LE DEBAT SUR L'ASSISTANCE AU DEMINAGE MET EN AVANT LES PROBLEMES HUMAINS ET ECONOMIQUES POSES PAR LES CHAMPS DE MINES
Communiqué de Presse
AG/1119
LE DEBAT SUR LASSISTANCE AU DEMINAGE MET EN AVANT LES PROBLEMES HUMAINS ET ECONOMIQUES POSES PAR LES CHAMPS DE MINES
20001128Des délégués réclament la responsabilisation des pays poseurs de mines
Quatre à six millions de mines sur le seul territoire du Cambodge, sans compter les munitions non explosées à ce jour et enfouies dans son sous-sol, plus de 70 millions de mines recensées dans le monde et essentiellement dans des pays en développement En citant ces chiffres, la plupart des délégués réunis ce matin en séance plénière de lAssemblée générale nont pas seulement insisté sur lampleur du problème humanitaire que posent les mines terrestres et antipersonnel, ils ont aussi souligné que ces champs de mines répartis dans différentes régions du monde constituent un frein au développement. Etaient soumis à lexamen de lAssemblée un rapport du Secrétaire général présentant les progrès accomplis en matière dassistance à laction antimines pendant lannée écoulée ainsi quun projet de résolution soumis par la France au nom de lUnion européenne et des pays associés qui demanderait que lONU poursuive son action dans ce domaine avec lassistance des Etats et des institutions.
De nombreuses délégations ont souligné lurgence à mettre en place des programmes dassistance efficaces afin de lutter contre les mines terrestres et antipersonnel. Des propositions ont émané de délégations de pays développés qui, à linstar du représentant des Etats-Unis, ont mis laccent sur des programmes quils développent conjointement avec dautres pays donateurs dans des pays fortement affectés tels que le Mozambique, la Bosnie, lAfghanistan, lAngola, le Rwanda ou le Cambodge. Ces programmes consistent à mettre à la disposition de ces pays de nouvelles technologies de déminage afin de détruire les champs de mines, mais aussi à former des équipes de démineurs et à sensibiliser les enfants et leurs parents aux dangers que constituent les mines antipersonnel. Ces initiatives ont enregistré des résultats concrets comme par exemple au Cambodge où le nombre daccidents dus aux mines antipersonnel est passé de 500 par mois en 1992 à 50 aujourdhui, selon le représentant.
La Convention sur linterdiction de lemploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, adoptée à Ottawa en 1997, a offert à la communauté internationale un cadre général pour résoudre le problème des mines terrestres comme la souligné le représentant du Canada qui a ajouté que, selon le Landmine Monitor Project, le nombre de producteurs de mines a chuté au cours de ces dernières années passant de 54 à 16 et que, sur les 34 pays connus pour avoir dans le passé exporté des mines antipersonnel, 33 ont déclaré officiellement avoir cessé ces exportations. Par ailleurs, plus de 22 millions
de mines terrestres ont été détruites ces dernières années par plus de 50 pays, a poursuivi le représentant du Canada qui a proposé en outre que, dici la tenue de la troisième réunion annuelle de la Convention prévue à Managua, au Nicaragua, en septembre 2001, la totalité des stocks de mines antipersonnel soit détruite dans les Amériques. De nombreuses délégations se sont engagées à poursuivre la mise en oeuvre, à léchelle nationale, des dispositions de la Convention dOttawa, le représentant des Etats-Unis déclarant par exemple que son pays se donnait jusquà 2006 pour trouver une alternative aux mines terrestres et ratifier cette convention.
Des délégations ont cependant regretté que la Convention dOttawa, tout comme le rapport du Secrétaire général des Nations Unies, ne fasse pas référence à lobligation des Etats qui ont posé des mines dans dautres Etats de contribuer au déminage et à la fourniture dinformations permettant la localisation de ces champs de mines ainsi quà apporter une assistance aux victimes dans les pays qui ont été minés. Les représentants de lEgypte et de la Libye ont attiré lattention sur le fait quelles sont, elles aussi, affectées par la présence des champs de mines datant de la Seconde Guerre mondiale sur leurs territoires, 23 millions de mines dans le cas de lEgypte. Ils ont réclamé que les puissances impliquées dans ces combats, mettent à leur disposition les cartes qui permettraient de localiser ces mines. Ils ont donc souhaité que des dispositions claires soient adoptées concernant la responsabilisation des pays impliqués dans la dissémination des mines, dans lassistance au déminage et le dédommagement des victimes, le représentant de la Libye soulignant que lItalie avait récemment mis en place un programme dassistance au déminage pour son pays.
LAssemblée générale se prononcera sur le projet de résolution présenté ce matin à une date ultérieure qui sera annoncée.
Les représentants des pays suivant se sont exprimés sur ce point: France (au nom de lUnion européenne et des pays associés), Norvège, Canada, Japon, Australie, République démocratique populaire lao, Etats-Unis, Philippines, Egypte, Fédération de Russie, Pérou, Pakistan, Jamahiriya arabe libyenne, République de Corée, Cambodge, Slovénie, Nicaragua, Argentine, Croatie, Israël, Chine. LObservateur permanent de la Suisse auprès des Nations Unies a également pris la parole.
En cours de séance, le Président avait annoncé plusieurs modification de lordre du jour. Ainsi, la date de clôture des travaux de lAssemblée générale a été repoussée au vendredi 15 décembre 2000. En outre, le Bureau de lAssemblée se réunira le jeudi 30 novembre à 9 heures 30 en salle de conférence 3 pour examiner la demande présentée par plusieurs pays dajouter à lordre du jour de la présente session la question intitulée «Proclamation du 31 août comme Journée internationale de la solidarité». Le Lundi 4 décembre dans la matinée, lAssemblée sera saisie de lexamen du point 43 de lordre du jour intitulé «La situation en Amérique centrale». Enfin, le mardi 12 décembre lAssemblée générale sera saisie des rapports de la Sixième Commission.
LAssemblée se réunira de nouveau demain mercredi 29 novembre, à partir de 10 heures, pour examiner le point de son ordre du jour intitulé «Zone de paix et de coopération de lAtlantique Sud». Elle procèdera également à la nomination de membres du Comité consultatif du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme et se prononcera sur trois projets de résolution.
ASSISTANCE AU DÉMINAGE
Rapport du Secrétaire général
Le rapport du Secrétaire général (A/55/542) rappelle que la question du déminage est à lordre du jour de lAssemblée générale depuis 1993 et il recense par ailleurs les progrès réalisés en matière dassistance à laction antimines. Le rapport fait également état des progrès réalisés par le Comité international de la Croix-Rouge, les autres organisations internationales et régionales ainsi que les programmes nationaux, et sur le fonctionnement du Fonds daffectation spéciale pour lassistance à laction antimines. Le rapport donne des renseignements sur le travail des différentes organisations qui mènent des activités antimines. Il comporte des détails sur les programmes de pays antimines les plus connus comme ceux de lAfghanistan, du Cambodge, ou du Mozambique, et également sur les activités les plus récentes actuellement entreprises au Sud-Liban, en Guinée- Bissau et en Ethiopie et Erythrée.
Outre la partie introductive, le rapport comporte six parties. La seconde partie sintitule Système des Nations Unies et recense les activités des organes des Nations Unies en faveur du déminage, à savoir le Service daction antimines de lONU, le Département des affaires de désarmement, le Bureau des Nations Unies pour la coordination de lassistance humanitaire, le Programme des Nations Unies pour le développement, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, le Fonds des Nations Unies pour lenfance ainsi que le Bureau des Nations Unies pour les services dappui aux projets.
La troisième partie recense les organisations intergouvernementales et non gouvernementales intervenant dans le domaine de lassistance au déminage, en particulier CARE International, le Centre international de Genève pour le déminage humanitaire, Handicap International, la Campagne internationale pour linterdiction des mines terrestres, le Comité international de la Croix-Rouge, le Réseau des survivants des mines terrestres, le Mines Advisory Group, lOrganisation dentraide populaire norvégienne, le Vietnam Veterans of America Foundation/Survey Action Centre et enfin le World Rehabilitation Fund.
La quatrième partie aborde la contribution de lOrganisation des Etats américains dans lassistance au déminage, notamment au Costa Rica, au Guatemala, au Honduras, au Nicaragua, en Equateur ou au Pérou.
La cinquième partie traite des programmes des pays en matière de déminage, en particulier ceux de lAfghanistan, de lAngola, de lAzerbaïdjan, de Bosnie- Herzégovine, du Cambodge, du Tchad, de Croatie, de lErythrée et de lEthiopie, de la Guinée-Bissau, de lIraq, du Kosovo, de la République démocratique populaire lao, du Mozambique, de Somalie, du Sud-Liban, du Sri Lanka, du Soudan, de Thaïlande et du Yémen.
La sixième partie du rapport développe une approche globale du déminage tandis que la dernière contient une série dobservations du Secrétaire général sur la question. Il recommande entre autres de recenser de nouvelles sources de fonds destinés à la lutte antimines et appelle la communauté internationale à en faire davantage pour soutenir laction antimines de lONU.
Enfin, le rapport contient en annexes les détails du Fonds daffectation spéciale pour lassistance au déminage.
Projet de résolution
Aux termes du projet de résolution concernant lassistance au déminage (A/55/L.44) lAssemblée générale demanderait, en particulier, que lONU poursuive son action, avec lassistance dEtats et dinstitutions, selon les besoins, pour encourager la mise ne place de capacités nationales daction antimines dans les pays où les mines font peser une grave menace sur la sécurité, la santé et la vie des habitants, ou compromettent leffort de développement socioéconomique aux niveaux national et local, prierait instamment tous les Etats Membres, en particulier ceux qui sont le mieux en mesure de le faire, daider les pays touchés par les mines à créer leurs propres capacités de déminage, de sensibilisation aux dangers des mines et dassistance aux victimes, ou à les développer.
LAssemblée soulignerait aussi quil importe que la communauté internationale contribue à laide durgence à apporter aux victimes de mines ainsi quaux programmes de traitement, de rééducation et de réinsertion sociale et économique qui leur sont destinés et que cette assistance doit sinscrire dans des stratégies plus larges de santé publique et de développement socioéconomique. Elle encouragerait les gouvernements, les organismes compétents des Nations Unies et les autres donateurs à prendre de nouvelles mesures pour promouvoir la mise en oeuvre de programmes de sensibilisation aux dangers des mines adaptés au sexe et à lâge des publics visés, lassistance aux victimes et la rééducation centrée sur les enfants, afin de diminuer le nombre de jeunes victimes et datténuer leurs souffrances.
LAssemblée générale soulignerait quil importe de mettre au point un vaste système de gestion de linformation sur laction antimines, sous la supervision générale du Service de laction antimines et avec lappui du Centre international de Genève pour le déminage humanitaire. Elle soulignerait également à ce sujet quil importe de relever lemplacement des mines, de conserver tous les relevés effectués et, à la cessation des hostilités, de mettre ces derniers à la dispositions des parties concernée. LAssemblée prierait instamment les Etats Membres, les organisations régionales, les organisations intergouvernementales et non gouvernementales et les fondations qui sont en mesure de le faire de fournir, selon les besoins, une assistance technique aux pays infestés de mines, ainsi que dencourager les travaux scientifiques de recherche-développement sur les techniques de déminage humanitaire, afin que les activités antimines puissent être menées de manière plus efficace, à un moindre coût et dans de meilleures conditions de sécurité, et de favoriser la collaboration internationale dans ce domaine. Elle prierait aussi le Secrétaire général détudier les moyens dassurer une base financière plus solide au service de laction antimines et de présenter les différentes options à lAssemblée générale.
Déclarations
M. SAMUEL LE CARUYER DE BEAUVAIS (France), s'exprimant au nom des pays de l'Union européenne, des pays d'Europe centrale et orientale associés à l'Union européenne (Bulgarie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Roumanie, Slovaquie, Slovénie) et des pays associés Chypre et Malte ainsi que l'Islande, a regretté que la tragédie des mines antipersonnel, qui touche particulièrement les populations civiles de pays déjà éprouvés par des conflits armés passés ou en cours, continue malgré les efforts de la communauté internationale. Il a ajouté que de nombreux pays consacrent d'importantes ressources à l'action contre les mines estimant qu'en 1999 plus de 219 millions de dollars ont été consacrés à cette cause, mais que nous devons continuer à exercer une action diplomatique de conviction par laquelle, progressivement, nous continuerons à accroître le nombre de pays ayant rejoint notre cause, a-t-il poursuivi. Il a souhaité que l'accent soit mis aujourd'hui sur la responsabilité de ceux qui utilisent encore ces mines qui tuent et mutilent chaque jour avant d'ajouter que la communauté internationale ne saurait relâcher ses efforts tant pour les inciter à renoncer à employer ces armes que pour les pousser à s'impliquer dans des actions de lutte contre les mines.
Le représentant a poursuivi en reconnaissant que des évolutions non négligeables se sont produites au cours de l'année écoulée dans le domaine de la lutte contre les mines antipersonnel et que le nombre d'Etats parties à la Convention sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction ne cesse de croître. Il a déclaré que l'Union européenne souhaite que ce combat puisse être mené par toutes les voies susceptibles d'être porteuses de résultats et en priorité, elle milite pour une application totale et rapide de la Convention d'Ottawa par laquelle, incontestablement, une norme internationale a été créée. Il a ensuite salué le travail accompli par les organisations non-gouvernementales, reconnaissant que les avancées réalisées jusqu'ici sont largement à porter au crédit de cette action salutaire, et appuyé le rôle central de coordinateur unique des Nations Unies dans le domaine du déminage joué par l'UNMAS au sein du département des opérations de maintien de la paix. Enfin, le représentant a déclaré que l'action ne saurait se limiter au discours politique et que, dans le domaine plus concret du déminage et des programmes d'assistance aux victimes, la Commission européenne et les Etats Membres ont consacré l'année dernière plus de 103 millions d'Euros à des programmes opérationnels, ce qui fait de l'Union le premier contributeur en la matière.
M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a déclaré que les mines menacent la santé et le bien-être des hommes. Elles les empêchent dexercer leurs droits fondamentaux et compromettent le développement économique et social. Il est important que laction humanitaire contre les mines soit centrée sur les personnes avant tout. Il sagit de reconstruire des communautés déchirées par la guerre, de réadapter, de réhabiliter et en fin de compte, de favoriser le développement humain. Des réalisations marquantes ont été constatées au cours de lannée écoulée; cest ainsi que la production des mines a décru, que leur commerce a pratiquement stoppé, que des millions de mines antipersonnel ont été détruites, que des kilomètres carrés de terrain ont été déminés et que le nombre de victimes a
fortement diminué. Toutefois, une réalité inacceptable demeure: les mines antipersonnel continuent de tuer des innocents. Elles posent un problème socioéconomique et humanitaire dans trop de pays, a-t-il dit. Certains gouvernements et groupes rebelles utilisent encore ces mines et nous devons donc universaliser la Convention sur linterdiction des mines.
Laction contre les mines ne peut être considérée comme une action purement technique. La plupart des organismes des Nations Unies tels que le PNUD, la FAO, le PAM ou encore lUNICEF sont affectés tous les jours par le problème des mines antipersonnel au travers de leurs différents programmes. La nécessité de considérer la question des mines est de plus en plus évidente dans les opérations de maintien de la paix, a estimé le représentant de la Norvège. Il est donc nécessaire que les Nations Unies fassent la preuve dune plus grande cohésion en matière de mines antipersonnel. La Norvège attache beaucoup dimportance à la définition de critères internationaux pour le déminage humanitaire de manière à rendre les programmes de déminage plus efficaces. M. Kolby a encore souligné plusieurs points qui, selon lui, revêtent une importance particulière dans le domaine de laction antimines: il a évoqué la diffusion de linformation , la coordination et la flexibilité des acteurs aux niveaux local et national, et le renforcement de laide aux victimes.
M. DANIEL LIVERMORE (Canada) a fait observer que la Convention dOttawa offre à la communauté internationale un cadre général pour résoudre le problème des mines terrestres. On ne cesse daccomplir des progrès dans la consolidation des normes internationales établies par la Convention, a-t-il indiqué. En juillet 2000, un tournant historique a été atteint lorsque la République islamique de Mauritanie a ratifié la Convention, devenant ainsi le 100ème Etat à le faire. Lappui à la Convention continue de se renforcer tout comme lengagement des Etats, qui nont pas encore accepté les dispositions de la Convention, de procéder à des changements positifs. Ces changements positifs peuvent être mesurés; selon le Landmine Monitor Report, le nombre de producteurs de mines antipersonnel a chuté au cours de ces dernières années passant de 54 à 16; aujourdhui, à lexception dun seul, tous les 34 pays connus pour avoir exporté par le passé des mines antipersonnel, ont au moins déclaré officiellement quils ont cessé leurs exportations; plus de 22 millions de mines terrestres ont été détruites ces dernières années par plus de 50 pays. Des progrès impressionnants ont également été accomplis en matière de déminage.
Il ne fait aucun doute que des problèmes demeurent mais si nous continuons de travailler en partenariat, nous réussirons à mettre fin à la terreur des mines terrestres dici à quelques années et non pas dans des dizaines dannées, a-t-il déclaré. Nous lançons de nouveau un appel à ceux qui sont en mesure dapporter une assistance technique et financière et les invitons à relever le défi de laction antimines et, le cas échéant, à intégrer laction antimines dans la planification et la programmation du développement. Dans le même ordre didées, nous engageons le Conseil de sécurité, au moment où il établit les mandats des opérations de maintien de la paix, à se déclarer prêt à envisager de fixer des objectifs pour tous les volets de laction antimines dans le contexte des mandats quil assigne.
Pour faire en sorte que la marche se poursuive vers la ratification par tous les Etats et lapplication intégrale de la Convention dOttawa, il nous faut fixer des délais pratiques et établir un programme de travail réaliste pour tenir ces délais, a fait valoir le représentant. Par exemple, la troisième réunion annuelle de la Convention étant prévue à Managua, au Nicaragua, en septembre 2001, nous devrions nous engager à assurer dici là la destruction totale des stocks de mines antipersonnel dans les Amériques. Nous demeurerons tout aussi engagés à accomplir des progrès dans les autres régions. Pour maintenir lélan dans le sens dune solution au problème des mines terrestres en Afrique, le Canada, la France et le Mali appuient lorganisation dune Conférence qui se tiendra à Bamako les 15 et 16 février 2001. Dans le même ordre didées, le Canada et la Hongrie parraineront un séminaire régional sur les problèmes particuliers que pose la destruction des mines PMF, qui se tiendra à Budapest au début du mois de février 2001 et qui tirera également parti des compétences techniques de lOTAN et de certains de ses Etats membres.
Le représentant a mis en avant le rôle déterminant de lONU. Cest par la coopération internationale efficacement coordonnée et mise en oeuvre que nous pourrons tirer le meilleur parti de nos ressources limitées. Cest par la pression morale de lOrganisation que nous pourrons élargir les succès remportés à ce jour et faire de la Convention dOttawa la norme générale et universelle nécessaire pour éliminer totalement le fléau des mines terrestres, a-t-il conclu.
M. HIDEAKI KOBAYASHI (Japon) a déclaré que le problème des mines terrestres doit être appréhendé comme une menace à la sécurité humaine et que cest à partir de sa volonté dassurer cette sécurité que son pays est déterminé à sattaquer à ce problème en collaboration avec la communauté internationale.
Rappelant la proposition de M. Obuchi, alors Ministre des affaires étrangères, faite lors de la Conférence dOttawa en 1997, de définir un objectif de «zéro victimes», il a indiqué que, pour atteindre ce but, son pays contribuera pour environ 90 millions de dollars, une somme qui sera étalée sur une période de 5 ans à partir de 1998. A ce titre, le Japon a continué de faire des contributions financières au Fond daffectation spéciale pour lassistance antimines, au Projet pour lAfghanistan ainsi quà dautres organisations internationales et non gouvernementales.
Le représentant a en outre noté limportance de renforcer la capacité des pays touchés par les mines et que dans ce sens, le Japon a soutenu la création du Centre daction antimines dans différents pays, centre quil a qualifié de mécanisme utile visant à encourager les initiatives des pays touchés par les mines. Il a précisé que 500 000 dollars ont, en septembre dernier, été affectée au projet visant à créer un Centre de déminage à la frontière Ethiopie-Erythrée. Il a par ailleurs déclaré que le nombre croissant dorganisations internationales et non gouvernementales engagées dans des activités antimines montre le besoin détablir une coordination entre les activités de ces diverses organisations ainsi que de définir des normes à leurs activités. Le Japon a contribué cette année 400 000 dollars pour renforcer la coordination des activités antimines a-t-il précisé.
Notant par ailleurs limportance de promouvoir le partenariat et de permettre un partage des connaissances entre les diverses organisations non gouvernementales, il a encouragé le développement dun système de gestion de linformation et soutient à ce titre le projet INSMA, le Système de gestion de linformation pour laction antimines, un projet servant à consolider une base de données de laction antimines dans les pays touchés par ce problème. Il a aussi noté la nécessité de faciliter les activités des organisations non gouvernementales dans le domaine de la coopération, et encouragé le développement fondamental de normes telles que des principes directeurs pour laction antimines. Le Japon a ainsi contribué financièrement à lactualisation dun guide de sécurité sur lactivité de déminage qui sera bientôt publié. Le représentant a aussi souligné limportance de laide apportée aux victimes.
M. COLIN HOLLIS (Australie) a fait état des actions menées par son gouvernement depuis la signature de la Convention d'Ottawa en décembre 1997 en matière de lutte contre les mines, notamment en application de cette Convention. Il a déclaré que l'Australie est devenue lun des principaux contributeurs à la lutte antimines, en particulier dans la région du Pacifique. Il a mentionné en particulier une campagne intitulée «Destroy a Minefield» dans laquelle le gouvernement a associé les ONG et le secteur privé avant d'ajouter que cette campagne s'était mobilisée pour le déminage au Cambodge. Il a déclaré que, pour la décennie 1995-2005, l'Australie a consacré un budget de 100 millions de dollars australiens à la lutte contre les mines essentiellement destinés au Cambodge, au Laos, au Mozambique et à l'Angola.
Il a précisé que, conformément à la Convention d'Ottawa, l'Australie a détruit en septembre 1999 son stock de mines antipersonnel et offert son expertise en la matière aux autres Etats parties à la Convention. A ce titre, des spécialistes de l'Armée australienne se sont rendus au Pérou en juin 2000 pour former des spécialistes péruviens aux méthodes utilisées en Australie pour la destruction des stocks de mines antipersonnel.
M. Hollis a poursuivi en souhaitant que davantage de pays adhèrent à la Convention d'Ottawa, assurant que la diplomatie australienne s'employait à convaincre les Etats voisins du Pacifique à y adhérer. Il a ajouté que le gouvernement travaille en étroite collaboration avec le Réseau australien pour la campagne en faveur de l'interdiction des mines et développe des programmes à lintention des pays d'Asie du Sud-Est. Il a mentionné également le Programme d'action du gouvernement contre les mines qui a pour but d'apporter une assistance aux pays de la région qui souhaitent détruire leurs stocks. Il a conclu en souhaitant que la Convention sur certaines armes conventionnelles inclue les mines au rang des armes prohibées et il a posé la candidature de l'Australie à la présidence de la Conférence sur la révision de cette Convention qui se tiendra fin 2001 afin de s'assurer que ces mesures seront prises.
M. ALOUNKEO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao) a déploré que tous les jours des innocents soient blessés ou tués par les mines terrestres ou dautres engins qui se trouvent disséminés à la surface ou enfouis dans le sol de plus de soixante pays dans le monde. Avec le soutien de la communauté internationale, les gouvernements ont associé leurs énergies pour tenter de résoudre ce problème. Les progrès sont importants mais beaucoup reste à faire, a estimé le représentant. Tous les efforts doivent être déployés pour intensifier la coopération internationale dans ce domaine et assurer le succès de cette entreprise. Du fait des bombardements aériens soutenus du temps de la guerre dIndochine, particulièrement entre 1964 et 1973, la RDPL est durement affectée par le problème des engins qui nont pas explosés et qui sont disséminés dans environ 50% des terres du pays. On trouve des mines partout aussi bien dans les villages que dans les villes, dans les jardins et les rizières. Elles frappent sans distinction femmes et enfants ainsi que les fermiers.
Pour faire face à cette situation, le gouvernement de mon pays a établi un programme dont lobjectif est non seulement de réduire le nombre de victimes civiles de ces engins, mais aussi daugmenter la surface des terres cultivables et promouvoir dautres activités liées au développement, a-t-il dit. Des centaines de milliers de personnes ont été informées des dangers de ces engins et le nombre des accidents a pu être réduit. Le représentant a affirmé que grâce à ce programme, plus de 1 200 Laotiens ont pu être formés au travail sur le terrain et pourront bientôt accomplir leur tâche sans laide des experts internationaux, estimant par ailleurs que la question des mines terrestres reste un sujet auquel la communauté internationale doit accorder une attention particulière.
M. DONALD K. STEINBERG (Etats-Unis) a déclaré que les 70 millions de mines posées dans un tiers des nations de la planète constituent une grave menace pour les individus dont 300 000 ont déjà été rendus infirmes de même que pour la stabilité politique, et la situation socioéconomique. Les mines sont un obstacle à la paix, à la démocratie et à la réconciliation et elles empêchent par exemple les réfugiés de regagner leurs pays. Il a mentionné ensuite l'initiative Déminage 2010 lancée par l'administration Clinton et précisé que son pays allait consacrer 100 millions de dollars à la lutte antimines en 2001. Il a cependant indiqué que seule une action collective permettrait de lutter contre la prolifération des mines et, à ce titre, il a souligné le travail accompli par les Etats-Unis et d'autre nations pour détruire des champs de mines, former des démineurs, éduquer les enfants et leurs parents aux dangers que constituent les mines en particulier dans des pays tels que le Mozambique, la Bosnie, l'Afghanistan, l'Angola, le Rwanda, le Cambodge, le Laos. Il a déclaré que les Etats-Unis ont eu recours à des experts qui ont identifié de nouvelles techniques de déminage et que dans certains pays, les résultats sont probants, comme par exemple au Cambodge où le nombre d'accidents dus aux mines est passé de 500 par mois en 1992 à 50 aujourd'hui.
M. Steinberg s'est félicité de la collaboration des Etats-Unis et des Nations Unies dans ce domaine, saluant les efforts déployés par les organes des Nations Unies tels que le PNUD, l'UNICEF, l'UNOPS pour l'action au déminage. Il a ensuite mentionné les partenariats mis en place entre secteur public et secteur privé aux Etats-Unis qui, en collaboration avec les Nations Unies, développent des programmes dans des pays fortement affectés tels que l'Afghanistan, la Bosnie, le Cambodge, le Mozambique. Concernant l'application de la Convention d'Ottawa, le représentant a souligné que depuis 1996, les Etats-Unis ont détruit 3,3 millions de mines terrestres et qu'en 1997, le Président Clinton a interdit l'exportation de mines antipersonnel. Il a conclu en déclarant que son pays travaillait activement à la recherche d'alternatives aux mines terrestres et adhèrerait au Traité d'Ottawa en 2006.
M. CARLOS D. SORRETA (Philippines) a considéré que laction contre les mines qui constitue un problème humanitaire important aurait pu mener à la création dune nouvelle forme de bureaucratie. Elle a pourtant abouti à la création dune structure de coordination grâce à laquelle la communauté internationale peut utiliser au maximum les forces des 14 organismes des Nations Unies, ainsi que des membres de la société civile, pour assurer la viabilité et le succès de son action dans ce domaine. Le représentant a estimé quil ne faut pas uniquement se concentrer sur le déminage mais également reconnaître limpact plus large du problème que représentent les mines notamment au niveau socioéconomique, et donc limportance de trouver des solutions à long terme qui prévoient de soccuper des victimes, des terres et des sociétés touchées, ce qui constitue une nouvelle approche de laction antimines. Le problème des mines reste un défi pour la communauté internationale et le système des Nations Unies, a-t-il dit, estimant par ailleurs quil faut poursuivre les efforts en faveur de la prévention des conflits en sattaquant directement à leurs causes et en sassurant quils puissent trouver une solution juste et pacifique.
M. AHMED ABOULGHEIT (Egypte) a déclaré que l'Egypte accorde une importance particulière à l'aide internationale aux pays touchés par les mines terrestres. Après avoir rappelé que lEgypte a souffert pendant 50 ans de ce fléau, il sest félicité que la communauté internationale ait pris conscience de l'urgence à régler ce problème de façon globale et sous tous ses aspects. LEgypte considère que les conséquences économiques ne sont qu'un aspect du problème, car la lutte antimines a des dimensions multiples telles que la sécurité ou la démographie. M. Aboulgheit a déclaré que l'Egypte a du mal à souscrire au paragraphe 118 du rapport du Secrétaire général qui mentionne, au titre de la lutte antimines, d'autres activités telles que la formation, la sensibilisation, l'aide aux victimes, estimant pour sa part que la démarche de l'action antimines doit porter essentiellement sur le déminage qui est central pour le développement économique. Le paragraphe 122 du rapport du Secrétaire général est incomplet et manque de précisions notamment dans sa dernière partie relative à l'utilisation du Fonds d'affectation spéciale sur le déminage qui propose d'affecter ces fonds aux actions humanitaires alors que les contributions mises en recouvrement seraient consacrées aux actions de déminage approuvées par le Conseil de sécurité.
Le représentant a regretté ensuite que le rapport ne parle pas de la responsabilité des pays qui ont posé des mines dans d'autres pays dans le passé et qu'aucun appel ne soit lancé à ces pays pour qu'ils contribuent au déminage des champs. Il a rappelé que 23 millions de mines et engins n'ayant pas explosé sont encore recensés en Egypte et remontent à la bataille d'El-Alamein. Ces mines ont été posées dans le désert égyptien par des puissances étrangères et constituent un obstacle au développement des régions minées et une grave menace pour les populations de ces régions, a-t-il poursuivi. Il a déclaré que l'Egypte développe un plan ambitieux de déminage depuis 1991 mais que sa mise en oeuvre fait peser une lourde charge financière sur son pays, ajoutant que les pays qui ont posé ces mines devraient fournir des cartes pour faciliter les opérations de déminage. Le représentant estime que le coût du déminage a beaucoup augmenté car ces armes sont enterrées en profondeur dans le désert et représentent un obstacle aux efforts de prospection et d'exploitation entrepris par le Gouvernement égyptien, notamment dans le désert du Sinaï. Il a regretté que ces mines continuent de faire des victimes en Egypte avant de se féliciter de la collaboration de son gouvernement avec le service antimines des Nations Unies qui a évalué cette année les dimensions du problème dans un rapport daté du 7 juillet 2000 et qui contient des propositions concrètes pour résoudre le problème des mines en Egypte. Afin de poursuivre les efforts en vue du déminage du désert du Sinaï et des autres déserts, une commission nationale chargée du déminage a été mise en place.
Enfin, le représentant s'est réjoui du souci de la communauté internationale de régler cette question plus que jamais dactualité, depuis l'adoption de la Convention d'Ottawa en 1997. Il a exprimé lespoir que son pays continuera à recevoir une assistance au déminage. Il a toutefois émis des réserves à propos de la Convention d'Ottawa qui ne mentionne pas la responsabilité des pays qui posent des mines de même que l'assistance à accorder aux pays qui ont été minés.
M. ANDREI E. GRANOVSKY (Fédération de Russie) a déclaré que son pays attache une grande importance à lensemble des problèmes posés par les mines qui selon lui constituent un obstacle grave au développement socioéconomique des Etats affectés mais aussi une menace humanitaire du fait des victimes quelles provoquent dans les populations des pays touchés. Il a insisté sur limportance du déminage dans les actions entreprises pour faire face à ce problème. La Fédération de Russie est sensible au sort des populations des différents continents de la planète qui sont victimes des mines antipersonnel. Tous les ans, en Fédération de Russie, les services spécialisés neutralisent près de 100 000 engins qui nont pas explosé en territoire russe et qui pour la plupart sont des vestiges de la Deuxième Guerre mondiale. Dans le cadre des opérations qualifiées d«antiterroristes» menées en Tchétchénie, le représentant a affirmé que les soldats russes ont été confrontés à des engins modernes constituant autant de menaces pour les vies humaines dans la région.
La Fédération de Russie estime important dassurer une participation maximum de tous les Etats au nouveau protocole sur les mines de la Convention sur les armes inhumaines. Le représentant a également déclaré que son pays fournit un apport concret au déminage dans différents pays, notamment dans lex-Yougoslavie, ce qui confirme la fidélité du pays aux obligations internationales en ce qui concerne la question des mines terrestres pour faire face aux crises quelles provoquent dans certaines régions. Des mesures ont été prises pour perfectionner laction de la Fédération de Russie dans ce domaine, a encore dit le représentant, affirmant par ailleurs que son pays est prêt à continuer à coopérer avec les Nations Unies pour prendre une part active aux opérations de déminage là où elles sont nécessaires.
M. MANUEL PICASSO (Pérou) a indiqué que son pays avait observé avec satisfaction lémergence dune réelle volonté politique en matière délimination des mines terrestres antipersonnel et quil sagissait dune cause que le Pérou avait toujours soutenue et continuera à soutenir.Dans la sphère régionale, mon pays a soutenu, au sein de lOrganisation des Etats américains, la décision de transformer lhémisphère occidental en une zone exempte de mines terrestres antipersonnel. Les mines antipersonnel ont été présentes dans pratiquement toutes les guerres et le Pérou na pas échappé à ce fléau. Il a traduit son engagement en faveur des objectifs fixés par les accords auxquels il est partie, par les actions suivantes: création dun Groupe de travail qui a un rôle de coordination entre les différents ministères et les différents dossiers nécessaires à la mise en place dun plan national, permettant la mise en oeuvre de la Convention dOttawa dans la période prescrite; exécution par lArmée péruvienne de deux actions de déminage sur la frontière avec lEquateur, qui ont nettoyé et sécurisé approximativement 300 000 mètres carrés entre janvier 1999 et mars 2000; destruction de 30 000 mines terrestres antipersonnel provenant de champs de mines et formation de personnel pour la future destruction darsenaux; création dun Conseil national de soutien aux personnes handicapées qui sera chargé de permettre la réhabilitation physique et psychologique des victimes des mines ainsi que leur réinsertion socioéconomique; développement de campagnes de prévention dans les zones concernées de la frontière nord.
Le représentant a fait valoir que ces réalisations avaient été possibles, dans une large mesure, grâce au soutien et à la coopération dEtats amis défendant les principes éthiques et humanitaires de cette cause: le Canada, les Etats-Unis, le Japon, lAustralie et lEspagne. Il a souligné que laide financière et technique aux pays touchés était un aspect qui ne pouvait être dissocié des objectifs délimination des mines terrestres antipersonnel.
M. HAROON SHAUKAT (Pakistan) a exprimé ses réserves face à quelques points figurant dans le rapport du Secrétaire général. Le rapport passe en revue tous les programmes nationaux de déminage et laction des Nations Unies à cet égard, a- t-il noté. Mais il aurait été plus utile de donner la dimension du problème dans sa totalité, a-t-il fait remarquer. Ainsi, une estimation densemble du nombre total des mines dans chaque pays concerné aurait été utile, car un tel chiffre nous aurait donné la mesure de ce quil reste à faire. De même, le représentant a regretté que le rapport ne spécifie pas clairement si les ressources mises en oeuvre dans les pays sont suffisantes ou non. Or, il est crucial que le rapport du Secrétaire général donne une image précise de la dimension du problème et des ressources à mobiliser, a-t-il souligné. Par ailleurs, M. Shaukat a déclaré que sa délégation souhaitait émettre des réserves sur le paragraphe 118 du rapport qui déclare quune nouvelle approche, «qui nest plus centrée exclusivement sur le déminage», a vu le jour. Le déminage doit rester au centre des activités de lONU sur cette question, a affirmé le représentant. La sensibilisation des personnes et laide aux victimes, pour importantes que soient ces activités, ne doivent en aucun cas se substituer aux activités de déminage. En effet, alors que la communauté internationale est déjà bien sensibilisée aux problèmes liés à lusage sans distinction des mines antipersonnel, il savère que les ressources sont sans commune mesure avec lampleur des besoins, a déploré le représentant. En conclusion, il a appelé la communauté internationale et plus particulièrement les pays développés à contribuer plus généreusement aux programmes de déminage.
M. ISA AYAD BABAA (Jamahiriya arabe libyenne) a estimé que le problème des mines terrestres reste au coeur des préoccupations de la communauté internationale, regrettant que ces mines menacent la vie et la survie de millions de personnes et le développement de nombreux pays parmi les moins avancés. Il a déclaré que, malgré les efforts déployés, de nombreuses personnes souffrent encore de ce fléau, avant d'ajouter que la priorité doit être accordée au déminage intégral, à la formation au déminage et à l'aide aux victimes ainsi qu'à la fourniture d'informations quant au positionnement de ces mines. Il a regretté que le rapport du Secrétaire général ne fasse pas référence à la responsabilité des pays qui ont posé des mines dans d'autres pays et que la Convention d'Ottawa ne définisse pas le droit des pays touchés par ce fléau à revendiquer des dédommagements, ce qui est grave pour des pays en développement qui n'ont pas la force de se défendre face aux pays producteurs. Il a ajouté quen Libye, durant la Seconde Guerre mondiale, de nombreuses mines ont été posées dans le désert par trois puissances belligérantes et que ces mines se sont déplacées depuis et sont enfouies en profondeur. Souhaitant que les pays responsables fournissent des cartes pour localiser ces mines, il a demandé que ces puissances reconnaissent leur responsabilité et contribuent au déminage et à lindemnisation des victimes. Il a déclaré que lItalie avait accepté de reconnaître sa responsabilité et mis en oeuvre un programme d'assistance au déminage en Libye. Il a regretté ensuite que plus de 15 millions de mines soient encore posées sur le continent africain, estimant que la communauté internationale doit accorder la priorité au déminage du continent, afin qu'il puisse relever le défi du développement. A ce titre, il a ajouté que la question de lassistance aux victimes et à la réhabilitation avait été abordée au cours d'une réunion tenue au Caire, en avril 2000, sur les moyens de venir à bout du fléau des mines terrestres en Afrique.
M. SUN JOUN-YUNG (République de Corée) a estimé que les mines antipersonnel continuent de représenter une menace majeure pour les pays durement touchés par ce problème. De par leur nature, elles représentent une menace pour les peuples et pour le développement socioéconomique; elles constituent un obstacle au retour des réfugiés ou des personnes déplacées, aux opérations de secours humanitaires, à la reconstruction et au développement économique. Pour relever ces défis importants, la communauté internationale doit répondre au problème posé par les mines en envisageant simultanément le déminage, la prise de conscience du problème et lassistance aux victimes. A cet égard, le représentant a souligné limportance du rôle central de coordination des Nations Unies dans ce domaine.
Il a noté avec satisfaction que le PNUD a entrepris des études sur limpact socioéconomique des mines sur les peuples et les sociétés et des efforts entrepris pour réinsérer les victimes des mines dans leurs sociétés. Des outils éducationnels peuvent réduire de manière significative le nombre des victimes des mines en améliorant leur prise de conscience du danger quelles représentent notamment chez les femmes et les enfants, a-t-il dit, estimant par ailleurs que la communauté internationale se doit de renouveler son engagement à assurer aux populations des pays affectés par les mines, la possibilité de réussir leur développement sans la crainte dêtre victimes des mines.
M. SUN SUON (Cambodge) a attiré lattention sur le fait que, avec un total estimé de 4 à 6 millions de mines et nombre de munitions non explosées actuellement enfouies dans le sol du Cambodge, les décomptes montrent quune personne sur 380 avait perdu sa vie ou un membre au cours dune explosion sur un champ de mine. Il a mis en avant la situation délicate et compliquée à laquelle est confronté le peuple cambodgien dans les secteurs où existent des champs de mines, une situation qui constitue un obstacle aux efforts de développement du pays.
Depuis 1993, le Centre de déminage cambodgien sest efforcé de faire avancer ses plans prioritaires dans le cadre dun large programme de travail, a déclaré le représentant. Des progrès significatifs ont été accomplis en matière de localisation des mines, de campagnes de sensibilisation, délimination des mines et de formation. Les accidents liés aux mines ont diminué de façon significative passant dune moyenne mensuelle de 600 en 1992 à 56 en septembre 2000. En dépit des progrès réalisés, il nous faut admettre quil reste beaucoup à faire. Malgré les changements apportés dans sa gestion, le Centre de déminage connaît toujours des problèmes financiers. Ce financement insuffisant la amené à licencier près dun quart de son personnel opérationnel. Le représentant sest toutefois dit confiant dans la volonté de la communauté internationale de maintenir son soutien à son niveau antérieur.
M. ERNEST PETRIC (Slovénie) a constaté que les mines antipersonnel ne choisissent pas leurs victimes. Leurs cibles sont théoriquement militaires mais le plus souvent, elles tuent, handicapent ou blessent des civils. Ce sont des armes qui ne disparaissent pas avec les cessez-le-feu ou les accords de paix. Au contraire, elles continuent de représenter une menace pour les personnes qui les touchent des années après la fin des hostilités. Laction antimines internationale est donc dune importance primordiale, lune des entreprises humanitaires les plus efficaces et pratiques de notre temps, a-t-il dit. Cette action repose sur le principe de linterdiction de ces armes et de la protection des civils dans les conflits armés. Le concept de laction antimines inclut différents aspects tels que la destruction des armes terrestres, la réhabilitation des victimes et la création dune prise de conscience du problème.
La Slovénie sengage à détruire ses stocks de mines antipersonnel dici à lan 2003. Le représentant a également annoncé que son pays participe aux efforts pour la réhabilitation de la région de lEurope du Sud-Est. Un grand nombre de mines et dengins qui nont pas encore explosé se trouvent dans la région, faisant des victimes chaque jour. Ces engins ont empêché le retour des réfugiés dans leur foyer, le retour des populations à une vie normale et un retour plus rapide à une activité économique normale. Le représentant a encore considéré que le Fonds daffectation spéciale incarne le meilleur rapport coût/qualité pour le déminage de la région de lEurope du Sud-Est.
M. MARIO RODRIGUEZ CASTILLO (Nicaragua) a rappelé que cest dans son pays, à Managua, que se tiendrait en septembre 2001 la troisième Réunion des Etats parties à la Convention dOttawa. Il a lancé un appel à tous les Etats Membres des Nations Unies pour quils deviennent Etats parties à la Convention de façon à mettre fin à un fléau à lorigine de tant de souffrances pour lhumanité. Il a indiqué que lexécution du Plan national de déminage nicaraguayen se poursuivait en dépit des effets des récents désastres naturels qui ont perturbé la localisation des mines et ont entraîné un réajustement du calendrier. Nous espérons parvenir à la destruction totale des mines terrestres enfouies dici à 2004, a-t-il précisé. Il a lancé un appel à la communauté internationale pour quelle continue à fournir à son pays lappui nécessaire à la réalisation des tâches définies dans le cadre de ses efforts de déminage comme au programme spécial de réinsertion sociale et économique des victimes mis en place.
Il serait paradoxal quau début du nouveau millénaire, lhumanité sachemine dune part vers une ère de grandes transformations technologiques et que, dans le même temps, le meurtre de tant de civils innocents et denfants sans défense se poursuive. Il est temps dorienter le développement technologique vers le bien- être des êtres humains, a-t-il déclaré.
Mme GABRIELA MARTINIC (Argentine) a déclaré que la Convention sur linterdiction de lemploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction est un instrument juridique qui contribue à promouvoir la sécurité internationale, la non-prolifération et le désarmement. Elle a affirmé que lArgentine partage intégralement les objectifs et les principes qui sous-tendent cette Convention. Lengagement de lArgentine en faveur de linterdiction des mines terrestres antipersonnel est cohérent avec la politique argentine en matière de désarmement et de limitation des armements; elle consiste en effet à limiter autant que possible lusage darmes encore actives une fois que les conflits sont terminés et dont les conséquences sur les populations civiles sont particulièrement cruelles. La représentante a précisé que son pays dispose de ressources humaines hautement qualifiées pour la formation au déminage et la destruction des mines existantes, ainsi que déquipes mobiles de formation. LArgentine contribue donc activement au déminage au niveau mondial et a aidé plusieurs pays depuis 1993, notamment lAngola, ainsi que la zone frontalière entre le Pérou et lEquateur, a ajouté le représentant. Elle a par ailleurs signalé que le Gouvernement argentin a offert au Gouvernement britannique de mener à bien le déminage des Iles des Malouines, offre qui a été acceptée. La représentante sest en conclusion félicitée de ce que la Convention dOttawa consacre des principes fondamentaux de droit international et ait su apporter une réponse aux demandes des populations civiles en vue de lélimination totale des mines antipersonnel.
M. IVAN SIMONOVIC (Croatie) a déclaré que son pays faisait partie de ceux qui avaient été les plus touchés par les mines, et, en tant que tel, accordait la plus grande importance aux actions de déminage. Il a affirmé que la Croatie accueillait avec intérêt toutes les propositions constructives et les projets visant à interdire et à détruire complètement les mines terrestres et quelle était disposée à coopérer avec tous les pays affectés par les mines. Après avoir rappelé que les Nations Unies ont établi un Centre de déminage en Croatie en 1996,
il sest félicité de ce que les actions de déminage soient devenues un projet du PNUD cette anée. Le représentant a déclaré que les actions de déminage sont non seulement extrêmement dangereuses et lentes, mais également très coûteuses. A cet égard, il a déclaré que la Croatie est actuellement à la recherche des solutions les plus avantageuses, les plus économiques et les plus sûres pour mettre en oeuvre un déminage efficace. Dans les dernières années, la déminage a coûté 150 millions de dollars à la Croatie, et le gouvernement a financé 90% de ces coûts; les experts estiment que le déminage prendra encore 10 ans et coûtera 1,157 billion de dollars, a expliqué M. Simonovic. Il a ensuite déclaré que, pour son pays, le suivi du processus dOttawa agit comme un catalyseur pour promouvoir réellement le déminage au niveau mondial. Cependant, des actions énergiques sont encore requises aux niveaux national, régional et mondial, a conclu le représentant, rappelant que le rôle de lONU pour promouvoir la coopération en faveur du déminage reste indiscuté.
M. WU HAITAO (Chine) a déclaré que son pays appuyait les efforts déployés visant à débarrasser le monde des mines antipersonnel et était résolument en faveur de l'imposition de restrictions sur l'usage de mines antipersonnel. Il a affirmé que des actions de déminage ont été menées avec succès en Chine et ont permis de nettoyer 240 km2, restaurant ainsi dans leur état d'origine des terres agricoles et des forêts. Le représentant a par ailleurs déclaré que son pays a fait une donation de 160 000 dollars des Etats-Unis aux Nations Unies pour le déminage en Bosnie, organisé un cours de formation au déminage et fourni des dispositifs de déminage aux pays qui en avaient besoin.
M. AARON JACOB (Israël) a déclaré quen tant que nation ayant longtemps vécu sous la menace de la guerre, Israël appelle de ses voeux le moment où les civils seront à labri du danger que représentent les mines antipersonnel. La décennie écoulée a apporté un soupçon despoir: au Moyen-Orient et ailleurs dans le monde, les peuples de différentes nations qui saffrontaient sur les champs de bataille hier, ont décidé de commencer à nettoyer les champs de mines aujourdhui. Le représentant a estimé que lélément primordial des efforts déployés pour laction antimines est la coopération, ceci étant la position dIsraël en matière de désarmement; en effet, pour Israël, les accords de coopération régionaux constituent le meilleur mécanisme pour lutter contre la prolifération des armes et combattre le fléau des mines terrestres au Moyen-Orient, une région où les guerres, les conflits armés, et la non-reconnaissance politique sont encore monnaie courante.
La vallée du Jourdain est infestée de mines antipersonnel enfouies à cet endroit il y a plusieurs décennies, a affirmé M. Jacob. Israël et la Jordanie en rédigeant un traité de paix en 1994 ont prévu un plan de déminage de la vallée prévoyant linformation des populations locales et la réhabilitation des victimes. Dautres nations, comme le Canada et la Norvège, ont maintenant manifesté leur intérêt à se joindre au projet de la vallée du Jourdain. La coopération semble faire de nouveaux adeptes, a estimé le représentant. De plus, Israël a pris un certain nombre de mesures visant à un meilleur contrôle de la prolifération des mines terrestres et des autres armes à léchelle mondiale.
La situation unique quIsraël occupe au Moyen-Orient, engendre des attitudes hostiles et des menaces terroristes dans la région, de même que des actions violentes à ses frontières. Par conséquent, Israël est obligé de recourir aux mines antipersonnel pour assurer sa légitime défense de façon générale, et le long de ses frontières en particulier, en accord toutefois avec les dispositions de la Convention sur les armes classiques. Le représentant a affirmé que son pays se trouve aujourdhui dans limpossibilité de sengager à renoncer à lutilisation des mines antipersonnel car elles restent un élément indispensable à la protection des civils menacés par des infiltrations de terroristes et à la protection des forces de défense israéliennes. Dans le même temps, Israël se prononce en faveur dun processus graduel par lequel chaque Etat sengagerait à freiner la prolifération de ces mines, à définir certaines restrictions à leur utilisation et, quand les circonstances le permettront, à envisager une interdiction de la production et de lutilisation des mines terrestres antipersonnel. Le représentant a encore précisé que son pays a cessé toute production de mines terrestres et espère que dautres pays feront bientôt de même.
M. PIERRE HELG, Observateur permanent de la Suisse, a déclaré que son pays soutien lONU dans sa lutte contre les mines en lui fournissant des moyens financiers ainsi que des ressources humaines et matérielles et quelle compte accroître son effort dans ce domaine. Il sest félicité que le Centre international de déminage humanitaire à Genève, créé à linitiative de la Suisse et largement financé par celle-ci, puisse fournir un appui important à lONU dans les domaines de la recherche et de lassistance opérationnelle, et mettre à sa disposition le système de gestion de linformation pour laction antimines.
Notant les graves difficultés financières du service daction antimines, qui remettent en question le fonctionnement du service lui-même ainsi que les programmes et projets entrepris dans les pays affectés, il a invité le Secrétaire général à présenter à lAssemblée générale, dans les meilleurs délais, des propositions sur les moyens dassurer à long terme le financement dune action qui répond à lune des tâches essentielles des Nations Unies. Dans ce cadre, il a déclaré que son pays soutient financièrement, à hauteur de 5 millions de francs suisses, de nombreux pays et organisations dans leurs actions de déminage et quil fournit aussi des experts aux centres nationaux et onusiens daction antimines. Il a en outre noté que son pays sest engagé dans diverses activités destinées à apporter une assistance aux victimes. Dans le domaine du déminage, la Suisse, accordant une attention toute particulière à la coopération avec des partenaires locaux, a établi au Mozambique, pays daction prioritaire, des relations étroites avec lInstitut national de déminage. Le renforcement des capacités locales permet aux populations concernées de faire face aux conséquences à long terme du problème des mines, mais il suppose un effort plus important des intervenants et que ces derniers fassent confiance au potentiel local et soient prêts à prendre certains risques. Le représentant a aussi indiqué le soutien apporté par lArmée suisse qui fournit des ressources humaines ou matérielles et a ajouté que les structures et capacités concernées sont en train dêtre renforcées, et quen 2001 les activités seront encore augmentées. A la fin de lannée 2002, 40 experts qualifiés seront opérationnels au sein de lArmée suisse afin de répondre aux besoins futurs des programmes internationaux de déminage humanitaire.
Au niveau de la politique internationale, la Suisse a souligné limportance de luniversalisation de la Convention sur linterdiction des mines antipersonnel et quà ce titre certains Etats et non des moindres nont pas adhéré à la Convention. Il a donc demandé que les efforts soient renforcés pour promouvoir luniversalisation de la Convention sur linterdiction des mines antipersonnel et en assurer la mise en uvre.
Concluant, lObservateur a déclaré que la mise en pratique des principes humanitaires implique la volonté de tous les groupes armés, mais aussi des acteurs non étatiques, de renoncer à lemploi de mines antipersonnel. A cet égard, il a invité tous les Etats intéressés et les ONG à se pencher avec son pays sur la question.
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