IHA/723

LES NATIONS UNIES LANCENT UN APPEL CONSOLIDE AFIN DE RECUEILLIR 2,26 MILLIARDS DE DOLLARS EN FAVEUR DES ACTIONS HUMANITAIRES EN 2001

28 novembre 2000


Communiqué de Presse
IHA/723


LES NATIONS UNIES LANCENT UN APPEL CONSOLIDE AFIN DE RECUEILLIR 2,26 MILLIARDS DE DOLLARS EN FAVEUR DES ACTIONS HUMANITAIRES EN 2001

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Les Nations Unies et leurs partenaires ont demandé ce matin à la communauté des donateurs de contribuer à hauteur de 2,26 milliards de dollars pour soutenir l’action humanitaire en faveur de 35 millions de personnes dans 19 pays et régions pour l’année 2001. Cet appel de fonds a été lancé à l’échelle mondiale dans le cadre du Processus d’appels interorganisations d’ensemble qui regroupe les institutions des Nations Unies, la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge, les organisations non gouvernementales internationales et locales ainsi que les gouvernements. Les fonds obtenus visent à permettre aux partenaires de l’action humanitaire de fournir une aide immédiate ainsi qu’une protection aux groupes vulnérables tout en tenant compte des besoins à long terme des sociétés ayant connu des conflits. Le lancement simultané d’appel de fonds aura lieu le 29 novembre à Washington D.C, Stockholm, Oslo, Londres, Bruxelles, Rome et Genève en faveur de l’Afghanistan, l’Afrique de l’Ouest, l’Angola, le Burundi, l’Erythrée, l’Ethiopie, l’Europe du Sud-Est, les Moluques, l’Ouganda, la République démocratique de Corée, la République démocratique du Congo, la Région des Grands Lacs et de l’Afrique centrale, le Nord Caucase (Fédération de Russie), la République du Congo, la Sierra Leone, la Somalie, le Soudan, le Tadjikistan et la Tanzanie.

Organisé cette année sur le thème des "femmes et la guerre", le Processus d’appels interorganisations pour 2001, qu’organise le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies, s’attachera également à subvenir aux besoins spécifiques des femmes en matière de protection, d’alimentation, de soins de santé et à promouvoir leur contribution au processus de prise de décisions. "Il est grand temps que la question des femmes, de la paix et de la sécurité bénéficie d’une plus grande attention de la part de la communauté internationale" a estimé le Secrétaire général des Nations Unies dans l’allocution qu’il a prononcée à l’ouverture de la réunion. M. Kofi Annan a rappelé que le Conseil de sécurité en adoptant, le 31 octobre dernier, une résolution sur les femmes, la paix et la sécurité a franchi une étape importante pour que le rôle des femmes dans le processus de consolidation de la paix prenne une toute autre dimension.

La contribution des femmes au processus de paix, de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des anciens combattants et notamment des enfants soldats, leurs besoins particuliers et les menaces spécifiques qui pèsent sur elles ont été largement évoqués par l’ensemble des orateurs au nombre desquels Mme Liv Ullmann, Présidente honoraire de la Commission pour les femmes et les

enfants réfugiés, M. Harri Holkeri, Président de l’Assemblée générale, Mme Noeleen Heyzer, Directrice exécutive du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), Mme Binta Mansaray, réfugiée de la Sierra Leone et Mme Habiba Dalil, enseignante afghane. Les représentants des pays suivants ont également fait des déclarations soit en leur qualité de pays donateur, soit de bénéficiaire de l’aide humanitaire: Burundi, France au nom de l’Union européenne, Tadjikistan, Japon, Angola, République populaire démocratique de Corée, Fédération de Russie, Luxembourg, Tanzanie, Etats-Unis, Canada, Sierra Leone, Afghanistan, République démocratique du Congo.

Déclarations

M. KOFI ANNAN, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, en lançant les appels interorganisations d’ensemble des Nations Unies pour 2001 a fait observer que plus de 35 millions d’êtres humains ont un besoin urgent d’assistance humanitaire. Ces femmes, ces enfants et ces hommes sont privés de leurs droits, déplacés, pris pour cible dans les conflits et victimes de catastrophes naturelles. Ils souffrent des effets directs et indirects de la violence et des tensions qui bouleversent leurs vies et entravent notamment leur accès aux éléments indispensables à leur survie tels que les soins de santé, l’éducation et l’eau potable.

Le processus d’appels consolidés est conçu pour sauver des vies et réhabiliter des existences. Il illustre la volonté de travailler ensemble de nombreux partenaires, celle des organisations des Nations Unies, de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, d’organisations non gouvernementales internationales et locales ainsi que des gouvernements. Ensemble, ces partenaires développent des stratégies et établissent des priorités afin de fournir une assistance aussi efficace et rapide que possible. Le processus d’appels consolidés permet aux partenaires de fournir des secours et une protection immédiats tout en se penchant sur les besoins à long terme dans les situations faisant suite à un conflit et sur les causes profondes des conflits. Les appels seront régulièrement mis à jour sur Internet pour refléter l’évolution de la situation sur le terrain.

Le Secrétaire général a déclaré que fournir une assistance humanitaire à temps permet d’importants progrès. Il a pris pour exemple la réaction rapide et généreuse en réponse à la grave crise humanitaire survenue en 1999 au Timor oriental. Le Secrétaire général a également indiqué que l’appel consolidé lancé cette année pour le Kosovo a été réduit de moitié.

M. Annan a ensuite noté qu’en dépit d’une prospérité grandissante dans de nombreuses parties du monde, les contributions aux appels consolidés sont loin de remplir les objectifs agréés et, cette année, elles sont encore moins élevées que celles fournies l’année dernière. A la même époque l’année dernière, nous avions reçu 67% du total requis mais, pour l’année 2000, les Nations Unies n’ont reçu que 50% de la somme requise. Cette réduction du soutien aux appels consolidés est le signe d’une réduction générale du soutien de la communauté internationale pour l’assistance humanitaire et post-conflit.

Le Secrétaire général a également noté la tendance des bailleurs de fonds à favoriser le soutien bilatéral. Il a demandé que cette tendance ne se développe pas au détriment du multilatéralisme, car si tel devait être le cas, le risque serait de voir marginaliser les efforts déployés par les Nations Unies et leurs partenaires et d’assister au retour de l’époque où un grand nombre d’agences déployaient des efforts non coordonnés sans normes ou principes communs.

Le soutien défaillant aux appels consolidés augmente également l’énorme fardeau que doivent supporter les pays et les communautés frappés par les urgences humanitaires. Le Secrétaire général a insisté sur l’assistance fournie aux victimes des conflits et des troubles par les pays en développement, et a indiqué à cet égard qu’en 1998, les trois quart des 13,5 millions de réfugiés et de demandeurs d’asile se trouvaient dans des pays en développement. Il a ajouté que quelque 10 millions de personnes vivent dans des pays dont le revenu moyen par habitant représente moins de huit dollars. En outre, le Secrétaire général a déploré l’importante augmentation des violences commises contre les personnels humanitaires. Il a indiqué que les questions de sécurité ont été incluses dans les appels consolidés, et qu’elles ne représentent qu’une infime partie des budgets. Le Secrétaire général a enfin rappelé que le thème de la réunion est "Les femmes et la guerre", en reconnaissance de leurs besoins et leurs contributions dans les situations d’urgence. En conclusion, M. Annan a indiqué que les appels interorganisations d’ensemble pour l’année prochaine s’élèvent à 2,26 milliards de dollars, une somme inférieure aux dépenses quotidiennes en armement.

MME LIV ULLMANN (Présidente honoraire de la Commission pour les femmes et enfants réfugiés) a expliqué que son engagement résultait d’une prise de conscience des besoins spécifiques des femmes qui restaient largement ignorés. Je me suis également rendue compte que les femmes avaient besoin des voix des femmes. Des martyres naissent chaque jour partout dans le monde à cause de la brutalité affreuse qui y sévit chaque jour. J’ai vu des enfants à l’article de la mort en raison de la malnutrition, des personnes si épuisées qu’elles ne pouvaient plus parcourir les derniers cent mètres qui les séparaient d’un centre de nutrition et des malades allongés en silence car la vraie douleur n’a pas de son. Nous sommes ici aujourd’hui pour appuyer les Nations Unies dans sa mission humanitaire et pour aider toutes les mères à traverser les guerres, a souligné Mme Ullmann. Il est vrai qu’aujourd’hui, le rôle des femmes en tant qu’architectes de la paix est mieux reconnu. Nous devons pourtant faire davantage. Nous devons faire en sorte que les femmes aient beaucoup plus leur mot à dire dans les situations de guerre comme dans les situations de paix. Les femmes sont plus sensibles à la nécessité de la paix. Il y a moins de femmes qui font la guerre mais également moins de femmes autour des tables de négociations. En revanche, il y a plus de femmes et d’enfants lorsqu’on compte les victimes. Mme Ullmann a achevé son intervention en livrant plusieurs témoignages recueillis auprès d’enfants et de femmes en Sierra Leone ou au Brésil.

M. HARRI HOLKERI, Président de la cinquante-cinquième session de l’Assemblée générale, s’est félicité de ce que l’on ait élargi la portée des appels interorganisations d’ensemble afin qu’ils puissent avoir lieu dans plusieurs capitales. Le Président a rappelé que les objectifs des appels sont directement liés à la Déclaration du millénaire des Nations Unies dans laquelle les dirigeants du monde entier ont pris l’engagement de n’épargner aucun effort pour faire en sorte que les populations civiles affligées d’une situation d’urgence humanitaire puissent bénéficier de tout le soutien nécessaire. M. Holkeri a également souligné la nécessité de favoriser le retour des réfugiés, en toute dignité, ainsi que leur réinsertion dans leurs sociétés.

M. Holkeri a ensuite lancé un appel à tous les Etats Membres pour qu’ils contribuent généreusement aux besoins des victimes des catastrophes naturelles et des conflits. Il a également demandé aux Etats Membres d’accorder une attention particulière aux appels lancés en faveur de certains pays donnés. En outre, le Président de l’Assemblée générale a appelé les Etats Membres qui ont connu un conflit armé à soutenir le processus des appels consolidés en assurant un accès libre et sûr à l’assistance humanitaire. Les gouvernements doivent mettre entre parenthèses tous leurs différends politiques pour ne voir que les intérêts des victimes, a-t-il insisté. En conclusion, M. Holkeri a déclaré que ces principes, tout comme les normes du droit international humanitaire, devraient s’imposer à tous et tous les Etats Membres devraient les répéter sans relâche dans toutes les enceintes des Nations Unies. MME NOELEEN HEYZER (Directrice exécutive du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM)) a rappelé que le lancement des appels interorganisations des Nations Unies sur le thème des femmes et de la guerre intervient quatre semaines après l’adoption d’une résolution par le Conseil de sécurité qui a reconnu les besoins spécifiques des femmes et des enfants et leur contribution à la promotion et au maintien de la paix et de la sécurité. L’appel humanitaire en faveur des femmes est spécifique en raison des menaces spécifiques qui pèsent sur les femmes et les petites filles en situation de guerre. Le viol et la violence sexuelle continuent d’être des armes de guerre. Presque toutes les filles prises en otage deviennent des esclaves sexuelles. Les filles adolescentes courent le plus grand risque de contracter des maladies sexuellement transmissibles et de plus en plus le VIH/sida. Les déplacements de population touchent 80% de la population civile. Cet appel doit donc faire la différence en développant des normes et des pratiques qui tiennent compte des femmes.

La Directrice exécutive a formulé une série de recommandations. Elle a demandé que l’intervention humanitaire fasse rapport systématiquement des violences sexuelles et reflète une politique renforcée en matière de lutte contre les violences sexuelles. L’aide humanitaire doit accorder un rôle central à une approche multisectorielle pour ce qui touche à la santé et à la protection des femmes. L’intervention humanitaire doit soutenir des mesures de prévention, la fourniture de soins et l’accès au traitement du VIH/sida tout en contribuant à établir des politiques nationales sur le long terme. L’aide humanitaire doit également fournir en priorité un soutien psychosocial. Il faut également concilier la fourniture de l’aide humanitaire et la protection des droits de la femme. La Directrice de l’UNIFEM a également insisté sur la contribution des femmes au processus de désarmement, de démobilisation et de réintégration des anciens combattants.

MME BINTA MANSARAY, réfugiée de Sierra Leone, a expliqué que la guerre qui ravage son pays est en partie menée contre les femmes victimes de viols et de violences sexuelles. Aujourd’hui, les femmes jouent désormais un rôle crucial dans le processus démocratique du pays. Elles ont notamment organisé une marche de la paix en mars 2000 et elles ont participé aux discussions relatives à l’Accord de Lomé même si elles étaient sous-représentées. Evoquant son expérience personnelle en sa qualité de réfugiée, Mme Mansaray a expliqué que de nombreuses femmes ayant connu son sort se prostituaient pour survivre. Même dans les camps de réfugiés, certaines ont recours à ces méthodes de survie. Lorsque j’en ai fait part aux représentants du HCR ceux-ci en ont pris note mais rien n’a changé. De nouvelles normes pour une protection accrue des femmes doivent être élaborées. Il faut aussi prévoir plus d’assistance humanitaire en matière d’eau potable et de nourriture. Il faut également faciliter l’accès des femmes au microcrédit. Il ne s’agit pas d’encourager la dépendance vis-à-vis de l’aide humanitaire mais au contraire de promouvoir l’autosuffisance, a souligné Mme Mansaray. Les femmes sont en outre mieux placées pour reconstruire les sociétés ainsi que la cellule familiale et encourager les processus de désarmement. Elles peuvent contribuer à la réinsertion des anciens combattants et plus particulièrement à la démobilisation des enfants soldats. Les femmes ont un autre sujet de préoccupation qui est la cessation de toute aide technique et financière après le départ des organisations internationales.

MME HABIBA DALIL, Enseignante (Afghanistan), a relaté les circonstances dans lesquelles elle a dû abandonner son foyer puis son pays, avec son mari et ses enfants. La famille Dalil a d’abord été obligée d’abandonner son domicile et tous ses avoirs, au demeurant peu élevés, pour se réfugier au Nord de l’Afghanistan. Alors qu’elle se trouvait dans un camp de réfugiés dans cette région, Mme Dalil est entrée en contact avec les Nations Unies et a eu la possibilité de participer à des initiatives visant à accroître la participation des femmes à la société. En 1998, les Taliban ont gagné du terrain en Afghanistan du Nord, et le mode de vie actif des Dalil est devenu un danger, en particulier le fait que Mme Dalil exerce une activité professionnelle et que sa fille est scolarisée. Au mois d’août 1998, Mme Dalil et sa famille ont une nouvelle fois abandonné leur domicile. En tentant de traverser la frontière du Pakistan, la famille Dalil s’est fait voler ses modestes économies et M. Dalil a été emprisonné plusieurs jours a Jallalabad. M. Dalil a finalement été libéré et la famille Dalil a enfin réussi à se réfugier au Pakistan. Aujourd’hui, Mme Dalil vit aux Etats-Unis.

En tant qu’enseignante, Mme Dalil a profondément regretté que toute une génération d’Afghans, et notamment les fillettes et les jeunes femmes ne reçoivent plus une éducation comparable à celle qu’elle avait elle-même reçue. L’Afghanistan a désespérément besoin que les fonds requis dans le cadre de l’appel consolidé pour ce pays soient rassemblés et que la flamme des Nations Unies reste vive dans ce pays.

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