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AG/1118

L'ASSEMBLEE GENERALE ADOPTE DEUX RESOLUTIONS, L'UNE CONCERNANT LE RELEVEMENT DU TADJIKISTAN, L'AUTRE CELUI DU SEMIPALATINSK AU KAZAKHSTAN

27 novembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1118


L’ASSEMBLEE GENERALE ADOPTE DEUX RESOLUTIONS, L’UNE CONCERNANT LE RELEVEMENT DU TADJIKISTAN, L’AUTRE CELUI DU SEMIPALATINSK AU KAZAKHSTAN

20001127

Des délégués estiment que le personnel humanitaire doit accéder aux populations en détresse mais qu’il ne doit pas porter atteinte à la souveraineté des Etats

L’Assemblée générale a adopté cet après-midi par consensus une résolution portant sur la coopération et la coordination internationales en vue du rétablissement de la santé de la population, de la régénération de l’environnement et du développement économique de la région du Semipalatinsk au Kazakhstan. Elle y invite notamment tous les Etats Membres à contribuer au relèvement de cette région.

Aux termes de la seconde résolution intitulée Assistance internationale d’urgence pour le rétablissement de la paix et de la normalité au Tadjikistan et le relèvement du pays, également adoptée cet après-midi par consensus, l’Assemblée générale prie le Secrétaire général de réévaluer en 2001 toutes les activités d’aide humanitaire au Tadjikistan, en vue de s’attaquer aux problèmes que pose le développement à plus long terme.

Au cours du débat qu’elle a poursuivi sur la question du renforcement de la coordination de l’aide humanitaire et des secours fournis par les Nations Unies en cas de catastrophe, l’accent a été mis sur l’absolue nécessité d’assurer la sécurité du personnel humanitaire et de lui faciliter l’accès aux populations dans la détresse. Dans un même temps, de nombreux intervenants ont souligné la nécessité pour le personnel humanitaire de ne pas déborder du cadre de sa mission et de ne rien faire qui puisse porter atteinte à la souveraineté et à l’intégrité des pays dans lesquels il intervient.

Au plan logistique, l’apport des nouvelles technologies en matière d’alerte précoce et de prévention des catastrophes naturelles a été maintes fois souligné et des appels ont été lancés pour que les pays affectés par les catastrophes aient accès aux technologies les plus performantes. Une meilleure intégration des interventions ainsi que le renforcement de la coopération internationale et régionale ont été également mis en avant.

La Présidente de la Fédération des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a toutefois souligné qu’il fallait être plus spécifique dans la définition de la coordination réellement nécessaire. Faute d’une définition prudente de cette coordination, on peut créer de nouveaux obstacles bureaucratiques alors qu’il faut réduire la bureaucratie existante, a-t-elle déclaré. Elle a invité les Nations Unies, chacun des Etats Membres et les organisations pertinentes, à travailler à l’élaboration d’un cadre légal aux interventions en cas de catastrophes.

Sont intervenus les représentants des pays suivants: Colombie, Ukraine, Egypte, Chine, République de Corée, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Argentine et Madagascar ainsi que l’Observateur permanent de la Palestine. La Présidente de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a également pris la parole ainsi que l’Observateur permanent du Comité international de la Croix-Rouge et celui de la Suisse. Les représentants d’Israël et l’Observateur de la Palestine ont exercé leur droit de réponse.

L’Assemblée se prononcera sur les autres résolutions dont elle était saisie au titre de ce point à une date ultérieure qui sera annoncée.

L’Assemblée générale se réunira à nouveau demain à partir de 10 heures pour examiner son point de l’ordre du jour consacré à l’assistance au déminage.

RENFORCEMENT DE LA COORDINATION DE L’AIDE HUMANITAIRE ET DES SECOURS EN CAS DE CATASTROPHES FOURNIS PAR L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES, Y COMPRIS L’ASSISTANCE ÉCONOMIQUE SPÉCIALE

Déclarations

M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a rappelé que l'Assemblée générale est la seule enceinte intergouvernementale où tous les pays, soient-ils donateurs ou récipiendaires de l'assistance, peuvent faire entendre leur voix. A cet égard, il a rappelé que l'Assemblée générale est chargée de revoir régulièrement les lignes de la politique d'assistance humanitaire, de contrôler l'usage des ressources et de promouvoir la coordination interne aux agences de l'ONU et entre ces agences et d'autres organisations humanitaires. Le représentant a déclaré que le problème essentiel concernant la gestion de l'aide humanitaire aujourd'hui renvoie à la nécessité de renforcer la coordination. Il est notamment urgent d'intégrer l'assistance humanitaire non seulement dans les programmes de reconstruction nationale, mis en place suite aux catastrophes naturelles et aux conflits, mais également dans les stratégies de long terme de développement durable, a déclaré le représentant. Il a reconnu que de nombreuses agences des Nations Unies sont conscientes de cette nécessité et a salué par exemple le «processus de Brookings» par lequel le Haut Commissariat aux réfugiés et la Banque mondiale coordonnent l'assistance aux réfugiés.

M. Valdivieso a regretté qu'aucun texte sur les conclusions relatives aux affaires humanitaires n'ait pu être finalisé lors de la dernière session de l'ECOSOC en juillet dernier. Nous avons laissé passer une opportunité de discuter les principes d'intervention humanitaire, a-t-il déclaré. En premier lieu, le texte discuté abordait la question des relations entre la technologie et la prévention et la gestion des catastrophes naturelles. Or cette question est de la plus haute importance pour un pays comme la Colombie qui est sujet aux tremblements de terre, aux inondations, aux ouragans, a déclaré le représentant. En deuxième lieu, lors de cette session de l'ECOSOC, la question visant à définir une démarche systématique et transparente envers les personnes déplacées à l'intérieur de leurs frontières a été posée. Le représentant a rappelé que cette question est liée à la protection des civils et à la reconstruction des sociétés affectées, et il a appelé la communauté internationale à considérer les situations dans leur ensemble afin d'arriver à des conclusions constructives.

M. VOLODYMYR KROKHMAL (Ukraine) a exprimé le soutien de son pays aux initiatives du Secrétaire général, notamment celles relatives à l’utilisation des nouvelles technologies de télécommunications pour assister les missions humanitaires dans les zones affectées par des catastrophes humanitaires et autres situations d’urgence. Il a ajouté que, alors que la communauté internationale avait progressé en matière d’aide d’urgence, elle n’avait pu répondre que de manière limitée aux récentes catastrophes au Kosovo, au Timor oriental, au Mozambique, autant de situations qui illustrent la nécessité de renforcer la capacité des agences humanitaires à répondre à de telles situations et de mieux coordonner l’assistance humanitaire internationale entre gouvernements, organisations non gouvernementales et intergouvernementales et société civile.

Il a insisté pour que la question des réfugiés et des personnes déplacées, qui totalisent actuellement près de 25 millions de personnes, soit placée au rang des priorités dans la prévention et la résolution des crises humanitaires. Il a suggéré un engagement politique de toutes les parties concernées, notamment des agences humanitaires des Nations Unies telles que le Haut Commissariat pour les réfugiés et s’est félicité des programmes développés tant par le PNUD que par la Banque Mondiale afin de permettre aux personnes déplacées ou réfugiées de monter des projets. Il a fait remarquer que si la communauté internationale est généreuse lors des crises d’urgence, elle est toutefois moins disposée à financer des programmes à long terme qui pourraient prévenir l’émergence de catastrophes humanitaires. Il a encouragé la procédure des Appels consolidés et s’est ensuite inquiété de la sécurité des personnels humanitaires sur le terrain avant de suggérer la mise en oeuvre des recommandations du Secrétaire général.

Le représentant a ensuite attiré l'attention sur les travaux de l’ECOSOC qui insiste que l'on ait recours aux nouvelles technologies en matière de télédétection afin d’identifier les zones à risque et de planifier les mesures préventives à prendre dans le domaine humanitaire. Il a poursuivi en rappelant que son pays est attaché à la coopération régionale et mis en avant l’importance des programmes conjoints avec l’OTAN, les Nations Unies, le Conseil de l’Europe ou l’Union européenne ainsi qu’avec des organisations non gouvernementales. Il a cité notamment le Programme de coordination européen qui vise à jouer un rôle central en matière d’assistance humanitaire en Europe, notamment concernant les questions environnementales. Le représentant a ensuite fait état de l’assistance déployée par les Nations Unies et la communauté internationale à son pays à la suite de la catastrophe de Tchernobyl soulignant la nécessité de poursuivre les efforts financiers en vue de lutter contre les conséquences de la catastrophe nucléaire. Il a souhaité que les Etats Membres appuient le projet de résolution coparrainé par la Fédération de Russie, l’Azerbaïdjan, le Bélarus, l’Inde et l’Ukraine.

M. AHMED DARWISH (Egypte) a fait observer qu'il est temps d’adopter une position ferme vis-à-vis de tout ce qui menace le personnel humanitaire. Il a lancé un appel à toutes les parties en conflit pour qu’elles respectent le personnel humanitaire et aux équipes humanitaires pour qu’elles n’entreprennent aucune activité portant atteinte à l’intégrité et à la souveraineté des pays hôtes. Il a indiqué que l’Egypte demande que le personnel humanitaire puisse accéder aux populations civiles dans le besoin. Les Nations Unies doivent définir des règles régissant ces interventions, a-t-il déclaré.

Le représentant a indiqué que sa délégation avait participé aux travaux du Segment humanitaire de l’ECOSOC et que celui-ci n’avait pu parvenir à un accord sur la question des personnes déplacées. Les divergences de vue ont même porté sur la définition du terme lui-même, a-t-il fait observer, certains englobant dans cette expression les étrangers vivant dans le pays, d’autres comme l’Egypte pensant que ce terme ne concerne que les citoyens du pays concerné. Nul besoin de dire que les étrangers doivent jouir du même droit que les ressortissants du pays concerné, a-t-il déclaré, toutefois nous voyons bien que cela n’est pas le cas dans les pays industrialisés, comment l’exiger des pays en développement?

Evoquant les souffrances du peuple palestinien, le représentant a demandé que la communauté internationale ne reste pas inactive et envoie un message clair à Israël condamnant ses agressions et ses atteintes aux droits des Palestiniens. Les Nations Unies ne peuvent pas appliquer la règle des deux poids et deux mesures, a-t-il fait valoir, ce n’est pas seulement un problème moral, cela peut aussi lui coûter sa crédibilité.

M. HUANG XUEQI (Chine) a fait observer que la délégation chinoise avait toujours défendu l’idée que toutes les actions entreprises par les Nations Unies et la communauté internationale, que ce soit en matière d’aide humanitaire en cas de catastrophe naturelle ou de conflit ou encore dans le cadre d’opérations de rétablissement de la paix, doivent être strictement basées sur les principes de la Charte des Nations Unies. Les principes d’humanité, de neutralité et d’impartialité doivent être suivis, la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’unité des pays respectés, a-t-il déclaré. Les institutions compétentes de l’ONU ne devraient jouer un rôle que dans le seul cadre de leurs responsabilités. Ne pas s’en tenir à ces principes mettrait en péril le résultat de l’aide humanitaire et déboucherait sur des catastrophes humanitaires.

Le représentant a reconnu qu’il fallait accorder plus d’attention au rôle de la science et la technologie dans l’atténuation et la prévention des catastrophes. Il a toutefois insisté sur le fait qu’il fallait donner la priorité, dans le cadre d’une coopération régionale et internationale, à la création, dans les pays touchés par les catastrophes, de capacités en matière d’alerte précoce et d’atténuation des catastrophes de telle sorte qu’ils soient mieux préparés aux situations d’urgence et qu’ils disposent de ressources leur permettant de réagir rapidement et d’en limiter les effets.

En ce qui concerne les populations déplacées à l’intérieur de leur pays, une question qui a attiré l’attention cette année, a-t-il fait valoir, nous estimons que c’est une affaire intérieure et que le gouvernement du pays concerné doit assumer la responsabilité de la protection et de l’assistance à ces populations. Les Nations Unies doivent aborder cette question de façon extrêmement prudente et la mise en oeuvre d’une opération d’aide ne doit se faire qu’à la demande préalable et en totale coopération avec le pays concerné. Nous soutenons également la proposition du Secrétaire général visant à encourager la coopération entre les institutions intergouvernementales et les Etats Membres dans le domaine de l’alerte précoce et la prévention. A nos yeux la coopération entre voisins et au niveau régional fait partie de l’effort international dans le domaine humanitaire. Un dicton chinois veut en effet qu’en cas de besoin, un bon voisin vaut mieux qu’un parent éloigné, a-t-il déclaré.

M. SUN JOUN-YUNG (République de Corée) a constaté que l'année dernière le monde entier a été témoin de l'augmentation du nombre et de l'intensité des catastrophes naturelles en de nombreux endroits de la planète. Il a notamment cité les tremblements de terre en Turquie, les inondations au Venezuela, et la sécheresse dans la corne de l'Afrique. Selon lui, les Nations Unies ont progressé considérablement dans leur approche pour répondre à ce genre de catastrophes qui ne sont pas les seuls périls auxquels doit faire face la communauté internationale, a-t-il dit. Alors que nous embarquons pour le troisième millénaire, les réfugiés, les situations d'urgence humanitaires se sont multipliés à un rythme effréné. Dans de nombreuses régions du monde, les conflits internes

et régionaux menacent les populations civiles comme jamais auparavant, transformant 35 millions de civils en réfugiés ou personnes déplacées. Le représentant a déploré que les membres les plus vulnérables de nos sociétés soient les premières cibles des conflits armés. Il a cité les enfants, les femmes et les moins privilégiés. Selon lui, la technologie peut jouer un rôle important pour réduire les souffrances et les dommages causés par les catastrophes naturelles et les situations d'urgence complexes. A cet égard, il a prié instamment tous les pays à développer tous les efforts nécessaires pour susciter l'entraide dans tous les domaines où la technologie peut être une aide précieuse. Il a notamment insisté pour que les gouvernements des pays hôtes permettent au personnel humanitaire d'utiliser leurs moyens de communications et qu'ils échangent leurs données informatiques sans restrictions bureaucratiques.

Le représentant de la République de Corée a encore déclaré qu'une meilleure coordination aussi bien pour la prévention et l'alerte rapide que pour la préparation aux catastrophes naturelles est l'une des clés de l'amélioration de l'aide humanitaire. Il a également affirmé que la communauté internationale doit résoudre le problème de la sécurité du personnel humanitaire devenu la cible d'attaques alors qu'il tente courageusement de minimiser les souffrances découlant de conflits incontrôlables. Depuis janvier 1992, 198 membres du personnel des Nations Unies ont été tués et depuis novembre 1994, ils sont 240 à avoir été kidnappés ou retenus en otage. La communauté internationale ne peut plus tolérer ce genre de situation déplorable, a encore dit le représentant.

M. PETER DONIGI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a déclaré qu'il appuyait pleinement le projet de résolution relatif au renforcement de la coordination de l’aide humanitaire et des secours en cas de catastrophe. A cet égard, il a exprimé ses remerciements à toutes les délégations qui ont contribué à l’élaboration de ce texte et, en particulier l’Inde. La sous-région du Pacifique est extrêmement vulnérable aux catastrophes naturelles de toutes sortes. La Papouasie-Nouvelle-Guinée a connu, il y a deux semaines, un tremblement de terre mesurant plus de 7 à l’échelle Richter, qui a détruit 70 demeures et un certain nombre d’établissements commerciaux. Il est donc important que les connaissances scientifiques acquises au cours de ces années et les nouvelles technologies visant à prévenir et à mesurer les causes et les conséquences des catastrophes naturelles soient mises à la disposition de tous les peuples du monde. Après le tremblement de terre survenu en Papouasie-Nouvelle-Guinée, les systèmes d’alerte rapide semblent avoir été mis en place pour observer le «tsunami» dans d’autres pays de la région. Ceci constitue un grand progrès, a noté M. Donigi, tout en remerciant les Nations Unies et les institutions gouvernementales ´qui ont participé à la coordination et à la livraison de cet instrument d’alerte rapide.

La situation économique de nombreux petits pays insulaires en développement est extrêmement vulnérable à ces catastrophes naturelles. C’est dans ce contexte que la Commission des sciences géophysiques appliquées dans le Pacifique Sud (SOPAC) a entamé ses travaux sur l’établissement d’un index de vulnérabilité écologique. La semaine dernière, un analyste technique de la SOPAC s’était rendu à Sainte-Lucie pour recueillir les données devant servir aux modèles économiques qui seront développés. La Papouasie-Nouvelle-Guinée espère qu’une plus grande coopération sera établie avec d’autres pays insulaires tels que les Maldives et Singapour. La SOPAC présentera, en mars prochain, un rapport sur ses travaux à l’ECOSOC. De l’avis de la délégation de Papouasie-Nouvelle-Guinée, la participation du secteur privé est essentielle pour faire face aux catastrophes naturelles. Les technologies développées devraient toutefois être plus accessibles aux pays affectés par les catastrophes naturelles. C’est pourquoi, M. Donigi a appelé tous les Etats à coopérer au développement et au transfert de technologies appropriées au profit des pays touchés par ces catastrophes.

M. LUIS ENRIQUE CAPPAGLI (Argentine) a déclaré que la mise en oeuvre des actions humanitaires requiert une action coordonnée de l'Assemblée générale, du Conseil économique et social et du Conseil de sécurité afin que ces institutions apportent, dans le cadre de leurs compétences respectives, des réponses aux différents aspects de la question humanitaire. Il a regretté que le débat sur les affaires humanitaires du Conseil économique et social, entrepris lors de la dernière session de l'ECOSOC, n'ait pas abouti à des conclusions concertées. En ce qui concerne la situation du personnel humanitaire, le représentant a déploré que celui-ci ait été la cible d'attaques délibérées dans de nombreux conflits. La sécurité du personnel humanitaire est une responsabilité qui incombe au gouvernement qui accueille la mission humanitaire, a affirmé le représentant. En même temps, il est essentiel de garantir un accès sûr et sans restrictions au personnel humanitaire dans les zones affectées afin qu'il puisse accomplir sa mission auprès des populations dans le besoin, y compris auprès des réfugiés et des déplacés au sein de leurs frontières, a-t-il ajouté. A cet égard, le représentant a apporté le ferme soutien de sa délégation aux propositions contenues dans le rapport du Secrétaire général, tant au niveau des mesures transitoires suggérées qu'au niveau des propositions financières visant à établir une structure financière stable, susceptible d'assurer la sécurité du personnel des Nations Unies. En conclusion, le représentant s'est félicité de ce que les attaques contre le personnel humanitaire relèvent des compétences de la Cour pénale internationale créée par le Statut de Rome.

M. JEAN DELACROIX BAKONIARIVO (Madagascar) s’est félicité de ce que la communauté internationale ait répondu favorablement à la requête de l’Assemblée générale qui, par sa résolution du 14 mars dernier, priait les Etats Membres et les organisations internationales d’apporter d’urgence un appui à Madagascar dévastée par les cyclones tropicaux Eline et Gloria. Il a fait observer que pendant la saison cyclonique 2000, trois cyclones ont frappé Madagascar en six semaines. En plus d’Eline et Gloria, un troisième cyclone plus puissant que les deux précédents, a touché Madagascar le 2 avril 2000, détruisant à 80% l’une des régions de cultures d’exportations dont est largement tributaire l’économie de Madagascar, a-t-il précisé. Le bilan dressé à l’issue du passage de ces trois cyclones fait état de 291 personnes décédées et de 400 000 sinistrés répartis dans 70 localités.

Malgré la précarité et la vulnérabilité de sa situation économique, le Gouvernement malgache a déployé des efforts nécessaires pour soulager les souffrances des victimes de ces cyclones et pour effectuer les travaux urgents de reconstruction, a-t-il indiqué. Toutefois, compte tenu du montant très élevé des factures de réhabilitation estimées à 108 millions de dollars US, ces efforts s’avèrent insuffisants sans l’assistance de la communauté internationale.

Le représentant s’est dit persuadé que la solidarité internationale demeure l’arme la plus efficace pour faire face au caractère imprévisible des catastrophes naturelles dont la maîtrise échappe encore à la connaissance et aux technologies humaines.

M. MARWAN A. JILANI (Observateur permanent de la Palestine auprès des Nations Unies) a déclaré que le territoire palestinien, y compris Jérusalem-Est, est, depuis deux mois, sous le coup d'une agression qui a déjà fait 230 victimes et plus de mille blessés, dont plus d'un tiers sont des enfants de moins de 18 ans. L'Observateur a également dénoncé les dégâts matériels importants imposés par la puissance occupante, les déracinements d'arbres fruitiers, la destruction d'infrastructures, de routes et de centrales électriques. La force d'occupation impose un blocus à la Palestine et empêche la circulation de marchandises entre la Palestine et le monde extérieur, a-t-il par ailleurs affirmé, ce qui est à l'origine d'une pénurie générale et d'une famine imminente à Gaza. Par ailleurs, le blocus détruit l'économie palestinienne, entraîne une baisse de l'activité et l'augmentation de la pauvreté et du chômage, a ajouté l'Observateur, avant de faire observer que les pertes matérielles atteignent 900 millions de dollars, ce qui dépasse l'aide reçue, sans même tenir compte de l'arrêt total des projets d'assistance. L'Observateur a rappelé que les dégâts matériels sont dus à l'utilisation d'armes lourdes par Israël et en partie par les colons qui se sont ralliés à cette opération de destruction. Il a en outre déploré les pertes substantielles enregistrées dans le domaine de la santé, dont la gestion est maintenant assurée par les autorités palestiniennes. Il a demandé à l'Organisation des Nations Unies qu'elle intensifie son assistance et a réaffirmé le rôle essentiel de l'Organisation dans l'établissement d'une paix juste et globale. Rappelant que les racines de cette crise résident dans l'occupation illégitime des territoires palestiniens par Israël et dans la non-application de la quatrième Convention de Genève, il a déclaré que le retrait d'Israël de tous les territoires occupés ainsi que la reconnaissance du droit du peuple palestinien à l'autodétermination sont des préalables à toute tentative de développement régional.

Mme ASTRID N. HEIBERG, Présidente de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge auprès des Nations Unies, a déclaré qu’améliorer la manière dont nous travaillons ensemble revêt un intérêt primordial pour les victimes et les personnes vulnérables que nous servons. Ceci est vital pour s’assurer du respect et de la loyauté de nos volontaires et crucial pour obtenir la confiance des gouvernements pour accomplir le travail que nous sommes appelés à mener à bien. La question de la coordination de l’assistance humanitaire a été débattue devant l’Assemblée générale chaque année depuis le début des années 90. Nous devons être plus spécifiques dans la définition de la coordination dont nous avons besoin, a estimé la Présidente. Si elle n’est pas prudemment définie, la coordination par des organes centralisés peut devenir

contreproductive au niveau de l’action et de la responsabilité locale sur lesquelles reposent le réseau de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Une coordination inappropriée peut créer de nouveaux obstacles bureaucratiques alors qu’il faut réduire la bureaucratie existante.

Selon Mme Heiberg, un outil important pour une meilleure gestion des crises humanitaires réside dans le Code de conduite des mouvements internationaux de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et des ONG pour l’aide humanitaire. Elle a estimé que malgré les efforts déjà déployés pour améliorer la qualité de la coordination, la communauté internationale doit relever des défis majeurs tel que l’absence d’un cadre légal systématique pour l’intervention en cas de catastrophe, ce qui peut créer des difficultés inutiles dans ce genre de situation. Certains éléments de ce cadre existent déjà, y compris certaines résolutions des Nations Unies en la matière, et plusieurs conventions sur l’utilisation des communications radio par exemple. Ceci constitue seulement la base de ce que nous aimerions pouvoir appeler la loi sur la réponse internationale en cas de catastrophe, a-t- elle affirmé, avant d’inviter les Nations Unies, chacun des Etats Membres et les organisations pertinentes à participer aux travaux pour établir une législation en ce sens.

La Présidente a encore estimé que la communauté internationale dans son ensemble est concernée par les personnes déplacées, parce qu'elles sont victimes de divers éléments, à savoir: les catastrophes naturelles ou provoquées par l'homme, les conflits internes ou les concentrations dans les villes surpeuplées. La Croix-Rouge et le Croissant-Rouge se trouvent en bonne place pour prêter assistance aux personnes déplacées dans leur propre pays. Cependant il ne faut pas oublier que ce sont les Etats qui endossent la responsabilité première de la protection de leurs populations à l’intérieur de leurs frontières, a-t-elle dit. La Fédération des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge s’inquiète par ailleurs du fait que le rapport du Secrétaire général ne se concentre que sur la situation des équipes et des organisations internationales. En effet, nous ne pouvons ignorer la situation des équipes recrutées sur place, des volontaires et des personnels au niveau national. Ce personnel humanitaire qui se trouve sur le terrain avant, pendant et après les crises, compte plus de victimes que le personnel international, a ajouté Mme Heiberg, annonçant par ailleurs l’inauguration demain de l’Année internationale des Volontaires.

M. GEORGES PACLISANU (Comité international de la Croix-Rouge) a regretté que la situation se soit aggravée, au cours de cette année, pour les civils victimes de conflits armés. Il a renouvelé la préoccupation du CICR face aux conséquences des conflits armés pour les populations civiles, en particulier les femmes et les enfants qui sont de plus en plus victimes de meurtres, de blessures, de séparations, de déplacements forcés ou même, pour les enfants, d’enrôlement dans les conflits armés. Ces situations présentent des conséquences humanitaires catastrophiques d’autant qu’elles sont amplifiées par la prolifération d’armes légères qui accentuent la violence et l’insécurité. Il a souligné la complexité de l’intervention des agences humanitaires dans de tels contextes et il a recommandé la coordination accrue des activités humanitaires internationales.

Il a souhaité que les parties en conflit s’engagent à respecter les principes humanitaires de base. Au titre de la coordination, le représentant a mis en avant les efforts de coordination entre le CICR et la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Il a également mentionné la participation du CICR aux travaux du Comité interagence des Nations Unies et la coopération avec l’UNICEF en matière de lutte contre l’enrôlement des enfants dans les conflits. Le représentant a poursuivi en exprimant sa satisfaction concernant les programmes conjoints menés avec le HCR concernant les réfugiés et les personnes déplacées et également avec la Banque Mondiale en ce qui concerne les programmes de développement postconflits. Il a conclu en déclarant que le CICR était déterminé à poursuivre son action en coordination avec les Nations Unies tout en maintenant une politique de neutralité et d’impartialité dans ses interventions.

M. PIERRE HELG, Observateur permanent de la Suisse auprès des Nations Unies, a déclaré que la communauté internationale se doit de protéger et de venir en aide aux êtres en détresse, qu’ils soient victimes de conflits armés ou de catastrophes naturelles. C’est au nom de cette responsabilité collective qu’il convient de réaffirmer une fois encore les grands principes qui gouvernent l’action humanitaire internationale : indépendance, neutralité et impartialité, de même que le devoir d’assurer l’accès à l’aide sans restrictions aux victimes et de garantir la sécurité des acteurs humanitaires. Le non-respect de ces principes approuvés par la communauté internationale ne saurait être accepté lorsqu’il y va de la vie d’individus, voire de groupes de populations, tels que les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays ou celles vivant dans des camps de réfugiés. Il importe que les Etats du Nord et du Sud parlent d’une seule voix pour défendre ces principes sans le respect desquels il n’est plus d’action humanitaire, a-t-il dit.

Par ailleurs, l’élimination physique d’hommes et de femmes dévoués à la cause humanitaire relance d’une manière particulièrement brutale la question de la sécurité, qu’il s’agisse des populations civiles ou des acteurs humanitaires. L’Etat sur le territoire duquel sont perpétrés de tels actes en porte la principale responsabilité a affirmé l’Observateur permanent de la Suisse. Toutefois, les Nations Unies sont aussi responsables du personnel humanitaire qu’elles emploient. Il est urgent que l’ONU se donne les moyens supplémentaires pour assurer la sécurité des acteurs humanitaires aussi bien que celle des victimes des conflits. M. Helg a également noté que la dernière réunion de l’ECOSOC a démontré que des difficultés réelles existent dans le domaine de l’action humanitaire. Des difficultés qui sont à la fois politiques et spécifiques à l’action humanitaire elle-même. Le segment humanitaire de l’ECOSOC reste un forum important du dialogue humanitaire et doit être renforcé en conséquence, a-t-il dit, estimant que la mise en oeuvre du rapport Brahimi s’avère un autre aspect de la discussion politique actuelle. Il s’impose d’analyser les interférences entre les questions politiques, militaires et humanitaires. Des situations délicates peuvent se présenter dans la relation entre opérations de maintien de la paix et opérations humanitaires, a encore déclaré l’Observateur permanent de la Suisse.

Droits de réponse

Le représentant d'Israël a regretté que la question de l'assistance humanitaire fasse l'objet d'abus et donne lieu à des accusations sans fondement contre Israël, détournant les objectifs du débat. Le représentant a déclaré que les souffrances du peuple palestinien sont la conséquence de la décision délibérée des dirigeants palestiniens de continuer les violences. Il a rappelé qu' Israël recherche de toute bonne foi la paix, comme en témoignent les propositions faites à Camp David en juillet dernier, et que ce sont les Palestiniens qui ont décidé de reprendre les violences et le terrorisme. Le processus de paix a déjà abouti à des bénéfices socioéconomiques pour les Palestiniens, a ajouté le représentant, rappelant qu'en 1999 le chômage a diminué de 13% du fait, entre autres, de relations de bon voisinage entre Israël et la Palestine. Ces bénéfices ont été la conséquence du processus de paix, a ajouté le représentant, et en choisissant de recourir à la violence, les Palestiniens ont détruit un certain nombre d'acquis et suscitent un désastre économique. Il a affirmé qu'Israël ne cherche pas à toucher les services publics, tels que l'eau et l’électricité et facilite l'acheminement de l'aide humanitaire vers l'autorité palestinienne. Cette assistance a quadruplé en volume depuis l'année dernière et transite par des ports israéliens sans droits de douane, alors même que les gardes portuaires sont la cible des tireurs palestiniens. Les déplacements de biens et de personnes n'ont été limités que dans la mesure où ils occasionnent de véritables problèmes de sécurité, a expliqué le représentant. Il a cité comme exemple le fait que les camions-citernes chargés de carburant ne pouvaient plus franchir les frontières, car cela comportait des risques pour les conducteurs israéliens. En conclusion, le représentant a déclaré que les Palestiniens auraient réellement un intérêt économique à ce que la paix soit maintenue et il a souhaité le retour au calme dans la région.

L'Observateur permanent de la Palestine a déclaré que la déclaration faite par le représentant d'Israël, manifestement fin prête depuis longtemps, comportait des mensonges sans aucun fondement. Il a à nouveau cité le rapport du Coordonnateur spécial des Nations Unies qui mentionne la destruction de constructions publiques et privées et l'établissement d'un embargo qui empêche les produits de circuler entre la Palestine et l'extérieur et également d'un village à un autre, en Palestine. Israël a détruit des routes par des explosions et a ainsi contribué à mettre en place un bouclage global des territoires. Il résulte de ce bouclage que les blessés ne peuvent être transférés d'une région à une autre, a souligné l'Observateur, ajoutant qu'il a fallu attendre aujourd’hui pour qu’Israël autorise l’acheminement jusqu’à Gaza. Pendant deux semaines, Gaza est restée bouclée et privée de carburant. De plus, Israël a gelé les avoirs de l'Autorité palestinienne, notamment les recettes des marchandises qui transitent par Israël. Il a rappelé que le montant des pertes dépasse 900 millions de dollars; de plus, Israël empêche la mise en oeuvre des programmes qui pourraient améliorer la vie des Palestiniens. La raison fondamentale de la crise est qu'Israël poursuit l'occupation illégale des territoires, a conclu l'Observateur. Il a par ailleurs déclaré qu'à Gaza, l'existence des colonies de peuplement a aggravé la crise dans la mesure où dans cette Bande pauvre en eau, 5 000 colons Israéliens installés illégalement se sont appropriés 42% du territoire, alors que 1,2 million de personnes se partagent le reste du territoire. Il s’agit en l’occurrence d’un exemple d’une politique qui s’apparente à l’apartheid, a conclu l'Observateur permanent.

Le représentant d’Israël a indiqué que la relation de cause à effet semblait continuer d’échapper à son interlocuteur palestinien qui semblait le seul des intervenants de la journée à ne pas reconnaître l’impact manifeste des conflits sur les conditions de vie des populations. Il a fait valoir que la solution évidente était le dialogue et que le règlement de la question des colonies de peuplement faisait partie des négociations qui pourront reprendre lorsque la violence palestinienne cessera. Les Palestiniens devraient se souvenir du proverbe qui dit que celui qui vit dans une maison de verre ne devrait pas lancer de pierres.

L’Observateur de la Palestine a déclaré qu’il voulait simplement redire que les formes les plus violentes d’agression consistent dans l’occupation du territoire d’autrui en recourant à la force militaire. Israël est le seul Etat Membre des Nations Unies qui se fasse montrer du doigt en tant que puissance d’occupation, a-t-il indiqué. Ce territoire que le représentant d’Israël qualifie de contesté, est appelé territoire occupé dans toutes les résolutions de l’Assemblée générale.

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