En cours au Siège de l'ONU

AG/1092

DE L'AVIS DE PLUSIEURS DELEGATIONS, LE DEVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE EST AUSSI TRIBUTAIRE DE LA PREVENTION DES CONFLITS

1 novembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1092


DE L’AVIS DE PLUSIEURS DELEGATIONS, LE DEVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE EST AUSSI TRIBUTAIRE DE LA PREVENTION DES CONFLITS

20001101

L’Assemblée générale a examiné ce matin le point de l’ordre du jour intitulé «Les causes des conflits et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique». Les intervenants ont commenté le rapport du Groupe de travail spécial à composition non limitée chargé d’examiner les causes des conflits et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique (A/55/45) et se sont majoritairement prononcés en faveur de la prorogation du mandat de ce Groupe de travail.

Le représentant de Singapour, en tant que co-vice-président, avec l’Espagne, du Groupe de travail spécial, a rendu compte du déroulement des travaux du Groupe de travail et indiqué que de nombreux documents se trouvent désormais sur un nouveau site Web . Le représentant de Singapour s’est félicité de ce que la communauté internationale ait aujourd’hui reconnu de façon quasi-universelle la spécificité des besoins de l’Afrique. Cette reconnaissance est particulièrement bienvenue à l’heure où 44% de la population du continent vit en dessous du seuil de pauvreté. Plusieurs délégations ont souligné que la pauvreté sera réduite de moitié d’ici 2015, conformément aux objectifs énoncés dans la Déclaration du millénaire, suppose que les taux de croissance des économies africaines atteignent 7% par an. Or, dans des pays où l’épargne nationale est insuffisante, un tel taux de croissance ne peut pas être envisagé sans aide extérieure. Ainsi, le représentant de l’Inde a déclaré que les pays développés doivent accroître le montant de l’aide au développement pour le continent africain, proposant que les flux d’aide soient doublés pour atteindre 22 milliards de dollars. L’annulation de la dette et l’amélioration des modalités de financement du développement ainsi que l’augmentation des flux de capitaux privés ont également été largement évoquées.

En ce qui concerne les causes des conflits, le représentant de la France a salué le rapport du Groupe spécial de travail mais a regretté que l’accent n’ait pas suffisamment été placé sur la prévention des conflits, ainsi que l’avait recommandé le rapport Brahimi. Le représentant de l’Egypte a également souligné qu’en Afrique les mécanismes de prévention sont trop peu développés, ajoutant que quand ces mécanismes de prévention des conflits existent, les mesures de suivi sont trop lentes ou inefficaces, comme le prouvent les événements récents à la frontière de la Guinée ou du Sierra Leone.

De nombreux pays ont souligné l’interdépendance entre les questions de prévention des conflits et celles liées au développement et ont insisté sur les aspect délétères de la pauvreté extrême sur le tissu social. Les Etats-Unis cependant se sont inscrits en faux contre le lien trop souvent et trop rapidement établi entre la pauvreté et les conflits. En effet, c’est le cynisme des dirigeants, l’absence de la société civile à tous les niveaux de la prise de décision politique et, en dernière analyse, le manque de transparence et de démocratie qui compromet le développement et provoque l’enlisement des conflits. Dans le même ordre d’idées, le représentant de la Norvège a déclaré qu’il est important que les dirigeants africains s’engagent politiquement à appliquer les accords de paix et les autres mesures nécessaires pour parvenir à la paix et à la réconciliation des parties au conflit. La résolution interne des conflits et l’établissement de règles transparentes de gouvernance doit, pour ces pays, être un préalable à l’engagement de la communauté internationale.

Les pays suivants ont pris la parole: Egypte, Singapour, France et pays associés, Etats-Unis, Chine, Togo, Sénégal, République-Unie de Tanzanie, Malaisie, Algérie, Inde, Norvège, Colombie, Koweït, Pakistan, Angola, Emirats arabes unis, Botswana et Argentine.

L’Assemblée reprendra l’examen de ce point cet après-midi, à 15 heures et examinera un projet de résolution concernant l’admission de la République fédérale de Yougoslavie comme nouvel Etat Membre à l’Organisation des Nations Unies.

LES CAUSES DES CONFLITS ET LA PROMOTION D’UNE PAIX ET D’UN DÉVELOPPEMENT DURABLE EN AFRIQUE

Rapport du Groupe de travail spécial à composition non limitée chargé d'examiner les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables (A/55/45)

Le rapport rend compte des actions qu'il a entreprises, sur recommandations du Secrétaire général, du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale.

Le rapport se compose d'un chapitre introductif, d'un chapitre portant sur les progrès réalisés dans l'application des recommandations formulées par le Secrétaire général, d'un chapitre sur les obstacles auxquels se heurte l'application effective des recommandations du Secrétaire général et enfin d'un chapitre portant sur les modalités d'adoption d'autres mesures.

Des progrès notables ont été enregistrés dans les domaines suivants: rétablissement et maintien de la paix; la protection des civils en période de conflits armés; sécurité des réfugiés; consolidation de la paix après les conflits. Des progrès ont également été enregistrés pour le financement du relèvement; la recherche d'une action coordonnée entre les différents organes des Nations Unies; promotion des droits de l'homme et de la règle de droit; de l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Le Groupe de travail indique par ailleurs que des améliorations ont été obtenues dans le développement social, la sécurité alimentaire à long terme, l'allègement de la dette, l'ouverture des marchés internationaux, l'appui à la coopération régionale et enfin dans l'harmonisation des initiatives internationales et bilatérales.

Il ressort du rapport que les obstacles auxquels se heurtent la mise en oeuvre effective des recommandations du Secrétaire général tiennent à un ensemble de facteurs interdépendants tels que le manque de volonté politique de la communauté internationale, l'insuffisance des ressources et des capacités, les carences de la gouvernance dans certains pays d'Afrique, la persistance des conflits armés, l'accès limité à la technologie, la dégradation générale de la santé publique, la faiblesse du secteur privé, l'insuffisante de la structure économique et la difficile coordination des activités.

Au titre des mesures à prendre, le Groupe de travail préconise l'élaboration de plans d'action nationaux et régionaux pour les droits de l'homme, la promotion de la transparence et de l'obligation de rendre des comptes dans l'administration publique, le renforcement de la capacité administrative, l'instauration d'un cadre propice à l'investissement étranger direct et à la croissance économique. Il recommande aussi la mise en oeuvre des réformes économiques nécessaires, l'investissement en faveur des ressources humaines, la recherche de solutions aux problèmes de santé publique, la justice sociale et le développement social, l'élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes, la restructuration et l'augmentation de l'aide internationale, y compris l'aide publique au développement, la réduction du fardeau de la dette. Selon le rapport, il faudrait aussi que les mesures à prendre portent sur l'ouverture des marchés internationaux, l'appui à la coopération et à l'intégration régionales, l'harmonisation et la coordination des initiatives internationales en cours, le transfert de technologies, le renforcement des capacités, l'appui à l'instauration d'un environnement propice à la promotion des investissements.

En outre, le Groupe de travail a défini un certain nombre d'actions à entreprendre en matière d'élimination de la pauvreté, d'allègement de la dette, de financement du développement, de lutte contre le VIH/sida, de lutte contre le paludisme, de prévention des conflits et de consolidation de la paix après les conflits, de protection des réfugiés et personnes déplacées, de coordination et de suivi des mécanismes mis en oeuvre.

Déclarations

M. AHMED ABOULGHEIT (Egypte) a déclaré que de nombreuses initiatives ont été prises en faveur du développement, notamment pour l'Afrique, dont la mise en oeuvre ne sera pas possible tant que les environnements nationaux ne seront pas favorables. Une réalité qui, selon le représentant, va à l'encontre du développement des pays les plus pauvres. Par ailleurs, le poids de la dette et les épidémies empêchent également ces pays de réaliser leurs objectifs de développement, ce qui constitue aussi une cause majeure des conflits en Afrique. Nous ne devons pas oublier la responsabilité de certaines puissances impériales du passé qui ont semé les graines de ces conflits, notamment en fomentant des querelles ethniques entre certains groupes du continent, a-t-il dit. On parle de la nature tribale de ces conflits ce qui est une simplification à l'extrême de la réalité. On parle aussi de l'absence de bonne gouvernance en Afrique, ce qui n'est pas faux mais encore faut-il considérer l'ensemble du tableau pour établir un jugement exact et s'attaquer au problème, a encore estimé le représentant de l'Egypte. L'Afrique doit avoir un rôle précis dans le règlement des conflits sur son propre continent. Elle n'attend pas que les Nations Unies travaillent seules à cet effet. Le Secrétaire général a montré, à cet égard, que le problème fondamental est le manque de mécanismes d'alerte rapide qui pourrait signaler l'arrivée d'une crise avant qu'elle ne se déclenche, a-t-il dit, ajoutant que quand ces mécanismes existent, les mesures de suivi sont trop lentes ou inefficaces pour faire face à la situation. Selon lui, les événements récents à la frontière de la Guinée ou du Sierra Leone le prouvent.

Il faut éviter que de nouveaux conflits n’éclatent en Afrique, a encore affirmé le représentant. Il ne fait aucun doute pour l'Egypte que le continent africain a connu de nombreux développements ces dernières années dans les domaines du maintien ou du rétablissement de la paix et de la sécurité ou encore dans celui de la reconstruction après les conflits. L'Afrique, au niveau du continent ou au niveau sous régional, a pris des initiatives propres pour mettre un terme aux conflits. La détermination du continent est de plus en plus évidente, les exemples de la Sierra Leone, de la République du Congo, de l'Erythrée et de la Somalie en sont la preuve, a-t-il dit. L'Egypte a toujours participé aux efforts du continent pour trouver des solutions à ses conflits. Ce qui ne signifie pas que les Nations Unies et notamment le Conseil de sécurité ne doivent pas continuer à assumer leur rôle dans ce domaine. Le rôle de la communauté internationale ne peut pas être secondaire, a-t-il poursuivi.

L'Egypte est d'avis qu'il existe un fossé important entre ce que promet la communauté internationale pour régler les conflits sur le continent et ce qui est réellement mis en oeuvre pour surmonter les causes profondes des conflits qui ont perturbé les infrastructures sociales et économiques de tout le continent. L'absence de volonté politique claire de la communauté internationale est l'une des raisons de ces manquements, a encore estimé le représentant en ajoutant que les conflits africains sont devenus extrêmement compliqués du fait de la

multiplicité des ethnies et des problèmes spécifiques sociaux et de sécurité du continent. Il a rappelé que le Conseil de sécurité a promis, lors de l'Assemblée du millénaire, d'accorder une attention égale à toutes les régions du monde en matière de respect de la paix et de la sécurité estimant cette déclaration positive pour l'Afrique, à qui les Nations Unies devraient accorder l'attention requise. Il ne fait aucun doute qu'il y a de nombreux autres domaines dans lesquels nous espérons que la communauté internationale appuiera l'Afrique pour instaurer la paix et la sécurité sur le continent, a poursuivi le représentant. Il a par ailleurs souhaité la réactivation des mécanismes de l'OUA et noté le travail positif accompli par le groupe de travail sur les causes des conflits en Afrique. Selon lui, il est important de maintenir l'élan pour renforcer toutes les initiatives mises en oeuvre pour l'établissement de la paix et de la sécurité en Afrique et dans cette optique, il a appelé de ses voeux la prorogation du mandat du groupe de travail.

M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a pris la parole en sa qualité de Vice- Président du Groupe de travail spécial sur les causes des conflits et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique. Procédant à un compte rendu sur le déroulement des travaux du Groupe de travail, il a rappelé que le mandat du Groupe consiste à suivre la mise en oeuvre des recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général de 1998 et des propositions formulées par le Conseil économique et social lors de sa session de 1999. Il a précisé que le Groupe de travail s’était réuni trois fois et avait décidé d’inviter les institutions compétentes des Nations Unies et les institutions de Bretton Woods. Le Groupe de travail a mis en place un site Internet qui contient un compte rendu de ses travaux, de ses déclarations et de ses rapports. (www.un.org/esa/africa/adhocWg/index.htm).

Le représentant s’est félicité que la communauté internationale ait aujourd’hui reconnu de façon quasi universelle que l’Afrique a des besoins spécifiques. Il a cependant regretté que cette reconnaissance ne se soit toujours pas soldée par des avancées significatives et a fait remarquer que certaines statistiques sont franchement déprimantes; à titre d’exemple, la population africaine représente 13% de la population mondiale mais ne participe qu’à hauteur de 2% au produit mondial. Le représentant a déclaré que le Groupe de travail doit continuer sa tâche et être encouragé mais qu’il est maintenant important que son action se concrétise par des résultats sur le terrain. Assez de rapports sur l’Afrique, a-t-il souligné, il est maintenant temps de mettre en oeuvre les initiatives concrètes car la communauté internationale court des risques substantiels à laisser à la traîne une partie des siens.

M. JEAN-DAVID LEVITTE (France) s’est exprimé au nom de l’Union européenne, des pays d’Europe centrale et orientale associés à l’Union européenne (Bulgarie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovaquie et Slovénie), les pays associés (Chypre et Malte) ainsi que le Liechtenstein en tant que pays de l’AELE, membre de l’Espace économique européen. Il a répété l’attachement de l’Union européenne à l’établissement d’une approche intégrée des Nations Unies vis-à-vis de l’Afrique qui prenne effectivement en compte les dimensions politique, sociale et économique de la prévention et de la résolution des conflits. Il a fait valoir que ce point reste plus que jamais d’actualité et a été de nouveau mis en valeur par le rapport du Groupe d’experts dirigé par M. Brahimi: le développement sans la paix n’est pas plus possible que la paix ne l’est sans le développement.

A propos du rapport du Groupe de travail, le représentant a déclaré que l’Union européenne continue à regretter qu’un accent suffisamment fort n’ait toujours pas été mis sur la question décisive de la prévention des conflits. Toujours au même chapitre, il a indiqué que l’Union européenne appuyait pleinement les initiatives prises par le Conseil de sécurité pour mieux comprendre les origines économiques et les aspects mercantiles de certaines crises africaines et dénoncer les liens existants entre trafics de matières premières et d’armements.

Me référant aux observations faites par le groupe de travail sur la question de la dette, a-t-il déclaré, je voudrais ici répéter que l’Union européenne considère l’initiative PPTC/HPC (Pays pauvres très endettés/High indebted poorest countries) renforcée comme un élément essentiel pour lutter contre la pauvreté et atteindre les objectifs de développement durable. L’Union européenne a apporté à ce jour 68% des contributions versées au fonds fiduciaire destiné à financer l’initiative PPTE/HPC. Elle appelle les pays éligibles à mettre en oeuvre leurs engagements politiques internationaux et à prendre les mesures politiques et économiques nécessaires pour entrer dans ce processus et à faire en sorte que la mise en oeuvre de cette initiative oriente les ressources dégagées vers les secteurs sociaux tels que l’éducation et la santé, et favorise l’état de droit, la bonne gouvernance, la participation de la société civile et le développement humain.

M. BETTY E. KING (Etats-Unis) s’est employée à démentir quatre idées qui ont cours sur les causes des conflits en Afrique. En premier lieu, elle a déclaré que ce n’est pas la pauvreté qui est à l’origine des conflits; en effet, les pays en proie aux pires conflits sont également riches en ressources minières, tels le Congo, la Sierra Leone ou l’Angola. Deuxièmement, on ne saurait imputer les conflits aux divisions ethniques. La représentante a souligné que le recours à la violence n’est pas génétiquement déterminé et elle a mentionné Julius Nyerere pour sa capacité à gouverner avec harmonie un peuple composé d’une mosaïque de cultures et de langues, et à l’inverse, la Somalie qui en dépit de l’homogénéité ethnique, est en proie à un conflit violent. En troisième lieu, la représentante s’est inscrite en faux contre l’idée que les différences religieuses causent les conflits. En effet, dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest et de l’Est, les Chrétiens et les Musulmans coexistent pacifiquement. Enfin, l’idée selon laquelle le tracé des frontières coloniales est à l’origine de conflits doit également être combattue; la Zambie est un exemple de pays pacifique dont les frontières ont été tracées par les Belges, les Britanniques, les Allemands et les Portugais.

La représentante a également rejeté l’idée qu’il existerait des “haines ancestrales” ou des faillites d’Etats et a réaffirmé qu’il n’existe que des gouvernements qui ne sont pas à l’écoute de leurs peuples. Car, que l’on considère les conflits de la Sierra Leone, du Liberia, de la Guinée, de la République du Congo, de la Côte d’Ivoire, du Rwanda, du Burundi, du Soudan, de l’Ethiopie, s’est-on seulement une fois interrogé sur le rôle des Parlements? Sur le rôle des tribunaux de justice? Sur les rôle des médias? Sur le rôle de la société civile, celui des partis politiques d’opposition, celui des syndicats, celui des organisations des femmes? La représentante a déclaré qu’il est urgent aujourd’hui de faire triompher des principes de bonne gouvernance car la mauvaise gouvernance est bien souvent à l’origine des conflits. Le principe universel d’une gouvernance responsable, qui accompagne généralement la démocratie, est seul à même de relever les défis inscrits dans la Charte des Nations Unies.

M. SHEN GUOFANG (Chine) a indiqué que l’absolue priorité était de s’assurer que les recommandations du Secrétaire général sur la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique, formulées dans les années 90 dans le nouvel ordre du jour pour le développement de l’Afrique, ainsi que les engagements pertinents pris au Sommet du millénaire, se traduisent dans les faits. La communauté internationale doit à cet effet prêter attention aux besoins spécifiques de l’Afrique et donc s’assurer de la participation des pays africains aux discussions sur les politiques envisagées en matière d’économie, de finance à l’échelle mondiale, a-t-il indiqué. Il faut par ailleurs que les flux financiers à destination de l’Afrique augmentent. L’Afrique continue à éprouver des difficultés dans ce domaine et l’aide internationale au développement peut jouer un rôle important à cet égard. Des dispositions doivent être prises pour accroître l’accès des pays africains aux marchés extérieurs, notamment par la suppression, par les pays développés, de leurs taxes et barrières douanières. Les dettes extérieures de l’Afrique doivent être encore réduites ou annulées. Des actions effectives doivent être engagées en faveur du transfert de technologies notamment dans le secteur informatique.

Le représentant a indiqué par ailleurs que, lors de la Conférence ministérielle sur la coopération Chine-Afrique, qui s’est déroulée à Beijing du 10 au 12 octobre et a réuni 80 ministres en provenance de 45 pays africains et des représentants de 20 organisations régionales, son pays s’était engagé à fournir un soutien à l’Afrique dans le domaine du développement économique et social, notamment en procédant à une réduction de la dette de l’ordre de 10 milliards de yuan. Il a précisé que l’aide de la Chine à l’Afrique n’était liée à aucune condition et ne visait aucun privilège politique.

M. ROLAND Y. KPOTSRA (Togo) a constaté que malgré les progrès accomplis, des obstacles empêchent toujours la mise en oeuvre effective des recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général sur les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique, ce qui impose que de nouvelles orientations soient tracées pour en accélérer l'application. Le travail qui reste à accomplir est immense, a-t-il déclaré. S'agissant du maintien et du rétablissement de la paix, le Conseil de sécurité a accordé une attention particulière à l'amélioration des régimes de sanctions en Afrique, à la situation des réfugiés et personnes déplacées sur le continent et à la protection des enfants dans les conflits armés et les débats publics tenus ces derniers temps ainsi que les résolutions adoptées en disent long sur la nouvelle dynamique de son action a estimé le représentant, notant toutefois que les actions visant à la mise en oeuvre des recommandations du Secrétaire général sont nécessairement vouées à l'échec dans les zones d'instabilité et que, sans la paix et la stabilité, on ne peut entreprendre des actions de développement durable en Afrique. Le continent africain essaie, à travers des mécanismes mis en place par l'OUA, tels que la Conférence panafricaine sur la sécurité, la stabilité, le développement et la coopération en Afrique, de créer les conditions propices pour un développement durable. Les initiatives menées à l'échelon sous-régional par les Etats africains méritent également d'être relevées comme participant à la dynamique, a encore affirmé le représentant du Togo, considérant que ces mécanismes doivent être soutenus financièrement si l'on veut renforcer les capacités africaines en matière de maintien de la paix.

En dépit du regain d'intérêt du Conseil de sécurité pour l'Afrique, le continent est resté la partie du monde où l'on compte le plus grand nombre de conflits meurtriers, de réfugiés et de personnes déplacées a constaté M. Kpotsra. Malgré le partenariat instauré entre le PNUD, la Banque mondiale et le Haut Commissariat aux réfugiés, la situation des réfugiés ne s'est pas améliorée qualitativement, a-t-il poursuivi, s'inquiétant de l'extrême déséquilibre entre le traitement réservé aux réfugiés du continent et l'assistance octroyée à ceux d'autres régions du monde. Par ailleurs, il a évoqué la question de l'allègement de la dette des pays de l'Afrique subsaharienne qui consacrent l'essentiel de leurs ressources au remboursement, les détournant ainsi des projets dont la réalisation devrait concourir à l'éradication de la pauvreté. Le représentant a aussi attiré l'attention sur l'incidence du VIH/sida sur toutes les perspectives d'avenir qui s'offrent à l'Afrique. Cette pandémie est devenue un véritable problème de développement et constitue une menace réelle pour la vie de l'espèce humaine, a-t-il dit. La situation des enfants orphelins du sida en Afrique, qui seront 40 millions en 2010, indique l'impact social de cette pandémie dont les effets sont aggravés par les coûts élevés des médicaments.

Outre le VIH/sida, la paludique constitue une source de grande préoccupation pour l'Afrique. Les conséquences de cette maladie dépassent de loin le domaine de la santé publique pour l'imposer comme une question importante de développement socioéconomique, a-t-il poursuivi, constatant que les problèmes cruciaux de santé auquel l'Afrique est confrontée illustrent à suffisance le manque de ressources financières auxquels le continent est confronté. Le représentant a conclu en soulignant que l'Afrique est consciente de ce que la responsabilité principale des efforts liés à la promotion de son développement lui incombe avant tout, espérant l'appui bienveillant de tous ceux qui sont à même de la soutenir.

M. IBRA DEGUENE KA (Sénégal) s’est félicité des progrès importants notés par le Groupe de travail dans le domaine de la promotion de la paix, de son maintien et de sa consolidation et dans celui de la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés fondamentales notamment. Il a cependant indiqué qu’il fallait les relativiser au regard des contraintes qui pèsent et entravent encore le libre développement de l’Afrique: manque de volonté politique réelle de la communauté internationale, insuffisance des ressources et des capacités, problème de gouvernance dans certains pays africains, persistance des conflits armés internes ou interétatiques, accès limité aux innovations scientifiques et technologiques, faiblesse du secteur privé national et africain.

Le représentant a fait observer que la question de fond posée et à résoudre est celle du financement du développement. Cette question, a-t-il déclaré, est d’autant plus fondamentale aujourd’hui que l’aide publique au développement continue de décliner en qualité et en quantité. Or, du fait de l’accès limité de l’Afrique au marché des capitaux privés, le recul de l’ADP n’a pas été complété par les investissements directs étrangers. S’y ajoutent la faiblesse de l’épargne intérieure, le lourd fardeau de la dette et les crêtes tarifaires qui continuent de limiter l’accès aux marchés. Il importe donc de prendre des mesures urgentes et audacieuses pour renverser cette tendance négative, notamment dans ce contexte de mondialisation à double vitesse.

Il a demandé qu’un suivi méthodique des propositions du Groupe de travail soit assuré par l’Assemblée générale elle-même et par l’ensemble des organismes du système des Nations Unies. Il a également indiqué que son pays appuyait les propositions relatives à la prorogation du mandat du Groupe de travail et à la mise au point de critères avérés d’évaluation de l’impact des mesures prises et des résultats obtenus dans le cadre de la mise en oeuvre des recommandations pertinentes du Secrétaire général.

M. DAUDI N. MWAKAWAGO (Tanzanie) a souligné que maintenant que les causes du sous-développement et des conflits sont bien connues, le défi consiste à mettre en oeuvre les différentes mesures susceptibles d’apporter une réponse aux problèmes. A cette fin, le représentant a suggéré la création d’un partenariat entre la communauté internationale et les pays en crise. Il a exprimé le souhait que ce partenariat soit tripartite et comprenne les pays africains, le système des Nations Unies et les pays donateurs.

En ce qui concerne les conflits, le représentant a souligné qu’il est important d’accroître le soutien aux mécanismes de prévention, de gestion et de résolution des conflits de l’Organisation de l’unité africaine et de ses instances sous-régionales. Après s’être félicité des progrès accomplis au Burundi notamment grâce au processus de paix d’Arusha, le représentant a déclaré que la situation en Angola est préoccupante car les hostilités s’y poursuivent. Il a appelé le Conseil de sécurité à apporter son soutien au Gouvernement angolais afin que la paix puisse être restaurée et que le problème humanitaire puisse trouver une solution.

Le représentant a également souligné qu’il existe un lien direct entre les conflits et l’incidence des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur des frontières, au nombre de 7 millions en Afrique. La Tanzanie en reçoit également 800 000 et, à ce titre, a demandé une aide à la communauté internationale. Il a enfin invité les pays développés à augmenter l’aide publique au développement, les investisseurs à considérer l’Afrique comme une terre possible d’investissement et les pays créditeurs à alléger le fardeau de la dette.

M. KAMAL YAN YAHAYA (Malaisie) a estimé qu'il reste beaucoup à faire pour surmonter les nombreux obstacles empêchant l'application effective des recommandations du Secrétaire général dans son rapport sur les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique. En haut de la liste des priorités, on trouve le besoin d'une volonté politique exprimée par la communauté internationale pour soutenir les efforts des pays africains en matière de développement. Il est clair qu'un partenariat dynamique entre l'Afrique et la communauté internationale est nécessaire, a estimé le représentant. L'appel à une bonne gouvernance en Afrique a plusieurs fois déjà été lancé sous prétexte qu'un gouvernement responsable pourrait apporter la stabilité dont l'Afrique a besoin pour attirer des ressources extérieures, y compris des investissements étrangers directs. Le représentant a regretté que l'Afrique soit toujours minée par de nombreux conflits armés, les risques et l'instabilité qu'ils provoquent faisant fuir les donateurs et les investisseurs. Il a insisté sur le manque de volonté politique évident manifesté par certains pays pour l'application des accords conclus destinés à mettre fin aux conflits auxquels ils prennent part. Les conflits armés ne servent qu'à nuire à l'Afrique. Au nombre de leurs conséquences, on compte plus de huit millions de réfugiés ou de personnes déplacées.

Dans nos tentatives d'aider l'Afrique, nous devons chercher les moyens financiers et pratiques de renforcer le mécanisme d'alerte rapide des Nations Unies mais aussi de l'OUA et des organisations sous-régionales pour faire face aux situations de conflit sur le continent, a-t-il dit. Selon le représentant de la Malaisie, s'il faut accueillir favorablement l'engagement et la volonté de l'Afrique à endosser une responsabilité plus grande dans les mécanismes de résolution des conflits qui l'agitent, il ne faut pas que cet état de fait conduise à une abdication du Conseil de sécurité dans sa responsabilité en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales. Par ailleurs, il a estimé qu'il ne saurait y avoir de paix sans développement, les deux concepts étant étroitement liés. L'Afrique reste une des régions les plus pauvres du monde avec une population de près de 800 millions de personnes. Les problèmes économiques et sociaux participent souvent des causes profondes des conflits et il reste à la communauté internationale à montrer sa volonté politique pour relever les défis du développement durable de l'Afrique. L'éradication de la pauvreté devrait rester une des priorités à l'ordre du jour sachant que la pauvreté sape les efforts déployés pour une instauration durable de la paix et de la sécurité, a-t-il encore affirmé, estimant que l'Afrique a grand besoin d'une assistance au développement.

M. ABDELKADER MESDOUA (Algérie) a déclaré qu'il ressort du rapport du Groupe de travail sur les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique que des progrès notables ont été enregistrés dans de multiples domaines, mais que beaucoup reste encore à faire en raisons de nombreux obstacles. Le principal obstacle demeure le manque de volonté politique d'entreprendre des efforts sérieux afin de concrétiser les actions requises en faveur de la paix et du développement durables en Afrique. Bien que les responsabilités soient indéniablement partagées, il a indiqué que la communauté internationale n'a pas encore pris l'exacte mesure des défis qui se posent à l'Afrique.

Soulignant l'exigence de traduire en actes concrets les engagements de la communauté internationale en faveur du continent africain, le représentant de l'Algérie a suggéré qu'un intérêt particulier soit accordé par l'Assemblée générale et le Groupe de travail à quatre séries de recommandations, à savoir en premier lieu, la prévention des conflits et le maintien de la paix. A cet égard, il a réitéré l'appel d'une implication plus conséquente de la communauté internationale dans l'effort global de la préservation de la paix et de la sécurité dans le continent africain. Il a en outre souligné les moyens et les capacités insuffisants dont disposent les pays africains dans les activités de maintien de la paix malgré leur volonté d'assumer pleinement leurs responsabilités dans ce domaine. D’autre part, au sujet de la situation des pays qui sortent d'un conflit, le représentant a cité certaines mesures visant à prévenir la résurgence des conflits telles que la nécessité de financer des programmes de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des anciens combattants sur le budget du maintien de la paix. La troisième recommandation a trait à la dette extérieure des pays africains. M. Mesdoua a expliqué que la dette se traduit par un détournement de ressources inestimables et rares et qu'il était crucial de régler cette question, car elle détermine de façon décisive tout effort sérieux de relance ou de développement économique. Enfin, pour ce qui est des ravages causés par la pandémie de VIH/sida, qui constituent un défi et une menace pour le continent africain, le représentant a indiqué que l'Afrique fonde de grands espoirs sur la session spéciale de l'Assemblée générale qui se tiendra en juin 2001 sur ce thème.

Le représentant de l'Algérie a déclaré qu'il convient maintenant de chercher ensemble à identifier et à convenir des orientations utiles à l'action future de l'Assemblée générale en matière de suivi des recommandations pertinentes du Secrétaire général des Nations Unies. A cet égard, il a indiqué que l'OUA a adopté une vision basée sur la relation étroite entre la paix, la sécurité et le développement et que la Conférence sur la sécurité, la stabilité, le développement et la coopération en Afrique (CSSDCA), prônant la même vision que celle développée par le Secrétaire général. Il est de la plus haute importance que l'OUA soit officiellement invitée à contribuer au Groupe de travail à travers une communication et une interaction. Aussi, l'Algérie estime que le mandat du Groupe de travail devrait être reconduit.

M. J. CHITHARANJAN (Inde) a remercié les représentants de l’Espagne et de Singapour pour leur contribution au Groupe de travail ad hoc à composition non limitée de l’Assemblée générale dont les recommandations soutiendront les efforts des pays africains vers la croissance économique, la prospérité et le bien-être des populations. Il a ajouté que les problèmes de l’Afrique n’étaient spécifiques qu’à ce continent et que l’Europe avait connu des problèmes similaires en 1945 mais qu’elle avait bénéficié d’un plan Marshall alors que le développement du continent africain est compromis par un manque de ressources. Il s’est ensuite élevé contre les règles de conditionnalité, considérant que l’intérêt de la communauté internationale était d’aider le continent africain. Rappelant que 44% de la population du continent vivaient en dessous du seuil de pauvreté, il a déclaré que seuls le financement extérieur et une croissance économique maintenue entre 7 et 8% d’ici à 2015 pourrait permettre d’éradiquer la pauvreté.

Citant un rapport de la CNUCED, le représentant a rappelé que l’épargne nationale était insuffisante et que les pays développés devaient accroître le montant de l’aide au développement pour le continent africain, proposant que les flux d’aide soient doublés pour atteindre 22 milliards de dollars. Il a ajouté que la question de la dette méritait également une attention particulière, le service de la dette des pays africains s’élevant à 30%. Il a par ailleurs cité un rapport du PNUD qui précise qu’en Afrique sub-saharienne, 19 000 enfants mouraient chaque jour en raison du poids de la dette dans le budget des Etats, appelant à une annulation totale de celle-ci. Il a souhaité que la communauté internationale se mobilise pour trouver le financement nécessaire au développement du continent africain, et que ce continent bénéficie davantage des flux de capitaux privés, l’Afrique n’ayant attiré en 1999 que 8,2 milliards de dollars sur les 192 milliards investis dans les pays en développement. Il a également souligné que la part du budget des pays africains consacrée au service de la dette, si elle était réinvestie, apporterait environ 350 milliards de dollars supplémentaires au service du développement. Le représentant a par la suite évoqué la place du continent africain dans le commerce mondial, regrettant que la croissance économique de 4,2% provienne essentiellement de l’exportation de matières premières et agricoles et dénonçant les inégalités de traitement entre exploitants agricoles des pays de l’OCDE et des pays en développement, les subventions accordées aux premiers étant plus importantes que le PNB de toute l’Afrique réunie. Il a, pour conclure, recommandé au PNUD d’être plus opérationnel et souhaité que la communauté internationale ne considère plus le continent africain comme un tout, mais plutôt comme un ensemble d’entités dont les spécificités doivent être prises en compte et respectées.

M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a constaté que la plupart des pays africains se trouvent aujourd'hui bien en dessous des 7% de croissance annuelle nécessaires pour réduire la pauvreté de moitié d'ici à 2015 sur le continent. La croissance économique trop lente de l'Afrique est l'un des obstacles principaux sur la voie du développement durable et de l'amélioration des conditions de vie de la majorité des populations africaines, a-t-il dit. Les conflits armés sont la raison majeure de cette réalité dans un grand nombre de pays africains. A cet égard, les leaders des pays d'Afrique, les Nations Unies et la communauté internationale dans son ensemble doivent franchir les étapes nécessaires à la prévention et la résolution de ces conflits. La Norvège est d'avis que l'application des recommandations du rapport du Groupe d'experts des Nations Unies sur les opérations de maintien de la paix (rapport Brahimi) pourrait constituer l'une des étapes, de même que le renforcement des mécanismes de coopération en matière de maintien et de consolidation de la paix entre l'ONU et l'OUA, et avec les organisations africaines sous-régionales. Par ailleurs, le représentant a insisté sur l'importance de l'engagement politique des dirigeants africains à appliquer les accords de paix et les autres mesures nécessaires pour parvenir à la paix et à la réconciliation des parties au conflit. Ce n'est qu'alors que la communauté internationale sera à même de fournir les ressources requises pour créer les bases du développement durable.

La pauvreté est à la fois une cause et une conséquence des conflits. Elle est endémique dans de nombreuses régions d'Afrique. L'éradication de la pauvreté doit donc rester l'une des priorités pour assurer une paix et un développement durables à l'Afrique, ce qui implique une coordination entre les institutions de Bretton Woods et les institutions pertinentes des Nations Unies. A cet égard, le représentant a annoncé que son pays continuera de donner la priorité à l'allègement de la dette d'un grand nombre de pays africains. Il a également cité la santé comme étant l'un des facteurs clefs du développement. Vingt-trois millions d'Africains vivent aujourd'hui avec le VIH/sida, a-t-il dit, précisant que les économies de nombreux pays sont gravement menacées par cette épidémie qui constitue la plus importante entrave au développement durable sur le continent. Dans ce contexte, la Norvège a décidé de doubler sa contribution aux programmes concernant le VIH/sida. Par ailleurs, le représentant a encore affirmé que la croissance économique et le développement durable ne sont pas possibles sans investissements, et donc sans une implication plus active du secteur privé.

M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) s’est félicité des initiatives panafricaines décrites dans le rapport du Groupe de travail et notamment la décision prise en juillet par l’OUA de créer la Communauté économique africaine ou encore le Plan d’action sur la sécurité, la stabilité, le développement et la coopération en Afrique, élaboré en mai par la Conférence ministérielle d’Abuja. Ces initiatives traduisent, de son point de vue, la volonté des pays africains de venir à bout des conditions défavorables actuelles et de rétablir la paix dans le continent. Il a jugé également positif la coopération qui s’est instaurée entre les institutions des Nations Unies et les pays africains et notamment la décision du Secrétaire général de créer un Groupe de travail interorganisations dirigé par la FAO sur la sécurité alimentaire et le développement agricole dans la corne de l’Afrique.

Le représentant a fait valoir que les pays pauvres les plus endettés devaient faire l’objet d’une attention prioritaire de la part de leurs créditeurs et des institutions financières dans la perspective de l’annulation de leur dette. Il a indiqué que les méthodes de travail du Groupe spécial donnaient de bons résultats mais qu’elles pouvaient encore être améliorées. Nous aurions aimé disposer de plus de temps pour approfondir d’autres aspects liés aux causes des conflits et à la promotion du développement durable en Afrique, par exemple les moyens d’appui aux pays qui accueillent un grand nombre de réfugiés ou qui doivent subvenir aux besoins urgents des populations déplacées à l’intérieur de leurs frontières, a-t-il déclaré. C’est pourquoi nous recommandons que soit prolongé le mandat du Groupe de travail spécial de façon à ce qu’il puisse poursuivre son évaluation de l’application des recommandations formulées par le Secrétaire général dans son rapport de 1998 sur l’Afrique.

M. BADER MOHAMMAD E. AL-AWDI (Koweït) a déclaré que son pays apportait tout son soutien au continent africain, tant au sein des Nations Unies que sur le terrain. Favoriser le développement durable est indispensable pour soulager les souffrances de l'Afrique. Il a souligné que sa délégation avait suivi les discussions du Groupe de travail sur les causes des conflits en Afrique et a exprimé son profond intérêt pour les recommandations contenues dans le rapport. Il a proposé aux Etats Membres de confier la mise et oeuvre et la coordination des activités de la communauté internationale à un seul organe dépendant des Nations Unies également chargé de la coordination avec les autres institutions internationales et les Etats africains dont le rôle est central dans la lutte contre la pauvreté. Il a considéré que la volonté politique conjointe des trois parties, à savoir les Etats africains, les Nations Unies et les pays donateurs était nécessaire pour mettre en oeuvre ces recommandations. Il a proposé aux pays développés d'encourager les Etats africains à relever le défi, notamment par l'allégement de leur dette et par la mise en oeuvre de sources de financement importantes pour soutenir les efforts dans les secteurs de l'éducation et des autres politiques sociales. Citant le cas de son pays qui a annulé la dette de certains pays africains et mis en place des crédits en faveur des pays en développement, il a rappelé que le Koweït était attaché aux valeurs de paix et de coopération Sud-Sud.

M. ABDUS SHAHID (Bangladesh) a déclaré que le rapport du Groupe de travail ad hoc à composition non limitée sur les causes des conflits et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique, contenait des avancées significatives en vue d’éliminer les causes des conflits à travers un certain nombre de mesures économiques et sociales. Il a ajouté que son pays accueillait favorablement la démarche du Conseil de sécurité sur cette question et souhaité que l’Assemblée générale et les autres organes des Nations Unies, de même que les institutions financières internationales, se penchent à leur tour sur les recommandations du Groupe de travail. Il a partagé le point de vue du Secrétaire général selon qui la prévention des conflits commence par la promotion de la sécurité et du développement humain, les racines des conflits en Afrique étant essentiellement la discrimination raciale et la pauvreté. Il a ajouté que l’héritage de la colonisation devait être aussi appréhendé car il était à l’origine de tensions sociales et économiques dans la répartition des richesses notamment. Il a soutenu l’idée du Secrétaire général de mobiliser des médiateurs

spéciaux dans la recherche de solutions aux conflits internes. Il a ajouté que les efforts déployés au plan national ne pouvaient aboutir sans engagement international, préconisant l’annulation de la dette des pays pauvres les plus endettés et souhaitant que les pays développés augmentent leurs contributions afin de permettre à ces pays d’éradiquer la pauvreté. Il a conclu en rappelant les efforts du Bangladesh en faveur du maintien de la paix en Afrique, de même que l’intérêt porté par son pays à la cause du continent africain en sa qualité de coordonnateur du Groupe des pays les moins avancés.

M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a fait observer que les défis qui se posaient à l’Afrique, n’étaient pas nouveaux et que l’établissement de la paix et de la prospérité sur le continent figurait au nombre des objectifs prioritaires des Nations Unies depuis plus d’une décennie. Le nombre des Programmes d’action adoptés en faveur de l’Afrique est probablement plus élevé que celui de programmes semblables concernant n’importe quelle autre région dans le monde, a-t-il déclaré. Ce sont des défis considérables mais pas insurmontables; beaucoup de pays du monde les ont surmontés et l’Afrique peut faire de même. La communauté internationale doit apporter son soutien plein et entier aux efforts régionaux et nationaux en vue de réaliser le double objectif de la paix et du développement. L’Afrique seule, pas plus que n’importe quelle autre région et nation, ne peut relever de tels défis. Il faut l’aider à s’attaquer aux racines des conflits. Cela nécessite un effort international concerté qui porte d’une part sur les aspects politiques et de sécurité qui sous-tendent l’instabilité du continent et d’autre part, se traduise par un programme complet d’aide économique et sociale et doté d’un financement suffisant.

Le Pakistan a systématiquement soutenu les opérations de maintien de la paix des Nations Unies en Afrique et a largement participé à ces opérations, a déclaré le représentant. Nos personnels militaires et civils ont pris part aux Opérations des Nations Unies en Somalie, en Namibie, au Libéria, au Sahara occidental, en Sierra Leone et en République démocratique du Congo. Le Pakistan est extrêmement engagé dans son partenariat avec l’Afrique et continuera comme dans le passé à apporter son soutien moral et matériel aux efforts de développement des pays africains. Notre programme d’assistance technique en faveur de l’Afrique forme actuellement de jeunes diplômés dans des secteurs divers. Dès sa création, l’Institut des technologie de l’information du Sud proposera des formations dans ce domaine aux étudiants africains.

Il a lancé un appel pour que soit lancée une action internationale de façon à permettre la réalisation des objectifs fixés au cours d’une période de temps déterminée.

M. JOAQUIM A.B.B. MANGUEIRA (Angola) a déclaré que son pays ne pouvait rester silencieux dans un débat d’une telle importance, ajoutant que le but du Groupe de travail devait être la définition de modalités pour la prévention des conflits en Afrique et pour promouvoir la paix, la sécurité et la croissance économique dans cette région. Il a recommandé ensuite que les décisions prises sur les différentes questions soient suivies par la communauté internationale, notamment en matière de maintien de la paix, de dette, de développement social, regrettant l’absence d’un mécanisme de mise en oeuvre et de coordination des actions. Une telle démarche permettrait de combler le fossé entre les décisions et la pratique sur le terrain.

Il a par exemple considéré que la situation en Afrique aurait pu changer si les pays producteurs d’armes et les institutions de Bretton Woods avaient participé aux Groupes de travail et si les Etats Membres avaient manifesté davantage de volonté pour la mise en oeuvre des décisions prises collectivement par la communauté internationale. Il a cité en exemple les résolutions du Conseil de sécurité relatives à la guerre dans son pays, en République démocratique du Congo, en Sierra Leone et qui restent sans effets. Il a poursuivi en établissant un lien entre la paix, la sécurité et le développement durable, expliquant que dans le cas de l’Angola, plus de la moitié du PNB était consacrée à des dépenses de guerre et que le pays avait du mal à développer des programmes humanitaires ou de développement économique. Rappelant que les ressources allouées au développement avaient diminué depuis le début des années 1990, il a souhaité que cette tendance s’inverse afin que les pays africains bénéficient davantage des ressources allouées à la dette pour financer des programmes de santé publique, d’éducation et de lutte contre la pauvreté. Il a ensuite regretté que le rapport du Secrétaire général ne mette pas suffisamment l’accent sur la contribution des organisations régionales, CEDEAO, OUA, SADC, dans le développement et la prévention des conflits en Afrique, rappelant que ces organisations oeuvraient pour la création d’un marché commun africain. Il a conclu en souhaitant que les gouvernements africains facilitent la participation de la société civile, du secteur privé, des ONG, des syndicats dans le processus de construction démocratique et de promotion d’une culture de transparence et de paix, le représentant estimant que seule une combinaison d’initiatives nationales et internationales faciliterait la consolidation d’une paix et d’un développement durables.

M. MOHAMMED RASHID AL-ABSI (Emirats arabes unis) a loué les efforts déployés par les Nations Unies pour traiter des problèmes du continent africain. Au nombre des obstacles qui entravent encore le développement de l’Afrique, le délégué a cité les conflits armés, l'endettement, l'analphabétisme qui sont la source des retards du continent dans l'intégration économique mondiale. Il a ajouté qu'il restait beaucoup à faire par les Nations Unies et la communauté internationale pour agir aux plans régional et international afin de donner à ce continent la place qui lui revient. Il a plaidé en faveur d'une volonté politique accrue au plan local mais aussi aux plans régional et international pour mettre en place un cadre de règlement et de prévention des conflits. Il a suggéré un renforcement de la coopération entre l'Organisation de l'unité africaine et les Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix et souhaité une meilleure prise en compte des recommandation contenues dans le rapport Brahimi. Il a recommandé ensuite un rôle plus actif des pays développés et des institutions internationales dans le soutien au continent africain afin d'aider ces pays à activer leurs économies en annulant leur dette et en privilégiant les investissements privés et également en levant les barrières commerciales. Il a ensuite déclaré que les Emirats arabes unis étaient historiquement liés à l'Afrique et entretenaient une coopération dans les domaines sociaux, économiques et culturels et contribuaient également à des fonds régionaux de développement. Il a souhaité que soit réaffirmé l'engagement de la communauté internationale à aider les Etats africains à surmonter les obstacles du développement et répondre ainsi aux aspirations de leurs peuples en faveur de la paix, de la stabilité et du développement.

M. LEUTLWETSE MMUALEFE (Botswana) a estimé que les problèmes de sous- développement et de pauvreté qui touchent de nombreux pays africains sont liés à des facteurs aussi bien nationaux qu'internationaux et qu'ils demandent à être traités de façon complète, si l'on veut parvenir à trouver des solution réelles et durables. Il a rappelé qu'en dépit des efforts incessants déployés par les pays africains pour échapper aux crises et aux difficultés, de maigres résultats ont été enregistrés. Cela n'est toutefois pas très étonnant, a-t-il poursuivi, dans la mesure où les facteurs déterminants qui influencent la croissance, le développement et la paix n'ont pas été abordés de façon adéquate. A cet égard, il a mis l'accent sur la nécessité de déployer des efforts coordonnés et intersectoriels pour éliminer la pauvreté. Il a rappelé le fait qu'il est aujourd'hui largement admis que l'engagement ferme des organisations de la société civile et du secteur privé est essentiel à la réalisation des objectifs contenus dans le rapport du Groupe de travail à composition non limitée chargé d'examiner les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables, de même qu'à ceux définis dans le "Nouvel ordre du jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique".

Le représentant a affirmé que la tâche de l'Organisation dans ce domaine est longue et difficile. Il a rappelé que les pays africains désirent remplir les obligations auxquelles ils ont souscrit lors du dernier Sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), ainsi que lors du Sommet Union européenne-Afrique. Le représentant a, par ailleurs, engagé les Institutions de Bretton Woods et les donateurs bilatéraux des pays africains à adopter des approches coordonnées qui auront un impact sur les diverses communautés du continent africain. Il a estimé que le groupe de travail doit continuer de mener à bien son mandat, ajoutant que le fait que ce groupe poursuive son travail permettra à l'Assemblée d'examiner les domaines qui ne relèvent pas du mandat du Groupe de travail et laissera ainsi la place à l'inclusion de questions émergentes.

M. LUIS E. CAPPAGLI (Argentine) a déclaré que sa délégation souscrivait aux prémisses fondamentales du rapport du Groupe de travail selon lequel la paix est tributaire du développement et que par conséquent une paix durable en Afrique, dépend des conditions que l’on saura créer pour son développement. Il a fait observer que l’humanité vivait dans un monde de contradictions où l’intégration et la mondialisation coexistent avec la fragmentation et la marginalisation. La prospérité économique de ces dernières années a été obtenue parallèlement à l’extrême pauvreté qui s’est installée dans certaines régions d’Afrique comme dans d’autres endroits du monde, a-t-il déclaré. Un cinquième de l’humanité doit vivre avec un dollar par jour. Malgré cela, l’aide publique au développement diminue constamment. Nous pensons qu’elle doit être augmentée. Nous sommes convaincus que la relation entre l’aide publique au développement et la mise en oeuvre des politiques est la clef de la croissance économique en Afrique. Combattre l’inflation, le déficit fiscal, encourager l’épargne et l’investissement sont des mesures ayant un effet direct sur l’efficacité de l’aide publique au développement.

Le représentant a indiqué que son pays entendait poursuivre son engagement à l’égard de l’Afrique. Il a rappelé que l’Argentine a participé et soutenu le processus de décolonisation du continent, qu’il soutenait l’état de droit et l’ouverture économique, qu’il avait accru ses échanges commerciaux et renforcés ses relations politiques et qu’il a contribué aux opérations de maintien de la paix en Afrique, soit par une aide directe soit par l’intermédiaire des Casques bleus. Il a fait valoir que le Groupe de travail a accompli et doit continuer à accomplir un important travail d’analyse, de coordination et de suivi opérationnel des initiatives existantes en faveur de l’Afrique au sein du système des Nations Unies.

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