AG/1119

LE DEBAT SUR L'ASSISTANCE AU DEMINAGE MET EN AVANT LES PROBLEMES HUMAINS ET ECONOMIQUES POSES PAR LES CHAMPS DE MINES

28 novembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1119


LE DEBAT SUR L’ASSISTANCE AU DEMINAGE MET EN AVANT LES PROBLEMES HUMAINS ET ECONOMIQUES POSES PAR LES CHAMPS DE MINES

20001128

Des délégués réclament la responsabilisation des pays poseurs de mines

Quatre à six millions de mines sur le seul territoire du Cambodge, sans compter les munitions non explosées à ce jour et enfouies dans son sous-sol, plus de 70 millions de mines recensées dans le monde et essentiellement dans des pays en développement… En citant ces chiffres, la plupart des délégués réunis ce matin en séance plénière de l’Assemblée générale n’ont pas seulement insisté sur l’ampleur du problème humanitaire que posent les mines terrestres et antipersonnel, ils ont aussi souligné que ces champs de mines répartis dans différentes régions du monde constituent un frein au développement. Etaient soumis à l’examen de l’Assemblée un rapport du Secrétaire général présentant les progrès accomplis en matière d’assistance à l’action antimines pendant l’année écoulée ainsi qu’un projet de résolution soumis par la France au nom de l’Union européenne et des pays associés qui demanderait que l’ONU poursuive son action dans ce domaine avec l’assistance des Etats et des institutions.

De nombreuses délégations ont souligné l’urgence à mettre en place des programmes d’assistance efficaces afin de lutter contre les mines terrestres et antipersonnel. Des propositions ont émané de délégations de pays développés qui, à l’instar du représentant des Etats-Unis, ont mis l’accent sur des programmes qu’ils développent conjointement avec d’autres pays donateurs dans des pays fortement affectés tels que le Mozambique, la Bosnie, l’Afghanistan, l’Angola, le Rwanda ou le Cambodge. Ces programmes consistent à mettre à la disposition de ces pays de nouvelles technologies de déminage afin de détruire les champs de mines, mais aussi à former des équipes de démineurs et à sensibiliser les enfants et leurs parents aux dangers que constituent les mines antipersonnel. Ces initiatives ont enregistré des résultats concrets comme par exemple au Cambodge où le nombre d’accidents dus aux mines antipersonnel est passé de 500 par mois en 1992 à 50 aujourd’hui, selon le représentant.

La Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, adoptée à Ottawa en 1997, a offert à la communauté internationale un cadre général pour résoudre le problème des mines terrestres comme l’a souligné le représentant du Canada qui a ajouté que, selon le Landmine Monitor Project, le nombre de producteurs de mines a chuté au cours de ces dernières années passant de 54 à 16 et que, sur les 34 pays connus pour avoir dans le passé exporté des mines antipersonnel, 33 ont déclaré officiellement avoir cessé ces exportations. Par ailleurs, plus de 22 millions

de mines terrestres ont été détruites ces dernières années par plus de 50 pays, a poursuivi le représentant du Canada qui a proposé en outre que, d’ici la tenue de la troisième réunion annuelle de la Convention prévue à Managua, au Nicaragua, en septembre 2001, la totalité des stocks de mines antipersonnel soit détruite dans les Amériques. De nombreuses délégations se sont engagées à poursuivre la mise en oeuvre, à l’échelle nationale, des dispositions de la Convention d’Ottawa, le représentant des Etats-Unis déclarant par exemple que son pays se donnait jusqu’à 2006 pour trouver une alternative aux mines terrestres et ratifier cette convention.

Des délégations ont cependant regretté que la Convention d’Ottawa, tout comme le rapport du Secrétaire général des Nations Unies, ne fasse pas référence à l’obligation des Etats qui ont posé des mines dans d’autres Etats de contribuer au déminage et à la fourniture d’informations permettant la localisation de ces champs de mines ainsi qu’à apporter une assistance aux victimes dans les pays qui ont été minés. Les représentants de l’Egypte et de la Libye ont attiré l’attention sur le fait qu’elles sont, elles aussi, affectées par la présence des champs de mines datant de la Seconde Guerre mondiale sur leurs territoires, 23 millions de mines dans le cas de l’Egypte. Ils ont réclamé que les puissances impliquées dans ces combats, mettent à leur disposition les cartes qui permettraient de localiser ces mines. Ils ont donc souhaité que des dispositions claires soient adoptées concernant la responsabilisation des pays impliqués dans la dissémination des mines, dans l’assistance au déminage et le dédommagement des victimes, le représentant de la Libye soulignant que l’Italie avait récemment mis en place un programme d’assistance au déminage pour son pays.

L’Assemblée générale se prononcera sur le projet de résolution présenté ce matin à une date ultérieure qui sera annoncée.

Les représentants des pays suivant se sont exprimés sur ce point: France (au nom de l’Union européenne et des pays associés), Norvège, Canada, Japon, Australie, République démocratique populaire lao, Etats-Unis, Philippines, Egypte, Fédération de Russie, Pérou, Pakistan, Jamahiriya arabe libyenne, République de Corée, Cambodge, Slovénie, Nicaragua, Argentine, Croatie, Israël, Chine. L’Observateur permanent de la Suisse auprès des Nations Unies a également pris la parole.

En cours de séance, le Président avait annoncé plusieurs modification de l’ordre du jour. Ainsi, la date de clôture des travaux de l’Assemblée générale a été repoussée au vendredi 15 décembre 2000. En outre, le Bureau de l’Assemblée se réunira le jeudi 30 novembre à 9 heures 30 en salle de conférence 3 pour examiner la demande présentée par plusieurs pays d’ajouter à l’ordre du jour de la présente session la question intitulée «Proclamation du 31 août comme Journée internationale de la solidarité». Le Lundi 4 décembre dans la matinée, l’Assemblée sera saisie de l’examen du point 43 de l’ordre du jour intitulé «La situation en Amérique centrale». Enfin, le mardi 12 décembre l’Assemblée générale sera saisie des rapports de la Sixième Commission.

L’Assemblée se réunira de nouveau demain mercredi 29 novembre, à partir de 10 heures, pour examiner le point de son ordre du jour intitulé «Zone de paix et de coopération de l’Atlantique Sud». Elle procèdera également à la nomination de membres du Comité consultatif du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme et se prononcera sur trois projets de résolution.

ASSISTANCE AU DÉMINAGE

Rapport du Secrétaire général

Le rapport du Secrétaire général (A/55/542) rappelle que la question du déminage est à l’ordre du jour de l’Assemblée générale depuis 1993 et il recense par ailleurs les progrès réalisés en matière d’assistance à l’action antimines. Le rapport fait également état des progrès réalisés par le Comité international de la Croix-Rouge, les autres organisations internationales et régionales ainsi que les programmes nationaux, et sur le fonctionnement du Fonds d’affectation spéciale pour l’assistance à l’action antimines. Le rapport donne des renseignements sur le travail des différentes organisations qui mènent des activités antimines. Il comporte des détails sur les programmes de pays antimines les plus connus comme ceux de l’Afghanistan, du Cambodge, ou du Mozambique, et également sur les activités les plus récentes actuellement entreprises au Sud-Liban, en Guinée- Bissau et en Ethiopie et Erythrée.

Outre la partie introductive, le rapport comporte six parties. La seconde partie s’intitule Système des Nations Unies et recense les activités des organes des Nations Unies en faveur du déminage, à savoir le Service d’action antimines de l’ONU, le Département des affaires de désarmement, le Bureau des Nations Unies pour la coordination de l’assistance humanitaire, le Programme des Nations Unies pour le développement, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance ainsi que le Bureau des Nations Unies pour les services d’appui aux projets.

La troisième partie recense les organisations intergouvernementales et non gouvernementales intervenant dans le domaine de l’assistance au déminage, en particulier CARE International, le Centre international de Genève pour le déminage humanitaire, Handicap International, la Campagne internationale pour l’interdiction des mines terrestres, le Comité international de la Croix-Rouge, le Réseau des survivants des mines terrestres, le Mines Advisory Group, l’Organisation d’entraide populaire norvégienne, le Vietnam Veterans of America Foundation/Survey Action Centre et enfin le World Rehabilitation Fund.

La quatrième partie aborde la contribution de l’Organisation des Etats américains dans l’assistance au déminage, notamment au Costa Rica, au Guatemala, au Honduras, au Nicaragua, en Equateur ou au Pérou.

La cinquième partie traite des programmes des pays en matière de déminage, en particulier ceux de l’Afghanistan, de l’Angola, de l’Azerbaïdjan, de Bosnie- Herzégovine, du Cambodge, du Tchad, de Croatie, de l’Erythrée et de l’Ethiopie, de la Guinée-Bissau, de l’Iraq, du Kosovo, de la République démocratique populaire lao, du Mozambique, de Somalie, du Sud-Liban, du Sri Lanka, du Soudan, de Thaïlande et du Yémen.

La sixième partie du rapport développe une approche globale du déminage tandis que la dernière contient une série d’observations du Secrétaire général sur la question. Il recommande entre autres de recenser de nouvelles sources de fonds destinés à la lutte antimines et appelle la communauté internationale à en faire davantage pour soutenir l’action antimines de l’ONU.

Enfin, le rapport contient en annexes les détails du Fonds d’affectation spéciale pour l’assistance au déminage.

Projet de résolution

Aux termes du projet de résolution concernant l’assistance au déminage (A/55/L.44) l’Assemblée générale demanderait, en particulier, que l’ONU poursuive son action, avec l’assistance d’Etats et d’institutions, selon les besoins, pour encourager la mise ne place de capacités nationales d’action antimines dans les pays où les mines font peser une grave menace sur la sécurité, la santé et la vie des habitants, ou compromettent l’effort de développement socioéconomique aux niveaux national et local, prierait instamment tous les Etats Membres, en particulier ceux qui sont le mieux en mesure de le faire, d’aider les pays touchés par les mines à créer leurs propres capacités de déminage, de sensibilisation aux dangers des mines et d’assistance aux victimes, ou à les développer.

L’Assemblée soulignerait aussi qu’il importe que la communauté internationale contribue à l’aide d’urgence à apporter aux victimes de mines ainsi qu’aux programmes de traitement, de rééducation et de réinsertion sociale et économique qui leur sont destinés et que cette assistance doit s’inscrire dans des stratégies plus larges de santé publique et de développement socioéconomique. Elle encouragerait les gouvernements, les organismes compétents des Nations Unies et les autres donateurs à prendre de nouvelles mesures pour promouvoir la mise en oeuvre de programmes de sensibilisation aux dangers des mines adaptés au sexe et à l’âge des publics visés, l’assistance aux victimes et la rééducation centrée sur les enfants, afin de diminuer le nombre de jeunes victimes et d’atténuer leurs souffrances.

L’Assemblée générale soulignerait qu’il importe de mettre au point un vaste système de gestion de l’information sur l’action antimines, sous la supervision générale du Service de l’action antimines et avec l’appui du Centre international de Genève pour le déminage humanitaire. Elle soulignerait également à ce sujet qu’il importe de relever l’emplacement des mines, de conserver tous les relevés effectués et, à la cessation des hostilités, de mettre ces derniers à la dispositions des parties concernée. L’Assemblée prierait instamment les Etats Membres, les organisations régionales, les organisations intergouvernementales et non gouvernementales et les fondations qui sont en mesure de le faire de fournir, selon les besoins, une assistance technique aux pays infestés de mines, ainsi que d’encourager les travaux scientifiques de recherche-développement sur les techniques de déminage humanitaire, afin que les activités antimines puissent être menées de manière plus efficace, à un moindre coût et dans de meilleures conditions de sécurité, et de favoriser la collaboration internationale dans ce domaine. Elle prierait aussi le Secrétaire général d’étudier les moyens d’assurer une base financière plus solide au service de l’action antimines et de présenter les différentes options à l’Assemblée générale.

Déclarations

M. SAMUEL LE CARUYER DE BEAUVAIS (France), s'exprimant au nom des pays de l'Union européenne, des pays d'Europe centrale et orientale associés à l'Union européenne (Bulgarie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Roumanie, Slovaquie, Slovénie) et des pays associés Chypre et Malte ainsi que l'Islande, a regretté que la tragédie des mines antipersonnel, qui touche particulièrement les populations civiles de pays déjà éprouvés par des conflits armés passés ou en cours, continue malgré les efforts de la communauté internationale. Il a ajouté que de nombreux pays consacrent d'importantes ressources à l'action contre les mines estimant qu'en 1999 plus de 219 millions de dollars ont été consacrés à cette cause, mais que nous devons continuer à exercer une action diplomatique de conviction par laquelle, progressivement, nous continuerons à accroître le nombre de pays ayant rejoint notre cause, a-t-il poursuivi. Il a souhaité que l'accent soit mis aujourd'hui sur la responsabilité de ceux qui utilisent encore ces mines qui tuent et mutilent chaque jour avant d'ajouter que la communauté internationale ne saurait relâcher ses efforts tant pour les inciter à renoncer à employer ces armes que pour les pousser à s'impliquer dans des actions de lutte contre les mines.

Le représentant a poursuivi en reconnaissant que des évolutions non négligeables se sont produites au cours de l'année écoulée dans le domaine de la lutte contre les mines antipersonnel et que le nombre d'Etats parties à la Convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction ne cesse de croître. Il a déclaré que l'Union européenne souhaite que ce combat puisse être mené par toutes les voies susceptibles d'être porteuses de résultats et en priorité, elle milite pour une application totale et rapide de la Convention d'Ottawa par laquelle, incontestablement, une norme internationale a été créée. Il a ensuite salué le travail accompli par les organisations non-gouvernementales, reconnaissant que les avancées réalisées jusqu'ici sont largement à porter au crédit de cette action salutaire, et appuyé le rôle central de coordinateur unique des Nations Unies dans le domaine du déminage joué par l'UNMAS au sein du département des opérations de maintien de la paix. Enfin, le représentant a déclaré que l'action ne saurait se limiter au discours politique et que, dans le domaine plus concret du déminage et des programmes d'assistance aux victimes, la Commission européenne et les Etats Membres ont consacré l'année dernière plus de 103 millions d'Euros à des programmes opérationnels, ce qui fait de l'Union le premier contributeur en la matière.

M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a déclaré que les mines menacent la santé et le bien-être des hommes. Elles les empêchent d’exercer leurs droits fondamentaux et compromettent le développement économique et social. Il est important que l’action humanitaire contre les mines soit centrée sur les personnes avant tout. Il s’agit de reconstruire des communautés déchirées par la guerre, de réadapter, de réhabiliter et en fin de compte, de favoriser le développement humain. Des réalisations marquantes ont été constatées au cours de l’année écoulée; c’est ainsi que la production des mines a décru, que leur commerce a pratiquement stoppé, que des millions de mines antipersonnel ont été détruites, que des kilomètres carrés de terrain ont été déminés et que le nombre de victimes a

fortement diminué. Toutefois, une réalité inacceptable demeure: les mines antipersonnel continuent de tuer des innocents. Elles posent un problème socioéconomique et humanitaire dans trop de pays, a-t-il dit. Certains gouvernements et groupes rebelles utilisent encore ces mines et nous devons donc universaliser la Convention sur l’interdiction des mines.

L’action contre les mines ne peut être considérée comme une action purement technique. La plupart des organismes des Nations Unies tels que le PNUD, la FAO, le PAM ou encore l’UNICEF sont affectés tous les jours par le problème des mines antipersonnel au travers de leurs différents programmes. La nécessité de considérer la question des mines est de plus en plus évidente dans les opérations de maintien de la paix, a estimé le représentant de la Norvège. Il est donc nécessaire que les Nations Unies fassent la preuve d’une plus grande cohésion en matière de mines antipersonnel. La Norvège attache beaucoup d’importance à la définition de critères internationaux pour le déminage humanitaire de manière à rendre les programmes de déminage plus efficaces. M. Kolby a encore souligné plusieurs points qui, selon lui, revêtent une importance particulière dans le domaine de l’action antimines: il a évoqué la diffusion de l’information , la coordination et la flexibilité des acteurs aux niveaux local et national, et le renforcement de l’aide aux victimes.

M. DANIEL LIVERMORE (Canada) a fait observer que la Convention d’Ottawa offre à la communauté internationale un cadre général pour résoudre le problème des mines terrestres. On ne cesse d’accomplir des progrès dans la consolidation des normes internationales établies par la Convention, a-t-il indiqué. En juillet 2000, un tournant historique a été atteint lorsque la République islamique de Mauritanie a ratifié la Convention, devenant ainsi le 100ème Etat à le faire. L’appui à la Convention continue de se renforcer tout comme l’engagement des Etats, qui n’ont pas encore accepté les dispositions de la Convention, de procéder à des changements positifs. Ces changements positifs peuvent être mesurés; selon le Landmine Monitor Report, le nombre de producteurs de mines antipersonnel a chuté au cours de ces dernières années passant de 54 à 16; aujourd’hui, à l’exception d’un seul, tous les 34 pays connus pour avoir exporté par le passé des mines antipersonnel, ont au moins déclaré officiellement qu’ils ont cessé leurs exportations; plus de 22 millions de mines terrestres ont été détruites ces dernières années par plus de 50 pays. Des progrès impressionnants ont également été accomplis en matière de déminage.

Il ne fait aucun doute que des problèmes demeurent mais si nous continuons de travailler en partenariat, nous réussirons à mettre fin à la terreur des mines terrestres d’ici à quelques années et non pas dans des dizaines d’années, a-t-il déclaré. Nous lançons de nouveau un appel à ceux qui sont en mesure d’apporter une assistance technique et financière et les invitons à relever le défi de l’action antimines et, le cas échéant, à intégrer l’action antimines dans la planification et la programmation du développement. Dans le même ordre d’idées, nous engageons le Conseil de sécurité, au moment où il établit les mandats des opérations de maintien de la paix, à se déclarer prêt à envisager de fixer des objectifs pour tous les volets de l’action antimines dans le contexte des mandats qu’il assigne.

Pour faire en sorte que la marche se poursuive vers la ratification par tous les Etats et l’application intégrale de la Convention d’Ottawa, il nous faut fixer des délais pratiques et établir un programme de travail réaliste pour tenir ces délais, a fait valoir le représentant. Par exemple, la troisième réunion annuelle de la Convention étant prévue à Managua, au Nicaragua, en septembre 2001, nous devrions nous engager à assurer d’ici là la destruction totale des stocks de mines antipersonnel dans les Amériques. Nous demeurerons tout aussi engagés à accomplir des progrès dans les autres régions. Pour maintenir l’élan dans le sens d’une solution au problème des mines terrestres en Afrique, le Canada, la France et le Mali appuient l’organisation d’une Conférence qui se tiendra à Bamako les 15 et 16 février 2001. Dans le même ordre d’idées, le Canada et la Hongrie parraineront un séminaire régional sur les problèmes particuliers que pose la destruction des mines PMF, qui se tiendra à Budapest au début du mois de février 2001 et qui tirera également parti des compétences techniques de l’OTAN et de certains de ses Etats membres.

Le représentant a mis en avant le rôle déterminant de l’ONU. C’est par la coopération internationale efficacement coordonnée et mise en oeuvre que nous pourrons tirer le meilleur parti de nos ressources limitées. C’est par la pression morale de l’Organisation que nous pourrons élargir les succès remportés à ce jour et faire de la Convention d’Ottawa la norme générale et universelle nécessaire pour éliminer totalement le fléau des mines terrestres, a-t-il conclu.

M. HIDEAKI KOBAYASHI (Japon) a déclaré que le problème des mines terrestres doit être appréhendé comme une menace à la sécurité humaine et que c’est à partir de sa volonté d’assurer cette sécurité que son pays est déterminé à s’attaquer à ce problème en collaboration avec la communauté internationale.

Rappelant la proposition de M. Obuchi, alors Ministre des affaires étrangères, faite lors de la Conférence d’Ottawa en 1997, de définir un objectif de «zéro victimes», il a indiqué que, pour atteindre ce but, son pays contribuera pour environ 90 millions de dollars, une somme qui sera étalée sur une période de 5 ans à partir de 1998. A ce titre, le Japon a continué de faire des contributions financières au Fond d’affectation spéciale pour l’assistance antimines, au Projet pour l’Afghanistan ainsi qu’à d’autres organisations internationales et non gouvernementales.

Le représentant a en outre noté l’importance de renforcer la capacité des pays touchés par les mines et que dans ce sens, le Japon a soutenu la création du Centre d’action antimines dans différents pays, centre qu’il a qualifié de mécanisme utile visant à encourager les initiatives des pays touchés par les mines. Il a précisé que 500 000 dollars ont, en septembre dernier, été affectée au projet visant à créer un Centre de déminage à la frontière Ethiopie-Erythrée. Il a par ailleurs déclaré que le nombre croissant d’organisations internationales et non gouvernementales engagées dans des activités antimines montre le besoin d’établir une coordination entre les activités de ces diverses organisations ainsi que de définir des normes à leurs activités. Le Japon a contribué cette année 400 000 dollars pour renforcer la coordination des activités antimines a-t-il précisé.

Notant par ailleurs l’importance de promouvoir le partenariat et de permettre un partage des connaissances entre les diverses organisations non gouvernementales, il a encouragé le développement d’un système de gestion de l’information et soutient à ce titre le projet INSMA, le Système de gestion de l’information pour l’action antimines, un projet servant à consolider une base de données de l’action antimines dans les pays touchés par ce problème. Il a aussi noté la nécessité de faciliter les activités des organisations non gouvernementales dans le domaine de la coopération, et encouragé le développement fondamental de normes telles que des principes directeurs pour l’action antimines. Le Japon a ainsi contribué financièrement à l’actualisation d’un guide de sécurité sur l’activité de déminage qui sera bientôt publié. Le représentant a aussi souligné l’importance de l’aide apportée aux victimes.

M. COLIN HOLLIS (Australie) a fait état des actions menées par son gouvernement depuis la signature de la Convention d'Ottawa en décembre 1997 en matière de lutte contre les mines, notamment en application de cette Convention. Il a déclaré que l'Australie est devenue l’un des principaux contributeurs à la lutte antimines, en particulier dans la région du Pacifique. Il a mentionné en particulier une campagne intitulée «Destroy a Minefield» dans laquelle le gouvernement a associé les ONG et le secteur privé avant d'ajouter que cette campagne s'était mobilisée pour le déminage au Cambodge. Il a déclaré que, pour la décennie 1995-2005, l'Australie a consacré un budget de 100 millions de dollars australiens à la lutte contre les mines essentiellement destinés au Cambodge, au Laos, au Mozambique et à l'Angola.

Il a précisé que, conformément à la Convention d'Ottawa, l'Australie a détruit en septembre 1999 son stock de mines antipersonnel et offert son expertise en la matière aux autres Etats parties à la Convention. A ce titre, des spécialistes de l'Armée australienne se sont rendus au Pérou en juin 2000 pour former des spécialistes péruviens aux méthodes utilisées en Australie pour la destruction des stocks de mines antipersonnel.

M. Hollis a poursuivi en souhaitant que davantage de pays adhèrent à la Convention d'Ottawa, assurant que la diplomatie australienne s'employait à convaincre les Etats voisins du Pacifique à y adhérer. Il a ajouté que le gouvernement travaille en étroite collaboration avec le Réseau australien pour la campagne en faveur de l'interdiction des mines et développe des programmes à l’intention des pays d'Asie du Sud-Est. Il a mentionné également le Programme d'action du gouvernement contre les mines qui a pour but d'apporter une assistance aux pays de la région qui souhaitent détruire leurs stocks. Il a conclu en souhaitant que la Convention sur certaines armes conventionnelles inclue les mines au rang des armes prohibées et il a posé la candidature de l'Australie à la présidence de la Conférence sur la révision de cette Convention qui se tiendra fin 2001 afin de s'assurer que ces mesures seront prises.

M. ALOUNKEO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao) a déploré que tous les jours des innocents soient blessés ou tués par les mines terrestres ou d’autres engins qui se trouvent disséminés à la surface ou enfouis dans le sol de plus de soixante pays dans le monde. Avec le soutien de la communauté internationale, les gouvernements ont associé leurs énergies pour tenter de résoudre ce problème. Les progrès sont importants mais beaucoup reste à faire, a estimé le représentant. Tous les efforts doivent être déployés pour intensifier la coopération internationale dans ce domaine et assurer le succès de cette entreprise. Du fait des bombardements aériens soutenus du temps de la guerre d’Indochine, particulièrement entre 1964 et 1973, la RDPL est durement affectée par le problème des engins qui n’ont pas explosés et qui sont disséminés dans environ 50% des terres du pays. On trouve des mines partout aussi bien dans les villages que dans les villes, dans les jardins et les rizières. Elles frappent sans distinction femmes et enfants ainsi que les fermiers.

Pour faire face à cette situation, le gouvernement de mon pays a établi un programme dont l’objectif est non seulement de réduire le nombre de victimes civiles de ces engins, mais aussi d’augmenter la surface des terres cultivables et promouvoir d’autres activités liées au développement, a-t-il dit. Des centaines de milliers de personnes ont été informées des dangers de ces engins et le nombre des accidents a pu être réduit. Le représentant a affirmé que grâce à ce programme, plus de 1 200 Laotiens ont pu être formés au travail sur le terrain et pourront bientôt accomplir leur tâche sans l’aide des experts internationaux, estimant par ailleurs que la question des mines terrestres reste un sujet auquel la communauté internationale doit accorder une attention particulière.

M. DONALD K. STEINBERG (Etats-Unis) a déclaré que les 70 millions de mines posées dans un tiers des nations de la planète constituent une grave menace pour les individus – dont 300 000 ont déjà été rendus infirmes – de même que pour la stabilité politique, et la situation socioéconomique. Les mines sont un obstacle à la paix, à la démocratie et à la réconciliation et elles empêchent par exemple les réfugiés de regagner leurs pays. Il a mentionné ensuite l'initiative Déminage 2010 lancée par l'administration Clinton et précisé que son pays allait consacrer 100 millions de dollars à la lutte antimines en 2001. Il a cependant indiqué que seule une action collective permettrait de lutter contre la prolifération des mines et, à ce titre, il a souligné le travail accompli par les Etats-Unis et d'autre nations pour détruire des champs de mines, former des démineurs, éduquer les enfants et leurs parents aux dangers que constituent les mines en particulier dans des pays tels que le Mozambique, la Bosnie, l'Afghanistan, l'Angola, le Rwanda, le Cambodge, le Laos. Il a déclaré que les Etats-Unis ont eu recours à des experts qui ont identifié de nouvelles techniques de déminage et que dans certains pays, les résultats sont probants, comme par exemple au Cambodge où le nombre d'accidents dus aux mines est passé de 500 par mois en 1992 à 50 aujourd'hui.

M. Steinberg s'est félicité de la collaboration des Etats-Unis et des Nations Unies dans ce domaine, saluant les efforts déployés par les organes des Nations Unies tels que le PNUD, l'UNICEF, l'UNOPS pour l'action au déminage. Il a ensuite mentionné les partenariats mis en place entre secteur public et secteur privé aux Etats-Unis qui, en collaboration avec les Nations Unies, développent des programmes dans des pays fortement affectés tels que l'Afghanistan, la Bosnie, le Cambodge, le Mozambique. Concernant l'application de la Convention d'Ottawa, le représentant a souligné que depuis 1996, les Etats-Unis ont détruit 3,3 millions de mines terrestres et qu'en 1997, le Président Clinton a interdit l'exportation de mines antipersonnel. Il a conclu en déclarant que son pays travaillait activement à la recherche d'alternatives aux mines terrestres et adhèrerait au Traité d'Ottawa en 2006.

M. CARLOS D. SORRETA (Philippines) a considéré que l’action contre les mines qui constitue un problème humanitaire important aurait pu mener à la création d’une nouvelle forme de bureaucratie. Elle a pourtant abouti à la création d’une structure de coordination grâce à laquelle la communauté internationale peut utiliser au maximum les forces des 14 organismes des Nations Unies, ainsi que des membres de la société civile, pour assurer la viabilité et le succès de son action dans ce domaine. Le représentant a estimé qu’il ne faut pas uniquement se concentrer sur le déminage mais également reconnaître l’impact plus large du problème que représentent les mines notamment au niveau socioéconomique, et donc l’importance de trouver des solutions à long terme qui prévoient de s’occuper des victimes, des terres et des sociétés touchées, ce qui constitue une nouvelle approche de l’action antimines. Le problème des mines reste un défi pour la communauté internationale et le système des Nations Unies, a-t-il dit, estimant par ailleurs qu’il faut poursuivre les efforts en faveur de la prévention des conflits en s’attaquant directement à leurs causes et en s’assurant qu’ils puissent trouver une solution juste et pacifique.

M. AHMED ABOULGHEIT (Egypte) a déclaré que l'Egypte accorde une importance particulière à l'aide internationale aux pays touchés par les mines terrestres. Après avoir rappelé que l’Egypte a souffert pendant 50 ans de ce fléau, il s’est félicité que la communauté internationale ait pris conscience de l'urgence à régler ce problème de façon globale et sous tous ses aspects. L’Egypte considère que les conséquences économiques ne sont qu'un aspect du problème, car la lutte antimines a des dimensions multiples telles que la sécurité ou la démographie. M. Aboulgheit a déclaré que l'Egypte a du mal à souscrire au paragraphe 118 du rapport du Secrétaire général qui mentionne, au titre de la lutte antimines, d'autres activités telles que la formation, la sensibilisation, l'aide aux victimes, estimant pour sa part que la démarche de l'action antimines doit porter essentiellement sur le déminage qui est central pour le développement économique. Le paragraphe 122 du rapport du Secrétaire général est incomplet et manque de précisions notamment dans sa dernière partie relative à l'utilisation du Fonds d'affectation spéciale sur le déminage qui propose d'affecter ces fonds aux actions humanitaires alors que les contributions mises en recouvrement seraient consacrées aux actions de déminage approuvées par le Conseil de sécurité.

Le représentant a regretté ensuite que le rapport ne parle pas de la responsabilité des pays qui ont posé des mines dans d'autres pays dans le passé et qu'aucun appel ne soit lancé à ces pays pour qu'ils contribuent au déminage des champs. Il a rappelé que 23 millions de mines et engins n'ayant pas explosé sont encore recensés en Egypte et remontent à la bataille d'El-Alamein. Ces mines ont été posées dans le désert égyptien par des puissances étrangères et constituent un obstacle au développement des régions minées et une grave menace pour les populations de ces régions, a-t-il poursuivi. Il a déclaré que l'Egypte développe un plan ambitieux de déminage depuis 1991 mais que sa mise en oeuvre fait peser une lourde charge financière sur son pays, ajoutant que les pays qui ont posé ces mines devraient fournir des cartes pour faciliter les opérations de déminage. Le représentant estime que le coût du déminage a beaucoup augmenté car ces armes sont enterrées en profondeur dans le désert et représentent un obstacle aux efforts de prospection et d'exploitation entrepris par le Gouvernement égyptien, notamment dans le désert du Sinaï. Il a regretté que ces mines continuent de faire des victimes en Egypte avant de se féliciter de la collaboration de son gouvernement avec le service antimines des Nations Unies qui a évalué cette année les dimensions du problème dans un rapport daté du 7 juillet 2000 et qui contient des propositions concrètes pour résoudre le problème des mines en Egypte. Afin de poursuivre les efforts en vue du déminage du désert du Sinaï et des autres déserts, une commission nationale chargée du déminage a été mise en place.

Enfin, le représentant s'est réjoui du souci de la communauté internationale de régler cette question plus que jamais d’actualité, depuis l'adoption de la Convention d'Ottawa en 1997. Il a exprimé l’espoir que son pays continuera à recevoir une assistance au déminage. Il a toutefois émis des réserves à propos de la Convention d'Ottawa qui ne mentionne pas la responsabilité des pays qui posent des mines de même que l'assistance à accorder aux pays qui ont été minés.

M. ANDREI E. GRANOVSKY (Fédération de Russie) a déclaré que son pays attache une grande importance à l’ensemble des problèmes posés par les mines qui selon lui constituent un obstacle grave au développement socioéconomique des Etats affectés mais aussi une menace humanitaire du fait des victimes qu’elles provoquent dans les populations des pays touchés. Il a insisté sur l’importance du déminage dans les actions entreprises pour faire face à ce problème. La Fédération de Russie est sensible au sort des populations des différents continents de la planète qui sont victimes des mines antipersonnel. Tous les ans, en Fédération de Russie, les services spécialisés neutralisent près de 100 000 engins qui n’ont pas explosé en territoire russe et qui pour la plupart sont des vestiges de la Deuxième Guerre mondiale. Dans le cadre des opérations qualifiées d’«antiterroristes» menées en Tchétchénie, le représentant a affirmé que les soldats russes ont été confrontés à des engins modernes constituant autant de menaces pour les vies humaines dans la région.

La Fédération de Russie estime important d’assurer une participation maximum de tous les Etats au nouveau protocole sur les mines de la Convention sur les armes inhumaines. Le représentant a également déclaré que son pays fournit un apport concret au déminage dans différents pays, notamment dans l’ex-Yougoslavie, ce qui confirme la fidélité du pays aux obligations internationales en ce qui concerne la question des mines terrestres pour faire face aux crises qu’elles provoquent dans certaines régions. Des mesures ont été prises pour perfectionner l’action de la Fédération de Russie dans ce domaine, a encore dit le représentant, affirmant par ailleurs que son pays est prêt à continuer à coopérer avec les Nations Unies pour prendre une part active aux opérations de déminage là où elles sont nécessaires.

M. MANUEL PICASSO (Pérou) a indiqué que son pays avait observé avec satisfaction l’émergence d’une réelle volonté politique en matière d’élimination des mines terrestres antipersonnel et qu’il s’agissait d’une cause que le Pérou avait toujours soutenue et continuera à soutenir.

Dans la sphère régionale, mon pays a soutenu, au sein de l’Organisation des Etats américains, la décision de transformer l’hémisphère occidental en une zone exempte de mines terrestres antipersonnel. Les mines antipersonnel ont été présentes dans pratiquement toutes les guerres et le Pérou n’a pas échappé à ce fléau. Il a traduit son engagement en faveur des objectifs fixés par les accords auxquels il est partie, par les actions suivantes: création d’un Groupe de travail qui a un rôle de coordination entre les différents ministères et les différents dossiers nécessaires à la mise en place d’un plan national, permettant la mise en oeuvre de la Convention d’Ottawa dans la période prescrite; exécution par l’Armée péruvienne de deux actions de déminage sur la frontière avec l’Equateur, qui ont nettoyé et sécurisé approximativement 300 000 mètres carrés entre janvier 1999 et mars 2000; destruction de 30 000 mines terrestres antipersonnel provenant de champs de mines et formation de personnel pour la future destruction d’arsenaux; création d’un Conseil national de soutien aux personnes handicapées qui sera chargé de permettre la réhabilitation physique et psychologique des victimes des mines ainsi que leur réinsertion socioéconomique; développement de campagnes de prévention dans les zones concernées de la frontière nord.

Le représentant a fait valoir que ces réalisations avaient été possibles, dans une large mesure, grâce au soutien et à la coopération d’Etats amis défendant les principes éthiques et humanitaires de cette cause: le Canada, les Etats-Unis, le Japon, l’Australie et l’Espagne. Il a souligné que l’aide financière et technique aux pays touchés était un aspect qui ne pouvait être dissocié des objectifs d’élimination des mines terrestres antipersonnel.

M. HAROON SHAUKAT (Pakistan) a exprimé ses réserves face à quelques points figurant dans le rapport du Secrétaire général. Le rapport passe en revue tous les programmes nationaux de déminage et l’action des Nations Unies à cet égard, a- t-il noté. Mais il aurait été plus utile de donner la dimension du problème dans sa totalité, a-t-il fait remarquer. Ainsi, une estimation d’ensemble du nombre total des mines dans chaque pays concerné aurait été utile, car un tel chiffre nous aurait donné la mesure de ce qu’il reste à faire. De même, le représentant a regretté que le rapport ne spécifie pas clairement si les ressources mises en oeuvre dans les pays sont suffisantes ou non. Or, il est crucial que le rapport du Secrétaire général donne une image précise de la dimension du problème et des ressources à mobiliser, a-t-il souligné. Par ailleurs, M. Shaukat a déclaré que sa délégation souhaitait émettre des réserves sur le paragraphe 118 du rapport qui déclare qu’une nouvelle approche, «qui n’est plus centrée exclusivement sur le déminage», a vu le jour. Le déminage doit rester au centre des activités de l’ONU sur cette question, a affirmé le représentant. La sensibilisation des personnes et l’aide aux victimes, pour importantes que soient ces activités, ne doivent en aucun cas se substituer aux activités de déminage. En effet, alors que la communauté internationale est déjà bien sensibilisée aux problèmes liés à l’usage sans distinction des mines antipersonnel, il s’avère que les ressources sont sans commune mesure avec l’ampleur des besoins, a déploré le représentant. En conclusion, il a appelé la communauté internationale et plus particulièrement les pays développés à contribuer plus généreusement aux programmes de déminage.

M. ISA AYAD BABAA (Jamahiriya arabe libyenne) a estimé que le problème des mines terrestres reste au coeur des préoccupations de la communauté internationale, regrettant que ces mines menacent la vie et la survie de millions de personnes et le développement de nombreux pays parmi les moins avancés. Il a déclaré que, malgré les efforts déployés, de nombreuses personnes souffrent encore de ce fléau, avant d'ajouter que la priorité doit être accordée au déminage intégral, à la formation au déminage et à l'aide aux victimes ainsi qu'à la fourniture d'informations quant au positionnement de ces mines. Il a regretté que le rapport du Secrétaire général ne fasse pas référence à la responsabilité des pays qui ont posé des mines dans d'autres pays et que la Convention d'Ottawa ne définisse pas le droit des pays touchés par ce fléau à revendiquer des dédommagements, ce qui est grave pour des pays en développement qui n'ont pas la force de se défendre face aux pays producteurs. Il a ajouté qu’en Libye, durant la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses mines ont été posées dans le désert par trois puissances belligérantes et que ces mines se sont déplacées depuis et sont enfouies en profondeur. Souhaitant que les pays responsables fournissent des cartes pour localiser ces mines, il a demandé que ces puissances reconnaissent leur responsabilité et contribuent au déminage et à l’indemnisation des victimes. Il a déclaré que l’Italie avait accepté de reconnaître sa responsabilité et mis en oeuvre un programme d'assistance au déminage en Libye. Il a regretté ensuite que plus de 15 millions de mines soient encore posées sur le continent africain, estimant que la communauté internationale doit accorder la priorité au déminage du continent, afin qu'il puisse relever le défi du développement. A ce titre, il a ajouté que la question de l’assistance aux victimes et à la réhabilitation avait été abordée au cours d'une réunion tenue au Caire, en avril 2000, sur les moyens de venir à bout du fléau des mines terrestres en Afrique.

M. SUN JOUN-YUNG (République de Corée) a estimé que les mines antipersonnel continuent de représenter une menace majeure pour les pays durement touchés par ce problème. De par leur nature, elles représentent une menace pour les peuples et pour le développement socioéconomique; elles constituent un obstacle au retour des réfugiés ou des personnes déplacées, aux opérations de secours humanitaires, à la reconstruction et au développement économique. Pour relever ces défis importants, la communauté internationale doit répondre au problème posé par les mines en envisageant simultanément le déminage, la prise de conscience du problème et l’assistance aux victimes. A cet égard, le représentant a souligné l’importance du rôle central de coordination des Nations Unies dans ce domaine.

Il a noté avec satisfaction que le PNUD a entrepris des études sur l’impact socioéconomique des mines sur les peuples et les sociétés et des efforts entrepris pour réinsérer les victimes des mines dans leurs sociétés. Des outils éducationnels peuvent réduire de manière significative le nombre des victimes des mines en améliorant leur prise de conscience du danger qu’elles représentent notamment chez les femmes et les enfants, a-t-il dit, estimant par ailleurs que la communauté internationale se doit de renouveler son engagement à assurer aux populations des pays affectés par les mines, la possibilité de réussir leur développement sans la crainte d’être victimes des mines.

M. SUN SUON (Cambodge) a attiré l’attention sur le fait que, avec un total estimé de 4 à 6 millions de mines et nombre de munitions non explosées actuellement enfouies dans le sol du Cambodge, les décomptes montrent qu’une personne sur 380 avait perdu sa vie ou un membre au cours d’une explosion sur un champ de mine. Il a mis en avant la situation délicate et compliquée à laquelle est confronté le peuple cambodgien dans les secteurs où existent des champs de mines, une situation qui constitue un obstacle aux efforts de développement du pays.

Depuis 1993, le Centre de déminage cambodgien s’est efforcé de faire avancer ses plans prioritaires dans le cadre d’un large programme de travail, a déclaré le représentant. Des progrès significatifs ont été accomplis en matière de localisation des mines, de campagnes de sensibilisation, d’élimination des mines et de formation. Les accidents liés aux mines ont diminué de façon significative passant d’une moyenne mensuelle de 600 en 1992 à 56 en septembre 2000. En dépit des progrès réalisés, il nous faut admettre qu’il reste beaucoup à faire. Malgré les changements apportés dans sa gestion, le Centre de déminage connaît toujours des problèmes financiers. Ce financement insuffisant l’a amené à licencier près d’un quart de son personnel opérationnel. Le représentant s’est toutefois dit confiant dans la volonté de la communauté internationale de maintenir son soutien à son niveau antérieur.

M. ERNEST PETRIC (Slovénie) a constaté que les mines antipersonnel ne choisissent pas leurs victimes. Leurs cibles sont théoriquement militaires mais le plus souvent, elles tuent, handicapent ou blessent des civils. Ce sont des armes qui ne disparaissent pas avec les cessez-le-feu ou les accords de paix. Au contraire, elles continuent de représenter une menace pour les personnes qui les touchent des années après la fin des hostilités. L’action antimines internationale est donc d’une importance primordiale, l’une des entreprises humanitaires les plus efficaces et pratiques de notre temps, a-t-il dit. Cette action repose sur le principe de l’interdiction de ces armes et de la protection des civils dans les conflits armés. Le concept de l’action antimines inclut différents aspects tels que la destruction des armes terrestres, la réhabilitation des victimes et la création d’une prise de conscience du problème.

La Slovénie s’engage à détruire ses stocks de mines antipersonnel d’ici à l’an 2003. Le représentant a également annoncé que son pays participe aux efforts pour la réhabilitation de la région de l’Europe du Sud-Est. Un grand nombre de mines et d’engins qui n’ont pas encore explosé se trouvent dans la région, faisant des victimes chaque jour. Ces engins ont empêché le retour des réfugiés dans leur foyer, le retour des populations à une vie normale et un retour plus rapide à une activité économique normale. Le représentant a encore considéré que le Fonds d’affectation spéciale incarne le meilleur rapport coût/qualité pour le déminage de la région de l’Europe du Sud-Est.

M. MARIO RODRIGUEZ CASTILLO (Nicaragua) a rappelé que c’est dans son pays, à Managua, que se tiendrait en septembre 2001 la troisième Réunion des Etats parties à la Convention d’Ottawa. Il a lancé un appel à tous les Etats Membres des Nations Unies pour qu’ils deviennent Etats parties à la Convention de façon à mettre fin à un fléau à l’origine de tant de souffrances pour l’humanité. Il a indiqué que l’exécution du Plan national de déminage nicaraguayen se poursuivait en dépit des effets des récents désastres naturels qui ont perturbé la localisation des mines et ont entraîné un réajustement du calendrier. Nous espérons parvenir à la destruction totale des mines terrestres enfouies d’ici à 2004, a-t-il précisé. Il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle continue à fournir à son pays l’appui nécessaire à la réalisation des tâches définies dans le cadre de ses efforts de déminage comme au programme spécial de réinsertion sociale et économique des victimes mis en place.

Il serait paradoxal qu’au début du nouveau millénaire, l’humanité s’achemine d’une part vers une ère de grandes transformations technologiques et que, dans le même temps, le meurtre de tant de civils innocents et d’enfants sans défense se poursuive. Il est temps d’orienter le développement technologique vers le bien- être des êtres humains, a-t-il déclaré.

Mme GABRIELA MARTINIC (Argentine) a déclaré que la Convention sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction est un instrument juridique qui contribue à promouvoir la sécurité internationale, la non-prolifération et le désarmement. Elle a affirmé que l’Argentine partage intégralement les objectifs et les principes qui sous-tendent cette Convention. L’engagement de l’Argentine en faveur de l’interdiction des mines terrestres antipersonnel est cohérent avec la politique argentine en matière de désarmement et de limitation des armements; elle consiste en effet à limiter autant que possible l’usage d’armes encore actives une fois que les conflits sont terminés et dont les conséquences sur les populations civiles sont particulièrement cruelles. La représentante a précisé que son pays dispose de ressources humaines hautement qualifiées pour la formation au déminage et la destruction des mines existantes, ainsi que d’équipes mobiles de formation. L’Argentine contribue donc activement au déminage au niveau mondial et a aidé plusieurs pays depuis 1993, notamment l’Angola, ainsi que la zone frontalière entre le Pérou et l’Equateur, a ajouté le représentant. Elle a par ailleurs signalé que le Gouvernement argentin a offert au Gouvernement britannique de mener à bien le déminage des Iles des Malouines, offre qui a été acceptée. La représentante s’est en conclusion félicitée de ce que la Convention d’Ottawa consacre des principes fondamentaux de droit international et ait su apporter une réponse aux demandes des populations civiles en vue de l’élimination totale des mines antipersonnel.

M. IVAN SIMONOVIC (Croatie) a déclaré que son pays faisait partie de ceux qui avaient été les plus touchés par les mines, et, en tant que tel, accordait la plus grande importance aux actions de déminage. Il a affirmé que la Croatie accueillait avec intérêt toutes les propositions constructives et les projets visant à interdire et à détruire complètement les mines terrestres et qu’elle était disposée à coopérer avec tous les pays affectés par les mines. Après avoir rappelé que les Nations Unies ont établi un Centre de déminage en Croatie en 1996,

il s’est félicité de ce que les actions de déminage soient devenues un projet du PNUD cette anée. Le représentant a déclaré que les actions de déminage sont non seulement extrêmement dangereuses et lentes, mais également très coûteuses. A cet égard, il a déclaré que la Croatie est actuellement à la recherche des solutions les plus avantageuses, les plus économiques et les plus sûres pour mettre en oeuvre un déminage efficace. Dans les dernières années, la déminage a coûté 150 millions de dollars à la Croatie, et le gouvernement a financé 90% de ces coûts; les experts estiment que le déminage prendra encore 10 ans et coûtera 1,157 billion de dollars, a expliqué M. Simonovic. Il a ensuite déclaré que, pour son pays, le suivi du processus d’Ottawa agit comme un catalyseur pour promouvoir réellement le déminage au niveau mondial. Cependant, des actions énergiques sont encore requises aux niveaux national, régional et mondial, a conclu le représentant, rappelant que le rôle de l’ONU pour promouvoir la coopération en faveur du déminage reste indiscuté.

M. WU HAITAO (Chine) a déclaré que son pays appuyait les efforts déployés visant à débarrasser le monde des mines antipersonnel et était résolument en faveur de l'imposition de restrictions sur l'usage de mines antipersonnel. Il a affirmé que des actions de déminage ont été menées avec succès en Chine et ont permis de nettoyer 240 km2, restaurant ainsi dans leur état d'origine des terres agricoles et des forêts. Le représentant a par ailleurs déclaré que son pays a fait une donation de 160 000 dollars des Etats-Unis aux Nations Unies pour le déminage en Bosnie, organisé un cours de formation au déminage et fourni des dispositifs de déminage aux pays qui en avaient besoin.

M. AARON JACOB (Israël) a déclaré qu’en tant que nation ayant longtemps vécu sous la menace de la guerre, Israël appelle de ses voeux le moment où les civils seront à l’abri du danger que représentent les mines antipersonnel. La décennie écoulée a apporté un soupçon d’espoir: au Moyen-Orient et ailleurs dans le monde, les peuples de différentes nations qui s’affrontaient sur les champs de bataille hier, ont décidé de commencer à nettoyer les champs de mines aujourd’hui. Le représentant a estimé que l’élément primordial des efforts déployés pour l’action antimines est la coopération, ceci étant la position d’Israël en matière de désarmement; en effet, pour Israël, les accords de coopération régionaux constituent le meilleur mécanisme pour lutter contre la prolifération des armes et combattre le fléau des mines terrestres au Moyen-Orient, une région où les guerres, les conflits armés, et la non-reconnaissance politique sont encore monnaie courante.

La vallée du Jourdain est infestée de mines antipersonnel enfouies à cet endroit il y a plusieurs décennies, a affirmé M. Jacob. Israël et la Jordanie en rédigeant un traité de paix en 1994 ont prévu un plan de déminage de la vallée prévoyant l’information des populations locales et la réhabilitation des victimes. D’autres nations, comme le Canada et la Norvège, ont maintenant manifesté leur intérêt à se joindre au projet de la vallée du Jourdain. La coopération semble faire de nouveaux adeptes, a estimé le représentant. De plus, Israël a pris un certain nombre de mesures visant à un meilleur contrôle de la prolifération des mines terrestres et des autres armes à l’échelle mondiale.

La situation unique qu’Israël occupe au Moyen-Orient, engendre des attitudes hostiles et des menaces terroristes dans la région, de même que des actions violentes à ses frontières. Par conséquent, Israël est obligé de recourir aux mines antipersonnel pour assurer sa légitime défense de façon générale, et le long de ses frontières en particulier, en accord toutefois avec les dispositions de la Convention sur les armes classiques. Le représentant a affirmé que son pays se trouve aujourd’hui dans l’impossibilité de s’engager à renoncer à l’utilisation des mines antipersonnel car elles restent un élément indispensable à la protection des civils menacés par des infiltrations de terroristes et à la protection des forces de défense israéliennes. Dans le même temps, Israël se prononce en faveur d’un processus graduel par lequel chaque Etat s’engagerait à freiner la prolifération de ces mines, à définir certaines restrictions à leur utilisation et, quand les circonstances le permettront, à envisager une interdiction de la production et de l’utilisation des mines terrestres antipersonnel. Le représentant a encore précisé que son pays a cessé toute production de mines terrestres et espère que d’autres pays feront bientôt de même.

M. PIERRE HELG, Observateur permanent de la Suisse, a déclaré que son pays soutien l’ONU dans sa lutte contre les mines en lui fournissant des moyens financiers ainsi que des ressources humaines et matérielles et qu’elle compte accroître son effort dans ce domaine. Il s’est félicité que le Centre international de déminage humanitaire à Genève, créé à l’initiative de la Suisse et largement financé par celle-ci, puisse fournir un appui important à l’ONU dans les domaines de la recherche et de l’assistance opérationnelle, et mettre à sa disposition le système de gestion de l’information pour l’action antimines.

Notant les graves difficultés financières du service d’action antimines, qui remettent en question le fonctionnement du service lui-même ainsi que les programmes et projets entrepris dans les pays affectés, il a invité le Secrétaire général à présenter à l’Assemblée générale, dans les meilleurs délais, des propositions sur les moyens d’assurer à long terme le financement d’une action qui répond à l’une des tâches essentielles des Nations Unies. Dans ce cadre, il a déclaré que son pays soutient financièrement, à hauteur de 5 millions de francs suisses, de nombreux pays et organisations dans leurs actions de déminage et qu’il fournit aussi des experts aux centres nationaux et onusiens d’action antimines. Il a en outre noté que son pays s’est engagé dans diverses activités destinées à apporter une assistance aux victimes. Dans le domaine du déminage, la Suisse, accordant une attention toute particulière à la coopération avec des partenaires locaux, a établi au Mozambique, pays d’action prioritaire, des relations étroites avec l’Institut national de déminage. Le renforcement des capacités locales permet aux populations concernées de faire face aux conséquences à long terme du problème des mines, mais il suppose un effort plus important des intervenants et que ces derniers fassent confiance au potentiel local et soient prêts à prendre certains risques. Le représentant a aussi indiqué le soutien apporté par l’Armée suisse qui fournit des ressources humaines ou matérielles et a ajouté que les structures et capacités concernées sont en train d’être renforcées, et qu’en 2001 les activités seront encore augmentées. A la fin de l’année 2002, 40 experts qualifiés seront opérationnels au sein de l’Armée suisse afin de répondre aux besoins futurs des programmes internationaux de déminage humanitaire.

Au niveau de la politique internationale, la Suisse a souligné l’importance de l’universalisation de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel et qu’à ce titre certains Etats et non des moindres n’ont pas adhéré à la Convention. Il a donc demandé que les efforts soient renforcés pour promouvoir l’universalisation de la Convention sur l’interdiction des mines antipersonnel et en assurer la mise en œuvre.

Concluant, l’Observateur a déclaré que la mise en pratique des principes humanitaires implique la volonté de tous les groupes armés, mais aussi des acteurs non étatiques, de renoncer à l’emploi de mines antipersonnel. A cet égard, il a invité tous les Etats intéressés et les ONG à se pencher avec son pays sur la question.

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