En cours au Siège de l'ONU

AG/1235

RECONCILIATION NATIONALE ET REDRESSEMENT ECONOMIQUE PRESENTES A L’ASSEMBLEE GENERALE COMME LES DEUX PILIERS DE LA CONSOLIDATION DE LA PAIX

14/11/01
Communiqué de presse
AG/1235


Assemblée générale

53e séance plénière – après-midi


RECONCILIATION NATIONALE ET REDRESSEMENT ECONOMIQUE PRESENTES A L’ASSEMBLEE GENERALE COMME LES DEUX PILIERS DE LA CONSOLIDATION DE LA PAIX


Avec les interventions cet après-midi, de l’Afghanistan et de la Somalie, le rôle de la réconciliation nationale et du redressement économique en matière de consolidation de la paix a retenu l’attention des participants au débat général que l’Assemblée générale tient depuis le 10 novembre.  Ainsi, le chef de la délégation afghane, M. Ravan Faradi, répondant aux accusations de mauvais traitements infligés par les forces du Front uni de l’Etat islamique d’Afghanistan lors de la prise de Kaboul ce 13 novembre, a assuré l’Assemblée générale que le peuple afghan n’appuiera jamais aucun acte illégal qui pourrait rompre le processus “crucial” de création d’un gouvernement élargi, multiethnique et pleinement représentatif en Afghanistan.  Niant toute intention de son Gouvernement de monopoliser le pouvoir, il a, au contraire, exprimé l’espoir que, dans un avenir proche, le peuple afghan décidera démocratiquement du système politique dont il souhaite se doter. 


Le représentant a invité la communauté internationale à accorder la même importance à la reconstruction de l’Afghanistan qu’à la guerre contre le terrorisme.  La reconstruction et la renaissance de l’espoir d’un peuple feront davantage que la guerre pour éradiquer le démon du terrorisme et de la violence, a-t-il conclu.


Dans le même ordre d’idée, le chef de délégation de la Somalie, M. Ahmed Abdi Hashi a déclaré que son Gouvernement continue de travailler à la consolidation de la paix par le dialogue et la réconciliation nationale.  Cependant, le pays doit consentir de gros efforts pour la reconstruction et la réhabilitation des ses infrastructures et de ses institutions.  La communauté internationale, a-t-il prévenu, est en face de deux options : voir le pays retomber dans l'anarchie et le chaos ou lui apporter l’appui requis afin de pouvoir se conformer aux injonctions de la résolution 1373 sur la lutte contre le terrorisme.  A ce propos, le représentant a affirmé que contrairement à ce qui a été dit dans certains médias, la Somalie n'héberge aucun camp de terroristes et que le Gouvernement n’était nullement disposé à leur offrir un sanctuaire.


La thèse du redressement économique comme pilier de la consolidation de la paix a aussi été défendue par le Ministre des affaires étrangères du Libéria,

M. Monie Captan, qui a dénoncé le  régime de sanctions décrété contre son pays par la résolution 1343 (2001) du Conseil de sécurité.  Invoquant la souffrance des enfants, des femmes et des personnes âgées libériens, il a demandé au Conseil de renoncer à cette politique au nom du respect des droits de l’homme.  Le Ministre des affaires étrangères du Togo, M. Koffi Panou, s’est également plaint du


(à suivre – 1a)


maintien “injustifié” des sanctions économiques imposées, depuis près de dix ans, à son pays par ses principaux partenaires au développement.  Il a estimé que les avancées dans la promotion des droits civils et politiques et des libertés fondamentales doivent nécessairement être soutenues par la jouissance effective des droits économiques et sociaux.


Ont également participé au débat général le Premier Ministre des Iles Salomon et le Secrétaire de la République du Kirghizistan ainsi que les Ministres des affaires étrangères du Botswana, de l’Arménie, de Saint-Marin, du Myanmar, du Bénin, de Saint-Kitts-et-Nevis, du Malawi et du Bhoutan.  Les représentants de la Turquie, de l’Arménie et de Chypre ont exercé leur droit de réponse.


L’Assemblée générale poursuivra son débat général demain jeudi 15 novembre à 9 heures.   


Suite du débat général


M. MANASSEH SOGAVARE, Premier Ministre des Iles Salomon: Si la lutte contre le terrorisme est une question urgente, les Nations Unies ne doivent toutefois pas sous-estimer la nécessité toujours réelle de régler les autres questions internationales qui menacent, de la même manière, la sécurité humaine.  Avec leurs ressources et leurs capacités limitées, les petits Etats insulaires en développement sont incapables de s’attaquer à l’ampleur des problèmes qui caractérisent le monde actuel.  En effet, la notion de sécurité de l’après-guerre froide implique la prise en compte des dimensions humaines, environnementales, économiques et politiques.  La crise interethnique et ses conséquences dévastatrices que les Iles Salomon ont connues ont été le triste rappel du lien inextricable entre la paix et le développement.  L’Accord de paix a certes été signé en octobre 2000 mais le défi est loin d’être relevé.  Avec une économie secouée et un processus de paix toujours délicat, la tâche de reconstruction du pays et de garantie d’une paix durable demeure incertaine. 


La coopération au développement doit viser à réduire la vulnérabilité des sociétés aux conflits violents.  L’aide doit aller au-delà des besoins humanitaires immédiats.  Elle doit être liée aux initiatives de consolidation de la paix afin de faire de cette paix un élément durable.  L’assistance au développement doit, en conséquence, être vue comme un moyen de prévention des conflits et un instrument de consolidation de la paix.  Il faut de toute urgence mettre en oeuvre les résultats de la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA).  A cet égard, les Iles Salomon appellent les pays donateurs à investir dans chaque secteur, y compris dans celui du commerce et des infrastructures, dans les systèmes financiers et dans la protection de l’environnement pour promouvoir le développement des plus pauvres.  Les partenaires au développement doivent envisager des moyens plus pratiques et plus réalistes de traiter le problème considérable de la dette extérieure étant donné la lenteur des progrès dans les initiatives HIPC ou celles du Club de Paris. 


La Conférence sur le financement du développement doit être l’occasion unique de dégager un consensus sur la manière de mobiliser des ressources nouvelles et additionnelles aux fins du développement.  Par ailleurs, Action 21 doit demeurer la carte de route de l’action environnementale et dans ce cadre, il faut espérer que le Sommet mondial sur le développement durable dégagera un consensus sur la manière d’assurer une mise en oeuvre plus large et plus efficace de ce Programme d’action et des programmes qui en découlent dont le Programme d’action de la Conférence de la Barbade sur le développement durable des petits Etats insulaires en développement.  Il est urgent que la communauté internationale mesure à sa juste valeur le caractère unique de ces Etats insulaires qui tentent de se protéger de la menace des catastrophes naturelles, du changement climatique et de la montée du niveau de la mer.  A cet égard, la communauté internationale doit exploiter les résultats de la septième Conférence des parties au Protocole de Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre et travailler à la solution des questions en suspens.  Le mois prochain, les Iles Salomon organiseront des élections législatives.  Avec celles-ci, elles espèrent ouvrir une nouvelle page d’harmonie et de coexistence ethniques, de paix globale et durable et de prospérité.


M. IBRAIMOV OSMONAKUN, Secrétaire d'État du Kirghizistan: Le terrorisme a lancé un défi périlleux à la démocratie et à la liberté.  Dans ces circonstances, la communauté internationale peut compter sur le soutien sans condition du Kirghizistan dans la lutte pour en finir avec le terrorisme.  Nous considérons les opérations militaires en Afghanistan comme inévitables et tout à fait justifiées.  D'ailleurs, je souhaite rappeler que nous nous défendons depuis trois ans contre les assauts de bandes terroristes qui ont fait chez nous beaucoup de victimes.  Mais notre pays à su éviter que le terrorisme ne se développe dans la région, en fermant ses frontières.  Aujourd'hui, nous avons un problème grave de réfugiés qui proviennent de différentes régions, dont 200 000 d’origine afghane.  Nous appelons la communauté internationale à régler cette question de façon urgente.  Nous soutenons également la mise en place d'un gouvernement multiethnique qui réponde aux aspirations des Afghans eux-mêmes et nous sommes prêts à participer à la résolution de ce conflit avec tous les moyens dont nous disposons.  Á ce titre, nous proposons la création d'un comité spécial des Nations Unies pour le retour à la paix et la stabilité en Afghanistan qui serait le coordonnateur de toutes les actions menées en ce domaine.  Nous jugeons bienvenue l'initiative du Président du Kirghizistan qui préconise la tenue en décembre prochain, sous l'égide de l'OSCE, d'une Conférence internationale pour renforcer la stabilité en Asie centrale. 


Par ailleurs, le Kirghizistan accorde une grande importance à tout ce qui concerne le développement durable et se félicite de la tenue du Sommet mondial sur ce sujet à Johannesburg l'année prochaine.  Nous accueillons également avec intérêt la proclamation de l'année 2002 comme Année internationale des montagnes et sommes heureux de rappeler que l'un des principaux initiateurs de cette initiative à été le Président du Kirghizistan.  Nous pensons que les hautes montagnes ne doivent pas cacher les problèmes d'actualité de ceux qui les habitent et qu'il est urgent de prendre de nouvelles initiatives susceptibles de favoriser de nouveaux échanges en matière d'expériences et de coopération.  En conclusion, nous souhaitons faire part de nos grandes attentes sur les conséquences du prochain Sommet mondial de Monterrey sur le financement du développement et nous espérons qu'il fera une place conséquente aux pays montagneux.


M. MOMPATI S. MERAFHE, Ministre des affaires étrangères du Botswana: La délégation du Botswana joint sa voix à celles des orateurs qui ont condamné vivement les attentats qui ont eu lieu à New York et à Washington.  Afin d'effacer le terrorisme international de la surface de la terre, une fois pour toutes, il est nécessaire que la communauté internationale fasse des efforts concertés.  Il nous faut, entre autres choses, réaffirmer notre engagement en faveur de toutes les conventions de lutte contre le terrorisme.  Un autre défi que doit relever l'humanité est la pandémie du VIH/sida, sachant qu'actuellement 36,1 millions de personnes sont déjà atteintes.  Sur les 5,3 millions de personnes contaminées par le virus en 2000, 3,8 millions vivant en Afrique sub-saharienne.  Le Botswana est un des pays les plus affectés par ce fléau sur le continent africain.  Il apprécie donc particulièrement la création du Fonds de lutte contre le VIH/sida et espère que la communauté de donateurs y répondra positivement.  Le renforcement du rôle des Nations Unies dans ce domaine est très souhaitable.


S'agissant du "conflit des diamants", le Gouvernement du Botswana déplore que les ressources en diamants soient pillées par les rebelles qui les échangent pour des armes qui causent d'énormes souffrances aux populations innocentes.  Cependant, il faut préciser que ce conflit constitue seulement 4%, voire moins, du commerce mondial de diamants.  Le commerce légal de ceux-ci, comme il est de notoriété publique, engendre croissance et développement économiques.  En ce qui concerne l'institution d'un mécanisme de certification qui vise à éliminer le commerce illégal des diamants, le Botswana a participé au Processus de Kimberly.  Nous souhaitons sincèrement la fin des souffrances infligées aux peuples d'Angola, de Sierra Leone et de la République démocratique du Congo.  Malheureusement, beaucoup d'autres pays de notre continent continuent d’être déchirés par la guerre et les conflits.  Nous saluons les efforts de l'ONU en la matière, qui tendent à renforcer la capacité de ces pays à prévenir les conflits et à maintenir la paix.  A ce propos, le lancement de l'Union africaine en Afrique du Sud, l'année prochaine, est l'expression la plus positive de la solidarité.


Le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique, qui oeuvre pour un développement socioéconomique par l'élimination de la pauvreté et la promotion de la paix et de la démocratie, lance un défi aux pays africains afin qu'ils assument la responsabilité première de leur propre développement.  Cette initiative poussera aussi à adopter un nouveau concept de coopération technique entre l'Afrique et ses partenaires de développement.  La délégation du Botswana attache aussi une importance particulière à la Conférence sur le financement du développement qui aura lieu au Mexique en 2002 et au Sommet mondial sur le développement durable prévu en Afrique du Sud pour septembre prochain.  Les questions en cause seront ainsi examinées de façon complète et pratique.  En ce qui concerne la Sierra Leone, nous espérons que la paix aura désormais sa chance dans ce pays.  Le Front Uni révolutionnaire devra mettre en pratique ses promesses, ce qui permettra à la communauté internationale de soutenir les élections nationales envisagées.  Pour ce qui est de la République démocratique du Congo, il faut souhaiter que le Dialogue national apporte enfin la paix.  Nous en appelons aussi à la communauté mondiale afin qu'elle fournisse un appui et des ressources au Bureau du facilitateur.  Quant au processus de paix au Burundi, il se dirige vers la bonne direction.  Les sujets de préoccupation demeurent en ce qui concerne la paix en Angola et le problème de l'escalade de la violence au Moyen-Orient qui exige la reprise des négociations.


M. VARTAN OSKANIAN, Ministre des affaires étrangères de l’Arménie: Depuis les actes terroristes du 11 septembre, chacun de nous, en tant qu’individu ou en tant que dirigeant responsable de l’avenir de la planète, essaie de comprendre ce qui s’est passé, pourquoi et comment.  La condamnation universelle de l’arrogance et de la mentalité fasciste qui ont été à l’origine de cette terreur ne pouvait pas être plus justifiée.  La détermination à punir les responsables de tels actes et à en éliminer les soutiens était nécessaire et prudente.  Il faut prendre conscience du fait que ce sera un processus long et complexe.  Si les terroristes arrivent à nous intimider, à nous forcer à prendre des mesures contraires à nos intérêts, à abandonner nos valeurs, principes et priorités, les terroristes auront réussi.  Mais comme les New-Yorkais continuent à soutenir leur ville et leur façon de vivre, la communauté internationale doit défendre ses traditions et conserver ses priorités.  La vie ne doit cependant pas reprendre son cours comme si de rien n’était.  L’insatisfaction profonde, l’injustice, la pauvreté, le désespoir, qui ne justifient pas la terreur mais servent à la légitimer doivent être éliminés.  Ces problèmes doivent être remplacés par l’égalité, l’éducation, la justice sociale, les droits de l’homme, y compris des femmes et des enfants, les libertés publiques et la démocratie.  L’Arménie s’est jointe à la lutte mondiale contre le terrorisme car le succès de cette entreprise est aussi important pour nous que pour les dirigeants de la Coalition.  L’Arménie est préoccupée par l’impact que pourrait avoir le terrorisme et la lutte contre le terrorisme dans la région.  Les conditions économiques et politiques qui en font une région instable n’ont pas disparu. C’est pourquoi tout en offrant un appui sans réserve à la Coalition, en signant les conventions relatives au terrorisme des Nations Unies et du Conseil de l’Europe, et en offrant une assistance militaire et stratégique, l’Arménie insiste sur la nécessité de ne pas faire passer au second plan les questions fondamentales de développement à long et moyen terme.  Nous sommes préoccupés par la stabilité de notre région parce que les libertés fondamentales n’y sont pas universellement garanties.  La sécurité et la paix de par le monde dépendent de la stabilité dans chacune des régions du monde.


Pour ce qui est de la contribution de l’Arménie à la paix et à la stabilité dans le Caucase, il y a deux problèmes.  Le premier est l’absence de relations avec la Turquie, le deuxième est le Nagorno Karabagh et les relations avec l’Azerbaïdjan.  Le Nagorno Karabagh n’a jamais fait partie de l’Azerbaïdjan.  Que nous examinions l’histoire ou la géographie, que nous adoptions une politique à long terme ou que nous examinions la situation sur le terrain, le Nagorno Karabagh a gagné le droit de vivre en paix dans son territoire historique.  Rendre justice au peuple du Nagorno Karabagh a été au centre de la politique de l’Arménie.  Nous considérons que ce conflit doit être réglé dans le fond et dans la justice.  Les appels de l’Azerbaïdjan pour une solution militaire ne sont pas acceptables.  L’Arménie souhaite avoir des relations de bon voisinage avec la Turquie et espère que ce pays consentira à établir des relations diplomatiques avec l’Arménie, ouvrira ses frontières et engagera une coopération constructive avec l’Arménie.  Le souvenir du génocide arménien continue de hanter et de faire obstacle aux relations entre la Turquie et l’Arménie.  


Il n’y a pas de doute que les Nations Unies constituent le forum le plus indiqué pour créer les conditions à même de faire préférer la paix à la guerre.  Le défi est de consolider les mécanismes de dialogue et de coopération existants.  Les Nations Unies peuvent contribuer de façon décisive à ce processus en reflétant mieux les réalités politiques et économiques du monde d’aujourd’hui.  La réforme du Conseil de sécurité doit comprendre l’élargissement de la composition de cet organe aussi bien dans la catégorie des membres permanents que des non permanents.  Nous appuyons les candidatures du Japon et de l’Allemagne comme membres permanents.  Nous appuyons également la candidature de l’Inde en tant que membre permanent.  Nous estimons par ailleurs que l’augmentation de la catégorie des membres non permanents devrait renforcer la représentation du Groupe des Etats de l’Europe orientale.  


M. KOFFI PANOU, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la République togolaise: Identifier les vraies causes du terrorisme et rechercher les solutions appropriées pour le combattre constituent le défi que la communauté internationale doit s’efforcer de relever.  Mais la coopération en vue de l’éradication de ce fléau doit aussi se renforcer au niveau régional.  Ainsi, la sous-région de l’Afrique de l’Ouest peut, à travers les Accords quadripartites entre le Ghana, le Togo, le Bénin et le Nigéria, les Accords de non-agression et d’assistance mutuelle et le Protocole de la CEDEAO sur la prévention, la gestion, le règlement des conflits et de maintien de la paix et de la sécurité, se féliciter d’avoir réussi à mettre en place des structures fonctionnelles de lutte contre le terrorisme. 


Il ne saurait y avoir de progrès économique et de développement durable que dans un environnement de paix, de sécurité et de stabilité.  L’organisation d’élections législatives anticipées en mars 2002 vise à concrétiser davantage l’ambition du Togo de promouvoir la démocratie et la bonne gouvernance ainsi que la consolidation de l’état de droit.  Les prochaines élections législatives tant attendues ainsi que la bonne tenue du scrutin contribueront sans nul doute, à relancer l’économie du pays, sauvegarde du processus de démocratisation et de construction de l’état de droit.  En d’autres termes, les avancées dans la promotion des droits civils et politiques et des libertés fondamentales doivent nécessairement être soutenues par la jouissance effective des droits économiques et sociaux pour se pérenniser.  Dans un tel contexte, il y a lieu de s’étonner du maintien injustifié des sanctions économiques imposées au Togo par ses principaux partenaires au développement depuis près de dix ans.  Aussi, le Togo

renouvelle-t-il son appel à la normalisation de ses relations de coopération avec ses partenaires.


Alors que l’humanité est entrée de plein-pied dans le XXIè siècle, la situation économique et sociale dans les pays en développement demeure préoccupante.  En Afrique, le fardeau de la dette, la baisse des recettes d’exportation et l’insuffisance des ressources consacrées au développement ont largement contribué à accroître la dégradation des conditions socio-économiques.  A ces difficultés insurmontables sont venus s’ajouter la pandémie du sida et le paludisme.  Il est à souhaiter que la Conférence internationale sur le financement du développement et le Sommet mondial pour le développement durable constitueront des occasions propices qui permettront de prendre des mesures adéquates susceptibles de contribuer véritablement à la croissance économique et à la réduction de la pauvreté.  Il est également à souhaiter qu’un soutien concret et substantiel soit apporté à l’Afrique dans la mise en oeuvre de son plan de développement contenu dans le”Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique”. 


M. GABRIELE GATTI, Ministre des affaires étrangères et des affaires politiques de Saint-Marin: Notre discussion devrait se concentrer sur le souci d’adapter nos législations nationales pour mieux lutter contre le terrorisme international, de renforcer nos systèmes de défense et de promouvoir une culture commune de solidarité et une condamnation ferme de toutes les violations des droits de l’homme et de la coexistence pacifique.  Presque tous les États ont ressenti les attaques contre les États-Unis comme une attaque contre chacun d'entre eux et c'est pourquoi aucun pays, ni une petite république comme celle que je représente, ne peut rester neutre en se limitant à faire part de sa solidarité ou des déclarations de principes.  La République de Saint-Marin n'économisera aucun effort dans cette lutte contre le terrorisme et c'est pourquoi elle s'est dotée des outils juridiques nécessaires pour ce faire, notamment pour se conformer aux résolutions 1333 et 1373 du Conseil de sécurité.  Dans ce contexte nous pensons que le projet de l’Inde de convention généralisée de lutte contre le terrorisme devrait être pris en considération.  Je souhaiterais également transmettre les vœux de Saint-Marin de voir l'Organisation des Nations Unies intensifier son rôle pour faire face aux défis qui nous attendent au niveau international.  Dans le même ordre d'idées nous appelons à une réforme du Conseil de sécurité, accompagnée d'une restriction progressive du droit de veto, afin de garantir une meilleure représentativité, plus de démocratie et de transparence.


Nous réaffirmons le rôle crucial des Nations Unies dans le domaine la paix et la sécurité internationales, notamment pour la résolution des conflits du continent africain déjà touché par la pauvreté, les épidémies et le sous-développement.  En outre nous sommes préoccupés par l'escalade de la violence au Moyen-Orient et nous appelons à la reprise du dialogue.  L'ouverture des marchés et l'abolition des barrières douanières ont incontestablement offert de nouvelles opportunités économiques, mais d'un autre côté les différences se sont accrues entre les riches et les pauvres, entre le Nord et le Sud.  Nous sommes conscients de la situation dramatique de nombreux pays en développement et nous soutenons toute initiative visant la réduction de la dette extérieure ou de son élimination pour les pays très pauvres ou fortement endettés.  Nous pensons qu'il n'est pas utopique de penser que la résolution des problèmes de la pauvreté, de la faim, des inégalités sociales, économiques et culturelles peut aboutir dans un futur proche.  En attendant, nous relevons que la pauvreté associée à l'extrémisme idéologique forme un terreau propice pour le terrorisme. 


M. U WIN AUNG, Ministre des affaires étrangères du Myanmar: Le Myanmar est résolument contre le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations.  Il est impératif que la communauté internationale se rassemble sous les auspices de l'ONU pour venir à bout de la lutte contre le terrorisme.  Le Myanmar est partie à quatre des douze conventions sur le terrorisme et a signé, il y a deux jours, la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme.  Il a aussi adhéré à la Convention internationale pour la répression des attentats terroristes à l'explosif.  Après la crise asiatique de 1997, les pays de la région se battent pour revenir dans la voie de la croissance, mais le ralentissement actuel de la plupart des économies dans le monde menace de réduire à néant les progrès accomplis.  Cela pose essentiellement des difficultés pour les pays en développement et ceux à économies en transition.  Notamment, le prix des matières premières baisse, à cause de la faible demande mondiale.  C'est sur ce fond que le Myanmar lutte pour le développement économique du pays.  Nos efforts ont déjà conduit à une croissance annuelle moyenne de 8,4 % au cours du plan quinquennal.


Les Nations Unies doivent jouer un rôle central pour aider les pays en développement à s'aider eux-mêmes.  Cela dit, ce rôle ne devrait pas conduire à l'exercice de pressions sur un pays qui a besoin de la coopération internationale dans ses efforts de développement.  Le Programme de développement des Nations Unies (PNUD) est particulièrement efficace et poursuit des activités utiles au Myanmar, mais le Gouvernement de Myanmar regrette que le PNUD n'ait pas été en mesure de concevoir un programme spécial pour le pays.  En ce qui concerne la pandémie du VIH/sida, elle pose un sérieux défi à la communauté internationale.  La réponse qu'apporte celle-ci est encourageante, mais le plus important est l'accroissement des ressources.  Dès lors, la création du Fonds mondial est bienvenue.  A propos de la situation politique au Myanmar, une démocratie multipartite est en train d'être établie.  Nous sommes attentifs à mener une transition pacifique en douceur, tout en prenant des mesures pour consolider le pays avec les groupes armés et les partis politiques.  Le pays s’efforce de combattre le fléau que constitue le trafic des stupéfiants, la production d'opium ayant déjà diminué de 38%.  La même lutte est menée à l'encontre des amphétamines de type stimulant, dont la diffusion auprès des jeunes est alarmante.  Les Ministres du Myanmar, de Thaïlande, de Chine et du Laos se sont rencontrés à Beijing en août pour décider de coopérer en ce domaine.


La coopération du Myanmar avec l'ONU a aussi été renforcée.  S'agissant de l'Organisation internationale du travail, le Myanmar coopère notamment avec l'équipe qui enquête dans le pays et qui, pour ce faire, s'y déplace librement.  La paix et le développement des nations sont les objectifs clefs de l'Organisation des Nations Unies.  Leur échelle est mondiale car aucun pays ne peut résoudre seul ces questions et c'est uniquement par des efforts concertés et des partenariats que l'on pourra y arriver.  En même temps, les Nations Unies doivent être renforcées et revitalisées pour mener cette mission de façon efficace. 

M. KOLAWOLE A. IDJI, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration africaine du Bénin: Le terrorisme viole les principes de toutes les religions.  Il souille toutes les causes, même les plus justes, au nom desquelles il prétend pourtant agir.  C’est pourquoi il doit être combattu par nous tous et sans complaisance aucune.  Aussi totalement condamnables que soient les pratiques terroristes, elles ne peuvent être durablement éradiquées que si l’on détruit les terreaux fertiles où poussent les situations qui leur servent de prétextes.  Il est urgent que l’ONU prenne toute sa place dans les relations internationales et qu’elle joue pleinement le rôle qui est le sien.  La réforme du Conseil de sécurité est, à cet égard, d’une urgente et impérieuse nécessité.  Il est de notre devoir à tous, mais surtout des plus puissants parmi nous d’apporter l’appui nécessaire à l’éradication de la misère, la marginalisation, l’exclusion, l’injustice, et d’avoir cela constamment présent à l’esprit dans le combat déterminé qu’il est juste et légitime de livrer contre toutes les formes de terrorisme.  La Déclaration de Cotonou, adoptée lors de la quatrième Conférence internationale des démocraties nouvelles ou rétablies, qui s’est déroulée à Cotonou du 4 au 6 décembre 2000, énonce des mesures courageuses et hardies susceptibles d’amener à bâtir et à vivre la démocratie dans la paix, la sécurité et le respect des diverses cultures.  La Conférence de Cotonou a également permis de mesurer combien réelle est la marche de la démocratie en Afrique.  Tous les peuples veulent la liberté, mais la capacité institutionnelle et financière de l’instaurer est faible, notamment dans les pays en développement.  C’est pourquoi, mon pays souhaite qu’une assistance plus substantielle soit accordée au renforcement des capacités institutionnelles de nos pays.  Il s’avère indispensable aussi qu’au niveau du système des Nations Unies la structure recommandée par la Conférence de Cotonou soit mise en place en vue d’une meilleure coordination des différentes initiatives et activités entreprises ou envisagées par les organismes, programmes, et diverses institutions des Nations Unies. 


La Zone de paix et de coopération de l’Atlantique Sud vise à protéger les Etats riverains de l’Océan atlantique dans sa partie méridionale contre les dangers de l’arme nucléaire et à en faire une zone de paix et de renforcement de la coopération pour le développement.  Mon pays souhaite la tenue rapide de la sixième Conférence ministérielle des Etats de la Zone de paix et de la coopération de l’Atlantique Sud. C’est pourquoi je voudrais annoncer ici la disponibilité du Bénin à organiser cette réunion au cours du deuxième semestre de l’année 2003. 


La Déclaration du Sommet du Millénaire avait fait une place spéciale à l’Afrique sous la rubrique “Répondre aux besoins spéciaux de l’Afrique”.  Un an après, les pays d’Afrique attendent un début de réalisation des promesses faites.  Mais désormais, les Africains ne se contentent pas d’attendre, prenant en mains leurs propres destins, ils ont eux-mêmes élaboré le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique qui résulte de la confiance retrouvée des Africains en leurs propres capacités.  Il vise à donner aux Africains eux-mêmes l’initiative historique, sans rien renier, bien au contraire, de la coopération internationale.  Une importante étape vient d’être franchie avec ce document de base.  Les Africains peuvent enfin espérer que leur continent cesse d’être le continent de la maladie, de la pauvreté, de la misère et des conflits sanglants, pour que s’établisse enfin un vrai partenariat entre nous et le reste du monde.   


M. TIMOTHY HARRIS, Ministre des affaires étrangères et de l’éducation de Saint-Kitts-et-Nevis: En plus du terrorisme, un autre cas où le dialogue se révèlera utile dans la promotion de la sécurité humaine est la Conférence sur le financement du développement.  Le pays attend de cette Conférence qu’elle tienne compte des aspirations des économies faibles des petits Etats insulaires en développement et qu’elle donne lieu à une meilleure appréciation de leurs besoins, de leur vulnérabilité et de leur situation unique.  La communauté internationale doit absolument, avec une perspective moins biaisée, analyser la situation particulière de ces Etats.  La question n’est pas de lancer un appel à la charité mais au contraire à un réalisme qui grâce à l’établissement d’un « Plan Marshall d’engagement » pourrait dynamiser les économies faibles et vulnérables et assurer leur intégration dans l’économie mondiale.


La démocratie participative entre nations doit se fonder sur le double pilier du respect mutuel et de la confiance.  Or, la confiance se heurte aux mesures unilatérales du genre des menaces proférées par l’OCDE d’imposer des sanctions aux gouvernements souverains de la région des Caraïbes.  Il est évident que tout ceci découle d’une mauvaise interprétation par l’OCDE des initiatives fiscales prises par les gouvernements des Caraïbes pour assurer la durabilité de leur développement économique.  Ces pays appellent les Etats Membres à se défaire du leurre du paternalisme et de l’action unilatérale comme moyens de résoudre les problèmes.  Dans une question si essentielle pour l’avenir économique des pays des Caraïbes, il est inconcevable que des conclusions aient été tirées et des décisions prises sans un dialogue préalable avec les pays concernés sur lesquelles pleuvent pourtant les critiques les plus acerbes.


Toutefois, la sagesse a prévalu et des progrès importants ont été accomplis grâce à des compromis.  La Communauté des Caraïbes salue l’accord sur les initiatives fiscales «offshore» comme un pas dans la bonne direction.  En l’absence de réalisme et d’une approche globale permettant d’appréhender les conditions économiques et sociales des petits Etats insulaires, le risque de leur marginalisation dans leur tentative de pénétrer les marchés mondiaux reste réel.  Le partenariat et la compréhension doivent être le mot d’ordre des efforts visant à s’attaquer aux problèmes mondiaux.  Par exemple, l’Organisation des Etats américains a créé un Mécanisme multilatéral d’évaluation qui permet aux Etats de collaborer à la lutte contre le trafic illicite des drogues et à la mise en oeuvre de stratégies nationales et conjointes.  Cette approche est utile en ce qu’elle privilégie les approches communes, atténue les mesures unilatérales et facilite le partage des expériences.  La lutte contre le trafic illicite des drogues est de nature transnationale et en la matière, l’action est de mise et non pas les accusations ni les condamnations.  Il faut espérer que ce type d’approches deviendra partie intégrante de la manière dont les Nations Unies résoudront les problèmes du monde.


M. MONIE R. CAPTAN, Ministre des affaires étrangères du Libéria: Le problème du terrorisme, du fait de son caractère transnational, requiert aujourd'hui de la part de l'Organisation des Nations Unies des efforts internationaux consolidés et coordonnés pour répondre aux nouveaux défis de ce fléau, qui ne se limite ni à une personne, ni à une religion, ni à une ethnie, ni à une géographie.  En ce qui concerne la question de la réforme de notre Organisation, nous devons convenir que les conditions sous lesquelles nos nations se sont unies dans des objectifs communs ne sont plus acceptables aujourd'hui et exigent un changement.  A ce titre, nous avons besoin de plus de transparence du Conseil de sécurité dans ses délibérations et, par exemple, la question des sanctions économiques et ses conséquences humanitaires ne devrait pas rester l'apanage de quelques membres.  Nous demandons également plus de démocratisation dans la prise de décisions de façon à ce qu'elle reflète la volonté de la majorité, ce qui signifie qu'une réelle réforme ne peut avoir de sens que si nous modifions l'esprit de la Charte et que nous renoncions aux privilèges.  En ce qui concerne l'Afrique, nous ne pouvons plus accepter que ce continent, avec toutes ses potentialités, continue de rester indéfiniment au rang de continent le moins développé.  Nous appelons l'Afrique à ne pas rater l'opportunité offerte par la nouvelle Union africaine pour atteindre des objectifs ambitieux dans le domaine de la réalisation et l'édification de capacités puissantes en matière de coopération et d'intégration. 


Permettez-moi, par ailleurs, d'évoquer la situation du Libéria petit pays de l'Afrique de l'Ouest qui a souffert de sept années de guerre civile qui ont vu la destruction de nos infrastructures et une fuite de nos cerveaux.  Cette situation a abouti au déplacement de plus d’un million de nos concitoyens et nous avons regretté l'échec de la communauté internationale dans sa mission de réintégration des anciens combattants.  Depuis 1999, des dissidents mènent une guérilla dans le conté de Lofa contre le gouvernement constitutionnellement élu et les nouveaux déplacements de population ont contribué à une véritable crise humaine.  Aujourd'hui, notre pays victime de la guerre, de la pauvreté et des maladies, doit également subir un régime de sanctions imposé par le Conseil de sécurité par sa résolution 1343 (2001) et une absence totale d'aide publique, ce qui fait que notre situation humanitaire est désastreuse, comme l'a confirmé le Représentant du Bureau des Nations Unies pour la coordination des actions humanitaires au cours de la 4405ème séance du Conseil susmentionnée.  Dans le cadre de ces sanctions, plus de 100 Libériens se sont vus interdits de voyage sans aucune justification.  Je reste impatient de voir des lendemains où nous pourrons nous relever des injustices que nous avons subies et j'attends avec impatience que l'Assemblée générale montre son opposition à la souffrance des enfants, des femmes et des vieillards libériens.  Aussi, demandons-nous au Conseil de sécurité de lever ses sanctions à l'égard de notre pays et que ses membres respectent les droits de l'homme.  En ce qui concerne la République de Chine à Taiwan nous sommes convaincus de la nécessité de sa reconnaissance et nous exprimons l'espoir que le grand peuple de Chine sera un jour réuni dans le respect de la démocratie et des droits de l'homme.  En conclusion, nous sollicitons le concours de la communauté internationale pour soutenir le processus en cours pour le règlement de la querelle entre les trois États membres de l'Union du fleuve Mano, processus de réconciliation et de confiance engagé à Freetown (Sierra Leone), Conakry (Guinée) et Monrovia (Libéria).


M. LILIANE PATEL, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Malawi: Les attentats terroristes du 11 septembre nous rappellent que le village mondial dans lequel nous vivons est menacé par des personnes qui n'accordent pas de valeur à la vie humaine ni aux valeurs démocratiques.  Le Gouvernement du Malawi espère sincèrement que les responsables de ces attentats seront rapidement traduits en justice.  Il est reconnu que les groupes et les individus terroristes opèrent au sein de réseaux sophistiqués dans le monde entier.  Dès lors, aucun pays ne peut s'attaquer seul à ce problème.  La résolution 1373 du Conseil de sécurité doit être appliquée avec tout le sérieux qu’elle mérite afin de tenir en échec les activités terroristes.


Un an après la Déclaration du Millénaire, les engagements souscrits envers les pays en développement ne semblent pas se matérialisés.  Il est regrettable qu'un grand nombre de pays demeurent en dehors du courant de la mondialisation.  Le continent africain, en particulier, glisse chaque jour plus profondément vers une pauvreté massive.  Entre autres problèmes auxquels il est confronté, on peut citer la dette extérieure, la marginalisation, l’absence de services sociaux, la dégradation de l'environnement, l'augmentation du taux d'analphabétisme et la déperdition des ressources humaines due aux conflits armés et de la pandémie du VIH/sida ainsi qu’aux autres maladies infectieuses.  Malgré ce bilan lamentable, la délégation du Malawi est encouragée par le large consensus réalisé sur un grand nombre de questions critiques concernant les pays africains les moins avancés.  Les dernières conférences internationales qui ont eu lieu sur les thèmes du VIH/sida, du commerce des petites armes et des armes légères, et du racisme, reflètent une nouvelle prise de conscience de l’urgente nécessité de commencer à traiter ces questions en vue de renouer avec le progrès socioéconomique.  Le Malawi réaffirme son engagement en faveur des programmes et des promesses de ces conférences.  Nous insistons sur un véritable engagement de la part des pays du Nord pour intégrer pleinement nos économies dans les marchés mondiaux, par l'élimination des obstacles à nos exportations.


En ce qui concerne la prévention des conflits violents en Afrique et autres régions troublées du monde, le Malawi félicite particulièrement le Secrétaire général des Nations Unies pour ses nombreuses initiatives.  Les Nations Unies doivent traiter de la même façon les problèmes concernant le commerce illicite des petites armes et des armes légères.  A ce propos, la délégation du Malawi se félicite du succès de la Conférence mondiale sur ce thème.  Malgré toutes les difficultés rencontrées sur tous les plans, les pays africains sont parvenus à transformer l'Organisation de l'Unité africaine en Union africaine.  La naissance de celle-ci tend à renforcer la coopération entre les partenaires afin de réaliser notre rêve d'une nouvelle Afrique.  Le Gouvernement du Malawi appelle donc à soutenir au niveau mondial cette initiative.  En ce qui concerne la Communauté de développement des Etats d'Afrique australe (SADC), elle fait l'expérience de problèmes et autres défis qui requièrent une aide internationale renforcée.  Le VIH/sida notamment affecte gravement la région de la SADC.  Par ailleurs, les guerres civiles en Angola et en République démocratique du Congo (RDC) ont bien entamé les efforts de la SADC pour se placer en tant que destinataire des capitaux étrangers.  Nous en appelons donc aux Nations Unies pour qu’elles exercent une pression sur les combattants en Angola et en RDC, afin que les initiatives de paix puissent aboutir.  De même, des pressions devraient être exercées sur le Dr Jonas Savimbi afin que l'UNITA revienne aux Accords de paix de Lusaka de 1994.  Enfin, le Malawi estime injuste l'isolement diplomatique dans lequel est confiné Taiwan et appelle à sa réadmission en tant que Membre de l'ONU.


M. LYONPO JIGMI YOSER THINLEY, Ministre des affaires étrangères du Bhoutan: Avant les événements tragiques du 11 septembre, la menace du terrorisme n’était pas pleinement comprise.  Ceux qui n’avaient pas connu sa violence démoniaque le considéraient comme une autre manifestation du mécontentement social et politique.  Les peuples du monde entier sont désormais en train de perdre leur liberté.  La société civilisée devrait être la source de plus de libertés et non pas de moins en moins de libertés.  La maladie qui en est la cause doit être éliminée.  La clef est l’adoption par tous les pays d’une approche coordonnée et déterminée.  A cette fin, les Nations Unies doivent jouer un rôle central.  Elles doivent inspirer, unir, et agir.  Elles doivent être derrière tous les Etats, tous les groupes et tous les efforts mondiaux.  Dans ce contexte, la résolution 1373 du Conseil de sécurité est une initiative positive.  Cependant, nous ne devons pas oublier que son efficacité sera déterminé non pas tant par sa lettre que par l’esprit avec lequel la résolution sera appliquée par tous les Etats Membres.  Le Bhoutan fera tout pour respecter ses obligations en tant qu’Etat Membre et en tant que nation engagée dans la lutte contre le terrorisme.  J’ai signé aujourd’hui la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme.  En outre, notre législation nationale sera examinée pour ouvrir la voie à notre adhésion aux autres conventions relatives à la répression des actes terroristes. 


Le règne des terroristes en Afghanistan touche à sa fin.  Nous espérons que les souffrances de ses victimes innocentes cesseront immédiatement.  Nous espérons également qu’elles trouveront dans les années à venir l’environnement de paix et de sécurité qui leur a fait défaut depuis si longtemps.  Malheureusement la période de renouveau et de reconstruction, aux niveaux individuel, communautaire et national, sera longue et difficile pour ce pays qui a été réduit en ruine par la guerre.  Nous appelons la communauté internationale à soutenir l’Afghanistan en tenant compte de ses besoins immédiats et à moyen et long termes, tout en respectant la dignité de ce peuple fier. 


Le monde est encore ébranlé par les événements du 11 septembre.  La mesure des conséquences des événements du 11 septembre sur l’économie mondiale n’est pas encore prise.  D’autres aspects sont par ailleurs à prendre en compte.  Il est nécessaire de bien définir la portée et les limites de la guerre contre le terrorisme pour que s’apaisent les craintes évoquées d’un autre conflit plus vaste.  Dans ce contexte, nous devrions nous soucier de savoir si la communauté internationale sera en mesure d’atteindre dans les délais impartis les objectifs qu’elle s’est fixés dans la Déclaration du Millénaire.  Dans un tel contexte, le défi sera de partager et de donner.  La Conférence sur le financement du développement qui se tiendra en 2002 au Mexique sera un moment décisif pour apporter une réponse à cette question. 


La réforme du Conseil de sécurité est plus nécessaire que jamais.  Nous ne pouvons continuer de tergiverser sur cette question vitale.  Le Conseil doit être réellement représentatif.  Cela ne peut pas être le cas quand une partie significative de la population mondiale et des continents entiers sont exclus du processus de prise de décision concernant la paix et la sécurité internationales, tout ça parce qu’ils n’étaient pas du bon côté de l’histoire en 1945.


M. RAVAN FARHADI (Afghanistan): Les évènements du 11 septembre et celui moins connu du 9 septembre qui a vu l’assassinat de Ahmad Shah Massoud, ont changé la face du monde.  Aujourd’hui, appuyé par une large coalition internationale, le peuple afghan a été encouragé dans sa lutte légitime contre le terrorisme et l’extrémisme.  Une lutte qu’il a menée seul mais avec vaillance, au cours des sept dernières années, pour se débarrasser des forces terroristes des mercenaires Taliban et de leurs alliés internationaux, au premier rang desquels, se trouve l’organisation terroriste Al-Qaida d’Oussama ben Laden.  En ces temps difficiles où le peuple afghan a été libéré du pouvoir des Taliban et où ces derniers fuient les villes stratégiques dont la capitale Kaboul, le monde a vu les habitants de ces villes et le peuple afghan dans son ensemble offrir son appui aux forces de libération du Front uni de l’Etat islamique d’Afghanistan.


Le 13 novembre, avec la chute de Kaboul et la menace du chaos, les forces gouvernementales n’ont eu d’autres choix que de déployer un nombre limité de policiers dans la ville.  Le Front uni regrette tous les mauvais traitements qui ont pu être infligés isolément.  Il a d’ailleurs donné l’ordre à la sécurité non seulement de s’abstenir de tels actes mais d’enquêter sur les actes incriminés et de les prévenir à l’avenir.  Le peuple afghan n’appuiera jamais aucun acte illégal visant à rompre le processus crucial de création d’un gouvernement élargi, multiethnique et pleinement représentatif, comme le souhaitent les Nations Unies et la communauté internationale.  Les victoires des forces gouvernementales ne sont nullement la preuve d’une quelconque intention du Gouvernement de l’Etat islamique d’Afghanistan de monopoliser le pouvoir.  Le Gouvernement espère au contraire que, dans un avenir proche, le peuple afghan décidera démocratiquement du système politique qu’il désire.  Dans ce contexte, le Gouvernement de l’Etat islamique d’Afghanistan appuie les résolutions des Nations Unies et les recommandations faites par le Représentant spécial du Secrétaire général.  L’Etat islamique d’Afghanistan entend pleinement honorer l’Accord conclu à Rome avec l’ancien Roi, Mohammed Zahir Shah et renouvelle son engagement à sa mise en oeuvre.


Un gouvernement élargi, par le biais d’une Loya Jirga, doit être établi.  Dans un tel gouvernement, tous les groupes ethniques doivent être équitablement représentés et en mesure de faire entendre leur voix.  Le Front uni de l’Etat islamique d’Afghanistan souhaite l’instauration de la règle de droit fondée sur les préceptes islamiques, de la démocratie pluraliste, du respect des droits de l’homme, de la paix, de l’unification et de la reconstruction.  Le futur Etat ne doit pas être soumis à l’unilatéralisme du passé.  La nation afghane doit bénéficier, au même titre que les autres nations, du respect et de la sincère coopération de ses voisins.  Le futur gouvernement afghan ne doit pas se réduire à une “zone d’influence” mais doit être reconnu comme une nation souveraine à part entière.  L’autodétermination de l’Afghanistan signifie qu’aucun pays du monde ne doit pouvoir exercer un droit de veto sur la décision des Afghans. 


La reconnaissance des principes de respect mutuel, de non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats et de souveraineté mènera naturellement à la coopération économique et commerciale.  Un Afghanistan souverain n’épargnera aucun effort pour élargir ses relations avec tous les Etats voisins, y compris le Pakistan.  Un Afghanistan stable signifie un Pakistan stable et une Asie centrale stable.  Le peuple afghan doit décider de la forme du gouvernement dont il souhaite se doter.  Aucun groupe ethnique ne doit dominer les autres et aucun voisin du pays n’a le droit de dresser ouvertement ou pas un groupe ethnique contre un autre. 


La communauté internationale doit accorder la même attention à la reconstruction de l’Afghanistan qu’à la guerre contre le terrorisme.  La reconstruction et l’espoir d’un peuple feront davantage pour éradiquer le démon du terrorisme que la guerre.  La réhabilitation doit commencer par la solution des problèmes humanitaires et de la crise des réfugiés et des personnes déplacées.  A long terme, le Programme de reconstruction de l’Afghanistan doit être global et comprendre tous les aspects.  A ce Programme de reconstruction doivent prendre part tous les Afghans de la diaspora.


M. AHMED ABDI HASHI (Somalie): Au cours du dernier siècle des progrès considérables ont été effectués en matières politique, scientifique, technologique et économique.  Et pourtant, nous continuons à faire face à de nombreux fléaux comme les conflits, la pauvreté rampante, une économie divisée entre le Nord et le Sud mais aussi la pandémie du VIH/sida.  Les actes inhumains du 11 septembre ont fait passer au premier plan les nouveaux défis en matière de paix et de sécurité internationales.  Leur traitement nécessite aujourd'hui une action collective de la part de la communauté internationale et dans le respect de la Charte des Nations Unies et nous nous félicitions de la réponse forte et rapide exprimée par le Conseil de sécurité sous la forme de la résolution 1373 qui traduit également l'approche du Gouvernement somalien.  En ce qui concerne la situation dans notre pays, qui a été soumis à un règne de terreur perpétré par les seigneurs de la guerre, la communauté internationale est en face de deux options : voir le pays retomber dans l'anarchie et le chaos ou lui offrir les soutiens nécessaires qui puissent lui permettre de prendre part à la lutte contre le terrorisme et, notamment, se conformer aux recommandations de la résolution 1373.  Les terroristes exploitent des situations fragiles, d'où la nécessité de soutenir les pays dans le besoin.  Aussi, nous saluons la volonté exprimée devant cette Assemblée par le Président américain, Georges W. Bush, de soutenir tous les pays dans le besoin pour lutter contre le terrorisme.  Nous pouvons assurer cette Assemblée que, contrairement à ce qui a été dit dans certains médias, la Somalie n'héberge aucun camp de terroristes et que le Gouvernement de Somalie, société ouverte et transparente, ne leur offrira pas de sanctuaire.  Nous arrêterons et défèreront devant la justice tout terroriste qui se présentera dans notre pays.  C'est pourquoi, nous proposons la mise en place d'une commission d'enquête sous les auspices des Nations Unies pour enquêter sur ces allégations.  Nous proposons également que cette commission étudie les besoins de la Somalie afin de le mettre à même de se conformer à la résolution 1373.


Par ailleurs, notre Gouvernement, qui est en place depuis plus d'un an, continue de travailler en vue d’une paix durable dans notre pays grâce au dialogue et à la réconciliation nationale.  Nous avons démobilisé 25 000 miliciens et pour la première fois depuis dix ans nous percevons des impôts.  A cet égard, nous souhaitons remercier tous les pays qui ont contribué à la recherche de la paix dans notre pays et tout particulièrement M. Ismail Omar Ghelle et le Gouvernement de Djibouti, mais aussi les Nations Unies, la Ligue des États arabes et l'Autorité intergouvernementale pour le développement.  En conclusion, je souhaiterais rappeler que la Somalie travaille à obtenir la paix, mais qu'elle doit faire de gros efforts de reconstruction et de réhabilitation de ses infrastructures et de ses institutions et pour ce faire nous avons besoin d’urgence d'une aide conséquente de la part de la communauté internationale. 


Droit de réponse


Le représentant de la Turquie, en réponse à la déclaration de l’Arménie, a déclaré que l’Arménie essaie toujours de se prévaloir d’un passé tragique.  Nous déplorons les termes utilisés par le représentant de l’Arménie.  Dans son jugement, le représentant de l’Arménie se fonde sur une interprétation erronée de l’histoire et du reste l’Arménie sait parfaitement ce qu’il y lieu de faire pour ouvrir la voie au dialogue.  Or ces dispositions étaient absentes de la déclaration faite aujourd’hui.


Le représentant de l’Arménie a déclaré que lorsque deux millions de personnes disparaissent de leur patrie en une semaine cela ne peut être que le résultat d’un génocide.  Ce phénomène était clair pour nous, mais également pour un grand nombre d’Etats qui ont officiellement reconnu et condamné le génocide arménien.  La Turquie a utilisé la question du génocide arménien pour saboter tous les efforts de mon pays tendant à nouer un dialogue constructif avec la Turquie et avoir avec ce pays des relations normales de bon voisinage. 


Le représentant de la Turquie a déclaré que jamais son pays n’avait nié que les Arméniens avaient souffert mais il a estimé qu’il fallait honorer Arméniens et Turcs de la même façon.


Le représentant de l’Arménie a indiqué qu’il ne peut y avoir aucune comparaison entre les souffrances de la victime et celles de son bourreau.


Le représentant de Chypre a déclaré que la résolution pertinente demande le retrait de toutes les forces étrangères et le respect de l’intégrité territoriale de Chypre.  La Turquie ne l’a pas fait.  Les troupes turques sont toujours à Chypre, a-t-il déclaré.


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