AG/1085

UN NOUVEL ORDRE HUMAIN INTERNATIONAL PROPOSE PAR PLUSIEURS DELEGATIONS POUR ERADIQUER LA PAUVRETE ET FAVORISER LE DEVELOPPEMENT

25 octobre 2000


Communiqué de Presse
AG/1085


UN NOUVEL ORDRE HUMAIN INTERNATIONAL PROPOSE PAR PLUSIEURS DELEGATIONS POUR ERADIQUER LA PAUVRETE ET FAVORISER LE DEVELOPPEMENT

20001025

L’Assemblée générale a repris cet après-midi l’examen du point de l’ordre du jour relatif au rôle des Nations Unies dans la promotion d’un nouvel ordre humain international. Répondant à l’initiative du Guyana dans ce domaine, la grande majorité des délégations qui ont participé au débat, ont considéré que l’examen de cette question s’inscrivait dans le prolongement des recommandations adoptées par les chefs d’Etat et de gouvernement à l’occasion du Sommet du millénaire. La plupart des orateurs ont estimé que les Nations Unies étaient le forum adéquat pour créer les conditions d’un consensus international pour l’éradication de la pauvreté et la création des conditions propices à un développement durable.

Dans ce contexte, le représentant de la République islamique d’Iran a estimé que l’éradication de la pauvreté et le développement devaient être au coeur des principes du nouvel ordre humain international. Il a également rappelé la proposition de “Dialogue entre les civilisations” faite par le Président iranien Khatami, qui repose sur le principe que les peuples du monde partagent une même destinée.

Le Président de l’Assemblée a indiqué que le projet de résolution sur le rôle des Nations Unies dans la promotion d’un nouvel ordre humain international, serait examiné à une date ultérieure. Les représentants du Cambodge, du Pakistan, de la Norvège, de la Chine, d’Antigua-et-Barbuda, de l’Inde, de la Grenade, de l’Argentine, de l’Equateur, du Lesotho, du Venezuela et du Soudan ont également pris la parole sur ce point.

Par ailleurs, l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont exercé leur droit de réponse au titre du point 29 de l’ordre du jour intitulé “Coopération entre les Nations Unies et l’OSCE”.

Le Président de l’Assemblée générale, M. Holkeri, avait, en ouverture de séance, annoncé une modification de l’ordre du jour des travaux de la séance du jeudi 26 octobre au matin. Le premier point qui sera examiné au cours de cette séance aura trait à l’examen du rapport de la Cinquième Commission sur le point 122 de l’ordre du jour de la cinquante-cinquième session intitulé “Barème des quotes-parts pour la répartition des dépenses aux Nations Unies”. L’Assemblée procèdera ensuite à l’élection du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés. Puis, l’Assemblée examinera le rapport de la Cour internationale de Justice avant d’examiner le point relatif aux Océans et au droit de la mer. Enfin, le cinquième point inscrit à l’ordre du jour de cette séance portera sur l’adoption du projet de résolution A/55/L.9/Rev.1, relatif à la question intitulée “Elimination des mesures économiques coercitives comme moyen de pression économique et politique”.

L’Assemblée générale reprendra ses travaux demain, jeudi 26 octobre à partir de 10 heures.

LE RÔLE DES NATIONS UNIES DANS LA PROMOTION D’UN NOUVEL ORDRE HUMAIN INTERNATIONAL

Déclarations

M. OUCH BORITH (Cambodge) a estimé que la prospérité croissante résultant de la mondialisation est entachée par le phénomène profondément troublant qu'est la disparité croissante entre les nations. Pauvreté, maladie, famine et mortalité sont généralement traitées comme des questions indépendantes issues de différentes causes et qui évoluent selon des dynamiques différentes, et non pas comme les symptômes d'un dysfonctionnement général du système, a-t-il déploré. Il a rappelé qu'à l'occasion du Sommet du millénaire, les dirigeants du monde ont adopté la Déclaration du millénaire en se fixant ainsi des objectifs ambitieux, comme notamment réduire de moitié la proportion de personnes qui ont un revenu inférieur à un dollar par jour et la proportion de ceux qui n'ont pas accès à l'eau potable, d'ici 2015 ou encore d'enrayer et de faire reculer la progression du VIH/sida. Cependant, le représentant a indiqué que ces objectifs resteront sans valeur si la communauté internationale reste engagée dans la voie marquée par la mondialisation et la libéralisation néolibérale des marchés qui ne mène pas à l'atténuation de la pauvreté. Il a fait observer que les forces de la mondialisation et de la néolibéralisation des marchés ont suscité d'immenses possibilités de prospérité dans le monde mais ont également creusé les inégalités qui existaient entre les pays. Le marché libre offre peut-être la meilleure garantie de rendement et constitue peut-être un mécanisme efficace de croissance et de développement économique, mais il n'a pas su promouvoir l'équité, a-t-il ajouté.

Le représentant du Cambodge a indiqué que, dans ce contexte, seul un partenariat mondial en faveur du développement pourra inverser cette tendance néfaste. Les pays développés et les pays en développement doivent s'engager, à cette fin, à un dialogue fondé sur les principes des intérêts et des avantages mutuels, de la responsabilité partagée et d'un authentique partenariat, a-t-il poursuivi. Il faut reconnaître que le dialogue Nord-Sud, pour être productif et durable, doit être complété par une coopération Sud-Sud soutenue et renforcée. Les pays en développement doivent retrouver le contrôle de leur futur. C'est dans ce sens que la délégation du Cambodge se félicite de l'initiative et des discussions relatives à l'établissement d'un nouvel ordre humain international visant au réexamen de la coopération et des partenariats internationaux et à l'évaluation de la viabilité d'un nouveau développement centré sur le peuple en tant que pilier central des travaux de l'Organisation des Nations Unies. A cet égard, il a indiqué que le Sommet du Sud réuni à La Havane à Cuba du 12 au 14 avril 2000 a offert, aux pays du Sud, l'occasion de formuler une vision commune de l'avenir et d'élaborer une plate-forme d'action pour l'an 2000 et au-delà, qui réserve au Sud un nouveau rôle renforcé dans le contexte de la mondialisation, de la libéralisation et de l'interdépendance.

Il a, en outre, souligné l'importance, dans le contexte du développement centré sur les peuples où l'accent est mis sur la sécurité humaine par la promotion du concept de l'intervention humanitaire, de faire clairement la distinction entre l'intervention humanitaire et les autres activités des Nations Unies et de placer le développement au coeur des activités de l'Organisation. Le concept du développement centré sur les peuples, préconisé dans la nouvelle approche du développement, ne doit pas être confondu avec celui de la sécurité humaine tel qu'il se manifeste dans les propositions d'intervention humanitaire si vigoureusement promues ces jours-ci, a conclu le représentant du Cambodge.

M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a déclaré qu'il existe aujourd'hui un large consensus pour affirmer que le but du développement n'est pas d'augmenter les revenus mais bien d'élargir les choix des hommes pour une éducation décente, une bonne santé, une identité culturelle et bien d'autres domaines en relation avec le bien-être de l'humanité. En dépit de cet accord universel apparent pour un développement centré sur l'être humain, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté a augmenté, tout comme le chômage dans les pays en développement. Dans 25 ans, la population mondiale atteindra les 8 milliards d'êtres humains, dont la moitié vivra avec moins de deux dollars par jour. 1,8 milliards vivront avec moins d'un dollar. Un bien triste héritage pour nos enfants, a estimé le représentant. Il est évident que la croissance et le développement n'ont et ne peuvent pas réduire automatiquement les inégalités. Le fait que le gâteau soit plus grand aujourd'hui ne signifie pas forcément que tout le monde en reçoit une part. Le processus de mondialisation qui intègre les économies nationales dans l'économie mondiale est asymétrique. Quelques-uns en profitent, beaucoup en sont victimes, a-t-il dit.

La proposition du Guyana pour un nouvel ordre humain international cherche à réunir le consensus politique le plus fort et un partenariat mondial reposant sur de larges bases pour promouvoir le développement et éradiquer la pauvreté. Cette stratégie comprend tous les aspects du développement humain. Il existe un grand nombre de propositions utiles pour orienter les systèmes économiques et financiers internationaux vers le développement. Le Pakistan se prononce en faveur de ce genre de stratégie, même si le document examiné concernant cette question mériterait d'être plus développé. Le représentant a regretté que le cadre institutionnel et les accords de régulation économique définis par les pays développés ne soient pas adaptés aux nouvelles formes d'interdépendance économique et à l'intégration des pays en développement dans l'économie internationale. Un renforcement du processus multilatéral est essentiel pour le partage équitable des bénéfices de la prospérité mondiale, a-t-il ajouté. Dans ce contexte, les institutions de Bretton Woods et l'Organisation mondiale du commerce devraient travailler en relation étroite avec les Nations Unies, comme le prévoit la Charte.

M. JOSTEIN LEIRO (Norvège) a déclaré que le concept de nouvel ordre humain international devait entraîner un large consensus politique et un partenariat mondial visant à combattre la pauvreté et à promouvoir la sécurité économique mondiale. Une telle démarche nécessite une révision du mécanisme de coopération internationale et devra privilégier une approche du développement qui repose sur l’être humain, a-t-il observé, en suggérant que les efforts des Nations Unies en faveur du développement pour le XXIème siècle tiennent compte de ces réalités. Il a reconnu que, si la mondialisation représente un potentiel considérable pour les pays en développement, elle a également accru la vulnérabilité des populations car ses bénéfices ne sont pas équitablement redistribués entre pays riches et pays pauvres. Il a souhaité que la mondialisation devienne une force positive pour toute la planète et a considéré que les Nations Unies étaient le meilleur espace pour promouvoir un tel élan. Il a conclu en déclarant que l’édifice du nouvel ordre humain international devait reposer sur l’ensemble des initiatives menées par les organes des Nations Unies en faveur du développement et être le prolongement des engagements pris au cours du Sommet du millénaire, notamment l’éradication de la pauvreté et le développement.

M. SHEN GUOFANG (Chine) a fait observer que l’on assiste actuellement dans le monde à un développement des technologies et de la recherche sans précédent en même temps que se creuse entre le Sud et le Nord un véritable fossé digital et que les pays en développement sont toujours en proie à la pauvreté. Le Sommet du millénaire s’est engagé à promouvoir le développement, il faut donc profiter de l’élan qu’il a créé, a-t-il indiqué. Les pays en développement cherchent à mettre en place un nouvel ordre humain depuis des années. Le Sommet du Sud en avril a également formulé des demandes dans ce sens et a réaffirmé la nécessité de combler le fossé entre riches et pauvres.

Nous croyons qu’un nouvel ordre humain international exige une coopération internationale et un travail peut-être terre à terre mais nécessaire, a déclaré le représentant. La Chine s’engage à aider les pays africains, à alléger la dette des pays très endettés, à créer un fonds destiné à inciter les pays à investir en Afrique et à financer des programmes de formation en Afrique.

Le représentant a fait observer que les objectifs du nouvel ordre humain international devraient être conformes aux dispositions du Sommet du millénaire et des conférences internationales et ne pas se substituer aux promesses faites auparavant.

M. HADI NEJAD HOSSEINIAN (République islamique d’Iran) a rappelé que le Sommet du millénaire avait été l’occasion pour les chefs d’Etat et de gouvernement de prendre l’engagement solennel devant les générations présentes et futures d’oeuvrer pour plus de dignité humaine, d’égalité et d’équité au niveau mondial. Il a souligné en outre que l’engagement avait été pris au cours de ce Sommet de créer un environnement propice à l’éradication de la pauvreté et au développement et que ces derniers devaient être au coeur des objectifs fondant un schéma d’intervention pour les Nations Unies au XXIème siècle afin de répondre aux défis auxquels doit faire face la communauté internationale.

Rappelant la tenue du Sommet Sud à La Havane quelques mois avant le Sommet du millénaire, le représentant a rappelé que les dirigeants des pays en développement avaient alors tenté de trouver des réponses aux nouveaux défis de la planète dans les sphères économiques et sociales. Il a déclaré que cette rencontre avait conclu à la nécessité de créer un nouvel ordre humain international en luttant contre les disparités croissantes entre riches et pauvres et en privilégiant la croissance, l’éradication de la pauvreté, l’emploi, l’égalité des sexes et l’intégration sociale. Il a remercié le représentant de Guyana d’avoir présenté cette notion de nouvel ordre humain international à l’examen de l’Assemblée générale et considéré que ce concept devait recueillir un consensus mondial. Il a conclu son intervention en rappelant la proposition de “Dialogue entre les civilisations” faite par le Président iranien Khatami, initiative qui tient compte du fait que les peuples du monde ont désormais une destinée commune.

M. PATRICK A. LEWIS (Antigua-et-Barbuda), prenant la parole au nom des pays membres de la CARICOM, a rappelé que ces pays sont fortement intéressés par la question de la promotion d'un nouvel ordre humain international. Il a mis l'accent sur le besoin de lancer aujourd'hui une nouvelle dynamique dans le domaine de la coopération économique et sociale et de mettre en place de nouvelles approches au développement, y compris en ce qui concerne la question des ressources. Il a insisté sur l'importance de ces questions, et ce, dans la

mesure où les nombreuses initiatives prises en matière de développement au cours des 50 dernières années n'ont apporté que de maigres résultats. Tandis que les conférences des Nations Unies ayant eu lieu au cours de la dernière décennie ont établi le principe de développement centré sur les peuples, il convient de remédier au manque de progrès enregistré en ce qui concerne les recommandations de ces conférences, a-t-il déclaré. Le représentant a cité un extrait de la Déclaration du Sommet du Sud, qui a réuni en avril dernier à La Havane les chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres du Groupe des 77 et de la Chine et qui met l'accent sur: "la nécessité d'un nouvel ordre humain destiné à renverser les disparités grandissantes entre pauvres et riches, aussi bien dans les pays qu'entre eux, par la promotion d'une croissance équitable, de l'élimination de la pauvreté, de l'expansion de l'emploi productif, de même que la promotion de l'égalité entre les sexes et de l'intégration sociale".

M. Lewis a expliqué que cette proposition vise à construire un partenariat mondial pour combattre la pauvreté et accélérer la sécurité économique partout dans le monde. Cela, a-t-il poursuivi, doit être fondé sur une approche du développement intégrée et à long terme, prenant en compte la manière dont les gouvernements, les marchés et les sociétés interagissent. Cette proposition envisage aussi des initiatives concrètes tendant à aborder les questions liées au développement humain. Cette proposition, a-t-il expliqué, cherche également à initier des actions plus avant sur trois fronts principaux qui sont: la nécessité de faciliter le remodelage du rôle du gouvernement en vue de mettre en place les instruments démocratiques nécessaires au développement humain; la mobilisation en faveur d'un soutien politique renforcé en faveur du développement; la proposition cherche aussi à faciliter un consensus relatif à la promotion de la justice sociale et de la bonne gouvernance aux niveaux national et international. Le représentant a estimé qu'il s'agissait des éléments clefs à la promotion du développement humain. A cet égard, a-t-il conclu, il conviendrait de s'intéresser à la mise en place d'un processus d'arbitrage international à même d'équilibrer les intérêts des donateurs, institutions financières internationales, entreprises multinationales et des pays en développement, avec la volonté d'introduire plus de discipline dans le domaine de la coopération internationale.

M. SWADESH CHAKRABORTY (Inde) a déclaré que nous souhaitons tous un monde meilleur pour nos enfants et les enfants de nos enfants, notamment un monde sans animosité, dépourvu de haine, un monde dévoué à une quête perpétuelle du bonheur humain. Telle est la vision du monde qu’a voulu nous faire partager le Président défunt Cheddi Jagan du Guyana, une vision qui s’inscrit dans ce qu’il appelait le nouvel ordre humain international.

Evoquant les changements intervenus à l’échelle mondiale concernant la globalisation économique, le représentant a expliqué que les marchés de capitaux, les flux des investissements et la multiplication des échanges commerciaux sont de moins en moins contrôlables au niveau national. Nous reconnaissons parfaitement, a-t-il dit, que la force d'une nation et par conséquent sa force économique ne peut être préservée par l'autarcie ni en dépendant entièrement des sources d'investissements intérieures. Les pays en développement devraient pouvoir bénéficier davantage des forces de la globalisation.

La croissance économique n’a guère été profitable aux laissés-pour-compte qui vivent dans la pauvreté, la misère et les maladies. Le défi qui nous est lancé est de modifier intrinsèquement les concepts actuels de croissance et de développement. En somme, le développement véritable ne se mesure pas à la croissance du PNB ni à l’excédent de la balance commerciale, mais plutôt aux progrès réalisés dans la lutte contre la pauvreté et la misère. Nous sommes conscients que l’action qui nous incombe doit se faire simultanément dans cinq domaines essentiels, à savoir l’alimentation, les soins de santé, le logement, l’éducation et l’emploi. L’Inde, pour sa part, mettra tout en oeuvre pour que, au cours de la présente décennie, sa population accède à tout ce dont elle a besoin.

M. LAMUEL STANISLAUS (Grenade) a constaté que l'ère de la mondialisation a permis au monde développé de profiter de ses bénéfices alors que nombreux sont ceux dans le monde en développement à faire l'expérience d'une misère terrible. C'est ce déséquilibre dans le village mondial que la résolution sur un nouvel ordre humain international tente de redresser. Le représentant a tenu à rappeler la théorie d'Aristote selon laquelle, pour établir un semblant d'ordre entre le sommet et le tréfonds de l'économie, personne ne devrait percevoir plus de cinq fois le revenu du plus pauvre d'entre nous. Bien que cette théorie paraisse irréaliste et anachronique au vu des préoccupations actuelles en matière de revenus, elle montre le besoin de reconnaître une responsabilité de la société et des entreprises dans ce domaine. Aristote essayait de faire admettre le principe selon lequel un équilibre doit exister entre les nantis et les autres dans la société. Dans cet optique nous devons tirer les leçons du passé pour nous assurer un meilleur futur, a encore estimé le représentant.

Les droits de l'homme regroupent non seulement les droits civils et politiques, mais aussi et surtout les droits économiques, sociaux et culturels. De plus, les droits de l'homme ne signifient rien pour ceux qui ne possèdent pas le strict nécessaire, c'est-à-dire de la nourriture, des vêtements, un abri, un accès à l'éducation, aux soins médicaux, etc., a encore estimé le représentant de la Grenade. La Déclaration du millénaire contient l'engagement des Etats Membres à reconnaître les besoins des plus vulnérables au sein de l'humanité. C'est aussi le but de la résolution sur un nouvel ordre humain international. La Grenade estime qu'un dialogue constructif permettant d'atteindre un consensus sur la manière de concevoir une stratégie définissant les objectifs de développement en vue de l'éradication de la pauvreté est nécessaire.

Mme ANA MARIA MOGLIA (Argentine) a estimé que le concept de nouvel ordre humain international revêtait aujourd’hui une actualité particulière. Cette initiative, a-t-elle fait observer, se fonde sur une constatation et une proposition. La constatation douloureuse pour certains est qu’en dépit des efforts réalisés dans la sphère nationale comme internationale, l’objectif du développement pour tous semble chaque fois plus lointain. La proposition consiste en la mise en place d’un nouveau système de relations internationales, en la réévaluation des schémas actuels d’association et de coopération internationales et l’analyse des possibilités de consensus sur l’idée d’un développement centré sur l’être humain qui structure l’action de l’Organisation en matière de développement au XXIème siècle.

La République argentine, qui a toujours pris une part active à la promotion du développement et qui a été à l’origine de la création de la Commission du développement social est disposée à participer de façon créative et constructive, à la proposition de dialogue qui démarre aujourd’hui, a déclaré le représentant. Nous exprimons par anticipation notre appui au projet de résolution que nous espérons voir adopter par consensus par l’Assemblée générale.

M. MARIO ALEMAN (Equateur) a fait valoir qu’il était bon de temps en temps que les Nations Unies se consacrent à réfléchir sur des thèmes qui loin de susciter des confrontations, recherchent un consensus entre les Etats Membres. Il a estimé que la mondialisation avait déjà fait des gagnants et des perdants et indiqué que le nombre de pauvres qui s’élevaient à environ 3,9 millions de personnes en 1995, était passé à 8,5 millions en 2000, soit 70% de la population.

Tout cela parce que l’on a oublié que l’homme était le centre et la finalité ultime de l’action de l’Etat et des organismes internationaux. C’est là précisément que réside l’intérêt de la proposition du Guyana, a-t-il déclaré. Contribuer à la réalisation d’un nouvel ordre humain international doit être la nouvelle responsabilité des Nations Unies. Sa mission pour l’avenir devrait être de s’assurer de l’avènement d’un nouvel ordre plus humain qui fasse justice aux pays en développement.

M. PERCY METSING MANGOAELA (Lesotho) a déclaré que le fossé entre les pays les plus riches et les pays les plus pauvres ne cesse de s’élargir parce que le système économique international permet aux pays les plus riches de s’enrichir encore plus sans une croissance correspondante des pays pauvres. Le défi que doivent donc relever la communauté internationale et les décideurs partout est de trouver les moyens de redresser les déséquilibres qui affectent l'économie mondiale afin de permettre aux pays en développement de s’intégrer de façon harmonieuse dans le processus de mondialisation de l'économie sur des bases équitables.

Evoquant les objectifs du nouvel ordre humain international, il a notamment souligné l'importance de renforcer la capacité des Nations Unies dans le domaine du développement ainsi que dans celui de la gouvernance mondiale fondée sur le renforcement du multilatéralisme. Les Nations Unies doivent également veiller à établir des partenariats entre le Nord et le Sud et entre le Sud et le Sud; à promouvoir des relations Nord-Sud avec un soutien et une participation active du Nord afin d’atteindre des objectifs viables; à augmenter l'Aide publique au développement jusqu’au niveau de 0,7% du PNB tel qu'il a été proposé par l'Organisation des Nations Unies.

Le représentant a indiqué que compte tenu de la concordance des objectifs du nouvel ordre humain international et de ceux de la Charte des Nations Unies, nous appuyons la demande contenue dans le projet de résolution A/55/L.15, aux termes de laquelle, le Secrétaire général doit entamer un processus de consultations avec les Etats Membres afin de déterminer dans quelle mesure ce concept peut d’une façon pratique renforcer les efforts dispersés que déploie l'Organisation pour créer des partenariats entre le Nord et le Sud ainsi qu’entre les pays du Sud eux- mêmes.

M. LUIS HERRERA-MARCANO (Venezuela) a déclaré que la question soumise aujourd'hui à l'Assemblée générale est l'une des plus importantes à l'ordre du jour de la communauté internationale. Elle pose le développement comme fin suprême pour le bien-être de l'humanité. Le développement humain suppose de vivre dans des conditions de justice, de liberté, de tolérance, de bonne santé, de bonne alimentation et d'éducation, c'est-à-dire de vivre une vie digne. Il faut donc que le développement économique s'inscrive dans un cadre de participation politique, car il est important de rompre le cycle de l'exclusion en concevant un nouvel ordre qui élimine les différences croissantes entre les membres riches et pauvres de la communauté internationale. La Déclaration du millénaire engage les Etats Membres à libérer les hommes, les femmes et les enfants des conditions d'extrême pauvreté dans lesquelles ils vivent. Le représentant du Venezuela a annoncé que son pays se portera coauteur du projet de résolution sur ce point.

M. AWAD MURSI TAHA (Soudan) a indiqué que sa délégation soutenait les principes et objectifs formulés par le Guyana. Il a fait observer que l’expérience des quatre dernières décennies avait donné de pauvres résultats en ce qui concerne les initiatives de la communauté internationale en faveur du développement et a estimé en conséquence qu’il était urgent de donner une nouvelle impulsion à ces initiatives.

Il a rappelé que les pays du Sud, réunis à La Havane, ont insisté sur la nécessité de favoriser l’émergence d’un nouvel ordre humain; le Soudan, a-t-il déclaré, reconnaît la nécessité d’un consensus politique et d’un partenariat international pour favoriser le développement. Les Nations Unies ont un rôle central à jouer à cet égard.

Le représentant a indiqué, qu’en tant que délégation coauteur du projet de résolution à l’étude, il considérait que ce projet a été réalisé de façon équilibrée et objective; par conséquent, elle appelait la communauté internationale à voter en sa faveur et est particulièrement intéressée par toute discussion qui pourrait s’engager sur le sujet.

Droits de réponse

Le représentant de l'Azerbaïdjan a regretté les allégations de l'Arménie concernant le point 29 de l'ordre du jour à propos de la coopération entre l'ONU et l'Organisation pour la coopération et la sécurité en Europe. Il a rappelé que l'Arménie occupe 10% du territoire du Nagorny Karabakh et que cette occupation laisse des milliers de personnes sans abri. Le représentant de l'Arménie, a-t-il dit, a oublié d'admettre que son pays a refusé deux fois les propositions du groupe de Minsk pour régler la question de ce territoire qui fait partie intégrante de l'Azerbaïdjan. Il s'agit d'une situation reconnue par plusieurs textes officiels, dont certains émanent de l'Assemblée générale, de même que dans le rapport du Secrétaire général. L'idée de dépasser le cadre de la souveraineté pour sortir du conflit, comme le propose l'Arménie, est attrayante à condition de la mettre en pratique en accordant une partie du territoire de ce pays aux 200 000 Azéris laissés sans abri.

Le représentant de l'Arménie a déclaré que le Nagorny Karabakh a été occupé par une puissance étrangère, l'Azerbaïdjan, pendant de longues années depuis 1923. Une occupation qui a fait de nombreux opprimés et de victimes. Il a rappelé que le Nagorny Karabakh a demandé le droit à l'autodétermination. La sensibilité qui entoure ce problème est liée, selon le représentant de l'Arménie, au nettoyage ethnique qui a été opéré dans la région. Le conflit n'est plus en cours, mais nous souhaitons une solution durable à ce problème, a-t-il dit. Les Gouvernements de l'Arménie et du Nagorny Karabakh plaident pour une approche flexible et réaliste de la question et regrettent que l'Azerbaïdjan ait refusé les propositions avancées jusqu'ici. Nous pensons que des négociations directes entre l'Azerbaïdjan et le Nagorny Karabakh seraient beaucoup plus productives et que ce conflit pourrait être résolu sur la base d'une égalité juridique des deux parties, a-t-il conclu.

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