En cours au Siège de l'ONU

AG/1232

L'ONU COMME LIEU OU LA SOLIDARITE SE TRADUIRAIT EN ACTIONS CONCRETES RESTE LA REPONSE IDEALE AUX PROBLEMES MONDIAUX

13/11/2001
Communiqué de presse
AG/1232


Assemblée générale

50e séance plénière – matin


L'ONU COMME LIEU OU LA SOLIDARITE SE TRADUIRAIT EN ACTIONS CONCRETES

RESTE LA REPONSE IDEALE AUX PROBLEMES MONDIAUX


La tristesse née des événements récents ne doit pas détourner les Nations Unies de l'ensemble des tâches qui lui sont dévolues au titre de la Charte, a déclaré ce matin, M. Leo Falcam, Président des Etats fédérés de Micronésie, devant l'Assemblée générale qui poursuivait son débat général.  M. Falcam a également attiré l'attention sur les difficultés que connaissaient les Etats insulaires qui, comme le sien, ont trouvé avantage à leur plus grande intégration à la communauté internationale mais n'en sont pas moins confrontés aux effets nocifs de leurs échanges accrus avec le monde extérieur.  Le Président micronésien a déploré les changements de position de certains signataires importants du Protocole de Kyoto qui prévoit la réduction des émissions de gaz à effet de serre et a lancé un appel à ceux qui ne l'avaient pas encore fait pour qu'ils prennent les mesures qui non seulement sauveraient les pays insulaires de la montée des eaux mais qui à long terme sont également dans leur propre intérêt.


Le Président du Nicaragua, M. Arnoldo Aleman Lacayo, a estimé, pour sa part, qu’il était indispensable de procéder à des réformes touchant au fonctionnement de l’ONU, notamment à celui du Conseil de sécurité.  De même, a-t-il déclaré, l’Organisation faillira t-elle à sa vocation universelle tant qu’elle laissera en dehors un pays démocratique et membre fondateur de la Charte de San Francisco, le Gouvernement légitime et transparent de Taiwan.


La nécessité de rendre l'ONU plus efficace et mieux à même de répondre aux enjeux du monde contemporain, déjà évoquée tout au long de ce débat général, a été de nouveau rappelée ce matin, par la Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Guinée, Mme Camara Mahawa Bangoura.  De nombreux intervenants se sont accordés pour reconnaître à l’ONU la responsabilité de traduire, selon les termes de M. J. J. Van Artsen, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, la solidarité en mesures d’action concrètes.  Pour le ministre néerlandais, ce sont les Etats Membres qui sont responsables du niveau de performance de l’Organisation et il a mis en garde contre les risques qu'il y aurait à confier une mission impossible à l'ONU en Afghanistan.  Estimant que le niveau de troupes nécessaires pour contrôler un aussi grand pays ne serait jamais atteint, il a plaidé en faveur de la mise en place d'un gouvernement choisi par les Afghans eux-mêmes.  En tout état de cause, les Nations Unies peuvent catalyser les énergies et conseiller mais ne peuvent pas gouverner.  Tout au plus peuvent-elles aider au déminage mais nous devons payer la note.


Outre les représentants des pays déjà cités, sont intervenus ce matin le Premier Ministre de Mongolie ainsi que les Ministres des affaires étrangères de la République-Unie de Tanzanie, de Cuba, du Sri Lanka, de Bahreïn, du Costa Rica, de Suède, de Yougoslavie et du Turkménistan.


Le débat général de l'Assemblée générale se poursuivra cet après-midi à 15 heures.


Déclarations


M. LEO FALCAM, Président des Etats fédérés de Micronésie: Le débat récent de l'Assemblée sur le terrorisme a rendu parfaitement clair le fait que nous étions tous frères dans cette lutte et que nous partagions la même détermination à combattre ce fléau.  Toutefois, la tristesse que suscitent les événements récents ou en cours, ne doit pas porter atteinte aux activités habituelles de l'ONU.  La bataille sera en partie gagnée si cette institution manifeste sa détermination et sa capacité de mener à bien, sur tous les fronts, les grandes tâches définies par la Charte. 


Outre les autres mesures prises pour faire face à la crise actuelle, j'en appelle aux autres Etats Membres pour qu'ils ratifient et permettent l'entrée en vigueur de la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme.  J'ai moi-même signé hier cette importante Convention, au nom des Etats fédérés de Micronésie, et m'attends à une ratification rapide du Congrès. 


C'est un plaisir pour moi de rappeler que cette année marque le dixième anniversaire de l'admission des Etats fédérés de Micronésie aux Nations Unies.  Pendant ces dix ans, ma nation et le monde ont connu des changements sans précédents.  Avec l'assistance de l'ONU, nous avons travaillé sans relâche à nous forger une identité sur la scène internationale.  Il y a de cela quinze ans, nous avons engagé une relation de libre association avec les Etats-Unis, sans précédent dans l'histoire des relations internationales.  Ces dispositions étaient attentivement suivies par les Nations Unies qui ont finalement approuvé que soit mis fin à notre statut de territoire sous tutelle des Nations Unies.  Le fait que je représente aujourd'hui, devant vous, ma nation sur un pied d'égalité avec les autres membres de la communauté des nations, témoigne des efforts déployés par cette instance et le système des Nations Unies.  Pendant des centaines d'années, notre culture a été isolée du reste du monde.  Pendant la dernière décennie, notre statut d'Etat Membre des Nations Unies nous a ouvert de nouveaux horizons, de nouveaux partenariats et permis une meilleure compréhension des autres peuples. 


Alors que les effets des graves menaces qui pèsent sur les Etats fédérés de Micronésie, ne se manifesteront que progressivement au fil des prochaines décennies, il en est une qui pose à ma nation un problème immédiat et préoccupant.  Il s'agit de la pauvreté, non celle qui naît de la faim et de la maladie mais celle née de la situation banale du monde en développement et qui résulte de l'échec persistant de l'ensemble des nations à partager équitablement les richesses du monde.  Notre isolement historique nous a protégés du fléau de beaucoup de maladies contagieuses, telles que le VIH/sida, mais, là également, notre intégration à la communauté mondiale a amené un changement.  L'année passée, mon pays a enregistré son premier cas d'infection par le VIH/sida.  Cela peut sembler mineur mais est en fait préoccupant dans un pays qui compte un peu plus de cent mille habitants. 


L'élévation du niveau de la mer provoquée par les changements climatiques menace l'avenir des Etats fédérés de Micronésie comme nul autre problème.  Notre région subit déjà les effets de ce phénomène.  Cette année, Tuvalu, un de nos voisins, a annoncé qu'il étudiait des solutions de réimplantation de sa population.  Les résultats qu'ils ont obtenus, ne sont guère encourageants dans la mesure où il ne semble pas y avoir une volonté très répandue de la part des nations plus chanceuses de recueillir ces "réfugiés du changement climatique".  Il ne fait aucun doute que ce seront les atolls des Etats fédérés de Micronésie qui seront les premiers à rejoindre la population de Tuvalu si la tendance se poursuit.  Les changements de position des signataires clefs du Protocole de Kyoto inquiètent vivement les petits Etats insulaires.  Nous applaudissons chaleureusement les pays qui s'en tiennent à leurs engagements en matière de réduction des gaz à effet de serre et demandons instamment à ceux qui ne l'ont pas encore fait, de trouver la volonté politique de prendre les mesures qui sont, dans le long terme, dans leur propre intérêt.


M. ARNOLDO ALEMAN LACAYO, Président du Nicaragua: Depuis le 11 septembre, le Gouvernement nicaraguayen, dans un élan de solidarité, a offert de coopérer avec le peuple et le Gouvernement des Etats-Unis pour la capture et le jugement des responsables de ces actes effroyables.  Les ennemis de la paix et de la démocratie veulent créer un climat généralisé d’incertitude et de peur, et notre premier défi est de ne pas nous laisser intimider et impressionner par les menaces.  Suite à l’adoption par les présidents de l’isthme d’Amérique centrale, le 19 septembre dernier, de la Déclaration intitulée «L’Amérique centrale unie contre le terrorisme», des mesures concrètes ont été prises dans la région afin d’améliorer le système d’information entre pays voisins, renforcer la coopération entre les forces aériennes et navales dans la lutte contre les trafics illicites, améliorer les contrôles aux frontières et renforcer la sécurité dans les aéroports.  Nous nous félicitons par ailleurs de ce que la Conférence de Managua ait parmi de renouveler l’engagement des Etats en faveur de l’élimination des mines antipersonnel.  La ratification de cette Convention par plus de 120 Etats Membres, le renforcement des mécanismes de mise en œuvre ainsi que la destruction de stocks de mines entreposées de par le monde sont des pas concrets vers l’élimination des souffrances occasionnées par ces armes.  C’est pourquoi nous exhortons les Etats qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel.


En ce qui concerne le fonctionnement de l’Organisation, des réformes sont indispensables, notamment au Conseil de sécurité, afin que cet organe puisse répondre de façon satisfaisante et efficace aux défis de notre monde.  De même, l’Organisation faillira à sa vocation universelle tant qu’elle laissera en dehors un pays démocratique et membre fondateur de la Charte de San Francisco, le Gouvernement librement élu et légitime de Taiwan.  Ce Gouvernement est le seul qui puisse représenter les intérêts légitimes du peuple de Taiwan, c’est un pays démocratique qui a joué un rôle actif dans la promotion du commerce mondial, l’éradication de la pauvreté et les progrès des droits de l’homme.  En ce qui concerne le Nicaragua, le renforcement des règles de droit, la stabilisation de l’économie par la mise en place de politiques fiscales et financières appropriées, la création d’espaces concrets permettant la participation de la société civile à la prise de décisions, la mise en place de politiques à long terme de lutte contre la pauvreté ont permis de mettre notre pays sur la voie du développement durable.  Mais le processus se heurte à de multiples obstacles, générés notamment par la dette extérieure du pays, la chute des prix des produits exportés et les catastrophes naturelles.  Il est de plus en plus évident que dans le monde d’aujourd’hui les problèmes auxquels font face les Etats dépassent leurs capacités propres; c’est pourquoi nous devons renouveler notre engagement en faveur des objectifs et principes de l’Organisation afin de bâtir pour les générations futures un monde juste, pacifique et sûr.


M. NAMBAR ENKHBAYAR, Premier Ministre de la Mongolie: Le peuple et le Gouvernement de Mongolie ont condamné résolument les attaques barbares du 11 septembre comme des actes de terrorisme contre la liberté et la démocratie, une attaque contre toute l’humanité, et ils ont exprimé leur soutien sans réserve aux efforts collectifs de la coalition antiterroriste.  Je souhaite réaffirmer le fort engagement de la Mongolie dans notre lutte commune contre le fléau du terrorisme.  La résolution 1373 du Conseil de sécurité a été une action rapide sans précédent dans sa portée et sa nature.  Mon Gouvernement prend toutes les mesures nécessaires pour mettre en œuvre les dispositions de cette résolution et du rapport pertinent qui a été présenté au Comité du Conseil de sécurité contre le terrorisme.  Je souhaite aussi informer l'Assemblée générale que la Mongolie a signé hier la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme.  Avec sa ratification imminente, la Mongolie sera présente dans toutes les Conventions antiterroristes des Nations Unies.  Nous pensons que le cadre juridique actuel contre le terrorisme devrait être renforcé par la conclusion rapide d’une convention générale contre le terrorisme international et une convention contre le terrorisme nucléaire, de préférence au cours de cette session de l'Assemblée générale.  Dans le même esprit, le processus d’établissement de la Cour pénale internationale devrait être accéléré.  Il est important pour nous de voir le problème de façon plus large, en abordant les questions qui fournissent un terreau fertile au terrorisme telles que le crime transnational organisé, le trafic des stupéfiants, le blanchiment d’argent, le trafic illicite des armes etc.  A cette époque de mondialisation, il est évident qu’aucun pays seul ne peut assurer sa sécurité.  Après plusieurs décennies d’efforts de développement, le nombre de pauvres dans le monde reste à un niveau inquiétant.  Est-ce que la communauté internationale a la capacité de redresser la situation ?  La réelle question difficile est de savoir si nous avons la volonté politique et le sens de solidarité suffisants pour forger les véritables partenariats nécessaires et capables de réduire la différence entre les engagements souscrits et l’action?  Avons-nous entrepris des actions qui ont un sens pratique?  Nous ne pouvons pas nous permettre un échec ne pourrait que justifier des actes barbares.  Faisons de cette première décennie une décennie d’aspiration vers un monde plus sûr, plus sain et meilleur.  Les pays riches doivent montrer leur solidarité en ouvrant leurs marchés.  Nous devons aussi mobiliser la volonté politique nécessaire pour assurer le succès des conférences à venir sur le financement du développement. 


Nous célébrons le 40ème anniversaire de l’admission de la Mongolie aux Nations Unies.  La Mongolie est partie à 140 Traités et Conventions internationales.  Ma délégation est fière de rappeler que c’est sur son initiative que l’Assemblée générale a adopté la Déclaration sur les droits des peuples à la paix, les principes et lignes directrices pour les négociations internationales.  La Mongolie a déclaré en 1993 son propre territoire une zone exempte d’armes nucléaires.  La Constitution de la Mongolie de 1992 garantit à son peuple les droits et les libertés fondamentales.  Elle a proposé d’accueillir la cinquième conférence internationale des nouvelles démocraties en 2003 à Oulan Bator.


M. JAKAYA M. KIKWETE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de Tanzanie: Renforcer et revitaliser les Nations Unies sont des impératifs auxquels nous avons souscrit depuis presque une décennie.  Nous avons effectué un travail remarquable en ce qui concerne la restructuration du Secrétariat et des Institutions des Nations Unies.  Il est regrettable que la réforme et la restructuration du Conseil de sécurité, elles, se fassent attendre.  Un processus entamé il y a sept ans devrait donner les résultats escomptés.  Or, il est troublant de constater que ce sujet ne semble plus être une priorité comme il l'était, il y a trois ou quatre ans.  Mon pays estime que nous devons rester saisis de cette question et puisque le vent de la démocratie et de la transparence souffle sur le monde entier, le Conseil de sécurité doit aller dans le même sens.  La Tanzanie pense que l'augmentation du nombre de membres -permanents et nonpermanents- du Conseil de sécurité est aussi pertinente et souhaitable aujourd'hui qu'elle l'était il y a sept ans.  Nous aimerions réaffirmer notre appui au principe d'une représentation équitable des Etats Membres sur la base de leur situation géographique.  Nous voulons en particulier réitérer notre soutien au souhait exprimé par l'Afrique, de se voir allouer au moins deux sièges permanents.  En tant que continent possédant le plus grand nombre d’Etats Membres de l'Organisation, cette demande semble plus que justifiée.  Nous pensons également que le temps est venu d'examiner sérieusement les circonstances et les modalités de l'usage du droit de veto.  Il n'est pas juste, à notre avis, d'user du droit de veto pour des raisons liées à la défense d'intérêts nationaux étroits.


Dans cette période de ralentissement économique que nous connaissons aujourd'hui, nous devons, et c'est un véritable défi, élaborer de nouvelles stratégies pour maîtriser des problèmes aussi difficiles que la pauvreté, la faim, les maladies, la privation et la dégradation de l'environnement.  Nous espérons que la crise économique actuelle ne durera pas trop longtemps car si ce devait être le cas, les conséquences seraient graves pour tous, et spécialement pour les pays en développement.  Il faut mettre en place des partenariats vertical et horizontal qui pourront mobiliser les talents, les ressources et toutes les bonnes volontés pour faire face à ces problèmes.  Dans ce contexte, les ressources allouées au titre de l'aide publique au développement sont insuffisantes.  La plupart des pays développés sont loin de verser la contribution de 0,7% de leur PIB au titre de l'APD, fixée en 1979 et réaffirmée en 1992 au Sommet de Rio sur le développement durable.  Ma délégation appelle une nouvelle fois les pays développés à assumer leur responsabilité historique par rapport à l'humanité.  S'agissant des questions de paix et de sécurité, il est réconfortant de voir le Conseil de sécurité davantage impliqué dans la recherche d'une solution à la crise des Grands Lacs.  La Tanzanie est engagée dans le processus visant à ramener la paix et la sécurité dans cette région.  Nous nous félicitons du cessez-le-feu intervenu en RDC entre les belligérants.  Un cessez-le-feu globalement respecté.  Le désengagement et le redéploiement des forces en présence, de même que le déploiement des hommes de la MONUC se mettent en place.  Nous appelons les parties en conflit en RDC à respecter les accords de Lusaka.  Nous appelons également la communauté internationale à octroyer d'urgence des fonds supplémentaires pour faciliter le dialogue.  Nous nous félicitons par ailleurs de l'installation le 1er novembre 2001 au Burundi du Gouvernement de transition.  Nous réitérons nos appels aux leaders des FDD et des FNL pour qu'ils se joignent au processus d'Arusha.  En ce qui concerne les réfugiés, je veux souligner combien leur retour dans leur pays natal est un élément crucial du processus de réconciliation et de normalisation dans ce pays déchiré qu'est le Burundi.  En tant que pays abritant plus de 800 000 réfugiés burundais, la Tanzanie espère que leur rapatriement figurera parmi les priorités lorsque les Accords d'Arusha seront mis en œuvre.


M. J. J. VAN AARTSEN, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas: Sur le site de Ground Zero, nous n'avons pas seulement assisté à une œuvre de mort et de destruction, nous avons vu attaquer les valeurs américaines que nous partageons.  Nous devons dépasser la colère et la frustration, trouver des opportunités malgré nos larmes, transformer notre compassion en solidarité, et cette solidarité en action commune.  Nous avons besoin d'un plan.  En bref, nous devons nous tourner vers les Nations Unies. 


Nous avons appris trois leçons.  La première est que le droit doit être solidement établi.  Il existe un ensemble de règles juridiques pour nous guider dans ces temps difficiles et la plupart d'entre elles sont déjà appliquées.  Un exemple frappant de jurisprudence a été présenté par le Conseil de sécurité.  Se référant au chapitre VII, la résolution 1373 n'est pas une décision prise à l'égard d'une menace spécifique ou d'une atteinte à la paix, pas plus qu'à l'encontre d'un Etat Membre en particulier mais cherchant à répondre à un phénomène qui menace nos valeurs humaines et nos intérêts économiques et à agir contre des ennemis non identifiés.  En écrivant le droit, le Conseil a ouvert des voies nouvelles et mieux encore, il a créé le Comité contre le terrorisme pour surveiller l'application de sa décision.


Le vrai défi réside dans la mise en œuvre et là nous devons faire de nouveaux efforts.  Juste avant l'été, nous avons relâché nos efforts dans la lutte contre l'arsenal biologique et le bioterrorisme.  Le bacille du Charbon n'est qu'une des raisons pour que nous relancions le processus.  Il faut faire de la Convention sur les armes biologiques un instrument qui fasse la différence.  Il nous faut aussi nous préoccuper des revers de la sécurité.  Une partie de notre système de valeurs, les droits de l'homme et les libertés fondamentales, a été mis à rude épreuve par les efforts des gouvernements visant à renforcer la sécurité publique.  En tant que citoyens, nous devons être prêts à faire des concessions; cela ne veut pas dire que nous soyons prêts à vivre en état de siège.  Si nous faisons des compromis dans ce domaine, nous cédons du terrain à ceux qui nous attaquent.


La deuxième leçon est qu'il y a des trous noirs dans l'ordre international.  Il s'agit des Etats défaillants.  Nous savions qu'ils existaient.  Nous devons désormais définir comment nous les gérons.  Pour répondre à cela, il faut que les Etats Membres commencent par admettre que ces Etats constituent un problème.  Ensuite, il faudra définir une stratégie et cela, dans le cadre de l'Organisation.  Je ne crois pas que les injections massives d'aide constituent la bonne réponse, d'abord, parce que les donateurs hésitent à déverser de l'argent dans un puis sans fond, ensuite parce que la solution devrait venir de l'intérieur.  Même dans les pays les plus pauvres, nous trouverons des citoyens éduqués prêts à édifier un monde meilleur pour leurs enfants.


Dans l'Afghanistan de l'après Taliban, les Nations Unies ont beaucoup à faire mais il nous faut prendre garde d'engager l’Organisation dans une mission impossible.  Les Afghans sont un peuple fier qui doit mettre en place son propre gouvernement.  Les Nations Unies peuvent catalyser les énergies et conseiller mais ne peuvent gouverner.  L'Afghanistan n'est pas le Timor oriental.  Une opération de maintien de la paix classique n'est sans doute pas une bonne idée.  Le niveau de troupes requis pour un pays de cette taille ne sera jamais atteint et nous avons appris en Bosnie ce qu'il en coûtait d'envoyer une force des Nations Unies insuffisante.  Nous devons éviter une autre Somalie.  Il y a plus de mines terrestres en Afghanistan que nulle part ailleurs dans le monde.  Nous devons l'en débarrasser, les Nations Unies peuvent nous y aider et nous devons payer la note.


L'ONU n'est pas un acronyme inefficace comme un message malintentionné sur Internet a tenté de le faire croire.  C'est la seule réponse aux questions mondiales et à la coopération multilatérale.  Le multilatéralisme est la solidarité dont on a fait un plan.  La réaction de l'ONU au 11 septembre, a été prompte et responsable.  Nous, les Etats Membres, sommes responsables du maintien de ce niveau de performance. 


Mme CAMARA MAHAWA BANGOURA, Ministre à la Présidence chargée des affaires étrangères et de la coopération de la Guinée: Si l’Organisation des Nations Unies est aujourd’hui un creuset indispensable de concertation entre les nations, le renforcement et le perfectionnement de l’ensemble de son système sont néanmoins vivement souhaitables.  La Guinée renouvelle son soutien au processus de réforme initié par le Secrétaire général; elle souligne la nécessité de renforcer les principaux organes de l’ONU et appuie la restructuration du Conseil de sécurité, aussi bien dans sa composition que dans ses méthodes de travail, afin de lui permettre de mieux garantir les intérêts de tous les Etats Membres.  Au Moyen-Orient, l’intolérance et l’intransigeance ayant conduit à une dangereuse escalade de la violence qui, si elle n’est pas maîtrisée à temps, pourrait conduire à l’embrasement de toute la région, la Guinée se prononce en faveur de l’application intégrale des recommandations de la Commission Mitchell et de la mise en place de mécanismes de suivi efficaces.  Si les droits légitimes du peuple palestinien doivent être respectés, de même l’existence et la sécurité d’Israël doivent être garanties.


La Guinée qui a toujours manifesté sa détermination à entretenir et raffermir l’amitié, la fraternité, la coopération avec tous les pays africains en général et les pays voisins en particulier, réaffirme ses bonnes dispositions pour faire de l’Union du Fleuve Mano un modèle d’intégration économique et un espace de cohésion sociale et de stabilité politique.  Dans le cadre du processus de rétablissement de la confiance et du dialogue entre les pays membres de l’Union du Fleuve Mano, des rencontres ont permis de discuter d’importants problèmes liés aux activités des bandes armées dans la sous-région, à la situation des réfugiés, aux mesures de restauration de la confiance, de la paix et de la sécurité.  S’agissant de la Sierra Leone, le Programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (DDR) mis en œuvre devra être consolidé pour déboucher sur une véritable démobilisation de tous les combattants du RUF pour éviter les erreurs commises au Libéria où, la restauration de la paix après dix années de guerre civile n’a malheureusement pas été accompagnée d’un véritable programme de DDR et d’un appui économique et financier conséquent pour conforter l’après-conflit.


Par ailleurs, la présence prolongée de centaines de milliers de réfugiés sierra-léonais et libériens continue de peser lourdement sur la vie économique, sociale, environnementale et sécuritaire de la Guinée.  C’est pourquoi nous renouvelons notre appel en vue de la tenue de la Conférence de Solidarité avec la Guinée et saluons la proposition de la création d’un Bureau de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest, conformément à la recommandation du Rapport de la “Mission FALL”.  En outre, en ce qui concerne l’exploitation illégale des ressources naturelles, la Guinée soutient pleinement les actions du Conseil de sécurité imposant des sanctions contre tout gouvernement ou groupe impliqué dans le pillage d’un pays et considère que si des mesures énergiques n’étaient pas prises, c’est l’ensemble du continent africain qui pourrait être en proie à de nouveaux conflits.  Enfin, elle demande qu’une attention particulière soit accordée à la “Nouvelle Initiative Africaine” adoptée lors de la dernière Conférence des chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Organisation de l’Unité Africaine tenue à Lusaka en juillet 2001.


M. FELIPE PEREZ ROQUE, Ministre des affaires étrangères de Cuba: Il faut arrêter la guerre en Afghanistan.  Le Gouvernement des Etats-Unis doit avouer qu’il s’est trompé et il doit stopper son inefficace et injustifiable campagne de bombardements contre ce peuple.  Pour cibles, cette guerre semble avoir choisi les enfants, la population civile, les hôpitaux et les installations de la Croix-Rouge Internationale; par ses méthodes, pas une voix honnête dans cette salle ne pourrait défendre le massacre interminable avec l’armement le plus sophistiqué, d’un peuple dépouillé, affamé et sans défense; par ses objectifs, cette guerre ne peut être justifiée ni du point de vue de l’éthique ni du point de vue du droit international.  Cuba a refusé dès le début cette guerre comme méthode absurde et inefficace pour éradiquer le terrorisme, et si les Etats-Unis remportaient une victoire militaire en liquidant toute résistance régulière et irrégulière afghane, le monde serait plus loin que jamais de la paix et de la sécurité.  De quelle coalition internationale s’agit-il? Sur quoi sa légitimité repose-t-elle, si elle a commencé par ignorer scandaleusement l’Assemblée générale?  On peut être le plus fort mais pas nécessairement avoir raison; on peut inspirer de la crainte mais pas nécessairement de la sympathie et du respect.  Seule d’une collaboration internationale authentique à laquelle participent tous les pays, grands et petits, avec une pleine compréhension des positions de tous, à l’esprit ouvert et tolérant dans ses méthodes, dans le cadre de l’Organisation des Nations Unies et du respect total des principes proclamés dans sa Charte, pourra naître une alliance réellement effective et durable afin de lutter contre le terrorisme.


Cuba a décidé de ratifier immédiatement la totalité des instruments juridiques internationaux en matière de terrorisme et soutient résolument l’adoption d’une convention générale sur le terrorisme international.  L’évolution des événements, la multiplication des haines, des passions et des dangers potentiels, démontrent la grande justesse de cette profonde conviction: la guerre n’a pas été, n’est pas et ne sera jamais la voie d’élimination du terrorisme.  Il faut arrêter cette guerre, non seulement à cause de ses conséquences pour la population civile afghane, non seulement à cause du danger de déstabilisation qu’elle représente, mais parce qu’elle empêche définitivement le but proclamé par les Nations Unies, il y a 15 ans déjà, du droit au développement pour tous et à l’égalité d’opportunités pour y parvenir, parce qu’elle transforme les engagements pris il y a un an en faveur de l’éradication de la pauvreté en lettre morte.  Cuba réclame que cette Assemblée générale, le Conseil de sécurité et l’Organisation des Nations Unies dans leur ensemble inscrivent à nouveau, parmi leurs priorités les plus importantes, le débat sur les problèmes dont dépendent la vie et la mort de 4,5 milliards d’habitants du tiers monde dont les droits et les espoirs sont restés enterrés sous les tours jumelles.


M. LAKSHMAN KADIRGAMAR, Ministre des affaires étrangères du Sri Lanka: Il est indiscutable que la terreur sous toutes ses formes doit être combattue sans relâche et de manière globale.  Elle est révolue l'époque où un pays touché par la terreur, comme l'est mon pays depuis vingt ans, s'entendait dire par la communauté internationale "nous sommes désolés de ce qui arrive dans votre pays mais nous ne pouvons rien faire pour vous aider parce que nous n'avons pas de lois pour combattre la terreur".  Quant par exemple notre Banque centrale a été bombardée et détruite, quand des milliers de personnes, y compris des moines, des femmes et des enfants, ont été massacrés, quand des musulmans ont été tués à la mosquée, alors qu'ils priaient, quand des dirigeants politiques du Sri Lanka (chef d'Etat, Ministres, membres du Parlement) ont été assassinés -autant d'opérations signées d'un groupe terroriste sri lankais- nous avons reçu de nombreux messages de sympathie et de condoléances, mais pendant ce temps, les récoltes de fonds pour financer le terrorisme dans mon pays continuaient dans les grandes démocraties libérales occidentales.  Quant la moitié des avions de notre compagnie nationale aérienne ont été détruits le 24 juillet par les mêmes terroristes, certains gouvernements nous ont conseillé de négocier.  On nous a rappelé que "la violence engendrait la violence".  Cette conception a changé de manière dramatique, ou du moins semble avoir changé, ces derniers temps, parce que le terrorisme a visé les intérêts nationaux de beaucoup de pays.  Le terrorisme aujourd'hui n'est plus uniquement un fléau qui touche les pays pauvres.


Puis-je suggérer à l'Assemblée générale de réfléchir à l'idée de créer un groupe international, qui réunirait d'éminentes personnalités disposant d'une formation appropriée sur cette question, représentant toutes les régions du monde et nommées par les Présidents de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité ainsi que par le Secrétaire général?  Ce groupe aurait pour mission de rendre compte, à l'Assemblée générale, au Conseil de sécurité et au Secrétaire général, des problèmes liés au terrorisme et des moyens de prévention. 


Nous devons par ailleurs réexaminer ces questions qui hantent les Nations Unies depuis la création de l'Organisation; à savoir, la pauvreté, la faim, la maladie, l'ignorance, l'injustice.  A ces questions ont été apportées des réponses, mais ces solutions formidables sur le papier n'ont pas été mises en oeuvre par manque de ressources et de volonté politique.  A ce propos, nous appelons les Etats Membres de l'Union européenne à prendre des engagements fermes lors de la Conférence internationale de financement du développement, qui se tiendra à Monterrey en 2002, et à annoncer des plans individuels et des calendriers permettant de progresser, concrètement, vers l'objectif suivant : le versement par chaque pays de 0,7% de son PIB à l'aide publique au développement.  A cause des événements du 11 septembre, je pense que le monde développé pensera désormais à l'avenir d'une manière différente.  Le "développement, la stabilité et la satisfaction de tous" ne sont plus des objectifs charitables.  Ils relèvent à présent de l'intérêt de "tous".


M. MOHAMED BIN MUBARAK AL-KHALIFA, Ministre des affaires étrangères de Bahreïn: L’Etat de Bahreïn a soutenu l’alliance internationale contre le terrorisme et a offert de coopérer aux efforts visant à éliminer le terrorisme.  Une telle violence et un tel extrémisme contredisent l’enseignement de l’Islam et ses valeurs de tolérance ainsi que tous les concepts élevés, humains et culturels, dans lesquels nous croyons.  Bahreïn s’est félicité de la résolution 1373 du Conseil de sécurité sur le problème du terrorisme.  Mais nous devons mettre en garde contre les dangers de l’hostilité contre les musulmans et la menace de l’exploitation des évènements pour lier le terrorisme à l’Islam qui est une religion de coexistence et de tolérance. 


L’Etat de Bahreïn, qui a approuvé la Déclaration du Millénaire des Nations Unies, réaffirme aujourd’hui sa détermination à continuer d’assumer ses responsabilités nationales, régionales et internationales pour atteindre les objectifs communs de la Charte des Nations Unies et de la Déclaration du Millénaire.  Son Altesse l’Emir Chef d’Etat de Bahreïn, a pris l’initiative d’établir un comité national comprenant tous les secteurs de la société de notre pays, qui a proposé une Charte d’Action nationale, approuvée par référendum, qui fait partie d’un plan global visant à moderniser nos institutions, à transformer l’Etat de Bahreïn en un Etat capable de participer efficacement aux interactions du Nouvel Ordre mondial.  Ce pas historique est allé de pair avec des mesures visant à améliorer les institutions démocratiques et à réaffirmer la primauté du droit.


L’Etat de Bahreïn souhaite imprégner ses relations avec les autres Etats d’un esprit d’amitié et de coopération.  Il est bon, à cet égard, de noter la position de l’Etat de Bahreïn et celle de l’Etat de Qatar sur le jugement prononcé par la Cour internationale de Justice le 16 mars qui a mis fin au différend frontalier entre les deux pays.  Nous appelons une fois encore l’Iraq à coopérer avec les Nations Unies et à mettre en œuvre sans exception les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Une solution pacifique devra être trouvée au différend actuel entre les Emirats arabes unis et la République islamique d’Iran, par des moyens pacifiques incluant le recours à la Cour internationale de Justice.  La recrudescence des hostilités au Moyen-Orient a été causée par l’agression perpétrée par Israël contre le peuple palestinien.  La relance du processus de paix ne peut être opérée que par la mise en œuvre complète des résolutions de Conseil de sécurité.  Nous nous félicitons à cet égard de la déclaration de M. George W. BUSH, Président des Etats-Unis d’Amérique, sur le droit des Palestiniens de créer un Etat palestinien, un droit soutenu par l’Union européenne, les membres permanents du Conseil de sécurité et la communauté internationale.


M. ROBERTO ROJAS LOPEZ, Ministre des affaires étrangères et du culte du Costa Rica: La lutte contre le terrorisme doit nous pousser à édifier une véritable culture de la paix et de la vie et à cet égard, les Nations Unies ont un rôle central à jouer.  Cette Organisation doit devenir un rempart contre la guerre, la haine et la pauvreté.  Pour atteindre cet objectif, le respect des droits de l'homme et la promotion de la dignité humaine doivent guider les activités des Nations Unies dans tous les domaines.  Le respect des droits de l'homme est la pierre angulaire de la politique étrangère du Costa Rica.  Notre pays n'admet pas la moindre violation des droits fondamentaux.  Nous rejetons l'intolérance, la haine, l'inégalité et la guerre.  Nous condamnons les exécutions extrajudiciaires, la peine de mort, l'avortement, les déplacements forcés de populations, la torture, le viol et les prises d'otages.  Nous condamnons également toute limitation de la liberté d'expression et de pensée.  Nous pensons qu'il faut rationaliser et coordonner le travail des organes de contrôle des Nations Unies, y compris celui de la Commission des droits de l'homme, afin de les rendre plus efficaces.  Nous estimons que les Etats Membres doivent ouvrir leurs frontières aux Rapporteurs des droits de l'homme nommés sans arrière pensée par la Commission.  Nous devons simultanément répondre de manière positive aux appels de fonds supplémentaires lancés par le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme.


Les Nations Unies doivent également demeurer vigilantes face aux nouveaux défis qui menacent les droits de l'homme.  En effet, nous sommes préoccupés par les récents développements intervenus dans le domaine du clonage et des biotechnologies.  C'est pourquoi nous soutenons la proposition faite par la France et l'Allemagne d’élaborer une Convention internationale interdisant le clonage des êtres humains.  Nous pensons que cet outil permettrait en outre de proscrire toute autre forme de recherche en biotechnologie contraire au respect de la vie et de la dignité humaine.


Par ailleurs, le Costa Rica a mis au point un système national de contributions destinées aux services chargés de l'environnement afin d’atténuer les conséquences des gaz "à effet de serre" et préserver nos forêts pour le bien-être de l'humanité.  Mon pays a déjà dévolu un quart de son territoire national à la préservation des forêts.  Les activités liées à la protection de l'environnement sont devenues un moteur du développement national.  C'est pourquoi nous nous réjouissons d'avoir été choisis pour accueillir en mars 2002 la première réunion ministérielle du forum des Nations Unies sur les forêts.  Nous attendons une participation active et constructive de tous les Etats Membres à cette réunion.


Ma délégation est par ailleurs préoccupée par la vulnérabilité croissante de certains Etats, dont l'économie est fragilisée et dont les habitants ne disposent pas de ressources suffisantes pour la prévention et la reconstruction en cas de catastrophes naturelles.  Or, durant la dernière décennie, il s'en est produit plusieurs dans notre région, l'Amérique centrale, avec pour corollaire des pertes humaines et matérielles très lourdes.  C'est pourquoi nous demandons aux nations développées un renforcement de la coopération internationale, qui permettrait la mise en œuvre de programmes visant à atténuer cette vulnérabilité.  Dans ce contexte, je tiens à mentionner l'aide bilatérale fournie par la République de Taiwan aux pays de la région pour les aider dans ces situations d'urgence.  Le Costa Rica apporte son soutien aux efforts réitérés de Taiwan, avec ses 16 millions d'habitants et son solide processus de renforcement et de développement de la démocratie, visant à obtenir une représentation au sein de l'Organisation.


Mme ANNA LINDH, Ministre des affaires étrangères de la Suède: Rarement la communauté internationale a été défiée comme elle l’a été lors des actes terroristes du 11 septembre.  Rarement nous, les peuples des Nations Unies, avons montré une réaction commune si forte et si unie.  La Suède est totalement aux côtés de l’Organisation des Nations Unies dans son appel à lutter contre le terrorisme et nous exprimons notre solidarité avec le peuple et le Gouvernement américain.  A présent, nous avons trois tâches à accomplir: toutes les nations doivent prendre des décisions contre le terrorisme.  Nous soutenons le droit à la légitime défense des Etats-Unis mais nous devons aussi soutenir le peuple d’Afghanistan dans ses besoins immédiats.  Les Nations Unies et tous ses Etats Membres doivent accroître leurs efforts à cet égard.  Troisièmement, nous devons soutenir les Afghans dans la reconstruction de leur pays.  Nous avons besoin aujourd’hui de joindre nos forces non seulement contre le terrorisme international, mais aussi pour lutter contre l’injustice et éloigner les autres menaces à la sécurité humaine.


Les peuples du monde aspirent au partage des bénéfices du développement.  C’est positif, mais c’est aussi un défi que la communauté internationale doit relever.  La richesse doit être répartie plus également.  Aujourd’hui, plus d’un milliard de personnes vivent dans la misère absolue.  Les instruments existent pour empêcher que cet état de chose se perpétue.  Il nous appartient à nous les gouvernements, de faire preuve d’espoir, de courage et de volonté politique.  L’accroissement de l’aide publique au développement est crucial.  La Suède est l’un des rares pays au monde à honorer les engagements de l’Organisation des Nations Unies, soit de consacrer 0,7% du revenu national à l’aide au développement.  J’exhorte tous les pays développés, en particulier les grandes puissances économiques, à effectuer de réels progrès dans ce sens.  Le VIH/sida est l’une des plus grandes menaces actuelles contre l’humanité.  Tous les Etats Membres doivent faire preuve d’un engagement politique et financier.  La Suède se félicite du nouveau Fonds mondial et contribuera à hauteur de 60 millions de dollars.  Un nouveau cycle de négociations dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce peut apporter une contribution importante au développement.  Tous les efforts doivent être faits pour libéraliser le commerce.  La principale responsabilité du développement incombe aux gouvernements et aux peuples des pays en développement.  Les violations des droits de l’homme menacent la sécurité et le bien-être des individus.  La discrimination, quelqu’en soit la forme, est inacceptable.  Il faut que la Cour pénale internationale soit bientôt créée.  Au Moyen-Orient, notre objectif est deux Etats, avec la sécurité et des frontières reconnues.  La Suède appuie fermement les recommandations du Rapport Mitchell.  Nous devons conjuguer nos forces pour parvenir au désarmement multilatéral.  Les plans américains pour une stratégie de défense antimissile risquent d’avoir des conséquences négatives sur le désarmement, la non-prolifération et le Traité de non prolifération.  Nous pensons que les menaces actuelles exigent une réponse multilatérale, fondée sur un système de sécurité déjà existant.


M. GORAN SVILANOVIC, Ministre des affaires étrangères de la Yougoslavie: Confrontée au terrorisme depuis relativement longtemps, la Yougoslavie est parfaitement consciente des difficultés inhérentes à la lutte contre ce fléau.  Pour prévenir les attaques terroristes, il ne suffit pas de capturer et de punir les coupables, il est beaucoup plus important de s’attaquer aux causes sociales du terrorisme, en particulier la pauvreté et le manque d’opportunités.  La pauvreté nourrit la rage, et si elle n’est pas canalisée dans un processus démocratique, la rage peut facilement nourrir l’extrémisme.  A cet égard, l’expérience de la Yougoslavie dans le Sud de la Serbie est riche d’enseignements: le terrorisme n’a pas été combattu seulement par les forces de sécurité, mais des efforts ont été déployés afin d’améliorer la situation économique dans cette région afin de réinsérer les Albanais dans le processus politique et dans les structures étatiques, notamment eu niveau local.  Ainsi, sommes nous en ce moment en train de former une force de police multiethnique, ce qui n’aurait pas été possible sans la victoire des forces démocratiques en Yougoslavie l’année dernière.


Aujourd’hui, alors que tous les pays du sud de l’Europe orientale ont procédé à des élections démocratiques et s’emploient à rejoindre l’Europe et à se rapprocher des structures euro-atlantiques, notre région est encore plombée par l’héritage des minorités nationales.  La condition de base qui permettrait de régler ces questions est le respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté de tous les Etats; l’ère de la désintégration des Balkans est achevée.  Ensuite, des mesures de coopération économique et des mesures visant à restaurer la confiance doivent être prises.  En ce moment, le Kosovo et Metohija constituent les préoccupations les plus pressantes du Gouvernement de la Yougoslavie, qui respecte entièrement la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité et attend des pays voisins qu’ils fassent de même.  En effet, nous ne sommes pas satisfaits de la situation sur le terrain; les personnes nonalbanaises du Kosovo et à Metohija ne sont pas complètement en sécurité, le retour des personnes expulsées et déplacées est lent et difficile et la question des personnes disparues n’évolue pas.  Le 17 novembre, des élections importantes auront lieu au Kosovo et à Metohija; ces élections marqueront le début d’une coopération plus intense encore visant à une mise en oeuvre intégrale de la résolution 1244, à l’établissement de la démocratie et à la promotion des droits de l’homme au Kosovo et à Metohija, dans le plein respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Yougoslavie.  En conclusion, conscients de l’importance qu’il y a à promouvoir l’état de droit, nous pensons que les crimes internationaux doivent être jugés et sommes en faveur de l’établissement du Tribunal pénal international aussi rapidement que possible.


M. RASHID MEREDOV, Ministre des affaires étrangères du Turkménistan: Nous sommes d'accord avec ceux qui pensent qu'il est nécessaire de donner un nouvel élan à l'Organisation au regard des réalités en évolution rapide du monde contemporain.  Cela doit se faire, du point de vue du Turkménistan, en respectant l'équilibre des intérêts sur la base des critères fondamentaux sous-tendant le fonctionnement de l'Organisation, ses idéaux, la lettre et l'esprit de la Charte des Nations Unies.  Le Turkménistan a toujours défendu l'idée du renforcement et de l'expansion du rôle des Nations Unies dans le monde.


J'aimerais attirer l'attention sur la situation qui est apparue dans notre région après les événements tragiques du 11 septembre.  Le Gouvernement du Turkménistan a été l'un des premiers à exprimer son appui aux efforts internationaux visant à lutter efficacement contre le terrorisme.  Il s'est prononcé à cet égard en faveur d'un regroupement de tous les efforts sous l’égide des Nations Unies.  C'est une coordination étroite des actions de la communauté internationale sur la base du droit international qui peut rendre efficace et légitime les mesures prises pour combattre ce fléau.  Dans ces circonstances, mon pays a fourni, en coopération avec les Nations Unies, des moyens de transport pour les fournitures humanitaires destinées à l'Afghanistan.  Nous sommes préoccupés par la situation dans ce pays et le conflit en cours qui affecte la stabilité de la région ainsi que son développement socioéconomique.  Le Turkménistan partage l'opinion qu'il n'existe de solution à la question afghane qu'à travers des négociations politiques sous les auspices des Nations Unies.


Il est bien connu que les ressources de pétrole et de gaz naturel de la mer Caspienne sont les plus importantes ressources énergétiques du XXIe siècle.  Leur exploitation rationnelle et efficace, la construction des infrastructures appropriées pour acheminer ces produits énergétiques vers les marchés mondiaux se traduiront par une croissance économique considérable pour de nombreux Etats et peuples.  Les Nations Unies peuvent jouer un rôle important en créant un mécanisme qui garantirait un transport sûr et protégé des produits bruts à travers des oléoducs et gazoducs transétatiques.  Le Turkménistan a avancé cette idée lors du Sommet du Millénaire et a suggéré qu'une convention internationale soit élaborée sur ce sujet.  Il défend l'idée que la zone de la mer Caspienne devrait être une zone de paix, de stabilité et de coopération internationale durable fondée sur les principes de la justice et du respect mutuel.


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