En cours au Siège de l'ONU

AG/1090

L'ASSEMBLEE GENERALE ADOPTE UNE RESOLUTION PRESENTEE PAR LES DEUX COREES ET SOUTENUE PAR PLUS DE CENT PAYS

31 octobre 2000


Communiqué de Presse
AG/1090


L'ASSEMBLEE GENERALE ADOPTE UNE RESOLUTION PRESENTEE PAR LES DEUX COREES ET SOUTENUE PAR PLUS DE CENT PAYS

20001031

L'Assemblée générale a vécu ce matin, selon la plupart des délégations présentes, «un moment historique» avec l'adoption par consensus d'une résolution présentée conjointement par la République de Corée et la République populaire démocratique de Corée et coparrainée par quelques cent cinquante pays. Le représentant de la République de Corée a indiqué dans son intervention qu'un certain nombre de pays avaient établi des relations diplomatiques avec la République populaire démocratique de Corée et qu'ainsi se dessinait un paysage politique totalement nouveau en Asie du Nord-Est. Le représentant de l'Australie a ainsi indiqué que son pays avait repris ses relations diplomatiques avec la République populaire démocratique de Corée en mai 2000 après 28 années d’interruption. La déléguée américaine a, de son côté, précisé que les Etats-Unis encourageaient des relations internationales accrues avec la République populaire démocratique de Corée.

Par cette résolution adoptée par consensus, l'Assemblée invite notamment les Etats Membres à appuyer et faciliter le processus de dialogue, de réconciliation et de réunification intercoréen.

Les représentants des pays suivants se sont exprimés sur ce point: République populaire démocratique de Corée, République de Corée, Singapour, Togo, Japon, France (au nom des pays de l’Union européenne et des pays associés), Etats- Unis, Viet Nam, Fédération de Russie, Chine, Australie, Nouvelle Zélande, Pérou, Argentine.

L'Assemblée générale, a également examiné ce matin un point inscrit pour la première fois à son ordre du jour et intitulé «Vers des partenariats mondiaux». Le représentant de l'Allemagne qui présentait ce nouveau point a indiqué que la décision avait été prise après des discussions officieuses intensives qui avaient abouti aux constatations suivantes: la mondialisation est devenue une réalité quotidienne; elle fait émerger de nouveaux acteurs dont la sphère d'action est mondiale; tous les Etats Membres des Nations Unies doivent être partie prenante dans cette évolution.

Le débat sur ce point a suscité de nombreuses réserves même si la plupart des délégations se sont déclarées favorables au principe de la recherche de nouveaux partenariats et aux perspectives nouvelles qu'ils ouvraient. Certains intervenants ont exprimé des doutes sur la capacité de travailler en partenariat avec des entreprises dont certaines ont un chiffre d'affaires supérieur au PNB de nombreux pays en développement. Le représentant de l'Inde a attiré l'attention des délégués sur le fait que les partenariats avec le secteur privé n'étaient pas nouveaux et que lorsqu'ils avaient lieu, comme c'était le cas dans le cadre d'opérations avec l'UNICEF, les entreprises avaient été réticentes à se voir imposer des règles de bonne conduite. A également été évoqué un autre effet négatif possible, à savoir la diminution de l'aide publique parallèlement à la montée en puissance du financement privé, un délégué indiquant qu'on peut déjà observer cette tendance auprès des institutions de Bretton Woods.

Le Président de l'Assemblée générale a précisé qu'un projet de résolution sur ce point serait ultérieurement présenté à l'Assemblée.

Ont également participé au débat sur ce point: la France (au nom des pays de l’Union européenne et des pays associés), Singapour, l'Egypte, le Brésil, la Roumanie et Sainte-Lucie.

L'Assemblée a enfin entamé l'examen de son point intitulé "Suite donnée au Sommet mondial pour le développement social et à la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à ce sujet". Le Président Holkeri a présenté cette question en évoquant les principaux apports de la Déclaration politique adoptée lors de la session extraordinaire.

Le Chili et la France, au nom de l'Union européenne et des pays associés, se sont exprimés sur ce point.

L'Assemblée poursuivra cet après-midi à partir de 15 heures l'examen de ce point.

VERS DES PARTENARIATS MONDIAUX

Déclarations

M. HANNS H. SCHUMACHER (Allemagne) a présenté le point intitulé «vers des partenariats mondiaux» expliquant que la démarche de l’Allemagne reposait sur trois principes. En premier lieu, la mondialisation est une réalité incontournable mais dans le même temps, elle est une nouvelle source de division dans le monde; il a émis le souhait qu’aucune région du monde ne soit laissée en marge du processus planétaire. D'autre part, l'Allemagne est d'avis qu'il faut créer de nouveaux partenariats associant notamment le secteur privé, les Etats Membres et les Nations Unies, ce qui permettrait de faire face aux défis de la mondialisation. Enfin, l'Allemagne estime qu'il est indispensable de mobiliser, à cet égard, la communauté internationale dans son ensemble et d'ouvrir le débat devant l'Assemblée générale.

L’Allemagne accorde beaucoup d’intérêt aux partenariats avec les Nations Unies et a demandé aux autres délégations de se prononcer en faveur du projet de résolution intitulé «Vers des partenariats mondiaux». M. Schumacher a souhaité davantage de clarté, d’information et de transparence dans les actions menées et a expliqué les grandes lignes du projet de résolution. Le projet, a-t-il dit prévoit de demander au Secrétaire général de s'enquérir des positions des Etats Membres sur les moyens de promouvoir et de développer une coopération entre les Nations Unies et les autres partenaires, en particulier avec le secteur privé. En second lieu, le représentant a déclaré que le Secrétaire général devrait obtenir de la part des Etats Membres des informations sur les moyens qu’ils comptent mettre en œuvre dans cette perspective de partenariats, notamment dans leur coopération avec les Nations Unies. Enfin, après avoir émis l'espoir que le Secrétaire général présentera un rapport devant l’Assemblée générale, M. Schumacher a conclu en déclarant que les consultations sur ce projet de résolution se poursuivaient et a invité les délégations à s’associer à cette initiative afin que les Nations Unies puissent bénéficier de partenariats avec le secteur privé.

M. PHILIPPE BOSSIÈRE (France), au nom de l’Union européenne et des pays associés (Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Chypre, Malte, Turquie et Norvège), a déclaré que le sujet était important. C’est du rôle des Nations Unies dont il est question, à un moment où les Etats ont tendance à jouer un rôle moins dominant et où la voix d’autres acteurs commence à se faire entendre. Selon lui, rien n’empêchera ce mouvement de se poursuivre. En lui tournant le dos, les Nations Unies encoureraient le risque de la marginalisation. Avec la mise en oeuvre des «partenariats mondiaux», c’est une perspective toute différente qui nous est offerte: celle d’une efficacité accrue des Nations Unies. Un tel enjeu mérite bien entendu une réflexion approfondie et ouverte à tous les Etats Membres, comme il est de règle aux Nations Unies. Toutes les bonnes volontés doivent être mobilisées, toutes bonnes idées entendues, a-t-il dit.

Il est crucial que, dans la Déclaration du millénaire, nos chefs d’Etat et de gouvernement aient décidé de donner au secteur privé, aux organisations non gouvernementales et à la société civile en général, la possibilité de contribuer davantage à la réalisation des objectifs et programmes de l’Organisation. Il est tout aussi important que, dans un domaine plus spécifique, ils aient décidé d’établir des partenariats solides avec le secteur privé et les organisations de la société civile, en vue de promouvoir le développement et d’éliminer la pauvreté, a ajouté le représentant.

M. RATTAN LAL KATARIA (Inde) a constaté que pour la première fois l’Assemblée générale débat de ce sujet «énigmatique» que sont les «partenariats mondiaux» avec des sociétés qui sont présentes à l’échelon mondial. Ce qui signifie implicitement que nous n'avions pas envisagé ces partenariats dans le passé et que nous en avions besoin, a-t-il dit. Quand les Nations Unies ont tenté d’établir un code de conduite pour les entreprises transnationales, certaines ont considéré que l’ONU ne les envisageait pas comme des partenaires, même si pourtant les Nations Unies étaient alors en relation beaucoup plus étroite avec le secteur privé qu’on ne l’imagine, a-t-il déclaré, citant l’exemple du programme de vaccins parrainé par l’UNICEF et par l’OMS et produit par le secteur privé. Cependant, les sociétés pharmaceutiques montreraient de véritables signes de partenariats mondiaux si elles mettaient au point des vaccins contre des maladies affectant les citoyens du monde en développement. Il y aurait moins de profit pour elles mais leur aide serait reconnue comme une obligation humaine. Ces sociétés sont-elles prêtes à agir de la sorte, notamment pour trouver un traitement contre le paludisme ou vendre des médicaments génériques à ceux qui souffrent du sida? a interrogé le représentant.

Faire en sorte que des populations entières ne meurent plus de maladies endémiques ou épidémiques ou bien même de malnutrition, est une priorité des Nations Unies. Bien qu’un cinquième de la planète souffre de malnutrition chronique, l’aide publique à l’agriculture a diminué de 50% au cours de la dernière décennie. C’est le cas également dans la plupart des pays en développement. C’est désormais le secteur privé qui détient la clé du problème. La biotechnologie pourrait bien se révéler importante pour relever le défi alimentaire dans le monde en développement, mais encore faudrait-il prouver que les craintes concernant les semences génétiquement modifiées ne sont pas fondées. Ces semences pourraient éradiquer la faim ou décimer l’humanité selon la manière dont elles seront produites, a encore affirmé le représentant.

Le représentant de l’Inde a encore cité l’exemple du génome humain dont la carte peut théoriquement permettre l’élimination de certaines maladies. Le secteur privé peut assumer ses responsabilités, a-t-il dit, d'ailleurs le succès obtenu par les Nations Unies dans la mise en œuvre d’un contrôle du trafic de diamants est un exemple de partenariat en action. Mais le secteur privé aurait-il été si conciliant si ses propres intérêts n’avaient pas été en jeu, a demandé le représentant. Le rôle des organisations non gouvernementales dont les «croisades» blessent parfois les populations des pays en développement dont elles se réclament, a également été évoqué, sachant qu’aucun code de conduite ne les lie et que leurs engagements prennent des directions divergentes. Le fait que la responsabilité des erreurs sociales et économiques du monde en développement repose entièrement sur les gouvernements n’est pas juste, si on considère que ces gouvernements sont tout aussi vulnérables aux pressions des sociétés transnationales. Dans ce domaine aussi les partenariats mondiaux pourraient se révéler utiles, a encore déclaré le représentant de l’Inde.

M. GELSON FONSECA (Brésil) a déclaré que dans le contexte de la mondialisation et de l’interdépendance croissante entre les acteurs des relations internationales, les organisations non gouvernementales et le monde des affaires font maintenant partie à part entière du contexte institutionnel. En effet, les organisations non gouvernementales sont mieux à même de percevoir les aspirations des peuples et doivent donc être de vrais partenaires dans la recherche de solutions. Ainsi, depuis le début des années 90, c’est ensemble que les ONG et le système des Nations Unies œuvrent à la poursuite du développement durable, à la promotion des droits de l’homme et à l’éradication de la pauvreté.

Le représentant a également souligné que le monde des affaires est de plus en plus conscient du fait que les Nations Unies ont un rôle à jouer en élaborant des normes et des règles qui soient propices au développement et permettent également de maintenir la paix et la sécurité. Afin que les partenariats entre l’ONU et les acteurs de la société civile puissent se développer et être pérennes, l’Organisation des Nations Unies doit être attentive à conserver sa légitimité fondée sur l’universalité et l’assurance d’une participation équitable des ONG et des entreprises de toutes les parties du monde. Le représentant du Brésil a également souhaité que l’ONU mette au point des lignes de conduites et définisse des priorités dans les programmes.

M. DESMOND WEE (Singapour) a déclaré qu’il n’est pas commun au sein de l’Assemblée générale de confesser son ignorance totale du sujet inscrit à l’ordre du jour concernant les défis de la mondialisation. Le mot «mondialisation» suscite des réactions positives et négatives avant même que nous en ayons compris la signification, a-t-il ajouté. Il est évident que le concept est propre à changer fondamentalement la texture et le tissu même de la société à l’échelle internationale. A l’époque où les Nations Unies ont été créées en 1945, les acteurs de la scène internationale étaient, sans conteste, les Etats nations, qui étaient les seuls à pouvoir mobiliser le pouvoir politique, militaire et financier pour influencer le cours des relations internationales. L’ONU a été créée pour servir de forum pour la coopération entre les Etats nations. Les pères fondateurs de l’Organisation auraient trouvé étonnant que d’autres acteurs soient associés à la gestion des relations internationales, a-t-il encore déclaré, citant les entreprises multinationales qui concentrent environ un quart de l’activité économique mondiale.

Il a trouvé compréhensible que certains au sein de l’Assemblée hésitent à accueillir les entreprises multinationales. Le comportement de plusieurs d’entre elles comme celles qui exploitent les ressources naturelles étant parfois discutable. Cependant, le représentant a estimé qu’il existe de bons et de mauvais citoyens et que les bons sont détenteurs d’un énorme potentiel pour faire le bien, ajoutant que des flux de capitaux massifs seront nécessaires pour réduire les différences énormes qui existent sur la planète. Aujourd'hui, les mouvements de capitaux du secteur privé dépassent en volume les mouvements financiers des gouvernements. Le représentant de Singapour s’est par ailleurs inquiété des concepts positifs souvent utilisés, dans la pratique, pour promouvoir de nouvelles formes de protectionnisme. M. Wee a estimé que le défi des Nations Unies est de s’assurer que la mondialisation prend la bonne direction au travers d’un dialogue avec les Etats nations, les entreprises multinationales et d’autres acteurs, tels que les organisations non gouvernementales et les médias par exemple.

M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a longuement insisté sur le fait que ce sont les Etats Membres qui jouent le rôle le plus important dans la prise de décision des Nations Unies et dans les relations internationales et que c’est également aux Etats que revient la tâche de construire les partenariats évoqués dans la Déclaration du millénaire. Réitérant l’importance de protéger les souverainetés nationales, il a ajouté que rien ne peut remplacer les Etats et que si le rôle des Etats diminue, alors le rôle de l’ONU déclinera également. Donnant comme exemple le domaine social, le Pakistan a rappelé que la mise en œuvre des politiques s'y rapportant est du ressort des Etats et que lui-même s’est engagé en faveur du développement et de la mise en œuvre des Conventions de l’OIT. Les entreprises du secteur privé ne sauraient constituer des partenaires au même titre que les Etats car elles ont des objectifs limités, et leur structure monolithique est basée sur l’autoritarisme. Le représentant a certes reconnu que les activités des acteurs non-étatiques ont un impact important sur les relations internationales, mais il a réaffirmé que l’ONU a un rôle unique et que la Charte est le fondement indispensable d’un monde plus prospère et plus juste.

Le représentant a affirmé que les paramètres des partenariats doivent être définis par l’Assemblée générale et être conformes aux principes et aux objectifs de l’Organisation. En aucun cas, les Etats Membres ne doivent être court- circuités et ou mis à l’écart, et pour cette raison il est préférable d’éviter de faire des pactes directement avec les entreprises. En conclusion, le représentant a demandé à l’Assemblée générale de mener une réflexion sur les rôles respectifs des entreprises et des Etats, gardant à l’esprit que les Nations Unies ne sont pas chargées de représenter la société civile.

M. SORIN DUCARU (Roumanie) a indiqué que son pays, en défenseur fervent du multilatéralisme, partageait l'opinion répandue selon laquelle seul un système amélioré de gouvernance mondiale, incarnant les valeurs, règles et pratiques communes, fera que la mondialisation ne sera plus considérée comme une menace, mais comme une occasion à ne pas manquer.

Le représentant a jugé encourageant le fait que le Pacte mondial lancé par le Secrétaire général Kofi Annan lors du Forum de Davos en 1999 a servi de point de départ à un partenariat entre les milieux d'affaires et les organisations de l'ONU et de base à un dialogue structuré entre les Nations Unies, les entreprises, les syndicats et la société civile sur la façon d'améliorer l'action des entreprises dans le domaine social. Il a indiqué que la délégation roumaine se joindrait aux pays présentant le projet de résolution lancé à l'initiative de l'Allemagne.

Mme SONIA R. LEONCE (Sainte-Lucie) a déclaré que la question des partenariats mondiaux était très importante au regard des bénéfices réalisés par les grandes sociétés transnationales, citant le cas de la société Mitsubishi dont le chiffre d’affaires est plus important que le PNB de l’Indonésie et rappelant que, globalement, le revenu des ventes réalisées par les sociétés transnationales était deux fois plus important que celui des exportations faites par les Etats. Elle a rappelé que la notion de partenariat signifiait avant tout partage des bénéfices et des responsabilités, mais pour ce qui est des sociétés transnationales avec qui les Nations Unies préconisent des partenariats, celles-ci sont trop puissantes. Elle a cité le rapport de la CNUCED sur les investissements, notant que les fusions et les rachats de sociétés nationales d’Etats par des transnationales rapportent des bénéfices considérables aux

économies développées. Elle a rappelé que les 100 principales transnationales sont le moteur de la production et de la croissance mondiales et qu’il y avait un risque à établir des partenariats avec des géants transnationaux. Elle a ajouté que la tendance globale était aux investissements et que l’Organisation mondiale du commerce, la Banque Mondiale, le Fonds monétaire international préconisaient tous des cadres plus souples pour attirer les capitaux étrangers dans les pays en développement. La déléguée a suggéré qu’avant de renforcer les partenariats, les Nations Unies procèdent à une évaluation des résultats de tous les investissements réalisés jusqu’à présent.

Mme Léonce a regretté qu’au cours des dernières années, seuls dix pays aient reçu 80% des investissements privés en direction des pays en développement et que dans le même temps les apports d’aide publique aux pays en développement diminuent. Elle a réitéré son souci de voir ces partenariats bénéficier aux deux parties, ajoutant que l’analyse prouvait que les sociétés transnationales envisageaient avant tout la croissance rapide de leurs bénéfices. Elle a précisé que le mouvement de fusions et d’acquisitions avait augmenté de 35% en 1999 et que les bénéfices des transnationales devraient dépasser mille milliards de dollars en l’an 2000. Selon Mme Léonce, les rachats de sociétés privatisées des pays en développement par des transnationales équivalent tout simplement à l’acquisition des économies en développement par des économies développées; en l'occurrence il ne s'agit ni de partenariat, ni de coopération, mais plutôt de colonisation. Elle a ajouté que les 29 pays de l’OCDE totalisaient à eux seuls 86 % du PNB de la planète et que seuls 13% revenaient aux 150 pays en développement. Elle a regretté que, alors que l’Asie et l’Amérique latine bénéficient de quelques investissements, l’Afrique, quant à elle, totalise à peine 1,2% des flux de capitaux. Elle a déclaré que les 150 pays en développement voulaient une discussion franche et transparente, ajoutant que les transnationales jonglaient en permanence avec les règles fiscales pour que leurs bénéfices ne profitent pas aux pays en développement.

Elle a ensuite abordé la question du fardeau de la dette qui, si elle était annulée, permettrait aux pays en développement de réinvestir 2.554 milliards de dollars dans leur développement. Elle a reproché aux pays développés d’être les premiers bénéficiaires de ces nouveaux partenariats proposés, regrettant que des institutions telles que la Banque mondiale, le FMI et le PNUD veuillent privilégier, par leurs politiques, une «recolonisation» des pays en développement en proposant des partenariats qui perpétuent les inégalités. Elle a ajouté que les pays en développement ne voulaient pas de l’aumône philanthropique de la part des 100 sociétés transnationales mais d’une véritable mondialisation des partenariats et de la coopération qui profitent équitablement aux 189 Etats Membres des Nations Unies.

La représentante a proposé qu’une unité des Nations Unies soit créée pour suivre l’évolution de ces projets de partenariats et pour faire respecter un code de conduite qu’elle propose d’imposer aux sociétés transnationales. La représentante a conclu en souhaitant que ce débat ait lieu au sein de l’Assemblée générale, mais qu’auparavant le système des Nations Unies soit renforcé. Elle a enfin souhaité que les partenaires au développement s’engagent à mettre en œuvre un Plan Marshall pour les pays en développement, en respectant l’objectif de 0,7% du PNB consacré à l’aide publique au développement, en privilégiant l’accès aux marchés, en les laissant participer davantage aux travaux des Nations Unies, ceci afin de réduire le fossé entre les pays pauvres et pays riches.

M. AHMED ABOULGHEIT (Egypte) a observé qu'il ne faisait aucun doute que la mondialisation ouvrait de nouvelles perspectives, et qu'elle permettait notamment d'envisager d'intégrer des acteurs du secteur privé dans les activités de l'ONU. Il a toutefois fait observer qu'il importait de trouver un équilibre entre la collaboration instaurée entre l'ONU et le secteur privé, d’une part et entre l'ONU et les ONG d’autre part, et que les choix ne devaient pas se faire au détriment de certains, pas plus qu'ils ne devaient se faire au détriment du plus grand nombre et en faveur d'une minorité.

Le représentant a estimé également nécessaire de moderniser les outils financiers de façon à équilibrer les aides en faveur des pays les plus pauvres. Il a fait valoir qu'il était essentiel de prendre en compte l'indépendance des travaux des Nations Unies et qu'il ne fallait pas empiéter sur la souveraineté des nations quelles que soient les raisons invoquées, prévention des conflits ou élimination de la pauvreté, notamment. Il ne faut pas que cette mondialisation donne lieu à des résolutions adoptées sans que soient consultés tous les membres de l'ONU, a-t-il déclaré, il faut absolument éviter de servir les intérêts protectionnistes de certains pays. Il ne faut pas non plus qu'elles servent à éluder la confrontation, en particulier en ce qui concerne le rôle et la protection des travailleurs; toutes les résolutions doivent être étudiées très en détail de façon à parvenir à une réelle efficacité, a-t-il conclu.

PAIX, SÉCURITÉ ET RÉUNIFICATION DANS LA PÉNINSULE CORÉENNE

Résolution (A/55/L.14)

Aux termes de la résolution intitulée «Paix, sécurité et réunification dans la péninsule coréenne», présentée par la République populaire démocratique de Corée, la République de Corée et un groupe d’Etats, l’Assemblée générale accueille avec satisfaction et appuie le Sommet intercoréen et la déclaration conjointe que les dirigeants de la République populaire démocratique de Corée et la République de Corée ont adoptée le 15 juin 2000. Elle encourage également les deux Corées à continuer d’appliquer pleinement et de bonne foi la déclaration conjointe et les autres accords conclus entre les deux parties, à consolider ainsi la paix dans la péninsule coréenne et à donner un fondement solide à la réunification pacifique.

Déclarations

M. LI HYONG CHOL (République populaire démocratique de Corée) a présenté le projet de résolution sur la paix, la sécurité et la réunification de la péninsule coréenne. Cette résolution encouragerait le Nord et le Sud de la péninsule coréenne à appliquer intégralement et en toute bonne foi la Déclaration conjointe du 15 juin 2000 et les autres accords signés entre les deux parties. Elle inviterait également les Etats Membres à soutenir le dialogue intercoréen, la réconciliation et la réunification, et à contribuer ainsi à la paix et à la sécurité dans la péninsule et dans le monde. Le représentant a rappelé les trois principes sur lesquels repose la réunification nationale: indépendance, réunification pacifique et grande unité nationale.

Le représentant a souligné que depuis le Sommet de Pyongyang et la Déclaration conjointe du 15 juin 2000, le Nord et le Sud de la péninsule coréenne ont pris une série de mesures pratiques visant à mettre en œuvre cette Déclaration et ont bénéficié du soutien actif de la communauté internationale. Le représentant a rappelé que le projet de résolution avait reçu le soutien de plus de 100 pays et a remercié les pays coauteurs pour leur soutien.

M. SUN JOUN-YUNG (République de Corée) a attiré l'attention sur le fait que depuis l'adoption de la Déclaration commune, à l'issue du Sommet de Pyongyang en juin 2000, les deux parties ont travaillé activement à mettre en œuvre les accords et à élargir les domaines de coopération. Il a rappelé que les co-présidents du Sommet du millénaire avaient salué et encouragé le processus de paix en cours dans la péninsule coréenne ce qui, selon lui, traduisait l'importance du soutien apporté par la communauté internationale au tournant pris par les relations intercoréennes. Il a indiqué qu'un certain nombre de pays avaient établi des relations diplomatiques avec la République populaire démocratique de Corée et que d'autres avaient engagé des pourparlers avec cette dernière et qu'ainsi se redessinait un paysage politique totalement nouveau propice à la paix et la sécurité en Asie du Nord-Est.

Le représentant a indiqué que cette évolution positive avait permis à la République de Corée et à la République populaire démocratique de Corée en compagnie de 115 Etats de présenter ce projet de résolution à la plénière de l'Assemblée générale. Il a fait valoir que si la résolution était adoptée, cela encouragerait les efforts réalisés en vue d'instaurer une paix durable, de jeter les bases d'une réunification de la péninsule coréenne mais aussi de contribuer à promouvoir la paix et la sécurité en Asie du Sud-Est et au-delà.

M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a estimé que l’examen de ce point de l’ordre du jour intitulé “Paix, sécurité et réunification dans la péninsule coréenne” constitue un moment historique. Nous vivons des temps difficiles où les bonnes nouvelles concernant la paix et la sécurité sont rares, a-t-il ajouté. Plusieurs moments significatifs ont pavé la route jusqu’à la réunion de ce jour, le plus important d’entre eux étant le Sommet de Pyongyang au mois de juin entre les Présidents des deux Corées. La Déclaration conjointe adoptée lors de ce Sommet représente une avancée majeure dans les relations entre les deux pays, qui peut conduire à la réunification pacifique, a encore déclaré le représentant. L’atmosphère dans la péninsule s’est, en conséquence, considérablement améliorée. Certaines familles, qui étaient séparées depuis longtemps, ont pu être réunies et la communauté internationale a accueilli une équipe de Corée unifiée aux récents Jeux Olympiques de Sidney. Ces développements positifs auront des implications ailleurs que dans la péninsule coréenne, a affirmé le représentant de Singapour, qui a émis l'espoir que d’autres développements similaires auront lieu dans le reste

M. KODJO MENAN (Togo) a estimé que l’examen du point concernant la paix, la sécurité et la réunification dans la péninsule coréenne, intervient à un point nommé. Il fait suite à la satisfaction presque totale exprimée par la communauté internationale après la tenue du Sommet historique intercoréen intervenu en juin dernier à Pyongyang, réunissant les Présidents de la République populaire démocratique de Corée et de la République de Corée. L’élan ainsi insufflé aux relations entre les deux pays, après une longue période marquée par les tensions militaires, a été concrétisé par plusieurs autres manifestations qui s’inscrivent

dans le droit fil de la mise en oeuvre de la Déclaration conjointe ayant sanctionné le Sommet de Pyongyang. Comme de nombreux Etats Membres de l’ONU, le Togo a très tôt établi et entretenu des relations d’amitié et de coopération avec la République populaire démocratique de Corée et la République de Corée, convaincu que la division de la péninsule coréenne était contraire aux aspirations profondes du peuple coréen et que l’isolement de l’une ou de l’autre Corée ne s’inscrivait pas dans l’optique de la décrispation des relations entre ces deux pays.

Le représentant s’est félicité de la mise en chantier du processus de réconciliation et souhaite qu’il aboutisse à des résultats tangibles et conformes aux aspirations légitimes du peuple coréen. C’est donc tout naturellement que le Togo s’est porté coauteur du projet de résolution que l’Assemblée générale s’apprête à adopter, a-t-il confirmé. L’objectif de ce projet de texte consiste pour les Etats Membres à appuyer la dynamique nouvelle ainsi amorcée dans la péninsule coréenne, dynamique dont l’aboutissement sera à terme, la réunification pacifique des deux Corées, a souhaité le représentant.

M. YUKIO SATOH (Japon) a déclaré qu’en tant que pays voisin, le Japon est heureux d’être co-auteur de la résolution A/55/L.14. Le fait qu’environ 150 pays se soient portés co-auteurs est un témoignage de la volonté de la communauté internationale de soutenir les efforts déployés par la République de Corée et la République populaire démocratique de Corée en vue de promouvoir la réconciliation et la paix dans la péninsule coréenne, a-t-il affirmé. Il a estimé encourageant le fait que la résolution soit proposée par les deux parties, reflétant ainsi l’esprit de coopération qui régnait au Sommet intercoréen entre le président Kim Dae-jung et le Président Kim Jon-il. Il a émis l’espoir que la résolution sera un autre pas dans le processus de réconciliation et de coopération impulsé par les deux dirigeants. Il a rappelé que le Japon est engagé dans la coopération trilatérale entre la République de Corée, les Etats-Unis et le Japon ainsi que dans les pourparlers de normalisation avec la République populaire démocratique de Corée.

M. JEAN-DAVID LEVITTE (France) s’exprimant au nom de l’Union européenne et des pays associés (Bulgarie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Chypre, Malte, Turquie et Islande), a indiqué que l’Union européenne apportait son soutien au projet de résolution sur la paix, la sécurité et la réunification de la péninsule coréenne, auquel les membres de l’Union européenne ont apporté leur coparrainage. Ce projet, préparé conjointement par la République de Corée et par la République populaire démocratique de Corée, illustre les progrès accomplis dans les relations entre les deux pays avec la tenue de Sommet intercoréen de juin dernier, a-t-il déclaré. Il a rappelé que l’Union européenne a plaidé de longue date en faveur d’un dialogue direct entre les deux Corées et soutient la politique d’engagement de la République de Corée à l’égard de la République populaire démocratique de Corée, la «sunshine policy», entreprise avec courage et détermination par le Président Kim Dae-jung, dont l’engagement personnel en faveur de la paix a été reconnu par l’attribution du prix Nobel.

L’Union européenne appuie également les entretiens quadripartites entre les deux Corées, la Chine et les Etats-Unis en vue d’un règlement de paix permanent et elle soutient aussi le cadre convenu en 1994 entre les Etats-Unis et la République populaire démocratique de Corée, a déclaré le représentant. L’Union est membre actif du Conseil exécutif de l’Organisation pour le développement énergétique de la péninsule coréenne, la KEDO, qui améliore par son action la stabilité dans la région et contribue à promouvoir le régime international de non-prolifération nucléaire. Depuis 1995, l’Union européenne apporte aussi une aide, notamment sous la forme d’une aide alimentaire importante, pour alléger la pénurie alimentaire, qui continue de sévir en République populaire démocratique de Corée et les problèmes humanitaires qui l’accompagnent.

Le représentant a affirmé que l’Union européenne souhaitait encourager la République populaire démocratique de Corée à poursuivre le processus de réconciliation intercoréen. Elle envisage de mettre en oeuvre, à court terme, les mesures adoptées par le Conseil de l’Union européenne le 9 octobre dernier, soit: le renforcement du dialogue politique, l’accroissement de l’accès de la République populaire démocratique de Corée à l’expérience acquise par l’Union dans le domaine des mesures de confiance, la mise en oeuvre de mesures préparatoires à d’éventuelles actions d’assistance technique à moyen terme dans les secteurs prioritaires et l’examen des possibilités d’amélioration d’accès de la République populaire démocratique de Corée au marché européen.

Mme JOAN M. PLAISTED (Etats-Unis) a déclaré que les Etats-Unis étaient très satisfaits de coparrainer cette résolution qui reconnaît la portée historique de la réunion au Sommet des deux de la République de Corée et de la République populaire démocratique de Corée. Elle a rappelé que son pays avait sans cesse soutenu la politique d'engagement du Président Dim Dae-jung et avait incité les deux côtés de la péninsule à engager ce type de dialogue constructif. Elle a rappelé également que les Etats-Unis ont encouragé des relations internationales accrues avec la République populaire démocratique de Corée au moment où celle-ci gérait des domaines qui préoccupent la communauté internationale.

La représentante est revenue sur les dispositions de la déclaration commune publiée à la suite de la visite de la Secrétaire d'Etat américaine à Pyongyang qu'elle a qualifiée d'historique. Ce communiqué précisait qu'aucun des deux gouvernements n'aurait d'intention hostile à l'égard de l'autre et que l'un et l'autre s'efforcerait dans l'avenir de construire une relation dénuée de l'antagonisme passé. Elle a également fourni des précisions sur des domaines importants de coopération bilatérale: accès à un site souterrain sensible, aide humanitaire, remise des dépouilles des soldats américains morts pendant la guerre de Corée, soutien à la lutte internationale contre le terrorisme. Elle a indiqué que les Etats-Unis continuerait à soutenir, de toutes les manières appropriées, le processus en cours.

M. NGUYEN THANH CHAU (Viet Nam) a indiqué que sa délégation, en tant que coauteur du projet de résolution sur la question intitulée "Paix, sécurité et réunification dans la péninsule coréenne", tient à souligner que l'adoption de ce texte par l'Assemblée générale revêt une importance particulière du point de vue de la paix et de la sécurité en Asie du Nord Est, de même que dans le reste du monde. Il a félicité les délégations de la République populaire démocratique de Corée et de la République de Corée d'être parvenues à surmonter des obstacles insurmontables et d'avoir travaillé ensemble dans l'intérêt commun de leur peuple. Le représentant a indiqué que le Viet Nam entretient de très bonnes relations avec la République populaire démocratique de Corée de même qu'avec la République de Corée. Il a expliqué que du fait de leur situation géographique, les peuples vietnamien et coréen ont de nombreux points communs d'un point de vue culturel et historique, ajoutant que cela explique que le Viet Nam soit, plus qu'aucun autre pays au monde, très concerné par les aspirations et les souhaits du peuple coréen à vivre dans la paix et dans une nation unie.

Le représentant a affirmé que le Viet Nam appuie fermement la Déclaration commune publiée lors du Sommet intercoréen, tenu à Pyongyang en juin 2000. Ma délégation est convaincue que la mise en œuvre de cette Déclaration contribuera à renforcer la paix et la sécurité dans la péninsule, rapprochant ainsi un peu plus les Coréens de leur aspiration à vivre dans une Corée réunifiée, a-t-il déclaré. Il a, par ailleurs, informé l'Assemblée générale du fait que le Ministre des affaires étrangères vietnamien, M. Nguyen Dzy Nien s'est rendu en voyage officiel en République de Corée et en République populaire démocratique de Corée et qu'il y a eu des entretiens enrichissants avec les dirigeants des deux pays. Le Viet Nam continuera de déployer des efforts pour contribuer au dialogue pacifique et à la coopération entre les deux pays de façon à ce que les habitants de la péninsule soient en mesure de vivre le plus tôt possible dans une Corée réunifiée, a-t-il conclu.

M. ANDREI E. GRANOVSKY (Fédération de Russie) a rappelé que son pays était coauteur du projet de résolution et a ajouté qu’il voyait dans ce processus un facteur important pour le maintien de la paix et de la stabilité dans la péninsule coréenne. Il a ajouté que son pays appréciait les résolutions prises par les chefs d’Etat des deux Corées au cours du Sommet du mois de juin 2000 et s’est félicité de l’accord des parties à mener à bien ce processus. Il a ajouté que la tendance à une réduction de l’affrontement politique et militaire et l’impulsion favorable donnée à la coopération prouvaient bien une certaine stabilisation. Il a ensuite appelé les autres Etats Membres à encourager ces tendances positives dans la péninsule coréenne comme l’avait fait récemment le Président Vladimir Poutine en se rendant sur place et conclu en souhaitant aux Coréens de connaître le succès dans ce processus.

M. WANG YINGFAN (Chine) s’est félicité du processus de paix dans la péninsule coréenne, d’autant plus que ce processus satisfait aux désirs et aux intérêts fondamentaux des Coréens. Le représentant a souligné que cet accord contribue à la paix et à la stabilité dans la région et il a rappelé que la Chine n’avait pas ménagé ses efforts en faveur de la paix et de la stabilité dans la région. Il a finalement rappelé que la Chine, en tant que coauteur du projet, appuie tous les efforts de la communauté internationale en faveur de la réconciliation nationale.

M. DAVID STAURT (Australie) a déclaré que l’Australie appuyait avec enthousiasme le projet de résolution et se félicitait de l’examen de cette question devant l’Assemblée générale. Il a ajouté que le Sommet de juin 2000 entre les chefs d’Etat des deux Corées était la première réunion du genre depuis 50 ans et constituait une étape dans l'antenne entre les deux pays. Il a souhaité que ce processus renforce l’esprit de réconciliation et de paix dans la péninsule et ajouté que l’Australie avait repris ses relations diplomatiques avec la République populaire démocratique de Corée en mai 2000 après 28 années d’interruption. Il s’est ensuite félicité de l’adhésion de la République populaire démocratique de Corée au Forum de l’ANASE et a rappelé les efforts déployés par l’Australie en matière de maintien de la paix et d’assistance humanitaire dans la péninsule coréenne.

Abordant la question de la non-prolifération, il s’est réjoui du rôle joué par des ONG coréennes dans la lutte contre les essais nucléaires avant de souligner que son pays avait également contribué aux besoins énergétiques de la République populaire démocratique de Corée.

M. MICHAEL POWLES (Nouvelle-Zélande) s’est réjoui des efforts qualifiés d’ «héroïques» en faveur de la paix et de la sécurité déployés par les Présidents Kim Dae Jung et Kim Jong-il. Il a estimé que depuis le sommet intercoréen de Pyongyang, les perspectives ont fondamentalement changé pour la région. L’engagement de la Nouvelle-Zélande dans la péninsule coréenne date de cinquante ans quand «mon pays a participé à la guerre de Corée», a déclaré le représentant. Par ailleurs, il a exprimé le souhait que l’amélioration des relations entre les deux Corées puisse mettre un terme à la prolifération nucléaire dans cette région du monde. La paix et la sécurité dans la péninsule coréenne est l’une des garanties du renforcement de la paix et de la prospérité dans le Nord de l’Asie et dans le Pacifique, a-t-il ajouté.

M. JORGE LUIS VALDEZ-CARRILLO (Pérou) a déclaré que le Pérou, en tant que coauteur du projet de résolution, souhaite sincèrement que le document soit adopté à l’unanimité. Il a fait remarquer que son pays reste très attaché à la promotion des objectifs de paix et de sécurité et a salué la politique de rapprochement que les deux pays ont menée. Il a souligné que cette politique a reçu un large appui, que ce soit parmi les pays développés ou parmi les pays en développement et qu’elle constitue à cet égard un bel exemple de coopération. Le représentant a conclu que le processus amorcé doit être accueilli de façon positive car c’est un jalon important sur la route de la paix mondiale.

M. LUIS ENRIQUE CAPPAGLI (Argentine), en tant que coauteur du projet de résolution, a déclaré appuyer fermement le processus de réunification pacifique dans la péninsule de Corée. Il a salué les efforts des artisans de la réconciliation et a rappelé que ces efforts ont été reconnus internationalement, comme en témoigne l’attribution du prix Nobel de la paix, à M. Kim Dae-joung, Président de la République de Corée. Il a encouragé les Etats Membres qui soutiennent le processus de réunification à apporter à la Corée l’assistance nécessaire.

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE CONSACRÉE À CE SUJET

Rapport du Secrétaire général (A/55/344)

Sur la recommandation du Sommet mondial pour le développement social, l’Assemblée générale a décidé en 1995 de tenir une session extraordinaire en l’an 2000 pour procéder à un examen et une évaluation de la mise en oeuvre des résultats du Sommet et arrêter de nouvelles initiatives en faveur du développement social. La vingt-quatrième session extraordinaire de l’Assemblée intitulée “Sommet mondial pour le développement social et au-delà: le développement social pour tous à l’heure de la mondialisation” a eu lieu à l’Office des Nations Unies à Genève du 26 au 30 juin 2000.

Les conclusions de la session extraordinaire sont l’aboutissement d’un effort global impliquant un large éventail d’acteurs pour donner effet au consensus réalisé à Copenhague en 1995. Il ressort de l’examen et de l’évaluation que les Etats Membres avaient pris des mesures tangibles en vue d’intégrer à leurs politiques nationales les objectifs de développement social figurant dans la Déclaration et le Programme d’action de Copenhague. La société civile, le secteur privé et d’autres acteurs ont joué un rôle important dans la réalisation de ces objectifs ainsi que dans le processus préparatoire de la session extraordinaire tenue à Genève: Les organismes des Nations Unies ont de même intégré les engagements pris au Sommet mondial pour le développement social dans leurs programmes et leurs activités opérationnelles et ont apporté une contribution importante aux travaux de Genève.

L’Assemblée générale a, par ailleurs, adopté un document final intitulé “Nouvelles initiatives de développement social” qui consiste en une déclaration politique réaffirmant la Déclaration et le Programme d’action du Sommet mondial pour le développement social adoptés à Copenhague; un examen et une évaluation de la suite donné au Sommet; et des propositions de nouvelles initiatives de développement social. Ce document développe et actualise le consensus de Copenhague et constitue de la part des Etats Membres une proclamation importante de la façon de promouvoir le développement à l’heure de la mondialisation, établissant ainsi un cadre global pour les activités ultérieurs des gouvernements, de la société civile et de la communauté internationale. Il fixe aussi un certain nombre de nouvelles mesures que doivent prendre les organes intergouvernementaux du système des Nations Unies et, en particulier, le Conseil économique et social.

Le rapport comporte trois sections et une annexe. La section I fait la genèse de la session extraordinaire et indique comment celle-ci s’est déroulée; la section II comporte une analyse du document final, l’accent étant mis sur les initiatives nouvelles les plus importantes adoptées à la session extraordinaire; et la section III expose les nouvelles mesures devant être prises par des organes intergouvernementaux et le système des Nations Unies pour donner suite au Sommet. L’annexe récapitule les initiatives nouvelles.

Déclarations

M. CRISTIAN MAQUIEIRA (Chili) a rappelé que la réunion du processus de révision du Sommet social de Copenhague qui s’est tenue à Genève en juin 2000 avait prouvé, que depuis 1995, des pas prometteurs et décisifs avaient été franchis et que des engagements avaient été pris en faveur du développement social. Il a poursuivi en soulignant que l’adoption de la Déclaration de Genève qui recense à la fois les lacunes enregistrées après Copenhague et les efforts à mobiliser pour répondre aux objectifs fixés par le processus de Genève 2000. Il a fait état des nouvelles mesures adoptées, qui sont des alternatives, et des décisions majeures dans la mesure où il a été décidé de réduire de moitié la pauvreté dans le monde d’ici à 2015, ajoutant qu’il fallait mobiliser les ressources nécessaires pour répondre à ces priorités et faire correspondre moyens financiers et volonté politique. Il a poursuivi en évoquant le domaine de l’emploi, précisant que le Processus de Genève avait mis l’accent sur la nécessité de promouvoir le secteur informel, la responsabilité sociale des entreprises de même que l’urgence à définir une stratégie internationale de création d’emplois, le droit des travailleurs et le thème de l’emploi exigeant d’être plus élaborés.

Il a ajouté que la question de la santé devait être considérée comme un facteur de développement et souhaité que le processus de Genève 2000 aboutisse à l’identification de nouvelles sources de financement pour le développement. Il a suggéré qu’un groupe de travail, identique à celui conduit sur le maintien de la paix par M. Brahimi, soit créé afin de trouver des voies nouvelles de financement. Evoquant la réunion de Genève, il a souligné le haut niveau intellectuel des participants et des délégations qui ont apporté une contribution constante. Il a également considéré que les propositions et recommandations faites par les institutions de Bretton Woods et d’autres organes des Nations Unies, de mêmes que les ONG pouvaient orienter les négociations à venir et la recherche de solutions. Il a qualifié le processus de Genève 2000, également appelé Copenhague + 5, de précédent majeur pour les négociations dans la domaine du développement économique et social ajoutant que cette rencontre avait été l’occasion de démontrer les efforts conjoints des Nations Unies et des autres partenaires à coopérer.

Abordant la question de la mondialisation, le représentant a noté que les propositions faites à Genève manquaient parfois de volonté et qu’il importait de mettre en place un processus de suivi des recommandations de Copenhague et de Genève. Il a ajouté que ces processus n’étaient pas opposés à la mondialisation, mais que le rôle précis des Nations Unies était de trouver des solutions aux problèmes posés par ses conséquences et que de lutter pour un meilleur partage des ressources de la mondialisation permettrait de la renforcer. Il a conclu en considérant que la mise en oeuvre des décisions prises dépendait de la bonne volonté des parties. Il a suggéré que des efforts d’analyse soient faits, recommandant l’adoption de mécanismes et la mise en place de groupes de travail sur les thèmes retenus à Genève avec des mandats précis. Il a souhaité que l’ECOSOC et le Secrétariat soient associés et que les Etats Membres soient mobilisés afin de parvenir à l’adoption de modalités acceptables par tous et de renforcer ainsi les chances de succès des recommandations adoptées à Genève en juin 2000.

M. YVES DOUTRIAUX (France), au nom de l'Union européenne et des pays d'Europe centrale et orientale associés à l'Union européenne (Bulgarie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovaquie et Slovénie), ainsi que des pays associés Chypre, le Liechtenstein, Malte et la Turquie, a déclaré que la bilan de la mise en oeuvre des engagements de Copenhague, effectué cinq ans après par la session extraordinaire de Genève, apparaît à l'Union européenne conforme à la réalité, comportant des motifs de satisfaction et des éléments de déception. Il a permis de constater qu'en dépit des progrès enregistrés dans plusieurs domaines, par exemple dans l'accès à l'éducation et à la scolarisation ou en matière de réduction de l'endettement des pays les plus pauvres, des efforts importants restaient encore à mener pour lutter contre l'aggravation des inégalités et atteindre les objectifs chiffrés qui avaient été fixés à Copenhague. De même, la dynamique du renforcement réciproque du développement social et du développement économique a été mise en évidence.

La Déclaration de Genève complète les documents de Copenhague sur plusieurs points, par exemple en faisant référence aux droits de l'homme et aux libertés fondamentales, aux principes et droits fondamentaux au travail, condition du développement social, en rappelant la nécessité de mesures spécifiques pour les personnes dans le besoin, la nécessité d'améliorer la situation des enfants et l'éducation des filles, d'un suivi intégré des grandes conférences des Nations Unies et d'une articulation étroite entre les politiques économique, sociale et environnementale.

Le représentant de la France a, par ailleurs, affirmé que l'Union européenne attache une grande importance à la réunion intergouvernementale de haut niveau, consacrée au financement du développement, qui doit avoir lieu en 2001. Elle considère que l'objectif de cette réunion est de permettre une meilleure mobilisation des ressources nationales et internationales et de parvenir à une meilleure cohérence des politiques pour atteindre les objectifs que la communauté internationale s'est fixés pour réduire de moitié la pauvreté en 2015. L'Union européenne se félicite également de la tenue à Bruxelles en 2001 de la troisième conférence sur les pays les moins avancés.

L'Union regrette toutefois que la session extraordinaire n'ait pu aboutir qu'à des résultats modestes dans des domaines qui revêtent une grande importance pour l'avenir.

Ainsi la prise en compte de la dimension sociale de la mondialisation a-t- elle été longuement débattue par les délégations sans avoir pu en définitive faire l'objet d'un accord susceptible d'instituer un forum comportant toutes les organisations multilatérales concernées, ce qui aurait permis de créer un cadre approprié pour poursuivre la réflexion sur cette question. Cependant, le thème prioritaire de la 39ème session de la Commission pour le développement social, qui portera en 2001 sur le renforcement de la protection sociale et la réduction de la vulnérabilité dans un monde en voie de globalisation, fournira certainement l'occasion de discussions complémentaires sur la dimension sociale de la globalisation.

De même, la question de l'élaboration d'indicateurs sociaux destinés à assurer une meilleure mesure des progrès accomplis en réalisant les objectifs internationaux sur le plan du développement et une comparaison plus juste entre les acteurs concernés aurait certainement mérité une attention plus approfondie. La négociation n'a pas permis d'aller au-delà d'une simple invitation à la commission de la statistique de poursuivre ses travaux et d'identifier un nombre limité d'indicateurs communs, parmi ceux qui sont déjà utilisés par les Etats Membres.

Le partenariat avec la société civile et les entreprises, qui est une des clés pour le développement social, n'a pas fait l'objet, selon nous, de références suffisamment fortes et dynamiques permettant d'ouvrir sur cette question des perspectives véritables pour le futur, particulièrement en ce qui concerne les organisations non gouvernementales qui sont souvent les avocats des personnes et groupes les plus pauvres, assurent des fonctions d'assistance sociale à l'égard de ces groupes et jouent à cet égard un rôle social important.

En matière d'égalité entre hommes et femmes et de promotion et participation des femmes, il conviendrait de mieux prendre en compte les liens économiques qui existent entre la lutte contre la pauvreté et l'égalité entre hommes et femmes. La féminisation de la pauvreté est une réalité qui repose largement sur la rigidité des rôles socialement assignés aux hommes et aux femmes, et sur l'accès limité des femmes aux responsabilités, à l'éducation, à la formation et aux ressources productives.

L'Union européenne considère que la session de Genève n'est pas le point d'aboutissement du projet défini à Copenhague, mais une étape dans un processus à long terme qui doit se poursuivre.

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