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CS/2068

CONSEIL DE SECURITE : LE RETOUR AU CALME DANS LA REGION DU MOYEN-ORIENT CONTRIBUERAIT A LA POURSUITE DES NEGOCIATIONS DE PAIX

22 novembre 2000


Communiqué de Presse
CS/2068


CONSEIL DE SECURITE : LE RETOUR AU CALME DANS LA REGION DU MOYEN-ORIENT CONTRIBUERAIT A LA POURSUITE DES NEGOCIATIONS DE PAIX

20001122

L'approbation par Israël de l'envoi d'une force d'observateurs militaires pour protéger la population palestinienne ne devra pas être un préalable à l'action du Conseil, a déclaré l'Observateur permanent de la Palestine devant le Conseil de sécurité qui s'est réuni, cet après-midi, sur la demande de la Jamahiriya arabe libyenne au nom du Groupe arabe, pour examiner la situation au Moyen-orient, y compris la question de Palestine. Pour le représentant d'Israël, la communauté internationale doit exiger que l'Autorité palestinienne cesse d'utiliser les armes contre les Israéliens car son pays ne peut accepter le rôle que jouent le Hamas et le Jihad islamique dans la situation actuelle. Il a noté que, pour la première fois, des membres du Conseil ont condamné les actes de violence commis par les Palestiniens. Il a souligné que son pays continuera d'oeuvrer de sorte à aboutir à une paix juste et durable avec tous les pays voisins et avec l'Autorité palestinienne si celle-ci souhaite réaliser cet objectif.

La France, s'exprimant au nom de l'Union européenne a souligné qu'il n'y a pas d'alternative à la paix et que la violence doit cesser et que les négociations de paix doivent reprendre sur la base des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité ainsi que des Accords d'Oslo. La délégation française a insisté sur le rôle crucial que le Conseil de sécurité peut jouer, avec l'accord des parties, pour contribuer à la recherche de l'apaisement. Elle a rappelé que le Secrétaire général a reçu, vendredi dernier, du Conseil, un mandat pour consulter les parties sur la possibilité et les modalités acceptables d'une mission d'observateurs des Nations Unies, dans l'espoir qu'un accord sur la question sera obtenu rapidement. De l'avis de la délégation des Etats-Unis, toute proposition visant la création d'une force dans la région nécessite l'accord des deux parties. Le représentant a souligné la nécessité de faire preuve de plus de diplomatie et d'adopter une approche plus constructive.

Les représentants des pays membres du Conseil suivants ont pris la parole : Etats-Unis, Fédération de Russie, France, Malaisie, Canada, Chine, Royaume-Uni, Jamaïque, Tunisie, Namibie, Argentine, Ukraine, Mali, Bangladesh et Pays-Bas.

Les représentants de la Jamahiriya arabe libyenne, de l'Afrique du Sud, de l'Egypte, de Cuba et de la Jordanie sont également intervenus.

Le représentant d'Israël et l'Observateur permanent de la Palestine ont exercé leur droit de réponse.

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LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION DE PALESTINE

Déclarations

M. NASSER AL-KIDWA (Observateur permanent de la Palestine) a noté que les forces israéliennes ont bien lancé des attaques massives contre Gaza et contre d'autres endroits des territoires occupés. Des bâtiments de l'Autorité palestinienne et celui de la police ont été détruits. Un Palestinien est mort et plus de 70 ont été blessés. Un état de panique générale s'est emparé de la population de Gaza. Cette escalade menace de s'étendre à toute la région et d'aboutir à des conséquences désastreuses. Depuis le 29 septembre dernier, l'Autorité palestinienne a adressé des lettres au Conseil à 14 reprises dans lesquelles il lui a fait état du nombre de Palestiniens qui ont été tués, plus de 225 personnes, ainsi que de l'usage excessif de la force armée et d'armes lourdes. Il y a plus de 10 000 blessés, parmi lesquels plusieurs seront handicapés pour la vie et dont le tiers sont des enfants de moins de 18 ans. Nous avons également évoqué dans ces lettres des destructions de biens et l'interdiction de la circulation des biens et des personnes qui représentent des violations graves de la quatrième Convention de Genève de 1949 sur les crimes de guerre ainsi que des résolutions de l'ONU. Ceci a entraîné l'impasse dans laquelle nous nous trouvons dans le processus de paix. Au lieu de reconnaître ses responsabilités face à la situation qui découle de l'occupation israélienne, Israël s'efforce de lancer des accusations à l'Autorité palestinienne. Ceci démontre qu'il s'agit d'une démarche raciste. Israël a même essayé de se soustraire aux Accords de Charm el-Cheikh, par son obstruction récente à la mise en place de la Commission d'établissement des faits.

Une telle position d'Israël a entraîné la mort de centaines de personnes et de blessés, a porté un préjudice au processus de paix au Moyen-Orient et a provoqué un regain de violence. Comment mettre fin à cette situation? La responsabilité du Conseil est permanente. Il lui faut prendre des mesures urgentes et concrètes pour mettre fin à cette campagne et assurer la protection des Palestiniens sous occupation israélienne. Les parties ne peuvent régler cette situation, par elles-mêmes, elles ont besoin d'une tierce partie. Nous ne comprenons pas pourquoi ces tergiversations. Depuis le 25 octobre dernier, nous demandons qu'une force d'observateurs relevant des Nations Unies soit dépêchée. Le Président Yasser Arafat a demandé 2000 observateurs militaires. Cette force d'observateurs devrait agir sous les auspices des Nations unies et sous leur direction. L'Autorité palestinienne a examiné les propositions françaises. Quant à l'approbation par Israël, elle ne peut être une condition préalable pour que le Conseil agisse. Le Conseil ne s'ingère pas dans les affaires intérieures d'un Etat. Le Conseil traite ici avec le seul Etat aux Nations Unies qui soit reconnu comme une force occupante. Au niveau pratique, la coopération d'Israël est cependant nécessaire pour la mise en œuvre de cette décision. Il est du devoir des membres du Conseil, d'assurer cette coopération pratique et pragmatique. Dans ce contexte, le représentant a rappelé que vendredi dernier le Conseil a mandaté le Secrétaire général de mener les consultations avec les deux parties sur les modalités de cette question et a souligné que le temps presse. Il a demandé au Conseil de prendre les mesures nécessaires à partir du début de la semaine prochaine. Il est légitime et juste de la part du Conseil d'adopter le projet de résolution dont il est saisi.

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Nous nous attendons à ce que le monde puisse célébrer le succès du processus de paix et l'adhésion de la Palestine en tant que membre des Nations Unies. Hélas, la force d'occupation ne veut pas assimiler quelque chose d'évident, à savoir l'occupation. La fin de l'occupation aboutira à la fin des problèmes. Tel est le remède à nos problèmes, a déclaré le représentant en appelant le Conseil à éliminer les souffrances des populations afin que «nous ne connaissions plus aucune aggravation de la situation».

M. YEHUDA LANCRY (Israël) a noté qu'une fois de plus, le Conseil de sécurité se réunit pour discuter de l'escalade de la violence au Moyen-Orient. La situation continue de se détériorer et des Palestiniens non armés innocents ont été de nouveau victimes de cette violence. Il y a quelques heures, quatre Palestiniens ont été tués et une quarantaine d'autres blessés. Faisant observer que le terrorisme n'est pas quelque chose qui est étranger à Israël, M. Lancry a considéré que les violences d'aujourd'hui sont le fait exclusif des Palestiniens. Dans une lettre adressée à feu Ytzak Rabin, le Président de l'Autorité palestinienne avait pris le ferme engagement de lutter de manière vigoureuse contre le terrorisme. Aujourd'hui, il adopte une position différente, soutenant les actes de terrorisme. Aucun organe des Nations Unies - notamment l'Assemblée générale et l'ECOSOC - n'a condamné une seule fois les Palestiniens pour les actes de violence qu'ils ont perpétrés contre les Israéliens. En refusant de condamner les Palestiniens, la communauté internationale approuve les actes indescriptibles commis par les Palestiniens, notamment le lynchage de soldats israéliens. Les Palestiniens subissent des pertes à la suite de leurs propres actes de provocation, notamment en lançant des grenades ou en transportant des explosifs, a précisé M. Lancry. La banlieue de Jérusalem est constamment attaquée à partir de villages voisins. Des membres du Tanzim ont tué deux civils israéliens et blessé de nombreux autres. Les Palestiniens estiment que ces victimes sont des cibles légitimes uniquement en raison de leur nationalité.

Le Premier Ministre et le Vice-Ministre des affaires étrangères israéliens ont appelé à plusieurs occasions le Président Arafat à faire preuve de retenue et à opter pour une issue pacifique de ces hostilités. Le représentant a souhaité que la communauté internationale adopte une position plus équitable et plus claire. Il a regretté que pour le Président Arafat, la seule solution à cette situation ne puisse venir que des affrontements. M. Arafat se doit de se protéger de ses propres décisions destructrices. La communauté internationale doit exiger que l'Autorité palestinienne cesse d'utiliser les armes contre les Israéliens. On ne peut plus accepter la division du travail condamnable entre le Hamas et le Jihad islamique, a tenu à souligner M. Lancry. Israël continuera à oeuvrer de sorte à parvenir à une paix juste et durable avec tous les pays voisins. Si le Président Arafat souhaite réaliser cet objectif, cela ne sera pas impossible, s'est déclaré convaincu M. Lancry.

M. RICHARD HOLBROOKE (Etats-Unis) a déclaré qu'il ne pense pas que le Conseil contribue à la paix en tenant cette réunion et qu'il ne pense pas que cette réunion entre dans le cadre du mandat du Conseil. Cette réunion n'ouvre la voie qu'à un échange d'attaques verbales qui sont caractéristiques des autres instances. Sa délégation continue de croire que les parties doivent promouvoir la paix et rétablir le calme en retournant à la table de négociations. Il a rappelé que son Gouvernement n'a jamais accordé son soutien à la résolution 1322 en raison de sa partialité, mais qu'il soutenait l'appel pour mettre fin à la violence.

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Il a indiqué qu'il y a eu des progrès dans la mise en œuvre des Accords de Charm el-Cheikh. Il a indiqué que le Secrétaire général a déjà rencontré le Sénateur Mitchell et que la Commission d'établissement des faits se réunira ce week-end pour entamer ses travaux. Cette journée, a-t-il déclaré, est bien triste pour les Nations Unies car ce matin, l'ECOSOC a adopté avec une marge très étroite une résolution qui condamne le comportement d'Israël et demande la création d'une Commission d'enquête. La rhétorique et les critiques déséquilibrées ne font que décrédibiliser les Nations Unies, a-t-il déclaré.

Toute proposition visant la mise en place d'une force dans la région nécessite l'accord des deux parties, a-t-il souligné. Le Conseil ne devrait pas participer à une démarche visant à imposer une solution à une partie. Il a cité la Secrétaire d'Etat américaine qui a indiqué la création d'un mécanisme permettant aux deux parties de respecter les engagements. Il a demandé de ne pas commencer par des réunions publiques du Conseil de sécurité et d'envisager la question avec beaucoup de diplomatie.

M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) s'est déclaré préoccupé par la détérioration de la situation entre Israël et la Palestine. Il est essentiel de mettre fin aux hostilités afin d'éviter que la situation ne devienne incontrôlable. Des mesures concrètes doivent être prises pour empêcher que des éléments extrémistes ne profitent du chaos pour aggraver la situation qui engendre de nombreuses pertes en vies humaines. Le Conseil de sécurité et le Secrétaire général doivent continuer à accorder une attention particulière à la situation à Jérusalem et à Gaza et encourager la reprise des négociations. Il est nécessaire de renforcer l'architecture même du processus de paix afin qu'il soit irréversible.

M. JEAN-DAVID LEVITTE (France), s’exprimant au nom de l’Union européenne, a regretté que depuis des semaines, tombent, chaque jour, des morts, Palestiniens et Israéliens. Cela n’est pas tolérable. L’Union européenne fait appel au sens des responsabilités, de part et d’autre, pour ne pas répondre aux provocations. Le manque de progrès accomplis au cours du processus de paix, y compris sur le problème des colonies, est au coeur de la frustration de la population palestinienne et de la violence. L’Union européenne exhorte les dirigeants israéliens et palestiniens à respecter intégralement, sans délai, les engagements qu’ils ont pris à Charm el-Cheikh, il y a déjà cinq semaines et à Gaza le 2 novembre.

C’est pourquoi, l’Union européenne demande aux autorités israéliennes de procéder au retrait de leurs forces armées sur les positions qu’elles occupaient avant le 28 novembre et de mettre un terme aux restrictions imposées à la circulation des personnes et des biens dans les territoires palestiniens; de lever les sanctions financières prises à l’encontre de l’autorité palestinienne; et de n’utiliser, dans les cas où l’intervention des forces de sécurité apparaît strictement indispensable, que des moyens non mortels, conformément à l’appel lancé par le Secrétaire général des Nations Unies.

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L’Union demande également à l’Autorité palestinienne de tout faire pour que les violences cessent et de donner des instructions strictes aux forces de sécurité pour faire cesser les tirs contre les Israéliens, conformément à l’annonce faite par le Président Arafat. L’Union européenne demande que la Commission d’établissement des faits, créée à la suite du Sommet de Charm el- Cheikh et où l’Union européenne est représentée par M. Javier Solana engage ses travaux sur le terrain sans délai.

L’Union soutient l’action du Secrétaire général des Nations Unies pour examiner avec les parties les modalités de déploiement d’une mission d’observateurs, conformément au mandat donné par le Conseil de sécurité. Elle continue d’appuyer les efforts et l’engagement personnel du Président Clinton dans la recherche de la paix, soulignant que l’objectif reste la reprise du dialogue et des négociations de paix, la seule issue à la crise actuelle. La violence doit cesser et les négociations de paix doivent reprendre sur la base des résolutions 242 et 338 ainsi que des accords d’Oslo. Rappelant que vendredi dernier, le Secrétaire général a reçu du Conseil de sécurité un mandat pour consulter les parties sur la possibilité et les modalités acceptables d’une mission d’observateurs des Nations Unies, M. Levitte a émis l’espoir qu’un accord pourra être obtenu rapidement sur la question.

A l'instar des autres délégations, M. MISRAN KARMAIN (Malaisie) a exprimé sa gratitude au Président du Conseil pour la tenue de la présente séance consacrée une nouvelle fois à la situation au Moyen-Orient, y compris la question de Palestine. Sa délégation fait sienne la déclaration qui sera faite par l'Afrique du Sud, au nom du Mouvement des pays non-alignés. Le représentant a regretté que les forces israéliennes continuent de lancer des attaques contre la population civile palestinienne. Son pays continuera à contribuer aux efforts visant à mettre fin à la violence dans la région. Le représentant a estimé que le Conseil de sécurité ne peut rester passif devant la demande de déploiement d'une force de protection en Palestine. Contrairement à ce qui se passe au Timor oriental, la situation de la Palestine est caractérisée par une occupation étrangère. On ne parviendra à une paix juste et durable que si Israël décide de se retirer des territoires occupés depuis 1967, et lorsqu'un Etat palestinien sera proclamé avec Jérusalem pour capitale. Le Conseil de sécurité, a rappelé le représentant, assume des responsabilités dans le cadre du maintien de la paix et de la sécurité internationales. C'est pourquoi, il lui incombe d'agir rapidement pour mettre fin aux nombreuses pertes en vies humaines. Il faut éviter de revivre l'expérience de Srebrenica, a-t-il souligné.

M. PAUL HEINBECKER (Canada) s’est déclaré profondément préoccupé par l’escalade de la violence entre Israéliens et Palestiniens et a lancé un appel aux deux parties leur demandant de n'épargner aucun effort pour mettre fin à la violence et au cycle “d’actions et de réactions” qui expose les civils, en particulier les enfants, à de terribles dangers. Toutes les parties ont l’obligation de protéger les civils, a insisté le représentant avant de rappeler les principes selon lesquels les civils ne doivent pas être pris pour cibles, ni être engagés dans des hostilités ni s’exposer à des actes de violence. Souhaitant être parfaitement clair, le représentant a indiqué que les deux parties étaient responsables de la situation présente et qu'elles ont par conséquent la responsabilité d'y mettre fin.

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L’Autorité palestinienne doit tout mettre en oeuvre pour prévenir les attaques terroristes, a encore dit le représentant en condamnant tous les types d’attaques et en demandant à toutes les parties soucieuses de paix de les condamner également. L’Etat d’Israël, a poursuivi le représentant, doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour modérer ses forces. La meilleure chance de régler la situation actuelle réside dans la mise en oeuvre des Accords de Charm el-Cheikh, a estimé le représentant avant d’émettre l’espoir que la Commission d’établissements des faits, agréée par le Premier Ministre d’Israël et le Président de l’Autorité palestinienne, commencera ses travaux en temps opportun. Il a appuyé le mandat que le Conseil a confié au Secrétaire général le chargeant d’explorer toutes les voies possibles avec les parties, y compris en autorisant la présence d’observateurs à la lumière des conclusions de la Commission. Le Canada appuiera tout effort international, agréé par les deux parties, qui contribuerait à apaiser les tensions, a encore dit le représentant avant d’exhorter la communauté internationale à unir ses efforts pour appuyer les deux parties et le processus de paix. Si vraiment, il y a une heure pour la diplomatie et le dialogue, cette heure a sonné, a conclu le représentant.

M. WANG YINGFAN (Chine) a déclaré que les derniers jours ont vu une escalade de la violence. Les pertes sont supérieures du côté palestinien et l’économie palestinienne subie d’importants dommages. La Chine s’oppose à la violence quelle que soit sa forme et appelle les deux parties à éviter l’aggravation de la situation et exhorte la partie israélienne à faire preuve de retenue. L’ensemble de la région se trouve dans une situation dangereuse. La paix est la seule solution. La Chine appuie les efforts de médiation du Secrétaire général et demande aux deux parties de coopérer avec le Secrétaire général et d’appuyer le travail de la Commission d’établissement des faits.

M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) s'est associé à la déclaration faite par la France, au nom de l'Union européenne. Les parties concernées s'étaient engagées, par les Accords de Charm el-Cheikh, de mettre fin à la violence. Le représentant a regretté l'attaque perpétrée contre un autobus scolaire israélien. Il a déclaré que le Conseil de sécurité doit continuer de suivre de près la situation, et qu'il est convaincu toutefois que les parties concernées peuvent mettre fin à la violence sans intervention extérieure.

MME PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a rappelé que le 7 octobre, le Conseil a adopté la résolution 1322 qui appelait à la fin de la violence. La situation d’aujourd’hui indique combien toutes les parties sont préoccupées par la situation actuelle qui menace toute la région. Sa délégation est préoccupée par le nombre de morts qui se porte à plus de 3 000 et le nombre de blessés qui s’élève à 6 000. Elle a exprimé ses condoléances aux familles éplorées. Elle a demandé que les travaux de la Commission d’établissement des faits commencent au plus tôt. L’envoi d’une force pourrait être une mesure de confiance et la Jamaïque pense que le Conseil doit accorder à cette idée toute l’attention nécessaire. Le Conseil doit appuyer les efforts du Secrétaire général en ce sens.

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M. SAID BEN MUSTAPHA (Tunisie) s'est félicité de la convocation de la présente séance pour examiner la situation au Moyen-Orient, en particulier dans les territoires palestiniens occupés. La détérioration de la situation, en particulier à Jérusalem et à Gaza notamment, continue en dépit des efforts inlassables déployés par le Secrétaire général et de l'adoption de la résolution 1322 du Conseil de sécurité. Les forces d'occupation israéliennes ont repris leurs attaques contre la population civile palestinienne malgré l'engagement pris par le Président Arafat de faire tout son possible pour détendre la situation. La Tunisie condamne fermement les actes de violence perpétrés contre la population civile palestinienne innocente, en violation des instruments juridiques internationaux en vigueur. Est-on violent quand on s'oppose à l'occupation ? s'est interrogé le représentant. La Tunisie demande à Israël d'oeuvrer en faveur de mesures de confiance, indispensables au retour au calme. M. Ben Mustapha a appelé le Secrétaire général et le Conseil de sécurité à poursuivre leurs efforts en vue de dissuader les parties concernées de recourir à la violence. Les risques sont nombreux de déstabiliser l'ensemble de la région, a mis en garde M. Ben Mustapha, rappelant la nécessité de respecter le droit international et les résolutions pertinentes des Nations Unies.

Mme SELMA NDEYAPO ASHIPALA-MUSAVYIE (Namibie) s’est associée à la déclaration faite par l’Afrique du Sud au nom du Mouvement des non alignés et à la déclaration du représentant du Mali pour le caucus du Mouvement pour le mois de novembre. Elle a exprimé les condoléances de sa délégation aux familles endeuillées et sa reconnaissance aux pays arabes pour avoir pris soin des Palestiniens blessés. Elle a appuyé la demande visant la mise en place d’une force d’observateurs et a souligné que cette demande est conforme à la résolution 904 de 1984 qui demandait la protection des Palestiniens. Cette demande justifie une action rapide et appropriée du Conseil. Elle pense que le déploiement d’observateurs épargnera des vies, rétablira la confiance et ouvrira la voie de la reprise du processus de paix. Il faut traiter le problème de base qui est l’occupation israélienne. Nous devons aider les parties à rétablir la paix. Elle a remercié ceux qui contribuent à la reprise des pourparlers de paix et pense qu’il est temps pour les Nations Unies de s’engager dans ce processus. Une solution durable ne sera possible qu’en accordant à la population palestinienne son droit à l’autodétermination, a-t-elle déclaré.

M. ARNOLDO LISTRE (Argentine) a noté avec regret que la situation au Moyen- Orient continue de se détériorer, causant la mort de nombreux civils innocents. A cet égard, il a exprimé ses condoléances aux familles des victimes d'actes de violence. Il faut condamner tous les actes de violence, quelle que soit leur origine, avec la même vigueur. La communauté internationale se doit d'aider les parties concernées à faire tout leur possible pour mettre fin à la violence. L'Argentine appuie les efforts accomplis par le Secrétaire général visant à calmer les tensions et à oeuvrer dans une voie plus constructive. A cet égard, M. Listre a appelé les parties à se conformer aux engagements pris à Charm el-Cheikh.

M. VALERI KUCHYNSKY (Ukraine) a indiqué que son pays demeure profondément préoccupé par la détérioration de la situation au Moyen-Orient et a été choqué par l’utilisation de l’armement lourd par Israël contre la population civile. Son pays condamne l’usage excessif de la force et demande à Israël de ne plus y avoir recours. L’Ukraine appelle les Palestiniens à la retenue. Il appelle les deux parties à respecter les accords de Charm el-Cheikh.

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L’Ukraine est convaincue que la solution de la question de Palestine doit se fonder sur les résolutions 242 et 338 du Conseil ainsi que sur les accords de Madrid et d’Oslo. L’Ukraine appuie les efforts visant à ramener les parties à la table de négociations et attend que la Commission d'établissement des faits commence ses travaux au plus tôt. Elle est d’avis que, compte tenu de la situation, la présence d’un tiers est opportune. L’idée du déploiement d’une force des Nations Unies telle que proposée par la France est appropriée. Son pays est disposé à faire des efforts pour que la paix revienne dans cette région, a-t-il conclu.

M. MOCTAR OUANE (Mali) a rappelé la position constante de son pays en faveur d'un règlement juste et durable de la question du Moyen-Orient. Il s'est dit préoccupé par l'escalade de la violence et a appelé les parties à plus de retenue. Il s'est félicité des efforts du Secrétaire général et a appuyé sa stratégie en quatre points. Il a salué la tenue des pourparlers à Washington pour la reprise du processus de paix. Il a estimé que l'envoi d'observateurs sur le terrain est une mesure positive à laquelle le Conseil doit accorder toute l'attention nécessaire. Il en va de la crédibilité de l'Organisation. Il a déclaré qu'il s'associait à la déclaration que fera l'Afrique du Sud au nom des non-alignés.

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a regretté qu'au cours de près de deux mois, les seules nouvelles qui nous parviennent du Moyen-Orient concernent la violence et davantage de violence. La présente séance du Conseil de sécurité est convoquée à point nommé. Le représentant a exprimé ses profondes condoléances aux familles des victimes des deux parties. Il a condamné les actes de provocation en des termes très vigoureux. Ces actes ne visent qu'à saper le processus de paix. Sa délégation fait siens les efforts déployés par le Secrétaire général en vue de mettre fin à la violence au Moyen-Orient, en particulier à Jérusalem et à Gaza. Le Bangladesh se dit convaincu que lorsqu'il sera mis fin à la violence, il sera possible de reprendre les négociations de paix.

M. PETER VAN WALSUM (Pays-Bas) a fait sienne la déclaration faite par la France, au nom de l'Union européenne, souhaitant qu'il sera possible de mettre fin à la violence à Jérusalem et à Gaza. Il a déploré l'attaque perpétrée contre un autobus scolaire. C'est pourquoi, les Pays-Bas appellent les deux parties concernées à oeuvrer de manière constructive et à prendre des mesures concrètes visant à mettre fin à ce cycle de violence. Les parties concernées sont invitées à respecter les engagements pris dans le cadre des accords de Charm el-Cheikh.

M. ABUZED OMAR DORDA (Jamahiriya arabe libyenne) au nom du Groupe arabe, a déclaré que le Moyen-Orient n’existe pas ni historiquement ni géographiquement, c’est pourquoi il parle de la question de Palestine. La question de Palestine est une question d’occupation et doit être traitée comme telle. Quelle est la conséquence de ce processus que l’on appelle à tort processus de paix tant les négociations qui ont commencé à Madrid puis à Oslo, à Charm el-Cheikh et à Camp David sont toutes restées lettres mortes. Les événements ont prouvé à tout le monde que l’Autorité palestinienne n’a pas d’autorité sur son territoire mais que l’autorité est dans les mains de l’occupant. Les régimes arabes ont accompagné ce processus qui n’a abouti à aucun résultat. La Palestine est toujours occupée, les réfugiés ne sont pas retournés chez eux?

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Quelle paix peut se faire sans permettre aux Palestiniens de retourner chez eux, s’est-il interrogé. Les événements ont prouvé la vérité sociale à savoir qu’il existe un peuple palestinien qui réside sur sa terre. Ce qui ce passe est une action qui vise la soumission en acceptant les conditions de l’occupant. De quelle paix parle-t-on si on impose de telles conditions aux Palestiniens, a-t-il poursuivi. Ce genre de processus peut-il aboutir à un résultat pacifique réel qui redonnerait ses droits à ceux qui ont été lésés et ainsi rétablir la paix dans la région? Il y a une partie à qui on permet de s’armer, y compris avec un arsenal nucléaire, à qui on offre l’assistance des experts et une autre partie à qui on interdit le fusil le plus petit et si cette partie reçoit l’assistance d’un pays on fait pression sur ce pays pour qu’il cesse. Ce qui se passe est une tentative d’imposer la capitulation et non la paix, a-t-il déclaré. Ce ne serait pas une paix durable car elle ne serait pas fondée sur la justice. Le Conseil a adopté plusieurs dizaines de résolutions mais les Etats-Unis ont fait en sorte qu’elles ne soient pas mises en œuvre. Ils sont là pour soutenir la puissance d’occupation.

Il a rappelé que le Conseil s’est réuni à la suite de l’assassinat de trois morts au Timor oriental et a demandé pourquoi personne ne bouge le petit doigt après le meurtre de plus de 220 Palestiniens. Où en est le Conseil? s’est-il interrogé. La paix est-elle pour certains et pas pour d’autres ? Nous connaissons la raison pour laquelle le Conseil ne bouge pas le petit doigt mais nous avons besoin de comprendre, d’entendre l’explication. Où sont les droits du peuple palestinien ? Le Conseil économique et social a défendu les droits des Palestiniens. Un membre de l’ECOSOC s'est porté absent pour ne pas avoir à voter ce matin, a-t-il indiqué. Où sont les droits de l’homme? s’est-il interrogé. De quelle paix parle-t-on quand on parle de ce qui se passe dans la région et qu’on met sur le même plan l’occupant et l’occupé. La violence est la conséquence de l’occupation. On arrête l’occupation et la violence s’arrêtera. A peine 20% de ce que les Palestiniens ont accepté leur a été restitué. L’Etat palestinien ne sera pas déclaré. L’Autorité palestinienne n’a pas d’autorité chez elle. De quelle paix parle-t-on, c’est ce que je vous demande? Que fera la prochaine génération ? Cette cause sera celle de tous les Arabes. La preuve en est ce qui s’est passé dans les capitales arabes et leur revirement quant à ce qui est de maintenir des relations avec Israël. Les Arabes sont ceux qui appellent à la paix. Si ce Conseil doit être juste et assumer ses responsabilités conformément à la Charte et aux résolutions qu’il a adoptées lui-même, nous lui demandons d’envoyer une force de protection de la population palestinienne et une mission d’établissement des faits sur tous les événements intervenus depuis le 28 septembre et de soumettre ses conclusions à la Cour pénale internationale et de mettre en œuvre les résolutions adoptées, a-t-il conclu.

M. PIETER ANDRIES VERMULEN (Afrique du Sud), s’exprimant au nom du Mouvement des non-alignés, a indiqué que le Mouvement lançait à nouveau un appel à Israël pour qu’il arrête d’infliger aux civils palestiniens un châtiment collectif, en violation de la quatrième Convention de Genève et qu’il l’engageait à nouveau à agir avec retenue et à s’en tenir minutieusement à ses obligations juridiques, dans le respect de cette Convention.

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Le Mouvement des non alignés est convaincu qu’il est toujours de la responsabilité permanente des Nations Unies de rester complètement impliquées dans la question palestinienne jusqu’à ce qu’une solution définitive soit trouvée, a-t- il déclaré. Il incombe aux Nations Unies d’adopter des mesures visant à protéger le peuple palestinien et de ne pas permettre que se poursuivent des actions exacerbant leurs souffrances. La communauté internationale a une obligation à cet égard. Nous lançons un appel au Conseil pour qu’il prenne sérieusement en considération le déploiement d’une force de protection dans la région.

Le représentant a fait valoir que la question de la Palestine était au cœur du conflit du Moyen-Orient. L’exercice du droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et à la création d’un Etat palestinien est également décisif dans le rétablissement d’une paix durable et totale au Moyen Orient, a-t-il déclaré. Dans une déclaration faite à Pretoria aujourd’hui, le Gouvernement sud- africain a fermement condamné l’attaque d’un autobus transportant des civils israéliens, il y a deux jours. Nous condamnons aussi fermement les représailles disproportionnées et excessives des forces de sécurité israéliennes qui ont suivi, portant malheureusement la crise à un stade nouveau et périlleux.

M. AHMED ABOULGHEIT (Egypte) a indiqué que son gouvernement a rappelé, hier, son ambassadeur en Israël pour réagir aux attaques continues perpétrées par les forces israéliennes contre la population civile palestinienne. Israël préfère opter pour l'arrogance à l'égard des Palestiniens. Le peuple palestinien subit l'occupation militaire et des souffrances sans fin. C'est pourquoi, l'Egypte appelle Israël à se retirer des territoires qui ne relèvent plus de son autorité. Le Gouvernement égyptien condamne fermement et de manière égale les attaques perpétrées contre des civils israéliens et contre des civils palestiniens. En raison de la présence illicite et illégale, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et d'instruments juridiques internationaux en vigueur, 4 000 colons israéliens ont formé des colonies de peuplement sur des territoires palestiniens. Israël entrave la circulation de vivres et de médicaments et prive d'électricité les habitants de Gaza. Ces mesures arbitraires ont des conséquences très graves pour la population palestinienne. La délégation égyptienne espère que la Commission d'établissement des faits sera en mesure d'entamer ses travaux très rapidement, conformément à un programme de travail très précis. Elle exige de ce Conseil qu'il agisse à la hauteur des évènements. Des consultations officieuses et des efforts sont déployés en vue de parvenir à un compromis sur le déploiement d'une force de protection en Palestine. M. Aboulgheit s'est déclaré consterné d'entendre le représentant d'Israël déclarer qu'il n'adhérait pas à cette idée.

M. ZEID RA'AD ZEID AL-HUSSEIN (Jordanie) a déclaré que la convocation de cette réunion d’urgence pour examiner la situation dans les territoires palestiniens occupés témoigne du sérieux avec lequel le Conseil considère les événements qui menacent la région tout entière. Il faut que la paix soit rétablie au Moyen-Orient et que le peuple palestinien se libère du joug israélien. La Jordanie condamne la situation des Palestiniens qui font l’objet d’actes d’agression par les autorités israéliennes. Il a regretté l’acte d’agression contre un diplomate jordanien à Gaza.

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Il a dénoncé les actes de provocation qui pourraient saper le processus de paix et ramener cette région dans la violence. Le Gouvernement jordanien demande à Israël de cesser tout acte de violence, de lever le siège contre le territoire palestinien et de respecter les accords signés et la Convention de Genève de 1949. Elle demande que la Commission d’établissement des faits commence à travailler sans plus tarder et qu'une force pour la protection de la population palestinienne soit envoyée dans la région.

M. BRUNO RODRIGUEZ PARILLA (Cuba) a regretté qu'en dépit des Accords de Charm el-Cheikh, des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, de l'Assemblée générale, de la Commission des droits de l'homme et de l'ECOSOC, la situation en Palestine continue de se détériorer. On compte plus de 270 morts et 7 000 blessés, pour l'immense majorité des civils palestiniens innocents, depuis la visite de provocation d'Ariel Sharon à Haram al-Charif. Si Israël continue d'ignorer les nombreuses résolutions pertinentes du Conseil de sécurité sur la question de Palestine, on ne peut mettre fin à la situation tragique qui sévit actuellement dans les territoires occupés. Lors de la séance privée du Conseil de sécurité tenue le 10 novembre dernier, le Président de l'Autorité palestinienne avait décrit en détail la détérioration de la situation sur le terrain et exposé clairement les raisons pour lesquelles il demande le déploiement d'urgence d'une force de protection. Cuba appuie fermement cette proposition, a déclaré le représentant. Les politiques et pratiques israéliennes qui s'opposent aux intérêts et aux aspirations légitimes du peuple palestinien ne seront jamais compatibles avec un processus de paix légitime, sur la base des résolutions 242 (1967) et 338 (1973). Une paix juste et durable ne pourra être instaurée au Moyen-Orient que lorsque le peuple palestinien sera en mesure d'exercer son droit inaliénable de créer un Etat indépendant avec pour capitale Jérusalem-Est et lorsque tous les territoires occupés depuis 1967 seront restitués.

La délégation cubaine attire l'attention du Conseil de sécurité sur l'idée de promouvoir les interventions humanitaires avec ou sans l'autorisation du Conseil, lorsqu'elles visent à remédier aux situations préoccupantes en matière de droits de l'homme. Nous connaissons pourquoi le Conseil de sécurité adopte une position différente. C'est tout simplement lorsqu'un membre permanent du Conseil de sécurité entend défendre ses intérêts nationaux et exerce de manière arbitraire ses prérogatives. L'hypocrisie et l'application du principe de "deux poids, deux mesures" constituent les éléments du privilège d'un veto anachronique et antidémocratique, a souligné le représentant.

Droits de réponse

Reprenant la parole, M. LANCRY a regretté que l'Autorité palestinienne ait préféré opter pour la confrontation. Contrairement à l'engagement pris pour mettre fin aux actes terroristes, le Président Arafat tient plusieurs languages qui se déclinent dans une grammaire trouble. Ces languages ne peuvent ni tromper son partenaire à la paix - en l'occurrence Israël - ni même la communauté internationale. Pour la première fois, se profile au sein du Conseil de sécurité la condamnation - parfois en sourdine ou modérée - des actes de violence perpétrés contre des civils israéliens.

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M. Lancry a salué les représentants permanents de l'Argentine et du Canada pour leur déclaration exemplaire. A Camp David, le Premier Ministre Ehud Barak avait pris le ferme engagement de parvenir à un règlement de paix avec l'Autorité palestinienne. Malheureusement, le Président Arafat a préféré se dérober devant cette démarche. A moins qu'elle ne passe par un accord bilatéral entre Israéliens et Palestiniens, a souligné M. Lancry, les autorités israéliennes n'ont toujours pas gelé la paix. A cet égard, il a rappelé que son pays a signé la paix avec l'Egypte et avec la Jordanie. Le choix du compromis territorial, d'un règlement définitif du statut de la Palestine et de la coexistence pacifique ne pourront se concrétiser que par des engagements réciproques.

M. AL-KIDWA a expliqué qu'Israël a toujours essayé d’éviter de nommer des personnes et d’être aussi objectif que possible. La partie israélienne a tendance à toujours attaquer la personne du Président de l’Autorité palestinienne. Qu’y a- t-il de mauvais à ce que le Président demande l’indépendance? Qu’y a-t-il de mauvais à l’Intifada? s'est-il interrogé. Elle est l’expression de l'insistance du peuple palestinien à exiger son propre Etat et à vouloir réaliser ses droits. Nous sommes fiers de notre peuple et fiers de nos sacrifices. Cette position collective est juste. Le représentant d’Israël veut toujours parler de personnes. Parlons alors d’Ehud Barak qui a permis la visite d'Ariel Sharon alors qu’il savait les conséquences qu'une telle visite entraînerait, lui qui est à l'origine de la doctrine de la frappe chirurgicale, qui n’a respecté aucun accord, qui n’a accepté de se retirer que des territoires précédemment acceptés par son prédécesseur. C’est l’homme qui nous a conduit au bord du précipice.

Ce qui a été dit au sujet d’Israël ne soulève pas d’objections de notre part. Nous avons toujours refusé le terrorisme d’Etat et le terrorisme découlant de l’occupation. Ce qui a été dit concernant l’explosion de l’autobus à Gaza ne soulève pas non plus d’objection de notre part. Des enfants sont des enfants. Plus de 80 enfants Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes. Nous jugeons inacceptables le fait qu’on puisse estimer qu’un enfant israélien est plus précieux qu’un enfant palestinien et nous refusons d’absoudre les autorités israéliennes de leurs responsabilités, notamment en matière de colonisation. Elles réunissent environ 5 000 colons pour occuper environ 40% de la Bande de Gaza. Est-ce une situation d’occupation? Est-ce une situation d’apartheid? Non, c’est une situation sans précédent dans l’Histoire. L’occupation, de même que la violation du droit international, sont la source des événements. Nous condamnons ces actes au cours desquels des enfants israéliens ont péri mais qu’en est-il des enfants tués de sang froid par les tireurs d’élite israéliens? Le changement doit passer par un changement de mentalité de l’occupant. La paix doit venir d’un respect mutuel. Il faut reconnaître qu’il y a occupation et accepter l’autre partie sur un pied d’égalité.

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