LA COMMISSION SE PENCHE SUR LA SITUATION DES DROITS DE L'HOMME EN HAITI, EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO, AU SOUDAN ET EN IRAQ
Communiqué de Presse
AG/SHC/493
LA COMMISSION SE PENCHE SUR LA SITUATION DES DROITS DE LHOMME EN HAITI, EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO, AU SOUDAN ET EN IRAQ
20001025La situation des droits de lhomme en République démocratique du Congo, en Haïti, en Iraq et au Soudan a été examinée par la Troisième Commission (affaires sociales, humanitaires, culturelles) qui poursuivait, cet après-midi, ses travaux sur les questions relatives aux droits de lhomme par un dialogue avec les rapporteurs spéciaux et lexpert indépendant chargés de ces questions, à loccasion de la présentation de leurs rapports respectifs.
"La RDC est le théâtre non pas d'un seul, mais de neuf conflits armés dans lesquels s'affrontent sept armées et 21 groupes irréguliers", a déclaré M. Roberto Garreton, Rapporteur spécial sur la situation des droits de lhomme en République démocratique du Congo, lors de la présentation de son rapport sur cette question. "Aucun effort tangible na été constaté de la part des parties afin de mettre un terme à cette guerre malgré les démarches inlassables des Nations Unies et de lOrganisation des Nations Unies".
Le Rapporteur spécial a déploré que de nombreuses atteintes au droit humanitaire international continuent à être commises quotidiennement par toutes les parties, les principales victimes étant les civils et en particulier les femmes et les enfants. Il a estimé que le Gouvernement de la RDC devrait, entre autres, initier sans délai le dialogue inter-congolais, imposer un moratoire sur les exécutions capitales, supprimer la Cour dordre militaire, libérer tous les prisonniers politiques et les journalistes, restaurer la liberté dexpression et dopinion. Il a recommandé au Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) et aux autres groupes rebelles, entre autres, de cesser toute collaboration avec les armées étrangères, et d'autoriser le libre fonctionnement de la société civile. Il a ajouté que les armées étrangères qui occupent le territoire congolais devraient se retirer immédiatement.
Présentant son rapport sur la situation des droits de lhomme en Haïti, M. Adama Dieng, Expert indépendant sur cette question, a indiqué que le 26 novembre prochain, le peuple haïtien va se rendre aux urnes pour élire un nouveau Président de la République, dans un contexte où la situation économique sest détériorée et le climat politique est très tendu. Il a estimé quil est essentiel que les leaders politiques sengagent véritablement dans le combat pour le renforcement de la culture démocratique, notamment par le respect absolu de la loi, la vertu civique, le dialogue politique, le statut de lopposition, la tolérance, le refus de la violence et la garantie des droits fondamentaux de lhomme.
Pour sa part, M. Andreas Mavrommatis, Rapporteur spécial de la Commission des droits de lhomme sur la situation des droits de lhomme en Iraq, a regretté de navoir toujours pas pu se rendre dans ce pays alors quil sagit de la condition sine qua non de lexamen effectif des allégations de violations des droits de lhomme. Il a souligné qu'en outre, il relève de son mandat dinitier un dialogue avec le Gouvernement de lIraq afin de lengager à se soumettre aux obligations internationales en matière des droits de lhomme. Sur la base dentretiens réalisés au Koweït, à Londres et à Genève avec des Iraqiens témoins de violations de droits de lhomme, ainsi que dinformations reçues de sources gouvernementales et dorganisations non gouvernementales, il a donc déclaré que la situation humanitaire demeure grave, mais que, suite à l'adoption de la résolution 1284 (1999) par le Conseil de sécurité et du fait de la hausse des prix du pétrole, davantage de fonds sont disponibles au titre du programme "Pétrole contre nourriture" et que la situation des produits alimentaires et des médicaments est en nette amélioration.
Les délégations ont également conclu le dialogue entamé ce matin avec le Rapporteur spécial sur la situation au Soudan, M. Leonardo Franco, en abordant notamment les questions soulevées par lexploitation pétrolière dans ce pays et ses liens controversés que ce renforcement économique pourrait entretenir avec les violations des droits de lhomme.
Les représentants de la Jamahiriya arabe libyenne, de la Chine, de l'Egypte et de Cuba ont participé au dialogue lors de l'examen du rapport sur la situation des droits de l'homme au Soudan. Ont également participé aux dialogues qui ont suivi la présentation des rapports: la représentante d'Haïti dans le cadre de l'examen du rapport concernant son pays; le représentant de l'Iraq, également dans le cadre de l'examen du rapport concernant son pays; et les représentants de la République démocratique du Congo, de l'Ouganda, du Rwanda, de la France au nom de l'Union européenne, du Burundi, de la Namibie, et du Soudan, au cours du dialogue qui a suivi la présentation du rapport relatif à la situation des droits de l'homme en RDC.
La Commission poursuivra ses travaux sur les questions relatives aux droits de lhomme demain jeudi 26 octobre, à 10 heures, en entendant le Rapporteur spécial sur la question de la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants; le Rapporteur spécial sur la situation des droits de lhomme au Myanmar et le Rapporteur spécial sur la situation des droits de lhomme au Burundi.
SITUATION RELATIVE AUX DROITS DE L'HOMME ET RAPPORTS DES RAPPORTEURS ET REPRESENTANTS SPECIAUX
Rapport sur la situation des droits de lhomme au Soudan Poursuite de l'examen du rapport (présenté ce matin) Dialogue avec les délégations
La représentante de la Jamahiriya arabe libyenne a souligné que le Soudan est un pays frère et quil est de lintérêt de tous les peuples arabes de réaliser la paix au Soudan. Elle a remarqué que le Rapporteur spécial persiste à soulever la question de lesclavage au Soudan bien que le texte de la Commission des droits de lhomme relatif à la situation des droits de lhomme dans ce pays nait pas fait mention dun tel problème et sest demandé si M. Franco ne sest pas fié à des informations fournies par une organisation non gouvernementale (ONG) dont le statut consultatif a été suspendu. La représentante a espéré à cet égard que la situation des droits de lhomme au Soudan, comme dans tous les autres pays, serait examinée dune manière non sélective. Prenant à son tour la parole, le représentant de lEgypte a émis lespoir que le conflit qui se déroule depuis plus de 18 ans au Sud du pays arriverait bientôt à son terme. La représentante de Cuba a également salué les progrès réalisés par le Gouvernement soudanais et a demandé au Rapporteur spécial de fournir des précisions à ce sujet, afin denrichir les informations sur lesquelles sappuiera une éventuelle résolution de lAssemblée générale sur la situation au Soudan. Elle a également souhaité savoir si, de lavis du Rapporteur spécial, les compagnies pétrolières qui aident le Soudan à exploiter ses gisements de pétrole contribuent à des violations des droits de lhomme ou si elles contribuent au développement de ce pays. Sur ce point, le représentant de la Chine a souligné le rôle positif du développement économique dans la promotion du respect des droits de lhomme dans les pays en développement. Le représentant a rappelé que la pauvreté y est en effet lun des principaux obstacles à la réalisation des droits de lhomme.
Répondant à ces commentaires M. LEONARDO FRANCO, Rapporteur spécial sur la situation des droits de lhomme au Soudan, a estimé que la levée de létat durgence afin de permettre le déroulement harmonieux du processus électoral contribuera à la démocratisation du Soudan. Dans le contexte de la transition vers une démocratie, il est important de régler la question de la liberté dexercice des syndicats détudiants. Il a déclaré quil ne travaille pas avec des groupes qui uvrent hors du système des Nations Unies mais avec des agences de presses internationalement reconnues, des organisations internationales ainsi que des organisations intergouvernementales ou non gouvernementales reconnues. Il a souligné que la raison dêtre de son mandat est didentifier les problèmes puis de voir comment les résoudre, ce qui explique pourquoi son rapport ne sattache pas uniquement à détailler les points positifs.
M. Franco a particulièrement regretté le non-respect par les deux parties au conflit des normes internationales sur le traitement des civils en temps de guerre. Certaines questions sont très complexes et très difficiles, a-t-il ajouté, et notamment lexploitation du pétrole. Le Rapporteur spécial a assuré quil nest pas contre lexploitation par le Soudan de ses ressources naturelles, mais il a souligné que des violations découlent de lexploitation pétrolière.
En ce qui concerne la question de lesclavage, le Rapporteur spécial a déclaré quelle sinscrit dans le cadre de la guerre. Il ne sagit pas de pratiques tribales mais de stratégies de guerre, a-t-il déclaré. Il a suggéré au Gouvernement soudanais dapporter son appui à la lutte contre ces pratiques, qui pourraient aussi être qualifiées de séquestration. En conclusion, le Rapporteur spécial a fait remarquer que les droits sociaux dune grande partie de la population sont la «grande victime» du conflit au Soudan. Il a suggéré de réaliser une étude sur les conditions dexercice du droit au développement au Soudan.
Rapport sur la situation des droits de lhomme en Haïti Rapport établi par l'Expert indépendant (A/55/335)
L'Expert indépendant, M. Adama Dieng, a effectué une mission en Haïti, du 27 juillet au 8 août 2000, dans un contexte de tension entre Haïti et la communauté internationale, une situation liée à la gestion de la contestation des élections du 21 mai 2000, mais plus précisément du mode de calcul pour l'élection aux sièges de sénateurs. Cette tension semblait être exacerbée par des menaces de sanctions, y compris un embargo contre Haïti.
L'expert présente le contexte sociopolitique haïtien rappelant que le Président Préval avait constaté le 11 janvier 1999 la caducité du Parlement et que depuis lors, il gouvernait par décret. Les résultats du scrutin du 21 mai 2000 qui a été très controversé, ont donné la majorité au parti Fanmi Lavalas de Jean- Bertrand Aristide, ancien Président de la République. Mais la crise politique est loin dêtre résolue. Haïti souffre toujours dun grave déficit démocratique qui doit être comblé pour restituer aux populations leur pleine dignité.
LExpert indépendant note quil est nécessaire daccélérer le processus de réforme judiciaire et de résoudre les problèmes du dysfonctionnement de la chaîne pénale. Par ailleurs, les populations rurales ont droit au développement. Le droit à léducation doit être respecté, dans la mesure où la démocratie est également tributaire du niveau déducation des populations. Le délabrement du système judiciaire contribue à accentuer le sentiment d'impunité. Haïti a besoin dune nouvelle génération de magistrats.
L'Expert conclut qu'Haïti traverse une période de mutation profonde qui voit l'irruption du populaire dans le politique. Selon lui, il est heureux que les populations prennent leur destin en main, encore faut-il veiller à ce qu'elles aient un comportement citoyen. De même, il est essentiel que les leaders politiques s'engagent véritablement dans le combat pour le renforcement de la culture démocratique, définie comme étant un ensemble de connaissances, de sentiments, de symboles, de croyance et de pratiques caractérisées notamment par le respect absolu de la loi, la vertu civique, le dialogue politique, le statut de l'opposition, la tolérance, le refus de la violence et la garantie des droits fondamentaux de l'homme. Aujourd'hui, qu'elle que soit l'issue de la crise électorale, un acquis aura été enregistré: c'est celui de la prise de conscience des populations de l'importance d'une carte d'électeur. Aussi ne faut-il pas désespérer d'Haïti. Ce vaillant peuple haïtien n'aspire aujourd'hui qu'à vivre dans la dignité.
LExpert indépendant note que le sort des migrants haïtiens en République dominicaine est dautant plus préoccupant que la situation dextrême pauvreté que connaît Haïti saggrave de jour en jour. Le taux de mortalité est de 75% chez les enfants; près de 70% des Haïtiens actifs sont au chômage; plus de 75% des Haïtiens nont pas les moyens de subvenir à leurs besoins, et selon certains chiffres, 50% des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition. Ce sombre tableau porte en lui-même les germes de la violence.
Présentation
M. ADAMA DIENG, Expert indépendant a indiqué que le 26 novembre prochain, le peuple haïtien va se rendre aux urnes pour élire un nouveau président de la République, dans un contexte où la situation économique sest détériorée et le climat politique est très tendu. Il a estimé quil est essentiel que les leaders politiques sengagent véritablement dans le combat pour le renforcement de la culture démocratique, notamment par le respect absolu de la loi, la vertu civique, le dialogue politique, le statut de lopposition, la tolérance, le refus de la violence et la garantie des droits fondamentaux de lhomme. A cet égard, M. Dieng a recommandé la tenue dun symposium autour de cette problématique.
LExpert indépendant a souligné que laccès à la justice figure parmi les droits fondamentaux reconnus aux citoyens haïtiens. Il a ajouté que limage du système judiciaire haïtien dans lopinion publique nationale est suffisamment écornée. Il préconise de faire de la restauration de la crédibilité de ce système un objectif prioritaire. M. Dieng sest inscrit en faux contre ceux qui, dans la communauté internationale, affirment à cet égard que des dizaines de millions de dollars ont été dépensés sans quon en voit les résultats. LExpert indépendant a expliqué que certes, létat de droit en est encore à ses balbutiements, mais les fondations dun pouvoir judiciaire indépendant existent et les textes pertinents seront soumis au Parlement. Il a ajouté que ces mesures sont aptes à répondre aux aspirations de justice exprimées par la population haïtienne.
M. Dieng a affirmé que le rôle des bailleurs de fonds est aussi primordial que la réforme judiciaire. Il a expliqué que la coordination des efforts des donateurs, leur engagement à soutenir et suivre attentivement le déroulement de lensemble du processus sera déterminant. Il en va de même du soutien des autorités politiques, a-t-il ajouté. Evoquant ce qui est considéré comme le procès du Coup détat, en loccurrence, le Procès de Raboteau, dont il a assisté à louverture le 29 septembre dernier, lExpert a insisté pour que toutes les garanties dun procès équitable soient offertes aux accusés. Les familles des victimes de ce massacre sont frustrées par labsence de certains accusés, en non des moindres. M. Dieng a tenu à mentionner ces accusés qui seront jugés par contumace. Il sagit, entre autres, de lex-Lieutenant Général Raoul Cédras, lex-Major Général Jean Claude Duperval, lex-Général Philipe Biamby, lex-Lieutenant Colonel Joseph Michel François et lex-Secrétaire général du Front armé pour le progrès dHaïti (FRAPH), Emmanuel Constant. LExpert indépendant a insisté sur la restitution des documents des Forces armées dHaïti (FADH) militaires et du FRAPH, et il a recommandé dinviter les Etats-Unis, une fois pour toute, à restituer lintégralité desdits documents.
Rappelant que les droits de lhomme ne se résument pas à la liberté dopinion et dexpression, ou au droit à un procès équitable, mais quils sétendent également aux droits économiques, sociaux et culturels, M. Dieng, tout en saluant les efforts que le Gouvernement haïtien a déployés pour assurer à une large frange de jeunes la jouissance de leur droit à léducation, a attiré lattention sur les dangers à moyen terme de lillettrisme, fléau qui, à la lueur de certains facteurs, notamment celui de la transformation de lécole en entreprise commerciale, serait en train de se substituer à lanalphabétisme. Il a souligné quil importe de reconnaître aux plus démunis la possibilité de bénéficier de tous les droits inhérents à la nature humaine: une nourriture suffisante, lalphabétisation nécessaire, les droits et libertés fondamentaux. M. Dieng sest par ailleurs félicité de noter que M. Alfredo Cabral, Représentant du Secrétaire général de lONU à Port-au-Prince, jouit dun grand respect, tant auprès de la classe politique que de la société civile, un fait qui renforce lautorité de la MICAH et facilite laccomplissement de son mandat. LExpert indépendant a souhaité que la Section des droits de lhomme de la MICAH développe une collaboration étroite avec le Haut Commissariat pour les droits de lhomme. Ce dernier, a-t-il ajouté, pourrait assister le Gouvernement haïtien dans le processus de ratification des principaux instruments juridiques internationaux pertinents. Trois ans environ avant de fêter le 1er janvier 2004- le bi- centenaire de lindépendance de la Première république noire indépendante, occasion pour le monde entier de rendre justice à Toussaint Louverture, Haïti mériterait également quon lui rende hommage, à travers cet homme qui a tant contribué à linstauration de la paix dans les Amériques et les Caraïbes, a dit lExpert. Pour terminer, il a invité les représentants à réfléchir sur la pertinence du maintien du mandat de lExpert indépendant pour Haïti, dans la mesure où la situation des droits de lhomme dans ce pays nest plus ce quelle était au moment de sa nomination.
Dialogue avec les délégations
Mme Nicole Romulus (Haïti) a assuré que son gouvernement s'est résolument engagé à combattre l'impunité, obstacle majeur à la promotion des droits de l'homme. C'est dans ce contexte que doit être appréciée la tenue, en août dernier, du procès de Carrefour-Feuilles: Elle s'est félicitée également du déroulement en ce moment même du jugement des auteurs présumés du massacre de Raboteau, où plusieurs dizaines de personnes avaient été assassinées par des militaires et des membres du Front Révolutionnaire pour l'Avancement et le Progrès Haïtien (FRAPH). Elle a ajouté que l'apprentissage de la démocratie ne se fait jamais sans heurt et le Gouvernement haïtien est convaincu que dans les conditions actuelles aucune démarche n'est possible, sinon celle qui vise à asseoir durablement les bases d'un régime de droit et de liberté et à s'attaquer aux causes structurelles de la pauvreté absolue qui caractérise l'existence de plus de deux tiers de la population haïtienne.
Faisant écho à la représentante dHaïti, qui a tenu à affirmer notamment que le processus de consolidation de la démocratie dans le pays y est étroitement lié aux stratégies déradication de la pauvreté, M. ADAMA DIENG a estimé que le silence de la Troisième Commission reflète très probablement lisolement dHaïti, aucun autre intervenant nayant pris la parole cet après-midi au sujet du pays. M. Dieng a indiqué que lOrganisation des Etats américains (OEA) sactive depuis le mois de mai pour trouver une sortie à la crise et que les élections sont prévues en novembre. LExpert a réitéré son appel, pour que la communauté internationale fasse preuve de plus de solidarité, car Haïti souffre dune
situation de troubles incessants, même sil a reconnu que la première responsabilité incombe aux Haïtiens eux-mêmes. M. Dieng a rappelé quHaïti a énormément souffert, et explique que son peuple est menacé par de nombreux périls, entre autres, le trafic de drogue et davantage de violence. Il a indiqué avoir demandé au Haut Commissaire aux droits de lhomme dassister le Parlement haïtien.
Toujours en quête de plus de solidarité internationale, lExpert indépendant a également lancé un appel aux Etats africains et sest félicité que le Président haïtien René Préval ait récemment visité le Gabon et le Bénin. M. Dieng a affirmé que les millions de dollars déjà alloués par les donateurs ne devraient pas être considérés comme perdus car il sest dit convaincu que les réformes nécessaires, notamment dans le domaine judiciaire, doivent être poursuivies pour le bonheur du peuple haïtien.
Rapport sur la situation des droits de l'homme en République démocratique du Congo Note du Secrétariat (A/55/318)
La Commission des droits de l'homme avait prié le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en République démocratique du Congo, M. Roberto Garreton, et la Rapporteuse spéciale sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, ainsi qu'un membre du Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires, d'effectuer aussitôt que les conditions de sécurité le permettraient, et s'il y a lieu en coopération avec la Commission nationale chargée d'enquêter sur les violations des droits de l'homme et les atteintes au droit international humanitaire en République démocratique du Congo (ex-Zaïre) entre 1996 et 1997, une mission conjointe d'enquête sur tous les massacres perpétrés sur le territoire de la République démocratique du Congo, notamment les massacres commis dans la province du Sud-Kivu et autres atrocités dont le Rapporteur spécial fait état dans son rapport sur la situation des droits de l'homme en République démocratique du Congo (E/CN.4/1999/31).
Il est également signalé dans ce document que, bien qu'un accord de cessez-le-feu ait été signé le 10 juillet 1999 à Lusaka par les six parties au conflit puis par le Mouvement pour la libération du Congo et le Rassemblement congolais pour la démocratie, respectivement les 1er et 31 août, la situation sécuritaire en République démocratique du Congo en général et dans la province du Sud-Kivu en particulier n'a pas permis le déploiement de la mission conjointe d'enquête. Par conséquent, la mission conjointe ne sera pas en mesure de présenter à l'Assemblée générale, lors de sa cinquante-cinquième session, le rapport que la Commission lui avait demandé de soumettre. Le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme en République démocratique du Congo fera cependant une mise à jour sur la situation de la mission conjointe d'enquête lors de la présentation devant l'Assemblée générale de son rapport (A/55/403).
Rapport (A/55/403)
Dans ce rapport, le Rapporteur spécial, M. Roberto Garreton se penche notamment sur les divers conflits armés en République démocratique du Congo (RDC). Il examine les conflits entre le Gouvernement et le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), et entre le Gouvernement et le Mouvement de libération du Congo (MLC). Il décrit également les affrontements entre Ougandais et Rwandais à Kisangani; le conflit tribal entre Balendu et Bahema. Il souligne que les conflits se déroulent entièrement en territoire congolais dont la population a été décimée et les richesses pillées par les forces d'occupation rebelles.
Le conflit qui a été provoqué le 2 août à la suite de l'invasion de la République démocratique du Congo par le Rwanda est le plus grave à ce jour. Il a des conséquences politiques et économiques sur l'ensemble de la région et entrave l'exercice des droits civils, culturels, économiques, politiques et sociaux. Il y a, d'une part, les interventions des armées rwandaise, burundaise et ougandaise et du RCD de Goma et son groupe paramilitaire Local Defense Unity. On rapporte la participation aux combats de déserteurs des milices interhamwe et de prisonniers rwandais hutus libérés et envoyés au front. Les différends entre le RCD et les Banyamulenges constituent également un facteur générateur de violence, car ces derniers sont excédés de devoir supporter le ressentiment des Congolais dû aux abus de l'Armée patriotique rwandaise (APR).
Dans la province de l'Equateur, les Forces armées du Congo (FAC), aidées par le Zimbabwe et la Namibie, affrontent le MLC, lui-même soutenu par l'Ouganda. C'est dans cette région que les parties ont le moins respecté le cessez-le-feu et, pendant longtemps, même le chef des rebelles a soutenu qu'il n'avait pas à le faire. D'autre part, lors des affrontements entre Ougandais et Rwandais à Kisangani, plus de 1000 civils congolais ont trouvé la mort, des milliers d'autres ont été blessés et une grande partie de la ville a été détruite.
M. Garreton recommande notamment aux parties au conflit de coopérer avec la Mission des Nations Unies, la MONUC, et de mettre un terme à l'impunité sous toutes ses formes. Il recommande au Gouvernement de mettre immédiatement en place le dialogue intercongolais en instaurant une coopération étroite et enthousiaste avec le facilitateur, qui est un ami du peuple congolais, et avec ses collaborateurs et d'abroger les mesures prises contre les partis politiques et les organisations non gouvernementales, de reconnaître les partis et organisations existants et les laisser faire leur travail. M. Garreton recommande en outre de lancer le processus de démobilisation des enfants soldats. Le rapport contient également une série de recommandations à l'attention du RCD et d'autres groupes rebelles, ainsi que des armées étrangères occupant le territoire congolais. Ces dernières sont notamment appelées à autoriser la tenue d'enquêtes sur les violations des droits de l'homme et du droit humanitaire international, et tout particulièrement sur les massacres intervenus depuis le 2 août 1998; à indemniser immédiatement les victimes des événements de Kisangani et incidents similaires intervenus en d'autres endroits de la République démocratique du Congo; et à restituer les biens congolais détournés de ce pays depuis 1998.
Présentation
Le Rapporteur spécial, M. ROBERTO GARRETON a déclaré sêtre entretenu avec le Président Kabila lors de sa mission en République démocratique du Congo du 13 au 27 août 2000 et avoir rencontré les responsables des deux principaux mouvements de rébellion armée, le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) et le Mouvement de libération du Congo (MLC) qui contrôlent près de 60% du territoire congolais.
Le Rapporteur spécial a expliqué que le conflit en RDC a évolué depuis son déclenchement. Le pays, a-t-il précisé, est le théâtre de neuf conflits armés dans lesquels s'affrontent sept armées étrangères et 21 groupes irréguliers. Cependant, il a regretté de navoir pu effectuer quune seule mission en RDC et à Genève, ce qui ne lui suffit pas pour remplir le mandat qui lui a été confié.
Il a déclaré que l'Accord de paix de Lusaka est menacé et que de nombreuses violations du cessez-le-feu ont été constatées, et que ceci est dautant plus inquiétant que lapplication de cet Accord a été suspendue par le gouvernement. Aucun effort tangible na été constaté de la part des parties afin de mettre un terme à cette guerre malgré les démarches inlassables des Nations Unies. De nombreuses atteintes au droit humanitaire international continuent à être commises quotidiennement par toutes les parties, les principales victimes étant les civils et en particulier les femmes et les enfants. Le Rapporteur spécial a précisé quil na toujours pas pu conduire de mission denquête sur les massacres commis en 1996 et 1997, ainsi que len a mandaté la Commission des droits de lhomme, en raison de linsécurité généralisée. Il a rappelé que les résolutions 1291 et 1305 du Conseil de sécurité demandent quune enquête internationale soit diligentée afin de traduire les responsables en justice.
Le Rapporteur spécial a constaté que dans les territoires sous contrôle du gouvernement, les droits les plus fréquemment violés sont les droits civils et politiques. Dans ceux sous contrôle du RCD/Goma et du MLC, des atteintes aux droits à la vie, à lintégrité physique ainsi quaux libertés publiques sont régulièrement enregistrées. Les militants des droits de lhomme et les représentants de la société civile font lobjet de harcèlements et de menaces multiples tant dans les zones sous contrôle du gouvernement que dans celles sous contrôle de la rébellion. La liberté personnelle est constamment violée comme en témoigne le nombre de prisonniers politiques et dopinion détenus de part et autre. Le recours à la torture est fréquent de part et dautre et a entraîné la mort dans plusieurs cas, le droit à un procès équitable nest pas davantage respecté et la Cour dordre militaire continue de juger en première et dernière instance des civils. Dans les territoires sous contrôle du RCD, la peine de mort sapplique de nouveau au terme de procès expéditifs et sans respect des droits de la défense.
En conclusion, le Rapporteur a insisté sur la nécessité dune stricte application de l'Accord de Lusaka. Il a déclaré que le Gouvernement de la RDC devrait, entre autres, initier sans délai le dialogue inter-congolais, imposer un moratoire sur les exécutions capitales, supprimer la Cour dordre militaire, libérer tous les prisonniers politiques et les journalistes, restaurer la liberté dexpression et dopinion. Il a recommandé au mouvements rebelles de cesser toute collaboration avec les armées étrangères, de permettre le libre exercice des droits à la liberté dexpression, dopinion et de réunion, de commuer les condamnations à mort prononcées par le Conseil de guerre opérationnel et de dissoudre les milices de défense locales.
Dialogue avec les délégations
La représentante de la République démocratique du Congo (RDC) a insisté sur le fait que le Rapporteur spécial a pu, en territoire sous contrôle gouvernemental, mener ses enquêtes sans entraves et accéder librement aux lieux quil souhaitait visiter. Elle a salué le courage du Rapporteur spécial qui a donné, dans sa présentation, la qualification exacte du conflit qui ravage son pays et qui est bel et bien une guerre dagression dont les auteurs sont le Rwanda, le Burundi et lOuganda. Elle a jugé éloquente la description faite des violations commises dans les territoires occupés par les agresseurs, qui sont sans aucune mesure avec celles que le Rapporteur spécial a pu observer dans les territoires sous contrôle gouvernemental, que la RDC est la première à regretter.
La représentante a confirmé que la RDC est partie aux quatre Conventions de Genève de 1949 et au Protocole facultatif sur la protection des civils dans les conflits armés. Toutefois, la représentante a regretté que, contrairement à Mme Mary Robinson, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de lhomme, le Rapporteur spécial nait pas été en mesure de formuler des recommandations concrètes susceptibles de libérer les hommes, les femmes et les enfants du cycle de violence et de barbarie dans lequel les ont plongés la folie meurtrière des pays agresseurs de la RDC.
Par la suite, un autre représentant de la RDC a déclaré que sa délégation est très contente de constater que lexamen du rapport sur la situation des droits de lhomme en RDC est finalement devenu un sujet qui énerve plus lOuganda, le Burundi et le Rwanda que la RDC elle-même. Ces trois pays ont investi le territoire de mon pays où ils commettent des massacres de civils et pillent les ressources naturelles, a-t-il ajouté. Le représentant a fait remarquer au représentant de lOuganda que son pays s'est déclaré favorable à lAccord de Lusaka pour donner des chances à la paix et non pas pour continuer à massacrer des civils et à exploiter le diamant, le cuivre, lor, le cobalt, le bismuth et luranium congolais, entre autres ressources naturelles que lOuganda exporte à présent alors quelle nen produit pas.
Le représentant de lOuganda a notamment déclaré que les faits rapportés par M. Garreton ne sont pas exacts . Il a déclaré que si le Rapporteur spécial peut lui fournir des preuves de violations des droits de lhomme par lOuganda, son gouvernement prendra les mesures qui simposent pour poursuivre les responsables. LOuganda nest pas et na jamais été impliqué dans lexploitation des ressources naturelles qui existent en RDC. Il serait absurde pour lOuganda de se livrer à de tels actes alors qu'il dispose sur son propre territoire de ressources abondantes. En conclusion, le représentant a estimé que lAfrique traverse une phase très difficile, exacerbée sur le legs du colonialisme, et préconisé de se concentrer sur lavenir pour chercher des solutions aux causes profondes des conflits qui la déchirent. Il sest dit pleinement favorable à l'Accord de Lusaka qui, a-t-il dit, offre la meilleure possibilité dune paix durable en RDC et dans la région.
Quant au représentant du Rwanda, il a déclaré que le rapport établi par M. Garreton est trop succinct, et sest demandé si cest dû à la courte durée de sa visite ou si cest délibéré. Il a déclaré que le rapport contient en outre des allégations très dangereuses à l'égard de son pays. Il a estimé quil ne sagit pas dun rapport digne dun rapporteur sur les droits de lhomme. Le représentant a réfuté les informations fallacieuses sur le Rwanda et particulièrement sur les membres de larmée de ce pays. Le Gouvernement de la RDC devrait comprendre que lalliance avec les groupes génocidaires est contraire aux règles du droit humanitaire international. Ce que le Rapporteur spécial rapporte nest quouïe-dire, a estimé le représentant. Un autre représentant de l'Ouganda a affirmé qu'il avait déjà entendu les mots prononcés par M. Garreton dans la bouche du Ministre des affaires étrangères de la RDC.
Intervenant au nom de lUnion européenne, le représentant de la France a souligné que le Rapporteur spécial a pu être régulièrement invité en RDC et mener des discussions avec les autorités. Il la encouragé à poursuivre ses travaux pour le respect des droits de lhomme.
Le représentant du Burundi a déclaré quil nétait pas dans son intention de verser dans la polémique dans laquelle veut régulièrement lentraîner la délégation de la RDC mais quil est regrettable de lire dans un rapport qui se veut traiter des droits de lhomme des allégations mensongères telles que celles qui concernent son pays. Le Burundi na pas agressé la RDC et ne contribue en rien à la détérioration de la situation dans ce pays. La réalité est que le Burundi a simplement pris des mesures de sécurité à la frontière commune avec la RDC. Le Burundi na pas dambitions territoriales sur la RDC. Il sest déclaré favorable à lAccord de Lusaka mais a souhaité que le Gouvernement de la RDC oeuvre pour paix au Burundi en cessant de fournir des armes aux rebelles burundais. A ce propos, le représentant a estimé que la RDC devrait plutôt encourager les rebelles burundais à rejoindre le processus de paix inter-burundais et sils ne le font pas, sengager à les neutraliser. Le représentant a déclaré que son gouvernement attend la mise en oeuvre des Accords de Lusaka et dArusha, qui va dans lintérêt mutuel du Burundi, de la RDC et des autres pays de la région.
Le représentant de la Namibie a demandé des clarifications sur la recommandation concernant la mise en place d'un embargo sur les livraisons d'armes à tous les pays impliqués dans le conflit.
Prenant à son tour la parole, le représentant du Soudan a déclaré qu'il n'y a pas un soldat soudanais sur le territoire de la RDC.
Répondant aux différentes interventions, M. ROBERTO GARRETON a reconnu que son rapport aurait pu être plus long mais, a-t-il fait valoir, le format qui lui est imposé est de 16 pages, indépendamment de la complexité de la situation ou du nombre des parties concernées. Si jécris une 17e page, elle ne sera pas traduite, a-t-il ajouté. Il a précisé avoir soumis son rapport le 3 septembre et jugé positif que ce rapport nait été distribué que le 20 septembre car, en 1999, il ne lavait été quaprès la présentation orale. Le Rapporteur spécial a également souligné que les ressources mises à sa disposition ne lui permettaient quune visite de 13 jours au lieu de la mission de 3 semaines quil avait projeté.
Par ailleurs, le Rapporteur spécial a expliqué quil sest rendu à la base principale de Bukavu, qui était occupée par les militaires rwandais dune part et ougandais dautre part, où il na pu rencontrer quun seul des prisonniers avec qui il souhaitait sentretenir. M. Garreton a convenu avec les délégations du Rwanda et du Burundi de la nécessité de garantir leur sécurité à leur frontière commune avec la RDC, et a noté que leur zone de sécurité est large denviron 1000 km. Le Rapporteur spécial a déclaré que, dans ces zones, lautorité nest pas exercée par le Gouvernement de M. Kabila mais par les forces qui les contrôlent. Il a par ailleurs confirmé que 15 femmes congolaises ont été enterrées vivantes dans lune de ces zones. Cette allégation a été corroborée par grand nombre de témoignages, a-t-il précisé. Il a ajouté que beaucoup dautres violations des droits de lhomme ont été commises et nont pas, non plus, été suivies de poursuites. Si les allégations concernant lexploitation des ressources naturelles de la RDC par des pays tiers sont fausses, quest-ce qui a pu motiver la constitution dune commission denquête du Conseil de sécurité sur l'exploitation des ressources naturelles du territoire de la RDC? sest interrogé M. Garreton. En conclusion, le Rapporteur spécial a estimé que seul un embargo efficace sur les armes dans tous les pays impliqués dans le conflit en RDC permettra une amélioration de la situation des droits de lhomme car tant quil y aura des armes, on ne pourra pas parvenir à la paix.
Rapport sur la situation des droits de l'homme en Iraq Rapport A/55/294
Ce rapport intérimaire a été établi par le Rapporteur spécial de la Commission des droits de l'homme, M. Andreas Mavrommatis. Ce dernier explique qu'il a estimé nécessaire d'offrir au Gouvernement iraquien la possibilité de formuler des observations sur les allégations de violation des droits de l'homme portées à son attention et reçues de diverses sources, y compris les groupes d'opposition. Au moment de la rédaction de ce rapport (14 août 2000), le Gouvernement iraquien avait transmis des réponses incomplètes sur quelques affaires, mais n'avait formulé aucun commentaire quant à la plupart des allégations spécifiques portées à la connaissance du Rapporteur spécial.
Il apparaît que les exécutions ont continué sans relâche au cours de la période considérée. D'après les témoignages et les récits communiqués au Rapporteur spécial, il est à craindre que des hommes et des femmes soient encore détenus pendant de longues périodes sans qu'aucune accusation n'ait été portée contre eux et sans qu'ils puissent consulter un avocat. Il apparaît aussi que des hommes et des femmes subissent toujours des actes de torture et des mauvais traitements en Iraq. Aucune des personnes qui ont subi de tels traitements et que le Rapporteur a interrogées n'a accepté que son nom ou son cas soient référés au Gouvernement aux fins d'enquête et d'éclaircissement, par crainte de représailles. Le Rapporteur spécial s'efforcera d'obtenir davantage d'informations à propos des cas susmentionnés et reviendra sur cette question dans son prochain rapport à la Commission des droits de l'homme.
Le Rapporteur spécial est d'avis que l'aspect le plus préoccupant des plaintes qui lui ont été exposées dernièrement concerne les actes de harcèlement, les mesures d'intimidation et les menaces qui seraient exercées contre les familles d'opposants iraquiens résidant à l'étranger, pour inciter ceux-ci à mettre fin à leurs activités. Cette pratique se serait considérablement étendue.
Le sort des Koweïtiens dont on est sans nouvelles depuis l'occupation du Koweït par l'Iraq n'a toujours pas été résolu. Il en va de même pour le sort des Iraquiens dont on est sans nouvelles depuis la même période - 1250 personnes, selon le Gouvernement de l'Iraq. Le Rapporteur spécial formule une série de recommandations, demandant notamment au Gouvernement iraquien de réexaminer et de modifier les lois sur la peine de mort, tout en l'invitant à commencer d'instaurer les libertés politiques et démocratiques.
Présentation
M. ANDREAS MAVROMMATIS, Rapporteur spécial de la Commission des droits de lhomme sur la situation des droits de lhomme en Iraq, a regretté, à double titre, de navoir toujours pas pu se rendre en Iraq. Dune part, une visite dans ce pays est la condition sine qua non de lexamen effectif des allégations de violations des droits de lhomme, et dautre part, le Rapporteur juge quil relève de sa fonction dinitier un dialogue avec le Gouvernement de lIraq afin de lengager à se soumettre aux obligations internationales en matière des droits de lhomme.
Sur la base dentretiens réalisés au Koweït, à Londres et à Genève avec des Iraqiens témoins de violations des droits de lhomme, ainsi que dinformations reçues de sources gouvernementales et dorganisations non gouvernementales, le Rapporteur a fait part des allégations suivantes de violations. Ainsi, selon ces informations, il apparaît que les exécutions ont continué sans relâche à la prison dAbou Gharib; 122 prisonniers auraient été exécutés. Ils auraient été condamnés à mort en raison de leur opposition au parti au pouvoir. Malheureusement, le Rapporteur a regretté que les renseignements qui lui étaient fournis ne soient pas toujours suffisamment détaillés pour lui permettre de déterminer si ces exécutions représentaient une violation des obligations internationales de lIraq au titre des articles 6 et 14 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Il apparaît que des femmes et des hommes, et même des mineurs, continuent dêtre arrêtés et détenus parce quils sont soupçonnés dactivités politiques ou religieuses, ou seulement parce qu´ils ont des liens familiaux avec des membres de lopposition. Il apparaît également que des hommes et des femmes subissent toujours des actes de torture et des mauvais traitements, notamment durant les interrogatoires. Les victimes recevraient des décharges électriques, seraient suspendues par les mains, rouées de coups, subiraient viols et violences sexuelles, et des menaces et pressions psychologiques seraient exercées. Les conditions de détention suscitent une vive inquiétude; les prisons, en particulier à Bagdad, seraient fortement surpeuplées et les prisonniers seraient régulièrement battus et les détenues violées.
Le Rapporteur a également déclaré que daprès certaines allégations, des non-Arabes résidant dans la région de Kirkouk en particulier des Kurdes, des Turkmènes et des Assyriens seraient chassés de leurs foyers par le gouvernement. Dune part, la politique d"arabisation" se poursuivrait et des dons et dautres incitations seraient octroyés aux Arabes qui partent sinstaller dans la région de Kirkouk. Certaines dispositions juridiques viseraient à empêcher les non-Arabes de posséder ou de céder des biens. Dautre part, les mesures dexpulsion forcée de familles non-arabes vivant dans la région de Kirkouk et de confiscation de leurs biens se poursuivraient également à grande échelle.
En ce qui concerne la situation humanitaire, le Rapporteur spécial a déclaré que la situation demeure grave, mais que, suite à la résolution 1284 (1999) du Conseil de sécurité et du fait de la hausse des prix du pétrole, davantage de fonds sont disponibles au titre du programme "Pétrole contre nourriture" et que la situation des produits alimentaires et des médicaments est en nette amélioration. Il a prié instamment le Gouvernement de lIraq de renforcer la coopération avec le programme "Pétrole" contre nourriture" et de laisser les experts nommés par le Secrétaire général conformément à la résolution 1302 pénétrer sur le territoire iraquien afin de rendre compte de la situation humanitaire sur le terrain.
Dialogue avec les délégations
Le représentant de l'Iraq a affirmé que sa délégation souhaite coopérer avec le Rapporteur pour la promotion des droits de l'homme en Iraq. Il a regretté que le Rapporteur spécial précédent ait adopté la position des ennemis de l'Iraq, contrairement à l'esprit du mécanisme des Rapporteurs spéciaux dont l'action doit être conforme aux principes de non-sélectivité et d'objectivité. Malgré tout, le gouvernement iraquien a promis sa coopération à M. Mavrommatis lors de sa nomination, espérant que ce dernier tenterait de traiter la question des droits de l'homme en Iraq de manière honnête.
Le représentant, réfutant les accusations contenues dans le rapport, a souligné la nécessité de vérifier les allégations avant de les inclure dans son rapport où elles apparaissent comme des faits. Ceci est particulièrement important quand ces allégations émanent de gouvernements hostiles ou de leaders de l'opposition qui, par là, pourraient seulement essayer de déstabiliser le pays. Le représentant a surtout déploré que le Rapporteur spécial ait conclu que l'Iraq violait les dispositions du Pacte relatif aux droits civils et politiques, insistant sur le fait que cette accusation était fausse. Il a émis l'espoir que le Rapporteur spécial, à l'avenir, accorderait la priorité à l'examen de l'impact de l'embargo injuste imposé à son pays par les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Cet embargo a-t-il dit est une vengeance qui constitue une violation des droits de l'homme du peuple iraquien.
Répondant au représentant M. ANDREAS MAVROMMATIS a confirmé quil avait réussi à obtenir un certain degré de coopération avec les autorités iraquiennes, mais il a insisté sur le fait que pour lui, visiter lIraq est une condition sine qua non de son travail. Il a ajouté quil continuera ses efforts afin d'obtenir une invitation du Gouvernement. Pour ce qui est des personnes disparues originaires du Koweït, M. Mavrommatis a dit sa conviction que ce problème peut en effet être résolu, à condition quil soit effectivement considéré, comme la souhaité lIraq, strictement comme une question humanitaire. Pour ce qui est des sanctions imposées contre lIraq, le Rapporteur spécial a indiqué quil avait souvent été tourmenté à lidée que des innocents périssent des suites de leurs conséquences.
M. Mavrommatis a affirmé d'autre part quil avait communiqué diverses informations aux autorités, quil avait obtenu certains réponses, mais quil attendait encore dautres clarifications qui lui avaient été promises. Quant au droit à la vie, le Rapporteur spécial a réaffirmé quen Iraq, des civils exécutés pour des crimes de droit commun ne méritaient pas la peine de mort, à la lueur des accusations dont ils avaient fait lobjet. M. Mavrommatis a dit quil était possible de réduire les nombreuses exécutions capitales. Il sagit-là, a-t-il conclu de lune des préoccupations sur lesquelles il aimerait précisément rencontrer les autorités lors dune visite en Iraq quil espère toujours effectuer.
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