En cours au Siège de l'ONU

AG/SHC/487

LES DELEGATIONS SOULIGNENT LA NECESSITE DE LUTTER CONTRE LES ACTIVITES DES ORGANISATIONS EXTREMISTES

20 octobre 2000


Communiqué de Presse
AG/SHC/487


LES DELEGATIONS SOULIGNENT LA NECESSITE DE LUTTER CONTRE LES ACTIVITES DES ORGANISATIONS EXTREMISTES

20001020

Dans le cadre du débat de la Troisième Commission ce matin sur l’élimination du racisme et de la discrimination raciale et sur le droit des peuples à l’autodétermination les délégations ont d’une manière générale, insisté de nouveau ce matin sur la nécessité d’une régulation pour mettre fin à la propagande raciste sur l’Internet. Plusieurs d’entre elles ont toutefois souligné que l’Internet pouvait aussi être utilisé dans la lutte contre le racisme. Ainsi, la représentante d’Israël qui a regretté que les leçons de l’Holocauste, qui a été l’une des formes les plus horribles de la haine, n’aient pas encore été tirées, a souhaité que les nouveaux outils de communication, y compris Internet, contribuent à la lutte contre la discrimination raciale, le racisme, le fascisme et l’antisémitisme. Elle a ensuite déclaré que l’Etat d’Israël ne souhaite rien d’autre que de pouvoir arriver à une paix équitable avec ses voisins. De son côté, le représentant de l’Afrique du Sud au nom des pays de la SADC a affirmé que la lutte contre le racisme et la discrimination raciale doit inclure la redistribution du pouvoir économique, politique et culturel.

Le droit des peuples à disposer de leurs richesses naturelles a été aussi évoqué comme une composante du droit à l’autodétermination. En aucun cas, un peuple ne peut être privé de ses moyens de subsistance, a déclaré le représentant de la France.

Les droits à l’autodétermination du peuple palestinien a de nouveau occupé une grande place dans le débat. L’observatrice de la Palestine a regretté qu'à l'âge de la décolonisation, le peuple palestinien soit encore assujetti à la pire occupation coloniale de l'histoire moderne.

Pour sa part, le représentant de l’Iraq a estimé que l'expérience de l'autonomie menée au nord de son pays est pionnière en comparaison avec le statut des minorités dans les pays voisins. Pour le représentant du Pakistan, lorsque leur droit à l'autodétermination est nié pendant des années, les peuples vivant sous occupation étrangère et coloniale se voient obligés de lutter pour leur liberté. C'est précisément ce qui se passe depuis plus de dix ans au Jammu-et- Cachemire occupé, a-t-il dit.

La représentante de Cuba a déclaré que son pays continue à réclamer la restitution du territoire qui est usurpé de manière illégale, contre la volonté de son peuple, la Base navale des Etats-Unis de Guantanamo, ce qui, a-t-il dit, constitue une violation flagrante du droit du peuple cubain à l'autodétermination.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Suisse; Afrique du Sud au nom de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC); Emirats arabes unis; Israël; Nouvelle-Zélande; Islande; Cuba; Venezuela; Pakistan; Angola; Congo; Bélarus; Bangladesh; Iraq; Tunisie; France, au nom de l'Union européenne. L'Observatrice de la Palestine a fait une déclaration. Les représentants de la Communauté européenne (IGO) et du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) sont également intervenus.

La Troisième Commission poursuivra son débat cet après-midi à 15 heures.

ELIMINATION DU RACISME ET DE LA DISCRIMINATION RACIALE

DROIT DES PEUPLES A L’AUTODETERMINATION

Suite de débat

M. MIRKO GIULIETTI (Suisse) a souligné l’importante contribution de l’Internet dans la lutte contre le racisme, notamment en raison de l’ampleur de sa portée et de la vitesse des communications. Toutefois, la Suisse insiste également sur la nécessité d’apporter rapidement une réponse coordonnée sur le plan international à la diffusion de propos racistes sur l’Internet. Il est important d’inclure la lutte contre le racisme dans tous les travaux destinés à supprimer les sites à contenus illégaux sur l’Internet. Il faut absolument établir une distinction entre les fonctions des fournisseurs d’accès et des fournisseurs de services et leurs responsabilités respectives et mettre au point des codes de conduite.

L’observateur a expliqué qu’en Suisse, les actes racistes sont des délits poursuivis d’office et non poursuivis sur plainte et a encouragé les autres pays à suivre cette voie. La Suisse souhaite souligner la contribution essentielle des organes spécialisés contre le racisme, que ce soit à l’échelon national ou dans le cadre de la coordination internationale. Ces organes sont des observatoires en mesure notamment de formuler des avis et prodiguer des conseils aux pouvoirs publics. La Suisse soutient la création de tels organes spécialisés indépendants ou, lorsqu’ils existent déjà, elle propose d’en étudier et d’en renforcer l’efficacité. Au niveau régional ou local, les services et antennes de consultation œuvrent en tenant compte du point de vue de la victime. La Suisse soutient non seulement la création d’institutions de l’Etat gratuites et faciles d’accès pour le plaignant mais aussi des initiatives privées. Ces services de consultation servent, à long terme, à mettre en place des structures de dialogue formel et informel entre les forces de l’ordre, l’organe spécialisé au plan national et les groupes minoritaires et vulnérables. La Suisse souhaite encourager tous les pays à approfondir la question des relations avec les minorités nationales ou ethniques, linguistiques et religieuses, en vue d’établir des mécanismes de dialogue permanents, capables de fournir des solutions à des problèmes concrets.

M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) s’exprimant au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a affirmé que l’apartheid, crime contre l’humanité, avait eu des conséquences destructrices sur l’économie de la sous-région. Les pays de la SADC estiment que la lutte contre le racisme et la discrimination raciale ne peut être gagnée par des textes juridiques seulement. Elle doit inclure la redistribution du pouvoir économique, politique et culturel. Cette lutte, a-t-il ajouté, demeure un défi pour la sous-région. La SADC est honorée que la communauté internationale, dont il a demandé l’appui, ait trouvé que le pays de Nelson Mandela soit le lieu idéal pour accueillir la Conférence mondiale contre le racisme, a dit M. Kumalo. Il a invité les Etats Membres à aider le pays hôte à faire face au coût de cette importante manifestation.

Réaffirmant que le droit à l’autodétermination est un droit de l’homme fondamental, le représentant a soutenu le droit du peuple palestinien à l’autodétermination et regretté les actes récents de violence dans Jérusalem-Est occupée provoqués par le dirigeant du Likoud. M. Kumalo a demandé au Gouvernement israélien de faire preuve de modération et d’éviter de faire usage d’une force injustifiée. M. Kumalo, estimant que le Sommet de Charm-el-Cheikh n’a été qu’un pas dans la bonne direction, s’est félicité de l’accord relatif au retrait des troupes israéliennes, à la levée du blocus des territoires palestiniens et à la réouverture de l’aéroport international de Gaza.

M. HAZZA MOHAMMAD FALAH AL-QAHTANI (Emirats arabes unis) a souligné que la responsabilité de la lutte contre le racisme et la discrimination raciale incombe à la fois aux gouvernements et aux peuples par le biais de mesures pénalisant les actes racistes et par une information et une éducation qui apprennent aux peuples à respecter les autres cultures et religions. Le représentant a regretté que les médias ou les films présentent souvent l'image des peuples, leurs croyances religieuses et leur patrimoine de manière déformée.

Le représentant a ensuite souligné la responsabilité du Gouvernement israélien dans la pratique de la discrimination raciale, pratique qui prend un aspect systématique et soutenu dans tous les organes gouvernementaux et frappe le peuple arabe de Palestine. Il a déclaré que les assassins ne sont pas punis, qu'ils soient des soldats ou des civils. Le représentant a estimé que les Israéliens font appel à la pitié du monde mais commettent des crimes terribles tels que le meurtre du petit garçon, dans une scène que les caméras ont capturée récemment. La situation montrée dans ces images n'est pas nouvelle mais se poursuit depuis des décennies, a déclaré le représentant. La volonté de Dieu a voulu que l'assassinat de l'enfant devant les caméras ait mis cette pratique en lumière", a-t-il ajouté.

Le représentant a estimé que les événements qui se déroulent en Palestine occupée n’ont pas de place dans un siècle décrit comme celui de la civilisation et du dialogue entre les peuples, ils sont également contraires aux lois internationales et aux conclusions du Sommet du millénaire. Il a ensuite déclaré que les Emirats arabes unis partagent les souffrances du peuple palestinien qui s'expriment dans les cortèges de funérailles, scènes qui sont devenues leur lot quotidien en raison de la haine et du racisme israélien. Le représentant a engagé la communauté internationale à intervenir pour faire cesser le génocide perpétré par les Israéliens. Il s'est prononcé pour la création d'un Etat palestinien indépendant avec pour capitale Al Qods Al Charif.

MME SIMONA FRANKEL (Israël) a regretté que les leçons de l’Holocauste, qui a été l’une des formes les plus horribles de la haine, n’aient pas encore été tirées. Evoquant le développement des transports, des technologies de pointe et des moyens de communication au cours du XXe siècle, Mme Frankel a affirmé que contrairement au siècle précédent, l’humanité pourrait faire un bon usage de ces progrès et prévenir la répétition des horreurs de la Deuxième guerre mondiale. Elle a souhaité que les nouveaux outils de communication soient utilisés pour prévenir les incidents et les actes de violence racistes et à des fins de conscientisation et l’éducation en vue de faciliter la compréhension mutuelle et la tolérance, tout en combattant la haine et l’hostilité qui découlent de l’ignorance. Ces nouveaux outils, y compris Internet, peuvent nous permettre d'éduquer les jeunes et de les amener à respecter les différentes cultures.

Ces outils pourraient ainsi contribuer à la lutte contre la discrimination raciale, le racisme, le fascisme et l’antisémitisme, a-t-elle estimé.

Mme Frankel a ensuite déclaré qu'elle tenait à répondre à la déclaration qui avait été faite par l'Observateur de la Palestine sur la question de la promotion et de la protection de droits des enfants, affirmant qu’elle se limitera aux faits. Elle a souligné que 99% de Palestiniens vivant dans les territoires sont sous la responsabilité de l’Autorité palestinienne et que toute plainte concernant leurs droits et toute critique quant à leurs bien-être, qu'elle s'applique aux adultes ou aux enfants, doit être adressée à cet organe. Elle a ajouté que ceux qui décident d’envoyer leurs enfants participer à des actes de violence et d’agression doivent porter la pleine responsabilité des conséquences de cette exploitation abusive des enfants. Elle a ajouté que l’Etat d’Israël ne souhaite rien d’autre que de pouvoir arriver à une paix équitable avec ses voisins et que ce désir est reflété dans la déclaration publiée à l'issue du Sommet de Charm-el- Cheikh.

M. MICHAEL POWLES (Nouvelle-Zélande) a déclaré que les thèmes prioritaires que la Conférence mondiale contre le racisme examinera devraient comprendre les droits de l'homme, l'éducation, le partage des informations et les expériences réussies dans le domaine de la lutte contre le racisme, ainsi que la situation des populations autochtones, des minorités, des femmes et des enfants. Le représentant a ajouté que la Nouvelle-Zélande souhaite que l'on reconnaisse le rôle de la société civile ainsi que celui des acteurs étatiques car seuls le partenariat et une approche inclusive peuvent contrer efficacement le fléau du racisme et de la discrimination raciale. Dans le cadre de la préparation de la Conférence mondiale, la Nouvelle-Zélande fera donc largement appel à la participation des organisations non gouvernementales. La Conférence elle-même devra être aussi interactive et inclusive que possible, et faire participer un éventail d'acteurs venant de tous les pays et de toutes les régions afin de garantir un véritable échange d'idées et de perspectives.

Le représentant a souligné que, dans ce contexte, son gouvernement constate avec déception et préoccupation l'exclusion de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie de la réunion régionale préparatoire à la Conférence des pays de la région Asie-Pacifique, qui doit se tenir à Téhéran en 2001. En vertu du principe d'inclusion précédemment cité, la Nouvelle-Zélande est profondément convaincue que tous les Etats Membres des Nations Unies devraient avoir la possibilité de participer pleinement au processus préparatoire régional. La Nouvelle-Zélande ne comprendrait tout simplement pas son exclusion de ce processus, a-t-il souligné.

M. THORSTEINN INGOLFSSON (Islande) a encouragé tous les Etats à prendre les mesures nécessaires en vue de l’élimination de toutes formes de racisme et de discrimination raciale, y compris la propagande raciste diffusée sur Internet. Il a au contraire soutenu l’usage d’Internet pour promouvoir la tolérance et le respect des droits de l’homme. M. Ingolfsson a dénoncé la recrudescence du racisme et des idées xénophobes dans certains milieux politiques, phénomène de plus en plus inquiétant. Il a également déploré la recrudescence en Europe des incidents racistes, ainsi que la montée de la xénophobie, de l’antisémistime, et d’autres formes d’intolérance en Europe, instamment à l'égard de l'Islam. Le représentant a placé de grands espoirs dans la Conférence mondiale contre le racisme prévue l’année prochaine en Afrique du Sud.

Evoquant la situation dans son pays, M. Ingolfsson a attiré l'attention sur le rôle central que joue la Croix-Rouge islandaise, notamment en faveur des régugiés. Il a précisé que 4% seulement de la population de son pays est constituée d’étrangers. Le représentant a expliqué que la politique de son pays à l’égard des réfugiés en matière d’intégration est couronnée de succès.

MME MERCEDES DE ARMAS GARCIA (Cuba) a déclaré que le droit de tout Etat au plein exercice de sa souveraineté nationale et de tout peuple à l'autodétermination, sans ingérence ni intervention étrangère, sont les principes fondamentaux qui ont donné naissance à l'ordre juridique qui s'est mis en place dans l'après-guerre et à l'Organisation des Nations Unies. L'évolution historique de ce droit a été clairement soutenue au cours de la lutte des peuples sous domination coloniale et étrangère. L'exercice du droit de tous les peuples à l'autodétermination est une condition préalable à la réalisation de tous les droits humains. Dans ce sens, et étant donné la conjoncture actuelle, Cuba réaffirme sa solidarité inébranlable avec le peuple palestinien dans sa lutte pour l'établissement d'un Etat indépendant et souverain dont la capitale serait Jérusalem et pour la restitution de tous les territoires arabes occupés. Une action résolue de notre part est nécessaire pour garantir au peuple palestinien et à tous les peuples du monde l'exercice de leur droit à l'autodétermination.

Cuba continue à réclamer la restitution du territoire qui est usurpé de manière illégale, contre la volonté de son peuple, la Base navale des Etats-Unis de Guantanamo, ce qui, a dit la représentante, porte gravement atteinte à l'indépendance de notre patrie et constitue une violation flagrante du droit du peuple cubain à l'autodétermination. En outre, Cuba dénonce l'impunité dont jouissent les mercenaires payés par des groupes terroristes qui opèrent dans différentes parties du monde, contre des gouvernements légitimement constitués. Cuba se réserve le droit d'agir avec justesse pour mettre fin à de tels actes et protéger ses citoyens, son ordre intérieur, sa souveraineté et son indépendance, dans la plus grande transparence face aux preuves de culpabilité. Victime depuis presque 40 ans des activités de mercenaires promues et financées à partir du territoire des Etats-Unis, Cuba rejette énergiquement la continuation de telles pratiques qui violent les principes essentiels du droit international et de la Charte des Nations Unies. La représentante a souligné le soutien de son Gouvernement au Rapporteur spécial de la Commission des droits de l'homme sur l'utilisation des mercenaires, M. Ernesto Ballesteros.

MME SAYED DURAN (Venezuela) a déclaré que les efforts des Nations Unies dans la lutte contre le racisme et la discrimination raciale ont sans nul doute porté des fruits. Elle a cependant souligné la nécessité d’un plus grand engagement de toute la communauté internationale en vue de combattre les formes nouvelles et plus subtiles de ce fléau à travers le monde. Mme Duran a indiqué que la constitution du Venezuela garantit les droits humains de tous les citoyens. Le peuple vénézuélien, a-t-elle dit, est uni dans le respect des principes d’égalité et dans le rejet de la discrimination. Elle a ajouté qu’au Venezuela, la promotion d’une plus grande participation populaire à la démocratie a assuré la protection des valeurs de la liberté et de l’état de droit.

La représentante a indiqué que des institutions nationales ont été crées afin de promouvoir et de protéger les droits de l’homme. Ces institutions ciblent surtout les groupes les plus vulnérables de la société. Une nouvelle dimension a été ajoutée, celle de la promotion du respect de la diversité culturelle.

Mme Duran a estimé qu’il appartient à la communauté internationale de jouer son rôle en vue de la création d’un climat propice à la tolérance. Elle a dit qu’il s’agit-là de l’une des attentes de son pays à l’égard de la Conférence mondiale contre le racisme. Elle a exhorté les gouvernements qui le pouvaient à contribuer au Fonds de contributions volontaires à la conférence afin que les pays les moins avancés puissent y participer. Finalement, elle a indiqué que le Venezuela reconnaît le droit de tous les peuples à l’autodétermination et elle a souligné que tous les pays ont le devoir de respecter ce droit.

M. MUHAMMED ENAYT MOWLA (Pakistan) a déclaré que la validité universelle du droit des peuples à l'autodétermination est amplement reflétée par le fait que le nombre d'Etats Membres des Nations Unies est trois fois plus important qu'il y a 55 ans. En fonction de ce principe immuable, plus des trois quarts des peuples du monde ont accédé à la liberté après la Deuxième guerre mondiale. Les pays représentés ici ont tous, à un moment ou un autre dans leur histoire, choisi leur propre destinée en s'appuyant sur le principe de l'autodétermination, a ajouté le représentant.

M. Mowla a ensuite affirmé que, lorsque leur droit à l'autodétermination est nié pendant des années, les peuples vivant sous occupation étrangère et coloniale se voient obligés de lutter pour leur liberté. C'est précisément ce qui se passe depuis plus de dix ans au Jammu-et-Cachemire occupé, a-t-il dit. Le représentant a jugé ironique que la première décision prise par l'Inde après son accession à l'indépendance ait été d'occuper militairement le Jammu-et-Cachemire, sans tenir aucunement compte des aspirations du peuple de cet Etat. Le représentant a rappelé que le Conseil de sécurité a estimé dans ses résolutions successives que l'avenir de l'Etat du Jammu-et-Cachemire doit être décidé par la méthode démocratique d'un plébiscite libre et impartial conduit sous les auspices des Nations Unies.

Aujourd'hui, le Cachemire est occupé par plus de 700 000 troupes militaires et paramilitaires indiennes. Les forces d'occupation ont lancé une campagne de terreur et de répression continuelle afin d'étrangler la vaillante résistance cachemirienne contre l'occupation illégale indienne de cet Etat. La souffrance de ces populations est un exemple de la manière dont un Etat peut utiliser les instruments dont il dispose pour terroriser des peuples dominés, a déclaré le représentant. Pour parler franchement, c'est là purement et simplement du terrorisme d'Etat, a-t-il ajouté. Le représentant a ensuite déclaré que la question du Cachemire est l'une des questions les plus anciennes à l'ordre du jour du Conseil de sécurité. Il a estimé qu'il est impératif qu'à l'aube du nouveau millénaire, les Nations Unies adoptent un rôle plus actif pour trouver une solution juste et durable à cette question en conformité avec les souhaits du peuple du Cachemire.

M. ANTONIO LEAL CORDEIRO (Angola) a déclaré que le peuple angolais est particulièrement sensible au racisme car son pays a souffert de la discrimination notamment, pendant les cinq siècles de colonisation. Il a expliqué que de nombreux Angolais se sont exilés à cause du conflit qui a sévi dans son pays. M. Cordeiro a indiqué que son pays a eu connaissance de nombreuses plaintes concernant des actes de discrimination perpétrés contre des Angolais vivant à l’étranger. Il a estimé que beaucoup reste à faire à travers le monde pour mieux protéger les droits humains des groupes les plus visés par la discrimination raciale et la xénophobie.

Après avoir exprimé son soutien aux objectifs de la Conférence mondiale contre le racisme prévue l’année prochaine en Afrique du sud, le représentant a affirmé que l’Angola a toujours appuyé le droit à l’autodétermination de tous les peuples vivant sous le joug de la colonisation ou de l’occupation étrangère. A cet égard, il s’est félicité des progrès historiques accomplis par le Timor oriental, mais il a regretté que la voie vers la réalisation de son autodétermination par le peuple palestinien ait récemment régressé. Il a souhaité que le sommet de Charm El-Cheikh ouvre la voie à une reprise des négociations. Il a par ailleurs exprimé son optimisme quant à la résolution du conflit au Sahara occidental par le biais de l’application du Plan de paix des Nations Unies.

MME SOMAIA BARGHOUTI (Observatrice de la Palestine) a regretté qu'à l'âge de la décolonisation, le peuple palestinien soit encore assujetti à la pire occupation coloniale de l'histoire moderne. On nie leurs droits naturels à l'autodétermination et à l'indépendance. Ces dernières années, l'Assemblée générale a lié l'exercice de ce droit par le peuple palestinien au droit d'établir un Etat indépendant. L'Observatrice a souligné que l'Assemblée a réaffirmé ainsi la position de la communauté internationale au sujet de la nécessité de la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien. Elle a mis l'accent sur le fait que les droits nationaux du peuple palestinien, comme ceux de tout autre peuple, doivent être reconnus, à commencer par le droit à l'autodétermination et le droit légitime à établir son Etat indépendant, avec Jérusalem pour capitale.

Malheureusement, le peuple palestinien est toujours confronté à un grave problème dû à la poursuite de l'occupation et de l'oppression israélienne. Israël mène depuis le 28 septembre 2000 une très brutale agression contre le peuple palestinien qui a déjà fait 100 morts et plus de 3 000 blessés. Malheureusement, la situation dans le Territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem, s'est dégradée jusqu'à atteindre un niveau alarmant et dangereux. L'usage indifférencié et exagéré de la force, le meurtre de civils, la déshumanisation de l'ensemble de la population palestinienne sont des mesures qui ne menacent pas seulement la paix et la stabilité du Moyen-Orient, mais aussi les fondations du processus de paix. L'Observatrice a déclaré qu'il est évident que pour Israël, le processus de paix est un instrument qui doit lui permettre de poursuivre sa domination par l'occupation. Néanmoins, nous restons engagés en faveur du processus de paix et de la mise en oeuvre de tous les accords signés, a déclaré la représentante. Israël doit comprendre qu'après plus d'un demi-siècle de souffrances et d'injustices, le peuple palestinien n'acceptera rien de moins que la pleine reconnaissance et le respect de ses droits légitimes, a-t-elle conclu.

MME GABRIELLE OLEA (Congo) a noté que le Rapporteur spécial chargé de la question du recours aux mercenaires, dans son rapport, évoque la situation de son pays qui laisse apparaître une évolution positive après plus de 2 ans de conflit armé. Elle a ajouté que la paix figure parmi les urgences et les priorités du Gouvernement, sans oublier la relance du processus démocratique. Cependant, a-t- elle dit, elle reste tributaire du ramassage des armes détenues illégalement, et de la réinsertion dans la vie économique et sociale des ex-combattants. La représentante a encore signalé un retour massif des personnes déplacées, la reprise de la vie dans les zones dévastées par les bandes armées, la poursuite du dialogue qui se traduit par le retour au Congo de beaucoup d’exilés volontaires, la poursuite du ramassage des armes, l’annonce du calendrier électoral pour le retour à la démocratie.

S’agissant d’une enquête internationale, a-t-elle poursuivi, sans s’y opposer formellement, l’on est en droit de s’interroger sur sa finalité. Car, alors que le Gouvernement mettait l’accent sur la nécessité de traduire en justice les auteurs de crimes de sang et de crimes économiques, il lui a été objecté qu’il fallait plutôt privilégier les mesures propres à favoriser la réconciliation nationale, la paix. Selon lui, s’il s’agit de faire une enquête pour l’histoire, il ne faudrait pas la limiter au dernier conflit, mais couvrir toute la période commençant en 1993, date du premier crime de guerre. Mme Olea s’est interrogée sur la nécessité de la poursuite du travail du Rapporteur spécial en ce qui concerne le Congo dans la mesure où, dans ce pays, il n’existe aucune activité, ni présence de mercenaires, et où il n’y a aucune volonté de s’opposer à la libre expression de la volonté du peuple. Elle a aussi insisté sur l’amélioration de la situation sécuritaire dans le pays.

M. OGURSTOV (Bélarus) a déclaré qu’aucun pays n'est entièrement libre du phénomène du racisme et de la discrimination raciale. Il s'est inquiété de l'augmentation des manifestations d'actes racistes dans le monde. Il a également regretté que les groupes professant des idées racistes soient en augmentation et qu'ils exploitent les ressources de la démocratie pour diffuser leurs thèses, notamment par le biais de la presse ou de l'Internet. Le représentant a partagé la préoccupation exprimée par M. Glèlè-Ahanhanzo au sujet de cette multiplication des actes racistes qui semblaient être en baisse en 1997 mais ont connu une résurgence. Il s'est particulièrement inquiété de la propagande raciste sur l'Internet, ainsi que des pratiques discriminatoires basées sur l'apparence physique. Il a également estimé que les atteintes à des sites d'importance symbolique telles que les profanations de cimetière ne peuvent que susciter des réactions violentes des communautés touchées. Dans ce contexte, le Bélarus participera activement au processus préparatoire de la Conférence mondiale contre le racisme, a assuré le représentant. Il a jugé important de saisir l'occasion offerte par la convocation de cet évènement pour prendre des mesures et établir des mécanismes qui permettront de lutter contre le racisme dans toutes ses manifestations.

M. F. A. SHAMIM AHMED (Bangladesh) a déploré que malgré les efforts de la communauté internationale, le racisme persiste et que d’autres formes subtiles de ce fléau émergent. Il a également dénoncé la propagande raciste à travers Internet, mais aussi, dans les médias écrits et sur les ondes. A cet égard, il a souhaité l’établissement d'une régulation sur l'exploitation des médias de pointe à des fins racistes. M. Ahmed a espéré que la Conférence mondiale contre le racisme constituera une démarche complète pour éliminer toutes les formes de racisme et de discrimination raciale, sinon, les maux du racisme et la crainte de l’inconnu demeureront. Les parents, et les enseignants, les leaders religieux et les journalistes, peuvent jouer un grand rôle à cet égard, a-t-il dit.

Pour ce qui est de l’autodétermination, le représentant a rappelé que son pays est devenu Membre des Nations Unies en 1974. Il a cité le père de l’indépendance du Bangladesh, Sheikh Mujibur Rahman, qui avait déclaré dans un discours historique que “l’histoire est du côté des peuples et la justice finit toujours par triompher”. Il a espéré que le peuple palestinien pourra bientôt légitimement exercer ce même droit à l’autodétermination.

M. MOHAMMED SALMAN (Iraq) a déclaré que le racisme et la discrimination raciale, ainsi que la xénophobie et l'intolérance qui y est associée sont un défi grave que la communauté internationale doit affronter. Il a regretté que les différences culturelles et religieuses ne soient pas considérées comme enrichissantes et deviennent, en particulier dans les pays développés, une cause d'exclusion et de discrimination. Décrivant l'expérience de l'Iraq dans la lutte contre le racisme et la discrimination raciale à travers l'histoire, le représentant a notamment souligné que l'Islam a incité à l'égalité et à la libération des esclaves. Il a précisé qu'aujourd'hui, tous les aspects de la discrimination raciale sont interdits par les lois iraquiennes et que la Constitution a été amendée pour garantir les droits nationaux des kurdes et des autres minorités. Le représentant a estimé que l'expérience de l'autonomie menée au nord de l'Iraq est pionnière en comparaison avec le statut des minorités dans les pays voisins. Il a ajouté que le Kurdistan iraquien est une communauté autonome et que les particularités culturelles des minorités turkmènes et syriaques sont également protégées.

Le représentant a ensuite déclaré que les agressions commises sans base légale ni légitime par les Etats-Unis et le Royaume-Uni depuis 1992 visent à partager l'Iraq et à briser son union. Ces agressions, auxquelles s'ajoutent les incursions de milices illégales au nord de l'Iraq, ne font qu'aggraver la situation économique et sociale difficile que connaît l'Iraq. En outre, ces interventions étrangères entravent l'application de la Convention internationale sur l'élimination de la discrimination raciale en Iraq et empêchent que ces minorités puissent jouir des droits que leur confère leur autonomie. Dans ce contexte, le représentant a demandé que l'intégrité territoriale de l'Iraq soit respectée. Il a rappelé que le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale a déjà lancé un appel au Conseil de sécurité pour que l'on mette fin aux sanctions économiques imposées à l'Iraq.

MME DALEL KRICHENE (Tunisie) a exprimé sa préoccupation face aux dangers et menaces que présente la montée des idéologies racistes qui disséminent souvent un discours simpliste fondé sur la préférence nationale parfois guidé par des considérations électorales conjoncturelles. L’immigré légalement installé dans le pays d’accueil devient une cible facile et une proie à la rhétorique extrémiste, a-t-il ajouté. Il a noté que certaines régions du continent africain ont aussi connu le long de ces dernières années de multiples actes de violence à caractère ethnique acculant des pans entiers de populations à se réfugier dans les pays voisins engendrant des problèmes encore plus complexes. A son avis, la véritable solution réside pour l’essentiel dans le développement économique et social du continent. La Tunisie, pour sa part, s’est résolument engagée à faire de la tolérance une valeur symbole d’une société harmonieuse qui puise son unité de l’adhésion de toutes ses composantes à une culture de paix et de solidarité. En outre, elle n’a cessé de renforcer l’enseignement des humanités dans le cadre des programmes scolaires afin d’enraciner l’ouverture d’esprit et la tolérance chez les nouvelles générations.

La représentante a salué le rôle joué par l’ONU dans le domaine de la promotion des droits des peuples à l’autodétermination. Une pensée particulière va à l’endroit du peuple palestinien, a-t-il déclaré dans ce contexte. Il a appelé au respect des conventions internationales notamment à l’application de la 4ème Convention de Genève sur la protection des civils en temps de guerre.

Il a, par ailleurs, formulé l’espoir de voir les engagements pris à Charm-el- Cheikh aboutir à des résultats positifs à même d’aider à la reprise des négociations entre les parties sur la base des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité notamment les résolutions 242 et 338 et le principe de « la terre contre la paix», jusqu’à la pleine réalisation des aspirations légitimes du peuple palestinien notamment celui de la création d’un Etat palestinien indépendant sur son territoire national avec Al Qods Al Sharif pour capitale.

M. HUGUES MORET (France, au nom de l'Union européenne), a déclaré que le droit à l'autodétermination reste d'actualité. La volonté des peuples d'être maître de leur destin continue à être un puissant moteur des relations internationales et du renouveau démocratique des Etats. Il est essentiel que les relations entre les pays qui composent la communauté, assemblée au sein des Nations Unies s'organisent dans le respect de ce principe, le souci de l'intérêt mutuel, et la coopération.

Le droit des peuples à l'autodétermination prévoit également que les peuples disposent librement de leurs richesses et de leurs ressources naturelles, a-t-il poursuivi. En aucun cas un peuple ne peut être privé de ses moyens de subsistance. La communauté internationale doit se mobiliser pour traduire ce principe dans les faits. Il est essentiel que la jouissance de ces ressources profitent à leurs détenteurs. Selon le représentant ce droit ne serait rien sans la possibilité pour les individus de s'associer et de communiquer leurs idées, notamment grâce à une presse libre. Il serait réduit à peu de chose sans l'existence d'institutions démocratiques stables et la possibilité pour chacun de prendre part à des élections libres et régulières. Il incorpore les principes d'indivisibilité et d'interdépendance des Droits de l'homme. L'Union européenne réaffirme ici son attachement à ce droit, qu'elle considère partie intégrante des Droits de l'homme de chacun.

M. RICHARD WYATT (Communauté européenne) a souligné l’importance de la conférence préparatoire qui a eu lieu à Strasbourg la semaine dernière avec la participation active de la société civile, où les participants se sont engagés à appliquer un Plan d’action spécifique. Par ailleurs, le représentant a indiqué que la Communauté européenne avait institué, en 1997 à Vienne, un Centre européen d’information contre le racisme et la xénophobie (RAXEN) qui permet notamment à la Communauté d’identifier les victimes. Par ailleurs, il a insisté sur le consensus politique et la forte détermination de l’Union européenne à combattre la discrimination raciale.

M. Wyatt a évoqué le renforcement de la coopération policière et judiciaire entre les Etats Membres afin d’empêcher que les auteurs de crimes racistes ne profitent des différences entre les pays sur le plan judiciaire pour échapper aux mailles du filet. Le pouvoir judiciaire et la police doivent traiter le racisme et ses méfaits avec tout le sérieux nécessaire, et la Communauté envisage d’autres mesures de collaboration qui pourraient notamment s’attaquer à l’utilisation d’Internet dans les activités racistes. Le représentant a souligné la corrélation entre le racisme et la discrimination sexiste. Il a expliqué que la discrimination raciale affecte souvent les hommes et les femmes de manière différente. Il a souligné l’importance des actions préventives et de l’éducation.

Evoquant les politiques d’intégration en cours, M. Wyatta a déclaré qu’il est nécessaire que les ressortissants qui résident légalement dans les pays de l’Union européenne sans être originaires de ces Etats bénéficient des mêmes droits que les citoyens européens. Il a également souligné la nécessité d’une coordination des procédures pour ce qui est du droit d’asile et de l’immigration.

M. Wyatta a enfin mentionné l’appui que la Communauté européenne accorde un soutien aux ONG en Europe centrale et orientale afin d’y renforcer la société civile. Il a affirmé que la Communauté continuera à apporter sa contribution à la Conférence mondiale sur le racisme ainsi qu’aux conférences préparatoires régionales en octroyant un financement généreux pour la participation souhaitée des ONG.

MME KOURTOUM NACRO (Fonds des Nations Unies pour la population - FNUAP) a rappelé que le Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement, approuvé par 179 pays, a marqué le début d'une nouvelle ère dans ces domaines. Cet accord avait marqué la nécessité d'améliorer la qualité de la vie et le bien-être des êtres humains. Le Programme d'action indiquait à ses chapitres 9 et 10 que l'un de ses objectifs est d'assurer la protection des migrants contre le racisme, l'ethnocentrisme et la xénophobie. La nécessité de promouvoir et de respecter les droits des populations autochtones et de protéger les migrants, les réfugiés, les personnes déplacées internes, a été de nouveaux soulignée lors de la réunion quinquennale de suivi tenue l'année dernière. En outre, lors du Sommet du millénaire, les dirigeants mondiaux ont été d'accord pour prendre des mesures visant à éliminer les actes de racisme et de xénophobie qui se multiplient dans de nombreuses sociétés et pour promouvoir une harmonie et une tolérance plus grandes.

La représentante a ajouté que le FNUAP participe activement aux préparatifs de la Conférence mondiale contre le racisme. En outre, le Fonds fournit au Haut Commissariat pour les droits de l'homme des informations sur ses programmes et activités sur la question de la discrimination raciale. Ces programmes sont notamment élaborés à l'attention des communautés autochtones ou marginalisées, et pour d'autres personnes réfugiées et déplacées à l'intérieur de leur propre pays. Ainsi, le Fonds mène en Amérique latine des initiatives et des programmes dont l'objectif est de développer l'information et l'éducation fournies aux populations autochtones en matière de santé, en tenant compte de leurs besoins et de leurs droits spécifiques.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.