ECOSOC/5934

LES FEMMES ET LE DEVELOPPEMENT AGRICOLE : DEUX FACTEURS ESSENTIELS POUR ELIMINER LA FAIM DANS LE MONDE

30 octobre 2000


Communiqué de Presse
ECOSOC/5934


LES FEMMES ET LE DEVELOPPEMENT AGRICOLE : DEUX FACTEURS ESSENTIELS POUR ELIMINER LA FAIM DANS LE MONDE

20001030

Ce matin, le Conseil économique et social, a tenu, pour la première fois, une réunion avec les responsables des trois institutions alimentaires du système des Nations Unies qui sont basées à Rome, à savoir l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international pour le développement agricole (FIDA) et le Programme alimentaire mondial (PAM). Aujourd’hui dans le monde plus de 800 millions de personnes, vivant pour la plupart en Asie du Sud et en Afrique sub-saharienne, continuent à souffrir de la faim ou de la malnutrition. Ainsi que l’a fait remarquer le Directeur général de la FAO, M. Jacques Diouf, le thème abordé aujourd’hui par l’ECOSOC est donc véritablement une question de vie ou de mort pour des millions d’individus. Le problème est qu’alors que les dirigeants mondiaux se sont engagés, dans la Déclaration du Sommet du millénaire, à réduire de moitié, d’ici l’année 2015, le nombre de personnes souffrant de la faim et de la malnutrition, les analyses les plus récentes montrent que le rythme de progression vers cet objectif est encore beaucoup trop lent. En vérité, le nombre des personnes malnourries a même doublé au cours des 30 dernières années. Il est donc tout à fait urgent de prendre des mesures fermes et de grande échelle si l’on veut effectivement atteindre ce but.

“Agir vite est essentiel car les enfants qui souffrent de la faim ne peuvent pas attendre demain”, a, de son côté, mis en garde la Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial, Mme Catherine Bertini. Selon elle, les femmes sont le facteur le plus important pour mettre un terme à la faim et à la malnutrition dans les foyers. Parce qu’elles sont celles qui cultivent, achètent, cuisinent les produits, et élèvent les enfants, les femmes sont un acteur clef incontournable qui doit être au centre des stratégies d’élimination de la faim. Mme Bertini a aussi insisté sur l’importance du dialogue entre les fournisseurs d’aide et les principaux intéressés pour s’assurer que l’on répond bien aux besoins et que l’on envoie les outils, les semences ou les aliments appropriés. Ce sont les pauvres qui détiennent la clef d’un monde débarrassé de la faim, a pour sa part estimé M. Fawzi Al-Sultan, Président du Fonds international de développement agricole. Ainsi pour lui, le rôle des institutions consiste à révéler cette capacité des pauvres notamment en améliorant leur accès aux outils de production et de développement. Il faut donc, en priorité, investir dans les cultures consommables localement.

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Le défi d’une élimination complète de la faim, qui selon le Président de l’Assemblée générale, M. Harri Holkeri, est la conséquence d’une répartition inégale des ressources, ne pourra être relevé que par une solide coordination. C’est là l’objectif assigné à l’ECOSOC par son Président, M. Makarim Wibisono (Indonésie), qui a insisté sur l’importance de créer des partenariats revitalisés, entre les institutions d’une part, et avec la société civile et le secteur privé de l’autre. Pour la Vice-Secrétaire générale, Mme Louise Fréchette, également présente, l’ambition principale d’une telle rencontre devrait être de transmettre deux messages, à savoir tout d’abord que la faim n’est pas une question purement sectorielle mais un problème politique, social et moral; et deuxièmement que la lutte contre la faim doit être menée sur le front le plus large possible.

Puisque 70% de la population mondiale vit en zone rurale, il est primordial que la question de l’agriculture reçoive l’attention qu’elle mérite. C’est le message qu’ont souhaité communiquer plusieurs intervenants lors du dialogue interactif qui a suivi. A cet égard, le représentant de la France a recommandé que soit renforcée la visibilité du développement agricole en général et des actions des institutions spécialisées de Rome plus particulièrement. En dépit du consensus qui existe entre les acteurs concernés sur les actions à entreprendre pour éliminer la faim, la productivité agricole diminue et l’aide au développement agricole connaît une baisse effrayante de 50%, s’est inquiété le représentant de la Banque mondiale. Pour la Chine, pays en développement qui possède la plus large population mondiale et qui a depuis vingt ans résolu le problème de la sécurité alimentaire, le microcrédit constitue la solution à retenir pour lutter contre la faim. Le représentant du Rwanda a pour sa part souhaité que ceux qui apportent actuellement une aide d’urgence, financent également des projets de fond. Dans plusieurs pays d’Afrique, le sol est fertile, a-t-il insisté, mais c’est la technologie qui n’est pas appropriée.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole à cette occasion : Italie, Rwanda, France, Inde, Cameroun, Viet Nam, Arabie Saoudite, Chine, Soudan et Royaume-Uni. Les représentants de la Banque mondiale et de l’Organisation internationale du travail sont également intervenus.

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Déclaration d'ouverture du Président du Conseil économique et social

M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a indiqué que la discussion d’aujourd’hui, sur le thème “Eliminer la faim au nouveau millénaire” a pour but d’établir des échanges réguliers avec les dirigeants des institutions spécialisées de Rome sur des thèmes spécifiques, et ce afin de promouvoir la coordination des politiques et la cohérence globale du système. Cette réunion s’inscrit également dans le cadre des efforts visant à traduire en actes les engagements pris au Sommet du millénaire en septembre, notamment celui de réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim d’ici 2015 et de prendre des mesures spéciales afin de relever les défis qui se posent dans ce domaine en Afrique. Un milliard d’êtres humains, la plupart dans les pays en développement, souffrent encore de la faim et de la malnutrition, a rappelé le Président. Ce défi énorme ne peut être relevé si nous agissons chacun de notre côté, a-t-il ajouté, et il est nécessaire de forger une nouvelle coordination à travers des partenariats revitalisés, non seulement entre les différentes institutions mais aussi avec la société civile et le secteur privé. Afin de renforcer la sécurité alimentaire, il faut examiner les causes fondamentales de la faim. Pour le Président, trois éléments devraient être au centre des préoccupations : la multiplication des moyens de survie, en particulier par l’amélioration de l’agriculture, la diversification des revenus des fermiers et l’élargissement des marchés, la protection des personnes dans le besoin par le biais d’une meilleure capacité de réaction d’urgence, et la création d’un environnement favorable en renforçant la bonne gouvernance.

Déclaration du Président de l'Assemblée générale

M. HARRI HOLKERI (Finlande), Président de l’Assemblée générale, a indiqué que la faim est la conséquence d’un problème plus vaste qui est la répartition inégale des ressources. Aujourd’hui, a-t-il noté, les 20% les plus pauvres de la population mondiale disposent de un pour cent des revenus mondiaux et de tous les biens produits, les riches consomment 45% et les plus pauvres seulement 5%. Ce sont les femmes qui produisent la part alimentaire la plus importante mais ne consomment que la plus faible. Les femmes illettrées dans les zones rurales et éloignées sont notamment les plus défavorisées car elles ont un accès très difficile à la nourriture. Ainsi si la faim a pu être réduite ces dernières années, a fait remarquer M. Holkeri, le nombre de personnes sous-alimentées a, lui, augmenté. L’obésité est en outre un problème accru dans beaucoup de sociétés riches, ce qui montre une nouvelle fois l’inéquité de la répartition des ressources. De 1968 jusqu’au Sommet du millénaire, éliminer la faim a toujours fait partie des objectifs formulés, devenant ainsi un véritable engagement politique. La faim, la pauvreté et le manque de possibilités de développement sont étroitement liés. Si la production de produits alimentaires et la récolte devraient suffire pour nous alimenter tous, nous devons toutefois être vigilants, a averti le Président, car à l'avenir, la capacité de notre planète ne restera pas illimitée. Signe positif néanmoins, la production agricole a augmenté dans plusieurs pays d’Afrique, a-t-il signalé. Néanmoins, ces dernières années, beaucoup de pays africains ont connu des sécheresses graves ou des pluies torrentielles, cas dans lesquels une aide alimentaire a été nécessaire. L’Afrique, a expliqué M. Holkeri, peut être divisée en deux zones, celle souffrant de sécheresse et celle avec une bonne capacité de production mais qui connaît des conflits.

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Dans les pays qui subissent les conflits, la raréfaction des produits alimentaires a lieu non plus au niveau des familles mais au niveau national. Le Président a indiqué que la faim ou le manque de produits alimentaires est lié aux performances économiques de chaque pays et de chaque région. Bien que la performance des économies africaines ait été récemment plutôt positive, ces économies devraient, pour avoir un véritable impact, connaître des taux de croissance deux fois plus élevés. Il faut notamment instaurer une transparence des liens entre les autorités locales et l’Etat, liens qui ont manqué par le passé. En outre, a fait remarquer M. Holkeri, le pouvoir d’achat de la population rurale et urbaine est insuffisant pour venir en aide aux petites fermes qui manquent d’investissement et ne peuvent apporter les améliorations techniques qui sont indispensables. De plus, les bénéficiaires de microcrédits sont généralement les créateurs de petites entreprises et les industries artisanales, non pas les fermiers.

Déclaration de la Vice-Secrétaire générale

Pour la Vice-Secrétaire générale, Mme LOUISE FRECHETTE, les trois institutions alimentaires basées à Rome, le Fonds international de développement agricole, le Programme alimentaire mondial et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, sont des instruments fondamentaux dans la campagne d’élimination de la faim pour le nouveau millénaire. Aujourd’hui l’ambition principale devrait être de transmettre deux messages, à savoir tout d’abord que la faim n’est pas une question purement sectorielle mais un problème politique, social et moral; et deuxièmement que la lutte contre la faim doit être menée sur le front le plus large possible. Chaque jour dans le monde, 800 millions d’individus souffrent de la faim, une de ces personnes sur trois se trouvant en Afrique sub-saharienne. Les pertes en productivité et les problèmes sanitaires qui l’accompagnent font que la faim n’est pas seulement une tragédie individuelle mais un véritable handicap économique pour les communautés et les nations tout entières.

C’est pourquoi il est si important, dans le cadre des efforts déployés par le système des Nations Unies, pour promouvoir une paix et un développement durables, d’éliminer la faim. C’est pourquoi les dirigeants mondiaux, lors du Sommet du millénaire, se sont engagés à éliminer ce fléau et, surtout, d’ici l’année 2015, à réduire de moitié le nombre des personnes qui souffrent de malnutrition. Il nous faut faire tout notre possible pour atteindre cet objectif, a insisté Mme Fréchette. De manière opportune, la présente réunion centre son attention sur les besoins spécifiques de l’Afrique, et en particulier les régions du continent où la sécheresse perdure en ayant des conséquences absolument dévastatrices sur la sécurité alimentaire. Elle apportera une contribution utile au segment de haut niveau de la prochaine session de fond du Conseil économique et social qui sera consacré au développement durable en Afrique. A l’heure où la mondialisation est une source d’opportunités pour un grand nombre de personnes, il faut se souvenir que la privation et le désespoir économique demeurent le lot de trop nombreux membres de la famille humaine. Notre réunion peut contribuer à construire un consensus fort sur la manière de régler les inégalités et en particulier sur la manière de mener notre guerre absolue contre la faim et la malnutrition. Elle peut aussi permettre de créer de nouveaux partenariats - condition essentielle à la réussite -, entre les Nations Unies et les institutions du système, les gouvernements, la société civile et les entreprises du secteur privé.

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Exposé des institutions spécialisées de Rome

M. JACQUES DIOUF, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a déclaré que le sujet abordé aujourd’hui est véritablement une question de vie ou de mort pour des millions de personnes. Il est rassurant de voir que l’objectif du Sommet alimentaire mondial de réduire de moitié le nombre des personnes souffrant de la faim et de la malnutrition a été récemment repris dans la Déclaration du Sommet du millénaire. Toutefois notre dernier rapport sur la sécurité alimentaire mondiale montre que le rythme de progression vers cet objectif est encore beaucoup trop lent. 826 millions de personnes souffrent de la faim, 792 millions se trouvant dans des pays en développement. Les régions les plus touchées sont l’Asie du Sud et l’Afrique sub- saharienne. En fait le nombre des personnes mal nourries a doublé au cours des 30 dernières années. L’objectif du Sommet alimentaire mondial et du Sommet du millénaire ne sera donc pas atteint si des mesures fermes et à grande échelle ne sont pas prises de manière urgente, a averti M. Diouf.

Les trois institutions siégeant à Rome et invitées aujourd’hui partagent un objectif commun, celui d’assurer la sécurité alimentaire. Chacune, avec des mandats différents, s’efforce d’y parvenir. Ensemble, elles ont aussi mis en place un réseau de coopération et de coordination à tous les niveaux. Ainsi au niveau des pays, la FAO soutient des réseaux nationaux mis en place par les trois institutions dans la Corne de l’Afrique. C’est la pleine capacité du système qui est mobilisée de matière coordonnée, en raison de la situation particulièrement dramatique de cette région. La FAO sensibilise la population sur les questions à court et à long terme en matière de sécurité alimentaire. Elle aide les pays en développement à être bien informés lors des nouvelles négociations multilatérales sur l’agriculture, qui ont une importance capitale pour ces pays. Elle fournit également une assistance technique et participe à l’élaboration de stratégies nationales et régionales en matière de sécurité alimentaire. Les programmes de terrain spécifiques qu’elle met en place apprennent aux communautés à faible revenu à parvenir à l’autosubsistance en introduisant des avancées technologiques simples conduisant à une forte augmentation de la productivité.

Dans de nombreuses sociétés, la faim est la conséquence de la pauvreté, a expliqué ensuite M. Diouf. La lutte pour son élimination doit donc être une priorité. On sait que 70% des personnes qui souffrent d’insuffisance alimentaire vivent dans des régions rurales. Le développement agricole pour éliminer la faim et la pauvreté est donc indispensable surtout en Afrique. Le développement rural est aussi la réponse à la migration excessive des régions rurales vers les villes, qui, si ce rythme se poursuit, rassembleront 60% de la population mondiale. Le problème est que le développement durable n’est pas suivi de manière prioritaire. Les investissements dans ce domaine sont insuffisants et, en réalité, les transferts externes en faveur du développement rural et de la sécurité alimentaire ne cessent de baisser. Or ce qui est en jeu, c’est aussi la capacité des générations futures à se nourrir, a fait observer le Directeur général de la FAO. Selon lui, dans le contexte de la mondialisation, tant le commerce que les finances devraient contribuer à la sécurité alimentaire et à l’allégement de la pauvreté.

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L’initiative HIPC, les réunions de haut niveau sur le financement du développement et les mesures de transition et de compensation à destination des pays en développement sont autant de nouvelles possibilités pour cibler davantage la lutte contre la faim et la pauvreté. Cette question est d’autant plus importante à un moment où les situations d’urgence alimentaire semblent se multiplier. Dans la Corne de l’Afrique, ces dix dernières années, l’Aide publique au développement a baissé de 40% et les coupes budgétaires dans le secteur agricole ont été encore plus fortes. La sécurité alimentaire durable doit être une priorité se fondant essentiellement sur le développement agricole durable. Elle ne doit pas être un objectif ponctuel, mais un effort constant entrepris sur l’ensemble du système. A cet égard, le rôle de l’ECOSOC est fondamental, a conclu M. Diouf.

M. FAWZI H. AL-SULTAN, Président du Fonds international de développement agricole (FIDA), a indiqué que pour le FIDA, ce sont les pauvres qui détiennent la clé d’un monde sans faim. Ainsi, le rôle des institutions est de révéler ce potentiel, a-t-il ajouté, en facilitant la participation des pauvres, en améliorant leur accès aux outils de développement, et en cherchant des solutions aux conséquences dévastatrices du sida. Grâce à des partenariats, la communauté internationale a déjà fait beaucoup de progrès depuis 50 ans, a signalé M. Al-Sultan. S’il est possible d’éradiquer la faim, on ne peut non plus conclure d’emblée à la réussite. Dans beaucoup de zones rurales, la production agricole est actuellement stagnante. De plus, les prix des matières premières ont baissé. Ainsi, a expliqué le Président, 60% des sous-alimentés vivent en zone rurale et 75% des pauvres qui gagnent moins d'un dollar par jour vivent aussi en zone rurale. Nous voulons une croissance économique large qui reste la clé de la réussite dans l’élimination de la faim, a-t-il souhaité. Les investissements pour le développement agricole sont indispensables pour préparer les agriculteurs aux évolutions techniques. Avec l’augmentation de la population, il y aura bientôt une plus grande demande en produits alimentaires, a également averti M. Al-Sultan.

En Afrique, la majorité des personnes vivent d’agriculture et d’élevage. Nous devons investir dans les petites fermes africaines pour conserver les terres cultivables dont dépend la production alimentaire de tout le continent, a insisté le Président. L’aide agricole, a-t-il regretté, a baissé de 50% entre 1986 et 1996, une baisse bien plus importante que celle de l’aide au développement en général. Une autre possibilité pour canaliser les ressources vers les régions clés est l’allègement de la dette. Dans ce domaine, le Président a signalé que le Gouvernement italien avait été très généreux. Les pauvres ne doivent pas être les bénéficiaires passifs de l’aide, ils peuvent être de véritables partenaires pour résoudre les problèmes, a souligné M. Al-Sultan. Nous ne pouvons pas non plus parler de sécurité alimentaire sans parler des femmes. Celles-ci détiennent la clé de la sécurité alimentaire, mais n’en ont pas moins un accès limité aux ressources. Il faudrait donc, a recommandé le Président, prendre en compte les aspects sexospécifiques dans les programmes mis en place. Car les femmes doivent pouvoir participer à l’élimination de la faim et de la pauvreté. Les pauvres devraient en outre avoir la possibilité d’obtenir de l’argent. Peut-être la technologie peut-elle jouer un rôle important, en montrant quels sont les véritables nécessités et besoins. Mais comment peut-on toutefois l’utiliser si les agriculteurs eux-mêmes sont illettrés, s’est interrogé le Président.

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Il y a des millions de personnes qui dépendent de l’agriculture mais comment les pays les plus pauvres peuvent-ils participer au système mondial d’échange, a demandé M. Al-Sultan. Il a par ailleurs souligné que le sida augmente l’incidence et la profondeur de la précarité alimentaire. Le décès d’un adulte entraîne la perte de revenu qui ne permet plus d’acheter les outils de base pour les cultures. Le Président a enfin rappelé que le FIDA étant la seule institution qui s’occupe de la faim dans les communautés rurales, les partenariats sont pour lui indispensables.

“Pour mettre un terme à la faim, il est besoin de solutions à long terme, ce qui est possible grâce au développement économique. Mais ces solutions doivent être mises en place dès aujourd’hui, car les enfants qui souffrent de la faim ne peuvent pas attendre demain”, a mis en garde d’entrée de jeu Mme CATHERINE BERTINI, Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM). Pour agir vite, on pourrait se souvenir du coût presque indicible de la faim, a-t-elle ajouté, précisant que la Banque mondiale a évalué à 46 millions d’années de vie productive le coût de la malnutrition. Les femmes sont le facteur le plus important pour mettre fin à la faim et à la malnutrition dans les foyers. Elles sont en effet celles qui cultivent les produits, les achètent, les cuisinent et vont chercher l’eau. De plus, une femme mal nourrie lorsqu’elle est enceinte donnera naissance à un enfant qui sera faible. La femme est donc l’acteur clef incontournable pour réussir à éliminer la faim.

Les efforts pour le développement déployés par la communauté internationale restent vains pour les personnes qui souffrent de la faim car elles ne peuvent y avoir accès, a aussi prévenu Mme Bertini. Evoquant l’un de ses voyages en Angola, elle a insisté sur l’importance du dialogue entre les fournisseurs d’aide et les principaux intéressés, qui sont bien souvent des femmes, pour s’assurer que l’on répond bien à leurs besoins et que l’on envoie les outils, les semences ou les aliments appropriés. Bien souvent, un simple dialogue préalable avec les récipiendaires permet de multiplier de manière significative les bienfaits de l’aide alimentaire envoyée. L’avantage à plus long terme d’un tel comportement, alliant dialogue et participation des femmes, c’est d’éduquer les communautés et de leur apprendre des pratiques agricoles et alimentaires plus durables ainsi que des comportements sociaux plus tournés vers le développement. On constate par exemple que les enfants qui sont nourris à l’école suivent davantage et pendant plus longtemps les cours et ainsi participent véritablement au développement de leur pays. On sait aussi que nourrir les enfants à l’école permet de garder les fillettes en classe, ce qui est un élément fondamental pour mettre un terme à la faim. Mettre la femme au centre de la lutte contre la faim est la seule voie à suivre pour gagner notre combat, a insisté Mme Bertini en conclusion.

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Dialogue interactif

Le représentant de l’Italie a indiqué que la sécurité alimentaire mondiale et la réduction de moitié du nombre des personnes souffrant de la faim et de la malnutrition sont des priorités absolues de son gouvernement. La présente réunion permet de renforcer encore la coordination et le dialogue entre les institutions alimentaires et l’ECOSOC. Constatant qu’il faudrait une coopération entre les trois institutions alimentaires plus efficace encore sur le terrain, le représentant a demandé des informations sur les efforts fournis à cet égard ainsi que sur les éventuelles coopérations mises en place avec les acteurs du secteur privé. Il a aussi demandé des détails sur le nombre de cas où les pays en développement ont financé la mise en oeuvre des programmes spéciaux de la FAO en recourant à leurs propres fonds. La situation dans la Corne de l’Afrique implique une approche intégrée. Compte tenu de la dimension politique des problèmes rencontrés dans cette région, il a demandé si les activités de Mme Bertini pourraient faire partie de cette approche afin de pouvoir prendre en compte ces aspects de l’aide humanitaire.

Le représentant du Rwanda a estimé que la meilleure façon de régler la question de l’élimination de la faim est de chercher comment nous pouvons faire mieux. Ne pas avoir placé la femme au centre des activités dans ce domaine a été échec grave, a-t-il souligné à cet égard. Il s’est demandé comment doter les institutions spécialisées des moyens de s’attaquer aux problèmes et de quelle façon convaincre ceux qui donnent des produits alimentaires en cas de catastrophe de faire mieux pour accepter de financer des projets. Ainsi, les trois organisations présentes aujourd’hui pourraient-elles contacter les donateurs pour essayer de modifier la structure des ressources reçues des bailleurs de fonds ? L’expérience qui a été un succès dans un pays ne pourrait-elle pas en outre être appliquée ailleurs ? Le représentant a signalé que dans une grande partie de l’Ethiopie par exemple, le sol est fertile et le pays pourrait donc nourrir une grande partie de la région. C’est la technologie utilisée qui n’est pas la plus appropriée. Le Rwanda également est un pays très fertile mais on y utilise encore la houe. Il faut donc se demander comment améliorer la production agricole, a suggéré le représentant.

Dans la plupart des pays en développement, a rappelé le représentant de la France, 70% de la population vit dans les zones rurales et l’agriculture est un facteur déterminant dans la formation du PNB et l’emploi de la population active. Peut-être, a-t-il alors noté, n’accordons-nous pas toujours la priorité qu’elle mérite à la question de l’agriculture. A cet égard, il s’est déclaré frappé par le manque de discussions sur les questions de politiques sectorielles, qui sont souvent plutôt centrées sur le développement industriel et non pas sur le développement agricole. Il faudrait donc s’interroger sur la manière d’augmenter la visibilité des actions des institutions spécialisées de Rome et du développement agricole en général. Le représentant a rappelé l’organisation, en mai prochain, de la troisième Conférence des petites et moyennes entreprises qu’accueillera l’Union européenne à Bruxelles et s’est demandé comment les chefs d’agence comptent y participer. Il a suggéré que des présentations comme celle de Mme Bertini aujourd’hui sur les activités du PAM soient faites plus souvent. Le représentant a en outre demandé quel lien était fait entre l’action à court terme et celle à long terme, notamment par le PAM qui semble, selon lui, avoir accordé, ces dernières années, une attention plus soutenue aux actions à court terme.

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Le représentant de l’Inde a rappelé qu’au cours des 35 dernières années, son pays est passé du statut d’importateur d’aide alimentaire à celui d’exportateur. Ce succès est essentiellement lié au fait que l'Inde a pu disposer des outils et des techniques lui assurant la sécurité alimentaire à long terme. Grâce à la révolution verte et à la recherche scientifique, les rendements agricoles ont de plus pu être augmentés sensiblement. C’est pourquoi, selon lui, dans les débats pour savoir si l’on doit recourir ou non aux biotechnologies, il conviendrait d’établir si ces techniques permettent de mieux répondre aux besoins des populations souffrant de la faim ou de la malnutrition. Quelles sont les mesures que la FAO entend prendre à l’avenir pour promouvoir le développement de nouveaux produits mieux capables de répondre aux besoins nutritifs des pays en développement et quels transferts de technologies la FAO entend-elle favoriser ? Rappelant que la tendance à la commercialisation et à l’industrialisation de l’agriculture est très peu utile aux petits producteurs et à l’agriculture de subsistance, éléments essentiels de la sécurité alimentaire, le représentant a aussi demandé comment on pouvait encourager une meilleure prise en compte de ces données dans les négociations commerciales internationales. Il a aussi demandé si le PAM a pris des mesures pour essayer d’encourager les modifications des habitudes alimentaires.

De son côté, le représentant du Cameroun a fait remarquer que l’on insiste beaucoup sur le rôle de la coordination. Il a souhaité savoir quel rôle, selon les directeurs des trois institutions alimentaires, l’ECOSOC pouvait jouer pour renforcer la coordination. Peut-on aussi améliorer la coordination par d’autres moyens que des réunions telles que celle d’aujourd’hui ? Se tournant vers la directrice du PAM, il a demandé comment elle s’assure que l’aide alimentaire envoyée d’urgence lors de situations de crise est adaptée aux habitudes alimentaires de la région concernée. Comment sur le long terme, le PAM s’efforce- t-il de modifier les habitudes alimentaires qui ne sont pas les meilleures et les plus durables, s’est aussi enquis le représentant. Quelles mesures sont prises par ailleurs, pour faire en sorte que les achats en masse d’aliments destinés à devenir de l’aide alimentaire d’urgence n’entraînent pas des tensions inflationnistes ou une pénurie dans le pays dans lequel ils sont réalisés ?

Le représentant de la Banque mondiale a rappelé que c’est surtout dans les zones rurales que se trouvent les personnes les plus pauvres et les plus affamés, l’ironie du sort voulant que la faim existe surtout là où il y a des cultures. A l'exception de quelques secteurs, a-t-il noté, tout est lié à l’agriculture et, sans l’augmentation de ses productions, on ne pourra pas réduire la pauvreté. Il s’est demandé comment démarginaliser les communautés, notamment par le biais des femmes. Tout le monde est d’accord pour dire qu’une bonne politique agricole est essentielle à l’élimination de la pauvreté tout en attirant les investissements. Tout le monde est également d’accord sur le fait que la coordination est indispensable au niveau régional et mondial. Mais les ressources sont-elles vraiment canalisées vers les zones rurales, s’est-il demandé. La Banque mondiale a simplifié ses procédures afin de pouvoir toucher les communautés rurales. Des investissements pour mieux irriguer et mieux récolter peuvent se faire et il faudrait fournir les ressources nécessaires à cet égard. La Banque mondiale reste le plus grand financier des programmes, a signalé le représentant, elle est aussi une force pour intégrer les marchés agricoles et entamer les réformes nécessaires.

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Toutefois, en dépit du consensus qui existe entre les acteurs concernés par l’élimination de la faim, la productivité a connu une réduction et l’aide agricole a connu une baisse effrayante de 50%. Depuis trois ans, le personnel de la Banque mondiale qui s’occupe de l’agriculture a, de même, diminué. Ainsi le représentant a jugé l’initiative de l’ECOSOC très appropriée et a souhaité que le Conseil remette l’agriculture à l’ordre du jour des grandes organisations. Des efforts supplémentaires sont également nécessaires pour coordonner les politiques et réunir les groupes à thèmes. Par exemple, des réformes pourraient être apportées à la recherche agricole par le biais d’une coopération entre la FAO et la Banque mondiale. Dans l’ensemble, quelque chose va mal, et il faudrait y remédier, a-t- il vivement averti.

Le représentant du Viet Nam a indiqué, quant à lui, que son pays a énormément profité de la coopération avec les trois institutions alimentaires présentes aujourd’hui. En fait, le Viet Nam pourrait même servir d’exemple dans l’élaboration d’une stratégie globale pour la sécurité alimentaire durable. A cet égard, il a insisté sur la nécessité d’une meilleure coopération technique entre les pays en développement; les situations sont en effet parfois similaires et nombre de pays en développement ont développé une expérience significative en matière de sécurité alimentaire.

L’agriculture est l’épine dorsale de l’économie de nombreux pays en développement et le développement agricole est la voie directe pour éliminer la faim, a fait remarquer le représentant de l’Arabie saoudite. Il a ajouté que bien souvent l’élément qui manque pour parvenir à la sécurité alimentaire est l’eau, un problème trop souvent ignoré. Il a demandé comment les institutions alimentaires pouvaient encourager les pays à prendre des mesures dans ce domaine, et notamment pour remédier aux problèmes d’irrigation.

Le représentant de la Chine a souligné que dans le monde d’aujourd’hui, 800 millions de personnes souffrent de la faim et 70% d’entre elles vivent dans une misère profonde en zone rurale. La distribution géographique veut que l’Afrique ait la population la plus importante qui souffre de malnutrition. A cause de la pauvreté et de la faim générées par les guerres, le développement économique est ralenti. Très récemment, a expliqué le représentant, la Chine a eu une réunion ministérielle consacrée à la faim. L’Afrique et la Chine ont également organisé un Forum sur cette question. Ainsi la Chine a proposé de former des agriculteurs africains pour les aider à créer des petites centrales électriques surtout dans les régions de sécheresse. La Chine essaye aussi d’aider les pays africains à creuser des puits de grande profondeur et a complètement annulé la dette du continent tout en essayant de cibler l’aide financière apportée. La Chine va travailler avec les pays africains en contrôlant la mise en place des différents projets, a annoncé le représentant. Pays en développement avec la plus grande population du monde, la Chine a depuis vingt ans résolu le problème des produits alimentaires pour la population des zones rurales, un véritable miracle dans l’histoire de ce pays. Mais pour aider les pays pauvres à améliorer leur environnement économique, il faut un soutien financier pour qu'ils puissent développer des industries alimentaires et ouvrir des marchés qui permettront un développement. Selon la Chine, le microcrédit est l’approche à retenir pour ces pays, car celle-ci a déjà pour elle porté ses fruits. Le représentant a demandé quelles sont les nouvelles suggestions des trois institutions spécialisées de Rome en ce qui concerne les microcrédits.

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Répondant aux questions posées par les Etats Membres, le Directeur général de la FAO, M. JACQUES DIOUF, a expliqué qu’à titre de suivi du Sommet alimentaire mondial, un comité rassemblant toutes les institutions du système concernées par la question alimentaire ainsi que celles de Bretton Woods, a été créé dans tous les pays recevant une aide pour assurer le suivi de la déclaration. Les activités sont entreprises sous la direction du Coordonnateur résident. Ces comités mettent l’accent sur la sécurité alimentaire et les systèmes d’information. Ils suivent également de près les débats internationaux sur des questions comme le financement du développement. M. Diouf a indiqué qu’en ce qui concerne l’initiative des programmes spéciaux pour la sécurité alimentaire, la contribution des pays en développement eux-mêmes est très importante. Convaincre les différents partenaires de fournir les ressources nécessaires au développement agricole est l’un des principaux défis à relever aujourd’hui pour éliminer réellement la faim, a également reconnu le Directeur de la FAO. Il a ajouté que l’on ne peut lutter contre la pauvreté et la faim si ces problèmes demeurent des concepts. La réalité est que si les gens ne mangent pas, il est tout à fait vain de parler d’éducation, de démocratie et autres objectifs nobles de ce genre, a-t-il averti. En ce qui concerne l’utilisation des technologies de l’information, il faut comprendre aussi que bien souvent toutes ces initiatives ne parviennent pas à ceux qui en ont le plus besoin, à savoir les agriculteurs pauvres, qui n’ont aucun accès aux moyens d’information. Il convient donc de recentrer les priorités sur l’agriculture, ainsi que l’a déclaré le représentant de la France. Pour faire le lien entre l’action à court terme et celle à long terme, les institutions alimentaires travaillent ensemble pour qu’il y ait un contact constant entre le moment où l’on apporte l’aide d’urgence et celui où l’on envoie des fournitures pour cultiver la terre et assurer l’autosubsistance et où l’on élabore les stratégies de plus longue durée.

La FAO s’efforce aussi d’assurer l’interaction entre la recherche agricole internationale et celle entreprise au niveau national. Par ailleurs, trois types d’activités ont été lancés pour augmenter les échanges en matière agricole. Les contacts de la FAO avec l’OMC ont été renforcés, ainsi qu’avec tous les pays concernés. Un site Web se concentrant sur les questions du commerce et de l’agriculture et notamment les Accords de Marrakech est également à disposition. Enfin, un programme de formation des personnes participant aux négociations multilatérales pour les pays en développement et ceux en transition a aussi été mis en place. De son côté, l’ECOSOC pourrait faire de la question de la sécurité alimentaire et de la réalisation des objectifs du Sommet alimentaire mondial une priorité pour assurer un meilleur suivi notamment de la manière dont l’aide au développement évolue pour mieux répondre aux besoins des pays en développement, a suggéré M. Diouf. Malheureusement, ainsi que l’a fait remarquer le représentant de la Banque Mondiale, l’un des problèmes fondamentaux est que le niveau de l’aide continue de baisser. M. Diouf a également attiré l’attention sur les bénéfices que l’on peut tirer de la coopération Sud/Sud. Dans ce contexte, l’importance de la participation de la Chine à la sécurité alimentaire n’a jamais été ignorée par la FAO. La Chine nourrit en effet 22% de la population mondiale sur moins de 20% de terres arables et elle peut ainsi faire figure d’exemple pour un certain nombre de pays et de questions agricoles. Il convient que son expérience continue d’être transmise de manière appropriée grâce à la coopération Sud/Sud.

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Le représentant du Soudan s’est félicité du récent rapport publié sur la sécurité alimentaire dans la corne de l’Afrique, qui étudie la situation de tous les pays dans la région. Il s’est demandé quel rôle avait été envisagé pour les gouvernements et les organes des Nations Unies concernés par le Groupe d’activité intergouvernemental.

Le représentant du Royaume-Uni a indiqué que son pays a toujours été en faveur des travaux menés par les trois institutions spécialisées de Rome. Il faut que l’ECOSOC comprenne les défis qui existent pour les trois institutions et que les résultats doivent être améliorés en coopérant sur le terrain. Les ressources mises à la disposition de la FAO sont plutôt limitées et il faut voir comment les utiliser au mieux, a-t-il recommandé. Il existe des mécanismes de financement qui doivent être organisés et intervenir notamment au niveau de la Banque mondiale.

Répondant aux questions des délégations, M. AL-SULTAN, Président du Fonds international de développement agricole (FIDA), a indiqué que l’un des mots clefs de l’action entreprise est "participation", notamment au travers de partenariat avec les agriculteurs, les femmes en particulier, ainsi que le secteur privé pour la technologie et la création de nouveaux marchés. Dans certains pays, a-t-il signalé, le FIDA a pu soumettre un plan d’action, construit sur une double analyse des besoins d’urgence et des aspects de développement. Pour ce qui est des technologies, les possibilités sont nombreuses mais il faut pour cela des investissements indispensables. Le Président a souligné qu’il faudrait tout d’abord investir dans les cultures qui sont consommées par la population locale et être suffisamment sûr que les technologies employées sont sans danger. Pour ce qui est du microcrédit, le FIDA est l’institution qui a le plus travaillé dans ce domaine. Etant donné qu’il n’y a pas qu’un seul modèle, il faut soutenir les initiatives locales, a suggéré M. Al-Sultan, et une solution adaptée doit être trouvée pour chaque pays. Le FIDA veut être sûr d’atteindre les plus pauvres. Ainsi les structures mises en place doivent avoir un caractère durable et des liens avec le secteur financier.

Pour sa part, Mme BERTINI, Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), a évoqué la question des régimes alimentaires abordée par le représentant de l’Inde. Elle a expliqué que le PAM travaille avec les bailleurs de fonds pour être sûr que les aliments fournis contiennent tous les éléments nutritifs indispensables aux enfants. Pour ce qui est de faire en sorte que l’aide envoyée corresponde aux habitudes alimentaires des récipiendaires, elle a indiqué que dans la mesure du possible les coutumes alimentaires sont respectées mais que parfois, certaines circonstances, notamment des questions de sécurité, forcent le Programme à fournir un aliment de base différent de celui employé traditionnellement. Le plus important est, de manière immédiate, que les personnes ne meurent plus de faim.

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Pour ce qui est des initiatives sur le terrain, les bureaux du PAM ont presque tous des contacts avec leurs collèges du FIDA et de la FAO. En Chine, par exemple, les trois institutions travaillent main dans la main sur le terrain. S’agissant des considérations politiques à prendre en compte dans l’aide humanitaire, ainsi que mis en lumière récemment par la crise dans la Corne de l’Afrique, Mme Bertini a estimé que l’ECOSOC pourrait jouer un rôle de guide dans ce domaine. Il pourrait aussi jouer un rôle fondamental en ce qui concerne les femmes. Des directives très nettes ainsi que des rapports, plutôt que des projets, devraient être demandés par le Conseil. A l’égard des bailleurs de fonds, il convient que les institutions leur expliquent la différence entre les projets à court terme et ceux à long terme. Il est important aussi de rappeler que certains de ces projets ont des coûts extrêmement limités, tout en faisant réellement une différence sur le terrain.

Il serait bon aussi que les bailleurs de fonds répondent mieux aux appels lancés en matière d’eau, de semences, et de microcrédits pour qu’à terme les demandes en matière d’aide alimentaire d’urgence soient réduites. L’ECOSOC peut aussi mettre tout en oeuvre pour que l’ONU optimise ses efforts en vue d’éliminer la faim et la pauvreté, a insisté, en conclusion, Mme Bertini.

Le représentant du Bureau International du travail (BIT), a signalé que le BIT participe au travail du Groupe de travail intergouvernemental et attend avec impatience la réunion des chefs d’Etat en novembre à Khartoum.

Dans ses remarques finales, le Président de l'ECOSOC, M. WIBISONO, a souhaité que l’ECOSOC puisse à l’avenir participer, sans interférer, au travail des trois institutions spécialisées de Rome. Il a estimé que la réunion a été essentielle pour tous les participants et a salué la qualité des réponses apportées par les dirigeants des trois institutions.

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