En cours au Siège de l'ONU

AG/SHC/502

DES DELEGATIONS INSISTENT SUR LES IMPERATIFS D'OBJECTIVITE ET DE NON-SELECTIVITE LORS DE L'EXAMEN DE SITUATIONS DES DROITS DE L'HOMME

2 novembre 2000


Communiqué de Presse
AG/SHC/502


DES DELEGATIONS INSISTENT SUR LES IMPERATIFS D’OBJECTIVITE ET DE NON-SELECTIVITE LORS DE L’EXAMEN DE SITUATIONS DES DROITS DE L’HOMME

20001102

La Troisième Commission (affaires sociales, humanitaires et culturelles), a terminé cet après-midi ses débats sur les questions relatives aux droits de l’homme qui avaient été entamés le 24 octobre par une discussion avec Mme Mary Robinson, Haut Commissaire aux droits de l’homme. Plusieurs délégations qui ont pris la parole au cours de la séance ont de nouveau insisté sur l’interdépendance de tous les droits tandis que d’autres ont souligné les impératifs d'objectivité, d'impartialité et de non-sélectivité.

A cet égard, le représentant de Chypre s'est dit convaincu que la sélectivité, associée à l’opportunisme politique, est un obstacle à la pleine réalisation des droits de l'homme, et que les solutions fondées sur de telles considérations ne débouchent que sur un sentiment d'injustice et ne peuvent donc aboutir à une paix durable. De son côté, le représentant de la Fédération de Russie a déclaré que la violence que l'on observe au Kosovo, en République fédérale de Yougoslavie, illustre bien les conséquences d'une approche ôtant à la question des droits de l'homme son caractère impartial et non-sélectif. La représentante de l'Ukraine a ensuite ajouté que ce type d'approche dans l'examen des questions et des situations relatives aux droits de l'homme est, en outre, source de confrontation et entrave les travaux au sein du système des Nations Unies.

Pour sa part le représentant de Cuba a regretté que certaines délégations aient décrit la situation des droits de l'homme par de "longues énumérations arrogantes et sélectives" omettant leur propre pays. Critiquant les déclarations de l'Union européenne, qui a mentionné 48 pays tout en oubliant de dire que presque tous ces pays ont été des colonies, des Etats-Unis, de l’Australie et du Canada, il a affirmé que la liberté et la démocratie ne sont pas le patrimoine exclusif des pays du Nord à qui personne n’a accordé la faculté de décider de l'organisation politique et sociale des autres pays.

Le représentant du Bélarus a présenté, au nom des coauteurs, un projet de résolution sur les mesures à prendre contre les activités néonazies et toutes les idéologies et pratiques fondées sur la discrimination ou la supériorité raciales ou ethniques.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Fédération de Russie; Erythrée; Chypre; Grèce; Ukraine; République islamique d'Iran; Cuba. L'observatrice de la Palestine et le représentant de la Banque mondiale ont également participé au débat. Les délégations des pays suivants ont exercé leur droit de réponse: Kirghizistan; Sri Lanka; République populaire démocratique de Corée; Estonie; Lettonie; Israël; Turquie; Pakistan; Fédération de Russie; Chypre. L'observatrice de la Palestine a également exercé son droit de réponse.

La Commission reprendra ses travaux vendredi 3 novembre, à 10 heures.

ELIMINATION DU RACISME ET DE LA DISCRIMINATION RACIALE

Présentation d’un projet de résolution

Par un projet de résolution présenté par le représentant du Bélarus intitulé «Mesures à prendre contre les activités néonazies et les idéologies et pratiques fondées sur la discrimination ou la supériorité raciales ou ethniques» (A/C.3/55/L.25/Rev.1), l'Assemblée générale, convaincue que toute doctrine de supériorité fondée sur des différences de race est scientifiquement fausse, moralement condamnable et socialement injuste et dangereuse, et que rien ne justifie, où que ce soit, la discrimination raciale, en théorie ou dans la pratique; vivement alarmée par la récente intensification des activités des groupes et organisations néonazies et se déclarant gravement préoccupée par la montée des doctrines fondées sur la discrimination ou la supériorité raciales ou techniques, et par la coordination croissante de leurs activités dans des sociétés tout entières, demanderait instamment à tous les Etats d’adopter, à titre hautement prioritaire, des mesures appropriées pour éliminer les activités et empêcher la diffusion d’idées fondées sur la discrimination ou la supériorité raciales ou ethniques, y compris le néonazisme et toutes les idéologies et pratiques reposant sur la discrimination ou la supériorité raciales ou ethniques, conformément à leur régime juridique national et aux dispositions de la Déclaration universelle des droits de l’homme, des Pactes internationaux relatifs aux droits de l’homme et de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale.

QUESTIONS RELATIVES AUX DROITS DE L’HOMME

Fin du débat général

M. SERGEY N. KAREV (Fédération de Russie) a indiqué que la violence, les fléaux sociaux et les violations des droits qui prévalent au Kosovo, en République fédérale de Yougoslavie, illustrent bien les conséquences d'une approche qui se permettrait d'ôter à la question des droits de l'homme son caractère impartial et non-sélectif. A propos de la situation au Kosovo, qu'il a qualifiée de tragique, M. Karev a ajouté que sa délégation ne peut accepter que la population serbe et les autres minorités nationales se soient retrouvées exclues du processus démocratique. Cela, a-t-il dit, aura des conséquences négatives sur un règlement éventuel du conflit. La Fédération de Russie, qui a salué la réintégration de la République fédérale de Yougoslavie au sein de l'ONU, est en faveur d'une application totale et inconditionnelle de la résolution 1244 du Conseil de sécurité sur le Kosovo, en République fédérale de Yougoslavie. Le Représentant a ajouté que l'intégrité territoriale de ce pays est la principale clé de la crise.

Evoquant la crise au Moyen-Orient, M. Karev a appelé à un retrait immédiat des forces israéliennes afin que celles-ci ne soient pas en contact avec la population palestinienne. Par ailleurs, il a notamment insisté sur l'arrêt de la violence, le respect des lieux saints, et, pour ce qui est du conflit sur le plan régional, sur l'application des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité. Le représentant a ensuite critiqué le régime Taliban en Afghanistan. Dénonçant le terrorisme, le trafic de la drogue et les graves violations aux droits de l'homme dans ce pays, il a appuyé l’idée de poursuivre les responsables de ces crimes devant un tribunal international.

M. Karev a affirmé qu'en Russie, la vie normale reprend progressivement. Il a indiqué, en ce qui concerne la Tchétchénie, que des mesures sont envisagées contre les responsables de violations des droits de l'homme dans cette république. Mais il a souligné que la Fédération de Russie est convaincue, comme l'a récemment déclaré le Président russe, que la seule issue au conflit ne peut être que politique. Le Gouvernement russe n'accepte pas d'ingérence étrangère sur cette question. Toujours dans le cadre de ce problème, M. Karev, a affirmé que son pays est contre le terrorisme, le trafic d'esclaves et les prises d'otages. Il a enfin exprimé sa préoccupation quant au sort de ses compatriotes russes en Lettonie et en Estonie. La pratique de ces deux pays, a-t-il dit, s'apparente à de l'épuration ethnique.

MME SOMAIA BARGHOUTI (Observatrice de la Palestine) a expliqué que la situation des droits de l'homme du peuple palestinien entre dans le mandat de la Commission des questions politiques spéciales et de la décolonisation et sera bientôt discutée dans ce cadre. Toutefois, a-t-elle ajouté, la gravité de la situation actuelle dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem, nous oblige à nous adresser à la Troisième Commission pour souligner certains points qui préoccupent particulièrement notre délégation.

L’observatrice a déclaré que, contrairement à ce à quoi on s'attendait, la situation dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem, s'est détériorée au point de mettre en danger la paix et la stabilité dans la zone et dans l'ensemble de la région du Moyen-Orient. Le peuple palestinien continue sur une grande échelle d'être soumis à des violations graves, systématiques, des droits de l'homme de la part de la puissance occupante. Le fait qu'Israël poursuive son occupation est à la racine de toutes les autres violations. Depuis le 28 septembre 2000, Israël, la puissance occupante, a fait un usage excessif et indiscriminé de la force contre les civils palestiniens, tuant plus de 160 personnes et en blessant plus de 3 500, dont beaucoup sont encore dans un état grave. L’Observatrice a ajouté qu'Israël, la puissance occupante, a également fermé les points d'entrée et de sortie, empêchant ainsi les personnes et les biens palestiniens d'entrer ou de quitter le Territoire occupé. En plus des limitations de leur liberté d'expression, leur droit à la liberté du culte a également été nié aux Palestiniens qui souhaitent prier à Jérusalem.

A la lumière de la situation tragique du peuple palestinien et de la campagne militaire israélienne qui sème la terreur, il est urgent que la communauté internationale fournisse la protection nécessaire aux civils palestiniens du Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem, a souligné la représentante. En outre, la mise en oeuvre de la résolution sur ce sujet adoptée par la session extraordinaire de la Commission des droits de l'homme, réunie le 17 octobre 2000 à Genève, contribuera à atténuer les souffrances que le peuple palestinien endure depuis trop longtemps. L’Observatrice a salué l'action de la Haut Commissaire aux droits de l'homme, Mme Mary Robinson, et la rapidité avec laquelle elle a réuni cette session extraordinaire. En conclusion, elle a réaffirmé qu'Israël a le devoir légal et moral d’honorer ses obligations internationales. Il doit cesser son usage excessif de la force contre les manifestants et les civils palestiniens et retirer immédiatement ses forces de sécurité de la zone de l'Autorité palestinienne afin de réduire la pression et l'instabilité que leur présence a générées. Cette première étape est nécessaire face à la détérioration de la situation des droits de l'homme du peuple palestinien.

M. AMARE TEKLE (Erythrée) a tenu à informer les autres délégations des horribles violations des droits de l'homme perpétrées par l'Ethiopie après la troisième agression éthiopienne contre l'Eryhtrée. Il a expliqué que ce sont des violations qui ne sont pas seulement commises à l'encontre des Erythréens ou des Ethiopiens d'origine érythréenne en territoire éthiopien, mais aussi contre ceux qui sont dans les territoires érythréens occupés. Ces actes sont encore plus barbares et plus systématiques. M. Tekle a ajouté que les Ethiopiens ont visé des objectifs civils en connaissance de cause. Des jeunes filles et des femmes âgées ont été violées, des usines ont été détruites, y compris des installations d'eau et des hôpitaux, toutes ces exactions, a-t-il insisté, ne sont pas justifiées par la guerre. Accusant l'Ethiopie d'épuration ethnique, le représentant a affirmé que ce pays a forcé de nombreux Tigréens, et notamment des enfants à se joindre à ces exactions.

Malgré quelques exceptions, le représentant a critiqué le silence de la communauté internationale qui a évité de condamner l'Ethiopie, sous le prétexte de la diplomatie tranquille. M. Tekle a estimé que les Etats doivent non seulement respecter les conventions internationales, mais également condamner toutes les violations des droits de l'homme quel que soit le lieu où elles sont commises ou quel que soit l'auteur qui les commet. Il a une fois de plus demandé une enquête sur le terrain qui couvrirait non seulement le territoire érythréen, mais qui se rendrait également en Ethiopie.

M. SOTOS ZACKHEOS (Chypre) s'est dit convaincu que la sélectivité, associée à l’opportunisme politique, est un obstacle à la pleine réalisation des droits de l'homme et empêche souvent la mise en oeuvre des dispositions des instruments relatifs aux droits de l'homme. Le représentant a ajouté que les solutions fondées sur des considérations éphémères et sur la pratique de la realpolitik, qui vont souvent contre les intérêts des petits Etats, ne débouchent que sur un sentiment d'injustice et ne peuvent donc aboutir à une paix durable.

Poursuivant, le représentant a déclaré que les violations des droits de l'homme dans son pays, qui découlent de l'invasion turque et de l'occupation de 37% du territoire national, sont bien connues et ont été le sujet de plusieurs résolutions. La question des droits de l'homme est au coeur des pourparlers de proximité qui ont commencé à Genève hier. Le Président de Chypre, M. Glafcos Cléridès, a exprimé sa détermination de travailler avec bonne volonté pour trouver une solution juste et viable au problème de Chypre, une solution qui sauvegardera les droits de l'homme de tous les Chypriotes, sans discrimination. Notre côté poursuivra une solution fondée sur les résolutions du Conseil de sécurité et sur les Accords de haut niveau de 1977 et 1979 entre les deux parties, mais rejette toute tentative qui pourrait mener à une ségrégation suivant des lignes ethniques du peuple de Chypre, ainsi que le côté turc le demande avec sa proposition d'une confédération de deux Etats et de reconnaître les prétendues "réalités".

Ces soi-disant "réalités" ne sont rien d'autre que les conséquences d'actes illégaux restés impunis et de la division inacceptable imposée à mon pays et maintenue par la force militaire, en violation de toutes les normes du droit international, a déclaré le représentant. Il se produit constamment des dénis, tant individuels que collectifs, des droits humains des 200 000 réfugiés, plus du tiers de la population grecque chypriote de Chypre, qui ont été expulsés de force de leurs foyers pendant et à la suite de l'invasion turque.

Le représentant a déclaré que les violations des droits humains du peuple chypriote peuvent se résumer par le déni du droit à la propriété des réfugiés; le drame permanent que vivent les parents des personnes disparues; les discriminations dont souffre le petit nombre de Chypriotes Grecs et de Chypriotes Maronites qui résident dans la zone occupée; la destruction et le pillage du partimoine culturel qui se trouve dans les zones occupées, qui vise particulièrement les monuments chrétiens et constitue une expression d'intolérance religieuse; l'altération de la composition démographique de l'île par le biais de l’implantation de colons turcs, en violation de la Quatrième convention de Genève; ainsi que, a ajouté le représentant, les violations des droits de nos compatriotes Chypriotes Turcs qui vivent dans la zone occupée sous la présence écrasante de 36 000 soldats Turcs et de 98 000 Turcs en provenance du continent.

MME ERICA-IRENE DAES (Grèce) a précisé que sa délégation fait sienne la déclaration prononcée par la France au nom de l'Union européenne. Mais elle a ajouté qu'il est indispensable de souligner la profonde préoccupation qu'éprouve la Grèce à propos des violations des droits de l'homme qui se poursuivent à Chypre. Après quelques rappels historiques sur la question, Mme Daes a affirmé que les pratiques des autorités turques dans la partie occupée de l’île reviennent à de l'épuration ethnique. La population des Chypriotes grecs et des Maronites a été réduite à 429 personnes dont les droits sont soumis à de graves spoliations, y compris sur la liberté du culte.

La représentante a rappelé que les manipulations, par la Turquie, de la composition démographique, de l'environnement et des conditions de vie dans la partie nord de Chypre occupée sont accompagnées par la destruction de l'héritage culturel chypriote vieux de plusieurs milliers d'années et appartenant au patrimoine universel. Rappelant l'invasion qui avait été perpétrée par la Turquie et les violations par ce pays du droit humanitaire, Mme Deas a affirmé que 1500 personnes, des Chypriotes grecs et des Grecs, sont toujours portées disparues. Elle a souligné la nécessité de trouver une solution à cette question qui mérite que le Secrétaire général de l'ONU nomme un remplaçant à l'Ambassadeur Ritter, décédé, au Comité sur les personnes disparues à Chypre. La représentante a conclu en affirmant qu'à propos de ce conflit qui met en danger la paix et la stabilité dans la région, la communauté internationale ne doit pas faire montre de deux poids, deux mesures, et que les actions de la Turquie doivent être jugées sur la base des nombreuses résolutions de l'ONU, car l'inaction des Nations Unies met la crédibilité de l’Organisation en jeu.

MME OKSANA BOYKO (Ukraine) a fait écho aux observations de la Haut Commissaire aux droits de l'homme en regrettant que l'on ait fait trop peu de progrès dans des domaines fondamentaux tels que la prévention des violations graves des droits de l'homme et de la mise en oeuvre des droits de l'homme en termes pratiques. Les activités dans le domaine des droits de l'homme doivent être au coeur des mesures préventives. Elles sont un moyen efficace de renforcer les efforts de la communauté internationale visant à empêcher l'aggravation de situations susceptibles de menacer la paix et la sécurité internationales. La représentante a rappelé la résolution 1296 (2000) du Conseil de sécurité qui réaffirme que le Conseil peut agir en cas des situations où les civils sont délibérément pris pour cible et où le droit humanitaire international est violé de façon systématique, flagrante et massive, mettant ainsi en danger la paix et la sécurité internationales. La représentante a ajouté qu'il faut renforcer la surveillance internationale des violations des droits de l'homme.

La représentante a ensuite souligné que l'usage de la force ne peut être considéré comme un moyen efficace d'assurer le respect des droits de l'homme. Au sein du système des Nations Unies, la Commission des droits de l'homme joue un rôle clé dans la protection des droits de l'homme. Il est évident pour tous qu'il faut prendre rapidement des mesures efficaces pour en rationaliser les travaux. Il faut poursuivre les efforts déployés pour lutter contre les approches sélectives dans l'examen des questions et des situations relatives aux droits de l'homme. Ces problèmes sont souvent source de confrontation et entravent nos travaux, a-t-elle expliqué. Lorsque nous examinons les problèmes liés aux droits de l'homme dans toute leur complexité, nous devrions éviter de mettre l'accent sur certains droits au détriment des autres, a estimé la représentante.

Elle a estimé que la promotion et la protection des droits de l'homme dépendent d'abord des efforts faits aux niveaux national et local et a souligné la nécessité de relations plus structurées entre le Haut Commissariat aux droits de l'homme et les organisations ayant un mandat et une connaissance approfondie de régions données. La représentante a ensuite souligné l'importance de l'action des organisations non gouvernementales.

M. SEYEDHOSSEIN REZVANI (République islamique d'Iran) a affirmé que la situation qui prévaut dans son pays devrait entraîner l'élimination du nom de la République islamique d'Iran de la liste des États qui sont l'objet d'une attention particulière sur les violations des droits de l'homme en Troisième Commission. A cet égard, il a expliqué le contexte dans lequel sont poursuivies les politiques réformistes du Président Khatami et de son Gouvernement. M. Rezvani a par ailleurs récusé les déclarations de M. Maurice Copithorne, Représentant spécial sur la situation des droits de l'homme en Iran. Ces déclarations portaient notamment sur les domaines législatif et le judiciaire.

Le représentant a affirmé que le momentum du processus des réformes initiées dans son pays est irréversible. Ce processus, a-t-il dit, est ancré dans la volonté du peuple. Il a ajouté que l'équipe du Président Khatami est déterminée à promouvoir un environnement favorable dans lequel la nation évoluerait vers une plus grande liberté. En conclusion, il a estimé que le maintien des mécanismes de contrôle actuels des droits de l'homme en Iran ne serait pas constructif.

M. BRUNO RODRIGUEZ PARRILLA (Cuba) a déclaré que, dans le cours de la discussion sur les droits de l'homme, les principes d'universalité, d'objectivité, d'impartialité, d'interdépendance et de non-sélectivité sont mis à mal, en particulier dans certains discours qui contiennent des listes arrogantes et sélectives, dont la motivation est surtout politique et qui sont parfois calomnieux. Bien qu'elles soient omises sur ces listes, on peut démontrer grâce à des données nombreuses et irréfutables qu'il se produit également aux Etats-Unis et dans l'Union européenne des violations massives, flagrantes systématiques des droits humains des minorités, des immigrants et, en général, des personnes en difficulté et à faible revenu. Le représentant a ainsi fait remarquer notamment que 5 millions d'Américains du Nord sont sans abri et que 10 % des familles les plus nanties possèdent 67 % de la richesse totale.

Le représentant a poursuivi en regrettant que l'Union européenne ait mentionné 48 pays tout en oubliant de dire que presque tous ces pays ont été des colonies et que beaucoup des problèmes et des situations de conflit qu'ils affrontent aujourd'hui ont leurs sources dans la violence des conquêtes, le pillage des ressources et l'imposition de frontières absurdes. Il est étrange que l'Europe perde la mémoire de l'Holocauste et regarde impassiblement la prolifération des partis fascistes et néonazis, a estimé le représentant. On construit dans l'Europe de la culture et de la civilisation des murs pour isoler des minorités ethniques qui ne savent plus où aller vivre en toute égalité. Le représentant a ensuite condamné les violations des droits de l'homme qui sont perpétrées contre les aborigènes en Australie et au Canada contre les populations autochtones.

La liberté et la démocratie ne sont pas le patrimoine exclusif des pays du Nord et personne ne leur a décerné la faculté de déterminer l'organisation politique et sociale des autres pays, a souligné le représentant. Le monde globalisé dans lequel nous devons vivre ne pourra se développer à partir d'une "pensée unique". Le représentant a ajouté que le modèle que l'on tente d'imposer aux pays du Sud est sérieusement remis en question par les citoyens du monde en développement eux-mêmes. La moitié de nos citoyens pensent qu'ils ne peuvent pas participer au processus de prise de décisions et que ce modèle politique est élitiste et source d'exclusion. Le représentant a contesté les chiffres de l'aide humanitaire fournie par l'Union européenne (UE) à Cuba en 1999. Il a précisé que l'aide de l'UE ne s'élève pas à un milliard de dollars mais à 4 157 195 de dollars, perçus par des organisations non gouvernementales, des entités privées et religieuses et des individus.

M. ALFREDO SFEIR-YOUNIS (Banque mondiale) a déclaré que le droit au développement n'est pas seulement un concept, mais la recherche d'un nouveau paradigme, qui est beaucoup plus que l'ensemble de ses composantes. Il a affirmé qu'il est difficile d'expliquer aux décideurs et aux gouvernements sa valeur ajoutée. Il faut démontrer la rigueur analytique qui doit accompagner le débat international sur cette question si complexe, a-t-il dit.

La Banque mondiale estime qu'il faut s'attaquer aux questions de politique et de stratégie les plus essentielles. Les questions budgétaires interviendront par la suite, a expliqué le représentant. Ce dernier a ajouté que cela comporte des responsabilités, mais que nous sommes encore loin d'accepter cette révolution des valeurs. Il ne s'agit pas seulement de satisfaire les besoins, mais il s'agit, a-t-il dit, du plein épanouissement de la personne. M. Sfeir-Younis a indiqué qu'il convient également d'insister sur le fait que l'économie et les finances sont importantes dans le droit au développement. Les systèmes de valeurs sont au cœur des efforts d'équité et de justice internationale. Le représentant a regretté que l'accent soit trop mis sur les droits individuels, ajoutant que cela doit changer. Il a expliqué qu'il faut tenir compte de la fragmentation des institutions et de la nécessité d'autonomiser les collectivités.

M. Sfeir-Younis a souhaité que les droits soient liés au processus de création de la richesse. Evoquant les problèmes auxquels les populations autochtones sont confrontées a travers le monde, vis-à-vis notamment des grandes entreprises et de la discrimination, le représentant a estimé qu'il faut tenir compte, par exemple, du lien étroit qui existe entre l'ethnicité, la pauvreté et les droits de l'homme. Il a souhaité que ces populations fassent entendre leur voix au sein du Conseil économique et social. M. Sfeir-Younis a conclu en affirmant que le droit au développement ne couvre pas seulement des considérations économiques et sociales, mais aussi, des questions éthiques.

Droits de réponse

La représentante du Kirghizistan, répondant à la déclaration des Etats-Unis, a fourni des éclaircissements suite à une intervention des Etats-Unis sur les élections présidentielles qui ont eu lieu dans son pays le 29 octobre 2000. Elle a souligné que le taux de participation à ces élections s'est élevé à 77,29 % de tout l'électorat, ce qui témoigne de leur validité, du processus de démocratisation et du renforcement du rôle de la société civile dans la vie politique. Après avoir détaillé les noms et les fonctions des six candidats en lice, ainsi que les résultats obtenus par chacun d'entre eux, elle a souligné que le vote s'est fait dans une atmosphère d'ouverture, de transparence, d'équité et de libre-choix, sans aucune limitation des droits des candidats. Ces élections ont été justes et auront une grande influence sur l'avenir du pays, a-t-elle estimé. Elle a rappelé que 268 observateurs internationaux étaient présents.

La représentante a ensuite indiqué que le processus électoral s'est fait en utilisant une nouvelle méthode de décompte, baptisée "Shailoo", qui exclut toute fraude. Des erreurs ont été commises, des malentendus se sont produits et la législation électorale a parfois été mal interprétée, a-t-elle reconnu. Mais ces erreurs n'étaient pas intentionnelles et ne doivent pas être invoquées dans des approches partiales. Je crois qu'une société vraiment démocratique n'est pas une société sans fautes mais une société capable d'apprendre de ses fautes, a conclu la représentante.

Le représentant du Sri Lanka a tenu à commenter les allégations faites hier par la délégation du Canada sur les droits de l'homme dans son pays. Il a déclaré que si le Gouvernement canadien connaît des cas de violations de droits de l'homme perpétrées par les autorités, sa délégation souhaiterait que le Canada attire l'attention du Gouvernement sri-lankais qui se fera un devoir d'y répondre. Il a ajouté que le représentant du Canada n'a pas placé la question dans son contexte. Le représentant a expliqué que dans son pays, un tout petit groupe de quelque 15 000 combattants armés, pratiquant la terreur systématique et rejetant tout dialogue, continue sa rébellion contre l'Etat du Sri Lanka. Quand un état démocratique comme le Sri Lanka voit son intégrité menacée, c'est l'intégrité de toutes les nations démocratiques qui est en jeu, a-t-il affirmé.

Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a déploré les accusations répétées de la délégation du Canada au sujet de violations des droits de l'homme qui auraient été commises dans son pays. Le représentant a regretté que le débat se réduise à des accusations et a appelé la délégation du Canada à adopter un comportement impartial, car c'est ainsi que le Canada pourra aider la communauté internationale à instaurer une culture des droits de l'homme.

S'appuyant sur les déclarations de Mme Mary Robinson et les enquêtes sur la situation des droits de l'homme dans son pays, la représentante de l'Estonie a récusé les allégations faites par la délégation de la Fédération de Russie sur la situation de la minorité russophone dans son pays.

Le représentant de la Lettonie a réagi à la déclaration faite aujourd'hui par la délégation de la Fédération de Russie. Il a pleinement souscrit au rapport de la Haut Commissaire aux droits de l'homme dans lequel il est notamment fait mention de la situation en Tchétchénie en Fédération de Russie. Le représentant a notamment indiqué que le Commissaire aux minorités nationales de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) s'est félicité récemment de l'adoption de la loi sur les langues en Lettonie.

Le représentant d'Israël a demandé à l’observatrice de la Palestine quels sont les droits humains des enfants israéliens tués dans l'attentat perpétré aujourd'hui par des terroristes palestiniens. Il a affirmé que les autorités palestiniennes doivent prendre toutes leurs responsabilités, dans la mesure où elles ont récemment décidé de libérer des militants radicaux. Le représentant a rappelé que les deux parties étaient pourtant sur le point d'aboutir à un accord il y a quelques semaines. Evoquant également la rencontre d'hier entre M. Simon Pérès et le Président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat, le représentant a dit aux Palestiniens que le monde entier a les yeux tournés vers eux.

Le représentant de la Turquie a répondu à la délégation de la Grèce au sujet de la situation régnant à Chypre. Il a regretté que la délégation de la Grèce ait fait une intervention sur ce point alors que les deux parties concernées se réunissent actuellement à Genève. Il a regretté que la Grèce oublie sa grave responsabilité dans les événements qui ont abouti à la situation actuelle à Chypre. Il a rappelé qu'en 1974, le Conseil de sécurité a reconnu qu'il y avait eu une invasion de la Grèce à Chypre. N'oublions pas qu'il y a eu, entre autres problèmes, des tentatives de modifier la situation démographique de l'île, a-t-il souligné. Le représentant a également rappelé qu'environ 40 000 Chypriotes turcs vivent en exil et s'ajoutent à tous les autres qui ont été chassés de leur foyer et sont maintenant des réfugiés. Pour ce qui est des "personnes disparues", ceux qui ont été tués pendant le coup d'Etat de la Grèce en font partie, a-t-il rappelé.

Le représentant du Pakistan a rejeté les commentaires faits à l’égard de son pays par la France au nom de l'Union européenne, qui selon lui, déforment les faits. Les pays européens, a-t-il affirmé, ont choisi d’ignorer les cadavres dans leurs propres placards. Pour illustrer ses propos, le représentant a évoqué les 500 000 femmes qui sont victimes d'exploitation sexuelle chaque année en Europe occidentale. Il a affirmé que ce trafic qui est la violation des droits de l'homme la plus haineuse, et qui nourrit les industries du tourisme et la prostitution, représente un chiffre d'affaires de 7 milliards de dollars. Le représentant a ajouté que les pays européens choisissent de fermer les yeux sur de graves violations des droits de l'homme, quand cette attitude fait leur affaire. Le représentant a ajouté que les violations brutales et les incursions des forces indiennes dans le Jammu-et-Cachemire occupé, ont curieusement échappé à la vigilance de l'Union européenne, à cause, a-t-il expliqué, de la puissance et du pouvoir économique supposés de l'Inde. Il a accusé l'Union européenne de se comporter dans le domaine des droits de l'homme exactement comme une presse à sensation.

Le représentant de la Fédération de Russie a rappelé que les organes chargés des droits de l'homme reçoivent un grand nombre de plaintes émanant des populations russophones qui se trouvent en Lettonie et en Estonie et qui n'ont pas le droit de parler leur langue maternelle ou de donner un enseignement dans cette langue à leurs enfants.

L'observatrice de la Palestine a affirmé qu’Israël pratique une désinformation regrettable et profère des accusations navrantes de l'occupant contre l'occupé. Elle a expliqué que ce sont les Palestiniens qui protestent contre l'occupation et la confiscation de leurs terres. Elle a par ailleurs rappelé que les Palestiniens ont toujours condamné les actes de violence et les tueries. Elle a souhaité que les Israéliens fassent de même lorsque les victimes sont des Palestiniens.

Le représentant de Chypre a regretté la position intransigeante de la Turquie. Il a espéré que les discussions qui se tiennent actuellement à Genève seront pour la Turquie l'occasion de renoncer à ses exigences illégales et d'accepter un règlement pacifique fondé sur les résolutions des Nations Unies. Chypre s'estime victime de l'agression turque, a souligné le représentant. Il a déclaré que des abus ont été commis dans le seul but de prouver que les deux communautés ne peuvent pas survivre ensemble sur l'île. Il a ajouté que la Turquie se trompe si elle pense que la communauté internationale acceptera un fait accompli qu'elle a créé par le recours à la force, tout comme le régime d'apartheid s'était trompé en pensant qu'il pourrait durer. Nous avions 20 000 Chypriotes grecs et Chypriotes maronites dans la zone sous occupation turque en 1974 et maintenant ils n'en reste plus que 429, ce qui est indubitablement un cas d'épuration ethnique, a déclaré le représentant. Il a appelé la Turquie à répondre à des questions précises et notamment est-ce que la Turquie a occupé ou non un certain pourcentage du territoire chypriote, est-ce que la Turquie a installé ou non des milliers de colons turcs sur l’île.

La représentante de l'Estonie a affirmé que c'est sur des informations peu fiables que la délégation de la Fédération de Russie avait basé ses allégations sur les droits de l'homme dans son pays. La représentante a assuré les autorités russes que sa délégation est disposée à leur fournir des donnés crédibles qui corrigeraient leur appréciation des questions évoquées.

Documentation

Rapport du Secrétaire général sur la Situation des droits de l’homme au Cambodge (A/55/291)

Dans ce rapport, le Secrétaire général rappelle que le Bureau au Cambodge du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme a été chargé, entre autres activités, de contribuer à la création d’institutions nationales pour la promotion et la protection des droits de l’homme et au renforcement de celles qui existent déjà.

A propos du déroulement du processus visant à enquêter sur les crimes les plus graves commis au Cambodge pendant la période du Kampuchéa démocratique, la délégation de l’ONU, dirigée par Hans Corell, Secrétaire général adjoint aux affaires juridiques qui s’est rendu deux fois dans ce pays, a proposé des modifications au projet de loi relatif à la création de chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens, en vue d’en garantir la conformité avec l’accord de coopération entre le Gouvernement cambodgien et les Nations Unies.

Le Bureau du Haut Commissariat au Cambodge rapporte qu’au cours de l’année 2000, il a eu connaissance d’un plus grand nombre d’allégations faisant état de violations des droits des travailleurs et des droits au logement; de restrictions de la liberté de presse, de la liberté d’expression et de la liberté d’association; d’intolérance envers les minorités ethniques et des travailleurs migrants; de cas de traite de personnes; de violences policières contre des manifestants; et de cas de traite de personnes et d’exploitation sexuelle d’enfants et de femmes. D’autres allégations ont porté sur les arrestations; les mises en détention; des cas de torture; l’indépendance de l’appareil judiciaire ou celle de la magistrature par rapport au pouvoir exécutif; et certains cas de violence policière, politique ou d’exactions de l’armée.

Le Bureau du Haut Commissariat au Cambodge apporte son aide aux organes législatifs et autres intervenants dans le processus d’élaboration des lois en assurant la compatibilité de celles-ci avec les normes internationales relatives aux droits de l’homme; ce Bureau apporte également une aide technique au développement du système judiciaire en facilitant la participation de la société civile au processus normatif et en proposant des observations d’experts sur les projets de loi. Le bureau du Cambodge a par ailleurs tenu des réunions et des consultations avec diverses hautes autorités et institutions, y compris le Président de l’assemblée nationale. Le programme d’aide au Ministère de la justice, au Conseil constitutionnel, au Conseil supérieur de la magistrature et à toute la hiérarchie des juridictions, mis en place par le bureau du Cambodge, prévoit une aide au renforcement de l’appareil judiciaire en vue d’une saine administration de la justice. La création et le renforcement des institutions nationales pour la promotion et la protection des droits de l’homme et l’assistance aux organisations non gouvernementales s’occupant de la défense des droits de l’homme sont également une priorité du bureau du Haut Commissariat au Cambodge.

La documentation sur les questions relatives aux droits de l’homme a été présentée dans nos communiqués: AG/SHC/489, AG/SHC/491, AG/SHC/492, AG/SHC/493, AG/SHC/494, AG/SHC/496 et AG/SHC/500.

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