En cours au Siège de l'ONU

AG/1093

L'ASSEMBLEE GENERALE ADMET LA REPUBLIQUE FEDERALE DE YOUGOSLAVIE EN TANT QUE MEMBRE DES NATIONS UNIES

1 novembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1093


L’ASSEMBLEE GENERALE ADMET LA REPUBLIQUE FEDERALE DE YOUGOSLAVIE EN TANT QUE MEMBRE DES NATIONS UNIES

20001101

L’Assemblée poursuit l’examen des causes des conflits sur la paix et le développement en Afrique

En adoptant cet après-midi, par acclamation et sur recommandation du Conseil de sécurité, sa résolution A/55/L.23 présentée par le représentant de la France au nom de l’Union européenne et des pays associés ainsi que de plus de 70 coauteurs, l’Assemblée générale a admis la République fédérale de Yougoslavie en tant que Membre des Nations Unies, en présence du Secrétaire général de l’Organisation, M. Kofi Annan.

Une décision qu’a saluée le Président de l’Assemblée générale car, a-t-il dit, elle vient renforcer les efforts engagés par la communauté internationale et conduits par les Nations Unies pour rétablir la stabilité en Europe du Sud-Est. «Aujourd’hui, avec l’admission de la République fédérale de Yougoslavie, a-t-il déclaré, commence une nouvelle ère pleine de promesses. Aujourd’hui, est envoyé un signal clair sur la force des Nations Unies et de ses décisions. Il y a moins d’un mois le monde entier félicitait le Président Kostunica qui venait d’être élu ainsi que le peuple yougoslave qui avait réussi à remporter une victoire pacifique sur la voie de la démocratie. Ces changements nous donnent des raisons réalistes d’espérer trouver des solutions fondées sur les principes de la paix, de la démocratie, de la règle du droit et des droits de l’homme aux problèmes qui subsistent dans cette région».

«Cette admission signifie aussi que s’engage une nouvelle ère de coopération entre le nouvel Etat Membre et les autres Membres des Nations Unies, y compris ses voisins et les autres Etats issus de l’ex-République socialiste de Yougoslavie. C’est aussi le moment de se rappeler que la liberté implique aussi des responsabilités notamment l’exercice de la justice. La coopération avec le Tribunal criminel international pour l’ex-Yougoslavie est d’une importance capitale pour tous les pays concernés y compris la République fédérale de Yougoslavie», a déclaré M. Holkeri.

«Le peuple yougoslave s’est ouvert le chemin vers sa famille: l’Union européenne», a de son côté, déclaré le représentant de la France en présentant la résolution. «Le peuple yougoslave a fait le choix de la démocratie dans des conditions particulièrement difficiles. En demandant l’admission de la République fédérale de Yougoslavie à l’ONU, a-t-il déclaré, le Président Kostunica confirme sa volonté de rompre avec la politique sans issue dans laquelle le régime Milosevic s’était enfermé».

L’Assemblée générale a entendu l’Envoyé spécial du Président de la République fédérale de Yougoslavie qui a tenu à rassurer les membres de l’Assemblée et en particulier les Etats voisins et leurs gouvernements, en

affirmant que la Yougoslavie est bien consciente des difficultés qu’elle doit encore surmonter tant au plan intérieur qu’extérieur et qu’elle se tient prête à collaborer avec la communauté internationale pour les régler.

Les représentants des pays suivants se sont exprimés sur cette admission: Etats-Unis, Mauritanie, Kirghizistan, Slovénie, Brésil, Allemagne, Afrique du Sud, Fédération de Russie, ex-République yougoslave de Macédoine, Albanie, Croatie, Bosnie-Herzégovine.

L’Assemblée avait auparavant poursuivi son examen du point intitulé «Les causes des conflits et la promotion d’une paix durable en Afrique». Au cours du débat sur ce thème, plusieurs intervenants ont expliqué comment une partie des maux dont souffrait l’Afrique, trouvait son origine dans le passé colonial des pays africains. Certains d’entre eux ont toutefois insisté sur le fait que, comme l’a exprimé le représentant de l’Erythrée «les problèmes actuels de l’Afrique sont aussi le fait des Africains eux-mêmes et plus le temps passe, plus c’est le cas». Le représentant a également dénoncé «la cupidité, la dictature ou l’incompétence de quelques-unes des élites africaines qui verrouillent le continent sur lui-même et affaiblissent sa capacité à résoudre ses problèmes de sous-développement, des faits reconnus par un nombre de plus en plus grand d’Africains».

Les changements en cours à cet égard et dans les domaines sociaux, politiques et économiques ont été à plusieurs reprises salués. En revanche, le représentant de la Namibie s’est indigné que malgré toutes les informations disponibles, on continue à laisser le continent glisser vers les abysses. «Alors que les experts disposent de statistiques exactes concernant l’amplitude de l’épidémie de sida, des milliers d’Africains continuent de perdre la vie chaque jour. Alors que d’autres experts formulent et expérimentent des stratégies de développement irréalistes, le développement lui-même reste hors d’atteinte pour l’Afrique. Alors que nous théorisons les risques de la mondialisation, la marginalisation du continent africain grandit et se globalise. Aujourd’hui, un grand nombre d’Africains se posent la question de savoir si le monde s’intéresse vraiment au sort de l’Afrique», a-t-il déclaré.

Les représentants des pays suivants se sont exprimés au titre de ce point: Afrique du Sud, Mozambique, Jamahiriya arabe libyenne, Ghana, Swaziland, Japon, Sierra Leone, Cameroun, Soudan, Tunisie, Erythrée, Nigéria, Fédération de Russie, Namibie et Kenya. L’Observateur permanent de la Croix Rouge et du Croissant Rouge auprès des Nations Unies a également prononcé un discours.

Le Président Holkeri a informé l’Assemblée qu’un projet de résolution sur ce point lui serait soumis à une date ultérieure. Il avait auparavant annoncé plusieurs modifications de l’ordre du jour de l’Assemblée. Ainsi, l’examen du point concernant Bethléem 2000, prévu le 16 octobre, a été reporté au mardi 7 novembre; le 15 novembre, l’Assemblée se saisira du point intitulé «Prévention du crime et justice pénale»; le lundi 20 novembre, elle examinera le rôle des diamants dans les conflits.

L’Assemblée générale reprendra ses travaux demain, jeudi 2 novembre 2000 à partir de 10 heures, en se saisissant des points intitulés «Culture de paix» et «Examen du problème du virus de l’immunodéficience humaine et du syndrome d’immunodéficience acquise sous tous ses aspects».

LES CAUSES DES CONFLITS ET LA PROMOTION D’UNE PAIX ET D’UN DÉVELOPPEMENT DURABLES EN AFRIQUE

Déclarations

M. PIETER ANDRIES VERMEULEN (Afrique du Sud) a déclaré que le rapport du Secrétaire général constitue un événement marquant dans la mesure où il réaffirme le lien entre les concepts de paix et de développement, et il a tenu à mettre l'accent sur les recommandations du Groupe de travail qui apparaissent comme complémentaires aux objectifs que nous avons définis nous-mêmes dans notre conception de la Renaissance africaine. Il a tenu à souligner l'importance des questions environnementales, économiques et sociales dans la définition de plans en faveur du développement durable, ajoutant que celui-ci ne pourrait être atteint tant que le continent demeurerait en marge des autoroutes de l'information, des flux d'investissements et des nouvelles technologies, car il serait alors impossible de faire face aux problèmes de conflits et au développement durable. Il a ajouté que la priorité devait être l'élimination de la pauvreté, l'éducation et le renforcement des ressources nationales. Ajoutant que l'Afrique devait également faire face au fardeau de la dette, il s'est félicité des initiatives des institutions de Bretton Woods en faveur de procédures de réduction et d'annulation de la dette de 20 pays africains parmi les plus pauvres et les plus endettés, et souhaité la mise en œuvre intégrale de moyens d'aide d'urgence des donateurs. Il a aussi lancé un appel pour que les pays développés octroient réellement 0,7% de leur PNB à l'aide publique au développement.

Il a préconisé une meilleure collaboration entre les Nations Unies et le mécanisme de prévention des conflits de l'OUA, notamment par la création des groupes consultatifs sur les pays émergeant des conflits. Les efforts de l'Afrique devraient être renforcés par une contribution accrue des Nations Unies, notamment sur la base des recommandations du rapport Brahimi. Le représentant a ensuite lancé un appel aux Etats Membres des Nations Unies pour qu'ils prennent en compte l'environnement dans le développement durable, considérant que la tenue du Sommet de la Terre en 2002 sur le continent africain traduirait cet intérêt pour les problèmes environnementaux. Il a enfin recommandé la prolongation du mandat du Groupe de travail afin d'améliorer l'efficacité du système des Nations Unies sur le continent africain, considérant que l'ECOSOC doit jouer un rôle dans le processus de mise en œuvre des propositions du Groupe de travail.

M. HIPOLITO ZOZIMO PATRICIO, Vice-Ministre des affaires étrangères du Mozambique, a déclaré que l’Afrique est la région la plus affectée par des conflits dans le monde. Ces conflits causent des souffrances indicibles au peuple africain et limitent les efforts du continent en faveur d’une stabilité politique, économique et sociale durable. Pour renverser la situation, s’attaquer aux sources complexes des conflits et permettre l’avènement d’une paix et d’un développement durables, la volonté politique des Africains et de leurs partenaires est nécessaire. Selon le représentant, les pays africains ont développé des mécanismes gouvernementaux de promotion de la démocratie au cours de la décennie écoulée, ils ont renforcé la règle de droit, la protection des droits de l’homme, ainsi que les libertés individuelles comme la liberté d’expression et d’association. Ils ont également mis en œuvre des réformes économiques leur permettant de créer un cadre économique meilleur grâce à des programmes d’ajustements structurels, comprenant des privatisations, l’adoption de codes d’investissements, de politiques monétaires et fiscales précises et de politiques macroéconomiques appropriées.

Au niveau régional, a poursuivi le représentant, l’OUA a prouvé son engagement à trouver des solutions aux conflits africains au moyen d'un mécanisme spécifique de gestion au niveau de la prévention et de la résolution des conflits. Des efforts similaires ont été constatés au niveau sous-régional, mais n’aboutiront à des résultats durables que si la communauté internationale montre son engagement à fournir les ressources adéquates ainsi qu’une assistance technique et matérielle aux efforts de l’Afrique pour la prévention, la gestion et la résolution de ses conflits.

Sans vouloir relever le Conseil de sécurité de sa responsabilité en la matière, les organisations africaines se trouvent en meilleure position pour contribuer efficacement au maintien de la paix et de la sécurité dans la région et dans le monde, a-t-il affirmé. Enfin, selon le représentant du Mozambique, les causes des conflits que sont la pauvreté et le poids de la dette extérieure doivent être pris en compte par la communauté internationale, de même que l’accès des pays africains aux marchés internationaux et l’augmentation de l’aide publique au développement.

M. ABUZED OMAR DORDA (Jamahiriya arabe libyenne) a indiqué que la question de l’Afrique fait l’objet d’une attention prioritaire de sa délégation. Il a fait valoir que beaucoup de réunions et de discours étaient tenus aux Nations Unies sur l’aide à apporter à l’Afrique mais qu’aucune attention tangible ne lui était vraiment portée. La raison, selon le représentant, réside dans le fait que les Etats puissants qui siègent à l’ONU empêchent que l’on mette fin aux conflits qui se déroulent et entravent une évolution favorable, en Afrique et dans tout l’hémisphère sud. De nombreuses régions africaines sont encore en train de concevoir ou d’édifier leurs nations; c’est un processus lent qui ne se fait pas par une résolution des Nations Unies. Certaines régions connaissent encore un fonctionnement tribal, primitif. C’est avec la sédentarisation que commence la civilisation, la culture.

Le représentant a fait valoir qu’il fallait rechercher les raisons à cette situation. Les puissances coloniales ont non seulement occupé nos terres, a-t-il déclaré, elles ont perturbé tous les aspects de notre vie, nous ont donné nos noms, forcé à adopter leurs croyances et leurs religions, fixé nos frontières. Il n’y a pas un seul pays africain, y compris le mien, qui ait tracé ses frontières, ce sont les pays coloniaux qui ont divisé les clans par des frontières. Habib Bourguiba était libyen d’origine et non tunisien. Le clan du Président du Tchad est pour une part originaire du Soudan. Le colonialisme a semé les semences de la sédition et nous a maintenus dans un mode de vie primitif. Par la suite, les puissances coloniales nous ont imposé le régime parlementaire, alors que nous avons une tradition de mode de vie en clans. Nous pourrions, à partir de nos propres racines, de nos propres ressources arriver à une véritable démocratie. Des forces extérieures souhaitent que nous emboîtions le pas à leur propre mode de gouvernement. Nous le ferons peut-être un jour mais pour le moment cela ne correspond pas à notre fonctionnement.

On nous dit qu’il nous faut adopter une économie de marché, nous n’avons ni économie, ni marché, a poursuivi le représentant. L’Afrique est également confrontée au piège de la dette et aux ordonnances du docteur FMI: dévaluer sa monnaie, payer sa dette, exporter ses matières premières à un bon prix et importer des produits finis à un bon prix également, réduire sa croissance démographique, exporter son bœuf et donner autre chose à manger à son peuple car nous avons besoin d’un budget équilibré et pas d’un régime équilibré, augmenter les salaires.

Il n’y aura pas de solution aux conflits en Afrique tant que la grande puissance qui contrôle le Conseil de sécurité ne l’aura pas décidé, de même que l’on ne peut envoyer que des observateurs en Amérique latine, a-t-il également déclaré. En Somalie, quand les soldats américains ont été tués, les forces soit disant internationales ont été retirées et des milliers de Somaliens sont morts. Si on veut aider l’Afrique, il faut annuler la totalité de la dette et ce n’est pas demander l’aumône, les puissances coloniales ont construit leur prospérité en volant l’Afrique; il faut construire une coopération fondée sur un partenariat à parité, mettre en place des programmes d’industrialisation, de développement agricole, d’éducation. Mais surtout, il faut renoncer à s’immiscer dans les affaires intérieures de l’Afrique.

M. NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a appuyé les recommandations du Groupe de travail relatives à l'élargissement de son mandat, de même qu'à la mise en place de groupes thématiques, et ce, dans la mesure où le cadre de travail fournit par le Groupe de travail et les groupes thématiques permettra à l'Assemblée de garantir la cohérence thématique, la volonté politique, l'inclusion de questions nouvelles et la résolution des dimensions internationales du problème africain. Il a rappelé qu'en assumant leurs responsabilités du point de vue des politiques de développement, de nombreux pays africains ont réussi à conduire des politiques de stabilisation macroéconomiques et des activités économiques libérales, aussi bien dans les secteurs national qu'international. Le représentant a cependant souligné le fait qu'un environnement économique encourageant, pourtant considéré comme essentiel pour accélérer le développement des pays en développement, a continué de faire défaut. Il a déploré le fait que l'incapacité à mettre en oeuvre au niveau international des mesures dans le domaine commercial, du point de vue de la dette et des flux de financement internationaux et de l'aide publique au développement ait condamné les efforts déployés par les pays africains à faible revenu en vue d'éliminer la pauvreté et de construire des économies compétitives et durables.

Le représentant a indiqué que cette situation a un impact significatif sur les recommandations concernant la paix et le développement durables, estimant qu'il convient à présent de tirer les leçons du passé et, à partir de là, de façonner une stratégie. A cet égard, il a jugé futile de vouloir aborder seul le problème de la dette, en le séparant de la question de l'accès au marché, de la diversification et de la baisse du prix des matières premières. Evoquant l’aide publique au développement, le délégué a estimé qu’il fallait atteindre l'objectif des 0,7% du PNB. Il a enfin indiqué que le rôle des institutions spécialisées des Nations Unies en matière de développement constitue aussi un élément important en ce qui concerne la mise en oeuvre de ces recommandations, tout en suggérant notamment à l'Assemblée générale de demander au Groupe des Nations Unies pour le développement, de même qu'aux responsables des institutions spécialisées d'harmoniser le plus vite possible les procédures de planification commune au niveau des pays.

M. CLIFFORD S. MAMBA (Swaziland) a fait observer que tandis que l'on accueille avec satisfaction les progrès enregistrés dans de nombreuses parties de l'Afrique dans le domaine de la paix et de la stabilité grâce à la mise en place et à la mise en œuvre de mesures économiques et politiques centrées sur l'homme, il est regrettable que la pandémie de VIH/sida soit apparue comme une autre forme de désastre menaçant la vie et la sécurité des populations. L'impact du sida, a- t-il ajouté, est aussi destructeur que celui de la guerre. A cet égard, le représentant a cité des statistiques selon lesquelles 10 fois plus de personnes sont mortes des suites du sida en Afrique qu'en raison de conflits armés. Dans des pays déjà en proie à l'instabilité, un tel désastre est susceptible d'engendrer une insécurité plus grande et des tensions résultant en un conflit, a- t-il noté. M. Mamba a, par ailleurs, affirmé que des contraintes économiques et sociales peuvent conduire à une mauvaise gouvernance, à des violations graves des droits de l'homme et à la guerre. C'est pourquoi, il a mis l'accent sur l'importance du fait que les partenaires internationaux, les institutions de Bretton Woods, le secteur privé et les organisations non gouvernementales travaillent ensemble, avec les gouvernements nationaux, à l'élimination de la pauvreté sous toutes ses formes, y compris à l'annulation de la dette extérieure conformément aux recommandations du Groupe de travail.

Le représentant a estimé qu'étant donné la complexité et l'éventail des causes des conflits en Afrique, le manque d'engagement pour fournir les ressources suffisantes dont font preuve les pays donateurs ne contribue pas à aider l'Afrique à régler ses problèmes. Il a également évoqué la question du trafic illicite d'armes, estimant qu'elle représente pour les Nations Unies un défi majeur. A cet égard, il a appelé le Conseil de sécurité à continuer de faire pression sur les pays impliqués dans de telles activités pour qu'ils y mettent un terme et que l'embargo du Conseil sur les armes devienne effectif. Il a aussi lancé un appel en direction de la communauté internationale, lui demandant de trouver de manière concertée une solution crédible et effective au trafic d'armes sur le continent africain. Enfin, le représentant a noté avec satisfaction les efforts déployés par l'Organisation de l'unité africaine (OUA) pour assumer ses responsabilités sur le continent et plus particulièrement dans les zones touchées par des conflits où elle a travaillé dans un esprit de coopération avec d'autres organisations continentales et sous-régionales, telles que le Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et la Communauté pour le développement de l'Afrique australe (SADC). De tels efforts offrent des perspectives concrètes en matière de prévention, de limitation et de résolution des conflits.

M. HIDEAKI KOBAYASHI (Japon) a rappelé que le continent africain avait, au cours des dernières années, été le théâtre de nombreux conflits mais que des progrès substantiels avaient été réalisés, notamment avec la création du mécanisme de prévention et de résolution des conflits de l'OUA. Il a ajouté que les efforts de l'OUA et d'autres organisations régionales telles que la CEDEAO devaient être soutenus par la communauté internationale. Il a déclaré que le rapport du Groupe de travail énonçait un certain nombre d'obstacles à la mise en oeuvre des recommandations du Secrétaire général, notamment le manque de volonté politique, la mauvaise gouvernance, la persistance des conflits, le manque de ressources humaines et financières. Il a ajouté que le rapport identifiait également un certain nombre de propositions sur les moyens à mettre en oeuvre pour favoriser un

développement et une paix durables en Afrique. Il a apporté le soutien de son pays au concept de Renaissance africaine développé par le Président sud-africain Thabo Mbeki, ajoutant que l'Afrique devait se réapproprier son processus de développement. Il a déclaré que le Japon était prêt à participer à la mise en oeuvre d'un partenariat global chargé d'aider les pays africains à atteindre une paix et un développement durables. Il a notamment cité l'exemple de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique (TICAD), qui est une manifestation de cette volonté de soutenir les efforts du continent africain. Il a ensuite évoqué la tenue éventuelle d'une réunion ministérielle sur le développement de l'Afrique au Japon avant de préciser que, dans le cadre de TICAD, le Japon avait mis en oeuvre des programmes de développement en faveur de l'éducation, de la santé publique, de la lutte contre le VIH/sida, le développement des échanges commerciaux avec plusieurs Etats africains au nombre desquels le Kenya, l'Ouganda, la Tanzanie. Il a conclu en déclarant que son pays apporterait une contribution significative aux questions relatives au continent africain, que ce soit au sein de l'ECOSOC ou lors de la Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés.

M. IBRAHIM M. KAMARA (Sierra Leone) a déclaré que les guerres sont généralement déclenchées par une convergence de facteurs tels que les conflits frontaliers, les divergences politiques, les disparités économiques et l’intolérance religieuse. Dans la recherche de solutions, il faut non seulement essayer de déterminer les causes propres à chaque conflit, mais également susciter la coopération de la communauté internationale. Reprenant une des conclusions du rapport du Groupe de travail spécial, le représentant a regretté que le manque de volonté politique soit rendu évident par l’incapacité des bailleurs de fonds à fournir, à temps, des ressources suffisantes, à la fois financières et techniques, pour la résolution des conflits. Ainsi, le représentant a rappelé que la force de maintien de la paix en Sierra Leone, à l’origine constituée par le Groupe de contrôle de la Communauté économique de l’Afrique de l’Ouest, n’a pas été dotée des moyens logistiques appropriés à sa mission.

Le représentant a fait remarquer que l’aide en provenance des pays industrialisés et des diverses institutions des Nations Unies est essentielle pour les pays africains qui connaissent tous les problèmes propres aux situations d’après-conflit comme le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des anciens combattants, et plus particulièrement des enfants soldats. Pour cette raison, le représentant de la Sierra Leone a demandé que soit créé un groupe de travail consultatif pour les pays qui sortent de situations de conflits, afin d’évaluer leur besoins économiques et d’élaborer des programmes de soutien à long terme. Par ailleurs, le représentant a mentionné la réunion ministérielle de l’Organisation de l’unité africaine en décembre 1998 à Khartoum au sujet des réfugiés, soulignant qu’un projet avait à cette occasion été élaboré a l’intention des pays qui abritent un grand nombre de réfugiés. Le représentant de la Sierra Leone a exprimé le souhait que les recommandations figurant dans ce projet soient examinées avec attention.

M. MARTIN BELINGA-EBOUTOU (Cameroun) a indiqué que sa délégation avait pris part de bout en bout aux travaux du Groupe spécial et il s’est félicité de l’esprit de consensus, de dialogue et de réelle volonté d’aboutir qui a animé tous les participants. Il a fait observer que beaucoup de bonnes volontés se manifestaient ici et là pour traduire dans les faits les recommandations du Secrétaire général et que, de leur côté, les pays africains consentaient d’énormes sacrifices dans le cadre de la mise en place d’un environnement économique et politique propice au développement. Il a toutefois regretté que l’aide promise par la communauté internationale tarde à venir. L’objectif de consacrer 0,7% du PNB des pays donateurs à l’aide publique au développement a été atteint par quatre pays seulement, a-t-il fait observer.

Le représentant a indiqué que son pays qui vient d’être élu à l’Initiative des pays pauvres très endettés, est persuadé que les conditions d’éligibilité à cette Initiative pourraient être rendues plus souples et ses avantages élargis à un plus grand nombre de pays. Pour parvenir aux résultats escomptés, a-t-il fait valoir, les pays donateurs devraient verser leurs contributions au Fonds d’affectation spéciale pour le financement de l’Initiative. Il a proposé que le mandat du Groupe de travail soit prorogé et que des termes de référence soient mis en place par le Groupe pour mesurer les progrès accomplis, éventuellement dans le cadre d’une évaluation sectorielle ou thématique.

M. ELFATIH MOHAMED AHMED ERWA (Soudan) a déclaré que les efforts du Groupe de travail devaient être soulignés pour faire face à un certain nombre de problèmes épineux du continent africain. Il a également remercié le Secrétaire général d'avoir mené rigoureusement le suivi des recommandations faites dans son rapport d'avril 1998 sur les causes des conflits en Afrique. Il a encouragé la démarche du Groupe de travail de recherche des voies et moyens de mettre en œuvre les recommandations du Secrétaire général sur les causes profonde des conflits en Afrique. Il a apprécié la démarche du Groupe de travail pour résoudre les problèmes auxquels est confronté le continent africain et il s'est félicité de la contribution des institutions de Bretton Woods et des organes des Nations Unies aux travaux du groupe.

Il a cependant exprimé sa frustration face à certains obstacles intervenus dans l'application effective des recommandations du Secrétaire général, notamment le manque de volonté politique, la diminution de l'aide publique au développement et enfin l'absence de mécanisme de coordination des initiatives de développement et de paix durables. Il a ajouté que la responsabilité de l'Assemblée générale était renforcée et déclaré que sa délégation souhaitait que le Groupe de travail continue de jouer un rôle clé pour encourager la mise en œuvre des recommandations du Secrétaire général. Il a ensuite salué les efforts des Nations Unies en faveur des questions de paix et de développement durables en Afrique, ajoutant que ces deux concepts étaient deux faces d'une même pièce. Il a conclu en demandant à l'ECOSOC de s'investir en vue de définir un programme à long terme pour le redressement économique des pays en conflits de même que pour le développement durable au titre de la prévention des conflits.

M. SAID BEN MUSTAPHA (Tunisie) a déclaré que le développement de l’Afrique n’est pas à la hauteur des attentes de la communauté internationale. A l’aube d’un nouveau millénaire de stabilité internationale, si l’on examine de façon réaliste la situation de l’Afrique, de nombreuses raisons empêchent le continent d’être à la hauteur des autres pays du monde en matière de développement économique et social. Le continent africain ne peut pas être laissé pour compte, prisonnier d’un cercle vicieux qui l’empêche d’atteindre les objectifs de la Déclaration du millénaire, étant donné les moyens qui sont mis à notre disposition pour relever ces défis, a-t-il dit. Il faut rester conscient du fait que quels que soient les sacrifices consentis par les pays africains pour réaliser leurs objectifs de développement, il est impossible qu’ils se sortent seuls de certaines situations inextricables. La responsabilité de la communauté internationale doit, dans ce sens, se traduire par une participation des institutions financières internationales au relèvement de l’Afrique.

Les Nations Unies doivent également aider l’Afrique à surmonter ses difficultés. L’instauration de la paix et de la sécurité sur le continent constitue l'un des aspects les plus importants à cet égard et est liée au développement social et économique. Les pays africains ont déjà montré qu’ils sont prêts à faire les sacrifices nécessaires. Les Etats d’Afrique, si la responsabilité première de leur développement leur revient, ne pourront y parvenir qu’avec la coopération bilatérale et multilatérale de la communauté internationale. Le représentant de la Tunisie s’est, par ailleurs, réjoui des progrès enregistrés sur les questions humanitaires, de maintien de la paix, et des réfugiés. Il a également accueilli avec satisfaction les mesures financières prises pour promouvoir les droits de l’homme. Selon lui, la démocratisation a également fait des progrès et l’atmosphère ainsi créée ouvre de nouvelles perspectives également dans le domaine économique.

Il reste cependant beaucoup de difficultés à surmonter: l’insuffisance des moyens accordés à l’Afrique n’en est qu’un exemple, a-t-il dit. Il faut analyser les origines des conflits dont souffrent certains pays, ce qui les empêche de mettre en œuvre les stratégies de leur développement social et économique. Le continent africain est le plus pauvre et celui où l’on trouve le plus de réfugiés et de personnes déplacées, a encore rappelé le représentant. Cette réalité doit être pour la communauté internationale la source d’un désir de relever ce défi avec la plus grande détermination. La pauvreté et l’indigence ne sont pas uniquement les racines de l’instabilité économique mais aussi de conflits internes importants. Il faut s’attaquer aux causes profondes de ces problèmes en Afrique, a-t-il déclaré. Certes, d'autres continents que l’Afrique sont menacés par ces mêmes fléaux. La Tunisie propose donc la création d’un fonds mondial pour favoriser la stabilité sociale et économique, qui aurait également à terme des conséquences politiques positives. La communauté internationale s’est toujours efforcée de prévenir les conflits mais les stratégies exploitées n’ont pas porté leurs fruits dans les domaines économique et social. Cette stratégie doit être complétée par d’autres mécanismes pour la période d’après conflit. Le représentant a encore souligné que ces stratégies doivent être mises en œuvre en même temps qu'une intervention des institutions financières internationales.

M. HAILE MENKERIOS (Erythrée) a rappelé les nombreux problèmes liés au passé colonial dont a hérité le continent africain, problèmes qui ont affecté les structures sociales, politiques et économiques des pays, limitant ainsi leur potentiel de développement et de stabilité. Se défaire de cet héritage ne se fera pas en une génération, a-t-il déclaré. Il faut toutefois reconnaître que les Africains ont aussi une part de responsabilité. Les solutions à ces problèmes doivent par conséquent provenir des Africains eux-mêmes. La cupidité, la dictature ou l’incompétence de quelques-unes des élites africaines ont pour effet d’enfermer le continent sur lui-même et d’affaiblir sa capacité à résoudre ses problèmes de sous-développement. Ces faits sont reconnus par un nombre de plus en plus grand d’Africains et les changements nécessaires sont effectués un peu partout sur le continent bien que lentement et la plupart du temps de façon imperceptible.

Le représentant a attiré l’attention sur les changements positifs qui ont commencé à se produire dans toute l’Afrique, en particulier durant la dernière décennie. Ont émergé des régimes qui se sont engagés dans l’édification d’institutions démocratiques et ont adopté des stratégies de développement solides basées sur leurs besoins et leurs capacités et renforçant la coopération régionale, a-t-il déclaré. Ces efforts doivent être encouragés et soutenus si l’on veut que le développement de l’Afrique se poursuive. Le continent dispose de ressources humaines et matérielles. Ce qui lui fait défaut est le développement de ces ressources, notamment des ressources humaines, et des institutions appropriées permettant une plus large participation des populations africaines dans la vie politique et économique de leurs pays.

M. R.O. AKEJU (Nigéria) a déploré que la crise ait pris un caractère endémique en Afrique, conséquence de multiples facteurs dont le faible niveau d’éducation, le retard économique et social ainsi que les maladies endémiques telles que le sida et le paludisme. Il a fait observer qu’un certain nombre d’obstacles empêchent la mise en œuvre d’initiatives visant à résoudre les conflits et à promouvoir le développement durable. Si certains de ces obstacles sont créés par les pays africains eux-mêmes, il n'en demeure pas moins que la communauté internationale est aussi responsable pour n'avoir pas honoré ses engagements. L’absence de volonté politique est évidente dans plusieurs conflits d’Afrique où les parties qui s'affrontent, refusent de mettre en œuvre les accords de paix. C’est la raison pour laquelle les efforts de médiation aboutissent à des impasses, et ceci est particulièrement vrai pour l'Afrique centrale.

Le représentant a fait remarquer que le sida grève lourdement les ressources déjà limitées des Etats. Aujourd’hui, sur 34 millions de personnes infectées par le virus, 24 millions se trouvent en Afrique. Dix millions de personnes ont déjà perdu la vie à cause de cette maladie. Pour ce qui est du paludisme, sur les 400 millions de personnes qui en sont atteintes dans le monde, 300 millions se trouvent en Afrique et 2 millions trouvent la mort chaque année. Le représentant a en conclusion exhorté l’Assemblée à considérer ces questions avec la plus grande urgence.

M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) a déclaré que la communauté internationale ne pouvait construire un monde stable et pacifié sans procéder au règlement des problèmes du continent africain. Il a souhaité que la question du développement et de la recherche d'une paix durable en Afrique soient coordonnées étroitement par les Nations Unies et notamment le Conseil de sécurité. Il s'est réjoui des efforts déployés sur le continent africain dans la recherche de solutions aux conflits, saluant le rôle de l'Organisation de l'unité africaine, de la CEDEAO et de la SADC. M. Lavrov a expliqué que l’Afrique ne pouvait s’intégrer à l’économie mondiale que si elle parvenait à résoudre ses conflits au préalable. Il a enjoint la communauté internationale à soutenir les efforts déployés par les Etats africains en vue de résoudre leurs problèmes économiques et sociaux. Il a suggéré que le Groupe de travail et les différentes institutions des Nations Unies examinent les vraies causes des conflits notamment à la lumière de l'examen du rapport Brahimi afin d'y apporter des réponses valables. Il s'est félicité du renforcement de la démocratie et de l'intégration économique et politique sur le continent africain, estimant qu'un tel mouvement était important pour surmonter les conséquences du phénomène de la mondialisation, promouvoir le progrès social et éliminer la pauvreté. Il a conclu en déclarant que la Russie était déterminée à contribuer à résoudre les conflits en Afrique et à aider les Etats à trouver la voie du développement.

M. HAROLDT URIB (Namibie) a constaté que malgré tout ce qui a déjà été dit sur les causes des conflits et du sous-développement de l’Afrique, il semble que la situation continue de se dégrader quotidiennement. Alors que les Nations Unies et la communauté internationale disposent de toutes les informations nécessaires concernant les besoins de l’Afrique en matière de développement, le continent semble glisser irrémédiablement vers les abysses économiques. Alors que les experts disposent de statistiques exactes concernant l’amplitude de l’épidémie du sida, des milliers d’Africains continuent de perdre la vie chaque jour. Alors que d’autres experts formulent et expérimentent des stratégies de développement irréalistes, le développement lui-même reste hors d’atteinte pour l’Afrique. Alors que nous théorisons les risques de la mondialisation, la marginalisation du continent africain grandit et se globalise, a affirmé le représentant.

Aujourd’hui, un grand nombre d’Africains se posent la question de savoir si le monde s’intéresse vraiment au sort de l’Afrique. Il semble que la volonté politique au lieu de prendre corps dans des actions concrètes soit otage de la rhétorique et des clichés. Pendant ce temps, des millions d’enfants africains sont exposés à la faim, à la maladie, aux abus en tout genre, sans abri et sans éducation, exploités et victimes de la violence des conflits. Il est temps de revoir nos stratégies pour le développement de l’Afrique, a déclaré le représentant. La Namibie ne nie pas les progrès significatifs qui ont été réalisés ces dernières années dans la lutte contre la pauvreté et le sous- développement en Afrique. Cependant, mon pays s’inquiète des contradictions évidentes et de l’inadéquation des récentes politiques et pratiques internationales en matière de développement, a-t-il dit. Le représentant a notamment cité l’exemple de l’interdiction des produits et services africains les plus compétitifs sur les marchés des pays industrialisés.

La Namibie est d’avis que l’éradication de la pauvreté doit permettre de résoudre les conflits du continent africain en donnant à tous le choix et la chance d’améliorer leurs conditions de vie. Certaines délégations ont fait référence au problème de la corruption en Afrique qui représente en soi un anathème pour le développement social et économique. La corruption existe bien en Afrique, a dit le représentant, estimant que les corrupteurs sont souvent les mêmes qui disposent des moyens financiers et autres pour corrompre l’Afrique. Selon lui, les biens de l’Afrique détournés par la corruption finissent dans les institutions financières des pays qui blâment les Africains pour cette pratique.

M. FARES M. KUINDWA (Kenya) a déclaré que, dans la mesure où la paix était un préalable au développement, il était impératif pour la communauté internationale, les Gouvernements africains et les Nations Unies de mettre tout en oeuvre pour aboutir à une paix durable sur le continent. Se félicitant des efforts régionaux visant un règlement des conflits, il a souhaité qu'ils soient davantage encouragés avant d'ajouter que la nature des conflits avait évolué avec la fin de la guerre froide et s'étaient intensifiés sur le continent africain, compromettant le développement et limitant la capacités d'intervention étrangère, ces conflits étant essentiellement internes. Il a rappelé que les causes des conflits en Afrique avaient fait l'objet d'une analyse précise dans le rapport du Secrétaire général en 1998 et souhaité que des actions soient entreprises en vue de promouvoir une paix durable pouvant favoriser la croissance économique et le développement. Il a ajouté que, si des progrès avaient été réalisés dans certains domaines, des efforts restaient à faire tant aux niveaux national régional qu'international afin de mettre en oeuvre les recommandations du Secrétaire général. Il a ainsi appelé les institutions de Bretton Woods à débloquer les fonds nécessaires à la mise en oeuvre de programmes orientés vers le développement des pays africains, notamment dans les domaines de l'éradication de la pauvreté, de l'illettrisme, du VIH/sida, du paludisme, recommandant l'annulation de la dette et le respect de l'engagement des pays développés de contribuer à hauteur de 0,7% de leur PNB à l'aide publique au développement. Il a également réclamé la levée des barrières commerciales et la mise en oeuvre de programme de développement scientifique et technologique pour l'Afrique. Il a conclu en souhaitant que les Nations Unies, en particulier le Conseil de sécurité, poursuivent leurs efforts en faveur de la paix et du développement durables en Afrique.

M. KIRSTI POHJANKUKKA (Fédération internationale des sociétés de la Croix- Rouge et du Croissant-Rouge) a déclaré que la Fédération qu’il représente croit fermement que la santé publique est l’un des défis les plus importants auquel l’Afrique est confrontée aujourd’hui et auquel elle sera confrontée dans le futur. La plupart des maladies mortelles en Afrique pourraient être évitées si la population avait accès aux soins de santé primaires. Le représentant a rappelé que lors de la 27ème Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant- Rouge qui s’est tenue en novembre 1999, un programme d’action pour les années 2000-2003 a été adopté. Dans ce programme, la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge s’engage à élaborer des partenariats stratégiques afin d’améliorer le sort des personnes vulnérables. L’initiative africaine de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (African Red Cross and Red Crescent Health Initiative - ARCHI) est un exemple de ces partenariats. ARCHI 2010 a été lancé en 1998 et depuis cette date, 53 sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge dans des pays africains ont passé en revue et

analysé les problèmes liés à la santé primaire, en partenariat avec les institutions spécialisées des Nations Unies, les gouvernements et des représentants des cercles universitaires africains. Les priorités suivantes ont été identifiées: VIH/sida, paludisme, vaccination contre les maladies que l’on peut éviter et malnutrition. Les réponses sont élaborées au niveau local, en collaboration avec les communautés. La Fédération de la Croix-Rouge s’est par ailleurs félicitée de l’adoption par les sociétés nationales de la Déclaration de Ouagadougou, par laquelle ces sociétés s’engagent à intensifier les actions de lutte contre le sida et réaffirment le droit à la sécurité alimentaire.

ADMISSION DE NOUVEAUX MEMBRES À L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES : RÉPUBLIQUE FÉDÉRALE DE YOUGOSLAVIE

Déclarations

M. JEAN-DAVID LEVITTE (France) au nom de l’Union européenne et des pays associés d’Europe centrale et orientale (Bulgarie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovaquie, Slovénie), de Chypre, de Malte et de la Turquie, ainsi que des pays de l’AELE membres de l’espace économique européen (Liechtenstein, Islande, Norvège), ainsi que des 70 coauteurs, a présenté le projet de résolution proposant l’admission de la République fédérale de Yougoslavie aux Nations Unies. Il a déclaré que le 24 septembre dernier, le peuple yougoslave a fait le choix de la démocratie dans des conditions particulièrement difficiles. En demandant l’admission de la République fédérale de Yougoslavie à l’ONU, le Président Kostunica confirme sa volonté de rompre avec la politique sans issue dans laquelle le régime Milosevic s’était enfermé. Avec une fierté légitime, le peuple yougoslave va pouvoir reprendre toute la place qui lui revient dans le concert des Nations, a-t-il dit, estimant que ce soir c’est un pas important qui va être fait vers la réconciliation, la stabilité et la paix dans une région marquée par tant d’épreuves. En faisant vivre nos valeurs communes, le peuple yougoslave s’est ouvert le chemin vers sa famille : l’Union européenne, a-t-il ajouté.

M. RICHARD HOLBROOKE (Etats-Unis) a déclaré que cette journée était historique tant pour la République fédérale de Yougoslavie, que pour les Balkans, et la communauté internationale dans son ensemble, saluant ainsi l'admission de la République fédérale de Yougoslavie au sein des Nations Unies. Le représentant a ajouté qu'après huit années de conflit, les querelles étaient désormais révolues, félicitant l'envoyé spécial, M. Svilanovic ainsi que le nouveau Président Kostunica et la coalition pour le changement démocratique pour avoir mis en avant les principes démocratiques dans leur pays. Il a ajouté qu'il avait rencontré le nouveau Président la semaine dernière à Skpopje et que ce dernier s'était engagé à respecter les engagements pris à Dayton, de même que les résolutions du Conseil de sécurité relatives à la situation au Kosovo. Il a ajouté que ce moment historique ouvrait un éventail de possibilités pour l'avenir, pour la République fédérale de Yougoslavie, pour la région des Balkans et pour l'Europe tout entière. Qualifiant le changement démocratique de septembre 2000 de «tremblement de terre»,

M. Holbrooke a considéré qu'il permettait au peuple yougoslave de se tourner vers l'avenir. Evoquant les questions à résoudre en urgence, il a mentionné le problème des prisonniers, notamment Albanais, qui sont encore au nombre de 1000 mais qui devraient être libérés, et également le sujet sensible des populations disparues qui doivent selon lui être retrouvées des deux côtés. Il s'est félicité du rejet, par les nouvelles autorités, des changements constitutionnels apportés par le précédent régime en juillet dernier et appelé la communauté internationale à encourager la démocratie, exprimant l'engagement des Etats-Unis à travailler étroitement avec la République fédérale de Yougoslavie à la résolution des problèmes encore présents dans les Balkans, sur une base démocratique.

M. MAHFOUDH OULD DEDDACH (Mauritanie) au nom du Groupe africain, a déclaré que les hommages du jour doivent être particulièrement adressés au grand peuple de Yougoslavie qui a su retrouver le chemin de la démocratie et, nous l’espérons, de la paix. Maintenant que la République Fédérale de Yougoslavie est appelée à jouir à nouveau de ses prérogatives de Membre des Nations Unies, le Groupe africain émet l’espoir que les autorités démocratiques de la Yougoslavie feront face avec diligence aux obligations découlant de la Charte de l’ONU, en coopérant efficacement avec la communauté internationale pour instaurer un climat de paix, de coopération et de prospérité dans la région des Balkans qui en a tant besoin, a-t-il déclaré.

M. ELMIRA IBRAIMOVA (Kirghizistan) a félicité la République fédérale de Yougoslavie pour son admission au sein des Nations Unies. Il a salué l’engagement du Président de la République fédérale de Yougoslavie M. Kostunica en faveur des objectifs et des principes de la Charte des Nations Unies et sa détermination à remplir toutes les obligations contenues dans ce texte.

M. ERNEST PETRIC (Slovénie) s'exprimant au nom du Groupe des pays d'Europe orientale a tenu à féliciter la République fédérale de Yougoslavie pour son admission comme membre des Nations Unies, ajoutant qu'elle renforçait l'universalité de l'organisation. Il a salué la présence de l'Envoyé Spécial du nouveau Président de la République fédérale de Yougoslavie, M. Kostunica, à qui il a rendu hommage de même qu'à la coalition démocratique pour leur engagement en faveur du changement social, politique et démocratique dans leur pays. Il a souhaité que la communauté internationale fasse de son mieux pour aider les nouvelles autorités de la République fédérale de Yougoslavie face aux défis du redressement économique et du renforcement des institutions démocratiques. Il a ajouté que les Nations Unies et les Etats Membres devaient contribuer aux efforts de ce pays pour mener à bien des programmes humanitaires et de relance de l'économie. Il a poursuivi en déclarant que le fait que la République fédérale de Yougoslavie souscrive aux termes de la Charte des Nations Unies traduisait une nouvelle ère entre les Nations Unies et la République fédérale de Yougoslavie de même que pour l'avenir de l'Europe du Sud-Est. Il a conclu en souhaitant la bienvenue à la République fédérale de Yougoslavie au sein du Groupe des pays d'Europe orientale qui souhaite coopérer étroitement avec le nouvel Etat Membre.

M. GELSON FONSECA (Brésil) au nom des Etats d’Amérique latine et des Caraïbes a déclaré que la résolution adoptée ce soir est le point culminant des changements démocratiques remarquables survenus en République fédérale de Yougoslavie; ce changement représente une occasion historique pour son peuple et pour les Nations Unies. Il a noté avec satisfaction la volonté manifestée par les nouvelles autorités yougoslaves de se conformer aux obligations de la Charte de l’ONU. Le représentant s’est déclaré convaincu que la participation de la délégation yougoslave au sein des Nations Unies servira non seulement le pays, mais appuiera également les efforts déployés par tous les Etats Membres pour promouvoir l’égalité des Etats et les principes de justice et des droits de l’homme.

M. HANNS HEINRICH SHUMACHER (Allemagne), s’exprimant au nom du Groupe des Etats d’Europe occidentale et des autres pays, a souhaité la bienvenue à la République fédérale de Yougoslavie et a félicité le Président Kostunica pour avoir mis fin à l’isolement imposé à son pays par son prédécesseur. Il a pris note avec satisfaction du fait que la République fédérale de Yougoslavie s’est engagée a agir conformÉment à la Charte des Nations Unies et à respecter toutes ses obligations internationales.

M. DUMINASI S. KUMALO (Afrique du Sud), prenant la parole au nom des pays membres du Mouvement des non alignés, a accueilli avec satisfaction la demande d'adhésion de la République fédérale de Yougoslavie auprès de l'ONU et son engagement solennel à accepter et remplir les obligations de sa Charte. Il a estimé que les changements démocratiques intervenus dans ce pays de même que les développements similaires survenus dans le reste de la région témoignent du fait que le peuple des Balkans est prêt à diriger son attention collective vers les défis de la reconstruction, de la réconciliation, de la paix et d'un développement durables.

M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) s’est félicité de l’engagement solennel pris par la République fédérale de Yougoslavie de se conformer aux principes de la Charte des Nations Unies. Selon lui, il est important que l’Assemblée générale ait adopté la résolution d’aujourd’hui à la demande des autorités yougoslaves démocratiquement élues et ce, au cours de l’Assemblée du millénaire. La Mission de la Yougoslavie à l’ONU est importante pour l’Organisation tout entière et pour l’exploitation plus efficace des moyens mis en oeuvre par l’ONU pour créer un climat de paix en Europe du Sud-Est, sur base des normes du droit international. La Fédération de Russie est prête à coopérer avec la Yougoslavie au sein des institutions internationales, a-t-il encore affirmé.

M. NASTE CALOVSKI (ex-République yougoslave de Macédoine), s’exprimant au nom du Processus des pays d’Europe du Sud-Est, a félicité la République fédérale de Yougoslavie pour son admission au sein de l’ONU. Il a indiqué qu’il s’agissait d’un événement exceptionnel qui ouvre la voie à de nouvelles relations entre son pays et la République fédérale de Yougoslavie. Il s’est dit convaincu que cette adhésion permettra de régler les problèmes de succession de l’ancienne République yougoslave et de trouver une solution à la question de la délimitation des frontières entre les deux pays.

M. AGIM NESHO (Albanie) a estimé que cette adhésion se présente comme le résultat de l'acceptation par les forces démocratiques serbes des nouvelles réalités historiques des Balkans et comme la reconnaissance du droit des peuples à la liberté et à l'autodétermination, de la création d'un monde démocratique respectueux des droits de l'homme, du démantèlement des politiques nationalistes qui ont été à l'origine de tant de souffrances dans les Balkans au cours des dix dernières années. L'Albanie, a-t-il poursuivi, veut croire que le nouvel esprit de coopération entre les nations, tel qu'il a été exprimé dans la Déclaration du millénaire, trouvera l'appui de tous les pays des Balkans et de la République fédérale de Yougoslavie. Cela, a-t-il poursuivi, créera les conditions nécessaires à une coopération solide par le biais du Pacte de stabilité, consolidera la paix dans la région, permettra de surmonter les divisions passées et les anciennes hostilités qui ont opposé les pays des Balkans et les encouragera à se tourner vers l'avenir. Il a exprimé l'espoir que la République fédérale de Yougoslavie et ses nouveaux dirigeants seront à même de s'éloigner de l'héritage dictatorial de l'ancien régime de M. Milosevic et qu'ils travailleront en faveur de la paix et de la stabilité de l'Europe du Sud-Est et du respect du droit universel des peuples à l'autodétermination. Il a exprimé l'espoir que les autorités de la République fédérale de Yougoslavie coopèreront pleinement avec la communauté internationale en ce qui concerne le respect de la résolution 1244 du Conseil de sécurité et accepteront la nouvelle réalité du Kosovo.

M. IVAN SIMONOVIC (Croatie) a déclaré que dans l'histoire des pays et des régions, il y avait des tournants décisifs et à ce titre, il a tenu à féliciter la délégation de la République fédérale de Yougoslavie, conduite par M. Milan Svilanovic, pour l'admission de son pays aux Nations Unies. Il s'est réjoui de la reconnaissance du principe d'égalité de tous les Etats issus de l'ancienne République fédérative de Yougoslavie par les nouvelles autorités de Belgrade et souhaité qu'elles respectent les frontières de leurs Etats voisins. Il a plaidé pour l'égalité des cinq Etats successeurs de l'ancienne République fédérative de Yougoslavie, pour le respect des droit des minorités, souhaitant que les nouvelles autorités yougoslaves apportent une contribution à la paix et à la stabilité en Europe du Sud-Est. Il a préconisé une étroite coopération pour juger les coupables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité en ex-Yougoslavie, ceci afin de prévenir des conflits à venir. Il a conclu en exprimant sa satisfaction de voir les nouvelles autorités de la République fédérale de Yougoslavie prôner une coopération avec les Etats voisins et assuré de la volonté de son pays de coopérer avec Belgrade.

M. MUHAMED SACIRBEY (Bosnie-Herzégovine) s’est associé aux félicitations déjà exprimées et s’est félicité des manifestations de bonne volonté exprimées aujourd’hui. Le représentant a estimé que de nouvelles responsabilités apparaissent pour la Yougoslavie maintenant avec son admission au sein des Nations Unies. Notre avenir est plein de possibilités non encore réalisées, a-t-il dit, en insistant sur la déclaration du représentant de la France concernant l’ouverture à l’Union européenne.

M. GORAN SVILANOVIC, Envoyé spécial du Président de la République fédérale de Yougoslavie, a déclaré qu’en admettant son pays au sein des Nations Unies, en tant que Membre à part entière, l’Assemblée lui permet de reprendre la place qui lui est due dans la famille des nations. Selon lui, la résolution adoptée illustre la reconnaissance par la communauté internationale des changements démocratiques profonds qui se sont produits en Yougoslavie. Après dix longues années de conflit, mon pays fait face à de nombreux problèmes et difficultés, tant au niveau intérieur qu’extérieur, a-t-il dit. L’Envoyé spécial a saisi l’occasion pour rassurer les membres de l’Assemblée, et en particulier les Etats voisins et leurs gouvernements, en affirmant que la République fédérale de Yougoslavie est bien consciente de ces difficultés et se tient prête à collaborer avec la communauté internationale pour les régler. A cette fin, la République fédérale de Yougoslavie sera un voisin fiable et un membre consciencieux de la communauté internationale qui déploiera tous les efforts possibles pour promouvoir la paix et la stabilité dans la région et dans le monde.

Cette politique reflète les intérêts vitaux du peuple yougoslave et résulte des profonds changements démocratiques qui se sont produits dans mon pays, a encore déclaré l’Envoyé spécial du Président Kostunica. Contre toute attente, le peuple de Yougoslavie a exercé son droit de vote pour balayer l’autoritarisme d’un régime répressif et choisir la démocratie en échange. Le peuple yougoslave a démontré sa bravoure et sa persévérance en défendant son vote et tenu bon malgré les menaces de violence et de terreur. Il s’est montré courageux et fier, et le nouveau Gouvernement yougoslave va tout faire pour éviter de trahir l’espoir de son peuple, a encore affirmé l’Envoyé spécial, estimant par ailleurs que la bataille pour la démocratie aurait été plus difficile encore à gagner si la communauté internationale n’avait pas tendu une main généreuse à son pays. Ma présence ici constitue la reconnaissance finale de la victoire du peuple yougoslave, la victoire d’hommes et de femmes ordinaires dans leur lutte pour un avenir meilleur, a-t-il ajouté.

Pour faire table rase du passé, un changement de politique ne suffira pas. Une nouvelle économie, la croissance et le développement seront nécessaires. Pour parvenir à ces objectifs, le but du nouveau Gouvernement est de prendre une part active aux projets économiques de la région et d’intégrer le pays dans l’économie mondiale. La Yougoslavie démocratique, dirigée par un Gouvernement élu par son peuple, s’engage à conduire une politique amicale de coopération avec tous les pays et à lutter pour la paix, en faisant preuve de bonne volonté pour maintenir la stabilité. De plus, et afin de promouvoir de bonnes relations avec les pays de sa région, les priorités de la République fédérale de Yougoslavie incluront une coopération avec l’Europe. Elle restera cependant ouverte à une coopération avec d’autres pays également et avec les organisations internationales. Ce faisant, elle mettra en vigueur le principe de l’égalité et du respect de toutes les nations, des grands et des petits, de la paix et de la sécurité. La Yougoslavie respectera également les principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies, a encore déclaré l’Envoyé spécial du Président Kostunica, précisant que la volonté du Gouvernement et du peuple yougoslaves à tenir leurs promesses ne fléchira pas.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.