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AG/SHC/488

LA TROISIEME COMMISSION JUGE URGENT DE REALISER LA PARITE ENTRE LES SEXES DANS TOUTES LES CATEGORIES DE POSTES DU SYSTEME DES NATIONS UNIES

20 octobre 2000


Communiqué de Presse
AG/SHC/488


LA TROISIEME COMMISSION JUGE URGENT DE REALISER LA PARITE ENTRE LES SEXES DANS TOUTES LES CATEGORIES DE POSTES DU SYSTEME DES NATIONS UNIES

20001020

Dans une résolution adoptée sans vote, cet après-midi, sur l’amélioration de la situation des femmes dans les organismes des Nations Unies, la Troisième Commission (affaires sociales, humanitaires et culturelles) a jugé urgent de réaliser la parité entre les sexes dans toutes les catégories de postes du système des Nations Unies. Elle a constaté avec regret que l'objectif de la parité entre les sexes ne serait pas atteint d'ici la fin de l'an 2000.

Concluant le débat sur l'élimination du racisme et de la discrimination raciale, M. Jyoti Shankar Singh, du Haut Commissariat aux droits de l'homme, Coordinateur exécutif pour la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée, a souligné que les objectifs de la future Conférence mondiale ne pourront être atteints que si cet évènement s'inscrit dans une dynamique générale axée vers la création de sociétés pluriethniques et multiraciales. Le Rapporteur spécial de la Commission des droits de l'homme sur les mesures à prendre pour lutter contre les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l'intolérance qui y est associée, M. Maurice Glèlè-Ahanhanzo , s'est réjoui que le débat des derniers jours ait révélé que les gouvernements ont pleinement conscience du problème du racisme et de sa gravité.

"La discrimination raciale est basée sur des idées fausses mais les idées fausses sur la discrimination raciale sont tout aussi nombreuses", a par ailleurs déclaré le représentant de l'Inde au cours du débat. A cet égard, la représentante d'Haïti a préconisé l'éducation des jeunes "afin que nos arrière- petits-fils aux yeux bleus ou aux cheveux crépus se demandent perplexes pourquoi les vies humaines n'ont pas un prix égal sur cette terre, pourquoi certains ont pu se tailler une place au soleil tandis que d'autres malgré leurs appels pathétiques sont retenus en marge de l'histoire".

Rappelant que les trois millions de Turcs qui vivent hors de Turquie connaissent cette amère réalité, le représentant de ce pays a particulièrement condamné la résurgence de la violence raciste due aux actions des organisations d'extrême-droite, néonazies et de skinheads, ainsi que les incitations à la haine raciale et la diffusion d'idées racistes et xénophobes à travers l'Internet. Pour sa part, le représentant de l'Inde a estimé que les incitations à la haine raciale sur l'Internet ne doivent pas faire oublier que les médias internationaux véhiculent quotidiennement des préjugés raciaux en laissant entendre que des

catastrophes se produisent dans le tiers monde parce que les populations y sont "congénitalement incompétentes, corrompues ou violentes". Le représentant a souligné que ce traitement de l'information a des effets insidieux sur l'évolution générale des mentalités mais aussi sur la formulation des politiques gouvernementales, comme en témoigne le décalage entre les réponses, abondantes, aux appels consolidés présentés pour venir en aide aux pays d'Europe centrale et orientale et les réponses, insuffisantes, aux appels consolidés concernant l'Afrique.

D'autre part, un projet de résolution sur les petites filles a été présenté par la représentante de la Namibie au nom des coauteurs.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Koweït; Chili; Inde; Brésil; Turquie; Mexique; Haïti; Iraq; Erythrée et Jamahiriya arabe libyenne. L'Observatrice de la Palestine, et les représentants de l'Ethiopie et de l'Erythrée ont exercé leur droit de réponse.

La Commission entamera ses travaux sur les questions relatives aux droits de l'homme, lundi 23 octobre 2000, à 15 heures.

PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L'ENFANT

Présentation d'un projet de résolution

Par un projet de résolution sur les petites filles (A/C.3/55/L.17), présenté par la représentante de la Namibie, au nom des coauteurs, l’Assemblée générale prierait instamment tous les gouvernements et le système des Nations Unies d’intensifier leurs efforts bilatéralement et conjointement avec les organisations internationales et les donateurs du secteur privé en vue d’éliminer les disparités entre les sexes notamment dans le domaine de l’éducation et conformément aux objectifs du Forum mondial sur l’éducation, et de prendre des mesures pour réaliser les objectifs stipulés dans le Programme d’action de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes ainsi que le Programme d’action de Beijing, et de renforcer les mécanismes nationaux nécessaires pour appliquer des politiques et programmes en faveur des fillettes.

L’Assemblée générale prierait également les États de promulguer et faire appliquer strictement une législation garantissant que le mariage ne peut être contracté qu’avec le consentement libre et entier des futurs conjoints ainsi que des textes législatifs fixant l’âge minimum légal du consentement au mariage et l’âge minimum du mariage et, le cas échéant, de relever celui-ci. Elle prierait de même instamment tous les Etats de promulguer et faire appliquer des lois protégeant les filles de toutes les formes de violence et à prendre des mesures spéciales pour protéger les filles affectées par la guerre, en particulier pour les protéger des maladies transmissibles sexuellement telles que la contamination par le VIH/sida et de la violence sexiste.

PROMOTION DE LA FEMME

Adoption d'un projet de résolution

Par un projet de résolution sur l’amélioration de la situation des femmes dans les organismes des Nations Unies (A/C.3/55/L.14), adopté sans vote, tel qu'amendé oralement par la représentante du Canada, au nom des coauteurs, l’Assemblée générale réaffirmerait qu’il est urgent de réaliser la parité entre les sexes dans toutes les catégories de postes du Système des Nations Unies, tout en respectant pleinement le principe d’une répartition géographique équitable. Elle constaterait avec regret que l'objectif de la parité entre les sexes ne sera pas atteint d'ici la fin de l'an 2000, et demanderait instamment au Secrétaire général d'intensifier ses efforts pour que des progrès soient faits sur cette voie dans l'avenir proche.

L’Assemblée prierait notamment le Secrétaire général d’identifier des candidates possédant les qualifications requises, en particulier dans les pays en développement, les pays en transition et les pays sous-représentés dans le secrétariat. Elle le prierait également d’étoffer encore les dispositions visant à lutter contre le harcèlement, y compris le harcèlement sexuel. Elle engagerait vivement le Secrétaire général à confier à davantage de femmes des fonctions de représentant spécial ou d’envoyé spécial ou des missions de bons offices. Elle engagerait vivement les Etats Membres à soutenir les efforts que font l’Organisation des Nations Unies et les institutions spécialisées pour atteindre l’objectif de la parité entre les sexes.

ELIMINATION DU RACISME ET DE LA DISCRIMINATION RACIALE

DROIT DES PEUPLES A L'AUTODETERMINATION

Fin du débat

M. ABDULLAH AL-SHAHEEN (Koweït) a expliqué que le Koweït a adopté un grand nombre de mesures juridiques et pratiques afin d'intensifier la lutte contre le racisme et la discrimination raciale. Certaines des mesures ont notamment eu pour objet d'élargir le corps électoral en accordant un droit de vote à tous ceux qui ont obtenu la nationalité koweïtienne. Le représentant a salué les actions menées par les organes susceptibles d'améliorer le développement économique et social qui est un puissant moyen d’intégration. Il a ensuite indiqué que le Koweït a ratifié de nombreux instruments internationaux relatifs, entre autres, à l'interdiction de l'esclavage, l'élimination de la discrimination raciale, l'interdiction de l'apartheid, du crime de génocide et à la non-prescription des crimes de guerre. Le Koweït a également ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Convention internationale contre la torture et les autres formes de traitements violents et inhumains, ainsi que la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Tous ces instruments ont été incorporés dans le système législatif koweïtien, au même niveau que les lois qui étaient déjà en vigueur.

Etant donné le lien qui existe entre la promotion des droits de l'homme et l'amélioration de la situation économique et sociale dans le monde, le Koweït a fait de ces principes la base fondamentale de sa politique extérieure. Le représentant a indiqué que le Koweït encourage la coopération à tous les niveaux à œuvrer pour le développement économique. Dans ce contexte, il a signalé l’action particulièrement importante du Fonds pour le développement économique arabe. Le représentant a réaffirmé la conviction du Koweït que le racisme constitue une violation flagrante des droits de l'homme et des normes internationales en vigueur.

M. GERARDO ATEAGA (Chili) a déclaré que dans le contexte des conflits ethniques et de la violence généralisée de ces dernières années, les minorités raciales, les migrants et les populations autochtones ont souvent été les premières cibles du racisme, de la discrimination raciale et de la xénophobie. Le représentant a affirmé que, la communauté internationale confrontée à ces phénomènes doit adopter des mesures adéquates pour empêcher que la haine raciale ne débouche sur des conflits violents.

M. Ateaga a indiqué que la conjonction des technologies de l’information, de l’Internet et du commerce électronique pourrait avoir le même type d’impact que la révolution industrielle. Le défi, a-t-il dit, est de pouvoir profiter de toutes les opportunités offertes par la mondialisation tout en corrigeant ses retombées négatives. Le représentant, abordant les préparatifs de la Conférence mondiale sur le racisme, et plus particulièrement les conférences régionales préparatoires, a indiqué que son pays a été désigné pour accueillir celle des Amériques, à Santiago du Chili en décembre prochain. Cette rencontre sera précédée par un Forum des citoyens, initiative appuyée par le Gouvernement du Chili, qui accorde une attention particulière à la participation de la société civile.

M. SWADES CHAKRABORTI (Inde) a déclaré que la discrimination raciale est basée sur des idées fausses mais que les idées fausses sur la discrimination raciale sont presqu'aussi nombreuses. L'un de ces malentendus les plus gênants est que le racisme est devenu un problème marginal car il ne constitue plus l'idéologie d'un Etat, comme cela avait été le cas pour le nazisme et pour l'apartheid. La mondialisation a fait du racisme et de la discrimination raciale un problème extrêmement vivant et grave, et la communauté internationale doit s'y attaquer, a souligné le représentant.

Dans de nombreux pays qui accueillent d'importantes populations immigrées, le racisme est une réalité quotidienne pour ceux qui sont d'une race ou d'une culture différente de celle des locaux. Le chômage est devenu un grave problème pour les économies développées et exacerbe le racisme. Les populations natives, endoctrinées culturellement quasiment à leur insu, pour les amener à penser qu'elles sont racialement supérieures peuvent être sans emploi alors que ceux qu'elles estiment inférieurs, eux travaillent. La rivalité économique et les préjugés raciaux s'alimentent mutuellement. Ainsi que cela s'était produit en Europe dans les années 30, des hommes politiques pensent pouvoir mettre à profit ce sentiment d’insécurité en l’attisant. A ce propos, le représentant a estimé que les politiques d'immigration de la majorité des pays développés sont conçues pour tenir à distance ou pour réguler l'entrée des personnes d'une race ou d'un contexte culturel différent. Les visas accordés le sont pour des travaux dont les "natifs" ne veulent pas. En même temps, parce qu'il est ce qu'il est et parce qu'il est employé, le travailleur migrant inspire du ressentiment.

En ce qui concerne les incitations à la haine raciale sur Internet, le représentant a estimé qu'elles représentent certes un problème mais que les préjugés raciaux explicites exprimés dans les médias internationaux classiques, qui sont si instinctifs qu'on ne les remarque même pas, posent également problème. Le représentant a regretté que, sans exception, le tiers monde n'apparaisse dans les nouvelles que lorsque les choses vont très mal et que l'approche des médias soit que les catastrophes se produisent parce que les populations sont congénitalement incompétentes, corrompues ou violentes. En somme, le tiers monde a des problèmes parce que ses populations sont inférieures. Etant donné l'influence mondiale des médias occidentaux, ce traitement de l'information a des effets insidieux sur l'évolution des attitudes de la population générale mais aussi sur la formulation des politiques gouvernementales. Le représentant a notamment donné pour exemple des effets de cette attitude le décalage entre les réponses, abondantes, aux appels consolidés présentés pour venir en aide aux pays d'Europe centrale et du Sud et les réponses, insuffisantes, aux appels consolidés concernant l'Afrique.

MME MARIA LUIZA VIOTTI (Brésil)a déclaré que son pays, fier de son multiculturalisme et de sa diversité ethnique, et conscient du brassage harmonieux des races, des cultures et des religions tout au long de son histoire, a naturellement parrainé avec enthousiasme la résolution décidant de la convocation de la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée. Elle a salué la décision d’organiser cette manifestation en terre africaine, l’Afrique étant le continent qui a le plus souffert du colonialisme. Mme Viotti a par ailleurs estimé que les idées racistes ou xénophobes ne peuvent pas être tolérées sous le voile de la démocratie.

La représentante a indiqué que dans son pays, la lutte contre le racisme et la discrimination raciale a été renforcée par une approche transparente et consultative, et par l’implication d’un nombre considérable de groupes de la société civile et un partenariat entre ces organisations et les institutions gouvernementales. Mme Viotti a ajouté que sa délégation salue les importantes initiatives dans le domaine de la lutte contre le racisme et espère que l’effort collectif de la communauté internationale aboutira à des réalisations concrètes en vue d’un monde libéré de ces fléaux.

M. HAKAN TEKIN (Turquie) a déclaré que le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée sont les pires maux dont souffrent les sociétés modernes. Malheureusement, ces maux se renforcent dans leurs formes contemporaines et subtiles et menacent gravement la paix sociale et l'harmonie de nombreux pays. Le représentant a particulièrement condamné la résurgence de la violence raciste due aux actions des organisations d'extrême-droite, néonazies et de skinheads, ainsi que les incitations à la haine raciale et la diffusion d'idées racistes et xénophobes à travers l'Internet. Il a rappelé que trois millions de Turcs vivent hors de Turquie et connaissent donc cette amère réalité.

Adopter des lois contre le racisme et la discrimination raciale ne suffira pas automatiquement à éradiquer les motifs profonds de l'exclusion, a poursuivi le représentant. Il a appelé les gouvernements nationaux, la communauté internationale et la société civile à lutter vigoureusement contre ces maux. Le représentant a également déclaré qu'il incombe aux gouvernements de concentrer leurs politiques d'asile et d'immigration et de les restructurer afin qu'elles tiennent compte de l'existence du multiculturalisme.

MME MARIA ANTONIETA MONROY (Mexique) a déclaré qu’il est particulièrement préoccupant pour la délégation mexicaine de constater que de nouvelles technologies de communications comme Internet servent à promouvoir la haine et la xénophobie. Le Mexique s’est félicité de l’accord intervenu lors de la première session du Comité préparatoire sur les cinq thèmes principaux qui seront abordés par la Conférence et qui serviront de base à la déclaration finale.

Mme Monroy a souhaité que la Conférence mondiale tienne compte de la nécessité de protéger les traditions et les coutumes des populations autochtones et garantisse l’accès de celles-ci à la justice. Elle a souligné la nécessité de protéger les droits humains des migrants et de leurs familles sur la scène internationale. La représentante a expliqué que ceux-ci font l’objet de xénophobie mais que l’on ne tient pas toujours compte de leur apport dans les sociétés d’accueil. Mme Monroy a dénoncé la double discrimination dont la femme continue de faire l’objet. Elle a également rappelé qu’il est important d’accorder une attention particulière aux groupes vulnérables, notamment les enfants, les handicapés, les personnes du troisième âge et les personnes infectées par le VIH/sida.

MME NICOLE ROMULUS (Haïti) a déclaré que la lutte contre la discrimination basée sur la race et la couleur de la peau se trouve en filigrane dans les textes de lois et nombre de constitutions d'Haïti. La question de la discrimination raciale, a-t-elle ajouté, n'est pas proprement parler de mise en Haïti. Elle a aussi signalé le libéralisme du pays envers les étrangers, quelle que soit leur race.

Haïti, tout au cours de son histoire, a toujours combattu pour l'égalité des races humaines et il serait superflu de rappeler sa généreuse participation aux luttes héroïques des peuples asservis en vue de leur libération.

La représentante a préconisé l'éducation des jeunes, si, a-t-elle averti, nous ne voulons pas que le chroniqueur de demain, nos arrière-petits-fils aux yeux bleus ou aux cheveux crépus se demandent perplexes pourquoi les vies humaines n'ont pas un prix égal sur cette terre, pourquoi certains ont pu se tailler une place au soleil tandis que d'autres malgré leurs appels pathétiques sont retenus en marge de l'histoire.

M. MOHAMMED SALMAN (Iraq) a déclaré qu’en l’absence du droit à l’autodétermination, il est impossible de faire respecter tous les autres droits humains. Le déni de ce droit est une violation des droits de l’homme, a-t-il ajouté. M. Salman a affirmé que les Etats-Unis d’Amérique et le Royaume-Uni continuent de s’ingérer dans les affaires intérieures de l’Iraq par des actes hostiles contraires à la Charte des Nations Unies. Le représentant a noté que le Gouvernement français a cessé de participer à ces activités illégales. M. Salman a ajouté que les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont utilisé des milliers de missiles guidés au laser qui ont fait de nombreux morts et blessés et détruit d’innombrables infrastructures civiles.

M. Salman a expliqué que les régimes saoudien et koweïtien se sont érigés en complices, car ces pays ont ouvert leurs bases aux avions qui attaquent l’Iraq. Le représentant a affirmé que le régime américain veut remplacer le Gouvernement légitime de l’Iraq par une équipe fantôche qui servirait les intérêts des Etats- Unis. Il a indiqué que cette agression constitue une violation grave de l’autodétermination et de la souveraineté de l’Iraq. Il a espéré que son pays bénéficie de l’appui de toutes les forces positives du monde. M. Salman a demandé que l’Iraq soit indemnisé moralement et matériellement, conformément aux dispositions de la Charte des Nations Unies.

M. AMARE TEKLE (Erythrée) a notamment déclaré que l'une des plus graves formes de racisme qui prospère malheureusement dans de nombreuses parties du monde, y compris la Corne de l'Afrique, est la doctrine et la pratique de l'unicité, au mépris des instruments internationaux des droits de l'homme et des principes prônés par les Nations Unies, et particulièrement de ceux sur l'élimination du racisme et de la discrimination raciale. Dans ce contexte, la délégation érythréenne est contrainte de soulever le problème de l'institutionnalisation de l'unicité menée au nom du fédéralisme et des politiques économiques et sociales qui légalisent et même sanctifient la discrimination sociale, politique et économique, les violations massives des droits de l'homme, l'utilisation délibérée des médias pour inciter à la haine ainsi que la perpétration de violences contre les groupes nationaux et ethniques en Ethiopie ainsi que dans les pays voisins.

Aujourd'hui, en Ethiopie, un système d'ethno-apartheid a été inauguré par un régime minoritaire sous le couvert d'un fédéralisme ethnique, ce régime est utilisé avec sauvagerie contre les groupes ethniques restant dans ce malheureux pays afin de promouvoir les intérêts exclusifs et sauvegarder les privilèges d'un groupe ethnique, les Tigréens. En dépit de l'existence d'une constitution qui garantit l'égalité de tous les citoyens et les groupes ethniques en Ethiopie, le régime de la minorité prend constamment des mesures pour promouvoir l'avancement du groupe ethnique des Tigréens au détriment des autres, a déclaré le représentant. Le véritable objectif de cette démarche est d'assurer l'homogénéité ethnique en élargissant le territoire, des Tigréens, aux dépens d'autres groupes ethniques, comme les groupes Amhara, Oromo et Afar dont les territoires ont été en grande partie annexés au nom de la réorganisation ethnique. Le véritable objectif est de balkaniser les autres régions du pays afin d'assurer un contrôle hégémonique de l'Etat et d'établir une relation d'exploitation entre le Tigré et les autres régions. Sa véritable mission est d'envahir les pays voisins et d'annexer des territoires au nom de l'ethnicité.

MME NAJAT AL-HAJJAJI, (Jamahiriya arabe libyenne) a dénoncé le prétexte de l’intervention humanitaire défendu par certains, car, selon elle, les intentions réelles qui ont été par la suite révélées, notamment dans les années 90, ont confirmé que les superpuissances visent simplement à imposer leur domination. Elle a ajouté que certains pays hégémoniques tentent d’utiliser cette stratégie pour initier une balkanisation sociale afin d’aboutir à une balkanisation politique. La représentante a par ailleurs estimé que ces interventions constituent une violation de la Charte des Nations Unies et du droit international.

Mme Al-Hajjaji a indiqué que la Jamahiriya arabe libyenne récuse les récentes interventions justifiées par des prétextes humanitaires, que ce soit prétendument pour protéger les droits de l’homme ou voler au secours de quelque minorité affaiblie, quelle que soit la nature du régime politique ou militaire des États incriminés. Elle a souligné que dans tous les cas, c’est la Charte des Nations Unies et le droit international qui doivent prévaloir, et non la volonté de telle ou telle puissance.

Droits de réponse

L'Observatrice de la Palestine a souhaité répondre à la déclaration faite ce matin par la représentante d’Israël. Elle a rappelé que cette dernière avait affirmé que 99% des Palestiniens relèvent de l’Autorité Palestinienne. L'Observatrice a fermement récusé cette affirmation. Elle a ensuite qualifié de "racistes" et manquant "de sensibilité", les remarques de la représentante d'Israël, s'étonnant de "l'audace" avec laquelle cette dernière a blâmé les Palestiniens pour le meurtre de leurs enfants. La représentante a expliqué qu’il n’était pas dans l’intention du père du petit Mohammed al-Durra qui était âgé de 12 ans, de mettre la vie de son fils en danger, à des fins politiques, lui qui a supplié en vain l’armée israélienne qui a finit par abattre l’enfant dans ses bras.

La représentante de l’Ethiopie a rappelé que hier, sa délégation avait révélé à la Commission les atrocités perpétrées par l’Erythrée, pays qui veut couvrir ses crimes et induire les autres délégations en erreur.

Le représentant de l'Erythrée a cité en appui de ses propos précédents, un certain nombre d'articles universitaires écrits par un professeur allemand et deux professeurs éthiopiens.

Remarques de clôture

Concluant le débat, M. Jyoti Shankar Singh, du Haut Commissariat aux droits de l'homme, Coordinateur exécutif pour la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée, a salué le fait que de nombreuses délégations ont reflété la prise de conscience autour des thèmes relatifs au racisme, qui seront examinés par la Conférence mondiale. Il a indiqué que le Haut Commissariat aux droits de l'homme va à se concentrer sur quatre grands objectifs, à savoir généraliser la prise de conscience générale autour de la Conférence mondiale et des problèmes qu'elle abordera, rassembler des informations sur les meilleures pratiques dans le domaine de la lutte contre le racisme et les mettre à la disposition des pays; examiner les problèmes auxquels nous continuons d'être confrontés, non pas dans un climat d'accusation mais grâce aux négociations officieuses. En outre, le Haut Commissariat va s'efforcer de souligner que les objectifs de la future Conférence mondiale ne pourront être atteints que si cet événement est placé dans le cadre d'une dynamique générale soutenue par tous les acteurs pour la création de sociétés pluriethniques et multiraciales.

Prennant à son tour la parole, le Rapporteur spécial de la Commission des droits de l'homme sur les mesures à prendre pour lutter contre les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et de l'intolérance qui y est associée, M. MAURICE GLELE AHANHANZO, s'est dit heureux de constater que "nous regardons dans la même direction". Il a estimé que les travaux de la Troisième Commission ont révélé l'existence d'une conscience mondiale du problème de racisme et du fait que ce problème est grave. Qui plus est, les délégations ont révélé leur lucidité quant aux formes très subtiles que prend aujourd'hui le racisme dans la vie quotidienne des uns et des autres. Rappelant que le débat sur le racisme attirait beaucoup moins d'attention il y a quelques années, le Rapporteur spécial s'est dit heureux que le monde entier se mobilise aujourd'hui dans la lutte contre le racisme et la discrimination raciale et particulièrement à travers le processus de préparation de la prochaine Conférence mondiale sur la question. Le Rapporteur spécial a invité les organisations non gouvernementales et les gouvernements à poursuivre leur réflexion sur ce thème pour continer d'aller de l'avant et enrayer le phénomène du racisme. Tous ces efforts seront couronnés par la Conférence mondiale contre le racisme, a-t-il estimé.

Documentation

La documentation sur ces questions a été présentée dans notre communiqué AG/SHC/484 du 18 octobre. La Commission est également saisie du rapport du Comité pour l'élimination de la discrimination raciale (A/55/18) qui couvre les travaux des deux dernières sessions de cet organe. Elle est aussi saisie du texte de la Déclaration ministérielle adoptée à l'occasion de la vingt-quatrième Réunion annuelle des ministres des affaires étrangères du Groupe des 77, qui s'est tenue au Siège de l'ONU, le 15 septembre 2000 (A/55/459).

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.