REUNION SUR LA SECURITE BIOLOGIQUE VISANT A AIDER LES GOUVERNEMENTS A REDUIRE LES RISQUES LIES AUX OGM
Communiqué de Presse
PNUE/34
REUNION SUR LA SECURITE BIOLOGIQUE VISANT A AIDER LES GOUVERNEMENTS A REDUIRE LES RISQUES LIES AUX OGM
20001205Montpellier, France, décembre 2000 - Pendant que le débat au sujet des organismes génétiquement modifiés continue à faire les manchettes partout dans le monde, des représentants de 177 gouvernements membres de la Convention sur la diversité biologique se réunissent à Montpellier du 11 au 15 décembre, afin de discuter des mesures à prendre pour atténuer certains des dangers potentiels de la biotechnologie.
«Les gouvernements ont adopté le Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques au début de cette année dans le but détablir un système juste et transparent de contrôle du commerce international des organismes génétiquement modifiés», a déclaré Klaus Toepfer, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour lenvironnement, qui administre le Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique de 1992, sous laquelle le Protocole a été négocié.
«Plusieurs des sujets de controverse concernant les organismes vivants modifiés sont abordés dans cet accord innovateur. Dès que le Protocole sera mis en application par les gouvernements, nous pourrons garantir à la population une protection de la santé humaine et des milieux naturels», a-t-il ajouté.
Adopté en janvier 2000, le Protocole sur la prévention des risques biotechnologiques vise à assurer le transfert, la manipulation et lutilisation sans danger des organismes génétiquement modifiés ou organismes vivants modifiés qui peuvent avoir des effets défavorables sur la conservation et lutilisation durable de la diversité biologique, compte tenu également des risques pour la santé humaine.
A Montpellier, les participants à la première réunion du Comité intergouvernemental pour le Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques continueront lélaboration et le développement des procédures et des détails pratiques nécessaires pour rendre le Protocole applicable.
Les questions clés sont la création dun système déchange dinformations, y compris le Centre déchange pour la prévention des risques biotechnologiques; lexamen des règles et normes internationales relatives à la manipulation, au transport, à lemballage et à lidentification des OGM; les options pour la mise sur pied dun régime de respect des obligations; et la facilitation des procédures de prise de décision par les Parties pouvant souhaiter importer des OGM.
Il est également essentiel détablir un cadre pour le renforcement des capacités dans le but daider les pays en développement à participer entièrement au Protocole. On peut mentionner, par exemple, un projet de 39 millions de dollars financé par le Fonds pour lenvironnement mondial, que le PNUE mettra en oeuvre au cours des trois prochaines années et demie. Ce projet permettra à 100 pays de préparer leur plan cadre national de prévention des risques biotechnologiques et facilitera léchange dexpériences et de procédures entre les pays en développement et les pays en transition vers léconomie de marché, notamment par lintermédiaire dune série dateliers mondiaux et régionaux.
En vertu du Protocole, les gouvernements décideront daccepter ou non dimporter des organismes génétiquement modifiés après avoir évalué les risques. Ces évaluations seront entreprises de manière scientifique au moyen de techniques reconnues. Toutefois, comme le Protocole est fondé sur le principe de précaution, les importateurs peuvent refuser des OGM sil subsiste un doute scientifique dû à un manque dinformations et connaissances pertinentes quant au risque que fait peser lorganisme sur lenvironnement et la santé.
«Ladoption du régime de prévention des risques biotechnologiques a été généralement bien accueillie par les gouvernements - à la fois par ceux qui sont favorables à lexportation des aliments génétiquement modifiés et ceux qui ont exprimé des réserves au sujet de la biotechnologie - en tant que solution de compromis juste et équilibrée», a déclaré Hamdallah Zedan, Secrétaire exécutif de la Convention.
«Même si les discussions sur tous les aspects de la biotechnologie se poursuivront certainement encore de nombreuses années, la meilleure façon de progresser est de reconnaître que cet accord, qui a fait lobjet de débats passionnés, est un bon point de départ», a-t-il conclu.
Le Protocole, qui a été adopté par 150 gouvernements, a été signé jusquici par 77 dentre eux et la Communauté européenne. On pourra le signer au Siège des Nations Unies à New York jusquau 4 juin 2001. Il entrera en vigueur et deviendra juridiquement obligatoire après ratification par 50 gouvernements (deux pays, la Bulgarie et Trinidad et Tobago, lont déjà ratifié). Si les gouvernements réagissent rapidement, cela pourrait survenir dès 2002.
A lattention des journalistes: La réunion aura lieu au Palais des Congrès - Le CORUM, à Montpellier. Pour les interviews et de plus amples renseignements, communiquer avec Michael Williams au tél. +41-22-917-8242, fax +41-22-797-3464, courrier élec. mwilliams@unep.ch. Les documents officiels ainsi que dautres informations se trouvent sur le site .
Le Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques: Réduire les risques écologiques de la biotechnologie moderne
La révolution biotechnologique
Depuis des milliers dannées, lhomme, dans le but daméliorer la production alimentaire, modifie les plantes et les animaux à laide de techniques variées. Aujourdhui encore, on utilise des méthodes de fermentation traditionnelles pour transformer les céréales en pain et en bière ou le lait en fromage. La sélection est une autre forme de manipulation génétique traditionnelle qui permet dobtenir des traits particulièrement intéressants : certaines couleurs pour les fleurs coupées ou de hauts rendements pour les vaches laitières, par exemple. Lhomme a même créé des hybrides entre différentes espèces, telle la mule issue du croisement du cheval et de lânesse ou de lâne et de la jument.
De nos jours, ces méthodes simples de modification génétique sont supplantées et parfois même remplacées par les moyens perfectionnés de la biotechnologie moderne. Les chercheurs peuvent extraire un seul gène dune cellule animale ou végétale et lintroduire dans une autre espèce pour que celle-ci porte un trait souhaité comme la résistance à un parasite destructeur ou à une maladie. Il en résulte ce que lon appelle communément un organisme génétiquement modifié (OGM) ou un organisme vivant modifié (OVM), résultant de la biotechnologie moderne.
Les tenants de cette science nouvelle et puissante prétendent que la biotechnologie a le pouvoir, entre autres, de renforcer la sécurité alimentaire, de réduire la nécessité de défricher de nouvelles terres pour lagriculture, daugmenter les rendements durables sur les terres marginales et de limiter le recours à lirrigation et aux substances agrochimiques. Dautres, en revanche, sinquiètent des risques que les OVM présentent pour la diversité biologique - les écosystèmes, les espèces et les ressources génétiques qui, par leur interaction, tissent «la toile de la vie» sur terre - et pour la santé humaine.
Limportance de la prévention des risques biotechnologiques
Les progrès de la biotechnologie ouvrent, certes, de grandes possibilités damélioration du bien-être des êtres humains mais on saccorde généralement à penser que les OVM doivent être soumis à des mesures de sécurité adéquates, des mesures de «prévention des risques biotechnologiques», qui puissent garantir le mouvement, la manipulation, lutilisation et lélimination des OVM en toute sécurité.
Devant la progression fulgurante de lindustrie biotechnologique, la communauté internationale a convenu délaborer, dans le cadre de la Convention de 1992 sur la diversité biologique, un protocole juridiquement contraignant sur la prévention des risques biotechnologiques. Tout en étant conscients que de nombreux pays parmi ceux qui possèdent une industrie biotechnologique sétaient déjà dotés dune législation nationale sur la prévention des risques biotechnologiques, les gouvernements ont reconnu quil nexistait pas dinstrument international contraignant pour réglementer le mouvement des OVM de part et dautre des frontières nationales.
En 1995, les gouvernements membres de la Convention - qui, collectivement, forment la Conférence des Parties (COP) - ont créé un Groupe de travail spécial, à composition non limitée, sur la prévention des risques biotechnologiques, quils ont chargé de rédiger un protocole. Après plusieurs années de débat, la COP a finalement adopté le Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques à Montréal, le 29 janvier 2000. Le Protocole porte le nom de la ville de Cartagena, en Colombie, qui a accueilli, en 1999, la première réunion extraordinaire de la COP sur la prévention des risques biotechnologiques. Comment fonctionne le Protocole
Le Protocole sur la prévention des risques biotechnologiques a pour ambition de servir de cadre réglementaire international à la croissance de lindustrie biotechnologique qui permet de réconcilier les intérêts du commerce international et les besoins de protection de lenvironnement. Le Protocole encouragera, en conséquence, lapplication écologiquement rationnelle de la biotechnologie, de manière quil soit possible de bénéficier du potentiel de la biotechnologie tout en réduisant le plus possible les risques pour lenvironnement et la santé humaine. Les gouvernements, les entreprises et la société civile pourront aussi plus facilement collaborer les uns avec les autres au renforcement de la prévention des risques biotechnologiques.
Le Protocole offre un certain nombre de moyens de promotion de la prévention des risques biotechnologiques:
La procédure daccord préalable en connaissance de cause - Le Protocole établit une procédure daccord préalable en connaissance de cause qui doit être appliquée avant le premier mouvement transfrontalier dun OVM destiné à lintroduction dans lenvironnement (par exemple des graines ou des poissons vivants). Dans ce cas, avant lexportation, lexportateur doit fournir, par écrit, au pays importateur, une description détaillée de lorganisme en question. Limportateur doit accuser réception de cette information dans les 90 jours puis autoriser explicitement le mouvement dans un délai de 270 jours ou indiquer les raisons pour lesquelles il refuse limportation de lOVM. (Labsence de réponse ne doit cependant pas être interprétée comme un consentement tacite.)
La procédure daccord préalable en connaissance de cause a pour objet de garantir que les pays dimportation ont à la fois la possibilité et la capacité dévaluer les risques éventuellement associés à un OVM avant daccepter son importation. Il convient de souligner que la procédure ne sapplique quau premier mouvement transfrontière intentionnel dun OVM destiné à être introduit dans lenvironnement. Elle ne sapplique pas aux OVM en transit dans un pays, aux OVM destinés à une utilisation en milieu confiné (dans un laboratoire scientifique par exemple) ou aux OVM destinés à être utilisés directement pour lalimentation humaine ou animale ou à être transformés (comme le maïs ou les tomates).
Le Centre déchange pour la prévention des risques biotechnologiques Le Protocole crée un Centre déchange pour la prévention des risques biotechnologiques afin de faciliter léchange dinformations scientifiques, techniques, écologiques et juridiques sur les organismes vivants modifiés. Le Centre déchange réunira également des informations sur les lois et règlements nationaux sappliquant aux OVM et qui ne sont pas couverts par la procédure daccord préalable en connaissance de cause - en dautres termes, les produits agricoles destinés à être utilisés directement pour lalimentation humaine et animale ou à être transformés et les OVM en transit ou destinés à une utilisation en milieu confiné. Cette information sera vitale car elle permettra aux gouvernements dappliquer le Protocole.
Le cadre dévaluation et de gestion des risques - Les gouvernements décideront dautoriser ou de refuser limportation dOVM après avoir évalué les risques associés. Ces évaluations seront réalisées selon des méthodes
scientifiques et par lapplication de techniques éprouvées dévaluation des risques. Toutefois, sil savère que les connaissances scientifiques pertinentes sont incomplètes, les pays importateurs pourront décider dappliquer lapproche de précaution et refuser limportation.
En outre, le Protocole exige des gouvernements quils mettent en place et appliquent des mécanismes, des mesures et des stratégies pour réglementer, gérer et maîtriser les risques définis lors des processus dévaluation des risques.
Le Protocole reconnaît aussi le droit des pays importateurs, lorsquils prennent une décision concernant limportation, de tenir compte de facteurs socio- économiques tels que la valeur de la diversité biologique pour les communautés locales et autochtones, en accord avec leurs obligations internationales.
Le renforcement des capacités - Le Protocole encourage la coopération internationale afin daider les pays en développement et les pays en transition économique à renforcer leurs ressources humaines et leurs capacités institutionnelles indispensables. Il encourage également les gouvernements à contribuer à la formation scientifique et technique et à promouvoir le transfert de technologie, de savoir-faire et de ressources financières. Comme le Protocole relève de la Convention sur la diversité biologique, les activités relatives à la prévention des risques biotechnologiques pourront bénéficier de lappui du «mécanisme de financement» de la Convention. Les gouvernements devraient également faciliter la participation du secteur privé aux efforts de renforcement des capacités.
La sensibilisation du public - Le Protocole est axé sur laction internationale mais reconnaît que les mesures prises au niveau national sont essentielles pour assurer le fonctionnement efficace des procédures du Protocole. Les gouvernements membres sengagent donc à promouvoir la sensibilisation du public, à garantir laccès du public à linformation et à consulter le public lors de la prise de décisions relatives à la prévention des risques biotechnologiques. Les gouvernements doivent aussi prendre des mesures au plan national pour empêcher les mouvements illicites et les libérations accidentelles dOVM et doivent notifier les États affectés ou qui pourraient être affectés lorsque se produit un mouvement transfrontière non intentionnel.
Les prochaines étapes
Le Protocole nentrera en vigueur et ne sera juridiquement contraignant pour ses membres que lorsque 50 gouvernements lauront signé puis ratifié. Lorsque ce sera chose faite, peut-être au début de 2002, un organe décisionnel, dénommé «Réunion des Parties au Protocole», gérera lévolution et lapplication du Protocole.
Jusque-là, les gouvernements continueront de débattre de la prévention des risques biotechnologiques et du Protocole dans le cadre dun Comité intergouvernemental pour le Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques, mandaté par la COP pour préparer la première Réunion des Parties au Protocole à partir de laquelle ce Comité cessera dexister. La biotechnologie étant destinée à gagner en puissance, à la fois en tant que science et en tant quindustrie, il ne fait guère de doute que le Protocole sur la prévention des risques biotechnologiques est appelé à demeurer, pour de longues années, tout en haut de lagenda international de lenvironnement.
La Convention sur la diversité biologique
La diversité biologique mondiale est une ressource immense et sous-évaluée. Elle comprend toutes les formes de vie - du plus petit microbe au plus grand mammifère - sans oublier les écosystèmes quelles composent. La diversité biologique fournit à lhumanité une abondance de biens et de services, des aliments aux fibres en passant par lénergie et par les gènes qui nous aident à lutter contre les parasites et les maladies. Elle sous-tend également les processus naturels qui permettent de combattre lérosion des sols, de purifier leau et lair et de recycler le carbone et les éléments nutritifs.
La diversité biologique na jamais été plus menacée quaujourdhui. On sait, depuis des décennies, que les activités anthropiques peuvent affecter la distribution et labondance des espèces, les systèmes écologiques et la variabilité génétique et, partant, mettre en péril, en tout lieu, les fondements mêmes de la vie.
Les années 1970 et 1980 ont vu un foisonnement dinitiatives qui visaient à mettre un terme à la disparition des espèces et à la destruction des habitats et des écosystèmes. Mais il est apparu, peu à peu, que le précieux réservoir de la diversité biologique terrestre ne pourrait être sauvé que par la coopération et le financement à léchelle internationale, étayés par ladoption dun instrument international juridiquement contraignant.
Cest dans ce contexte que la Convention sur la diversité biologique a été négociée sous les auspices du Programme des Nations Unies pour lenvironnement (PNUE), quelle a été adoptée en 1992 et quelle est entrée en vigueur en 1993. Elle a pour objet de conserver la diversité biologique, de veiller à lutilisation durable des ressources biologiques et dassurer le partage juste et équitable des avantages issus de lutilisation des ressources génétiques.
Pour dautres informations:
Le Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique fait également office de Secrétariat du Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques. Il a pour mandat de promouvoir la ratification du Protocole, de prendre des dispositions pour organiser les réunions du Comité intergouvernemental pour le Protocole de Cartagena sur la prévention des risques biotechnologiques et de faciliter laide aux Parties, en particulier dans les pays en développement. Son adresse :
Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique 393 Saint-Jacques, suite 300, Montréal, Québec, Canada H2Y 1N9 Tél.: + 1 (514) 288-2220 Télécopie: + 1 (514) 288-6588 Courrier: secretariat@biodiv.org Site web:
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