En cours au Siège de l'ONU

AG/1122

DES DELEGUES LANCENT DES MISES EN GARDE CONTRE LA SITUATION EXPLOSIVE DANS LES TERRITOIRES OCCUPES

30 novembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1122


DES DELEGUES LANCENT DES MISES EN GARDE CONTRE LA SITUATION EXPLOSIVE DANS LES TERRITOIRES OCCUPES

20001130

La paix est à portée de main, déclare le représentant d’Israël

Le débat qui s'est poursuivi ce matin en séance plénière de l'Assemblée générale sur la question de Palestine a continué à traduire l'irritation de nombreuses délégations à voir cette question revenir pour examen devant l'Assemblée avec une situation qui, loin d'avoir progressé, vient de connaître une nouvelle dégradation. La communauté internationale s'est vu rappeler sa responsabilité historique à l'égard du peuple palestinien, 52 ans après que l’Assemblée générale lui ait reconnu le droit de créer un Etat indépendant et après que des séries de résolutions eurent été adoptées sur cette question. Il a été décrit comment ce droit à l'autodétermination des Palestiniens leur a été dénié, comment s'y est substituée dans la réalité l'occupation des territoires et comment cette occupation s'est concrétisée par des colonies de peuplement toujours plus nombreuses et par des implantations devenues casernements militaires.

Des avertissements ont été lancés, mettant en garde à la fois la communauté internationale et Israël contre la situation explosive qui a ainsi été créée. Plusieurs délégués ont dressé la liste des conditions nécessaires à leurs yeux à la relance du processus de paix : retrait des troupes d'occupation, arrêt de la judaïsation de Jérusalem et des colonies de peuplement, fin des sanctions collectives à l’encontre de la population palestinienne, mise en oeuvre des accords de paix déjà conclus. Nombreux ont été ceux qui se sont dit favorables à une présence internationale dans les territoires occupés.

«Il ne fait aucun doute qu'un Etat palestinien sera finalement créé, a notamment déclaré le représentant du Ghana. Quel que soit le prix à payer en termes de souffrances humaines, il est inconcevable qu'un peuple à la culture et à l'identité politique propres, reste à jamais soumis à l'occupation étrangère. Israël et la Palestine sont destinés à coexister en tant que voisins». Quant au représentant de la République islamique d’Iran, il a rappelé que le neuvième Sommet de l’Organisation de la Conférence islamique, réuni à Doha, venait de décider de demander au Conseil de sécurité la création d’un tribunal pénal international et il a réclamé que les responsables des crimes perpétrés contre les Palestiniens soient traduits en justice.

Pour le représentant d’Israël, la question de la Palestine n'est plus aujourd'hui ce qu'elle était il y a un demi siècle. «A cette époque, a-t-il fait valoir, Israël était en guerre contre tous ses voisins, chacun d'entre eux étant engagé à détruire l'Etat juif nouvellement créé. Tous les Etats membres de la Ligue arabe et les dirigeants palestiniens avaient à l'époque, en 1947, rejeté catégoriquement la résolution 181 (II) de l'Assemblée générale. Plutôt que de se conformer à la volonté de la communauté internationale, ces Etats avaient choisi la voie de l'agression militaire. Une agression dont le seul succès a été de réduire à néant la résolution 181 mais qui n'a pas réussi à détruire l'Etat d'Israël». Il a également rappelé que, «depuis lors sous la conduite de dirigeants, courageux et visionnaires, tant arabes qu'israéliens», Israël, l'Egypte et la Jordanie avaient conclu la paix. La question de Palestine, a-t-il fait valoir, n'est plus aujourd'hui de savoir comment parvenir à un règlement mais si nous sommes prêts à négocier ce règlement. Du côté israélien, la réponse est claire: Israël a montré son engagement en faveur de l'Accord d'Oslo. Des progrès ont été faits sur tous les fronts. Il a rappelé que M. Barak avait déjà fait savoir qu'il serait prêt à accepter la proclamation d'un Etat palestinien sur la base de négociations et d'un compromis avec Israël. La paix était à portée de main, a-t-il déclaré.

Se sont exprimés ce matin les représentants des pays suivants: Malaisie, Arabie saoudite, Bangladesh, Sri Lanka, Tunisie, Afghanistan, Japon, Ghana, République islamique d'Iran, Indonésie, Pakistan, Liban, Namibie, Qatar, France, au nom de l’Union européenne et des pays associés, République démocratique populaire lao, Cameroun, Israël. L’Observateur permanent de la Palestine a exercé son droit de réponse.

L’Assemblée se prononcera sur les projets de résolution, présentés dans le cadre de l’examen de cette question, demain matin vendredi 1er décembre. Elle se réunira cet après-midi à partir de quinze heures pour engager l’examen de la question du Moyen-Orient.

QUESTION DE PALESTINE

Les rapports et projets de résolution sur ce point ont été présentés hier dans notre communiqué AG/1121.

Déclarations

M. MOHAMAD YUSOF AHMAD (Malaisie) a déclaré que son pays condamne fermement l’usage excessif et disproportionné de la force par l’Armée israélienne contre des civils palestiniens, ainsi que les sanctions collectives infligées aux Palestiniens, telles que l’interdiction de la circulation des personnes, des biens et des ressources. Ces actions constituent de graves entorses à la quatrième Convention de Genève qui s’applique aux territoires occupés par Israël depuis 1967, a ajouté le représentant. Le représentant a demandé que des mesures spécifiques soient prises afin de mettre fin aux violences perpétrées contre le peuple palestinien. Ainsi, il a prié la communauté internationale d’examiner avec attention la requête palestinienne, demandant qu’une protection ou une force d’observation des Nations Unies soit déployée pour surveiller la situation sur le terrain. Par ailleurs, un retour à la normale implique qu’Israël retire ses forces armées, rétablisse la libre circulation des personnes et des marchandises, lève ses sanctions contre l’Autorité palestinienne et fasse preuve de retenue dans la gestion délicate de la crise actuelle, a ajouté le représentant. Il a en outre affirmé que son pays soutient la juste et légitime lutte des Palestiniens en faveur de l’autodétermination et du droit à établir un Etat indépendant et souverain avec comme capitale Al Qods Al Charif. Ceci, ainsi que la mise en oeuvre de toutes les résolutions internationales sur la question de Palestine, est la seule garantie d’une paix durable entre la Palestine et Israël, a-t-il ajouté, avant de conclure en disant que la Malaisie, en tant que fervent et inébranlable défenseur du peuple et des dirigeants palestiniens, est coauteur des quatre résolutions considérées aujourd’hui par l’Assemblée générale.

M. FAWZI BIN ABDOUL MAJEED SHOBOKSHI (Arabie saoudite) a regretté que la situation en Palestine ait atteint un tel degré de violence en raison du refus d’Israël de se conformer aux accords et résolutions de l’ONU. Les forces d’occupation israéliennes sont plus violentes que toutes les forces d’occupation jamais connues et laissent derrière elles un grand nombre d’orphelins et de veuves. Il a fait observer que c’était une pratique israélienne courante que de se rendre sur l’Esplanade des Mosquées, à Al-Aqsa, comme l’a fait Ariel Sharon en septembre dernier. Le représentant a condamné cette provocation et l’agression israélienne qui s'en est suivie. Il a estimé que la révolte palestinienne est une réponse légitime à la persécution et seul Israël est responsable de la violence actuelle. Le représentant a noté qu'avec le bouclage des territoires palestiniens, c'est aussi toute l'économie dans les territoires occupés qui s'effondre car les Palestiniens ne maîtrisent pas leurs ressources. Tous ces événements portent donc à croire qu’Israël n’a pas renoncé à la politique de puissance et n’est pas prêt à une réconciliation avec les pays arabes.

Après avoir condamné une fois de plus tous les actes de violence et les agressions israéliennes, le représentant a lancé un appel à la communauté internationale pour que les coparrains du processus de paix mettent fin à la politique d’expansion d’Israël. Israël doit rendre tous les territoires occupés en 1967, rendre la terre aux Palestiniens et ne pas s'opposer à leur droit de retour, a déclaré le représentant, qui a précisé que le sort d’Al Qods est une question arabe et qu’aucune concession ne sera faite sur ce point. En conclusion, il a demandé que les résolutions du sommet de Charm el-Cheikh soient appliquées, et notamment que la commission d’enquête sur le terrain puisse faire son travail et veiller à ce que les massacres commis par les forces d'occupation cessent et que les coupables soient arrêtés.

M. KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a fait observer que toute occupation étrangère constituait une violation flagrante des droits de l'homme et que prolonger cette occupation ne pouvait que porter atteinte au processus de réconciliation. L'occupation de la Palestine et d'autres territoires arabes par Israël représente une grave violation du droit international, a-t-il fait valoir. L'implantation de colonies de peuplement dans les territoires occupés a toujours été une source de tension. Nous sommes désappointés par le fait que sur les 194 colonies implantées dans les territoires occupés, 67 aient été agrandies ou créées depuis la signature des Accords d'Oslo.

Le Bangladesh condamne absolument la politique israélienne de violation systématique des droits de l'homme fondamentaux dans les territoires occupés et exprime sa totale solidarité avec ses frères palestiniens et arabes à cet égard, a déclaré le représentant. Il a par ailleurs condamné l'attaque à la bombe d'un bus scolaire qui a coûté la vie à deux civils et blessé plusieurs écoliers. Il s’agit tragiquement d'un acte de terrorisme, a-t-il dit.

En conclusion, le Bangladesh réaffirme que les Nations Unies ont une responsabilité permanente à l'égard des territoires palestiniens et des autres territoires arabes sous occupation israélienne jusqu'à ce qu'un accord global juste et durable ait été conclu, a-t-il fait valoir. Ma délégation estime que le déploiement d'observateurs internationaux contribuerait grandement à améliorer la situation

M. JOHN DE SARAM (Sri Lanka) a estimé que les évènements tragiques et choquants qui se sont produits dans les territoires occupés ces dernières semaines, dont les pertes lourdes en vies humaines, les blessés et les destructions massives de biens, prennent une signification toute particulière alors que l’Assemblée générale examine la question de Palestine. Selon le représentant, les conséquences directes et indirectes de l’occupation des territoires palestiniens pendant une période prolongée a provoqué un traumatisme pour l’occupé autant que pour l’occupant. Le Sri Lanka se félicite du fait que malgré les obstacles et les retards, la communauté internationale a permis au processus de paix de progresser graduellement. Cependant, les événements qui se sont produits dans les territoires occupés nous ont rappelé que quand les émotions humaines les plus fortes sont en conflit, quand un sentiment de frustration et de désespoir apparaît, quand la tension atteint un niveau proche du danger, la sensibilité et la prévenance sont de mise pour éviter que l’éruption de la violence ne balaye tout sur son passage, même les innocents et les enfants. L’humanité a échoué dans cette tâche une fois encore et la violence a parlé, a déclaré le représentant, espérant un rapide retour au calme et au dialogue en faveur du processus du paix.

M. SAID BEN MUSTAPHA (Tunisie) a fait observer que la question de Palestine examinée comme chaque année par l'Assemblée générale, l'était cette année dans un climat détérioré. Cette détérioration a commencé avec la visite du dirigeant du Likhoud qui a entraîné une escalade de la tension et un nouveau cycle de la violence qui a fait 300 morts et 3 000 blessés, a-t-il fait observer. Nous avons alors assisté de la part d'Israël à toutes les formes de répressions possibles, et à une escalade de la violence sans précédent en totale violation de la quatrième Convention de Genève.

La Tunisie, a déclaré le représentant, est totalement solidaire de la lutte du peuple palestinien. Les Nations Unies doivent le soutenir dans cette situation par l'envoi d'une force d'interposition. Il faut également que la commission d'établissement des faits enquête au plus vite sur les actes criminels perpétrés par Israël. L'évolution de la situation est telle qu'une explosion peut à tout moment se produire. C'est celle d'un peuple qu'on continue d'asservir grâce à l'occupation. Elle appelle une solution politique. Si nous voulons tourner la page et empêcher la réédition de ses crimes, il faut que la communauté internationale soit à la hauteur de ses responsabilités, il faut remettre le processus de paix sur ses rails.

Le représentant a indiqué qu'on ne parviendrait pas à un règlement durable de la question sans que soient prises les mesures suivantes: retrait des Israéliens des hauteurs du Golan syrien, arrêt de l'oppression contre le peuple palestinien sans défense, retrait d'Israël des territoires occupés, mise en oeuvre des accords de paix, fin de la judaïsation de Jérusalem, recouvrement des droits des Palestiniens et la création d'un Etat indépendant avec Jérusalem pour capitale.

M. RAVAN A.G. FARHAD (Afghanistan) a déclaré que 33 ans après le vote de la résolution 242, et alors que le peuple palestinien continue de subir des épreuves et des agressions quotidiennes, il est compréhensible que l’impatience des Palestiniens ait atteint des niveaux inégalés. Non seulement les droits inaliénables du peuple palestinien, tel le droit à l’autodétermination, sont restés lettre morte, mais l’occupation par la force des territoires palestiniens s’est perpétrée et Israël y a autorisé et encouragé les implantations, a affirmé le représentant. Maintenant ces implantations sont devenues des casernes militaires et doivent être protégées par les armes, a-t-il ajouté, avant de noter qu’Israël a essayé de s’agrandir aux dépens d’autres Etats alors que les Palestiniens souhaitent juste vivre sur leurs terres. Le représentant a demandé que le processus de paix reprenne conformément au Mémorandum de Charm el-Cheikh et octroie aux Palestiniens les droits qui sont les leurs, à savoir le droit à l’autodétermination, le droit au retour et le droit à Jérusalem, la ville sainte. En conclusion, le représentant a demandé qu’une commission d’enquête soit créée afin de mettre au clair ce qui s’est passé et que des observateurs de l’ONU soient envoyés dans les territoires occupés par Israël depuis 1967.

M. HIDEAKI KOBAYASHI (Japon) a indiqué que son pays déplorait l'escalade de la violence entre les parties concernées qui ne cesse de faire de nouvelles victimes. Le Japon condamne fermement les actes de provocation, de violence et l'usage excessif de la force qui ne se justifie d'aucune façon, quel que soit le contexte. Nous déplorons que des actions contraires aux arrangements de Charm el- Cheikh continuent de se produire à Gaza et en Cisjordanie, a-t-il déclaré. Les bombardements récents et les représailles par tirs d'hélicoptères, malgré les efforts pour calmer la situation, sont particulièrement déplorables.

Le représentant a exhorté les parties en présence à se comporter avec le maximum de retenue, à éviter une escalade de la violence et à appliquer l'Accord de Charm el-Cheikh.

Avec chaque nouvelle victime, les cicatrices provoquées par l'amertume et l'animosité se creusent un peu plus dans le coeur des populations, rendant toujours plus difficile une résolution pacifique du conflit, a-t-il fait valoir. La priorité la plus urgente dorénavant est de mettre fin à l'effusion de sang et d'empêcher de nouveaux décès. Toutes les mesures nouvelles à cet effet devraient être examinées.

Le représentant a indiqué que sa délégation soutenait les efforts du Secrétaire général visant à explorer la possibilité de la mise en place, en coopération avec les deux parties concernées, d'une présence internationale qui, selon lui, serait susceptible d'améliorer la situation sur le terrain.

M. NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a fait observer qu’au cours du débat de l’année passée sur la même question, sa délégation, comme d’autres, s’était félicitée du discours de paix proclamé par le Premier Ministre Ehud Barak et de son engagement en faveur du processus de paix. Il a regretté que l’euphorie engendrée par l'élection de M. Barak ait tourné court tandis que les négociations qui ont suivi subissaient le sort des précédentes, et ont entraîné des crises et les solutions à ces crises, des dates limites et les prolongations de ces dates limites, tout cela pour finir dans une impasse. Il a exprimé la préoccupation de sa délégation à l'égard des affrontements tout particulièrement parce qu'ils ont durci les positions et détruit toute confiance entre Israéliens et Palestiniens, ce qui bénéficie aux extrémistes des deux bords.

Le représentant a fait valoir que le fait de trouver à l'amiable une solution juste au statut de Jérusalem faciliterait considérablement l'établissement d'une paix et d'une sécurité globales dans la région et que, dans ce contexte, la judaïsation de la Ville sainte par l'expansion des colonies de peuplement et la construction de routes visant à l'isoler des autres villes palestiniennes traduit un mépris flagrant à l'égard de la position qui prévaut de façon écrasante au sein de la communauté internationale. La dynamique du processus de paix ne pourra reprendre qu'avec la fin des activités illégales des Israéliens dans les territoires occupés, a-t-il déclaré. Le Gouvernement israélien actuel a manifesté un intérêt renouvelé pour l'expansion des colonies de peuplement en autorisant de nouvelles installations en Cisjordanie et à Hébron. Nous lançons un appel à Israël pour qu'il abandonne ces pratiques qui ont des effets négatifs sur le processus de paix.

Il ne fait aucun doute qu'un Etat palestinien sera finalement créé, a déclaré le représentant. Quel que soit le prix à payer en termes de souffrances humaines, il est inconcevable qu'un peuple à la culture et à l'identité politique propres, reste à jamais soumis à l'occupation étrangère. Israël et la Palestine sont destinés à coexister en tant que voisins. Leurs deux dirigeants doivent rassembler leur courage pour faire des concessions difficiles faute de quoi ils risquent de laisser passer l'occasion de mettre fin à un conflit vieux de 52 ans, et pour léguer à leurs enfants un avenir plus prospère.

M. HADI NEDAJ-HOSSEINIAN (République islamique d’Iran) considère qu’il est important pour la communauté internationale et les Nations Unies d’assumer leurs responsabilités historiques face à la question de Palestine et de soutenir la cause des Palestiniens dans leur lutte pour l’établissement d’un Etat indépendant. Il a regretté que plus d’un demi-siècle après la reconnaissance par l’Assemblée générale du droit des Palestiniens à établir un Etat indépendant, et malgré les résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, ils soient toujours privés de leur droit à l’autodétermination. Il a jugé que tant que cette question ne serait pas résolue, la paix au Moyen-Orient serait menacée. Il a qualifié l’Intifada de réaction légitime face à l’occupation israélienne avant d’ironiser sur certains milieux sionistes condamnant les mères palestiniennes qui laissent leurs enfants s’adonner à la guerre des pierres et risquer leurs vies, mais ignorant le fait que ces enfants sont abattus par les soldats israéliens. Il a appelé la communauté internationale à ne pas demeurer indifférente face à ces injustices et à cette inhumanité, déclarant qu’à terme, les enfants palestiniens seront victorieux. Le représentant a condamné la campagne violente en cours et l’usage d’armes lourdes par les forces israéliennes face aux civils palestiniens sans défense qui a causé, à ce jours, des centaines de tués et des milliers de blessés. Par ailleurs, il s’est indigné de la destruction d’infrastructures palestiniennes et du blocage de l’activité économique dans les territoires occupés qui auront des conséquences dans les années à venir. Il a mis en cause la responsabilité des sionistes qui ont désacralisé le lieu saint de Al Qods Al Charif, condamnant la volonté politique d’Israël d’altérer la dimension islamique de Jérusalem. Il a rappelé que la ville de Al Qods Al Charif est d’une importance capitale pour l’ensemble du monde musulman et que les musulmans veulent sauvegarder l’identité musulmane de ce lieu qui doit être la capitale de l’Etat indépendant de Palestine.

Le représentant a poursuivi en déclarant que depuis le début de la crise actuelle dans les territoires occupés, la communauté internationale et le monde musulman ont, à de nombreuses reprises, exprimé leur préoccupation face aux atrocités perpétrées par les forces israéliennes, mentionnant notamment la résolution 1322 du Conseil de sécurité. Il a estimé que le mépris par les autorités israéliennes des normes internationales et des résolutions des Nations Unies exacerbe la situation au Moyen-Orient et il a appelé la communauté internationale à prendre des mesures plus efficaces pour faire cesser les violences israéliennes. Le représentant a demandé le déploiement d’une force internationale dans les Territoires occupés afin de protéger les civils palestiniens. Il a également demandé que les responsables des crimes perpétrés contre les Palestiniens soient traduits en justice, rappelant la décision du neuvième Sommet de l’Organisation de la Conférence islamique à Doha de demander au Conseil de sécurité la création d’un tribunal pénal international. Il a souhaité que la commission d’enquête procède de façon méthodique et rapide à l’identification des responsabilités dans les crimes perpétrés contre les civils palestiniens. Il a conclu en souhaitant que l’issue de ce processus soit la création d’un Etat palestinien indépendant et démocratique avec Al Qods Al Charif pour capitale.

M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie) a déclaré qu’après plus d’un demi siècle d’injustice, la communauté internationale et les Nations Unies se doivent de déployer tous leurs efforts pour soutenir le peuple palestinien dans sa lutte pour que la Palestine puisse occuper la place qui lui revient de droit en tant qu’Etat souverain Membre des Nations Unies. A cet égard, il a noté que les dirigeants palestiniens ont décidé courageusement de reporter la proclamation d’un Etat palestinien jusqu’à la conclusion d’un accord de paix définitif. Israël de son côté se doit encore de montrer sa fidélité au processus de paix. De précédents accords ont été sujet à des atermoiements ou à des retards qui ont failli anéantir le processus.

Le processus de paix se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins, a dit le représentant. La visite qualifiée de «provocante» de M. Ariel Sharon sur le site d’Haram al-Charif le 28 septembre a eu des conséquences particulièrement perturbantes. Elle a déclenché des manifestations de violence qui se poursuivent aujourd’hui encore. Il est indéniable que la détérioration de la situation est la conséquence directe de la politique d’occupation menée par Israël et le non- respect de ses obligations relevant de la quatrième Convention de Genève et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale, a-t-il dit. Compte tenu des violations massives des droits de l’homme perpétrées par Israël contre le peuple palestinien, l’Indonésie se prononce en faveur de la création d’une commission d’enquête dont l’objectif serait de prévenir de futurs abus et d’étudier la possibilité d’envoyer une mission dans les territoires palestiniens occupés qui ferait rapport de ses travaux à l’Assemblée générale.

M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a rappelé que la communauté internationale s’est prononcée sans équivoque en faveur de la lutte du peuple palestinien pour son droit inaliénable à l’autodétermination. Ces dernières années, de courtes période d’espoir ont succédé à de longs moments de désespoir et de déception. Aujourd’hui, la région du Moyen-Orient connaît un nouveau cycle de violence. Les provocations de certains éléments israéliens dont le but était de faire dérailler le processus de paix sont à l’origine des violences actuelles, a déclaré le représentant. La situation présente requiert une action urgente de la communauté internationale qui empêche que la région ne s’enlise davantage dans les abysses de la violence, a-t-il dit.

Le représentant du Pakistan a affirmé qu’il existe deux enjeux essentiels: d’abord, la protection du peuple palestinien qui est la cible d’un usage disproportionné de la force et de mesures qui étranglent son économie; ensuite, permettre aux Palestiniens d’exercer leur droit à l’autodétermination. Selon lui, il faudrait que les dirigeants palestiniens et israéliens retrouvent le chemin qu’ils avaient courageusement emprunté pour changer le destin du Moyen-Orient, débarrasser la région des conflits et l’entraîner vers la paix et la prospérité. Le Pakistan estime qu’il ne peut y avoir de paix durable au Moyen-Orient aussi longtemps que la question de Palestine n’aura pas été réglée, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, et qu’Israël ne se sera pas retiré des territoires palestiniens et que les colonies illégales auront été démantelées.

M. SELIM TADMOURY (Liban) a souligné la malheureuse coïncidence qui veut que le débat de l’Assemblée générale prenne place au moment où la Palestine est en proie à des événements sanglants, événements qui ont mis un coup d’arrêt au processus de paix entre les Palestiniens et les Israéliens. Ceci est d’autant plus regrettable que les efforts de paix avaient accompli des progrès considérables, a déclaré le représentant, avant de noter que si la situation a explosé, c’est en raison de la provocation d’Ariel Sharon, orchestrée par la classe politique israélienne. Le représentant a fait observer que depuis la création de l’ONU, la question de Palestine est inscrite à l’ordre du jour et les résolutions se sont accumulées; des négociations, dont la clef de voûte est constituée par les résolutions de l’ONU et la légalité internationale, se sont engagées. Malgré cela, Israël refuse d’appliquer les résolutions et fait délibérément prévaloir la force sur la justice inscrite dans les nombreux textes internationaux. Or, a demandé le représentant, le temps n’est-il pas venu pour la communauté internationale de contraindre Israël à mettre en oeuvre les résolutions de l’ONU?. Non seulement Israël est à l’origine de la recrudescence de tensions et de violences, mais ce pays n’honore pas la quatrième Convention de Genève relative à la protection des civils en temps de guerre, a observé le représentant. Il a demandé à Israël d’appliquer la résolution 1322 du Conseil de sécurité et la résolution adoptée à l’issue de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée à ces questions. Il a par ailleurs demandé qu’une commission internationale, présidée par M. George Mitchell, soit créée afin de protéger les civils. Enfin, il a demandé que les droits inaliénables du peuple palestinien soient reconnus et respectés, qu’un Etat indépendant avec comme capitale Jérusalem soit créé, et que le traitement de la question s’intègre dans un plan d’ensemble basé sur les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité et les principes de la Conférence de Madrid.

M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a regretté la paralysie qui affecte la communauté internationale devant la violence dont souffre le peuple palestinien dont il a soutenu les aspirations à la paix et à la justice. Le recours à la force extrême employée par les forces israéliennes a causé la mort de plus de 200 personnes et a infligé des blessures à des milliers d'autres individus, dont la majorité est palestinienne. Il faut faire la lumière sur ces atrocités par le biais d'enquêtes, et des mesures appropriées doivent être prises sur la base des résultats de cette enquête. Israël, en qualité de force d'occupation, doit respecter pleinement la quatrième Convention de Genève. Le représentant a fait part également de la préoccupation que lui inspire le blocus économique humiliant et illégal qui est la cause de souffrances extrêmes. Ces mesures sont en violations de toutes les règles du droit humanitaire et des droits de l'homme. Les remarques faites par le Haut Commissaire des Nations Unies pour les droits de l'homme en témoignent. Nous appelons la communauté internationale à fournir une aide économique au peuple palestinien.

Le représentant a rappelé que son pays est en faveur d'un règlement pacifique des différends. Le processus de paix était sur la bonne voie jusqu'à la visite provocatrice à Haram al-Charif le 28 septembre. Nous accueillons favorablement les efforts déployés par le Secrétaire général et les dirigeants de la région et estimons dans ce contexte que les accords de Charm el-Cheikh devraient être mis en oeuvre sans délai. Il est particulièrement important que la Mission d'établissement des faits commence à travailler. Nous estimons également qu'il est extrêmement urgent d'établir une force de protection des Nations Unies pour protéger les civils palestiniens. Nous soutiendrons l'adoption du projet de résolution présentée à cet effet.

M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a déclaré que tous ceux qui suivent les événements de Palestine comprennent les immenses souffrances du peuple palestinien et l’atrocité des violences et des violations commises par Israël, en dépit de tous les engagements internationaux, et notamment de la quatrième Convention de Genève relative à la protection des civils en temps de guerre. Le représentant a confirmé que cette Convention s’applique aux territoires palestiniens, y compris Jérusalem-Est, comme il a été confirmé lors de la Conférence de Genève du 15 juillet 1999. Il a regretté que les territoires occupés soient soumis aux formes les plus abominables de répression et d’agression, et notamment à un blocus économique qui empêche l’arrivée de combustibles. Il a également déploré qu’Israël ne respecte aucun accord international, comme en témoigne le non-respect des Accords de Charm el-Cheikh, et que les négociations politiques qui se déroulent actuellement soient placées sous le signe de la force. En effet, tant que les Palestiniens refusent les conditions de la paix imposées par Israël, les bombardements continuent, a ajouté le représentant. Le représentant a demandé que le processus de paix soit relancé et que les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité, qui sont le cadre approprié à une solution globale, soient respectées. Enfin, il a demandé qu’un mécanisme d’enquête soit créé, conformément à la résolution 1322 du Conseil de sécurité, et a demandé au Conseil de déployer une force de protection dans les territoires palestiniens, y compris à Jérusalem.

M. JEAN-DAVID LEVITTE (France) s'est exprimé au nom de l'Union européenne, des pays d'Europe centrale et orientale associés à l'Union européenne (Bulgarie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovaquie et Slovénie) et les pays associés de Chypre et de Malte. Il a indiqué que la priorité pour l'Union européenne était l'arrêt des violences et la reprise des négociations et qu'elle exhortait les parties à faire preuve de responsabilité et à appliquer les mesures de sagesse nécessaires dans ce but comme agréé lors du Sommet de Charm el-Cheikh. En dépit de la situation très grave qui prévaut actuellement, l'année écoulée a fourni quelques raisons d'espérer, a-t-il fait observer. A Camp David ont été abordées des solutions audacieuses et constructives, notamment sur la question délicate entre toutes, Jérusalem, qui ouvrent pour la première fois de réelles perspectives de règlement.

Le représentant a cependant fait valoir que la situation restait très préoccupante avec plus de 300 morts et des milliers de blessés en deux mois, en grande majorité palestiniens, dont un nombre important d'enfants. C'est inacceptable, a-t-il déclaré. L'Union européenne exhorte les dirigeants israéliens et palestiniens à respecter intégralement, sans délai, les engagements qu'ils ont pris à Charm el-Cheikh, il y a déjà cinq semaines et à Gaza le 2 novembre. Elle demande aux autorités israéliennes de procéder au retrait de leurs forces armées sur les positions qu'elles occupaient avant le 28 septembre et de mettre un terme aux restrictions imposées à la circulation des personnes et des biens dans les territoires palestiniens; de lever les sanctions financières prises à l'encontre de l'Autorité palestinienne; de n'utiliser dans les cas où l'intervention des forces de sécurité apparaît strictement indispensable que des moyens non mortels conformément à l'appel lancé par le Secrétaire général des Nations Unies. Elle demande à l'Autorité palestinienne de tout faire pour que les violences cessent et, de donner des instructions strictes aux forces de sécurité pour faire cesser les tirs contre les Israéliens, conformément à l'annonce faite par le président Arafat.

Comme ils l'ont indiqué à Marseille le 17 novembre en rappelant leur position commune exprimée dans la déclaration adoptée à Berlin le 25 mars 1999, les Quinze sont attachés à voir s'établir à brève échéance, et de préférence par la négociation, un Etat souverain palestinien démocratique, viable et pacifique, a rappelé le représentant.

M. ALOUNKEO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao) a exprimé la reconnaissance de sa délégation à ceux qui ont mobilisé leur énergie pour résoudre la crise actuelle. Il a ajouté que l'année dernière, la communauté internationale avait assisté à des développements positifs, notamment grâce à la signature du Mémorandum de Charm el-Cheikh qui avait ouvert la voie à un règlement final de la question israélo-palestinienne. Le représentant a constaté qu’en dépit du fait que les négociations de Camp David n'aient pas permis en juin dernier, de parvenir à un accord définitif, il avait tout de même ouvert la porte au dialogue et laissé espérer que les parties s'engageraient à trouver une solution définitive au conflit. Malheureusement, a-t-il déclaré, l'espoir de la communauté internationale a été ruiné par l'effusion de sang qui a éclaté depuis le 28 septembre à Jérusalem et dans les territoires palestiniens occupés. Il a condamné les actes de violence commis à l'encontre des populations palestiniennes et appelé à un arrêt de la violence et à une mise en oeuvre de l'Accord de cessez- le-feu conclu le 17 octobre afin de remettre le processus sur les rails.

Le représentant a ajouté que la question de Palestine est complexe et que le processus de paix est dans l'impasse avant de souhaiter que la communauté internationale aide les parties à parvenir à un accord final par la voie diplomatique. Il a affirmé que la question de Palestine est au coeur du problème du Moyen-Orient et qu'aucune solution ne peut être envisagée sans tenir compte des aspirations du peuple palestinien, du respect et de la restauration de leur droits. Il a renouvelé le soutien de son pays à la lutte du peuple palestinien pour la reconnaissance de leur droit à la création d'un Etat indépendant en application des résolutions des Nations Unies. Il a reconnu que le chemin de la paix est parsemé d'obstacles avant d'affirmer que la voie du dialogue est la seule chance de parvenir à une paix et une sécurité durables et de mettre fin au conflit en cours.

M. MARTIN BELINGA EBOUTOU (Cameroun) a rappelé que le Cameroun n'a cessé de s'investir avec générosité dans la recherche d'une paix juste et durable au Moyen- Orient. C'est ainsi qu'il a fait partie du Comité des sages d'Afrique mandatés par l'Organisation de l'unité africaine (OUA) pour implorer la paix au Moyen- Orient et plaider le droit inaliénable du peuple palestinien arabe à l'autodétermination et à se constituer en Etat, de même que le droit de tous les Etats de la région, dont Israël, à vivre en paix à l'intérieur de frontières sûres et reconnues. Pour le Cameroun, a-t-il poursuivi, le problème de la Palestine n'est pas un élément secondaire d'une donnée conflictuelle principale, la question de la Palestine est à l'origine et au centre même de la crise du Moyen-Orient. Sa solution est un préalable à la paix dans cette région. Il a indiqué que l'insistance de sa délégation sur le droit des Palestiniens à une patrie, comme du reste sa reconnaissance du droit d'Israël à l'existence, procède d'une même considération fondamentale d'un très haut degré de priorité: la terre, le territoire, en tant qu'élément essentiel constitutif de l'État est indissociable de l'entité étatique. Dès lors, a-t-il affirmé, mon pays ne saurait accepter des tentatives d'annexion ou l'occupation du territoire, d'une parcelle du territoire d'un Etat, même des plus infimes, par un autre Etat.

Selon le représentant, toute solution juste et durable au problème du Moyen- Orient, qui postule une approche, non partielle mais globale, passe par la stricte application, de la part de toutes les parties intéressées de la résolution 242 du Conseil de sécurité à laquelle renvoie la résolution 338, ainsi que la résolution 3236 consacrant la dimension palestinienne du conflit. Il a rappelé que le Président camerounais, M. Paul Biya a plaidé, lors du Sommet du millénaire, pour la promotion de l'éthique dans un monde en perte de valeurs. A cet égard, le représentant a déclaré que la paix entre Palestiniens et Israéliens passe par la reconnaissance et le respect scrupuleux de la dignité de la personne humaine et des droits qui lui sont naturellement inhérents: droit à la différence, droit à la terre, droit à la mise en place d'Etats libres et démocratiques. Le meilleur vecteur pour promouvoir ces droits serait un observatoire international d'éthique dont le Président Paul Biya a souhaité la création au sein du Secrétariat général de l'ONU, a-t-il souligné. Face à ces peuples qui veulent la paix, le représentant a estimé qu’il appartenait à leurs dirigeants politiques et religieux de faire preuve de plus de courage et d’un sens lucide de l'histoire, en décidant de reprendre résolument le chemin du dialogue pour une paix juste. Pour conclure, il a déclaré que la communauté internationale doit créer et développer autour de ces peuples, à leur propos et entre eux une culture de la paix.

M. YEHUDA LANCRY (Israël) a rappelé que lorsque la question de Palestine a été pour la première fois examinée par l'Assemblée générale, Israël était en état de guerre contre tous ses voisins, chacun d'entre eux étant engagé à détruire l'Etat juif nouvellement créé. Tous les Etats membres de la Ligue arabe et les dirigeants palestiniens avaient à l'époque, en 1947, rejeté catégoriquement la résolution 181 (II) de l'Assemblée générale. Plutôt que de se conformer à la volonté de la communauté internationale, ces Etats avaient choisi la voie de l'agression militaire. Une agression dont le seul succès a été de réduire à néant la résolution 181 mais qui n'a pas réussi à détruire l'Etat d'Israël. Depuis lors et sous la conduite de dirigeants, courageux et visionnaires, tant arabes qu'israéliens, nous avons esquissé les contours d'un avenir prometteur. Le représentant a évoqué les efforts déployés aussi bien par Israël que par l'Egypte et la Jordanie pour protéger leurs acquis et vivre à l’intérieur de frontières pacifiées, procéder à des échanges diplomatiques et profiter d'une existence libérée de la menace de la guerre et des bains de sang. Ces résultats obtenus après tant d’efforts prouvent qu’il est possible, quand on rejette la violence et qu’on opte pour les négociations directes et le courage politique, de renverser des décennies de haine et d'hostilité. Dans ce contexte, la paix n'est plus seulement un concept abstrait, ni un mystère. L'Histoire nous en montre le chemin, il ne tient qu'à nous de le suivre, a déclaré M. Lancry.

La question de Palestine n'est plus aujourd'hui ce qu'elle était il y a un demi siècle, a-t-il dit. Selon lui, il n'est plus nécessaire de discuter des meilleurs moyens de parvenir à un règlement pacifique du conflit dans la région. La méthode la plus efficace consiste à renoncer à la violence et à s'engager dans des négociations bilatérales, les faits l'ont prouvé par deux fois déjà. La question de Palestine n'est plus de savoir aujourd'hui comment parvenir à un règlement, mais plutôt de nous demander si «nous sommes prêts à négocier ce règlement?» Les deux parties sont-elles prêtes à franchir le pas nécessaire pour résoudre le conflit et créer un monde meilleur pour leurs enfants? Du côté israélien, la réponse est claire: Israël a montré son engagement en faveur de l'Accord d'Oslo et le Premier Ministre M. Barak a exprimé sa volonté de compromis,

inconcevable il y a deux ans à peine. Des progrès ont été réalisés sur tous les fronts, a estimé le représentant, rappelant que M. Barak a même fait savoir qu'il serait prêt à accepter la proclamation d'un Etat palestinien sur la base de négociations et d'un compromis avec Israël. La paix était à portée de main, a-t- il dit.

Evoquant l'une des questions les plus sensibles, à savoir l'avenir de Jérusalem, M. Lancry a insisté sur le site connu sous le nom de Haram al-Charif par les musulmans et de Mont du Temple par les juifs et les chrétiens, cette question se trouvant au coeur du conflit entre Israël et les Palestiniens. Il ne s'agit pas d'un lieu sacré parmi d'autres, mais du «code génétique de l'identité juive» comme l'a proclamé le Ministre des affaires étrangères, M. Ben-Ami. A deux reprises déjà, nous avons été expulsés de Jérusalem et chaque fois nous y sommes revenus, a dit le représentant. Il s'est félicité que les autres Livres sacrés, dont le Coran, parlent du lien particulier qui unit le peuple juif à Jérusalem. Malgré cela, Israël était disposé à envisager certaines possibilités de compromis qui auraient pu mettre un terme au conflit concernant ce site et satisfait les besoins et les aspirations des deux parties. A notre grand regret, a dit M. Lancry, quatre mois après Camp David, les efforts israéliens ont été effacés des consciences palestiniennes. La crise actuelle est le plus grave des revers dans les relations israélo-palestiniennes depuis des décennies. Cette situation est née malgré l'engagement du Président Arafat en faveur du processus de paix et malgré ses déclarations selon lesquelles l'Organisation de libération de la Palestine, d’une part reconnaît à l'Etat d'Israël le droit d'exister dans la paix et la sécurité, d’autre part se prononce en faveur d'un règlement pacifique du conflit au Moyen-Orient et renonce au terrorisme et à la violence. A l'époque, le Président Arafat parlait au nom du peuple palestinien dans son ensemble, toutes factions réunies. De ce fait, nous ne pouvons accepter la «division du travail» entre l'Autorité palestinienne d'un côté, le Hamas et le Jihad islamique de l'autre, a déclaré le représentant. Les deux mois qui viennent de s'écouler laissent planer de sérieux doutes sur l'engagement des dirigeants palestiniens à terminer le processus entamé avec Israël. La paix réclame un langage de paix, exprimé par les dirigeants des nations, dans le discours des professeurs à leurs élèves comme dans celui des leaders religieux. Nous ne voyons pas chez les Palestiniens cette volonté d'avoir recours à un langage de paix, a estimé M. Lancry.

Ces dernières semaines, de fréquents appels au déploiement d'une force internationale dans la région se sont fait entendre. La position du Gouvernement israélien sur le sujet est la suivante: Israël estime que la violence actuelle résulte d'un ordre calculé et délibéré provenant des dirigeants palestiniens et doit prendre fin de la même manière. L'envoi d'une force internationale n'est pas nécessaire pour mettre fin aux hostilités, il faut que les dirigeants palestiniens renoncent à la confrontation pour permettre la mise en oeuvre des Accords de Charm el-Cheikh. Le Président Arafat n'a pas jusqu'à présent réussi à abandonner la voie de la violence, non pas parce qu'il n'en est pas capable mais parce qu'elle lui fournit l'occasion de redorer sa position de négociateur. Nous estimons que la demande exprimée par Yasser Arafat pour que les Nations Unies envoient une force internationale dans la région constitue le premier pas d'une

internationalisation du dialogue israélo-palestinien, ce qui est contraire à l'esprit des négociations bilatérales dans le processus de paix, a affirmé le représentant. S'il y a une place pour une présence internationale dans la région, elle ne sera libre qu'après que les parties auront trouvé une solution politique au conflit. Nous espérons encore que les dirigeants palestiniens vont se conformer à leurs engagements en matière de désarmement des milices, de contrôle des éléments terroristes, de liberté des médias et poser les actes nécessaires pour mettre fin aux attaques contre des soldats et des civils israéliens, a-t-il dit. Dans ce contexte, M. Lancry a encore déclaré que son pays est opposé aux différents projets de résolutions dont l'Assemblée est saisie au titre de l'examen de la question de la Palestine.

Droit de réponse

L’Observateur permanent de la Palestine, exerçant son droit de réponse, a déclaré que le conflit revêt une dimension internationale, indépendamment de la volonté de la Palestine, en raison de la responsabilité assumée par l’ONU dès 1947. Il a regretté la position négative d’Israël en ce qui concerne la création d’une force militaire d’observation, ce qui prouve qu’Israël n’a pas la volonté de mettre fin à l’effusion de sang, a-t-il fait remarquer. L’Observateur a affirmé que la paix doit être bâtie sur la base du principe «Terre contre paix», ce qui signifie notamment la fin de l’occupation israélienne. Il a en outre déclaré être en désaccord avec Israël sur les questions de Jérusalem et d’Haram al-Charif; en effet, on ne peut parler de présence juive éternelle dans ces lieux, a-t-il fait remarquer, car Jérusalem est depuis 1 300 ans sous contrôle arabe. Affirmant que les Palestiniens sont disposés à accepter un contrôle d’Israël sur le Mur des lamentations, bien que le statut de Jérusalem soit défini par une résolution de l’ONU, il a demandé à Israël de respecter toutes les religions et d’accepter les droits naturels des Palestiniens. Par ailleurs, il a dénoncé le fait qu’Israël complique le débat en mettant en cause les dirigeants du peuple palestinien, alors que ce sont les dirigeants actuels d’Israël qui sont responsables de la guerre sanglante menée actuellement. Non seulement Barak n’a pas appliqué un seul de ses engagements, mais il a également continué les implantations illégales, plus que tout autre dirigeant avant lui, a souligné l’Observateur. La question centrale qu’Israël ne veut pas comprendre, a-t-il encore déclaré, c’est que la paix ne pourra pas régner tant que l’on n’aura pas mis fin à l’occupation et que les parties ne pourront négocier de façon équilibrée et non sur le base de la violence. L’Observateur a conclu en disant que seule la négociation sur une base d’égalité permettra d’avancer dans le processus de paix et d’aboutir à la création de deux Etats dont un Etat palestinien avec comme capitale Al Qods.

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