voir s’éteindre les foyers de tensions et de violences.  La consolidation de la paix ne peut avoir aucun résultat positif si l’on n’y associe pas toutes les parties en cause dans un conflit.  La durabilité des efforts et la volonté politique des mesures déployés sont les deux conditions majeures à tout succès de consolidation de la paix.  Des succès ont été obtenus dans ce domaine en Namibie, au Timor oriental, au Kosovo ou en El Salvador.  Ces succès résultent d’une série d’actions d’envergure touchant à la sécurité, au respect des droits de l’homme, à la relance économique ainsi qu’au soutien et à la consolidation de la démocratie.


Cependant, dans d’autres situations et régions, les efforts de la communauté internationale n’ont abouti à aucun résultat positif.  Notre pays aimerait que soit relevé dans la déclaration finale de cette réunion le fait que certaines opérations et efforts de maintien de la paix semblent avoir échoué, faute de stratégie et de moyens appropriés.  La paix ne signifie pas seulement l’absence de conflit.  C’est aussi un état d’esprit et une culture dont les éléments semblent avoir fait défaut à nombre d’opérations menées par la communauté internationale dans certaines zones en conflit.


M. SHEN GUOFANG (Chine) a fait observer que les conflits armés éclatent le plus souvent dans les pays pauvres et arriérés et que de toutes les causes qui sont à l’origine de ces conflits, la première est l’extrême pauvreté qui entraîne l’instabilité sociale, celle-ci devenant à son tour une menace pour la paix et la sécurité à l’échelon national et régional.  Il en a conclu que si les mesures préventives telle que la médiation préalable et les bons offices, sont essentiels, il importe de s’attaquer aux causes des conflits et pour cela, d’aider les pays en développement et en particulier les pays les moins développés à se développer au plan économique, à éradiquer la pauvreté, à faire reculer les maladies, à améliorer leur environnement et à combattre l’injustice sociale.  Cela n’est possible qu’avec le soutien généreux de la communauté internationale, a-t-il déclaré, et nous voulons lancer un appel notamment aux pays qui en ont les moyens, pour qu’ils apportent leur contribution à cette démarche.


Le représentant s’est exprimé sur le rôle dévolu au Conseil de sécurité dans la consolidation de la paix.  Il a fait valoir que le Conseil, en tant que première instance chargée du maintien de la paix et de la sécurité internationale, devrait servir de conseil politique et de coordonnateur à toutes les activités visant le maintien et le renforcement de la paix.  Dans certains cas, il doit également définir les tâches en matière de consolidation de la paix.  Cependant, durant la conception, l’élaboration et la mise en oeuvre d’une opération de rétablissement de la paix, il faut que le Conseil examine comment passer du rétablissement de la paix à la consolidation de la paix.  Ses délibérations devraient aider les efforts de reconstruction de la paix à progresser sans entraves; elles devraient tendre à créer les conditions favorables à ces activités.  Les questions relatives à la consolidation économique sociale devraient être les tâches principales des institutions spécialisées de l’ONU.


La délégation chinoise maintient que toute mesure de rétablissement et de consolidation de la paix doit être conforme aux buts et principes de la Charte des Nations Unies et doivent dûment respecter l’indépendance politique, la souveraineté et l’intégrité territoriale des pays concernés ainsi que la volonté de leurs gouvernements et de leurs populations, a-t-il souligné.  Il a fait observer qu’il n’avait pas été possible jusqu’à présent de trouver un modèle de consolidation de la paix applicable en toutes circonstances et que, par conséquent, les Nations Unies doivent continuer à tirer les enseignements des pratiques et des expériences afin de trouver les moyens d’améliorer ses efforts en matière de consolidation de la paix.


M. GENNADI GATILOV (Fédération de Russie) a estimé que la consolidation de la paix ne peut progresser que dans le respect strict de toute forme d’accord de paix. Les programmes de désarmement, démobilisation et réintégration des anciens combattants en constituent un élément important.  Il faut aussi rechercher les causes profondes des conflits, qui sont souvent liées à la pauvreté, mais parfois aussi à des causes religieuses. 


Les solutions appropriées peuvent être très variées, a estimé le représentant.  Elles peuvent comprendre des mesures radicales pour une meilleure répartition des terres, notamment.  Il faut aussi des mesures politiques, mais, pour M. Gatilov, on ne peut se limiter à l’organisation d’élections libres et honnêtes.  Dans de nombreux cas, il faut procéder à une réforme profonde de toute la structure socioéconomique du pays.  Tous ces efforts doivent viser à créer des sociétés pluralistes avec des institutions sociales et politiques fortes.  Les efforts en faveur de la réconciliation nationale sont également très importants. A cette fin, on recourt souvent à des commissions d’établissement de la vérité historique: l’indépendance de leurs activités doit être garantie.


Pour le représentant, les activités des forces de maintien de l’ordre et de sécurité, et de l’armée, sont également fondamentales, qu’il s’agisse de créer ou de réformer ces institutions, qui ne doivent pas intervenir dans la vie politique du pays.  Il faut aussi établir de bonnes relations avec les pays voisins et intégrer les anciennes parties au conflit non seulement dans les institutions nationales mais aussi régionales. Les Nations Unies ont clairement un rôle à jouer, tout en respectant la souveraineté et les particularités nationales des Etats.


M. RICHARD RYAN (Irlande) a déclaré que la paix et la stabilité sont inextricablement liées à la participation des peuples aux structures de prise de décision et à tout autre processus ayant un impact sur leur vie.  Des institutions publiques responsables , des systèmes politiques participatifs  et la possibilité pour les populations d’améliorer leur mode de vie sont les fondations de base d’une société stable.  La consolidation de la paix peut aider à créer les conditions dans lesquelles ces données peuvent prendre racine, et nous sommes convaincus que leur absence est source de conflit et d’instabilité.  Sur les 34 pays vivant en-dessous des normes et objectifs de développement international, qui ont été définies par l’ONU au cours des grandes conférences internationales des années 90, 22 sont affectés par des conflits ou l’ont été.  Dans la plupart de ces pays, les populations sont privées des droits humains, la gouvernance est soit mauvaise ou bien n'existe pas, et le droit au développement est une notion inconnue.  Au mois de septembre, à l'occasion du Sommet du millénaire, les chefs d’Etat et de gouvernement ont accepté et se sont engagés à réduire de moitié d'ici 2015 le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté.  Si nous voulons  atteindre cet objectif et ceux définis au cours des conférences de la décennie écoulée, nous devons tout faire pour avoir plus de réussite en matière de prévention des conflits, de rétablissement de la paix et de développement.


L’Irlande est d’avis que la communauté internationale, si elle veut atteindre ces objectifs, doit reconnaître le rôle central de l’ONU dans les solutions à apporter  aux conflits.  Nous devons souligner le lien direct entre les succès qui ont pu être obtenus dans certaines situations et les engagements qui ont existé, dans ces rares exemples, en matière de disponibilité de ressources financières et politiques de la part de la communauté internationale.  Dans l’avenir, il sera indispensable de se montrer sensible aux forces et faiblesses particulières qui existent dans chaque zone en conflit, chacune d’elles ayant son propre tissu politique et social dont les impacts sur les processus de


reconstruction post-conflit et de consolidation de la paix diffèrent d’une situation à une autre.  Dans les pays émergeant d’un conflit, nous devrons nous assurer de développer, sans violence et contrainte, une capacité locale de gestion des différends politiques et sociaux.  Au niveau de l’ONU, les différentes dimensions de la consolidation de la paix, telles qu’on a pu les observer, nécessitent la collaboration étroite et coordonnée du Département des affaires politiques, du Bureau des affaires humanitaires, du Département du maintien de la paix et du Programme des Nations Unies pour le développement.


M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a déclaré que la consolidation de la paix devra être une préoccupation commune aux Nations Unies et aux organisations régionales.  Il a souhaité que les organisations régionales soient des acteurs à part entière de la consolidation de la paix, tant au niveau de l’identification des moyens de prévention que de la mise en oeuvre des mécanismes de consolidation.  Le représentant a déclaré que son pays soutenait l’approche globale des opérations de la paix exposée dans le rapport Brahimi.  Il a salué la qualité du travail conceptuel réalisé afin d’appréhender les liens entre la prévention des conflits, le rétablissement et le maintien de la paix et le développement à long terme. 

M. Kolby a insisté sur le caractère fondamentalement politique de la consolidation de la paix, déclarant que seules des initiatives politiques pouvaient désamorcer les causes des crises qui menacent de dégénérer en conflit.  Il a fait observer que les efforts déployés en faveur de la consolidation de la paix avaient peu de chances de succès dans des situations de grande pauvreté.  La Norvège est préoccupée par la tendance à la baisse de l’aide internationale au développement, a ajouté le représentant, car cela met en danger non seulement les objectifs de développement, mais également la consolidation de la paix.  Il est regrettable que les efforts déployés en vue de prévenir un conflit aient parfois, et même au sein de cette institution, été réduits à néant par manque de ressources.  Soulignant que, suite à des conflits majeurs, l’impunité pouvait constituer un obstacle à la consolidation de la paix, le représentant s’est félicité des efforts déployés afin de renforcer la justice pénale internationale et s’est déclaré convaincu que l’établissement d’une Cour Pénale Internationale permanente contribuerait positivement à la consolidation de la paix.


M. VALERI KUCHYNSKI (Ukraine) a déclaré que les questions de  consolidation de la paix sont étroitement liées à la prévention des conflits.  L’Ukraine fait toutefois la distinction entre la consolidation préventive de la paix, qui peut prendre la forme d’activités politiques, institutionnelles et de développement à long terme, et les mesures de consolidation après un conflit, qui comportent des éléments de reconstruction et des efforts de développement pour empêcher la reprise des conflits. 


L’Ukraine estime qu’il faut parvenir à une approche commune de la consolidation de la paix, qui suppose à l’évidence une interaction efficace entre les différents organes et institutions des Nations Unies, ainsi qu’un soutien actif des Etats Membres, des organisations régionales, des institutions financières internationales, des ONG, des parties prenantes au plan local et autres protagonistes.  A cet égard, les Nations Unies doivent continuer de jouer le rôle principal de coordination et la création d’un mécanisme en ce sens serait très utile.  Le représentant a également estimé que les capacités actuelles des Nations Unies en matière de stratégie de consolidation de la paix ne sont pas pleinement utilisées.  L’Ukraine se félicite en revanche de l’accent mis par le PNUD sur son rôle dans les situations de crise et post-conflit et souhaite que cette tendance s’accentue. 

M. Kuchynski a rappelé que la fourniture de ressources par la communauté internationale et les institutions financières internationales ne saurait être sous-estimée, et s’est réjoui de la présence d’un représentant de la Banque mondiale.  Il a également insisté sur l’importance des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration des anciens combattants, et sur la lutte contre le trafic illicite des armes, lequel a un effet direct sur les processus de désarmement.  L’Ukraine est, par ailleurs, favorable à la mise en place d’un poste de responsable chargé de la question des enfants soldats dans chaque opération de maintien de la paix. 


La délégation ukrainienne estime que le Conseil de sécurité peut jouer un rôle de catalyseur de la communauté internationale.  En même temps, quand les efforts des Nations Unies en sont au stade de la consolidation de la paix, le Conseil devrait passer le relais à d’autres organes des Nations Unies, comme le PNUD, pour coordonner les efforts.


M. SEKOU KASSE (Mali) a estimé que la consolidation de la paix devrait englober toute une gamme d’activités en matière de sécurité et de développement.  Les programmes de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des anciens combattants devraient être plus soutenus et menés à terme, a dit le représentant.  La communauté internationale doit aussi oeuvrer pour mettre fin au trafic illicite des petites armes qui, dans les conflits qui déchirent l’Afrique, sont responsables de la grande majorité des victimes.  La conférence pour  le contrôle et la lutte contre ce trafic illicite, qui aura lieu prochainement à New York est de la plus grande importance.  La consolidation de la paix  dans les régions affectées par les armes de petit calibre est à ce prix.  Une approche intégrée s’impose pour que l’ensemble du système des Nations Unies et les autres institutions internationales et régionales puissent, ensemble, faire face aux causes les plus profondes des conflits.  Les recommandations contenues dans le rapport du millénaire du Secrétaire général méritent notre attention et notre plein soutien, a déclaré le représentant.


M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a déclaré que la consolidation de la paix doit être considérée comme une étape dans un processus global.  Ce processus est constitué d’activités visant d’une part, à prévenir la résurgence de conflits et, d’autre part, à établir un climat pratique propice à la restauration de la confiance et du bien-être des populations.  Le Bangladesh attache par ailleurs une grande importance à la nécessité de satisfaire les besoins les plus immédiats des populations touchées, en contribuant notamment à l’éradication de la pauvreté et à la création d’emplois.  A cet égard, le représentant a salué les initiatives visant par exemple à mettre en place des mécanismes de micro crédit.  Il a affirmé que les acteurs externes, tels que les organisations régionales ou sous-régionales, jouent un rôle crucial dans la consolidation de la paix et que l’établissement de contacts réguliers et d’une coordination avec les organisations régionales sont utiles aux opérations de consolidation de la paix des Nations Unies.  L’OSCE a joué un rôle décisif au Kosovo en contribuant à la formation de la police et du personnel judiciaire, a ajouté le représentant.  Il a enfin fait observer que les conflits internes, généralement très complexes, sont de plus en plus au centre des préoccupations des Nations Unies.  Ces situations supposent que


les Nations Unies s'acquittent de tâches complexes, notamment la consolidation des institutions d’Etat, le maintien de l’ordre et de l'état de droit, et la mise sur pied de forces de sécurité et de défense.  Afin de mener à bien toutes ces tâches, le représentant a recommandé que les Nations Unies développent des réseaux avec des entités compétentes et établissent des partenariats afin de répartir les responsabilités sur la base du principe de l’avantage comparatif.


M. ANNUD PRIYAY NEEWOOR (Maurice) a déclaré qu'il ne fait aucun doute que, pour être couronnées de succès, les opérations de consolidation de la paix nécessitent une approche globale et intégrée.  A cet égard, il a notamment souligné l'importance que revêt dans ce cadre la démilitarisation et la lutte contre le trafic illicite des armes légères.  A la suite du règlement d'un conflit, a-t-il affirmé, les Etats devraient être encouragés et assistés dans l'établissement de lois et de procédures de collecte efficace et de destruction des armes légères illégales.  Il est par ailleurs nécessaire que la communauté internationale respecte entièrement les embargos sur les armes.  L'ONU devrait, en outre, intégrer les approches consistant en l'échange d'armes et de munitions contre du matériel de construction, de production ou encore des soins de santé dans les opérations de consolidation de la paix.  Il conviendrait également que les Etats qui disposent de l'expertise et des cartes des zones minées redoublent d'efforts dans les activités de déminage des mines antipersonnel.  La délégation de Maurice a, par ailleurs, souligné l'importance, une fois un accord de paix conclu, de la mise en place de gouvernements élus démocratiquement et s'est déclarée encouragée de noter que la Division de l'assistance électorale des Nations Unies fournit de plus en plus d'assistance à des processus électoraux de par le monde.  Aux gouvernements élus démocratiquement incombe une importante responsabilité en matière d'établissement de la confiance, a-t-il poursuivi.  Ils devraient être encouragés à œuvrer pour la réconciliation nationale, à promouvoir l'unité et à respecter les droits de l'homme.  A cet égard, les Etats devraient recourir à l'expertise des Nations Unies en particulier du Haut Commissariat aux droits de l'homme qui devra élaborer des plans nationaux d'action en faveur des droits de l'homme et devra renforcer leurs institutions judiciaires.  Les Gouvernements devraient, en outre, avoir recours à l'expertise de la Commission de la fonction publique internationale pour créer une administration publique crédible, transparente et responsable. 


Le succès des opérations de consolidation de la paix relève pour une grande partie du sentiment de sécurité qu'ont les citoyens.  Dans ce contexte, la restructuration et la réforme des forces de police locales est un élément très important de la consolidation de la paix.  A cet égard, la délégation de Maurice souscrit à des dispositions du rapport Brahimi, en particulier en ce qui concerne l'appel à un changement doctrinal pour l'utilisation des experts de police civile et des droits de l'homme dans les opérations de paix complexes dans le but de renforcer les institutions judiciaires et d'améliorer la situation des droits de l'homme.  Compte tenu que la réhabilitation et la réinstallation de la population locale après les conflits reste l'objectif central de toute mesure de consolidation de la paix, les efforts de la communauté internationale devraient se concentrer sur la création de conditions favorables à la croissance économique durable, en particulier à la construction d'infrastructures de base, de moyens de transport et de télécommunication, d'écoles, de structures de soins de santé.  Le Département des affaires politiques devant être le point central des efforts de consolidation de la paix des Nations Unies.


M. PER NORSTROM (Suède, au nom de l’Union européenne et des pays associés) a rappelé que la fin de la guerre ne signifie pas une paix durable. Un cessez-le-feu est rarement la fin d’un conflit: c’est, au mieux, un premier pas vers le règlement pacifique d’un conflit armé mais nous savons combien il peut-être difficile de maintenir durablement une paix qui ne repose pas sur des bases solides.  Il faut donc une approche globale et à long terme pour mettre fin aux désaccords, consolider la paix et empêcher la reprise du conflit.  Ceci signifie qu’il faut lier les efforts à long terme sur la prévention des conflits et la reconstruction, aux efforts à plus court terme comme les opérations de maintien de la paix et autres formes de gestion des crises.  L’Union européenne se félicite de la prise de conscience de plus en plus large de la nécessité de lier les différents genres de mesures.  Ainsi, le maintien de la paix suppose que l’on traite des causes profondes des conflits.  L'Union européenne se félicite de l’accent mis sur cet aspect dans le rapport Brahimi.  En particulier, elle soutient l’approche consistant à présenter la prévention des conflits, le maintien de la paix et la reconstruction comme un ensemble continu de mesures destinées à bâtir des fondations solides pour la paix.


Le concept de reconstruction doit impliquer des mesures concrètes destinées à empêcher les conflits de dégénérer en violences, a déclaré le représentant,

qui a cité en exemple la lutte contre les trafics illicites d’armes légères ou

de diamants de la guerre.  La reconstruction doit aussi inclure des mesures de confiance et la promotion de la réconciliation nationale, ainsi que des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration des anciens combattants. 

M. Norström a cité parmi les mesures à long terme le développement des structures politiques, économiques et de développement.  Il a insisté sur l’importance de la bonne gouvernance, avec la participation effective de la société civile et un véritable pluralisme, ainsi que de la justice.  A cet égard, il a rappelé le soutien de l’Union européenne aux tribunaux pénaux internationaux sur le Rwanda et sur l’Ex-Yougoslavie, et a insisté sur l’importance du Statut de Rome de la Cour pénale internationale, demandant une nouvelle fois aux Etat de devenir parties au Statut. 


Le représentant a également mis l’accent sur la nécessité d’éviter toute marginalisation ou discrimination.  Les mesures destinées à promouvoir l’égalité et le respect des droits de l’Homme doivent être incluses dans toute stratégie visant à une paix durable. L’Union européenne rappelle à cet égard le rôle essentiel joué par le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme et insiste sur la nécessité de lui apporter un soutien adéquat.


Pour M. Norstöm, il est clair que, du fait de leur responsabilité, de leur présence mondiale et de l’importance de leur cadre institutionnel, les Nations Unies ont un rôle unique à jouer  dans la consolidation de la paix.  En même temps, les défis sont nombreux et variés.  Il est donc nécessaire de faire appel à un grand nombre d’acteurs, et de coordonner leurs activités.  Les mandats de maintien de la paix du Conseil de sécurité doivent inclure des éléments  lui permettant de fixer à un stade initial les activités nécessaires à la consolidation de la paix.  Il est également important, lorsque les forces de maintien de la paix sont réduites ou retirées, que les activités de consolidation puissent se poursuivre dans un environnement favorable.  Cela signifie que le Conseil ne doit pas se dégager trop tôt et qu’une transition en douceur du maintien à la consolidation de la paix est fondamentale, ce qui requiert une


stratégie saine de retrait.  Il est clair également que les différents organes des Nations Unies doivent étroitement collaborer.  L’Union européenne note à cet égard les rôles importants qui sont dévolus à l’Assemblée générale et au Conseil économique et social dans les domaines du redressement économique et de la reconstruction.  L’Union européenne estime également que le rôle du Secrétariat est essentiel et souhaite que soit renforcée sa capacité à collecter des informations.  L’Union européenne se félicite en outre de la création d’une unité chargée de la reconstruction après les conflits.  Il est également essentiel de mobiliser tous les acteurs, et de coordonner leurs activités, qu’il s’agisse des agences et institutions du Système des Nations Unies, des institutions financières internationales, des donneurs bilatéraux, des organisations régionales, ou encore de la société civile, y compris les ONG et le secteur privé.


M. ABDALLAH  BAALI (Algérie) a estimé qu’il convient de concevoir et de mettre sur pied une stratégie globale et intégrée s’inscrivant dans la durée et requérant  une organisation méthodique, une coordination efficace, un suivi rigoureux et, à l'évidence, un financement adéquat pour la consolidation de la paix.  Il convient, a dit le représentant, de faire en sorte que tous ceux dont la contribution est nécessaire soient associés et puissent, effectivement, apporter leur contribution.  Si dans le respect de la Charte des Nations Unies, le Conseil de sécurité le fait, l’Assemblée générale, le Conseil économique et social et les fonds et programmes de l’ONU ainsi que les institutions de Bretton Woods, sans lesquelles toute entreprise serait vouée à l’échec, ont  également un rôle à jouer.  Il convient également d’impliquer les Etats de la région, les regroupements régionaux ou sous-régionaux politiques et économiques, qui ont une connaissance détaillée des réalités sur le terrain et dont l’influence sur le cours des évènements peut se révéler déterminante.  Il faut que soient sérieusement analysées et adéquatement traitées les causes qui sont à l’origine des conflits.  Toute stratégie adoptée en la matière doit pouvoir offrir aux pays ou à la région concernés une véritable chance de renouer avec une vie normale et leur permettre de s’engager sur la voie du progrès, de la justice et de la liberté.


Il est aujourd’hui admis que les programmes de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des anciens combattants (DDR) sont un élément fondamental du cadre de processus de consolidation de la paix.  L’Algérie, a tenu à indiquer M. Baali, suggère qu’en concertation avec le Département des opérations de maintien de la paix, il soit incorporé, dans l’élaboration des missions de maintien de paix, un programme DDR.  Une attention toute particulière doit être portée à l’insoutenable tragédie des enfants soldats, et la communauté internationale doit , à travers l’ONU et ses fonds et programmes, faire un effort particulier pour leur véritable prise en charge, que ces enfants aient participé directement aux conflits ou qu’ils en aient été victimes, de manière à permettre leur réinsertion progressive dans la société.  La réinstallation des réfugiés doit, quant à elle, leur permettre de retrouver progressivement une vie normale grâce au retour de la paix, mais aussi grâce à un processus de reconstruction et de relance économique.  Lorsque des crimes de guerre ou un génocide ont été perpétrés comme ce fut le cas en ex-Yougoslavie et au Rwanda, la justice doit se montrer implacable, car rien n’est plus pernicieux que la culture de l’impunité. 


L’Algérie se félicite des efforts qui ont conduit à la mise en place des Bureaux des Nations Unies en Guinée-Bissau, en République centrafricaine et en Angola, et de l’action de l’ATNUTO au Timor oriental, pour la précieuse aide qu’ils apportent à ces pays en matière d’appui à la promotion des droits de l’homme, et à la mise en place et au développement d’institutions démocratiques.  Un effort supplémentaire doit cependant être fait sur le plan financier, particulièrement en Afrique.  Le développement étant l’autre nom de la paix, il faut mettre chaque fois sur pied un programme spécialement conçu et adapté aux besoins du pays ou de la région concernés.  Le PNUD et les institutions de Bretton Woods ont à cet égard un rôle fondamental à jouer.  Un traitement particulier de la dette des pays affectés par des conflits et des conditions de crédits plus avantageuses devraient, peut-être, être envisagées aussi bien par la Banque mondiale que par les pays pourvoyeurs de crédits.


M. ARTHUR MBANEFO (Nigéria) a plaidé en en faveur de l'adoption d'un cadre général et multidisciplinaire permettant de relever les défis actuels du maintien de la paix.  Notre stratégie de gestion des conflits doit tenir compte des situations de pré-conflit, de conflit et d'après-conflit.  Notre stratégie d'intervention doit comprendre un système d'alerte précoce aux niveaux local, national et international ainsi que des activités de maintien et de consolidation de la paix comme le processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration des anciens combattants (DDR).  Évoquant la controverse suscitée au sujet de la recommandation de M. Brahimi sur la mise en place s'un système international d'alerte rapide, le représentant a souhaité toutefois qu'un tel système soit le plus inclusif possible. 


Au sujet du rôle vital des processus de DDR dans la promotion des efforts de consolidation de la paix, il a souhaité que des ressources adéquates soient disponibles et que les anciens combattants bénéficient d'activités de formation et de projets générateurs d'emplois.  Ces projets pourraient être financés par les institutions spécialisées des Nations Unies, les institutions financières internationales, les institutions multilatérales et autres partenaires.  La

lutte contre le trafic illicite d'armes est étroitement liée à cette question. 

La Déclaration de Bamako sur le trafic illicite des armes légères signée le

30 novembre 2000 recommande spécifiquement que les Etats Membres mettent en place des agences de coordination nationales ainsi que des infrastructures institutionnelles appropriées pour contrôler un tel phénomène.  Elle doit être soutenue.


L'élimination de la pauvreté et l'édification des infrastructures ainsi que la promotion du développement durable ont également été identifiées par le représentant comme des domaines prioritaires.  Le rapatriement des réfugiés serait, par ailleurs, plus significatif s'il s'inscrivait dans le cadre des efforts de revitalisation du tissu économique et social dans la mesure où cela permettrait de trouver des solutions aux questions d'insécurité et de tensions sociales qui résultent des conflits.  La communauté internationale doit également aider les pays qui sortent d'une situation de conflit à établir leurs institutions démocratiques.  Rappelant la nécessité d'inclure l'ensemble des acteurs concernés, que ce soit aux niveau local, régional ou international, à des stratégies de consolidation de la paix intégrées, le représentant a souhaité que le Conseil de sécurité organise des consultations avec les partenaires éventuels que seraient les institutions financières internationales, les organisations régionales et sous-régionales.


M. SUN JOUN-YUNG (République de Corée) a exprimé le soutien de sa délégation à la création du Groupe de travail sur les opérations de maintien de la paix.  Nous espérons, a dit le représentant, que son travail permettra une coopération améliorée du Conseil avec les pays contributeurs de troupes, de manière à ce que ceux-ci puissent avoir une voix au processus de décision.  La République de Corée est convaincue que le désarmement, la démobilisation et la réintégration des anciens combattants dans la vie civile sont des conditions indispensables pour une stabilité d’après-conflit et pour éviter la récurrence d’affrontements.  La paix, la sécurité, le développement économique et social  sont étroitement liés, et la protection des réfugiés et des personnes déplacées de l'intérieur doit, elle aussi, être une part essentielle des mesures de consolidation de la paix, a estimé le représentant. 


Les mandats des opérations de maintien de la paix devraient être réalistes et être élaborés sur des coûts efficaces, un des facteurs clefs de succès de ces opérations étant la disponibilité de ressources financières suffisantes pour pouvoir mettre en place des stratégies de longue durée.  Mais, finalement, la meilleure stratégie serait d'améliorer la capacité de prévention des conflits de l'ONU, et la République de Corée pense que le Secrétaire général joue un rôle majeur par la continuelle évaluation qu'il peut faire de la situation dans chaque région de manière à tenir le Conseil constamment informé des évolutions.  Ses rapports doivent donc être préparés de manière ponctuelle et le conseil doit leur donner toute l'attention nécessaire.  La République de Corée attend  de tous les acteurs, comme les fonds et programmes de l’ONU, et les institutions financières internationales, qu’ils renforcent leurs efforts de façon à apporter systématiquement une réponse coordonnée et intégrée aux efforts de consolidation de la paix.


M. AHMED ABOULGHEIT (Egypte) a estimé que la consolidation de la paix constitue une question tellement complexe qu’un seul organe des Nations Unies, fût-ce le Conseil de sécurité, ne saurait le traiter à lui seul.  La question suppose une grande coopération entre les principaux organes de l’ONU, auxquels doivent être également associées les institutions financières internationales.  En outre, chaque cas présente des caractéristiques particulières.  Les Nations Unies doivent donc faire preuve de souplesse.


Toutefois, a déclaré le représentant, le Conseil de sécurité devrait se concentrer sur le maintien de la paix et ne pas s’écarter de sa fonction première qui, dans certaines régions, comme en Angola ou au Moyen-Orient, n’est pas remplie.  Il est inacceptable que le Conseil échoue dans l’accomplissement de ses tâches et aille traiter de questions qu’il estime importantes mais qui n’entrent pas dans le cadre de son mandat.  M. Aboulgheit a mentionné comme exemples d’échecs le programme de désarmement, démobilisation et réinsertion des anciens combattants en Angola, et la question des réfugiés de Palestine.  Il a aussi estimé que le Conseil n’accorde pas l’importance nécessaire à la Somalie, ou même à la République démocratique du Congo.  L’Egypte ne veut pas que le Conseil de sécurité devienne un Conseil économique et social, ou une Assemblée générale de structure réduite et privée, et ce, d’autant plus que le Conseil est une instance politique par essence.


Certes, l’Egypte ne s’oppose pas à ce que le Conseil traite de la consolidation de la paix mais, pour l'avis de M. Aboulgheit, sa contribution doit se placer dans le cadre d’une lecture souple de la Charte des Nations Unies et consister à donner un nouvel élan, en recommandant un cadre flexible permettant de définir de manière générale les priorités auxquelles devraient s’intéresser également les autres organes principaux, de manière à harmoniser leurs travaux.


M. IBRA DEGUENE KA (Sénégal) a déclaré que la consolidation de la paix est une notion délicate et complexe parce qu'elle repose sur deux piliers souvent difficiles à concilier, à savoir la préservation des acquis d'un accord de paix et l'adoption de mesures favorisant des liens très étroits entre la paix, la sécurité, la stabilité et le développement économique et social.  Il a expliqué que toute politique de consolidation de la paix après les conflits supposera la mise en œuvre de mesures destinées, à court terme, à prévenir des actions susceptibles de fragiliser un accord de paix et, à long terme, à concourir à la restructuration d'un pays ravagé par un conflit.  Pour avoir des chances de réussir, a-t-il poursuivi, toute consolidation de la paix devrait examiner les causes profondes et pas seulement les effets des conflits.  Ces causes englobent, en Afrique notamment, la fragilité des institutions politiques, une pauvreté endémique, une dette astronomique et un environnement d'insécurité à l'intérieur comme à l'extérieur.  Dès lors, des décisions politiques difficiles s'imposent, de même que l'engagement fort et sans ambages des gouvernements comme de la communauté internationale à s'investir sérieusement dans des actions de développement à long terme, appuyées par une mobilisation de ressources adéquates et opportunes. 


Pour bâtir une stratégie intégrée de consolidation de la paix, la délégation du Sénégal estime qu'il convient d'éviter de procéder à une division artificielle des conflits en plusieurs phases, en particulier au moment de la définition des mandats des missions de rétablissement et de consolidation de la paix après les conflits.  La consolidation, de par sa nature pluridisciplinaire, doit être une composante essentielle d'une approche globale intégrée qui inclut la réduction de la pauvreté, favorise la promotion des politiques de bonne gouvernance et de l'état de droit et renforce les éléments d'une société civile active.  Les institutions financières internationales et la communauté des bailleurs de fonds, a ajouté le représentant, doivent s'impliquer, de manière plus nette, dans la consolidation de la paix, en essayant d'équilibrer les exigences d'une stabilité macroéconomique et les priorités pour le retour de la paix qui requièrent une plus grande flexibilité dans l'allocation des ressources à consacrer au redressement économique des pays sortis de la guerre.  Une priorité absolue doit être accordée aux programmes de désarmement, de démobilisation, de réinsertion et de réintégration et une attention particulière doit être portée à la lutte contre la libre circulation des armes légères.  Il convient également de garantir le retour en toute sécurité des personnes déplacées et des réfugiés dans leur pays d'origine.  A cet égard, il est important d'examiner les conditions d'existence des réfugiés dans les pays d'accueil dont le fardeau doit être soulagé par des programmes d'appui conséquents de la communauté internationale.  Enfin, pour consolider durablement la paix, il faudrait, après chaque conflit, travailler à instaurer une culture de paix, de tolérance, de sursaut national et de nivellement social afin de reconstruire une société plus harmonieuse et plus égalitaire. 

M. Deguène Ka a conclu en insistant sur la nécessité de doter les missions d'appui aux programmes de consolidation de la paix, de ressources adéquates pour leur permettre de s'acquitter, avec crédibilité, de leur mandat de sauvegarde de la paix. 

M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a déclaré qu'on peut tirer quatre leçons du processus de paix au Guatemala.  Il a fait observer que c'est seulement à partir du moment où le Guatemala a cessé d'être sujet de tensions de la guerre froide et que le conflit a pu être ramené au niveau interne, que les Guatémaltèques ont eu la possibilité d'envisager une sortie du conflit.  Il a insisté sur le fait que le processus de paix au Guatemala n'avait pas été imposé de l'extérieur mais résultait de la volonté des parties au conflit et de la population guatémaltèque de mettre fin à la guerre.  L'engagement des parties pour la paix est une condition préalable aux succès de tout effort de consolidation de la paix, a-t-il déclaré.  Il a indiqué que les accords de paix guatémaltèques qui lient les aspects économique, sociale, politique et culturelle du processus, constituent de véritables directives à suivre dans le cadre de l'effort global de rétablissement et de consolidation de la paix et ont été acceptés par toutes les parties, y compris l'opposition.  Il a fait valoir le rôle du soutien international, et en particulier celui des Nations Unies dans le processus de paix.  A cet égard, il a souligné que seules les Nations Unies bénéficiaient de la crédibilité, de la neutralité et de l'objectivité permettant d'épauler les efforts déployés par les Guatémaltèques eux-mêmes, aussi bien dans la phase de négociation de la paix que pendant la phase de consolidation de la paix, et ce par le biais de la mission de vérification dont le mandat a été prorogé pour la période 2001-2003. 


Enfin, s'agissant du rôle des organisations régionales, en particulier de l'Organisation des Etats américains (OEA), il a précisé qu'un précédent avait été créé entre les Nations Unies et l'OEA concernant la direction des efforts de paix au titre du Chapitre VIII de la Charte compte tenu que, contrairement à la pratique d'avant 1994, c'est l'ONU qui dirigeait les efforts concernant la situation au Guatemala.  Concluant, il a souligné l'importance que revêt la prise en compte de l'interdépendance entre la paix et le développement pour le succès des efforts de consolidation de la paix.  Il a expliqué que pour le Gouvernement du Guatemala, ce lien se traduit par la nécessité d'assurer l'amélioration du niveau de bien-être de la population par l'application de l'Accord sur les aspects économiques et sociaux et sur la réforme agraire. 


M. HADI NEJAD HOSSEINIAN (République islamique d’Iran) a déclaré que l’expérience a montré qu’il est vital de s’assurer qu’après les conflits, toutes les conditions soient mises en place pour faire durer la paix.  Des mesures devraient être mises en place pour renforcer la confiance entre les anciennes parties en conflit par le dialogue, en vue de créer un climat favorable à la réconciliation nationale, et d’encourager la reprise de l’économie et des activités sociales dans les zones affectés par des conflits.  L’Iran pense que les mesures visant la consolidation de la paix devraient être conçues et mises en œuvre en étroite collaboration avec les parties directement concernées, en prenant en compte les réalités spécifiques  et les besoins de chaque situation donnée.   La volonté des Etats de choisir librement leurs modèles culturel, politique et économique devrait être respectée.  Les activités de reconstruction post-conflit devraient respecter les termes de la Charte des Nations Unies, et notamment ceux de l’égalité dans la souveraineté, de l’indépendance politique et de la non intervention, en ce qui concerne les questions qui doivent strictement relever de la souveraineté intérieure de chaque pays.  La communauté internationale devrait se soucier de fournir un soutien financier adéquat à la reconstruction économique, qui fait partie de toute consolidation du processus de paix. 


L’Iran estime que des mesures favorables au désarmement et à la démobilisation et à la réintégration sociale des ex-combattants sont indispensables et doivent  donner à ceux-ci les moyens de réintégrer pleinement leurs sociétés.  C’est là un des défis les plus aigus qui se posent à la consolidation de la paix, si l’on veut éviter le retour des violences et de l’insécurité. L’envoi de forces de police civile et la formation de forces de l’ordre efficaces est à cet égard un impératif à satisfaire.  Notre délégation, a dit le représentant, tient à souligner la nécessité des opérations de déminage dans les zones affectées, car les champs de mines posent des obstacles insurmontables à la reconstruction économique et à la vie dans les régions qui en sont affectées.  La consolidation de la paix ne peut s’achever si ne sont pas remises en place les structures d’une administration civile et d’une justice qui seules peuvent permettre la mise en œuvre de la gouvernance dont les pays touchés par les conflits ont besoin. 


M. YUKIO SATOH (Japon) a rappelé qu’il existe déjà un large accord  sur la nécessité de consolider la paix par une approche globale et intégrée, qui suppose que l’on prenne des mesures appropriées avant, pendant et après les conflits, et que l’on traite des causes profondes de ceux-ci, y compris les facteurs sociaux et économiques.  Il est tout autant admis que les donateurs, les agences et organes des Nations unies, les organisations régionales et les institutions financières internationales doivent agir en étroite coordination.  A cet égard, le Japon se félicite de la participation active, non seulement d’Etats non membres du Conseil, mais aussi du PNUD, de la Banque mondiale et du FMI lors du récent débat sur Timor oriental.  Le Japon souhaite que cette pratique se poursuive.


Le représentant a rappelé que la consolidation de la paix et l’assistance au développement sont étroitement liées et se soutiennent mutuellement.  C’est l’Afrique qui a besoin de cette approche, a poursuivi M. Satoh.  La prolifération des conflits y souligne l’urgence d’une stratégie cohérente de consolidation de la paix et du développement.  Les Nations Unies devraient en faire une priorité pour ce nouveau siècle.  Le Japon, en tout cas, aidera les pays africains. La faveur que le Japon accorde à une approche intégrée et globale de la consolidation de la paix et au développement sur ce continent se reflète non seulement dans son aide bilatérale et multilatérale au développement, mais aussi dans son parrainage des Première et Deuxième Conférences de Tokyo sur le développement de l’Afrique, a affirmé le représentant..


M. SORIN DUMITRU DUCARU (Roumanie) a déclaré que les relations de sécurité entre l’Europe et les Nations Unies sont en pleine évolution, l’Europe connaissant une émergence de conflits ou de risque de conflits pour la résolution desquels elle a besoin de la coopération et de la participation de toutes les organisations qui peuvent jouer un rôle actif sur son territoire.  Les Nations Unies disposent des instruments et d'une expérience qui peuvent s’adapter aux besoins que connaît aujourd’hui le continent européen, les organismes européens, comme l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) pouvant, quant à eux, fournir à l’ONU leur modèle de fonctionnement opérationnel.


Nous avons, a dit le représentant, besoin  d’une approche globale en matière de consolidation de la paix, qui prenne en compte tous les aspects des politiques à mettre en oeuvre.  A cet égard, les considérations touchant la dimension humaine du règlement des conflits, dont font partie la protection des minorités et l’élimination des discriminations, la lutte contre les nouvelles formes de criminalité, les trafics humains et les enfants-soldats, devraient venir en premier.  Ensuite, devraient être traités les questions touchant à l’économie et à l’environnement, qui sont souvent à l'origine de l'instabilité et des conflits politiques.  A cet égard, a estimé M. Ducaru, toute opération de paix devrait commencer par l’identification des potentialités de conflits économiques et environnementaux.  La coopération avec les ONG et la société civile devrait recevoir toute l’attention que ces organisations méritent, leurs capacités et le dévouement de leurs personnels pouvant souvent faire la différence entre d'une part, les discours politiques et, d'autre part, les voeux de la communauté internationale et les besoins réels des populations sur le terrain.  L’autre proposition que fait la Roumanie serait de percevoir toute résolution de conflit sous un angle régional et international, car seule une perspective régionale peut permettre de mettre en oeuvre les politiques intégrées et soutenues, susceptibles de garantir le succès de la consolidation de la paix.


M. JARGALSAIKHANY ENKHSAIKHAN (Mongolie) a attiré l’attention sur le fait qu’il n’était pas possible même pour les riches de profiter d’une paix durable dans un monde où les pauvres sont légion.  Il a rappelé que les études faites par la Banque mondiale en 1996 mettaient en lumière la corrélation directe existant entre la pauvreté et les conflits.  Il y est noté que sur vingt pays parmi les moins développés, quinze ont été impliqués dans des conflits violents majeurs et que plus de la moitié des pays à bas revenu ont été partie prenante dans des guerres civiles majeures au cours des quinze années écoulées.  La poursuite d’objectifs visant à éradiquer la pauvreté, au sein d’organisations telles que le FMI, la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce, peut constituer un facteur important dans l’instauration d’une paix durable et la stabilité, a-t-il fait observer. 


Ces efforts seraient toutefois plus tangibles s’ils étaient soutenus par des actions visant à consolider la confiance au niveau des régions et des sous-régions, a-t-il déclaré.  Les organisations régionales sont investies des pouvoirs leur permettant de traiter de questions liées au maintien de la paix et de la sécurité internationale.  Les efforts de ces organisations doivent en conséquence aller au-delà d’opérations de consolidation de la confiance et s’efforcer de renforcer la capacité régionale en matière de diplomatie préventive, de maintien et de rétablissement de la paix.  Les organisations régionales devraient, de notre point de vue, être plus largement engagées dans les consultations du Conseil de sécurité sur les sujets relevant de la prévention des conflits et de la consolidation de la paix. Le représentant a souhaité que ce message soit mis en avant lors de la quatrième réunion de haut niveau des Nations Unies avec les organisations régionales.  Il a fait valoir que les Nations Unies devraient disposer des moyens adaptés pour analyser les causes des conflits en concertation avec les organisations régionales et pour proposer des actions précoces visant à éviter que les tensions ne dégénèrent en violences.


M. SATYABRATA PAL (Inde) a rappelé que l’Inde a déjà eu l’occasion de mettre en garde contre les conséquences négatives d’un empiètement du Conseil de sécurité sur les compétences d’autres organes.  Ces arguments restent valables aujourd’hui, à l’occasion d’un débat dont le thème relève de la compétence de l’Assemblée générale.  Comme l’a montré la guerre froide, les conflits peuvent prendre fin et la consolidation de la paix commencer sans que le Conseil de sécurité n’intervienne, a observé le représentant.  En Europe centrale et de l’Est, les pays en transition ont eu les mêmes priorités que les Nations Unies dans les sociétés d’après-conflit: mise en place de systèmes de bonne gouvernance, création d’une économie de marché, réponse aux défis de la démobilisation.  Les pays qui en ont eu besoin ont reçu une assistance de l’ensemble du Système des Nations Unies.  Le seul organe à ne pas s’être engagé dans la situation d’après-conflit dans cette partie du monde a été le Conseil de sécurité, et cette abstention a été sage.  Quand le Conseil a contribué à résoudre un conflit ou quand les Nations Unies sont appelées à surveiller la mise en oeuvre d’accord de paix négociés par d’autres, le Conseil a un rôle à jouer: celui de mettre en place une opération de maintien de la paix, qui est une composante de la consolidation.  Mais il ne s’ensuit pas que le Conseil doive prendre en charge le travail de reconstruction économique et sociale.


Beaucoup a été dit sur les nouvelles opérations de maintien de la paix et sur leur différences fondamentales par rapport aux anciennes, mais on ignore la réalité, a observé M. Pal.  Le représentant a fait remarquer que la MINUSIL, la MINUK et l’ATNUTO, souvent citées en exemple, sont en fait trois exceptions.  Tirer des conclusions de ces trois cas exceptionnels est dangereux et c’est là un des principaux défauts du rapport Brahimi, a-t-il affirmé.   Au Kosovo et au Timor oriental, les Nations Unies dirigent une administration transitoire, mais ce n’est pas le cas, et ne doit pas être le cas, dans d’autres situations d’après-conflit, a poursuivi M. Pal.  Lorsqu’un gouvernement existe, et même s’il est faible, les Nations Unies ne devraient rien faire qui puisse donner l’impression que le gouvernement est fantoche et que l’autorité réelle réside dans l’opération de maintien de la paix.  Une telle situation saperait la paix, plutôt qu’elle ne la renforcerait.  Le représentant a rappelé que toutes les opérations de maintien de la paix auxquelles les forces indiennes ont pris part, celles-ci ont aidé les communautés locales de manière pratique en creusant des puits et en construisant des écoles, etc.  Ceci est une chose, ce serait une toute autre chose que de concevoir et financer des projets entiers depuis New York, et cette idée qui paraît attirante serait en fait inadaptées et impraticable, a-t-il averti.


Faisant référence au débat organisée le 26 janvier à propos du Timor oriental, le représentant a déclaré que des choix difficiles sont sans doute à faire, mais que le Conseil n’est pas le lieu pour les faire.  Il ne dispose ni de la compétence ni du mandat pour décider de questions telles que le financement du budget du Timor oriental. 


Le représentant a rappelé que les actions de l’ONU au Kosovo ou à Timor ont leur face sombre: l’Iraq.  En Iraq aussi, un gouvernement existe, et ce sont les Nations Unies qui déterminent les besoins locaux et les moyens de les satisfaire.  Le programme «Pétrole contre nourriture» est une forme de consolidation de la paix mais personne ne s’y réfère comme un précédent à suivre, a-t-il observé.  Or, si l’Iraq est un cas sui generis, il en est de même du Kosovo et du Timor oriental.


Pour M. Pal, les membres du Conseil peuvent toutefois contribuer à la consolidation de la paix.  Les opérations de maintien de la paix pourraient contrôler la mise en oeuvre des programmes de désarmement, démobilisation et réintégration.  Malheureusement, le Conseil n’autorise pratiquement jamais de telles mesures de contrainte.  En outre, certains des membres du Conseil sont les principaux fabricants et exportateurs des armes utilisées dans les conflits.  Ils doivent donc prendre des mesures pour s’assurer que les armes qui sont fabriquées sur leur territoire ne sont pas exportées vers des Etats ou des acteurs –terroristes ou groupes rebelles – qui usent de la violence contre des gouvernements légitimes.  Enfin, le représentant a souhaité que le Secrétariat, lorsqu’il choisit les pays qui fourniront des troupes à une opération de maintien de la paix, recourt à des critères minimum de professionnalisme, mais aussi à des critères politiques.  Les Nations Unie ne peuvent promouvoir la démocratie, le respect pour les autorités civiles la résolution pacifique des différends qu’en faisant appel à des forces de maintien de la paix qui comprennent, de par leur expérience nationale, ce que cela signifie.  Ce serait une farce et une insulte, par exemple, que de promouvoir la consolidation de la paix en Sierra Leone en faisant appel à des forces armées qui renversent les démocraties dans leur propre pays, a-t-il conclu.


M. LUIS ENRIQUE CAPPAGLI (Argentine) a déclaré que le concept de consolidation de la paix complète l’idée traditionnelle du  maintien de la paix.  Les Nations Unies ont encouragé la formulation de politiques à ce propos par les Etats Membres.  L’évolution  du concept a mis en évidence son lien avec l’élimination des sources de conflits et la mise en place de mesures visant à éviter qu’en premier lieu ces conflits n’éclatent pas.  La consolidation de la paix apparaît comme un processus essentiellement politique, diplomatique et économique, qui ne peut prendre forme qu’avec un engagement ferme de la communauté internationale.  L’Argentine accorde à cet égard une place tout à fait spéciale à la promotion et la défense des droits de l’homme.  Le Président argentin, M. De La Rua,  a clairement énoncé notre politique sur cette question, a dit le représentant.  Nous pensons que l’élimination de la pauvreté et la promotion du développement, accompagnées de la démocratisation et de la bonne gouvernance, sont les meilleurs obstacles qui puissent être posés à la naissance des conflits.  Le rôle des organisations  régionales à la promotion et à la consolidation de la paix est crucial.  Chaque conflit est unique comme est unique chaque région.


Le Conseil de sécurité doit travailler à la promotion d’une culture de prévention des conflits.  Le Conseil a déjà inclus dans certains mandats de maintien de la paix des éléments de consolidation de la paix, comme cela s’est vu en Haïti, au Timor oriental ou en République centrafricaine.  Mais il faut que soit mise en œuvre une stratégie de longue haleine, qui a besoin de ressources internationales suffisantes et de l’implication et de la participation, de bonne foi, des parties concernées.


M. HASMY AGAM (Malaisie) a souhaité une approche qui soit davantage intégrée et globale permettant de mieux cerner le lien qui existe entre maintien de la paix et consolidation de la paix.  Le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social ont respectivement un rôle à jouer.  Compte tenu des caractéristiques de la paix et de la relation entre maintien de la paix, imposition et consolidation de la paix, il faudrait promouvoir les consultations et la coordination entre le Conseil de sécurité, l'Assemblée générale et le Conseil économique et social. 


Des actions de consolidation de la paix, de par leur caractère multidimensionnel, exigent également la mobilisation des ressources et compétences, non seulement de la part des pays contributeurs de troupes, des institutions du système des Nations Unies mais également des organisations internationales et non gouvernementales pertinentes.  L'on pourrait envisager des consultations entre le Conseil de sécurité et des institutions internationales, comme la Banque mondiale, au cours desquelles l'on identifierait les responsabilités.  Nous souhaiterions également que le Conseil tienne davantage de réunions publiques sur les efforts de consolidation de la paix sans que ce soit aux dépens d'autres délibérations en cours sur ce sujet à l'Assemblée générale et à l'ECOSOC, a précisé le représentant.  Il serait même concevable d'organiser des réunions conjointes entre les deux conseils.  En fait les fondements d'une telle coopération sont prévus à l'Article 65 de la Charte. 


Le représentant a souhaité que l'on renforce le système de nomination de représentants, de coordinateurs spéciaux et d'administrateurs transitoires du Secrétaire général du fait de la complexité accrue des opérations sur le terrain.  Rappelant que les opérations de maintien de la paix en elles-mêmes ne sont pas le garant de la consolidation de la paix, il a souligné le rôle crucial que sont les mécanismes de désarmement et de réinsertion des anciens combattants.  Certains aspects de ces mécanismes vont au-delà des limites du maintien de la paix traditionnel d'où l'importance d'adopter une approche intégrée du maintien de la paix et de mobiliser d'autres acteurs dans le contexte plus large de la consolidation de la paix.  Il n'est pas aisé de tracer une distinction entre maintien et consolidation de la paix.  Des activités de consolidation de la paix ne commencent pas forcément lorsque cessent une opération de maintien de la paix.  Il existe une période au cours de laquelle les deux opérations se chevauchent, d'où l'importance de la coordination entre ces deux processus.


M. DON MACKAY (Nouvelle-Zélande) a rappelé que près de la moitié des opérations de maintien de la paix des Nations Unies actuellement déployées comportent une composante de consolidation de la paix.  Celle-ci est indispensable: l'absence de mesures destinées à consolider la paix et à réduire les risques d’une reprise des conflits donnerait tout simplement lieu à une mauvaise utilisation des ressources déjà rares.  Le représentant a rappelé que des opérations de consolidation de la paix existaient dans sa région, avec l’ATNUTO au Timor oriental, mais aussi avec la mise en place du bureau politique des Nations Unies à Bougainville (Papouasie-Nouvelle-Guinée) et le groupe d’observateurs de la paix envoyé aux Iles Salomon dans le cadre de l’Accord de paix de Townsville.


La Nouvelle-Zélande se félicite du rapport Brahimi, qui a insisté sur l’importance d’un engagement multidimensionnel entre les opérations de paix et les parties locales.  Il a appuyé les recommandations du Comité spécial des opérations de maintien de la paix et a salué la prorogation du mandat de l’ATNUTO jusqu’à la fin de l’année.   L’opération au Timor oriental témoigne de la complexité de la consolidation de la paix dans la pratique et met en lumière la pertinence des observations du rapport Brahimi, a estimé M. Mackay.  De même, la réussite, à ce jour, du processus de paix à Bougainville témoigne de l’importance, pour la consolidation de la paix, des opérations de désarmement, démobilisation et réintégration des anciens combattants, de la restauration de l’autorité civile et de la reconstruction économique.


M. IVAN SIMONOVIC (Croatie) a fait observer qu'alors qu'on ne débat plus de l'utilité pratique ou idéologique de la politique de consolidation de la paix, on continue à débattre de ses coûts.  On examine et compare les coûts d'engager ou de ne pas engager des activités de consolidation de la paix, les coûts d'une stratégie sélective ou d'une stratégie globale de consolidation de la paix et, enfin, les coûts encourus par la communauté internationale et ceux supportés par la société post-conflit elle-même.  La récurrence des conflits a prouvé que le coût de ne pas s'engager à temps et de manière globale dans la consolidation de la paix peut très vite dépasser les coûts de l'investissement dans la paix.  S'agissant de la prise en charge des coûts, a-t-il poursuivi, on peut estimer qu'à l'ère de la mondialisation, les coûts de la non-intervention sont supportés à la fois par la communauté internationale et par la société post-conflit puisqu'il faut faire face tant au flux des réfugiés, à la propagation de la criminalité ou des maladies qu'à d'autres problèmes avec un budget dérisoire.  La Croatie - qui est encore confrontée aux difficultés de l'après-conflit et tente de porter assistance aux populations très éprouvées dans la région - espère qu'une attention particulière sera accordée à l'appel énoncé par le Secrétaire général dans son rapport "Réformer les Nations Unies: un programme de réforme" stipulant qu'une consolidation de la paix ayant des chances de succès requiert une stratégie politique qui se renforce mutuellement et un programme d'assistance qui comprenne des aspects droits de l'homme, des aspects humanitaires et des aspects développement.  A cet égard, le représentant de la Croatie a souligné que la reconstruction et la réconciliation post-conflit de son pays prendrait du temps mais pourrait être accélérée par une aide internationale appropriée.  Expliquant que nombre des personnes déplacées et des réfugiés sont retournés dans le pays malgré les difficultés économiques dans les régions touchées par le conflit où il reste plus d'un million de mines, il a fait remarquer que les ressources politiques, humaines et financières déjà investies en Croatie par la communauté internationale devraient être renforcées par une aide au développement.  L'investissement dans la paix et l'investissement dans le développement font parties du même continuun, a-t-il déclaré. 


Le représentant a ajouté qu'une autre condition préalable au rétablissement de la paix et de la sécurité est l'établissement de la vérité et la répression des responsables de violations du droit humanitaire.  A cet égard, il a affirmé qu'il est important que le Conseil de sécurité ne tolère pas différents niveaux de coopération entre les Etats et la future Cour pénale internationale, et ce, pour éviter les lacunes découverts dans la pratique du Tribunal pénal spécial pour l'ex-Yougoslavie.  Il s'est , par ailleurs félicité de l'inclusion par le Conseil des composantes désarmement, démobilisation et réinsertion des anciens combattants dans les opérations de paix passées et en cours.  De même, a-t-il déclaré, les dispositions concernant les réfugiés et les personnes déplacées, le déminage, la reprise économique ou encore le renforcement de l'état de droit et des


institutions démocratiques doivent être anticipées par le Conseil et incluses dans les mandats au moment approprié.  Il a, en outre, ajouté que la stratégie globale de consolidation de la paix doit reposer sur trois piliers importants à savoir la coopération de la société concernée, une volonté politique durable de la part de la communauté internationale et les capacités d'appui appropriées des Nations Unies et en particulier du Secrétariat.  Enfin, la Croatie estime que la coopération avec les organisations régionales aussi bien qu'avec les ONG est une voie fertile de coopération dans laquelle le Conseil de sécurité peut jouer un rôle important.  Il a conclu en insistant sur le rôle complémentaire du Conseil de sécurité que l'ECOSOC peut jouer en matière de consolidation de la paix et s'est déclaré favorable à la tenue possible d'une réunion conjointe des deux Conseils sur ces questions à l'avenir.


M. MURARI RAJ SHARMA (Népal) a déclaré que l’Agenda pour la paix et le rapport Brahimi reconnaissent la consolidation de la paix comme un puissant outil de soutien à la paix une fois qu’elle a été restaurée, tout en étant conscient de sa complexité.  La consolidation de la paix est un processus compliqué et complexe et non pas un fait isolé.  Elle ne peut être achevée qu’à travers un large processus de construction nationale, ce qui est difficile quand il n’existe plus d’autorité centrale ou de structures d’ordre, de justice ou d’administration.  Parce qu’elle touche à tous les aspects de la vie d’une nation ou d’une société, la consolidation de la paix doit être un processus global, participatoire et inclusif par nature.  C’est un long engagement de la part des Nations Unies et de la communauté internationale, compliqué par le fait qu’il met à rude épreuve leurs ressources et leur patience.  Pour que cet engagement ait une chance de réussite, il faut que le Conseil se fixe des objectifs clairs et réalisables, qui puissent être atteints sur de période de 3 à 5 ans. La pauvreté est une bombe à retardement, prête à exploser à la moindre provocation, et les provocateurs sont légions: terroristes, trafiquants de drogues ou d’êtres humains qui vendent du rêve aux pauvres populations et les entraînent souvent vers des catastrophes.  Les différences ethniques, culturelles ou religieuses sont devenues des lignes de faille, et les legs coloniaux et autres mauvaises politiques mettent à tout moment en danger la paix dans de nombreuses régions du monde.


Le Népal pense que les efforts de consolidation de la paix devraient raviver et renforcer les institutions locales et mettre à contribution leurs connaissances, au lieu de vouloir imposer des schémas et modèles étrangers.  Les partenariats, la coopération et la coordination sont indispensables si l’on veut atteindre des synergies et optimiser l’impact des efforts collectifs.  Le Conseil ne doit pas se réfugier dans la facilité, mais choisir les voies et moyens réellement adaptés aux problèmes qui se posent.


M. SAID BEN MUSTAPHA (Tunisie) a souhaité une stratégie intégrée pour la consolidation de la paix, qui intègre tous les partenaires impliqués dans la consolidation de la paix.  Les engagements pris au niveau le plus élevé, notamment lors du Sommet du millénaire, sont le fidèle reflet du lien très étroit entre les éléments de la consolidation de la paix.  Pour la Tunisie, il faut mettre en place des mécanismes novateurs qui soient à la hauteur des défis de la pauvreté et des autres causes de conflits, et qui permettent d’apporter des réponses rapides.  Il faut un partenariat international dans lequel les Nations Unies joueront le rôle primordial.


Note de la Tunisie intitulée "Consolidation de la paix : vers une approche globale" (S/2001/82)


Dans une lettre au Secrétaire général, le représentant de la Tunisie explique que son pays, qui assume en février la présidence du Conseil de sécurité, se propose d’organiser un débat ouvert aux États non membres du Conseil sur le thème «La consolidation de la paix: vers une approche globale» à la veille de la quatrième réunion de haut niveau entre l’ONU et les organisations régionales, organisée les 6 et 7 février et consacrée au thème de la consolidation de la paix.  La notion de consolidation de la paix englobe un ensemble d’actions destinées à identifier, à établir et soutenir les structures pour renforcer et consolider la paix.  Cette notion a suscité d’abondants débats à l’ONU depuis la publication de l’Agenda pour la paix (juin 1992) et son supplément (janvier 1995), est-il écrit dans la lettre.  Il y était dit, en particulier, que la notion de consolidation de la paix ne s’applique pas seulement aux situations qui existent au sortir des conflits et qu’elle couvre les mesures qui, pour commencer, peuvent empêcher qu’un conflit n’éclate ainsi que les mesures d’accompagnement qui peuvent être prises pendant le conflit pour faciliter le processus de paix.  Il est également admis que la consolidation de la paix nécessite une approche globale et intégrée en ce sens qu’elle doit mettre l’accent sur les causes profondes et structurelles des conflits à savoir l’insuffisance ou, dans certains cas, l’absence de développement économique, social et politique.  D’où l’impératif d’une action déterminée et soutenue pour la consécration du développement dans toutes ses dimensions.  La note rappelle que plusieurs rapports du Secrétaire général ont souligné l’importance de la prévention des conflits et de la consolidation de la paix, et que le rapport du groupe d’étude sur les opérations de paix de l’Organisation des Nations Unies ("rapport Brahimi", A/55/305-S/2000/809) s’est également préoccupé des questions posées par la consolidation de la paix après les conflits.


Rappelant que la complexité du maintien de la paix et de la sécurité internationales nécessite une complémentarité des rôles respectifs de tous les intervenants, la note plaide en faveur de la coordination entre les différents acteurs du Système des Nations Unies, ainsi que d'un renforcement de l’apport des organisations régionales et des institutions financières internationales.  La Tunisie propose ensuite un cadre pour le débat, citant les divers aspects qui pourraient être abordées. Concernant la consolidation de la paix en elle-même, sont proposés les thèmes suivants: désarmement, démobilisation et réinsertion des anciens combattants; réfugiés et personnes déplacées; élimination de la pauvreté et promotion d’un développement durable; renforcement de l’Etat de droit et des institutions démocratiques.


Concernant la stratégie globale de consolidation de la paix à adopter, la note suggère que le débat porte sur le rôle du Conseil de sécurité, en rappelant que, au cours des dernières années, celui-ci a intégré dans le mandat des opérations de maintien de la paix des éléments de consolidation de la paix.  Le document estime que des consultations devraient être engagées dès la phase de préparation d’une opération de maintien de la paix entre les principaux organes concernés, afin d'élaborer une stratégie de consolidation de la paix et mobiliser les ressources nécessaires. La note suggère également que le débat porte sur le rôle des autres concernés par la consolidation de la paix. Comment le système des Nations Unies, les donateurs et les organisations régionales peuvent-ils collaborer à une mobilisation plus efficace de la volonté politique et des ressources nécessaires pour consolider la paix?

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