AG/1116

LES MODALITES DE MISE EN OEUVRE DE LA DEMOCRATIE AU CENTRE DU DEBAT SUR L'APPUI DES NATIONS UNIES AUX DEMOCRATIES NOUVELLES OU RETABLIES

21 novembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1116


LES MODALITES DE MISE EN OEUVRE DE LA DEMOCRATIE AU CENTRE DU DEBAT SUR L’APPUI DES NATIONS UNIES AUX DEMOCRATIES NOUVELLES OU RETABLIES

20001121

L’Assemblée générale adopte une résolution visant à renforcer la coopération entre l’ONU et l’Organisation de coopération économique

L’Assemblée générale a adopté ce matin une résolution visant à renforcer la coopération entre l’ONU et l’Organisation de coopération économique (OCE). La résolution, présentée par la République islamique d’Iran, invite les organismes du système des Nations Unies, les organes compétents de l’ONU et la communauté internationale à continuer de fournir une assistance technique aux Etats membres de l’Organisation de coopération économique. Le représentant de la République islamique d’Iran a affirmé que dans le contexte de la mondialisation, seuls les regroupements économiques au niveau régional et les rapprochements entre organisations internationales permettront aux pays en développement de prendre part à l'intégration de l'économie mondiale. Il a par ailleurs fait valoir que les dix pays qui composent l’OCE sont en proie à un certain nombre de difficultés spécifiques, dues au fait que l'Organisation est située dans une zone géographique exposée aux catastrophes naturelles et doit faire face aux problèmes liés à la culture et au trafic illicite de stupéfiants. L’Assemblée était saisie d’un rapport du Secrétaire général sur cette question.

L’Assemblée générale a par ailleurs examiné le point de son ordre du jour consacré à l’appui du système des Nations Unies aux efforts déployés par les gouvernements pour promouvoir et consolider les démocraties nouvelles ou rétablies. Dans le cadre de ce point, l’Assemblée générale a examiné deux rapports du Secrétaire général; la Roumanie et le Bénin ont présenté une résolution sur laquelle l’Assemblée se prononcera le lundi 27 novembre 2000.

Au cours du débat, une grande majorité de délégations se sont félicitées des progrès de la démocratie pendant les deux dernières décennies. Ainsi, le représentant du Bénin a noté avec satisfaction que la démocratie se propage sur tous les continents et devient une forme universellement reconnue de gouvernance. Nombreuses sont les délégations qui ont souligné que l’Organisation des Nations Unies, du fait de sa nature universelle, constitue un cadre privilégié pour que les Etats œuvrent ensemble à la promotion d’institutions démocratiques et d’une véritable culture démocratique. Le représentant des Etats-Unis a salué le fait que l’Assemblée générale soit de plus en plus souvent saisie de questions relatives à la démocratie.

Cependant, si les délégations se sont accordées à reconnaître l’importance de la démocratie, le sens à donner à ce concept ne suscite pas de consensus, certaines refusant que l’on érige une forme standardisée de mise en œuvre de la démocratie. Il n'existe pas de modèle démocratique unique, a déclaré le représentant de Cuba, ajoutant que la diversité des modèles et leurs particularités nationales, historique, économique, culturelle et religieuse devaient être prises en compte. Dans le même sens, le représentant du Bélarus a fait observer que le contexte historique et culturel imprime son sceau sur les formes que prend la démocratie. Par ailleurs, les liens entre le développement et la démocratie représentent également une question qui divise les délégations. Alors que les Etats-Unis ont souligné que l’établissement de la démocratie est un préalable au développement, de nombreux pays en développement ont indiqué que l’établissement de la démocratie est intimement lié à l’amélioration des conditions socio-économiques. La démocratie ne peut être réduite à l’exercice des droits civils et politiques, elle doit également prendre en compte les droits économiques et sociaux, a déclaré le représentant de Cuba.

Enfin, certaines délégations ont dénoncé le fait que l’instauration de la démocratie constitue parfois un prétexte à l’ingérence des pays se prévalant d’une longue tradition démocratique. Le représentant de Cuba a déploré qu’en la matière, les pays du Nord traitent parfois les pays du Sud avec la même mentalité qu'à l'époque coloniale. Le représentant de Bélarus s’est élevé contre les recettes imposées de l’extérieur, affirmant que l’établissement de la démocratie est un processus endogène qui doit être mené par les forces politiques et sociales en place dans le pays.

Les représentants des pays suivants se sont exprimés au cours du débat: Roumanie, Bénin, France au nom de l'Union européenne et des pays associés, Ukraine, Bélarus, Mongolie, Yémen, Etats-Unis, République de Corée, Nicaragua, Equateur, Mali, Cuba, Philippines, Népal, Indonésie et Norvège. L'Observateur permanent de la francophonie auprès des Nations Unies a également prononcé une allocution.

L'Assemblée générale reprendra l'examen de ce point le lundi 27 novembre à partir de 10 heures Elle examinera également le renforcement de la coordination de l'aide humanitaire et des secours en cas de catastrophe fournis par l'ONU, y compris l'assistance économique spéciale.

COOPERATION ENTRE L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET L'ORGANISATION POUR LA SECURITE ET LA COOPERATION EN EUROPE

Rapport du Secrétaire général (A/55/122)

En application de la résolution 54/100 de l’Assemblée générale 9 décembre 1999, le rapport présente, pour la période 1999-2000, une brève description des relations entre l’Organisation de coopération économique (OCE) et les organismes des Nations Unies suivants : Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), Centre du commerce international (CCI), Centre international de recherche agricole dans les zones arides (ICARDA), Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID), Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), Organisation mondiale du commerce (OMC).

Projet de résolution (A/55/L.22/Rev.1)

Aux termes d'un projet de résolution sur la coopération entre l'Organisation des Nations Unies et l'Organisation de coopération économique, l'Assemblée générale soulignerait l’importance de la coopération entre le système des Nations Unies et l’Organisation de coopération économique visant à tenir le pari de la mondialisation et à tirer parti des possibilités qu’elle offre dans la région de l’Organisation de coopération économique en favorisant l’intégration des États membres de l’Organisation de coopération économique dans l’économie mondiale, selon qu’il conviendra, notamment dans les domaines du commerce, des finances et de la technologie. Elle prendrait note avec satisfaction du développement de la coopération entre l’Organisation de coopération économique et l’Organisation mondiale du commerce (OMC), laquelle a accordé à la première le statut d’observateur, et de la participation croissante de l’Organisation de coopération économique aux forums et conférences ministérielles pertinentes de l’OMC.

L'Assemblée se réjouirait de l’intensification de la coopération entre l’Organisation de coopération économique et les institutions financières internationales concernées, telles que la Banque mondiale et la Banque islamique de développement, et notamment de l’aide financière accordée par cette dernière dans les domaines des transports, du commerce, de l’énergie et de l’agriculture. Elle inviterait les organismes du système des Nations Unies, les organes compétents de l’ONU et la communauté internationale à continuer de fournir une assistance technique, selon qu’il conviendra, aux États membres de l’Organisation de coopération économique et au secrétariat de l’Organisation pour renforcer leur système d’alerte rapide, leur planification préalable et leur capacité d’intervention rapide et de reconstruction et, ainsi, réduire les pertes humaines provoquées par les catastrophes naturelles et en atténuer les effets socioéconomiques.

L'Assemblée déciderait d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa cinquante-sixième session la question intitulée «Coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Organisation de coopération économique». Déclaration

M. HADI NEJAD HOSSEINIAN (République islamique d'Iran) a constaté, en présentant la résolution A/55/L.22/Rev.1, que le monde dans lequel nous vivons devient de plus en plus intégré ce qui a poussé les pays développés et en développement à associer leurs ressources et coordonner leurs efforts pour relever les défis de plus en plus nombreux et complexes créés par cet état de fait. La communauté internationale a dû mettre en place le cadre institutionnel nécessaire au renforcement des capacités individuelles et collectives pour permettre à tous de profiter des bénéfices de la mondialisation en cours. Ce processus a des répercussions énormes et redéfinit les structures de l'économie et des marchés mondiaux dans les domaines économique, technologique et culturel tout en renforçant l'interdépendance entre les sociétés, a-t-il dit. Dans le même temps, d'autres efforts ont été déployés pour limiter autant que possible les effets négatifs et déstabilisateurs de la mondialisation. Comme peu de pays en développement semblent prêts à relever les défis que sous-tend la mondialisation, les regroupements économiques au niveau régional constituent l'approche la plus commune de ces pays pour faire partie de l'intégration de l'économie mondiale, a déclaré le représentant.

L'Organisation pour la coopération économique (OCE)regroupe dix pays dans le but d'élargir et de consolider leur coopération économique, technique et technologique. Leur objectif à long terme est de créer des institutions communes pour faciliter les mouvements de biens et de capitaux au sein des Etats Membres, leur intégration dans l'économie mondiale et dans le processus de mondialisation. L'établissement d'une coopération avec les organes des Nations Unies et les fonds et programmes en particulier est au cœur des efforts de l'OCE, a dit le représentant. La position géographique et le potentiel économique des pays de l'OCE, y compris ses réserves en pétrole et en gaz, ses ressources minérales abondantes et son héritage culturel et littéraire particulièrement riche fournissent les ingrédients nécessaires à une croissance économique durable dans la région tout en permettant des relations solides avec les pays voisins et les autres groupes régionaux. Cependant, il faut constater que les défis politiques, économiques, sociaux et environnementaux de la région représentent autant de difficultés. A cet égard, le représentant de la République islamique d'Iran a notamment rappelé que l'OCE est située dans une zone géographique exposée aux catastrophes naturelles et doit faire face aux graves problèmes que posent la culture, le trafic illicite et la consommation de drogues qui ont un impact négatif sur les structures sociale, économique et sécuritaire de la région.

APPUI DU SYSTEME DES NATIONS UNIES AUX EFFORTS DEPLOYES PAR LES GOUVERNEMENTS POUR PROMOUVOIR ET CONSOLIDER LES DEMOCRATIES NOUVELLES OU RETABLIES

Rapport du Secrétaire général (A/55/489)

Le rapport du Secrétaire général sur l’appui du système des Nations Unis aux efforts déployés par les gouvernements pour promouvoir et consolider les démocraties nouvelles ou rétablies décrit les activités menées dans le cadre du suivi de la troisième Conférence internationale des démocraties nouvelles ou rétablies sur la démocratie et le développement, et notamment les préparatifs de la quatrième Conférence internationale convoquée à Cotonou du 4 au 6 décembre 2000. Il aborde aussi quelques questions de fond en matière de démocratisation et soumet à l’examen de l’Assemblée générale et de la Conférence de Cotonou un certain nombre de propositions de mesures stratégiques et organisationnelles. Le rapport précise que pour toute démocratie nouvelle ou rétablie, la bonne gouvernance, le respect des droits de l’homme, le développement durable et la paix et la sécurité figurent parmi les objectifs fondamentaux à poursuivre pour favoriser et étayer la démocratisation. Les travaux menés par les organismes des Nations Unies en matière d’assistance électorale, de promotion des valeurs démocratiques et de défense des droits de l’homme contribuent de manière décisive à ce processus. Le rapport examine de plus près les liens existant entre ces principaux facteurs et les expériences vécues par les organismes des Nations Unies dans le domaine de l’assistance électorale.

La dernière partie du rapport porte sur le rôle précis que doit jouer l’Organisation des Nations Unies pour contribuer à la démocratisation. Elle présente notamment les conclusions d’un rapport de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale dont le siège est à Stockholm. D’après ce rapport, l’Organisation a trois grandes lignes à suivre en matière d’assistance à la démocratisation : 1) adopter une approche de la démocratie qui soit à la fois complète et globale, plutôt que l’approche technique actuelle; 2) définir clairement les transformations démocratiques complexes qui s’imposent et aider à les mener à bien; 3) comprendre qu’en matière de démocratisation, on ne peut recourir à des expédients. Ces principes ont été établis compte tenu de deux problèmes importants auxquels se heurtent les programmes des Nations Unies, à savoir, d’une part, que le contexte local est mal compris et insuffisamment pris en compte dans la problématique de la démocratie et, d’autre part, qu’il n’y a pas d’action coordonnée à l’échelle du système des Nations Unies.

En conclusion, le Secrétaire général reconnaît que ces propositions méritent d’être examinées minutieusement et approfondies par la communauté internationale. Il propose qu’aussi bien l’Assemblée générale que la quatrième Conférence internationale des démocraties nouvelles ou rétablies, qui doit se réunir au Bénin, procèdent à une étude méthodique et complète de ces questions. Il déclare enfin que, pour que les propositions se concrétisent, l’Organisation a besoin du soutien politique, administratif et financier de tous les États Membres. Rapport du Secrétaire général (A/55/520)

Le Rapport du Secrétaire général sur l'appui du système des Nations Unies aux efforts déployés par les gouvernements pour promouvoir et consolider les démocraties nouvelles ou rétablies est soumis en application de la résolution 54/36 par laquelle l'Assemblée générale suggérait que les Etats Membres pourraient faire connaître leur propre expérience et les enseignements qu'ils en ont tirés en tant que démocraties nouvelles, rétablies ou établies de longue date, ou encore en tant que donateurs épaulant les institutions démocratiques dans d'autres pays ou régions.

Le Secrétaire général transmet donc dans le rapport les réponses de Cuba, de la République de Saint-Marin, de la Roumanie, du Japon et de l'Allemagne à deux notes verbales envoyées dans ce cadre aux Etats Membres.

Projet de résolution (A/55/L.32)

Aux termes d’une résolution sur l’appui du système des Nations Unies aux efforts déployés par les gouvernements pour promouvoir et consolider les démocraties nouvelles ou rétablies, coprésentée par la Roumanie et le Bénin au nom des coauteurs, l’Assemblée générale inviterait le Secrétaire général, les Etats Membres, les institutions spécialisées, les fonds, programmes et organismes compétents des Nations Unies ainsi que les autres organisations intergouvernementales à participer à la quatrième Conférence internationale des démocraties nouvelles ou rétablies. Elle encouragerait en outre le Secrétaire général à mettre l’Organisation encore mieux à même de répondre efficacement aux demandes des Etats Membres en appuyant de façon appropriée et cohérente leurs efforts en direction des objectifs que sont la démocratisation et la bonne gouvernance. Enfin, elle encouragerait les Etats Membres à servir la cause de la démocratisation et à s’attacher davantage à définir les mesures qui pourraient être prises afin d’appuyer les efforts déployés par les gouvernements pour promouvoir et consolider les démocraties nouvelles ou rétablies.

Déclarations

M. SORIN DUCARU (Roumanie) a rappelé que la Déclaration qui a marqué la fin du Sommet du millénaire a reconnu le rôle majeur de l’ONU dans la démocratisation, tout en s’engageant à promouvoir la démocratie et à consolider l’Etat de droit. Il a salué le fait que les Etats aient décidé de travailler ensemble à l’adoption de processus politiques plus égalitaires qui permettent la participation effective de tous les citoyens à la vie politique. Le représentant a déclaré que son pays est convaincu que l’Organisation des Nations Unies offre aux Etats Membres, par sa nature universelle, un cadre privilégié pour que les Etats œuvrent ensemble afin de perfectionner le fonctionnement des institutions démocratiques et de créer une véritable culture démocratique. Il a affirmé que la démocratie est un processus toujours perfectible, qui tire sa substance non seulement des efforts constants des Etats, en fonction de leurs conditions spécifiques internes, de leurs législations, de leurs institutions, mais aussi du dialogue et de la coopération internationale. Le représentant a noté avec satisfaction que le processus majeur de réflexion sur la démocratisation entamé par onze mouvements des démocraties nouvelles ou rétablies a contribué d’une manière substantielle et active à la promotion d’une vision commune de la démocratie intimement liée au développement, à la stabilité politique et sociale et à la paix dans le monde. Faire prospérer le débat international sur les expériences de tous les pays sur la construction démocratique représente un objectif de l’Organisation, a-t-il ajouté. Le représentant a émis le souhait que la quatrième Conférence internationale des démocraties nouvelles ou rétablies, qui aura lieu du 4 au 6 décembre, s’inscrive dans la tradition de ce processus. Pour conclure, il a présenté le projet de résolution A/55/L.32, au nom des coauteurs, et émis le souhait qu'il soit adopté par consensus, comme par le passé.

M. JOEL W. ADECHI (Bénin) a déclaré que c'est un privilège pour son pays d'accueillir la quatrième Conférence internationale des démocraties nouvelles ou rétablies. Il a considéré que c'est un hommage rendu à son pays pour les efforts ayant conduit à la restauration pacifique de la démocratie en février 1990 à la suite de la Conférence des forces vives de la nation. La démocratie se développe et se propage sur tous les continents pour devenir une forme universellement reconnue. On peut dire à ce titre que l'histoire moderne est l'histoire du progrès de la démocratie, de son développement, de sa consolidation. Cependant, l'évolution de la démocratie montre qu'il s'agit d'un processus qui comporte également des revers. Le progrès de la démocratie n'est pas un mouvement linéaire, il est souvent entrecoupé de désenchantements. L'histoire de la démocratie est faite de compromis, de crises économiques et parfois d'abandon de la démocratie, a affirmé le représentant. L'ambition du Bénin en se proposant d'accueillir la quatrième Conférence internationale des démocraties nouvelles ou rétablies est d'offrir un cadre propice pour un débat fécond sur les grands enjeux de la démocratie si on la considère comme un processus permanent de transformation de la société et donc du monde. D'une part, la démocratie est particulièrement sensible aux crises économiques qui réveillent la tentation de revenir à des solutions autoritaires, c'est le problème des jeunes démocraties qui sont confrontées aux contradictions résultant du sous-développement et au déficit institutionnel. D'autre part, nous devons également nous préoccuper de l'impuissance croissante des jeunes démocraties caractérisée par un rétrécissement graduel de leur champ d'initiative pour les questions touchant à leur avenir ou à leur survie, a-t-il dit. Comment soutenir les jeunes démocraties pour les ancrer durablement et de manière stable dans le processus démocratique? Telle est notre préoccupation, a encore ajouté le représentant du Bénin. M. Adechi a conclu son intervention en demandant aux délégations d'adopter par consensus le projet de résolution à l'examen.

M. PHILIPPE BOSSIERE (France) est intervenu au nom de l’Union européenne, des Etats d’Europe centrale et orientale associés à l’Union européenne (Bulgarie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne République tchèque, Roumanie, Slovaquie et Slovénie) et des pays associés (Chypre, Malte, Turquie), ainsi que de l’Islande et du Liechtenstein. En raison de leur dimension universelle, Les Nations Unies sont le lieu privilégié de réflexion pour la communauté internationale; riche de son expérience multiple, le système des Nations Unies appuie les efforts des Etats engagés dans des processus de démocratisation. Il a ajouté que si nous voulons soutenir efficacement les efforts des jeunes démocraties, nous ne devrions pas perdre de vue que la démocratie est avant tout un processus, fruit d’un cheminement complexe, où différents facteurs humains, économiques, sociaux et culturels se conjuguent. Le représentant a souligné que le rapport du Secrétaire général offre une réflexion de très grande qualité sur les différents éléments qui participent à l’instauration d’une culture et d’une société démocratiques. Il a ensuite rappelé quelques éléments qui guident l’Union européenne dans son action au plan international dans le domaine démocratique, à savoir la notion de participation effective de la population et l’importance du renforcement de la société civile et de l’émergence d’une culture des droits de l’homme. Il a ajouté entre autres éléments la construction de l’Etat à laquelle l’Union européenne accorde une place privilégiée dans sa politique de développement. Le représentant a ensuite repris à son compte la distinction faite dans le rapport du Secrétaire général entre élections et démocratisation, rappelant que l’Union européenne a eu de nombreuses occasions d’apporter son soutien à des processus électoraux. A ce propos, il a rappelé que s’il s’agit toujours d’une étape importante dans la construction des processus démocratiques, ce n’en est pas le seul fondement, ajoutant que le bon déroulement des élections ne saurait marquer l’étape finale de l’aide internationale et que toute action en faveur de la démocratie doit s’inscrire dans la durée. M. Bossière a conclu en déclarant que l’Union européenne considère que les Nations Unies ont en effet un rôle spécifique à jouer, à la fois pour promouvoir les principes et appuyer les processus démocratiques.

M. VOLODYMYR YEL’CHENKO (Ukraine) a déclaré que la démocratie est une notion fréquemment utilisée et que ses principes fondamentaux se retrouvent tant dans la Charte des Nations Unies que dans l’Acte final d’Helsinki de l’OSCE de même que dans d’autres conventions et protocoles internationaux. Il a ajouté que la Troisième Commission contribue au renforcement des initiatives des Nations Unies en faveur de la consolidation de la démocratie et des droits de l’homme et que les organisations régionales sont également très impliquées dans la promotion de ces valeurs universelles dans le monde. Il a rappelé que peu de pays se déclarent non démocratiques et que cette notion n’a pas la même signification partout; il est par conséquent nécessaire de parvenir à la définition de paramètres et de dénominateurs communs à tous les Etats. Le représentant a déclaré que la mondialisation ne pouvait progresser que sur la base de valeurs démocratiques universelles. Il s'est félicité de la contribution des Nations Unies qui apportent une assistance électorale et des programmes de bonne gouvernance aux pays.

Le représentant a poursuivi en exposant les avancées démocratiques en Ukraine et a déclaré que les principes démocratiques étaient ancrés dans les traditions de ce pays. M. Yel’Chenko a mis en avant les efforts de consolidation de la démocratie et des droits de l’homme déployés par son gouvernement pour rassembler une société multiethnique qui comprend plus de 100 nationalités. Il a ensuite déclaré que l’Ukraine s’investit dans une coopération régionale au sein du Groupe du GUUAM (Géorgie, Ukraine, Ouzbékistan, Azerbaïdjan et Moldavie) en vue de promouvoir la démocratie, les droits de l’homme et la bonne gouvernance. Le représentant a conclu en souhaitant que la rencontre de Cotonou, le mois prochain, soit l’occasion de mettre en œuvre des initiatives de consolidation de la démocratie.

M. SERGEI LING (Bélarus) a déclaré que l’avancée des normes démocratiques constituait non seulement l’un des faits essentiels de l’évolution récente des relations internationales mais également un objet de réflexion philosophique. Le représentant a affirmé que son pays se réjouissait de voir que l’établissement de la démocratie fasse désormais l’objet d’un effort collectif des Etats Membres. Il a rappelé que l’Organisation des Nations Unies est, et doit rester, l’instrument principal de promotion de la démocratie et de la culture de la paix, cet objectif s’inscrivant dans le processus de développement naturel des sociétés. Il a affirmé que les solutions aux problèmes socioéconomiques sont un élément clef de la création d’une véritable démocratie; à cet égard, il s’est élevé contre les recettes imposées de l’extérieur, déclarant que l’édification de la démocratie est un processus interne dans lequel toute tentative d’ingérence peut être contre- productive. Mon pays est une démocratie nouvelle qui a édifié des rouages de pouvoir sur la libre expression de la voix de son peuple, et qui peut aujourd’hui se prévaloir d’être une démocratie solide, contribuant à la stabilité de la région, a-t-il déclaré.

Rappelant que 200 observateurs étrangers étaient présents lors des dernières élections au Bélarus, le représentant a regretté que l’ONU n’ait pas pu envoyer ses experts, alors que le Bélarus le lui avait demandé. En conclusion, le représentant s’est déclaré attaché à la nécessité de prendre en compte les conditions propres à chaque peuple dans l’établissement de la démocratie. Il a également appelé l’Organisation de Nations Unies à ne pas ménager son aide et à répondre généreusement aux demandes des jeunes démocraties.

M. JARGALSAIKHAN ENKHSAIKHAN (Mongolie) a déclaré qu'au cours de ces dix dernières années un nombre croissant de pays, y compris les économies en transition, ont choisi la démocratie comme forme de gouvernance. Il a aussi noté que plusieurs de ces démocraties nouvelles ou restaurées nécessitent un appui dans leurs efforts à promouvoir et à consolider leurs normes et choix démocratiques et a ajouté que les conférences internationales portant sur les démocraties nouvelles ou restaurées sont d'une importance croissante. Si, à Manille en 1988, treize gouvernements ont participé à la première Conférence, lors de la dernière Conférence sur le sujet qui s'est tenue à Bucarest en 1997, quatre-vingts gouvernements étaient présents.

Le représentant a souligné un résultat important qui s'est dégagé de ces Conférences, à savoir l'initiative de définir un Code de déontologie démocratique basé sur les normes internationales actuelles. Il a appuyé l’adoption d’un tel Code qui, universellement accepté et reflétant les normes démocratiques fondamentales, contribuera à l'affirmation d'une culture de la démocratie.

Rappelant les réformes démocratiques entreprises ces dix dernières années dans son pays, le représentant a indiqué que des mesures importantes ont été prises notamment pour construire des institutions démocratiques, promouvoir les droits et les libertés fondamentales ainsi que pour libérer l'énergie créatrice et entrepreuneuriale de la population, facilitant ainsi sa participation active au processus économique, social et politique. L'un des progrès les plus précieux de ce processus démocratique a été le changement de comportement de la population envers les gouvernements ainsi que de leur façon de penser. Le représentant a en outre noté que les élections parlementaires démocratiques qui ont eu lieu en juillet dernier, reconnues comme libres et justes par les forces politiques autant que part les observateurs internationaux, témoignent d'une consolidation des normes et des institutions démocratiques et prouvent aussi que la démocratie et le respect des droits humains sont des choix irréversibles qui ont été faits par le peuple mongolien. Dans le même esprit, il a déclaré que le nouveau gouvernement de son pays a maintenu le processus des politiques de réformes démocratiques et qu'il a aussi souligné l'importance d'accroître l'efficacité, la transparence, et la responsabilité des services publics et de lutter contre la corruption. Le représentant a par ailleurs déclaré que son gouvernement est déterminé à coopérer étroitement avec les organisations non gouvernementales et autres représentants de la société civile au développement de règles de droit à travers tout le pays. M. IBRAHIM AL-ADOOFI (Yémen) a déclaré que les concepts démocratiques se sont étendus dans le monde entier au cours des dernières années permettant le renforcement de la stabilité économique et politique. Le concept de démocratie malgré cette apparence universelle doit tenir compte des spécificités de tous les pays, a estimé le représentant. Le respect des droits de l'homme, la primauté du droit, l’amélioration des conditions de vie, une gestion des affaires publiques ne peuvent se concrétiser sans une lutte efficace contre la pauvreté. Le représentant du Yémen a réaffirmé que son pays, pleinement engagé dans le processus démocratique, travaille avec les organes des Nations Unies pour promouvoir les efforts démocratiques et l'instauration ou l'émergence de nouvelles démocraties. Selon lui, la démocratie est une diversité d'options qui prévoit notamment l'égalité et le respect de l'individu, des structures démocratiques solides et renforcées, des médias libres et une société civile active. Tout cela a été rendu possible au Yémen grâce à deux séries d'élections, notamment présidentielles, libres comme ont pu le constater les observateurs internationaux des scrutins. La démocratie est aussi la base du développement dans mon pays, a encore affirmé le représentant.

M. MORTON H. HALPERIN (Etats-Unis) a déclaré que son pays soutenait fermement la résolution présentée par la Roumanie et le Bénin et a noté avec satisfaction que l’Assemblée générale était de plus en plus souvent saisie de questions de démocratie. Il s’est félicité que les Conférences internationales des démocraties nouvelles ou rétablies aient constitué une enceinte appropriée pour que les démocraties nouvelles se réunissent et discutent de leurs choix d’avenir. Réaffirmant le lien intrinsèque qui existe entre le développement et la démocratie, il a déclaré que la bonne gouvernance et la primauté du droit sont essentielles à la mise en place de sociétés démocratiques, pacifiques, stables et prospères. Il a fait remarquer que même si les aspirations à la démocratie prennent des formes différentes et sont exprimées dans des langues différentes, c’est bien le même espoir qui est formulé. Soulignant que les valeurs démocratiques sont les valeurs des Nations Unies, il a déclaré que ni la communauté internationale, ni les Nations Unies ne devaient ménager leur soutien aux jeunes démocraties et au processus de transition démocratique. Il a salué le rapport remis au Secrétaire général par l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale et soumettant des propositions visant à renforcer le rôle des Nations Unies dans la promotion de la démocratie. Le représentant s’est également félicité de la tenue de la Conférence de Varsovie qui a constitué une excellente occasion pour réaffirmer l’engagement des pays en faveur de la démocratie. A cette occasion, et comme il est inscrit dans la Déclaration de Varsovie, les Etats ont promis d'adhérer aux principes de la démocratie et de participer à la consolidation de la démocratie dans les jeunes démocraties, a-t-il ajouté. En conclusion, le représentant s’est félicité des synergies qui existent entre la Conférence de Varsovie et celle de Cotonou, et a rappelé que la démocratie est un préalable essentiel à l’établissement d’un monde pacifique, prospère et juste.

M. SUN JOUN-YUNG (République de Corée) a fait valoir que la propagation de la démocratie était une des tendances les plus encourageantes de l'époque. Même si les guerres civiles et les disputes régionales font encore les gros titres, il est possible d'affirmer que la poussée démocratique s'est enracinée en tant que norme universelle, que ce soit au niveau national ou international, a-t-il déclaré. Nous sommes convaincus qu'une telle évolution n'a été possible qu'en raison du rôle clé joué par les Nations Unies, notamment par son assistance aux élections, sa promotion des valeurs démocratiques et son travail en faveur des droits de l'homme. Nous souhaitons attirer l'attention à cet égard sur la nécessité de mettre en œuvre la Déclaration du millénaire et en particulier son chapitre V portant sur les droits de l'homme, la démocratie et la bonne gouvernance.

Le représentant a formulé l'espoir que la quatrième Conférence internationale sur les démocraties nouvelles ou rétablies qui aura lieu à Cotonou au Bénin du 4 au 6 décembre cette année, procurera l'élan nécessaire à la communauté internationale pour que des progrès significatifs soit accomplis en matière de promotion et de consolidation de la démocratie et que les recommandations de l'Institut international pour la démocratie et l'assistance électorale seront examinées méthodiquement et dans leur intégralité. Il a indiqué que la République de Corée voulait participer à l'effort en faveur de la promotion et de la consolidation de la démocratie et qu'elle avait donc décidé d'héberger la seconde Conférence internationale de la Communauté des démocraties qui doit se tenir en octobre 2002 à Séoul.

M. JOSE ANTONIO FLORES LOVO (Nicaragua) a indiqué que son pays apportait un soutien plein et entier au cycle de conférences des démocraties nouvelles ou rétablies et leurs mécanismes de suivis. Il a fait observer que la société nicaraguayenne avait affronté et surmonté de nombreux obstacles dans sa difficile transition vers une démocratie participative qui s'inscrit dans une ambiance de tolérance et de convivialité pacifique entre les divers secteurs politiques.

Le Nicaragua, a-t-il déclaré, estime qu'il est d'une importance vitale de continuer à encourager une large participation au processus de prise de décisions de tous les secteurs sociaux, politiques et économiques de la nation, sans exclusion aucune, ainsi qu’à la planification et l'organisation de stratégies et de plans nationaux dans le but d'une gestion publique transparente, d'un développement productif et de l'édification d'un avenir commun. Nous cherchons à obtenir un traitement plus juste de la part des institutions financières internationales de telle sorte qu'une redéfinition des programmes d'ajustement structurel nous permette d'avancer d'un pas ferme dans le sens de la réduction de la pauvreté et de la stabilité économique propices à la stabilité politique et sociale qui nous permette de nous engager dans la voie du développement durable et de la consolidation de la démocratie. Nous insistons sur l'urgente nécessité de promouvoir l'éducation civique en tant qu'outil fondamental de développement des valeurs démocratiques chez les générations présentes et futures.

Le représentant a rappelé que le 5 novembre dernier avaient eu lieu au Nicaragua les premières élections municipales qui aient été organisées indépendamment des élections générales. Il a fait valoir que les pouvoirs publics avaient fourni une information complète tout au long du processus électoral et avaient largement diffusé les résultats tant auprès des observateurs que de l'opinion publique nationale et internationale, démontrant ainsi leur volonté de mettre en place des processus électoraux transparents et le désir des Nicaraguayens de voir s'exprimer la volonté populaire au moyen du suffrage universel. M. MARIO ALEMAN (Equateur) a fait observer que la démocratie était un concept composite fait de réalités et d’idéaux et, qu’en tant que tel, c’était un système en perpétuelle évolution. Il a insisté sur l’interdépendance entre démocratie, développement et respect des droits de l’homme et sur le fait que la démocratie se fonde sur la volonté des peuples de déterminer leur propre système politique, économique, social et culturel. Pour toutes ces raisons, a-t-il indiqué, la Constitution actuelle de l’Equateur établit comme devoir fondamental de l’Etat, qu’il garantisse le maintien d’un système démocratique, éradique la pauvreté et favorise le progrès économique, social et culturel de ses habitants, qu’il respecte et fasse respecter les droits de l’homme.

La démocratie ne se résume pas au formalisme du suffrage électoral exercé une fois de temps en temps, a fait valoir le représentant. La démocratie, assortie de la justice sociale et de la liberté et d’une composante définitivement participative, doit donner un sens positif à l’action de l’Etat et à ses citoyens, des raisons suffisantes pour qu’ils s’engagent et la défendent. Le Gouvernement équatorien actuel estime que la simple croissance économique ne suffit pas à assurer le développement humain. Il pense au contraire qu’elle doit être intimement liée aux politiques de développement social.

M. MOCTAR OUANE (Mali) a déclaré que le régime de démocratie représente de nos jours la forme de gouvernement la plus répandue dans le monde. Une expérience démocratique bien menée offre à chacun les meilleurs outils pour affronter les problèmes du monde contemporain et faire face aux défis du XXIe siècle. La démocratie est par ailleurs inséparable du développement, a estimé le représentant. Elle demeure fragile si un minimum de mieux être n'est pas proposé aux populations. La communauté internationale se doit, à cet égard, d'apporter sa contribution à la réduction des inégalités sociales afin que la démocratie soit plus qu'une "simple vitrine électorale". Le Mali s'est engagé depuis 1992 dans une expérience démocratique originale et se bat pour que s'instaure, dans toutes les couches sociales de la population, la culture démocratique et des droits de l'homme. C'est ainsi que dans le domaine de la bonne gouvernance, le Gouvernement du Mali a entrepris un vaste programme de lutte contre la corruption et la délinquance financière, phénomène abject aux conséquences néfastes sur le tissu socioéconomique national.

Au plan international, le Mali a pris part à plusieurs initiatives dans le domaine de la promotion et de la consolidation de la démocratie. En tant qu'initiateur de la Conférence de la Communauté des démocraties, tenue à Varsovie en juin dernier, il se félicite de la Déclaration adoptée qui préconise le renforcement de la coopération entre les Etats démocratiques, en vue de partager leurs meilleures expériences, de se protéger face aux menaces contre les processus démocratiques et d'œuvrer pour l'émergence d'un Forum de partenariat pour l'assistance aux nouvelles démocraties. Le représentant a encore évoqué la résolution intitulée «Promotion et consolidation de la démocratie» pour souligner qu'il n'existe pas de modèle de démocratie à caractère universel et la "Déclaration de Bamako" qui considère que la démocratie et la francophonie sont indissociables et prévoit des sanctions en cas de rupture de la démocratie et des violations graves des droits de l'homme dans un pays. M. BRUNO RODRIGUEZ (Cuba) a déclaré que la démocratie se fonde sur la volonté librement exprimée du peuple et sur sa participation sans restriction à tous les aspects de la vie en société. Il ne peut y avoir de démocratie sans liberté, sans justice sociale, sans bien-être individuel et collectif, sans solidarité humaine, a-t-il dit. La souveraineté repose sur le peuple et il ne peut y avoir de souveraineté sans indépendance nationale. Par ailleurs, il ne peut y avoir de démocratie s'il n'y a pas de développement, a encore considéré le représentant, estimant aussi que la démocratie ne peut être confinée à l'exercice des droits civils et politiques mais exige aussi la réalisation des droits économiques et sociaux. Il n'existe pas de modèle démocratique unique, a encore déclaré le représentant, ajoutant qu'une analyse sérieuse du sujet doit inclure la diversité des modèles et leurs particularités nationales, historiques, économiques, culturelles et religieuses.

Selon le représentant, il est clair que le multipartisme ne doit pas être confondu avec la démocratie. Cuba vit une démocratie populaire et participative sans partis comme intermédiaires mais avec l'exercice du pouvoir par le peuple. Nous demandons le respect et la compréhension pour notre expérience, résultant de notre histoire, sans que nous ayons l'intention de l'imposer à quiconque, a-t-il dit. La recherche et l'amélioration de la démocratie ne doivent pas être confondues avec l'exportation de préceptes qui servent les intérêts hégémoniques d'un petit groupe de pays riches. Le représentant a regretté que le rapport du Secrétaire général au titre de l'examen de ce point ne mentionne pas la souveraineté, l'égalité des Etats et ne fasse aucune référence au droit des peuples à l'autodétermination en interdisant toute ingérence étrangère. Le rapport établit en revanche le lien entre démocratisation, bonne gouvernance, développement durable, droits de l'homme, paix et sécurité. Dans ce contexte, M. Rodriguez a regretté que le PNUD qui, selon lui, a échoué dans sa tâche de développement économique et social, se concentre aujourd’hui sur ces questions, en violation de son mandat.

Le représentant de Cuba s'est également inquiété des affirmations contenues dans le rapport du Secrétaire général selon lesquelles l'assistance électorale ne doit pas se terminer avec les élections mais devrait être étendue pour faciliter l'installation du système politique, économique et social du pays concerné. Les Nations Unies pas plus que leurs organes ne sont habilités à juger des élections ou du système politique d'un des Etats Membres, a déclaré le représentant, réaffirmant par ailleurs l'opposition de son pays à toute intervention dans les pays en développement sous le prétexte du "droit à la démocratie" ou de tout autre excuse servant à légitimer le droit à "l'intervention humanitaire".

Le représentant s’est opposé à la volonté d’exporter le modèle occidental de la démocratie vers les pays en développement contre la volonté de la population de ces derniers. A cet égard, il a ajouté que le modèle incarné par le plus grand exportateur de démocratie est sujet à une crise particulière ces derniers temps. Une crise qui n'est pas passagère mais bien structurelle, preuve que ce modèle a cessé de fonctionner. Une démocratie ne peut pas exister dans un pays ou la moitié des citoyens ne sont pas enregistrés sur les listes électorales et où un tiers des personnes enregistrées ne votent pas, a-t-il dit. La démocratie ne peut exister dans un pays où le président peut être élu par 26% des votants, où le candidat qui n'a pas emporté le vote populaire peut devenir chef de l'Etat, a-t-il encore ajouté.

M. FELIPE MABILANGAN (Philippines) s’est félicité que la première Conférence internationale des démocraties nouvelles ou rétablies tenue à Manille en 1988 ait suscité un véritable mouvement international de soutien aux processus de transition démocratique mondiaux. Alors que 13 pays étaient présents à Manille, 80 ont participé à la dernière Conférence de Bucarest en 1997, a-t-il fait remarquer. Le représentant s’est également réjoui que les questions de la promotion et du renforcement des institutions démocratiques trouvent à présent un véritable écho au sein des Nations Unies. Dans ce contexte, il a salué l’adoption par la Troisième Commission à une large majorité, d’un projet de résolution concernant la promotion et la consolidation de la démocratie. La démocratie et l’état de droit constituent désormais des buts normatifs de la communauté internationale, s’est-il réjoui. Le représentant a affirmé que l’ONU devrait continuer de déployer des efforts en vue de promouvoir la démocratie représentative et l’état de droit en tant que systèmes de gouvernement pour tous. Il a exhorté les Nations Unies à faire de la promotion et de la consolidation de la démocratie des priorités de son action. Il a déclaré que la démocratie peut jouer un rôle de catalyseur du développement durable en libérant les énergies et les talents. En effet, a-t-il poursuivi, la démocratie ne favorise pas seulement la promotion des droits politiques, elle facilite également le développement économique.

Si le concept et la pratique démocratiques peuvent varier en fonction de l’histoire des peuples, ils sont toujours fondés sur l’idée de la participation citoyenne au gouvernement. Les Philippines ont endossé ce principe et s’efforcent d’assurer la participation des citoyens, à la vie politique du pays, a-t-il déclaré. Aucun pays, aucun groupe de pays ne saurait se prévaloir d’institutions démocratiques parfaites. Toutes les démocraties, y compris les plus établies, comportent leur part de faiblesse. Mais cela ne doit entamer en rien notre volonté de promouvoir et de consolider la démocratie dans le monde, a affirmé le représentant. En conclusion, il a exhorté les Etats Membres des Nations Unies à apporter leur soutien à la Conférence du Bénin, qui aidera à relever les défis de la consolidation démocratique, particulièrement sur le continent africain.

M. G.B.PREWARE (Nigéria) s’est félicité de l’adoption par l’Assemblée générale de la résolution 53/31 du 23 novembre 1998 par laquelle elle encourage les Etats Membres à promouvoir la démocratisation et à déployer des efforts supplémentaires pour consolider les démocraties nouvelles ou rétablies. Dans ce contexte, il a appuyé la convocation de la quatrième Conférence internationale des démocraties nouvelles ou rétablies à Cotonou, au Bénin, en décembre 2000. Un tel événement, a-t-il précisé, sera l’occasion d’accorder une attention particulière aux défis et attentes des démocraties qui voient le jour sur le continent africain. Il s’est dit convaincu que la qualité des préparatifs de la Conférence permettra son succès, soulignant par ailleurs la pertinence du thème retenu “Démocratie, paix, sécurité et développement”.

Le représentant a déclaré qu’en raison de son passé récent et des réalités auxquelles il est confronté aujourd’hui, son pays sait bien qu’il n’y a pas d’alternative à la démocratie, à l’Etat de droit et au respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Son pays, a-t-il affirmé, partage les vues du Secrétaire général selon lesquelles démocratisation, droits politiques, développement économique et causes des conflits sont étroitement liés. Il a ajouté que la démocratie, le développement et le respect des droits de l’homme sont interdépendants et se renforcent mutuellement. Leur promotion constitue une stratégie efficace de prévention des conflits, a-t-il par ailleurs souligné. Le représentant a ensuite évoqué l’évolution sociopolitique du Nigéria, où il n’y a plus de prisonniers politiques, où la liberté d’expression est une réalité et où l’indépendance de la justice est garantie. Le représentant a enfin insisté sur le fait que la démocratie doit favoriser l’émergence d’un environnement propice au développement. Il a également souligné que l’allègement, sinon l’élimination de la pauvreté, sont des facteurs déterminants de la pérennité des institutions démocratiques.

M. BHARAT REGMI (Népal) a déclaré que la démocratie était le meilleur modèle de gouvernance et que le nombre croissant de pays démocratiques dans le monde traduit à lui seul l’aspiration des populations pour un système de gouvernement pluraliste. Il a rappelé que la démocratie suppose l’égalité des droits entre les citoyens et la possibilité pour eux de participer au débat politique. Il a regretté qu’en raison de la pauvreté et de l’analphabétisme, de nombreuses démocraties émergentes n’aient pu réaliser le pari du développement socioéconomique et que la démocratie se soit limitée à des élections. Le représentant a souhaité que la démocratie soit consolidée, et pour cela qu’elle fasse l’objet d’une institutionnalisation dans toutes les démocraties émergentes. Il a exprimé la reconnaissance du Népal aux efforts déployés par les Nations Unies pour consolider et promouvoir les nouvelles démocraties et celles qui sont rétablies, que ce soit par le biais des programmes du PNUD ou de l’assistance électorale accordée aux pays en développement. Il s’est réjoui de la tenue de la quatrième Conférence sur les nouvelles démocraties et les démocraties rétablies qui aura lieu le mois prochain au Bénin et a souhaité qu’elle soit l’occasion pour les Etats participants de partager leurs expériences et de renforcer la solidarité. Le représentant a conclu en rappelant les initiatives prises dans son pays pour renforcer le processus démocratique, notamment la mise en œuvre d’un programme d’éradication de la pauvreté.

M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie) a rappelé que, depuis son indépendance, l’Indonésie a contribué à consolider les liens démocratiques entre les nations et que, au plan interne, le pays bénéficie aujourd’hui d’un régime démocratique et d’une bonne gouvernance politique. Il a ajouté que le processus de transition démocratique en Indonésie s’est caractérisé par des changements fondamentaux dans les conditions sociales et économiques de la population. Il a mentionné par exemple le fait que l’armée ait moins de pouvoir qu’auparavant, l’émergence du débat politique et le renforcement des règles de droit. Il a regretté que la récente crise économique ait marginalisé des millions d’Indonésiens et ajouté qu’il est difficile pour le gouvernement de répondre aux attentes des populations.

Le représentant a reconnu que la démocratie était le terreau du développement économique, tout en soulignant que les phases de transition ont leur part d’incertitudes et que les démocraties naissantes sont fragiles. Il a ajouté que son gouvernement œuvre à restaurer la confiance de la population dans ses institutions en respectant les droits de l’homme, en libérant les prisonniers politiques, en libéralisant la presse et en ratifiant des textes internationaux relatifs à la protection des droits de l’homme. M. Wibisono a rappelé le soutien de son pays à la Déclaration de Varsovie et réitéré la volonté de l’Indonésie de coopérer au renforcement de la démocratie et au développement politique, soulignant l’intérêt de sa délégation pour la prochaine Conférence sur les démocraties naissantes et rétablies qui se tiendra en décembre au Bénin. Il a souhaité en conclusion que chaque pays puisse suivre son propre rythme en matière de démocratie, celle-ci ne disposant pas d’une définition universelle.

M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a déclaré qu'en dépit du fait que ces dernières années ont été marquées par l'émergence ou la consolidation de nombreux régimes démocratiques, la mise en pratique des principes démocratiques se heurte à de nombreuses difficultés. Il a précisé que la consolidation de la démocratie est un processus permanent et que la Norvège en a fait un des fondements de la coopération bilatérale et multilatérale. Le représentant a félicité le Bénin et la Roumanie qui sont à l’origine du projet de résolution, puis a affirmé que la quatrième Conférence sur les nouvelles démocraties et les démocraties restaurées, qui se tiendra en décembre à Cotonou, peut-être considérée comme une contribution à la consolidation de la démocratie en Afrique. Dans sa politique de coopération au développement, la Norvège s'est donnée comme objectif de promouvoir les processus démocratiques et de bonne gouvernance pour consolider le développement économique et social. Il a appelé les Etats Membres non seulement à faire preuve de pondération dans la mise en œuvre de ces programmes de consolidation démocratique, mais aussi à garder à l'esprit qu’il n’existe pas de modèle universel de la démocratie, mais seulement des principes de bases communs. M. Kolby a ajouté que le processus de développement démocratique prend du temps car il doit inclure, entre autres principes, celui de la représentation et de la reconnaissance du gouvernement par le peuple, ceux de l’égalité et de la liberté, de même que le principe du renouvellement des élites politiques par les élections. Il a conclu en soulignant que la démocratie est étroitement liée à la bonne gouvernance, à la transparence et au respect des droits de l’homme.

M. RIDHA BOUABID, Observateur de l’Organisation internationale de la Francophonie, a mis en avant le soutien apporté par l’OIF à l’organisation de la troisième Conférence sur les démocraties nouvelles ou rétablies de 1997 et, en février dernier à la Conférence régionale qui s’inscrivait dans le cadre du processus préparatoire de la quatrième Conférence qui se tiendra le mois prochain à Cotonou. La francophonie, a-t-il déclaré, a notamment mis à disposition l’expertise nécessaire pour la préparation scientifique et les études introductives aux débats tenus lors de la Conférence régionale; elle a contribué aussi à assurer une présence significative de délégations africaines francophones. L’ensemble des engagements pris par la francophonie au titre de la Conférence régionale et de la quatrième Conférence est de l’ordre de 2,5 millions de francs, a-t-il indiqué.

La francophonie s’est aussi engagée depuis une année, dans la préparation d’un Symposium qui vient d’avoir lieu à Bamako, du 1er au 3 novembre 2000, a-t-il fait valoir. Ce Symposium devait permettre de dresser un bilan de dix années de démocratisation sous la forme d’un état des lieux exigeant des pratiques de la démocratie dans les pays membres de l’espace francophone. Le bilan de la démocratisation y est apparu fort contrasté. Au titre des institutions de la démocratie et de l’état de droit, les dix dernières années ont été marquées par une effervescence constitutionnelle consacrant désormais dans l’espace francophone la prééminence de la démocratie pluraliste et de l’Etat de droit. Mais les institutions mises en place connaissent des problèmes fondamentaux d’indépendance réelle et d’autonomie financière et matérielle. Au titre des élections, des progrès significatifs ont été enregistrés. Toutefois, la question des listes électorales reste cruciale et est liée à l’impérieuse nécessité d’établissement d’un état civil sécurisé. Un autre problème touche aux critères permettant de déclarer que les élections ont été libres, justes et transparentes. A ce niveau, la réunion de concertation avec les organisations internationales du 28 avril dernier a permis de reconnaître la nécessité d’un travail en commun pour identifier des paramètres opératoires.

La Déclaration de Bamako, adoptée le 3 novembre 2000, au terme de dix années d’engagement de la francophonie dans l’accompagnement des processus de démocratisation, revêt une importance majeure pour la communauté francophone, a-t- il déclaré. En effet, la francophonie est désormais dotée d’un texte normatif sur la démocratie. Elle proclame également non seulement que francophonie et démocratie sont indissociables mais, de plus, exprime pour la première fois clairement son rejet des prises du pouvoir par la force en se donnant les moyens de réagir vigoureusement à toute interruption du processus démocratique et à des atteintes aux droits de l’homme.

L’Observateur a indiqué que la délégation de l’Organisation internationale de la Francophonie, conduite par M. Boutros-Ghali, sera présente à Cotonou et y fera état de son expérience et de sa totale disponibilité à poursuivre et à intensifier sa coopération résolue avec les Nations Unies pour l’appui aux efforts visant à promouvoir et consolider la démocratie et le respect des droits de l’homme.

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