En cours au Siège de l'ONU

AG/1102

DES DELEGATIONS DEMANDENT A LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE DE NE PAS CEDER AU PESSIMISME DANS LEUR APPROCHE DU DEVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE

10 novembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1102


DES DELEGATIONS DEMANDENT A LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE DE NE PAS CEDER AU PESSIMISME DANS LEUR APPROCHE DU DEVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE

20001110

L'Assemblée générale a examiné, ce matin, le point relatif à l'Application du Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90, y compris les mesures et recommandations convenues lors de l'examen à mi-parcours. L'Assemblée était saisie du rapport du Secrétaire général qui rend compte des progrès réalisés dans les réformes économiques sur le continent africain, ainsi que des obstacles rencontrés sur la voie du développement économique et social.

Divers obstacles ont été identifiés et tenus responsables des nombreux problèmes de développement de l'Afrique, à savoir entre autres: la baisse de l'aide publique au développement passée de 19,7 milliards de dollars en 1992 à 9,7 milliards de dollars en 1998, le fardeau financier du service de la dette extérieure, de même que la chute des flux de capitaux étrangers vers le continent africain. Tout au long du débat, il a été question de ces tendances négatives qui devront être corrigées pour permettre à l'Afrique de maintenir l'objectif de croissance de son PNB à 8%, comme l'a souligné le représentant de l'Inde. Il a par ailleurs regretté que l'assistance technique étrangère absorbe, à elle seule, 24% de l'aide publique au développement et que les 100 000 experts internationaux présents sur le continent africain représentent un coût annuel de 4 milliards de dollars. De nombreuses délégations, à l'instar de l'Afrique du Sud, ont condamné la diminution de moitié des flux d'aide entre 1992 et 1998, constatant que le revenu par habitant sur le continent était passé de 749 dollars américains en 1980 à 688 en 1998. Cette tendance s'observe aussi en matière d'investissements privés, les pays africains n'ayant pas suffisamment bénéficié des opportunités du commerce international et leurs exportations n'ayant augmenté annuellement que de 2% contre 7% en moyenne pour les autres régions du monde. Par ailleurs, de nombreuses délégations ont souligné le poids de la dette sur les perspectives de développement économique et social, le service de la dette absorbant à lui seul 33% du PNB du continent africain.

Pour financer le développement économique et social de l'Afrique, de nombreuses propositions ont été mises en avant, le représentant de l'Inde proposant, par exemple, de demander aux pays développés de restituer les capitaux placés dans les banques occidentales, ce qui équivaudrait à réinvestir l’équivalent du montant de la dette des pays africains, soit 350 milliards de dollars. Abondant dans ce sens, le représentant de la Libye a quant à lui suggéré que l'Afrique revendique un dédommagement pour les pertes subies durant la période de la colonisation tandis que la presque totalité des délégations a proposé une annulation pure et simple de la dette.

De leur côté, les pays développés ont, à l'instar du représentant de la France, qui s'exprimait au nom de l'Union européenne et des pays associés, incité les pays en développement à mettre en place un environnement favorable au développement par la promotion de l'Etat de droit et des droits de l'homme, mais aussi par la garantie d'une gestion plus saine des affaires publiques, notamment par la mise en place de systèmes fiscaux fiables et efficaces ainsi que d'un cadre propice aux investissements étrangers. Le représentant du Japon a souligné que les Etats membres du G-8 avaient mis en place, au cours du dernier Sommet d'Okinawa, un programme de 15 milliards de dollars sur cinq ans visant à réduire le fossé numérique, traduisant ainsi leur souci de répondre aux priorités de l'Afrique. Enfin, les pays développés se sont engagés dans leur ensemble à ouvrir davantage leurs marchés aux produits africains.

Les représentants des pays suivants se sont exprimés au cours du débat: Japon, Brésil, Afrique du Sud, Burkina Faso, Algérie, France au nom de l'Union européenne et des pays associés, Inde, Jamahiriya arabe libyenne, République de Corée, Philippines, Ethiopie, Nigéria, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Ghana, Cameroun, Norvège, Bangladesh et Egypte.

L'Assemblée générale reprendra ses travaux cet après-midi avec l'examen des points intitulés «Incidences mondiales du problème informatique posé par le passage à l'an 2000» et «Coopération entre l'ONU et la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale».

APPLICATION DU NOUVEL ORDRE DU JOUR DES NATIONS UNIES POUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE DANS LES ANNÉES 90, Y COMPRIS LES MESURES ET RECOMMANDATIONS CONVENUES LORS DE L’EXAMEN À MI-PARCOURS

Rapport du Secrétaire général (A/55/350 et Add.1)

Le rapport porte sur l’examen à mi-parcours de la mise en oeuvre du Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l’Afrique dans les années 90. Il porte essentiellement sur les activités et les initiatives pour lesquelles les organismes des Nations Unies ont communiqué des informations ainsi que sur des activités d’Etats Membres – Etats africains et pays donateurs – dans tous les cas où l’on en a eu connaissance. Considérant l’importance primordiale que revêt la question de la mobilisation de ressources financières pour la mise en oeuvre du Nouvel Ordre du jour, un additif (A/55/350/Add.1) lui est consacré.

Dans la deuxième partie du rapport, après l’introduction, il est rendu compte de ce qui a été fait depuis que le précédent rapport intérimaire a été soumis à l’Assemblée générale au mois de septembre 1998, pour donner suite aux recommandations auxquelles avait abouti l’examen à mi-parcours. Dans le domaine des réformes économiques, la mise en place de politiques macroéconomiques appropriées a considérablement progressé dans la majorité des pays africains. De même, des progrès considérables ont été accomplis en ce qui concerne la promotion du secteur privé, l’intensification du processus de démocratisation et le renforcement de la société civile, conformément aux recommandations issues de l’examen à mi-parcours. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire dans ces domaines, et il faut intensifier les efforts pour maintenir les acquis et aller encore plus loin. Dans le domaine des investissements étrangers directs, l’Afrique est toujours loin d’attirer autant de capitaux privés que les autres régions en développement. Les recommandations relatives aux mesures à prendre pour résoudre le problème de la dette de l’Afrique n’ont pas non plus été pleinement appliquées malgré les diverses initiatives qui ont été prises, notamment l’Initiative renforcée en faveur des pays pauvres très endettés. C’est dire qu’il faut encore faire beaucoup plus pour que les recommandations relatives au financement du développement auxquelles a abouti l’examen à moyen terme soient mises en pratique.

Peu de progrès ont été réalisés dans le domaine de la facilitation des échanges commerciaux et de l’ouverture des marchés, en grande partie en raison des carences de l’offre, notamment du manque de compétitivité des produits africains. La situation n’a guère changé non plus en ce qui concerne la diversification des économies africaines, les partenaires de développement de l’Afrique n’ayant pris aucune mesure concrète pour appliquer les recommandations issues de l’examen à mi- parcours. Par contre, dans les domaines de l’agriculture et de la production alimentaire et en ce qui concerne la dimension humaine – éducation, santé, population, condition de la femme, etc. – des progrès importants ont été réalisés, en particulier dans les domaines de l’éducation et de la santé. Toutefois, la production alimentaire est toujours insuffisante dans de nombreux pays africains et les progrès réalisés ces dernières années, en ce qui concerne la composante humaine, sont encore en dessous des niveaux atteints pendant les années 80. Certains d’entre eux, en particulier dans le domaine de la mise en valeur des ressources humaines et de la santé, sont même compromis par la propagation et les effets du virus de l’immunodéficience humaine/syndrome de l’immunodéficience acquise (VIH/sida), en particulier dans l’Afrique subsaharienne.

L’application des recommandations issues de l’examen à mi-parcours a également progressé dans le domaine de l’environnement et du développement. Toutefois, dans certains pays africains, la pauvreté, qui ne cesse de s’aggraver, et les conflits armés ont toujours un effet préjudiciable sur l’environnement. Il faut donc intensifier les efforts dans ce domaine pour mieux appliquer les recommandations issues de l’examen à moyen terme, en particulier en ce qui concerne la lutte contre la sécheresse et la désertification. Des efforts considérables ont été faits pour appliquer les recommandations dans le domaine de l’intégration et de la coopération régionales et sous-régionales ainsi que dans celui de la coopération Sud-Sud. Il reste encore beaucoup à faire pour renforcer la capacité institutionnelle indispensable à la coopération régionale et promouvoir la coopération Sud-Sud au moyen des échanges commerciaux et des possibilités d’investissements dans les pays africains.

Bien que des progrès considérables aient été réalisés depuis 1998, date du dernier rapport intérimaire, dans de nombreux domaines inscrits au Nouvel Ordre du jour, plusieurs facteurs continuent de faire obstacle à la bonne application des recommandations adoptées lors de l’examen à moyen terme. Pour aller de l’avant, il faut, comme le précise la troisième partie du rapport, que des efforts soutenus soient faits pour venir à bout de trois grands obstacles. Premièrement, il faut que la part des pays africains dans les échanges internationaux augmente considérablement. A cet effet, il faudrait qu’ils s’améliorent du côté de l’offre, notamment en diversifiant leur capacité de production, en réduisant le coût des transactions, en recourant aux technologies de l’information et de la communication et en modernisant les infrastructures y relatives. Il faudrait aussi qu’ils adoptent et appliquent des politiques macroéconomiques de nature à attirer les investissements étrangers directs, qu’ils renforcent la formation du capital humain et investissent dans la mise en valeur des ressources humaines. Deuxièmement, il faut que les pays africains améliorent l’épargne et l’investissement intérieurs en mobilisant davantage les revenus et en renforçant l’efficacité des intermédiaires financiers. En même temps, la communauté internationale devrait fournir des ressources supplémentaires aux pays africains. Le volume global net des apports de ressources doit être considérablement augmenté. L’aide publique au développement reste essentielle pour apporter des améliorations dans des domaines tels que l’infrastructure matérielle et les services sociaux. Troisièmement, les pays africains devraient engager une lutte sans merci contre la pandémie d’infection au VIH/sida, qui remet en question la plupart des progrès réalisés depuis qu’ils ont accédé à l’indépendance politique et va même jusqu’à compromettre leur survie.

Déclarations

M. HIDEAKI KOBAYASHI (Japon) a rappelé qu’en Afrique subsaharienne le revenu par habitant est plus bas aujourd’hui qu’en 1970 en termes réels, que sur les 44 pays les moins avancés 33 sont en Afrique et que la plupart des personnes réfugiées vivent sur le continent africain. Le représentant a ajouté que sur les 34 millions de personnes infectées par le VIH/sida, plus de 24 millions vivent en Afrique subsaharienne. Abordant ensuite les questions de la bonne gouvernance, du commerce et d’investissements, des technologies de l’information et de la communication, de l’intégration régionale et du VIH/sida, M. Kobayashi a estimé que les pays africains devaient faire preuve de volonté politique dans la promotion de la bonne gouvernance et des droits de l’homme et renforcer la transparence et la responsabilité dans l’administration publique. Il a ajouté que

la bonne gouvernance était l'une des voies de résolution des problèmes que traverse le continent. Le représentant a fait remarquer ensuite que le continent africain ne participait pas suffisamment au commerce international et ne bénéficiait pas des investissements, les exportations de l’Afrique n’ayant progressé que de 2% contre 7% pour le reste du monde. Il a souhaité que la communauté internationale aide les pays africains à renforcer leur potentiel d’exportation, appelant également les pays africains à favoriser les investissements étrangers qui pourraient les aider à bénéficier de l’expertise de leurs communautés expatriées.

Concernant les technologies de l’information et de la communication, le représentant a souhaité que le fossé numérique soit pris en compte tant par les bailleurs de fonds bilatéraux que par les institutions internationales, rappelant qu’au lendemain du Sommet du G-8 à Okinawa, le Japon a décidé de mettre en place une enveloppe globale de 15 milliards de dollars pour la résolution de ce fossé numérique sur cinq années. Il a déclaré que ce programme serait mis en œuvre avec la collaboration du PNUD, de la Banque mondiale et de l’Union internationale des télécommunications. Il a poursuivi en abordant la question de l’intégration régionale, considérant que les pays africains et les partenaires du développement doivent prendre conscience de l’importance des organisations régionales et sous- régionales dans la résolution des problèmes du continent du fait de leur proximité. L'un des fléaux qui pourrait être traité au plan régional, selon lui, est le VIH/sida et il a estimé que le combat contre cette pandémie devait être au centre des programmes de développement. Il a rappelé l’initiative japonaise du Sommet du G-8 d’Okinawa qui consiste à déployer un programme de lutte contre le sida et les autres maladies parasitaires dans les trois prochaines années pour un montant de 3 milliards de dollars. Il a également souligné l’importance de l’assistance japonaise aux pays en développement au travers de programmes tels que l’ONUSIDA. Le représentant a mis l’accent sur la Conférence internationale de Tokyo sur le développement, qui devrait se réunir de nouveau en 2001 au rang ministériel, et sur la contribution qu’elle pouvait apporter dans la réalisation des objectifs du Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l’Afrique.

Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a rappelé que le Nouvel Ordre du jour pour le développement de l’Afrique dans les années 1990, adopté en 1991 par l’Assemblée générale, fixait un cadre au partenariat de l’Afrique et de la communauté internationale et avait pour but la réalisation d’objectifs de développement. Les pays africains acceptent d’intensifier leurs efforts en matière de gestion économique, de coopération régionale, de promotion de l’investissement, de services sociaux, d’agriculture, d’environnement et de population. Les partenaires extérieurs du continent s’engagent à apporter à ces efforts le soutien financier et technique nécessaire en lui permettant notamment de dégager un revenu plus élevé grâce à des mesures d’allègement de la dette et un accès facilité aux marchés pour les exportations africaines.

Mme Ribeiro Viotti a regretté que le Nouvel Ordre du jour ait connu une application limitée. L’investissement direct en Afrique reste minimal et concentré dans quelques secteurs avec une aide publique au développement en déclin, a-elle fait observer. Les politiques d’ajustement structurel qui ont amélioré certains indicateurs macroéconomiques, n’ont pas suffi à mettre les pays africains sur la voie du développement durable. En bref, la mobilisation des

ressources destinées à la promotion de la paix, de la stabilité et du développement durable nécessite une coopération financière internationale et une implication de la communauté internationale beaucoup plus élevées. L’initiative en faveur des pays pauvres très endettés par exemple devrait être renforcée et élargie à un plus grand nombre de pays.

Après avoir rappelé que des événements récents aient pu semer le doute quant aux chances de réussite de l’Afrique, la déléguée a mis en garde contre la tendance à considérer le continent comme inextricablement immergé dans les conflits. En effet, a-t-elle précisé, il existe de nombreuses régions d’Afrique où règnent la paix et la croissance économique. Le Brésil reste déterminé à travailler au développement économique des pays africains et il espère que la communauté internationale renforcera son assistance à la région et permettra ainsi aux Africains de jouir de leurs droits fondamentaux.

M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) a indiqué qu'un des problèmes essentiels pour la mise en œuvre du Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique concerne la mobilisation de ressources financières. En effet, les taux d'épargne ont baissé, les fuites de capitaux de l'Afrique atteignent 350 milliards de dollars, les flux d'aide ont été divisés par deux entre 1992 et 1998, les termes de l'échange se sont détériorés et la dette a continué de s'accroître, a-t-il fait remarquer. Il a également souligné que le revenu par habitant a décliné de 749 dollars en 1980 à 688 dollars en 1998. Cependant, en dépit de ces sombres statistiques, le représentant a déclaré que l'Afrique se trouve à un tournant de son histoire et fait face à un futur beaucoup plus radieux. En effet, les Africains ont entrepris de définir leurs propres priorités, dans un processus que l'on pourrait qualifier de «Renaissance» africaine. Cette Renaissance se manifeste par l'établissement de systèmes politiques démocratiques à même de satisfaire les intérêts parfois divergents de différents groupes sociaux et par la mise en place d'institutions susceptibles de garantir la démocratie, la paix et la stabilité. Elle consiste également à faire évoluer le positionnement de l'Afrique dans l'économie mondiale en lui permettant de s'affranchir du joug de la dette extérieure et à faire en sorte qu'elle ne produise plus exclusivement des matières premières.

L'Afrique doit aujourd'hui faire face à de nombreux défis, a indiqué le représentant, et pour cela, nous avons besoin de considérations pratiques. Il importe en premier lieu de procéder à une évaluation des initiatives qui ont été prises, qu'elles soient régionales, multilatérales ou bilatérales. Il importe également de voir dans quelle mesure il est possible d'articuler entre elles les différentes initiatives en faveur de l'Afrique, et en particulier le UN-NADAF avec le Groupe à composition non limitée sur les causes des conflits et la promotion d'une paix durable en Afrique. Le représentant a également reconnu qu'il n'y aura pas de développement durable sans paix et sans sécurité. A cet égard, il a regretté que 16 mois après que les Accords de Lusaka, relatifs au conflit en République démocratique du Congo, aient été signés, le Conseil de sécurité n'ait toujours pas fait régner la paix dans la région.

M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a rappelé que l'objectif premier du Nouvel Ordre du jour des Nations Unies était d'accélérer la transformation, l'intégration, la diversification et la croissance économique des pays africains, de les rendre moins vulnérables aux chocs extérieurs, d'accroître leur autonomie et leur dynamisme et de pérenniser le processus de développement. En dépit de efforts fournis, l'Afrique reste aux prises avec de graves problèmes socioéconomiques accentués par un certain nombre de facteurs endogènes et exogènes, tels que la mondialisation, les investissements et l'endettement. La mondialisation bien que présentant des avantages certains pour l'économie mondiale et singulièrement pour les pays industrialisés, crée en revanche de nouveaux problèmes et apporte des contraintes aux pays africains qui se voient marginalisés, a estimé le représentant. Les recettes d'exportation et la survie de la majorité des pays africains continuent de dépendre de certains produits de base dont les prix, dans leur ensemble, ont beaucoup baissé depuis 1998 grevant ainsi le taux de l'épargne intérieur et de l'investissement. M. Kafando a également cité la baisse drastique de l'aide publique au développement, le surendettement des pays africains et la pandémie du VIH/sida comme autant d'entraves au développement socioéconomique du continent.

Le Burkina Faso en appelle à la conscience internationale, pour l'adoption et la mise en oeuvre de nouvelles mesures, notamment pour aider à la lutte contre la pauvreté et pour stimuler la croissance. Selon le représentant, le drame de l'Afrique découle du fait que la croissance démographique l'emporte de loin sur la production alimentaire par habitant et que la dégradation rapide de l'environnement est préjudiciable aux rendements agricoles. Il faut donc intégrer les questions de population, d'environnement et de développement agricole dans les politiques de planification du développement et de lutte contre la pauvreté, a-t- il dit, estimant par ailleurs que si les Etats africains se doivent d'adopter des mesures adéquates et urgentes pour sortir de l'impasse, notamment en recourant à la bonne gouvernance, il devient impérieux de les aider à mobiliser les ressources nécessaires pour financer leur développement.

M. ABDELKADER MESDOUA (Algérie) a constaté qu'en dépit de quelques progrès observés dans quelques domaines, les mêmes conditions qui avaient justifié le lancement du Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90 (UN-NADAF) au début de la décennie, continuaient de prévaloir en 1996 lors de la revue à mi-parcours. Malgré les innombrables difficultés et les limites objectives de leurs ressources, les Etats africains se sont sérieusement investis dans la mise en œuvre des actions convenues et ont honoré une bonne partie de leurs responsabilités. Devant les perspectives difficiles entrevues pour le continent, des mesures et recommandations particulières ont été proposées à l'effet de poursuivre et d'accélérer l'UN-NADAF. C'est donc avec un grand intérêt que l'Afrique attend la revue finale en 2002, a déclaré le représentant, affirmant par ailleurs que l'évaluation indépendante autant que l'examen final de l'application de l'UN-NADAF demeureraient incomplets s'ils ne s'inscrivaient pas dans une optique de continuité dans le soutien de la communauté internationale au développement de l'Afrique. La réflexion et la concertation d'ici à 2002 devraient tendre vers l'élaboration d'un autre cadre ou programme de coopération qui succèderait à l'UN-NADAF.

A cet égard, le représentant de l'Algérie a estimé que la réflexion sur l'arrangement de succession à l'UN-NADAF devrait être guidée par plusieurs principes dont un engagement effectif de la communauté internationale dans un esprit de partenariat véritable avec l'Afrique et un respect pour les priorités africaines telles que définies par les Africains dans leurs stratégies nationales et régionales de développement; une adaptation de la coopération avec le continent pour prendre en charge les nouvelles priorités induites par le phénomène de la mondialisation; une plus grande implication de l'OUA et une identification adéquate des besoins du continent, notamment. Selon lui, la réunion internationale sur le développement, la 3e Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés et la session spéciale de l'Assemblée générale sur le VIH/sida devraient toutes garder présentes la dimension particulière de la situation de l'Afrique pour consolider le consensus en faveur d'un effort singulier au profit du continent africain. La revue finale de l'UN-NADAF en 2002 offre, a-t-il dit, une opportunité de choix au reste du monde pour réfléchir à un véritable programme mondial d'appui à l'Afrique, à l'image de ce qu'a été le «Plan Marshall» pour l'Europe sortie exsangue de la Deuxième Guerre mondiale. Ne serait-il pas tout aussi juste que l'Afrique ait également sa chance, a interrogé le représentant de l'Algérie.

M. YVES DOUTRIAUX (France), s'exprimant au nom de l'Union européenne et des pays associés, a déclaré qu'en tant que premier bailleur de fonds et premier partenaire commercial du continent africain, l'Union européenne attachait une importance particulière au succès du Nouvel Ordre du jour pour le développement de l'Afrique. Il a rappelé que le continent africain, en particulier l'Afrique subsaharienne qui compte 33 des 48 pays officiellement classés PMA, était la région prioritaire de la coopération de l'Union européenne. Cependant, tout en reconnaissant la faiblesse des ressources intérieures mobilisables dans les pays africains, le représentant a souligné l'importance de la création, par les pays en développement eux-mêmes, d'un environnement favorable au développement par la promotion de l'Etat de droit, des droits de l'homme, mais aussi par une saine gestion des affaires publiques passant en particulier par la mise en place de systèmes fiscaux fiables et efficaces. Il va de soi que les ressources ainsi mobilisées doivent être orientées vers la satisfaction des besoins sociaux de base des populations, a ajouté le représentant.

L'aide publique au développement doit venir en sus de la mobilisation des ressources nationales et jouer un rôle essentiel de catalyseur pour la mobilisation, vers les pays en développement, de flux privés et de financements directs internationaux, a précisé le représentant. Il a ajouté que s'agissant de l'Afrique, il était crucial de parvenir à accroître les flux d'investissements directs internationaux, car le continent n'attire pour l'instant que 4,5% du total des investissements directs internationaux dans les pays en développement. Le représentant a souligné par ailleurs que l'accès des pays africains aux marchés des pays développés constituait un facteur important pour leur développement économique et que l'Union européenne considérait comme essentielle l'intégration de l'Afrique dans l'économie mondiale. Pour cette raison, l'Union européenne compte ouvrir plus largement encore son marché aux produits africains en travaillant à l'élimination des droits de douane et des quotas. Le représentant a invité d'une façon générale les autres nations industrialisées à suivre l'effort de l'Union européenne d'ouverture commerciale vis-à-vis des produits manufacturés en provenance des pays africains.

M. VIJAY KUMAR MALHOTRA (Inde) a souhaité que les meilleures intentions et la bonne volonté se traduisent par l’allocation des ressources nécessaires à l’Afrique pour la mise en œuvre du Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l’Afrique. Il a regretté que, depuis la mise en œuvre du Nouvel Ordre du jour, l’Aide publique au développement (APD) ait chuté de 24% en termes réels et que l’Afrique ait perdu progressivement sa place dans le commerce international entre 1970 et 1997, perte qui représente annuellement un manque à gagner de 68 milliards de dollars et de 20% du PIB alors que pour atteindre les objectifs de développement, il faut maintenir une croissance de 8%. Il a regretté que la baisse de l’APD et des flux financiers internationaux intervienne au moment où l’Afrique est engagée dans des réformes économiques, ajoutant que l’APD était mieux utilisée aujourd’hui mais insuffisante, l’Afrique étant la seule région du monde où le revenu par habitant a chuté de 749 dollars en 1980 à 688 en 1998. Le représentant a ajouté que, pour atteindre les objectifs de croissance économique, l’Afrique subsaharienne devait maintenir un taux d’investissement de l’ordre de 30 à 40% de son PNB, alors que le taux d’épargne est de 18%. Pour compenser le déficit de ressources de l’ordre de 22 à 27% par an, l’Afrique a besoin de ressources financières extérieures. Il a ajouté que ces questions auraient pu être résolues par une intervention efficace des partenaires internationaux, puis il a mis en évidence la détérioration de l’APD qui a chuté de 19,7 milliards en 1992 à 9,7 milliards en 1998, de même que celle des flux de capitaux entre 1995 et 1998. Le représentant a estimé qu'avec la fin de la guerre froide, les pays riches n'auraient pas dû se détourner des pays en développement dans lesquels ils maintiennent tout de même une expertise et une assistance technique étrangère qui absorbe à elle seule près de 24% de l’APD. Il a estimé que les 100.000 experts étrangers travaillant sur le continent africain coûtaient environ 4 milliards de dollars par an et a regretté que l’APD ne soit pas gérée par des gouvernement démocratiquement élus, mais par des structures parallèles mises en place par les bailleurs de fonds.

Le représentant a poursuivi en déclarant que les pertes de l’Afrique sur les termes de l’échange représentaient 70% de l’APD et dépassent tous les flux financiers. Il a émis l'espoir que la communauté internationale soutiendra le continent africain pour lui permettre de pénétrer davantage les marchés internationaux. La délégation indienne considère que les bailleurs de fonds se doivent d'éponger la totalité de la dette des pays africains, et a rappelé dans ce contexte que celle-ci est évaluée à près de 350 milliards de dollars, ce qui représente aussi le montant de la fuite des capitaux. Il a souhaité que les gouvernements des pays développés s’engagent à mettre ces capitaux au service du développement du continent africain, estimant que cet argent appartient au peuple africain et ne peut être conservé dans des banques occidentales. Il a conclu en déclarant que l’Inde avait toujours accordé une importance à la coopération avec l’Afrique, mentionnant les stages de formation accordés aux Africains dans divers domaines tels que l’économie, les énergies renouvelables ou les nouvelles technologies. Il a indiqué que son pays continuera d'œuvrer énergiquement en faveur du développement de l’Afrique dans l’esprit de la coopération Sud-Sud.

M. ISA AYAD BABAA (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que la réflexion sur le Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90 (UN-NADAF) permet en même temps d'examiner les défis que le continent africain doit relever pour son développement et de faire l'inventaire des actions déjà engagées. Une nouvelle occasion s'offre ainsi à l'Afrique d'examiner ce qu'elle peut faire par ses propres moyens en comptant sur le soutien de la communauté internationale. Le représentant a expliqué qu'il était nécessaire de créer des partenariats avec les organisations non gouvernementales et tous ceux qui peuvent avoir une influence en matière de développement. Des progrès ont été accomplis dans le domaine des réformes économiques, de développement du secteur privé et de l'appui aux collectivités locales, a-t-il dit, mais les perspectives restent assombries par l'endettement du continent, la pandémie de VIH/sida et la pauvreté qui règne en maître. Les investissements n'ont pas progressé et le cours de certaines matières premières a fortement baissé, a encore constaté le représentant, mentionnant aussi la marginalisation du continent dans le processus de mondialisation.

Les guerres et les catastrophes naturelles ont également leur part de responsabilité dans la situation du continent aujourd'hui, a-t-il dit, estimant que la communauté internationale doit continuer d'appliquer la priorité à l'Afrique pour soutenir le continent et mettre en œuvre le UN-NADAF dont on sait qu'il doit prendre fin dans deux ans. Nous considérons que la stratégie pour le développement durable de l'Afrique doit envisager d'abord l'éradication de la pauvreté qui engendre des conflits et ensuite trouver une solution radicale au problème de l'endettement de l'Afrique qui entrave son développement économique, a-t-il dit. Il faut envisager l'annulation de la dette et mettre en place des stratégies efficaces de lutte contre le VIH/sida en mettant l'accent sur la prévention, a-t-il ajouté. Le représentant a encore cité la désertification du continent, estimant qu'il faut assurer une sécurité en eau et rétablir un équilibre entre la croissance démographique et la croissance économique en Afrique. Il a émis l'espoir de voir l'agriculture se développer notamment en envisageant une participation active des femmes au processus.

Selon le représentant de la Libye, il faut améliorer la part de l'Afrique dans la mondialisation. L'Afrique devrait avoir son mot à dire dans les processus de décisions économiques mondiaux. Les grandes puissances devraient non seulement cesser d'exploiter les ressources du continent ou les acheter à bas prix, mais aussi ne plus intervenir dans les affaires intérieures des pays africains, a-t-il dit. Pourquoi les Etats colonisateurs du passé n'envisagent-ils pas d'offrir des dédommagements pour les pillages auxquels ils se sont livrés pendant la période coloniale, a-t-il demandé, estimant encore que les pays africains devraient recevoir des dommages et intérêts pour cette époque de leur histoire. Il ne faut pas que l'Afrique soit marginalisée, elle doit rester unie pour que le continent retrouve la place qu'il mérite. Il a par ailleurs estimé que les pays africains doivent tabler sur la complémentarité de leurs économies dans leurs efforts de développement. L'Afrique doit pouvoir aussi bénéficier de la révolution technologique. Les Nations Unies auront échoué sur le plan moral et politique si elles n'arrivent pas à promouvoir le développement de l'Afrique, a-t-il encore déclaré.

M. SUN JOUN-YUNG (République de Corée) a rappelé les engagements pris par les chefs d'Etat et de gouvernement lors du Sommet du millénaire pour combattre la pauvreté et le sous-développement. Il a déclaré qu'il est maintenant urgent d'honorer ces engagements et de mettre en œuvre le Nouvel Ordre du jour. Il a souligné qu'il s'agit de défis complexes et qu'il est nécessaire d'élaborer une approche globale et intégrée qui prenne en compte les dimensions socioéconomiques, politiques et institutionnelles des problèmes. Le représentant a souligné plus particulièrement deux points. D'une part, le besoin urgent de mettre fin aux conflits armés en Afrique. En effet, ces conflits portent atteinte à la vie et à la propriété et détournent des ressources rares d'usages plus productifs, a-t-il indiqué. A cet égard, le représentant a salué le rapport Brahimi et le rapport du Groupe de travail à composition non limitée sur les causes des conflits et la promotion d'une paix durable en Afrique. D'autre part, il a affirmé qu'il est nécessaire d'explorer de nouvelles voies afin de mobiliser davantage de ressources et de promouvoir les exportations des pays africains. Il s'est inquiété de voir que pour l'instant les ressources disponibles, et notamment les flux de capitaux, sont loin de couvrir les besoins et a exhorté les bailleurs de fonds et les pays bénéficiaires à travailler ensemble pour combler ce fossé. Ainsi, il a appelé les pays bénéficiaires à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour promouvoir la bonne gouvernance et les réformes administratives et les bailleurs de fonds à fournir les ressources financières de manière plus prévisible et opportune. Enfin, il a souligné qu'il est nécessaire d'utiliser l'assistance financière et technique pour lever les contraintes pesant sur l'offre et amender les conditions de la production, en améliorant la qualité des biens produits, en modernisant les infrastructures et en développant le marketing et l'emballage des produits.

M. MIGUEL R. BAUTISTA (Philippines) a mis en avant les progrès accomplis par l’Afrique dans le domaine de l’intégration régionale et notamment les efforts effectués par la Commission économique pour l’Afrique pour fournir une assistance technique en faveur du développement d’une communauté économique régionale. Il s’est notamment félicité de ce que la CEA se soit efforcée de favoriser la formulation des positions africaines lors de la Conférence de l’Organisation mondiale du commerce de Seattle et de la CNUCED X à Bangkok.

Ma délégation espère que l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés dans sa version améliorée réussira là où les précédentes initiatives ont échoué, a fait valoir le représentant. Nous espérons en particulier que l’Initiative prendra en compte, entre autres choses, la capacité de paiement. Nous voulons aussi relayer une préoccupation largement partagée concernant les ressources distraites de l’Aide publique au développement par la nouvelle Initiative. La façon dont l’aide est apportée doit aussi évoluer. Elle doit devenir plus prévisible et prendre en compte l’état de sous-développement du pays. Il est d’un autre côté de la responsabilité des pays bénéficiaires de s’assurer que l’infrastructure nécessaire est mise en place et que ce sont les plus pauvres et les plus vulnérables qui bénéficient de l’aide.

Le représentant a indiqué que les Philippines ont noué des relations diplomatiques avec des pays d’Afrique avec lesquels elles n’avaient pas jusqu’alors de relations officielles. Il a fait valoir que son pays avait endossé une politique active de relations étroites avec ses frères du monde en développement dans le cadre de la coopération Sud-Sud et qu’il escomptait des résultats concrets produits par l’échange d’expériences notamment en matière de

formation par des pays tiers dans le domaine de la création de capacité et du renforcement institutionnel, l’envoi d’experts, les échanges universitaires et les bourses scolaires. Il a exprimé l’espoir que ces efforts visant à intensifier la coopération de son pays avec l’Afrique, joints à ceux de la communauté internationale, feront la différence.

M. ABDULMEJID HUSSEIN (Ethiopie) a déclaré que malgré les efforts déployés par les pays africains pour mettre en place des politiques macroéconomiques adéquates, intensifier le processus de démocratisation ou renforcer la société civile, les problèmes économiques et sociaux du continent restent inquiétants. L'Afrique malgré ses grandes ressources reste la région du monde la plus pauvre avec une pléthore de pièges au développement tels que la pandémie du VIH/sida. En outre, dans les années 90, l'environnement économique n'a pas été favorable au soutien d'une croissance durable en Afrique. L'aide publique au développement est en constante diminution, a également constaté le représentant, considérant par ailleurs que les efforts pour alléger la dette des pays africains restent trop faibles tandis que la part de l'Afrique dans le commerce international a diminué.

Selon le représentant de l'Ethiopie, il est primordial de faire l'inventaire de nos forces et faiblesses dans l'application du Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90 (UN-NADAF). Il est nécessaire que la communauté internationale prenne des initiatives sérieuses dans le sens d'un allègement de la dette, sinon de sa suppression, pour permettre à l'Afrique d'emprunter la voie du développement durable, a-t-il dit. Le représentant a également estimé que les partenaires de l'Afrique devraient fournir, en plus de l'aide au développement, des incitations pour encourager leurs entreprises à s'installer en Afrique. Considérant que le développement de l'Afrique relève de la responsabilité des pays africains, il a déclaré que le continent doit renforcer ses efforts de réforme pour créer un environnement favorable à la croissance et au développement durables.

M. A.D.E. OSIO (Nigéria), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a rappelé que les pays africains étaient confrontés à de nombreux défis tels que les conséquences de la mondialisation qui ont conduit à sa marginalisation. Il a en outre estimé que la pandémie du VIH/sida était en passe d’anéantir le développement de l’Afrique qui comptait, en 1999, 24 millions de personnes infectées, leur nombre ayant augmenté de 4 million au cours de cette seule année. Le représentant a souligné que la population active du continent et la communauté internationale devaient agir d’urgence pour soutenir les initiatives des pays africains, souhaitant que la Conférence internationale sur le VIH/sida qui se tiendra l’année prochaine à Abuja, soit l’occasion de définir un plan d’action. Abordant la question de la mondialisation, il a regretté la diminution des flux de capitaux privés vers l’Afrique, de même que celle de l’aide publique au développement. Il a souhaité que la communauté internationale accorde une place plus importante aux exportations africaines et contribue également au renforcement du rôle de l’Afrique dans le nouveau commerce électronique international, saluant l’initiative japonaise de mettre en place, au lendemain du Sommet du G-8 à Okinawa, un programme en faveur du développement des technologies de l’informations dans les pays en développement. Le représentant a ensuite

évoqué les conséquences de la dette sur le développement, rappelant que le service de la dette absorbait 33% du PNB du continent africain et que seule une annulation totale de la dette pourrait aider l’Afrique. Il a reconnu que le Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l’Afrique représente un cadre idéal pour le développement socioéconomique de l’Afrique, mais que les préalables devaient être la mobilisation de ressources internes et extérieures, la promotion et la mobilisation du secteur privé et la résolution du problème de la dette ainsi que de l’accès des produits africains aux marchés internationaux. Enfin, le représentant a souhaité que les pays développés contribuent à renforcer la formation et l’éducation dans les pays en développement. Il a conclu en affirmant que le Groupe des 77 et la Chine apporteront tout leur soutien aux initiatives des Nations Unies en faveur du développement, notamment le Nouvel Ordre du jour.

M. NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a déploré l'incapacité de la communauté internationale à mettre en œuvre des politiques concrètes sur l'accès aux marchés, l'allègement de la dette, les flux internationaux de capitaux et l'octroi de flux d'aides susceptibles d'avoir un effet de levier sur la croissance et le développement de l'Afrique. Pour ces raisons, il a salué l'initiative UN-NADAF. Il a reconnu que les initiatives en faveur de l'Afrique sont nombreuses mais a cependant remarqué que la prolifération de projets ne signifie pas nécessairement que l'on enregistre des progrès. Il a plaidé pour une approche intégrée des problèmes et pour la création de liens entre la troisième Conférence sur les pays les moins avancés, la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le VIH/sida et la conférence intergouvernementale sur le financement du développement.

Le représentant a appelé la communauté internationale à s'engager fermement en faveur de l'annulation de la dette et en faveur d'un accord permettant aux produits africains d'accéder aux marchés. Cela suppose de régler le plus rapidement possible les questions liées au commerce des produits agricoles, des produits textiles et du cuir. Il a également exhorté les principaux pays industrialisés à fournir des ressources supplémentaires à la Banque mondiale ainsi qu'aux agences nationales d'aide afin d'élargir les possibilités de crédit à l'exportation et les garanties d'investissement. Par ailleurs, le représentant s'est inquiété de la baisse des flux de l'Aide publique au développement et a insisté sur la nécessité de coordonner l'APD afin de maximiser son impact.

M. MARTIN BELINGA-EBOUTOU (Cameroun) a constaté que dans deux ans les Nations Unies célèbreront le 10e anniversaire du Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90 (UN-NADAF). Cet agenda fait-il partie lui aussi de la prolifération des déclarations non suivies d'application, s'est interrogé le représentant. Le Cameroun se réjouit des efforts déployés par la communauté internationale pour doter le continent africain des ressources financières supplémentaires afin de lui permettre d'améliorer le niveau de vie de sa population et de lutter contre la pauvreté. De leur côté, les pays africains, dans leur immense majorité, ont pris des mesures pour une réforme économique de vaste portée dans des cadres structurels et sectoriels et des résultats ont été obtenus au prix parfois d'énormes sacrifices, a-t-il dit, constatant par ailleurs que l'Aide publique au développement accordée à l'Afrique a baissé, que les investissements privés directs se détournent du continent et que le poids de la dette extérieure s'accroît. Il découle de ces considérations que le UN-NADAF n'a pas répondu de façon satisfaisante aux attentes, a estimé le représentant. Il importe dès lors de prendre des mesures correctives pour imprimer une dynamique nouvelle à la mise en œuvre de ce programme.

Le représentant a rappelé que le Secrétariat général de l'ONU se doit de jouer un rôle d'Avocat général de l'Afrique en mobilisant en permanence l'opinion internationale en faveur du continent et qu'il revient au PNUD et à la CEA de formuler des projets d'activités concrètes et opérationnelles. Cette conception approuvée par l'Assemblée générale semble n'avoir pas été respectée, a-t-il dit, estimant que le flou artistique résultant de ce non-respect semble être pour beaucoup dans le peu de progrès accomplis dans la mise en œuvre du UN-NADAF. Cette mise en œuvre a souffert d'un manque de volonté politique, d'une insuffisance de coordination et de cohésion, a ajouté le représentant. Tout cela a eu pour effet la dispersion des énergies, la baisse du niveau des activités, la mobilisation inadéquate de ressources et l'utilisation non rationnelle de celles existantes, a-t-il encore dit.

M. ARNE HONNINGSTAD (Norvège) a déclaré que les entraves au développement dans les pays africains ne sont pas seulement endogènes: la dette extérieure pèse trop lourd sur les économies, les flux d'aide sont trop faibles, les obstacles aux exportations de l'Afrique sont considérables et le fossé numérique ne cesse de grandir. Il s'agit là de défis de la plus haute importance, a déclaré le représentant. En effet, la réduction de la pauvreté est essentielle non seulement au développement économique, mais également à la stabilité politique et à la sécurité dans la région et dans le monde. Insistant sur la nécessité de renverser la tendance à la baisse de l'aide publique au développement, le représentant a déclaré que la Norvège considère en ce moment la possibilité de consacrer 1% de son PNB à l'aide au développement. Cependant, ni l'aide bilatérale ni les accords multilatéraux ne peuvent se substituer à des responsabilités qui se posent essentiellement au niveau des nations, a-t-il ajouté. La responsabilité des stratégies de développement revient à l'Afrique, et ces stratégies de développement seront d'autant plus efficaces qu'elles seront mises en oeuvre dans un environnement politique stable et qu'elles comprendront des objectifs économiques et sociaux, portant sur la santé, l'éducation et l'égalité entre les sexes. Le représentant s'est félicité de ce que de nombreux Etats africains aient choisi d'entreprendre des réformes depuis le début des années 90. Cependant, il a déploré que de nouvelles guerres aient éclaté et que certains conflits civils continuent, constituant une menace pour la stabilité et le futur du continent. En conclusion, il a rappelé que le rôle de la communauté internationale consistait en premier lieu à renforcer et à soutenir les initiatives prises par les pays africains eux-mêmes.

M. MUSTAPHA CHOWDHURY (Bangladesh) a fait remarquer que depuis un certain temps déjà, la communauté internationale s’efforçait de placer les besoins spécifiques de l’Afrique au nombre des priorités dans les calendriers du développement. Nous avons débattu longuement des questions du développement africain lors des différents forums mondiaux et beaucoup de suggestions ont été faites, a-t-il fait observer. Malheureusement, les actions ne vont pas au rythme des mots; en fait elles restent loin en arrière.

Le représentant a cité quelques données, extraites du rapport du Secrétaire général, qui illustrent l’évolution du développement africain, notamment la baisse annuelle de l’aide publique au développement au rythme de 24% par an depuis 1990, le revenu net consolidé de l’Afrique qui est passé de 26 millions de dollars en 1997 à 17,1 millions en 1998 ou encore le service de la dette qui représentait 21,3% des exportations en 1997 contre 30% en 1999.

Les grandes conférences mondiales des années 90 nous ont donné des directives sur la manière de combattre le sous-développement et la pauvreté, a fait valoir le représentant. Mettant en pratique les principes ainsi dégagés, la plupart des pays ont défini leur plan national d’action. Il est ironique qu’au moment où les mécanismes nationaux sont prêts à fournir un meilleur rendement des investissement, le soutien et l’assistance internationales se tarissent. Il est également dommage que nous ne soyons pas prêts à des initiatives hardies pour joindre nos forces à l’Afrique et l’aider à combattre les racines du sous- développement. Nous avons non seulement un devoir moral de conjuguer nos efforts individuels et d’apporter notre soutien à l’Afrique, c’est également une nécessité urgente et désespérée, a déclaré le représentant.

M. AHMED ABOULGHEIT (Egypte) a fait observer que le Nouvel Ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l’Afrique dans les années 90 prévoyait des réformes courageuses en faveur du développement africain et que pourtant ce continent reste en proie à de graves difficultés. Le développement de toute société relève de la responsabilité des sociétés en question mais il faut reconnaître cependant que certains problèmes tels que la maladie ou la pauvreté constituent des obstacles au développement des pays africains, a-t-il fait valoir. La communauté internationale n’a pas réussi à créer un climat favorable au développement de l’Afrique et la crise internationale des années 90 a encore alourdi ses difficultés; l’insuffisance du financement, le manque d’infrastructures financières sont également des obstacles au développement. La mondialisation a eu de son côté des effets pervers sur les marchés des capitaux, exacerbé la concurrence, limité les exportations des pays en développement et surtout celles des pays africains.

Les propositions d’aide au développement n’ont pas pris en compte les incidences sur le tissu social et économique des pays africains, a-t-il déclaré. L’Aide publique au développement a encore chuté alors que le chiffre de O,7% du PNB des pays développés a pourtant été fixé comme objectif et que cette aide reste une source principale de financement pour un grand nombre de pays d’Afrique. Cette baisse met en cause la responsabilité des pays donateurs, a-t-il fait valoir. La part des investissements en Afrique ne dépasse pas 6% de la totalité des investissements dans les pays en développement. Ce continent est confronté à une situation tragique. La pandémie de sida qui dévaste le continent, menace l’équilibre économique et social de nombreux pays africains.

Le représentant a lancé un appel en faveur d’une augmentation de l’Aide publique. La Conférence qui se tiendra en mai prochain à Bruxelles permettra de revoir les programmes de financement et les projets de développement en tenant compte des besoins des pays africains et de favoriser au plan externe un climat qui permette d’atteindre cet objectif.

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