En cours au Siège de l'ONU

AG/1109

L'ASSEMBLEE GENERALE EXAMINE LES MOYENS DE CONSOLIDER LES PROGRES REALISES DEPUIS LE SOMMET MONDIAL POUR LES ENFANTS DE 1990

15 novembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1109


L’ASSEMBLEE GENERALE EXAMINE LES MOYENS DE CONSOLIDER LES PROGRES REALISES DEPUIS LE SOMMET MONDIAL POUR LES ENFANTS DE 1990

20001115

L’Assemblée générale a achevé cet après-midi l'examen du point relatif à la session extraordinaire de l'Assemblée générale qui sera consacrée en 2001 au suivi du Sommet mondial pour les enfants. Présentant le projet de résolution intitulé «Préparatifs de la session extraordinaire consacrée aux enfants» tel qu’amendé oralement, la représentante de la Jamaïque a déclaré que ce texte a pour objectif de réaffirmer les engagements pris par les chefs d’Etat et de gouvernement au cours du Sommet mondial pour les enfants tenu en 1990. Aux termes de ce projet de résolution, une session extraordinaire se réunirait les 19, 20 et 21 septembre 2001. Le Président a fait savoir que l’Assemblée se prononcera sur le texte en question à une date ultérieure qui sera annoncée.

Dans la perspective de la session extraordinaire, de nombreuses délégations ont mis en avant la nécessité de consolider les progrès réalisés depuis 1990 en matière de protection des enfants et des adolescents. En effet, comme l’a fait remarquer le représentant de la République de Corée, malgré les progrès encourageants réalisés au cours des dix dernières années, plus de 600 millions d'enfants vivent encore dans des conditions d'extrême pauvreté, 130 millions d'entre eux n'ont pas accès à l'éducation et 13 millions d'enfants sont orphelins du sida alors que 1,2 million sont porteurs du virus. Le représentant a ajouté que 540 millions d'enfants des pays en développement vivent dans des zones de conflit tandis que 250 millions d'entre eux sont victimes d'exploitation.

Face à un tel constat, la plupart des délégués de pays en développement ont estimé que la session extraordinaire devrait apporter des réponses concrètes aux défis qui hypothèquent l’avenir des enfants dans ces pays. Ils ont particulièrement mis l’accent sur les difficultés qu’ils rencontrent dans la mise en oeuvre des politiques sociales en faveur des enfants et des adolescents du fait du manque de ressources financières. A ce titre, ils ont plaidé pour l’adoption de mesures d’urgence par les pays riches et les institutions de Bretton Woods afin d’aider les pays en développement à mettre en oeuvre de véritables politiques sociales visant à la protection des droits des enfants et à la promotion de leur bien-être. L’UNICEF a été largement sollicitée par les représentants des pays les plus pauvres qui ont souhaité qu’elle mobilise davantage de ressources pour appuyer les politiques menées par les gouvernements, tant aux niveaux national, que régional, ou international, en faveur des enfants et des adolescents qui représentent plus de la moitié de la population des pays en développement.

Au-delà des questions relatives au développement social des enfants et des adolescents, des délégations ont souhaité que le cadre juridique mis en place en 1990, à savoir la Convention relative aux droits de l’enfant et les deux Protocoles additionnels adoptés par la suite, soient réellement mis en oeuvre par les Etats Membres. A ce titre, l’accent a été mis sur la nécessité de réglementer davantage le travail des enfants et d’établir un cadre juridique répressif contre l’exploitation des enfants et des adolescents. Des délégués ont notamment précisé que les Etats parties à la Convention sur les droits de l’enfant devaient faire entrer dans leur législation nationale certaines dispositions de la Convention de l’OIT sur le travail des enfants.

Les représentants des pays suivants se sont exprimés au cours du débat: Philippines, Mongolie, Pakistan, Burkina Faso, Indonésie, Nigéria, Bangladesh, Afrique du Sud, Chili, Jamahiriya arabe libyenne, Japon, République de Corée, Sri Lanka, Népal, Bélarus, Qatar, Venezuela, Fidji, Malaisie, Israël, République islamique d’Iran et Jamaïque. Les Observateurs permanents du Saint-Siège et de la Suisse auprès des Nations Unies ont également pris la parole.

L’Assemblée générale se réunira à nouveau demain, jeudi 16 novembre à partir de 10 heures, pour examiner la «Question de la représentation équitable au Conseil de sécurité et de l’augmentation du nombre de ses membres et questions connexes». Elle se prononcera également sur le rapport de son Bureau proposant l’octroi du statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale à la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC).

SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE QUI SERA CONSACRÉE EN 2001 AU SUIVI DU SOMMET MONDIAL POUR LES ENFANTS

Projet de résolution (A/55/L.34)

Aux termes de la résolution A/55/L.34, relative au préparatif de la session extraordinaire consacrée aux enfants, l’Assemblée générale réaffirmerait que la session extraordinaire de l’Assemblée générale en 2001, outre qu’elle examinera les progrès accomplis dans la mise en oeuvre de la Déclaration mondiale en faveur de la survie, de la protection et du développement de l’enfant et du Plan d’action pour l’application de la Déclaration mondiale en faveur de la survie, de la protection et du développement de l’enfant dans les années 90, ainsi que les résultats obtenus, renouvellera l’engagement en faveur des enfants et examinera les activités à mener au cours de la prochaine décennie; elle réaffirmerait également qu’il importe que les Etats Membres participent pleinement et efficacement à la session extraordinaire et, à cet égard, inviterait à nouveau les chefs d’Etat ou de gouvernement à y participer; elle réaffirmerait en outre l’importance du rôle de tous les protagonistes, y compris les organisations non gouvernementales, dans l’application du Plan d’action et soulignerait que ceux-ci doivent participer activement au processus préparatoire, y compris aux travaux du Comité préparatoire ainsi qu’à la session extraordinaire, selon les modalités qu’arrêtera le Comité.

L’Assemblée soulignerait l’importance du rôle des enfants et des jeunes dans ce processus et, à cet égard, encouragerait les Etats à faciliter et promouvoir leur contribution active aux préparatifs, y compris aux travaux du Comité préparatoire, et à la session extraordinaire; elle engagerait tous les organismes et organisations compétents du système des Nations Unies, y compris les fonds et programmes, les institutions spécialisées et les institutions financières internationales, à participer activement aux préparatifs, de la session extraordinaire.

L’Assemblée inviterait à nouveau également tous les experts concernés, notamment le Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés et le Rapporteur spécial de la Commission des droits de l’homme chargée d’examiner les questions se rapportant à la vente des enfants, à la prostitution des enfants et à la pornographie impliquant des enfants, à participer au processus préparatoire et à la session extraordinaire, conformément à la pratique établie.

L’Assemblée déciderait de convoquer la session extraordinaire de l’Assemblée générale qui sera consacrée au suivi du Sommet mondial pour les enfants les 19, 20 et 21 septembre 2001, et de la dénommer session extraordinaire consacrée aux enfants; elle déciderait également de convoquer deux sessions de fond du Comité préparatoire de la session extraordinaire à New York en 2001, dont l’une se tiendra du 20 janvier au 2 février et l’autre du 11 au 15 juin.

Déclarations

M. FELIPE MABILANGAN (Philippines) a déclaré que l’engagement et le dévouement de son pays en faveur des enfants en général, de la promotion du bien- être et du développement de l’enfant sont exprimés dans le texte de la Loi fondamentale des Philippines. La Constitution prévoit que l’Etat doit défendre les droits des enfants, y compris le droit à des soins et une nourriture adéquats, à être protégés de toute forme de négligence, de sévices, de cruauté, d’exploitation ou de tout autre acte préjudiciable à leur développement. Alors que la communauté internationale se trouve aujourd’hui à l’aube d’une période de croissance et de progrès technologiques sans précédent, elle reste confrontée à la souffrance indescriptible de nombreux enfants. Certains se retrouvent au milieu des combats dans les zones de conflits et ceux qui survivent sont sujets à des troubles psychologiques graves. D’autres sont toujours victimes de sévices en tous genres.

Les Philippines ont relevé l’âge minimum du recrutement dans les forces armées à 18 ans et érigé en infractions pénales les violations des droits des enfants qui relèvent de la vente des enfants, de la prostitution et de la pornographie enfantine. Le représentant a émis l’espoir que le suivi du Sommet mondial pour les enfants ne se limitera pas à établir des principes mais permettra de définir aussi des actions concrètes pour préparer un avenir meilleur à nos enfants. A cet égard, il a suggéré que les questions du développement et des soins apportés aux enfants en bas âge soient inclues à l’ordre du jour de la session extraordinaire.

M. JARGALSAIKHAN ENKHSAIKHAN (Mongolie) a rappelé que, malgré l’adoption, lors du Sommet mondial pour les enfants en 1990 de la Déclaration mondiale en faveur de la survie, de la protection et du développement des enfants et du Plan d’action pour son application, les rapports récents indiquent que les progrès dans ce domaine ont varié selon les pays et les régions. Il a cité le Rapport sur le développement humain de l'an 2000 qui souligne que 90 millions d'enfants sont encore exclus du système scolaire et que plus de 30 000 enfants meurent chaque jour, victimes de fléaux qui peuvent être prévenus. Aussi le représentant a-t-il souhaité qu’à l'aube du nouveau millénaire, des mesures appropriées soient prises pour améliorer les conditions de vie des enfants et assurer leur développement. Appuyant les travaux du Comité préparatoire il a insisté sur la nécessité d’éliminer le fossé qui sépare les droits de jure des enfants de leurs droits de facto et souhaité que les recommandations qui seront adoptées lors de la session extraordinaire de 2001 soient innovatrices et orientées vers l'action. Le représentant a souligné l'importance de la protection des droits des enfants pour son pays et précisé que son gouvernement avait pris une série de mesures pour se conformer à la Convention relative aux droits de l'enfant et aux recommandations du Sommet du millénaire. Il a évoqué notamment le Programme national d'action pour le développement des enfants adopté en 1993, ainsi que d'autres initiatives qui ont permis à la Mongolie de diviser le taux de mortalité infantile par 2,7 et celui de la mortalité des enfants de moins de cinq ans par 3,5 entre 1991 et 1997.

Il a regretté que ces taux de mortalité soient encore élevés alors que le pays fait face à de nouveaux fléaux qui frappent les enfants et les jeunes tels que le suicide, la prostitution, l'alcoolisme, le tabagisme. Il a ajouté que la Loi sur le travail interdit le travail des enfants en dessous de 16 ans. Elle interdit certaines formes de travail pénibles ou dangereuses à ceux de moins de 18 ans. Le représentant a ensuite souligné la collaboration de son gouvernement avec les institutions spécialisées des Nations Unies, notamment l'UNICEF, et les ONG dans la mise en oeuvre de programmes de soins de santé primaire, de nutrition, et d'alphabétisation. Il a conclu en exprimant le soutien de son pays au projet de résolution sur cette question.

M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a salué les progrès encourageants réalisés dans le cadre du Programme d’action adopté lors du Sommet mondial pour les enfants en 1990. Il a cependant regretté que ces progrès soient inégaux et que les conditions relatives à la qualité de vie des enfants souffrent de grandes disparités entre les pays. Ainsi, dans certains pays d’Afrique, les taux de mortalité infantile sont trois fois plus élevés qu’au début de la décennie. Ensemble, l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud enregistrent les trois quarts des morts d’enfants de moins de cinq ans. Le représentant a indiqué que les objectifs relatifs au développement des enfants étaient intimement liés aux objectifs généraux de développement; or, en ce qui concerne ce dernier point, la situation est déplorable. Bien que les richesses de l’économie mondiale aient atteint des niveaux inégalés, plus de 600 millions d’enfants luttent pour survivre avec moins d’un dollar par jour, a indiqué le représentant, et dans presque 80 pays, le revenu par habitant est plus faible aujourd’hui qu’au début de la décennie. Le représentant a également mentionné le fait que le fardeau de la dette entrave les possibilités des pays en développement à mobiliser les fonds qui seraient nécessaires pour atteindre les objectifs identifiés lors du Sommet mondial pour les enfants. Sans allègement de la dette et sans augmentation de l’aide publique au développement, il est peu probable que des politiques nationales puissent être mises en oeuvre et que les objectifs du Sommet puissent être atteints, a-t-il regretté. En conséquence, M. Shamshad Ahmad a déclaré qu’un allègement de grande envergure, voire une annulation, de la dette, pourrait permettre aux pays en développement d’allouer des ressources suffisantes aux problèmes des enfants. Il est par ailleurs urgent que l’aide au développement atteigne 0,7% du PNB, a-t-il ajouté. Il a en outre déclaré que le défi le plus important consistait désormais à traduire les documents adoptés lors des conférences en actes. Le succès de la session extraordinaire de l’Assemblée générale se mesurera à l’aune de l’impulsion qu’elle donnera aux actions internationales visant à mettre en oeuvre le Programme d’action, a conclu le représentant.

M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a évoqué les mesures législatives mises en oeuvre dans son pays dans le souci d’une meilleure garantie du bien-être de l’enfant. Il a notamment cité le fait que l’enlèvement de mineurs, l’infanticide, certaines pratiques coutumières reconnues néfastes comme le mariage forcé, les mutilations génitales féminines, constituent désormais des infractions. Si beaucoup d’efforts ont été faits pour l’amélioration de la situation tant juridique que sociale de l’enfant au Burkina Faso, force est de constater que le nombre d’enfants burkinabè sont encore confrontés à des problèmes de santé, de malnutrition, de non-scolarisation, toutes choses qui ne permettent pas leur plein épanouissement et constituent de véritables défis à relever et d’obstacles qui handicapent notre développement, a déclaré le représentant.

Il a également cité les conséquences incalculables du sida et la prolifération des conflits armés dont les enfants, groupe vulnérable par excellence, sont les premières victimes. Selon lui, pour éliminer ces obstacles majeurs et permettre la réalisation des droits des enfants tous les pays, et en particulier les pays en développement, doivent persévérer dans la voie des réformes juridiques, politiques et économiques. Les politiques et stratégies de développement doivent mettre l’accent, sinon donner la priorité, à la scolarisation et de manière générale aux programmes d’éducation ainsi qu’à l’enseignement de base. Il est temps que l’on cesse de considérer l’éducation comme un secteur stérile, non rentable mais comme un véritable investissement, a affirmé le représentant. La qualité des ressources humaines, qui sont le facteur premier du développement, est fonction de la qualité du système éducatif, a-t-il dit, ajoutant que c’est sous ce facteur qu’il faut apprécier la nécessité et l’urgence des ressources financières que les partenaires au développement doivent consentir à ce secteur.

M. MAKMUR WIDODO (Indonésie) a déclaré que le Sommet mondial pour les enfants avait constitué un tournant dans l'histoire du développement social car la communauté internationale a pris des mesures visant à améliorer la condition des enfants afin de leur assurer un développement. Il a ajouté que, depuis ce sommet, le monde a connu des changements importants, dus notamment à la mondialisation, au développement de la démocratie dans de nombreux pays ou encore à la mise au point de nouvelles technologies de l'information qui a levé les barrières entre les nations et les peuples, ajoutant que cette dernière décennie avait été celle de la prospérité et du progrès pour de nombreux pays. Le représentant a estimé que les enfants sont les plus vulnérables et que, à la veille de la session extraordinaire de l'Assemblée générale en 2001, la communauté internationale devrait renouveler son engagement en faveur des enfants et définir des mesures à mettre en oeuvre dans les dix prochaines années. L’Indonésie soutient le travail réalisé par le Comité préparatoire dans la préparation du Document final et souhaite que celui-ci définisse des stratégies opérationnelles susceptibles d’améliorer les conditions de vie des enfants. Il a en outre souhaité que soient prises en compte les recommandations des autres conférences des Nations Unies qui ont eu lieu ces dernières années, comme celle de Beijing ou de Copenhague, en définissant des mesures pour lutter contre la pauvreté, en faveur de l’éducation et de la sécurité alimentaire. Evoquant la mortalité infantile dont le taux est encore très élevé, M. Widodo a émis l’espoir que l'UNICEF et les gouvernements redoubleront d'efforts pour remédier à ce problème. Il s'est réjoui de l'adoption quasi universelle de la Convention pour les droits de l'enfant et a indiqué que l'Indonésie avait redoublé d'efforts dans l'application des mesures contenue dans la Déclaration adoptée au Sommet mondial de 1990. Il a regretté que la crise économique ait affecté les politiques sociales visant à améliorer l'accès à l’eau potable, aux soins de santé et à l'éducation. Il a conclu en expliquant que, pour poursuivre la mise en oeuvre de ces programmes, le Gouvernement indonésien a besoin de l'appui de la communauté internationale et plus particulièrement de l'UNICEF.

M. ARTHUR C.I. MBANEFO (Nigéria) a fait observer que de nouveaux défis s’étaient faits jour depuis le Sommet de 1990 et que ceux-ci affectaient les droits et le bien-être des enfants; il a cité, à titre d’exemple, l’aggravation de la pauvreté et de l’inégalité, la propagation de la pandémie du VIH/sida et la persistance de la discrimination en particulier à l’égard des femmes et des fillettes. Il a précisé qu’on estimait à 3,8 millions le nombre total d’enfants morts du sida alors que la maladie avait fait 13 millions d’orphelins; ce chiffre, a-t-il indiqué, devrait passer à 40 millions d’ici à la fin de la décennie. Il ne fait aucun doute qu’une action énergique et efficace est nécessaire si l’on veut réaliser les objectifs de la déclaration adoptée en 1990.

Les enfants des pays en développement sont les plus touchés par les défis qui ont émergé depuis le Sommet mondial pour les enfants, a-t-il fait valoir. Il faut à cet égard que les Etats Membres répondent pleinement à l’appel de la solidarité internationale en faveur des pays en développement lancé par la résolution 45/217 de l’Assemblée générale dans le cadre du suivi du Sommet mondial. Une question vitale que doit aborder la session extraordinaire est celle des enfants dans les conflits armés. Nous pensons que la communauté internationale doit être plus volontariste et traduire devant la justice ceux qui commettent des crimes de guerre notamment contre les femmes et les enfants, ce qui aurait un effet dissuasif vis-à-vis des criminels en puissance. Des mesures dissuasives pour la traite des enfants qui prévoiraient des peines à la mesure de la gravité des délits, devraient également être prises aux niveaux national, régional et international.

Le représentant a rappelé que les chefs d’Etat étaient tombés d’accord, lors du Sommet du millénaire, pour déclarer que, d’ici à 2015, garçons et filles devraient être en mesure d’aller à l’école jusqu’à la fin du primaire et qu’ils devraient pouvoir accéder dans les mêmes conditions à tous les niveaux d’éducation. Ils ont décidé que le taux de mortalité maternelle devait être réduit des 3/4 et la mortalité jusqu’à cinq ans de 2/3 pendant la même période. La session extraordinaire doit par conséquent avoir pour but de définir des objectifs audacieux et réactualisés ainsi que de nouvelles stratégies pour guider la coopération internationale et l’action au niveau des pays dans le domaine de l’enfance.

M. ANWRUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a déclaré que malgré les progrès effectivement accomplis depuis le Sommet mondial pour les enfants, la plupart des objectifs fixés il y a dix ans dans le cadre de cette manifestation ne sont toujours pas atteints. Il a ajouté que même si la Convention relative aux droits de l’enfant, favorisée par l’élan de ce Sommet, est devenue l’instrument international en matière de droits de l’homme ayant enregistré le plus grand nombre de ratifications, de nombreux défis subsistent. M. Chowdury a expliqué que les enfants constituent la moitié de la population pauvre à travers le monde. Au fléau de la pauvreté, s’ajoutent, entre autres, les endémies, la malnutrition, les conflits armés, l’instabilité politique et la violence à l’encontre des enfants. Evoquant les nouvelles approches de développement élaborées dans la dernière décennie, les nouvelles technologies, ainsi que le savoir-faire et les ressources pouvant contribuer à l’élimination de la misère, M. Chowdury a souligné que les efforts de la communauté internationale doivent s’appuyer sur les valeurs et les principes des droits humains et des droits de l’enfant, tout en mettant particulièrement l’accent sur les besoins de la fillette.

Considérant le consensus international reflété par les engagements souscrits lors des grandes conférences onusiennes des années 90, il a mentionné, parmi les principaux défis qu’il faut encore relever, la réduction de la mortalité et de la malnutrition infantiles, l’amélioration de l’éducation et de l’alphabétisation des adultes, l’égalité entre hommes et femmes et la protection des enfants face aux endémies et aux conflits. Selon M. Chowdury, les leaders du monde doivent, en partenariat et avec la participation active des ONG et de la société civile, investir dans l’avenir commun de l’humanité, et adopter des stratégies pratiques et réalistes, afin de réduire les disparités, renforcer la protection des droits des enfants et améliorer les mécanismes de suivi. Le représentant a espéré que les ressources adéquates seront trouvées pour que les principales obligations de la Convention relative aux droits des enfants deviennent des réalités palpables.

Mme JEANNETTE T. NDHLOVU (Afrique du Sud) a rappelé que la Convention sur les droits de l’enfant, adoptée en 1989, a jeté les bases de tous les programmes et de toutes les politiques de protection des individus avant 18 ans. Les gouvernements de tous les pays et de toutes les régions ont pris des mesures pour assurer la protection des enfants contre toutes les formes d’exploitation. Cependant, dans de nombreux endroits de la planète, les enfants ne bénéficient pas des libertés individuelles et des droits fondamentaux que constituent la protection de la famille, une nourriture et une éducation de base, les soins de santé et les services sociaux, la protection contre les conflits armés et contre les abus en tous genres.

Selon la représentante, l’éducation basée sur le concept de l’égalité entre les sexes est l’une des clefs du développement humain. S’il faut reconnaître que des progrès ont été réalisés dans de nombreux pays, il reste inacceptable que plus de 113 millions d’enfants – des filles pour la plupart – n’ont pas accès à l’éducation, a-t-elle dit. L’Afrique du Sud considère l’éducation de ses enfants comme l’un des objectifs premiers de son développement. Par ailleurs, la représentante a tenu à insister sur un certain nombre de sujets qui devraient être pris en compte au cours de la session extraordinaire tel que l’impact de l’épidémie du VIH/sida sur les enfants. La communauté internationale doit répondre à ce problème en partenariat sachant que la pandémie constitue une menace potentielle pour l’humanité tout entière.

Au niveau national, les Etats devraient allouer une plus grande proportion de leurs budgets nationaux aux services sociaux de base et à la réduction du travail des enfants, a déclaré la représentante de l’Afrique du Sud. Ce sont les gouvernements qui sont les premiers responsables du bien-être social et leurs enfants. A cet égard, le rôle des parents et de la structure familiale est d’une importance cruciale, de même qu’une meilleure collaboration du secteur privé. Les partenariats avec les organisations gouvernementales et la société civile devraient également être renforcés, a-t-elle dit, ajoutant qu’en investissant dans le cycle de vie des enfants, la communauté internationale peut influencer positivement le cours du développement humain.

M. CRISTIAN MAQUIEIRA (Chili) s’est félicité que la Convention relative aux droits de l’enfant constitue un nouveau cadre juridique et une éthique qui codifie les relations entre l’Etat, les politiques sociales et les enfants et leurs familles. Il a salué le fait que cette Convention tient compte des besoins des enfants tout en élaborant une doctrine de protection intégrale qui considère les enfants comme des sujets de droit à part entière. Après avoir exposé en détail les programmes nationaux en faveur des enfants, mis en oeuvre au Chili, et noté avec satisfaction que ces programmes se sont soldés par des avancées significatives, le représentant a reconnu que le chemin est encore long avant que le Chili puisse se prévaloir d’offrir à tous ses enfants, sans exception, une attention appropriée en termes d’éducation et de santé. Cependant, sur la base des engagements pris lors du Sommet mondial pour les enfants, le représentant a affirmé que son pays s’est engagé à faire du bien-être de l’enfance la priorité des politiques sociales. Le représentant a en conclusion assuré que son pays fera tout son possible pour assurer le succès de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée au suivi du Sommet mondial pour les enfants et chargée de réviser la mise en oeuvre des accords conclus lors de ce Sommet.

Mme NAJAT AL HAJJAJI (Jamahiriya arabe libyenne) a tenu à attirer l’attention sur certains points spécifiques concernant les droits de l’enfant en prélude à la session extraordinaire de l’Assemblée générale. Selon la représentante il est important d’encourager les Etats à promouvoir un enseignement non discriminatoire gratuit et de qualité au niveau primaire. L’enseignement est un élément essentiel de la lutte contre la pauvreté et pour garantir les besoins essentiels des enfants. La Jamahiriya arabe libyenne n’est pas convaincue que les conséquences de la mondialisation sont négatives dans tous les cas. Elle a expliqué que, par exemple, les techniques des communications peuvent avoir des retombées positives pour les enfants. Malgré l’enthousiasme soulevé par la Convention relative aux droits de l’enfant, il reste encore un long chemin à parcourir pour faire coïncider la théorie avec la réalité des enfants sur le terrain. La représentante a évoqué les enfants au travail, ceux qui sont exploités sexuellement et les victimes des conflits.

Mme Al Hajjaji a dénoncé les crimes commis sur les enfants et les foetus à des fins d’expérience et d’exploitation commerciale des organes. Les pratiques discriminatoires et la marginalisation de la femme ont des conséquences sur le développement des enfants. Les investissements consentis en faveur des droits de l’enfant sont un investissement pour la société et non pas une dépense inutile, a déclaré Mme Al Hajjaji. Citant l’usage abusif des drogues par les jeunes, la représentante a constaté que certaines parties prenantes à des conflits armés propagent ce fléau pour s’assurer que les enfants soldats vont bien répondre à leurs ordres et commettre des atrocités. Elle a, par ailleurs, cité les conséquences dramatiques de l’épidémie de sida dans les pays d’Afrique subsaharienne, jugeant que la solution à ce problème pourrait peut-être venir en partie d’une information adéquate des populations les plus jeunes.

Elle a encore évoqué les violences domestiques et l’assassinat, la torture des enfants dans les lieux de détention ou des enfants réfugiés, pauvres et sans abri, les problèmes spécifiques rencontrés par les enfants handicapés comme autant de questions réclamant une réponse urgente. Elle a aussi parlé de l’impact négatif des sanctions sur les enfants, sur le plan de la santé, de l’enseignement, de la nutrition mais aussi sur le plan psychologique.

M. HIDEAKI KOBAYASHI (Japon) a fait observer qu’en dépit des efforts de la communauté internationale et des organisations internationales concernées pour atteindre les objectifs fixés par le Sommet mondial, beaucoup d’enfants restaient exposés à des dangers tels que la reprise des conflits armés ou les catastrophes naturelles et qu’encore beaucoup d’enfants étaient confrontés à la souffrance.

Le représentant a mis l’accent sur les mesures prises par son gouvernement pour protéger et promouvoir les droits de l’enfant depuis le Sommet mondial et notamment la ratification en 1994 de la Convention relative aux droits de l’enfant. Il a notamment précisé que, depuis 1995, la contribution annuelle du Japon au Programme de l’UNICEF en faveur de l’éducation des fillettes s’est élevée à un million de dollars. Le Japon s’est également engagé, au titre du suivi de la seconde Conférence internationale de Tokyo sur le développement africain à fournir, pendant une période de cinq ans démarrant en 1999, des subventions pour un montant de 857 millions de dollars dans les domaines de l’éducation, de la santé et des infrastructures d’approvisionnement en eau. Ce ne sont là, a-t-il expliqué, que quelques-uns des efforts du Gouvernement japonais en faveur de la protection et de la promotion internationales des droits et du bien-être des enfants. Il a indiqué que son Gouvernement projetait d’accueillir en décembre 2001 le second Congrès mondial contre l’exploitation sexuelle et commerciale des enfants.

M. SUN JOUN-YUNG (République de Corée) a rappelé que, depuis la tenue du Sommet mondial pour les enfants en 1990, un certain nombre de mesures ont été prises pour la promotion des droits des enfants et des adolescents, à commencer par l'entrée en vigueur de la Convention relative aux droits de l'enfant. Par cette convention, les gouvernements ont convenu de l'universalité des droits de l'enfant et de la nécessité d'accorder une importance aux questions relatives à leur protection. Le représentant a également évoqué l'adoption de la Convention de l'OIT sur le travail des enfants ainsi que les deux Protocoles additionnels à la Convention.

Malgré ces progrès encourageants, des efforts restent à faire dans la mise en oeuvre de la Convention, de la Déclaration mondiale de 1990 et du Plan d'action. Plus de 600 millions d'enfants vivent encore dans des conditions d'extrême pauvreté, 130 millions d'entre eux n'ont pas accès à l'éducation tandis que 13 millions d'enfants sont orphelins de parents morts du sida et que 1,2 million parmi eux sont porteurs du virus. Le représentant a ajouté que 540 millions d'enfants vivaient dans des zones de conflit et que dans les pays en développement, ils sont environ 250 millions à travailler de force, souvent dans des conditions d'exploitation. Compte tenu de cette situation, il a estimé que la session extraordinaire devrait apporter des réponses à ces problèmes, en allant au-delà de considérations culturelles ou traditionnelles qui pourraient empêcher la mise en oeuvre de la Convention. Il a estimé ensuite que, au-delà de l'élaboration de règles juridiques, la communauté internationale devrait développer une culture de respect des droits des enfants.

Enfin, le représentant a abordé la question de la mondialisation qui, d'une part, a contribué à faire évoluer les droits des enfants et, dans le même temps, s'est caractérisée par une répartition inégale des bénéfices et des chances qu'elle représente. Il a souhaité que des mesures soient prises pour que la mondialisation bénéficie davantage aux enfants des pays en développement, demandant à cet égard aux institutions de Bretton Woods et aux Nations Unies d'oeuvrer à cet effet. Il a poursuivi en expliquant que les enfants et les adolescents devraient pouvoir participer au processus de décision sur des questions qui les concernent au premier chef. Il a demandé que cette suggestion soit retenue dans le document final et que ce dernier prenne en compte les différences entre les régions du monde. Il a conclu en suggérant que la session extraordinaire soit l'occasion de mettre en oeuvre une stratégie globale qui tienne compte des particularités de chaque région et ne repose pas sur une vision unique du monde, notamment en faisant participer la société civile qui est mieux à même d'identifier les besoins et les réalités des enfants.

M. LIONEL FERNANDO (Sri Lanka) a regretté que les ravages imposés aux relations humaines et aux sociétés aient suscité la fracture des familles et l’érosion des valeurs familiales. Il a également observé avec regret que les institutions religieuses s’éloignaient de la vie quotidienne des enfants; or, ces institutions jouent depuis des millénaires un rôle crucial dans la formation de la personnalité et du caractère des enfants, a-t-il fait valoir. Il a déploré que les relations et les conditions qui sont au fondement de la formation des enfants et devraient les entourer et les protéger pendant les années de formation se détériorent. Ce constat l’a amené à affirmer qu’il est urgent de lancer un mouvement culturel d’ensemble afin de revitaliser le bien-être de nos familles et de leur permettre de jouer leur rôle d’unités de protection des enfants. Le représentant a par ailleurs salué les travaux de l’UNICEF car ils montrent qu’il est possible d’aller bien au-delà des Conventions et de mettre en oeuvre, sur le terrain, des projets qui visent à favoriser l’environnement social, religieux, culturel essentiel à la préservation et au bien-être des familles et de leurs enfants. Il a par ailleurs demandé à la session extraordinaire de l’Assemblée générale d’accorder une attention particulière aux questions de l’éradication de la pauvreté, de l’accès à l’éducation et aux services de santé et de la conservation de la famille.

M. MURARI RAJ SHARMA (Népal) a déploré qu’en dépit de débuts prometteurs, le bilan des progrès enregistrés en faveur du statut des enfants soit mitigé. Alors que les pays développés ont pu apporter des améliorations considérables au statut de leurs enfants, les pays en développement sont encore prisonniers de graves handicaps, comme la pauvreté, ce qui les empêche d’obtenir de meilleurs résultats, a déclaré M. Sharma. La situation des enfants dans les pays pauvres demeure extrêmement précaire. Les enfants, êtres vulnérables et sans défense, sont les premières victimes de la pauvreté, des inégalités et de la violence, a-t-il ajouté. De plus, les pays pauvres ont été jetés, sans préparation, dans l’arène économique de la mondialisation, a indiqué le représentant; ils ont perdu les amarres qui étaient les leur du temps des régimes de substitution aux importations mais n’ont pas bénéficié de l’élargissement des marchés mondiaux. Le représentant a fait remarquer que les enfants ont énormément souffert des conséquences négatives d’une mondialisation fondée sur l’exclusion.

Le représentant a expliqué que le niveau d’éducation et l’état de santé des parents, ainsi que la taille, le niveau de revenus et l’habitat de la famille déterminent en grande partie le bien-être et les droits des enfants. Les parents éduqués auront une propension plus grande à envoyer leurs enfants à l’école et à leur chercher des services de santé de qualité, a-t-il ajouté. Le représentant a déclaré que des investissements considérables dans l’éducation, la santé et les politiques sociales, plus particulièrement dans les zones les plus pauvres, sont évidemment un préalable essentiel à la protection effective des droits des enfants. Mais il a également reconnu que la protection des droits des enfants et la promotion de leur bien-être impliquent un certain nombre de politiques qui relèvent du domaine de la construction nationale et du développement, ainsi que de la mise en place de gouvernements responsables et faisant un usage judicieux des ressources rares. En conclusion, le représentant a déclaré qu’en dépit de tous ses efforts, un pays pauvre comme le Népal sera toujours freiné pour puiser dans ses potentialités qui lui permettraient de transformer la société et, par conséquent, de promouvoir le statut de ses enfants qui représentent pourtant presque la moitié de la population.

M. ULADZIMIR VANTSEVICH (Bélarus) a rappelé que les dirigeants du monde ont réaffirmé lors du Sommet du millénaire l'importance qu'ils accordaient à la protection des droits de l'enfant. Le Sommet mondial avait, il y a dix ans, constitué le premier événement dans la prise en compte de cette question, a-t-il fait observer. La Convention sur les droits de l'enfant a été, dans l'intervalle, ratifiée de façon quasi universelle et le Bélarus a fait partie des premiers Etats signataires. Les deux Protocoles récemment adoptés apportent une réponse adaptée aux nouveaux problèmes qui se sont fait jour.

Au plan national, le Bélarus a lancé une série de réunions destinées à préparer la session exceptionnelle sur le suivi du Sommet mondial, a indiqué le représentant. Ces réunions s'attachent à élaborer des solutions répondant aux besoins nouveaux dans le domaine de la protection de l'enfance. Il a fait valoir que le document final devait consister en un Programme d'action visant à définir des mesures supplémentaires de protection des enfants. Ce programme doit être novateur et concis et englober les problèmes rencontrés par les enfants de toutes les régions du monde. Il doit faire des propositions sur trois aspects clefs: le bien-être de la petite enfance, l'accès à une éducation de qualité, les conditions de vie des adolescents.

M. ADIL AL-KHAL (Qatar) a déclaré que la session extraordinaire doit permettre de renouveler les engagements de la communauté internationale en faveur de la promotion du bien-être des enfants du monde. Des millions d’enfants s’ajoutent chaque année au nombre des habitants de la planète. Il est regrettable que la majorité d’entre eux naissent dans des familles pauvres, leurs conditions de vie étant particulièrement difficiles. La communauté internationale devrait prendre de nouveaux engagements pour améliorer les conditions de vie des enfants qui grandissent dans la misère et la souffrance, dans un monde où les ressources sont abondantes. Nous devons cela à nos enfants et aux générations futures, a-t- il dit. Le représentant a aussi évoqué le défi que constitue l’élimination des grandes disparités existant dans les conditions d’existence des enfants du monde. Certains pays ne peuvent allouer les ressources nécessaires à l’amélioration du niveau de vie de leurs enfants notamment du fait de leur endettement. Selon lui, sans alléger le fardeau de la dette il est peu probable que les objectifs du Sommet soient réalisés dans un avenir proche.

Il a cité l’exemple des enfants soldats et réclamé la fin de leur enrôlement et de leur exploitation dans les conflits. Le Gouvernement du Qatar demande que tout soit mis en oeuvre pour promouvoir le développement des enfants. Il faut d’autre part mettre un terme à la violence perpétrée contre les enfants dans les territoires arabes occupés. Il a aussi évoqué les enfants palestiniens tombant sous les balles de l’occupant israélien. Le Gouvernement du Qatar est convaincu que tous les enfants doivent pouvoir bénéficier de leurs droits légitimes et qu’il est soucieux de concrétiser les objectifs de la Convention dans les domaines économique, social, scolaire ou culturel. Même si la responsabilité première de la promotion du bien-être des enfants incombe aux gouvernements, il faut reconnaître le rôle des Nations Unies et de la communauté internationale dans son ensemble pour permettre la mobilisation des ressources nécessaire et soutenir les efforts nationaux des pays les plus démunis. Dans ce contexte, le représentant a souhaité que la session extraordinaire soit l’occasion de réaffirmer les objectifs de la communauté internationale dans les domaines prioritaires au service de l’enfant.

M. MARIO AGUZZI-DURAN (Venezuela) a déclaré que, pour son Gouvernement, les questions relatives aux enfants reçoivent une attention prioritaire. Il a ajouté qu'une grande partie des politiques sociales dans les domaines de l'éducation, de la santé et de la nutrition a été conçue de manière à satisfaire les besoins des enfants du Venezuela. Le représentant a ensuite ajouté que la nouvelle constitution du Venezuela consacre le principe de l'égalité des sexes dans la mesure où elle célèbre le principe d'égalité et de non-discrimination. En outre, la législation du Venezuela est en voie d'alignement avec les principes énoncés par la Convention relative aux droits de l'enfant.

Le représentant a particulièrement souligné l'adoption de la Loi organique sur la protection de l'enfant et de l'adolescent, entrée en vigueur le 1er avril 2000. Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a considéré que cette loi est, sur le continent américain, l'une des plus avancées qui soient en matière de protection des droits de l'enfant. On reconnaît dans cette loi que les enfants sont des sujets de plein droit et non pas l'objet de la tutelle de l'Etat, a-t-il précisé. De plus, la loi reconnaît que l'enfant est un être en développement, doté des droits et des responsabilités de tous les êtres humains. Le représentant a également signalé que cette même loi crée des mécanismes concrets chargés de garantir ces droits, notamment en envisageant la création d'un Conseil national des droits de l'enfant et de l'adolescent.

M. AMRAIYA NAIDU (Fidji) a considéré comme un triomphe de notre temps le fait que la communauté internationale ait réussi à définir les droits des enfants en vue de leur reconnaissance définitive. Le représentant a émis l’espoir que la session extraordinaire pourra accroître l’intérêt porté aux enfants au niveau mondial et promouvoir en même temps leur bien-être pour l’immédiat et les générations à venir. Fidji considère que pour atteindre son objectif, la phase préparatoire à la session extraordinaire doit définir un processus de participation des enfants à tous les niveaux. Dans notre quête d’une paix mondiale et nos tentatives de définition d’une culture de paix, la session extraordinaire de l’Assemblée générale offre une occasion unique de donner corps à ce concept dans la promotion d’une culture des droits de l’homme dont les droits des enfants sont une dimension innovante, a encore déclaré le représentant.

M. DATO MOHAMAD YUSOF AHMAD (Malaisie) a fait observer que les obligations du monde à l'égard des enfants étaient désormais inscrites dans la Convention relative aux droits de l'enfant adoptée en 1989 qui fait du soutien et de la protection des enfants la responsabilité des Nations Unies et de ses Etats Membres.

La Malaisie, a-t-il déclaré, est profondément préoccupée par les souffrances des enfants affectés par les conflits armés et elle estime que les besoins spécifiques de ces enfants, notamment leur rétablissement psychologique et physique ainsi que leur réinsertion sociale, doivent être pris en considération. Ma délégation lance un appel aux Etats Membres pour qu'ils s'efforcent d'empêcher l'implication des enfants dans les conflits armés et qu'ils leur permettent de jouir de leur droit légitime à une enfance normale. Un autre sujet de préoccupation pour ma délégation est la sécurité des enfants, la pédoprostitution et la pédopornographie qui existent de façon latente un peu partout dans le monde. Ce sont des crimes en Malaisie et il importe que la communauté internationale se préoccupe de ces questions. La Malaisie a l'intention de participer activement aux travaux préparatoires de la session extraordinaire de façon à assurer son succès.

M. AARON JACOB (Israël) a constaté que malgré la bonne santé sans précédent de l’économie mondiale, près de 32 000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque jour dans des circonstances qu’il est possible de prévenir, soit un total de 12 millions de morts chaque année. Ces chiffres devraient mobiliser tous les Etats Membres à une époque où nous pouvons prévenir les maladies, la malnutrition, la pauvreté, l’illettrisme, la violence et l’exploitation, a estimé le représentant. M. Jacob a attiré l’attention des délégués sur la situation particulière d’Israël où les droits de l’enfant sont considérés comme un sujet particulièrement sensible. Ainsi, il a souligné que les abus et la violence perpétrés contre les enfants ne sont pas uniquement des actes considérés comme immoraux ou répugnants mais contraires à la loi de son pays. La dignité et la liberté humaine figurant dans la loi fondamentale d’Israël assurent une protection constitutionnelle aux droits de l’enfant, a-t-il dit.

Malgré les progrès accomplis partout dans le monde, certaines règles sociales traditionnelles anachroniques survivent dans certaines sociétés et la pratique des coups infligés aux enfants reste répandue. Nous considérons que la manière dont une société traite ses enfants et d’autres groupes vulnérables est le reflet de ses valeurs, a ajouté le représentant, réclamant de la communauté internationale qu’elle s’assure que chaque enfant puisse se voir accorder la chance de grandir en bonne santé, avec la nourriture et l’éducation nécessaire dans un environnement de paix et de sécurité.

M. HADI NEJAD-HOSSEINIAN (République islamique d’Iran) a déclaré que pour assurer le succès de la prochaine session extraordinaire, quatre questions devraient être examinées scrupuleusement. En premier lieu, au cours des 10 années qui se sont écoulées depuis le Sommet mondial pour les enfants de 1990, la communauté internationale a connu des changements fondamentaux. En conséquence, les objectifs adoptés en 1990 devront être révisés en fonction des priorités identifiées comme telles au niveau international et auxquelles les Nations Unies et les Etats Membres ont décidé d’allouer des ressources. A ce titre, la protection des enfants en temps de guerre et celle des enfants des territoires

occupés doivent recevoir une attention particulière et faire l’objet d’objectifs qualitatifs. Deuxièmement, les effets de la mondialisation se font durement ressentir sur les enfants car ces derniers, plus vulnérables, sont également plus sensibles à l’exclusion et aux conséquences négatives de la mondialisation. A ce titre, il a indiqué que si l’exploitation sexuelle persiste, c’est notamment en raison de l’augmentation de la pauvreté et de la croissance d’un marché libre et sans entrave ouvert aux consommateurs par l’intermédiaire de la presse et des services d’information mondialisés. En troisième lieu, il faudrait mettre en place des infrastructures nationales et renforcer l’intervention dans les domaines des services sociaux, de l’éducation et de la santé afin de pallier la pauvreté et les insuffisances légales. Enfin, le représentant a affirmé qu’il est nécessaire de renforcer l’institution familiale et les liens familiaux. La famille est la cellule fondamentale de la société et l’unité naturelle au sein de laquelle on doit assurer la croissance et le bien-être des enfants, a-t-il ajouté. En conclusion, le représentant a indiqué que la session extraordinaire représente une occasion unique de recueillir les expériences pratiques des participants et en particulier de ceux qui ont mené des politiques couronnées de succès dans leur pays. Ces expériences sont des acquis sur la base desquels la communauté internationale devrait réfléchir à des pratiques concrètes permettant d’améliorer le sort des enfants, a-t-il conclu.

L’Archevêque RENATO R. MARTIN0, Observateur permanent du Saint-Siège, a fait observer que les questions concernant les enfants qui ont réclamé l’attention de la communauté mondiale depuis tant d’années, sont toujours au centre de son attention. Cette préoccupation s’est traduite récemment par l’adoption des protocoles facultatifs qui sont venus compléter la Convention relative aux droits de l’enfant. Il a indiqué que le Saint-Siège a été l’un des premières signataires de la Convention et a également signé ses deux Protocoles.

Ma délégation souhaite que les discussions qui auront lieu pendant les réunions préparant la session extraordinaire se concentrent tout particulièrement sur la manière de ramener la paix dans les cas de conflit armé et de violence, de protéger la famille, de renforcer l’éducation, de mettre fin à la discrimination, d’apporter de meilleurs soins de santé, de consolider la paix et de préserver la stabilité, a déclaré l’Archevêque. Le Saint-Siège espère que les discussions menées au sein du système des Nations Unies porteront sur les façons d’aller de l’avant au lieu de s’attarder interminablement sur des problèmes jamais résolus.

Mme ARIANE WALDVOGEL (Suisse) a fait part de quatre aspects que son pays estime essentiel d’inclure dans l’analyse de la décennie écoulée. En premier lieu, l’analyse de la situation des enfants doit s’inscrire dans un cadre et une approche fondée sur le droit, notamment sur les dispositions de la Convention relative aux droits de l’enfant et sur les protocoles facultatifs. En effet, une telle approche, puisqu’elle se réfère à un cadre normatif internationalement approuvé, permet une analyse commune plus précise et plus systématique des domaines dans lesquels des progrès doivent être effectués, a estimé Mme Waldvogel. Dans ce contexte, la représentante a déclaré qu’il sera nécessaire de prendre en compte les recommandations du Comité des droits de l’enfant des Nations Unies concernant le respect et la mise en oeuvre de la Convention par les Etats, ainsi

que celles des autres mécanismes, qu’ils soient universels ou régionaux, de surveillance du respect des droits de l’enfant. Deuxièmement, elle a déclaré que l’approche fondée sur l’analyse des circonstances et des causes du non-respect des droits de l’enfant doit être placée dans le cadre plus général du développement, afin d’identifier la totalité des facteurs ayant un impact sur les enfants et leur développement. Au nombre de ces facteurs, elle a identifié les droits de l’homme, le développement socioéconomique, la démographie, l’égalité entre les hommes et les femmes et la démocratie. Le troisième aspect relevé par la représentante se réfère au rapport du Secrétaire général intitulé «Les nouveaux problèmes des enfants au XXIème siècle» et renvoie à un certain nombre de défis, notamment ceux concernant la prévalence de la violence à l’égard des enfants, qu’elle soit étatique, institutionnelle ou privée, les violations des droits de l’enfant en temps de conflits armés, l’exploitation des enfants, qu’elle soit économique, sexuelle ou autre et l’impact désastreux du VIH/sida sur les enfants. Finalement, la représentante a indiqué qu’un quatrième développement important est survenu depuis le Sommet des enfants de 1990 et tient à la nécessité de donner aux enfants et aux jeunes la possibilité de participer aux prises de décisions les concernant. A cet effet, elle a déclaré que la Suisse s’engage à encourager et à faciliter la participation des enfants aux diverses réunions de préparation de la session extraordinaire et à la session elle-même.

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