En cours au Siège de l'ONU

AG/1124

L'ASSEMBLEE DEMANDE LE RESPECT DES ENGAGEMENTS DE CHARM EL-CHEIKH ET INVITE A ASSURER LA CONCLUSION RAPIDE DU PROCESSUS DE PAIX

1 décembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1124


L’ASSEMBLEE DEMANDE LE RESPECT DES ENGAGEMENTS DE CHARM EL-CHEIKH ET INVITE A ASSURER LA CONCLUSION RAPIDE DU PROCESSUS DE PAIX

20001201

Elle adopte plusieurs textes sur la situation au Moyen-Orient et sur la question de Palestine

L'Assemblée générale, réunie en séance plénière, a adopté ce matin deux résolutions sur «La situation au Moyen-Orient». La première, intitulée «Jérusalem» a été adoptée par 145 voix pour, 1 contre (Israël) et 5 abstentions (Angola, Iles Marshall, Micronésie, Nauru, Etats-Unis). Aux termes de cette résolution, l’Assemblée constate que la décision prise par Israël d'imposer ses lois, sa juridiction et son administration à la ville sainte de Jérusalem est illégale et, de ce fait, nulle et non avenue et sans validité aucune. Elle déplore que certains Etats aient transféré leur mission diplomatique à Jérusalem, au mépris de la résolution 478 (1980) du Conseil de sécurité, et refusent de se conformer aux dispositions de cette résolution. La seconde résolution, relative au Golan syrien, a été adoptée par 96 voix pour, 2 contre (Israël et les Etats- Unis) et 55 abstentions. Aux termes de cette résolution, l'Assemblée générale constate une fois de plus que le maintien de l’occupation du Golan syrien et son annexion de facto font obstacle à l’instauration d’une paix d’ensemble, juste et durable dans la région et demande à Israël de reprendre les pourparlers dans les voies de négociation avec la République arabe syrienne et le Liban et de respecter les garanties et les engagements déjà convenus. L’Assemblée exige une fois de plus qu’en application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, Israël se retire de tout le Golan syrien jusqu’à la ligne du 4 juin 1967.

Le débat sur la situation au Moyen-Orient a vu sa participation de plusieurs délégations qui ont à nouveau affirmé qu’une solution à la question de Palestine est la clef d’un règlement global et durable du conflit au Moyen-Orient. Ces délégations ont demandé à Israël de mettre fin à sa politique d’implantation de colonies de peuplement et de ne pas recourir aux sanctions économiques contre le peuple palestinien. Le représentant d’Israël a évoqué les négociations de paix de son pays avec le Liban; il a regretté que le retrait israélien n’ait pu contribuer à restaurer la sécurité sur la frontière entre les deux pays et déploré les actes terroristes perpétrés contre son pays depuis le Liban. En ce qui concerne les relations avec la Syrie, le représentant a déclaré que son pays attend toujours une réponse de la Syrie aux propositions faites par son pays.

L'Assemblée générale a adopté en outre quatre autres résolutions sur la question de la Palestine. La première, relative au Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a été adoptée par 106 voix pour, 2 contre (Israël et Etats-Unis) et 48 abstentions. Aux termes de cette résolution,

l’Assemblée générale prie le comité de continuer à offrir sa coopération et son soutien aux organisations non gouvernementales palestiniennes et autres organisations non gouvernementales, afin de mobiliser la solidarité et l'appui de la communauté internationale en faveur de la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien ainsi que du règlement pacifique de la question de Palestine.

La seconde résolution, relative à la division des droits des Palestiniens, a été adoptée par 107 voix pour, 2 contre (Israël et Etats-Unis) et 48 abstentions. Aux termes de cette résolution, l’Assemblée générale prie le Secrétaire général de continuer de fournir à la Division les ressources dont elle a besoin et de veiller à ce qu’elle continue d’exécuter son programme de travail tel que décrit dans des résolutions antérieures sur la question, en consultation avec le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien et sous sa direction.

La troisième résolution, relative au Programme spécial d'information sur la question de Palestine du Département de l'information (Secrétariat), a été adoptée par 151 voix pour, 2 contre (Israël et Etats-Unis) et 2 abstentions (Micronésie, Iles Marshall). Aux termes de cette résolution, l’Assemblée générale prie le Département, agissant en coopération et en coordination étroite avec le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, de poursuivre, avec la souplesse nécessaire pour tenir compte, le cas échéant, de faits nouveaux intéressant la question de Palestine, son programme d’information jusqu’à la fin de l’exercice biennal 2000-2001 et en particulier de diffuser des informations sur toutes les activités du système des Nations Unies concernant la question de Palestine.

La résolution relative au règlement pacifique de la question de Palestine a été adoptée par 149 voix pour, 2 contre (Etats-Unis, Israël) et 3 abstentions (Iles Marshall, Micronésie, Nauru). Aux termes de cette résolution, l’Assemblée générale demande aux parties concernées, aux coparrains du processus de paix et aux autres parties intéressées, ainsi qu'à la communauté internationale tout entière, de déployer tous les efforts et de prendre toutes les initiatives nécessaires pour rapporter immédiatement toutes les mesures prises sur le terrain depuis le 28 septembre 2000, en application des engagements pris à Charm el- Cheikh, et d'assurer la conclusion effective et rapide du processus de paix. L’Assemblée souligne la nécessité de respecter les principes de la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien, en particulier le droit à l'autodétermination et le retrait d'Israël du territoire palestinien occupé depuis 1967.

Les représentants des pays suivants se sont exprimés: Fédération de Russie, Turquie, Israël, Chili, Ukraine, Indonésie, Norvège. Sur les résolutions relatives à la situation au Moyen-Orient, les Etats-Unis, la France (au nom de l'Union européenne et des pays associés) et l'Argentine ont expliqué leur vote. Le Liban, la République islamique d'Iran, la République arabe syrienne, l’Iraq, Israël ont exercé leur droit de réponse. Sur les résolutions relatives à la question de la Palestine, les Etats-Unis, Israël, la France (au nom de l'Union européenne et des pays associés) et le Mexique ont expliqué leur vote. L’Observateur de la Palestine a exercé son droit de réponse.

L'Assemblée générale reprendra ses travaux cet après-midi. Elle examinera le point 175 de l'ordre du jour relatif au rôle des diamants dans les conflits.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. ANDREI GRANOVSKY (Fédération de Russie) a regretté que la situation au Moyen-Orient reste marquée par l'instabilité, alors que le processus de négociation initié à Madrid en 1991 était porteur des réels espoirs de rapprochement entre les Arabes et Israël. Le représentant a déclaré qu'il est nécessaire de trouver des réponses adéquates, notamment en Cisjordanie et à Gaza où la situation est particulièrement critique. Il a affirmé que la Fédération de Russie est disposée à tout mettre en oeuvre pour contribuer à un règlement pacifique du conflit au Moyen-Orient. Il a ainsi rappelé que depuis le début de la crise, le Président Poutine est en contact téléphonique constant avec les dirigeants locaux et oeuvre en faveur de la reprise du dialogue entre Israël et les Palestiniens et entre Israël, la Syrie et le Liban. De même, il entretient avec les cosponsors du processus de paix des contacts réguliers afin d'amener les deux parties à faire des choix pacifiques. Le représentant a demandé que les recommandations faites à Charm el-Cheikh soient respectées et émis le souhait que la question du Golan syrien trouve une issue. Se félicitant du retrait des troupes du Sud-Liban conformément à la résolution 425 de l'ONU, il a en conclusion déploré que les événements récents aient occulté la portée politique de cet accord et il a exhorté la communauté internationale à utiliser le potentiel politique créé par ce retrait afin de faire avancer le processus de paix.

M. UMIT PAMIR (Turquie) a estimé que les différents conflits qui ont privé les peuples du Moyen-Orient du meilleur au cours du siècle qui s’achève, ne représentent pas l’héritage réel de cette région historique où les plus grandes traditions humaines trouvent leur origine. Le représentant a affirmé que le processus de paix constitue la seule chance véritable et viable pour le bien-être des générations futures. En tant que pays de la région, la Turquie craint les conséquences possibles de la poursuite des violences et d’une escalade dans le conflit. La violence ne devrait pas nous empêcher de mettre tout en oeuvre pour atteindre nos buts les plus nobles, en respectant les intérêts des peuples de la région. Le conflit israélo-palestinien se trouve au coeur du problème du Moyen- Orient. Il est aussi la clef de la solution, a déclaré le représentant, constatant par ailleurs que des progrès ont été enregistrés dans les discussions sur des questions délicates. Il a notamment cité l’exemple de Jérusalem qui devrait selon lui rester un symbole de tolérance et de coexistence, ses statuts religieux, culturel et historique conservés intacts pour tous. Avec la mondialisation, le destin des peuples est de vivre ensemble, côte à côte, et de prospérer ensemble, a-t-il dit.

M. YEHUDA LANCRY (Israël) a déclaré que, malgré les récents événements, des progrès ont été enregistrés au Moyen-Orient et les ennemis sont devenus progressivement des partenaires de paix, mettant fin à des décennies d’hostilité pour s’engager sur le chemin de la paix. Il a considéré que la première étape de ce changement a été la signature en 1979 de l’Accord de paix entre Israël et l’Egypte et, quinze ans plus tard, de l’Accord entre Israël et le Royaume de Jordanie. Les Accords d’Oslo ont été une étape décisive sur la voie de la paix ainsi que l’établissement de relations avec la Mauritanie et les relations entretenues par Israël avec le Maroc, la Tunisie, Oman, le Qatar et d’autres Etats d’Afrique du Nord et du Golfe. M. Lancry a espéré que le refroidissement de ces relations au cours des dernières semaines n’est que passager.

Le représentant a déclaré que la sécurité dans la région a été consolidée par le retrait des forces israéliennes du Sud-Liban en mai dernier en application de la résolution 425 du Conseil de sécurité. Il a ajouté que, conformément à ce que dit le Secrétaire général (S/2000/590), la zone appelée «Shaba» n’est pas libanaise, et il a donc rejeté les revendications des Libanais à l’égard d’Israël concernant cette zone. Il a regretté que le retrait israélien n’ait pu contribuer à restaurer la sécurité sur la frontière. Il a déploré les actes terroristes perpétrés contre son pays depuis le Liban, les qualifiant de violation massive de la Charte des Nations Unies et des dispositions de la résolution 425. Il a renouvelé la demande faite par Israël au Gouvernement libanais de respecter ses engagements internationaux et d’assurer la sécurité au Sud-Liban et sur la frontière, en coopération avec la FINUL. Il a regretté qu’au lieu d’oeuvrer à la stabilité, le Gouvernement libanais encourage les actes terroristes contre Israël. Il a demandé à la communauté internationale d’exercer une pression sur le Liban afin d’éviter une escalade de la violence.

Le représentant a ensuite abordé la question des relations avec la Syrie, soulignant que dans le prolongement de la Conférence de paix de Madrid en 1991, le Premier Ministre Barak et le Ministre des affaires étrangères syrien Farouk A- Shara se sont rencontrés en janvier de cette année et qu’Israël a alors présenté, selon les termes du Président Clinton, «une proposition territoriale significative» qui est restée sans réponse de la part de la Syrie, selon M. Lancry. Il a ajouté que, à la suite de la rencontre Clinton-Assad à Genève le 26 mars, le Président Clinton a déclaré «la balle est désormais dans son camp» en parlant du Président Assad. Il a poursuivi en déclarant qu’Israël est en attente d’une réponse syrienne.

M. Lancry a rappelé que la question de la stabilité dans la région implique plus que les voisins immédiats et a dénoncé le soutien que l’Iran continue d’apporter aux terroristes du Hezbollah qui luttent contre l’existence de l’Etat d’Israël. Il a mis en garde contre la fabrication d’armes chimiques et de missiles de longue portée par l’Iran, regrettant que ce pays soit encore orienté dans une logique d’anéantissement de l’Etat d’Israël, malgré les propositions de «dialogue entre les civilisations» mises en avant par le Président Khatami à l’ONU. Il a également dénoncé l’entêtement de l’Iraq à fabriquer des armes de destruction massive, ajoutant que cela est d’autant plus inquiétant que l’Iraq n’a pas hésité à envoyer des douzaines de missiles sur des villes israéliennes en pleine guerre du Golfe. Il s’est inquiété du refus de l’Iraq de se plier aux exigences du Conseil de sécurité.

Au-delà de ces pays qui souhaitent la destruction d’Israël, M. Lancry a souhaité mettre l’accent sur les Etats qui veulent aboutir à la paix, ajoutant que depuis 1978 l’Etat d’Israël a démontré sa volonté de faire des compromis au service de la paix. Il considère que la paix au Moyen-Orient passe par la délimitation claire des frontières afin que cessent les conflits territoriaux, par la définition d’un cadre propice à la sécurité régionale en éliminant les éléments extrémistes, par l’amélioration des conditions de vie des populations, par la création d’un environnement économique attrayant pour les investissements et porteur de développement économique et social.

Enfin, le représentant a déclaré que des relations normales et pacifiques entre voisins ne pouvaient qu’être facilitées par la conclusion de traités de paix et par la reconnaissance mutuelle entre partenaires. Il a regretté qu’en dépit de la volonté israélienne de faire la paix, de nombreux Etats rejettent toujours l’existence de l’Etat d’Israël et soutiennent les actes terroristes. Il a conclu en souhaitant que la paix au Moyen-Orient ne soit plus un rêve, assurant que l’aboutissement du processus de paix serait une victoire pour tous les peuples du Moyen-Orient et pour les générations futures.

M. JUAN EDUARDO EGUIGUREN (Chili) a exprimé la satisfaction de sa délégation à l’égard du fait qu’Israël se soit conformé à la résolution 425 en retirant ses troupes du Sud-Liban. D’un autre côté, a-t-il indiqué, le Chili espère que les discussions entre Israël et la République arabe syrienne sur la question du Golan, en conformité avec les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, reprendront au plus vite. En ce qui concerne la crise que traverse actuellement la région, nous espérons que les parties appliqueront sans plus attendre la résolution 1322 du Conseil de sécurité et les compromis de Charm el-Cheikh; nous saluons la création de la Commission d’établissement des faits et espérons qu’elle pourra commencer à travailler rapidement.

Le représentant a rappelé que la politique extérieure du Chili s’appuyait sur les principes suivants valables également au Moyen-Orient: la solution pacifique des controverses, le respect des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, en particulier ses résolutions 242 et 338, le droit international humanitaire, la reconnaissance du droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et le droit des Israéliens et des Palestiniens à vivre à l’intérieur de frontières sûres et reconnues internationalement.

M. VALERI P. KUCHYNSKI (Ukraine) a estimé que la résurgence de la violence dans les territoires palestiniens, en Israël et au Sud-Liban au cours des deux derniers mois a conduit le processus de paix au Moyen-Orient à son étape la plus cruciale depuis des décennies. L’Ukraine condamne les actes de violence excessive et sans distinction et l’usage de la force perpétrée contre des civils palestiniens et prie instamment Israël d’y mettre fin immédiatement. Tout doit être fait pour s’assurer du respect de la quatrième Convention de Genève, a-t-il dit. Israël doit aussi mettre fin à sa politique de colonisation des territoires palestiniens occupés et ne plus avoir recours aux sanctions économiques en représailles contre les populations palestiniennes. Le représentant a déclaré que l’Ukraine, en tant qu’Etat nouvellement indépendant comprend les aspirations légitimes du peuple palestinien en matière de justice, de liberté et de dignité. De même, il a reconnu à Israël le droit de bénéficier de frontières sûres et reconnues, rejetant par ailleurs tous les actes terroristes quels que soient leurs buts politiques.

La violence engendre la violence, a dit le représentant. A ce stade critique, Israéliens et Palestiniens doivent faire preuve de courage politique, de sagesse et de retenue. Il faut que les deux parties reprennent leurs négociations dans les plus brefs délais, a-t-il ajouté. La communauté internationale et les Nations Unies doivent tout mettre en oeuvre pour éloigner le spectre d’un conflit de grande envergure dans la région. L’Ukraine est d’avis qu’il n’est pas de règlement possible du problème du Moyen-Orient sans solution acceptable à toutes les composantes du différend israélo-arabe. A cet égard, le représentant s’est félicité des progrès enregistrés avec le retrait d’Israël du Sud-Liban. Il s’est cependant inquiété de la nouvelle éruption de violence à la frontière libanaise la semaine dernière et a regretté que les négociations entre Israël et la Syrie soient au point mort depuis longtemps.

M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie) a déploré qu’une agression militaire se soit substituée aux négociations de paix au Moyen-Orient, que le peuple palestinien, y compris des civils innocents, des femmes et des enfants, paye le tribut le plus lourd à la campagne de violence qui a dévasté les infrastructures de l’économie palestinienne naissante. Compte tenu du danger d’une escalade de la violence et d’une extension du conflit, le déploiement d’une force de protection des Nations Unies dans la région devrait être mis à l’étude sans délai, a estimé le représentant. Il faut enjoindre à Israël de cesser son agression sans condition préalable, car une nouvelle escalade sur le terrain pourrait avoir des conséquences incalculables et incontrôlables pour tout le Moyen-Orient et le reste de la planète, a-t-il dit.

La paix est illusoire si elle repose sur des accords non respectés, des délais expirés et des engagements non tenus. La paix n’est pas possible quand des accords sont rendus possibles alors que sur le terrain s’exercent des politiques indéfendables. Le représentant a cité l’expansion des colonies de peuplement, la confiscation des terres arabes, la destruction des maisons palestiniennes et l’étranglement de l’économie dans les territoires palestiniens. Il a affirmé que tout accord doit se fonder sur les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité et le retrait d’Israël de tous les territoires occupés, y compris Jérusalem et le Golan syrien. Par ailleurs, les Nations Unies devraient jouer un rôle actif dans le règlement de cette question, a encore ajouté le représentant.

M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a exprimé sa préoccupation face à l’escalade de la violence au Moyen-Orient qui menace la logique de la paix. La délégation de la Norvège considère que seule une vision claire et un profond sens de l’histoire peuvent maintenir le processus de paix sur les rails et rappelle que les Israéliens et les Palestiniens ont accompli des progrès décisifs ces dernières années. La Norvège est convaincue que, malgré les événements, les négociations se poursuivront au détriment de la violence. M. Kolby a appelé au sens des responsabilités des deux parties qui doivent éviter de céder à la provocation et mettre en oeuvre les Accords conclus à Charm el-Cheikh. Il s’est félicité de la possibilité envisagée par le Conseil de sécurité de déployer une présence internationale dans les territoires palestiniens.

Le représentant considère en outre que le retour de la paix est indissociable du développement économique des territoires palestiniens et a souligné l’importance du rôle de la communauté internationale à cet égard. Il a demandé à Israël de lever le blocus imposé à Gaza et à la Cisjordanie et de contribuer au relèvement de l’économie palestinienne. Il a conclu en déclarant que le Sommet de Camp David avait été une étape significative et que jamais auparavant les chances de parvenir à un accord de paix n’avaient été aussi évidentes, tout comme la perspective de l’échec peut être désastreuse.

Explications de vote

Le représentant des Etats-Unis a déclaré que les Etats-Unis continuent de soutenir le processus de paix au Moyen-Orient et assuré qu'ils feront tout pour aider les parties à aboutir à un accord négocié. Il a souhaité que le débat à l'Assemblée générale puisse conduire les parties à la table des négociations et a rappelé que la Syrie et Israël continuent d'affirmer publiquement qu'ils sont favorables à la poursuite du processus de paix et s'est inquiété de l'impact négatif des résolutions telles que celle intitulée «Le Golan syrien» sur ce processus. Il a déclaré que son pays s'abstiendra au cours du vote de la résolution sur Jérusalem, convaincu que l'avenir de Jérusalem doit être déterminé par une négociation sur son statut définitif.

Le représentant de la France a déclaré que l’Union européenne s’était abstenue lors du vote de la résolution A/55/L.50 relative au Golan syrien car cette résolution comporte des références géographiques qui préjugent du résultat des négociations bilatérales.

Le représentant de l'Argentine a déclaré que son pays a voté en faveur de la résolution relative au Golan syrien, en vertu de l'Article 2.4. de la Charte des Nations Unies qui interdit qu'un Etat utilise la force contre l'intégrité territoriale d'un autre Etat. Le représentant a également exprimé ses réserves par rapport à l'Article 6 de la résolution qui stipule qu’Israël se retire de tout le Golan syrien jusqu’à la ligne du 4 juin 1967.

Droits de réponse

Le représentant du Liban a rejeté le fait que l’on donne l’impression d’accuser le Liban comme si c’était lui qui était force d’occupation et pas le contraire. L’occupation israélienne qui a fait beaucoup de morts et de blessés a endommagé ses infrastructures. Depuis le 24 mai, date du retrait d’Israël, ce pays n’a cessé de violer la résolution: violation de l’espace aérien et des frontières. Israël a essayé d’infiltrer les eaux territoriales et a tiré sur un navire, a-t-il déclaré. Concernant le Shaba, nous avons adressé des mémorandums à l’ONU établissant clairement la souveraineté du Liban sur cette région. Nous craignons qu’Israël utilise les Nations Unies comme couverture, que le retrait ne soit qu’une couverture et qu’en fait il menace le Liban. Nous craignons une attaque. Le récent retrait n’est qu’une couverture qui ne doit pas masquer le fait qu’Israël ne satisfait pas aux résolutions de l’ONU. Il a expliqué que le Liban coopérait pleinement avec la FINUL et l’ONU et que rien ne menaçait la paix et la sécurité dans la région.

Le représentant de l’Iran a déclaré ne pas s’étonner que le régime sioniste fasse des remarques «absurdes». Il a indiqué que l’Iran veut que la paix et la justice règnent au Moyen-Orient et l’affirmation concernant les bombes en Argentine n’étaient qu’une façon de détourner l’attention. L’Iran est en faveur des instruments de contrôle de l’armement alors qu’Israël persiste à ne pas ratifier le Traité de non-prolifération au Moyen-Orient, ce qui représente une menace à la paix et à la sécurité dans la région, a-t-il souligné. Dans le domaine des armes chimiques et biologiques, la réputation d’Israël n’est guère bonne et cela constitue une préoccupation majeure de la communauté internationale, a observé le représentant.

Le représentant de la République arabe syrienne a reproché au représentant d’Israël de déformer la réalité et d’avoir prononcé un discours qui reflète la logique agressive de son pays, réitérant ses menaces contre les pays arabes. Il a dénoncé le fait que le discours du représentant d’Israël n’ait mentionné ni l’occupation israélienne des terres arabes, ni la résolution de 1967 relative aux territoires occupés, ni les implantations dans les territoires occupés, ni l’occupation de Jérusalem, de la Cisjordanie et du Golan syrien. Il a accusé Israël de leurrer les représentants siégeant à l’Assemblée générale, essayant de mettre en doute la sincérité des dirigeants arabes. Le représentant a par ailleurs déclaré qu’Israël ne respecte pas les résolutions du Conseil de sécurité, n’a pas mis en oeuvre la résolution 425 en totalité et n’a pas réglé la question des prisonniers libanais. La Syrie a fait de la paix un choix stratégique, a-t-il affirmé, mais elle s’opposera à toute capitulation face à Israël et restera fidèle à la légitimité internationale. Il a, en conclusion, demandé que la ligne de juin 1967 soit respectée et qu’Israël se conforme aux résolutions pertinentes de l’Assemblée générale, dont celles qui viennent d’être adoptées.

Le représentant de l’Iraq a fait valoir que la situation dans les territoires palestiniens depuis deux mois témoigne de la nature véritable du régime sioniste. La délégation de l’entité sioniste a parlé de mon pays en faussant la réalité, a-t-il déclaré. Tout le monde sait que cette entité n’a jamais manifesté le moindre attachement au respect des résolutions de l’ONU. C’est donc le dernier à pouvoir demander aux autres de respecter les résolutions. L’entité sioniste dispose du plus grand arsenal de destruction massive avec plus de 200 ogives nucléaires qui menacent l’ensemble des nations arabes. Un tel niveau d’armements ne pourra être réalisé sans la coopération d’un membre permanent du Conseil de sécurité, lui-même dépositaire du TNP. Si le représentant de l’entité sioniste rêve et croit que ses espions retourneront en Iraq, il se fait des illusions comme il se fait des illusions quand il croit pouvoir empêcher la création d’un Etat palestinien qui, un jour, ira de la mer au fleuve.

Le représentant d'Israël, répondant aux représentants de l'Iraq et de la République islamique d'Iran, a déclaré qu'Israël est fier d'être une entité sioniste avant d'ajouter que la réputation des régimes iraqien et iranien est si solidement établie, en particulier à la suite du conflit Iran-Iraq et de l'invasion du Koweït, que seule la communauté internationale est à même de juger par elle-même. Concernant le Liban, il a souligné que le retrait militaire de mai, en application de la résolution 425 a été effectué pour mettre fin à un nouveau foyer de tension, rappelant les réticences de la Syrie et du Liban, le Président syrien ayant alors mis en garde Israël contre le risque de se retirer dans les circonstances qui prévalaient sous peine de créer une poudrière.

Le représentant a ajouté que le retrait israélien a laissé le gouvernement libanais dans une indifférence face à son obligation d'assurer la sécurité et la souveraineté sur son territoire, conformément à la résolution 425. Il considère que cette indécision s'avère être une démarche périlleuse, condamnant le refus du gouvernement libanais de prendre ses responsabilités et le contrôle du Sud Liban par le Hezbollah. Il a souhaité la coexistence pacifique entre Israël et le Liban avant de dénoncer les agressions contre Israël le long de la Ligne bleue et dans les territoires de Shaba qui ne sont pas libanais selon les Nations Unies et dont la définition du statut est liée à l'issue du processus de négociation entre Israël, la République arabe syrienne et le Liban.

Le représentant de la République arabe syrienne aurait préféré que le représentant d’Israël réagisse mieux au vote d’aujourd’hui. Il a noté qu’Israël a été condamné pour des crimes commis quotidiennement. Il aurait fallu ne pas continuer à falsifier les faits et l’histoire, a-t-il déclaré. Résolutions et Sommets internationaux ont affirmé qu’Israël doit se retirer de la totalité des territoires occupés, y compris du territoire libanais et des fermes du Shaba. Le représentant d’Israël devrait expliquer pourquoi il veut rester au Shaba et dans le Golan.

Le représentant du Liban a rappelé que son pays s'est battu pendant 22 ans contre l'occupation israélienne. Il a déclaré que le Liban n'est pas une île et a demandé au représentant d'Israël si après autant d'années d'occupation il s'attendait à ce que les jeunes Libanais envoient des fleurs et du riz aux militaires israéliens au lieu de leur lancer des cailloux comme ils le font pour réagir contre l'agression.

Le représentant d’Israël a estimé que la litanie sur ces 22 ans d’occupation du Sud-Liban méritait d’être définie. Il a déclaré que ces 22 ans correspondaient très strictement aux 22 ans d’agressions venues du Sud-Liban contre Israël. Je peux en témoigner, a-t-il indiqué, j’étais alors maire d’une ville frontalière, je peux témoigner des attaques à la roquette sur des populations civiles en provenance de ce que l’on appelait alors le Fatah Land. Et ces agressions se poursuivent. J’ai parlé de celle qui vient de se produire contre une patrouille israélienne. Nous répétons que nous avons évacué tous le territoire libanais et cela a été confirmé par une résolution du Conseil de sécurité. On ne peut pas toujours mettre en avant de façon sélective les résolutions de l’ONU. Nous voulons bien écouter certains donneurs de leçons en matière d’évacuation mais il faut d’abord qu’ils se les donnent à eux même, s’il y a encore des traces d’occupation au Liban, elle n’est pas israélienne, a-t-il conclu.

Le représentant de l'Iraq a pris la parole pour réagir aux propos du représentant de l'entité sioniste qui lui donnent la nausée. Il a déclaré que l'entité sioniste est fondée sur l'occupation depuis 50 ans et ajouté que toutes les délégations savent à quel point l'occupation israélienne est mauvaise.

QUESTION DE PALESTINE

Explications de vote

Expliquant son vote, le représentant des Etats-Unis a déclaré que son gouvernement s’oppose aux résolutions concernant la question de Palestine. Il a estimé que trois d’entre elles appuient des institutions dont les activités et l’approche continuent d’être déséquilibrées et dépassées. L’Assemblée générale devrait concentrer son travail sur la recherche des moyens de créer une atmosphère positive sur la question, a-t-il dit. Le cycle de la violence doit prendre fin. Les pertes tragiques en vies humaines, dans les rangs palestiniens mais aussi israéliens, ne peuvent que causer du tort au processus de paix qui a été jusqu’à récemment une source d’espoir pour toute la région. L’Assemblée générale devrait soutenir le processus de négociation et les efforts déployés pour parvenir à un accord pouvant déboucher sur un règlement pacifique des différends. Elle ne devrait pas, en revanche, relayer des critiques unilatérales ou autoriser le gaspillage de fonds pour soutenir des comités et des rapports anachroniques, a encore affirmé le représentant.

Les Etats-Unis ont travaillé dur et continueront dans cette voie pour promouvoir une paix acceptable, juste et durable au Moyen-Orient. Les négociations entre Israël et les Palestiniens ont fait des progrès significatifs et pourraient en enregistrer d’autres si les discussions reprennent. Les résolutions adoptées aujourd’hui ne font que compliquer les efforts fournis par les différentes parties pour arriver à une solution. Nous suggérons que les membres de l’Assemblée générale se posent cette question: «ces résolutions tiennent-elles compte concrètement, pratiquement, des intérêts du peuple palestinien et notamment de son désir de créer un Etat?», a dit le représentant américain. La réponse de la délégation des Etats-Unis est évidente, c’est pourquoi elle votera contre les quatre résolutions présentées au titre de ce point et invite les autres délégations à faire de même.

Le représentant d’Israël a expliqué pourquoi sa délégation vote contre les résolutions L.45, L.46, L.47 et L.48. Il a parlé de recyclage de textes dépassés, année après année. Selon lui, le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien et la Division du Secrétariat pour les droits des Palestiniens, ont depuis leur création, fait obstacle au dialogue en dressant un portrait sans nuance du conflit israélo-arabe. Ces deux organismes dépensent des ressources précieuses qui pourraient être investies dans des projets répondant aux besoins réels des Palestiniens en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, a-t-il dit. Selon lui, certains textes présentent une version déformée et tronquée du conflit. Il a rappelé que tous les progrès réalisés au Moyen-Orient ont été rendus possibles uniquement grâce à des négociations directes entre les parties concernées, considérant que certains textes de résolution menacent l’intégrité et les bases mêmes du processus de paix.

M. CHRISTOPHE BIGOT (France) a expliqué le vote de l’Union européenne sur les projets de résolution intitulée «Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien» et «Division des droits palestiniens du Secrétariat». Il a indiqué que l’Union européenne regrette que le mandat des deux entités des Nations Unies en charge de «la question de Palestine» ne reflètent pas suffisamment l’esprit du processus de paix. C’est pourquoi l’Union européenne, comme les années précédentes, s’est abstenue lors du vote de ces deux projets de résolution.

Le représentant du Mexique, dans son explication de vote, a déclaré que sa délégation a voté en faveur de la résolution L.48, mais qu’elle voudrait préciser certains points du paragraphe trois du dispositif: la formule de l’échange terre contre paix a prouvé son utilité dans la recherche d’une solution au conflit entre Israël et les Palestiniens. Cependant, il semble risqué d’en faire un principe universel à appliquer à tous les conflits, a-t-il dit. Nous devons reconnaître que l’acquisition de terres par la force est inadmissible. Comme corollaire à cela, nous devons également conclure que toutes les terres occupées lors d’un conflit armé doivent être rétrocédées à leur propriétaire légitime sans condition. Selon le représentant, la formule utilisée dans le préambule de la résolution L.50 concernant le Golan syrien à propos de l’échange terre contre paix, semble plus appropriée pour en décrire les termes.

L'Observateur permanent de Palestine a exprimé sa reconnaissance aux Etats Membres qui ont soutenu les résolutions adoptées à une large majorité, renouvelant sa gratitude aux pays amis qui ont coparrainé ces résolutions. Il a souligné que ces résolutions serviront la cause du peuple palestinien et la région du Moyen- Orient en général et constitueront un message de solidarité avec le peuple palestinien dans ces moments difficiles. Ces résolutions réaffirment la responsabilité des Nations Unies dans le règlement de la question de Palestine et constituent un message adressé à Israël a-t-il déclaré. L'Observateur a mis l'accent sur l'importance de la résolution intitulée «Jérusalem» qui rejette l'occupation israélienne de cette ville. Il a conclu en souhaitant qu'à la prochaine session la Palestine soit admise comme Etat Membre des Nations Unies.

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