En cours au Siège de l'ONU

AG/1105

L'ASSEMBLEE GENERALE ADOPTE UNE RESOLUTION VISANT A PROMOUVOIR LE DIALOGUE ENTRE LES CIVILISATIONS

13 novembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1105


L'ASSEMBLEE GENERALE ADOPTE UNE RESOLUTION VISANT A PROMOUVOIR LE DIALOGUE ENTRE LES CIVILISATIONS

20001113

L’Assemblée générale a terminé cet après-midi son débat sur le dialogue entre les civilisations et a adopté une résolution qui demande aux gouvernements d’engager tous les membres de la société à promouvoir le dialogue entre les peuples. L’Assemblée engage en outre tous les Etats Membres, les organisations régionales et internationales, la société civile et les organisations non gouvernementales à continuer de prendre des initiatives appropriées à tous les niveaux en vue de promouvoir le dialogue dans tous les domaines et de favoriser ainsi le respect mutuel et la compréhension entre les civilisations comme en leur sein. Elle décide de consacrer, lors de sa cinquante-sixième session, deux journées de séances plénières les 3 et 4 décembre 2001, à l’examen de la célébration de l’Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations.

Au cours du débat, de nombreuses délégations ont indiqué que la promotion du dialogue entre les civilisations devait être accompagnée de son corollaire, à savoir le respect et la reconnaissance de la diversité culturelle. Ainsi, le représentant de la Fédération de Russie a indiqué que la diversité et la reconnaissance du pluralisme sont des points de passage obligés dans la construction du dialogue entre les civilisations. Il est illusoire de souhaiter construire un monde assujetti à une norme unique; cette tentative est vaine et va contre tous les enseignements de l’Histoire. La représentante de Singapour a déclaré que toutes les valeurs ne sont pas universelles et qu’un conflit de valeurs n’est pas nécessairement un signe négatif, mais peut être le fruit d’une interprétation divergente de certaines normes. Le dialogue visé par la résolution doit justement avoir pour objectif de trouver un cadre d'entente basé sur des valeurs communes qui permettent la persistance de valeurs plurielles, a déclaré la représentante de Singapour. Le représentant du Bangladesh a par ailleurs signifié que la mondialisation doit éviter de promouvoir l'uniformité car ce serait alors la meilleure façon de parvenir à un désastre.

La pressante actualité de la nécessité du dialogue entre les civilisations a à plusieurs reprises été soulignée. En effet, à l’heure où les interactions entre les Etats se multiplient du fait de la mondialisation, instaurer un dialogue constructif n’est pas un choix politique, mais un impératif. La représentante de Singapour a, à cet égard, déclaré qu’il fut un temps où certaines civilisations s’épanouissaient isolément, dans leurs propres limites géographiques. Si, à cette époque, la tolérance n'était pas la vertu la plus évidente, aujourd’hui en

revanche, à l'heure de l'interdépendance, le respect de l'opinion d'autrui est essentiel, a-t-elle ajouté. Par ailleurs, le représentant de Chypre a déclaré que la mondialisation et l’interdépendance croissante entre les Etats donnent aux crises locales une envergure mondiale et que, dans un tel contexte, promouvoir la coopération, la tolérance et la compréhension à travers le dialogue entre les pays, les cultures et les religions n’est pas seulement une bonne politique, c’est un choix de survie.

Le représentant d’Israël a regretté que l’Etat qui a présenté la résolution soit à l’origine d’une campagne d'exclusion visant à exclure Israël. Il a cependant déclaré que son pays voterait en faveur de la résolution, soulignant le caractère universel de la démarche visant à promouvoir le dialogue entre les civilisations.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Qatar, Chypre, Bangladesh, Singapour, Fédération de Russie, Lituanie, Mongolie, Israël, République de Corée. L’Observateur permanent de l’Organisation de la Conférence islamique s’est également exprimé. Les représentants de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan ont exercé leur droit de réponse.

L’Assemblée générale reprendra ses travaux demain à 10 heures pour se prononcer sur l’élection de 18 membres du Conseil économique et social. Elle procèdera ensuite à l’examen de la question relative à l’«Application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux», à la suite de quoi elle se saisira du point intitulé «La situation en Bosnie- Herzégovine».

ANNÉE DES NATIONS UNIES POUR LE DIALOGUE ENTRE LES CIVILISATIONS

Déclarations

M. JAMAL NASSIR AL-BADER (Qatar) s’est félicité des initiatives visant à rapprocher les pays et a déclaré que l’établissement d’un dialogue entre toutes les nations ne peut que contribuer à l’édification de la paix et de la sécurité. Il a salué les initiatives visant à favoriser les rencontres entre les civilisations et a indiqué que l’Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations est le symbole de la capacité qu’ont les peuples du monde à nouer un dialogue. Il a rappelé que les tables rondes organisées à l’occasion su Sommet du millénaire avaient constitué une excellente occasion d’échanger des points de vue. En effet, lors des tables rondes, de nombreux dirigeants et personnalités du monde entier ont pu exprimer leur engagement en faveur d’un dialogue entre les nations. Le représentant a particulièrement souligné l’opportunité de renforcer un tel dialogue maintenant que la guerre froide est terminée et qu’il importe de reconstruire des relations pacifiques entre les Etats. Le représentant a souligné le rôle essentiel de l’UNESCO qui consiste non seulement à favoriser les échanges entre les communautés scientifiques du monde entier, mais également à promouvoir, dans la presse, une image favorable de la diversité culturelle.

M. CONSTANTINE MOUSHOUTAS (Chypre) a fait remarquer que l’inscription du Dialogue entre les civilisations à l’ordre du jour de l’Assemblée générale était particulièrement opportune et relevait d’une idée visionnaire. Regrettant que de nombreux conflits utilisent la diversité comme une excuse, il s’est félicité de pouvoir saisir une nouvelle occasion de promouvoir le dialogue. Aujourd’hui, le monde est de plus en plus interdépendant et les sociétés et les cultures ne peuvent plus être considérées comme des entités isolées, a indiqué le représentant. Les crises locales ont des répercussions mondiales, a-t-il ajouté. Dans un tel contexte, promouvoir la coopération, la tolérance et la compréhension à travers le dialogue entre les pays, les cultures et les religions n’est pas seulement une bonne politique, c’est un choix de survie, a souligné le représentant, surtout si l’on en croit les prédictions menaçantes sur un affrontement majeur entre les civilisations. Le représentant a rappelé que la majorité des conflits justifiant des opérations de maintien de la paix de l’ONU étaient fondés sur des divisions ethniques, tribales ou religieuses. Il a également mis en garde contre le séparatisme militant, à la racine de nombreux conflits. Il a déclaré que notre survie dépend en dernier ressort de la capacité de la communauté internationale à régler de façon pacifique les différends et les querelles et à promouvoir le dialogue comme norme de comportement. Il a précisé que c’est ce comportement qu’a adopté le Gouvernement de Chypre, dans l’attente que les deux communautés puissent vivre en paix et en harmonie sans troupes d’occupation ni fils de fer barbelés.

M. ANWARUL KARIM CHOWDURY (Bangladesh) a expliqué que la prise en compte des opinions divergentes doit être considérée comme l’un des défis auxquels est confronté le monde d’aujourd'hui. Il a fait observer que les tensions et les divisions nées du processus de mondialisation sont dues précisément à cette diversité d'approches. La mondialisation doit éviter de promouvoir l'uniformité car ce serait alors la meilleure façon de parvenir à un désastre. Au contraire, l'objectif est de promouvoir le dialogue entre les cultures et les sociétés pour prévenir les conflits avant qu’ils n’éclosent. Il a déclaré qu’avec la

mondialisation, les nouvelles technologies ont contribué à développer les échanges interculturels, rendant le monde plus petit et interdépendant. Il a souhaité que soient promues les valeurs du respect d'autrui, de tolérance, pour garantir la survie de l'humanité. Le représentant a ensuite estimé que les Nations Unies, qui représentent la diversité du monde, doivent oeuvrer en faveur du dialogue et de la promotion de la paix en informant les populations de l'intérêt que représentent le pluralisme culturel et l'échange entre les civilisations. Il a conclu en suggérant que non seulement les Etats, mais aussi la société civile, les communautés et les médias participent à ce dialogue entre les civilisations afin que celui-ci s’instaure de façon permanente entre peuples.

Mme VANESSA CHAN (Singapour) a déclaré que son pays, l’un des centres mondiaux de la finance, se trouve à la croisée des chemins pour bon nombre de pays de cultures diverses. Singapour croit fermement dans l’interaction pacifique des civilisations et estime par conséquent qu’il est plus urgent que jamais de rapprocher les cultures. Il fut un temps où certaines civilisations s’épanouissaient isolément, dans leurs propres délimitations géographiques. La seule interaction qu’elles pouvaient avoir était de nature commerciale et, parfois, belliqueuse. Les grandes civilisations d’Amériques, par exemple, étaient totalement isolées de celles de l’Asie ou de l’Europe. Nous constatons toutefois que la situation a évolué au cours des derniers siècles, permettant une plus grande interaction entre diverses cultures, un phénomène qui s’est accéléré au cours du XXème siècle et qui se poursuit aujourd’hui grâce à la mondialisation. C’est ainsi que s’est créé le besoin d’un dialogue entre les civilisations. Mme Chan a précisé que le dialogue ne se limite pas aux Etats, aux peuples et aux religions et que les civilisations englobent aussi des composantes historiques, géographiques, ethniques, coutumières et politiques. Elle a estimé que les Nations Unies étaient la meilleure enceinte pour promouvoir ce dialogue et le coordonner, notamment entre les Etats, les parlementaires, les ONG et les autres membres de la société civile. Elle a également souhaité que les entreprises privées, notamment celles travaillant sur les marchés internationaux, participent à ce dialogue entre les civilisations.

Selon Mme Chan, ce dialogue doit également tenir compte de la diversité des cultures. Si, auparavant, la tolérance n'était pas la vertu la plus évidente, aujourd’hui en revanche, à l'heure de l'interdépendance, le respect de l'opinion d'autrui est essentiel. Mme Chan a conclu en indiquant que le dialogue entre les civilisations devait être mû par le principe selon lequel toutes les valeurs ne sont pas universelles mais que ce dialogue a justement pour objectif de trouver un cadre d'entente basé sur des valeurs communes qui permettent la persistance de valeurs plurielles.

M. DMITRY KNYAZHINSKIY (Fédération de Russie) a indiqué que le monde est en quête de stabilité stratégique et que la paix, la stabilité et la sécurité constituent des objectifs ultimes du dialogue entre les nations. Ce dialogue doit cependant prendre place dans le respect de la démocratie et des droits de l’homme, a déclaré le représentant. Il a souligné que la reconnaissance de l’existence d’un régime universel des droits de l’homme doit constituer la base des échanges entre les nations. Cela suppose que l’on refuse les mythes et les stéréotypes, et notamment le mythe tenace selon lequel il existerait un modèle unique, a-t-il ajouté.

Nous partageons la conclusion du Secrétaire général selon laquelle le point de départ réside dans le concept de diversité, a indiqué le représentant. En effet, la diversité et la reconnaissance du pluralisme sont des points de passage obligés dans la construction du dialogue entre les civilisations. Il est illusoire de souhaiter construire un monde assujetti à une norme unique; cette tentative est vaine et va contre tous les enseignements de l’Histoire. Le représentant a insisté sur l’unicité de la Fédération de Russie qui se manifeste dans ses traditions culturelles et dans ses racines et s’incarne dans l’ordre démocratique russe. Le dialogue entre les civilisations doit promouvoir le bien- être et la sécurité entre les peuples, a-t-il répété, et, à cet égard, l’événement majeur de cette année aura été la discussion entre les dirigeants des Etats le 5 septembre dernier à l’occasion du Sommet du millénaire . Cependant, il importe de reconnaître l’unicité des trajectoires et la diversité du monde, a-t-il conclu. Réfuter cette évidence nous ramènerait aux temps des Barbares.

M. GEDIMINAS SERKSNYS (Lituanie) a déclaré que l’histoire, les traditions, l’héritage culturel et les stéréotypes constituent l’identité de chaque nation, et que l’élimination de cette identité serait équivalente à l’élimination de la nation elle-même. Il a également fait remarquer que le respect et la promotion des droits de l’homme et des libertés fondamentales consacrés par les textes universels internationaux étaient des instruments essentiels dans la promotion des cultures nationales. Le dialogue entre les civilisations doit permettre de créer un climat de confiance et de paix mondiale, a-t-il ajouté. Toutes les cultures ont le droit de faire partie de ce monde et de contribuer à l’héritage de l’humanité. Le représentant a rappelé que la Lituanie, conjointement avec l’UNESCO, organisera à Vilnius une Conférence internationale sur le dialogue entre les civilisations en avril 2001. Cette conférence, la seule de cette nature en Europe, accueillera des participants du monde entier et sera un événement majeur de l’Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations, a conclu le représentant.

M. JARGALSAIKHAN ENKHSAIKHAN (Mongolie) a rappelé que les gouvernements, les universitaires et les ONG avaient d'ores et déjà organisé des séminaires et engagé des discussions sur le thème du dialogue entre les civilisations, se félicitant également de la table ronde organisée au Siège des Nations Unies le 5 septembre 2000 et qui a réuni de nombreux chefs d'Etat. Il a fait observer que l'UNESCO a déployé des efforts inlassables dans la mise en oeuvre de ce programme dans un monde à la fois unique et varié, riche par sa diversité culturelle. Il a estimé que la conception négative de cette diversité avait souvent conduit à des conflits alors qu'elle devrait être considérée comme une richesse pour l'humanité, surtout à l'heure actuelle où les distances sont presque abolies grâce au développement des communications. Il a ajouté que la communauté internationale devrait promouvoir des normes d'interaction et les relations entre les Etats fondées sur le dialogue, la coopération et le respect mutuel pour maintenir la paix, la sécurité et favoriser le développement.

Le représentant a ensuite apporté son soutien au Directeur général de l'UNESCO dans sa volonté d'humaniser la mondialisation, estimant que, grâce à l'éducation, on pouvait favoriser les richesses culturelles et identifier les apports des cultures. A ce titre, il a évoqué l'expérience de la Mongolie qui a hérité d'une culture très riche reposant sur le nomadisme. Il a rappelé les efforts faits par les historiens et les scientifiques de Mongolie pour valoriser l'héritage culturel, se félicitant notamment de la création par l'UNESCO, depuis le 16 septembre 1998, de l'Institut international pour l'étude des civilisations nomades à Oulan-Bator, en Mongolie. Le représentant a conclu en assurant que, riche de son expérience, la Mongolie était disposée à collaborer avec les autres Etats Membres dans la mise en oeuvre du dialogue entre les civilisations.

M. YEHUDA LANCRY (Israël) a fait valoir que l'Etat d'Israël, patrie du peuple juif, représente et incarne une noble civilisation de presque quatre mille ans enracinée au Moyen-Orient, la civilisation juive. Il s'est dit d'accord avec la République islamique d'Iran lorsqu'elle insiste sur l'apport des grands textes au dialogue entre les civilisations et a indiqué que la Bible juive, l'Ancien Testament, était un bon exemple à cet égard. Il a fait observer que le judaïsme, le christianisme et l'islam, ainsi que d'autres religions monothéistes, proviennent toutes de la même source et que le retour d'exil du peuple juif et sa réinstallation en Judée a fourni la toile de fond historique de la mise en commun du christianisme et du judaïsme. Les interactions entre les deux religions ont été au centre d'une ferveur renouvelée dans la recherche théologique et historique, a-t-il indiqué. Le cas du Maroc est un bon exemple de dialogue entre juifs et musulmans. Le millénaire de la coexistence des juifs et des musulmans dans ce pays a produit un dialogue riche et souvent fascinant entre les deux religions et cultures. Les universitaires juifs rédigeaient en arabe, les femmes juives écrivaient leurs poèmes en arabe et tiraient leur inspiration et tonalité d'un genre poétique contemporain qui fait toujours partie de la culture marocaine contemporaine.

Pour toutes ces raisons, mon pays qui s’est joint au consensus manifesté lors la dernière Assemblée générale sur cette résolution, soutiendra le concept du dialogue entre les civilisations et encourage sa promotion, a déclaré le représentant. La nature même de ce concept est liée à son universalité. Il ne peut avoir de sens, notamment dans le contexte des Nations Unies, que si aucun appel à l'exclusion n'est lancé contre un pays ou une civilisation. Si l'objectif est réellement la recherche de la paix et de la compréhension internationales, les Nations Unies ne peuvent accepter d'actes d'ostracisme. Pourtant, c'est malheureusement le cas. L'Etat même qui parraine cette proposition, par ailleurs admirable, visant à faire avancer le thème du dialogue entre les civilisations, a lui-même pour politique de désigner un Etat Membre entre tous pour demander sa liquidation: le mien. Le Ministre des affaires étrangères déclarait, le 15 septembre, lors du débat général: «La réponse réside dans la participation et non dans l'assimilation et la contrainte, le droit des nations et des peuples de préserver et de nourrir leur culture et leur identité culturelle; il est essentiel de reconnaître et de respecter les droits culturels des individus et des communautés». Pourtant cinq jours auparavant, il déclarait à la télévision iranienne qu'Israël était «une excroissance cancéreuse dans la région» répétant en fait la phraséologie du chef spirituel de l'Iran, Khamenei, qui déclarait par exemple à la télévision iranienne le 2 mai 1998 que l'Iran ne reconnaîtra jamais le perfide Etat sioniste et poursuivra son combat contre sa «propagation maligne».

M. SUN JOUN-YUNG (République de Corée) a fait observer que l'expression «dialogue entre les civilisations» est devenue au cours des dernières années une expression familière, non seulement dans les cercles diplomatiques mais aussi chez les journalistes et les professeurs. Chacune des civilisations du monde peut devenir un atout précieux pour l'humanité si elle s'appuie sur le respect de la diversité et le pluralisme et va au-delà de ses propres valeurs traditionnelles pour prendre en compte les valeurs universelles, a-t-il fait valoir.

Le représentant a rappelé que les dirigeants du monde, rassemblés à New York, avaient reconnu, en adoptant la Déclaration du millénaire, que, au-delà de leurs responsabilités vis-à-vis de leurs sociétés respectives, ils avaient la responsabilité collective de défendre les principes de dignité humaine, d'égalité et d'équité au niveau mondial. Il a indiqué que la République de Corée apporterait sa contribution au processus de consultations dans le cadre des préparatifs de l'Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations.

M. AHMAD HAJIHOSSEINI, Observateur permanent de l’Organisation de la Conférence islamique, a mis l’accent sur l’intérêt que l’OCI porte au sujet depuis son adoption par l’Assemblée générale en novembre 1998 et rappelé les initiatives prises par l’Organisation à cet égard. Il a indiqué à ce titre que l’OCI avait salué la décision de l’Assemblée générale de proclamer 2001 Année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations ainsi que la nomination de M. Giandomenico Picco au poste de représentant personnel du Secrétaire général

Le représentant a également indiqué qu’il avait participé à l’élaboration du projet de résolution et que le Groupe d’experts intergouvernemental de l’OCI avait travaillé à la préparation de projets de résolution sur un ordre du jour mondial pour le Dialogue entre les civilisations et sur un Programme d’action mondial qui sont actuellement examinés par la Commission spéciale de l’OCI. L’ordre du jour et le Programme d’action seront développés en consultations élargies aux Nations Unies pendant l’Année du Dialogue. Il a exprimé l’espoir que le projet de résolution examiné par l’Assemblée recueille une approbation unanime.

Droits de réponse

Le représentant de l'Arménie a regretté que le représentant de l'Azerbaïdjan ait utilisé l'ordre du jour pour s'en prendre à une autre nation et a indiqué que ce genre de déclaration est contraire au dialogue et susceptible de le tuer. Je voudrais revenir sur certains points particulièrement cyniques, a-t-il déclaré. Le représentant de l'Azerbaïdjan a présenté son pays comme un modèle de tolérance ethnique; il a oublié toutefois de rappeler les massacres de Sumgait en 1986 et de Bakou en 1990 qui constituent les premiers exemples de nettoyage ethnique dans la région. Il a parlé de tolérance religieuse mais il n'a pas fait mention de la destruction de l'Eglise arménienne de Bakou. Il a insisté sur le fait que son pays n'utilise pas la religion à des fins politiques, or je considère que le recours à des mercenaires venus de l'étranger et les appels répétés à la solidarité religieuse ne laissent aucun doute sur ceux qui exploitent la religion. Dans notre récente déclaration, nous avons répété une fois de plus que l’héritage culturel et religieux différent de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan ne devait pas être considéré comme un obstacle mais plutôt comme l'occasion d'engager un dialogue positif et constructif qui existait déjà entre nos pays dans un passé pas si éloigné. Les discussions politiques en cours nous donnent cependant l'espoir que le dialogue spirituel pourra prochainement reprendre.

Le représentant de l'Azerbaïdjan a fait valoir que malgré le thème du débat en cours, les membres de l'Assemblée pouvaient constater que le délégué arménien avait d'autres objectifs que le dialogue et qu'il poursuivait en fait la stratégie d'agression de son pays contre le sien. En décembre 1987, c'est l'Arménie qui a expulsé plus de 4000 citoyens d'origine azéri de la ville de Kafan, a déclaré le représentant qui a attiré l'attention sur le fait qu'aujourd'hui l'Arménie était un pays quasiment monoethnique. En 1992, les forces armées d'Arménie ont commis l’un des crimes les plus sanglants de l'histoire moderne en rasant la ville azéri de Khodjaly, en exterminant sans pitié plus de 600 habitants et en mutilant 487 autres sans épargner les enfants, les femmes ou les vieillards. Quant à l'église arménienne de Bakou, elle est certes fermée mais elle n'est pas détruite.

Le représentant de l'Arménie a fait valoir que la population azéri n'avait jamais été massacrée depuis le début du conflit et que les événements de Khodjaly sont survenus après les pogroms anti-arméniens et après l'agression du Nagorny- Karabakh. En ce qui concerne l'Eglise arménienne de Bakou, j'ai avec moi un journal dans lequel un journaliste américain montre l'état actuel de l'Eglise, a- t-il indiqué.

Le représentant de l'Azerbaïdjan a invité tous les délégués à aller voir l'Eglise de Bakou. En ce qui concerne la domination coloniale par les Soviétiques et l'occupation par l'Azerbaïdjan du Nagorny-Karabakh, je félicite le distingué délégué arménien pour son nouveau subterfuge, a-t-il déclaré. Si l'Arménie avait été coupée du monde, je pense que le Conseil de sécurité aurait réagi. Au lieu de cela, il a adopté quatre résolutions exprimant sa préoccupation au sujet de la détérioration entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan. Il a cité un proverbe russe qui dit qu'une conscience coupable se trahit elle-même.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.