LES DELEGATIONS DENONCENT LA MONTEE DES NOUVELLES FORMES DE RACISME, PARTICULIEREMENT LA PROPAGANDE RACISTE SUR INTERNET
Communiqué de Presse
AG/SHC/485
LES DELEGATIONS DENONCENT LA MONTEE DES NOUVELLES FORMES DE RACISME, PARTICULIEREMENT LA PROPAGANDE RACISTE SUR INTERNET
20001019Poursuivant leur débat sur lélimination du racisme et de la discrimination raciale ainsi que sur le droit des peuples à lautodétermination, les délégations à la Troisième Commission ont fait part de leur vive inquiétude au sujet de lincitation à la haine raciale sur certains sites de lInternet. De nombreuses dentre elles ont dautre part expliqué comment elles interprètent le droit à lautodétermination.
La représentante du Liechtenstein a regretté que certains ne considèrent le principe fondamental d'autodétermination que dans le cadre de la décolonisation, le reléguant ainsi au passé. Le Liechtenstein est d'avis que le droit à l'autodétermination des communautés peut être réalisé par la mise en place progressive et souple de schémas d'autoadministration commençant par des mesures très limitées et simples pour aller vers une situation proche de l'autonomie. Lindépendance, a-t-elle ajouté, nest quune des voies de lautodétermination. Le représentant du Soudan a pour sa part estimé que le droit des peuples à lautodétermination ne doit pas être une voie conduisant à leffritement des Etats ou une manière de porter atteinte à leur souveraineté. Linterprétation erronée de ce droit favorise les conflits, a-t-il ajouté. Il a précisé que le droit à lautodétermination doit être limité aux peuples qui vivent sous le joug du colonialisme ou de loccupation étrangère. Dans le cadre de ce débat, plusieurs délégations ont réaffirmé le droit à lautodétermination du peuple palestinien. La représentante de la Syrie a regretté quen dépit des nombreuses résolutions adoptées, les Nations Unies ne soient pas parvenues à ce que les Palestiniens réalisent ce droit, à cause de la politique expansionniste dIsrael.
Lutilisation des nouvelles technologies et dInternet dans la promotion du racisme, de la discrimination raciale et de lintolérance a été dénoncée par la plupart des délégations. Le représentant de lIndonésie a souhaité que la communauté internationale aboutisse à un consensus sur une législation visant à combattre ce phénomène qui ignore les frontières. Le représentant de Cuba a pour sa part demandé que lesclavage dont les peuples africains ont été victimes soit déclaré crime contre lhumanité. Il a vivement souhaité que les descendants des victimes de cette traite obtiennent des réparations sur la base des normes internationales.
Les pays suivants ont pris la parole: Argentine; Egypte; Indonésie; Liechtenstein; Cuba; Chine; Soudan; Antigua-et-Barbuda (au nom de la Communauté des Caraïbes); Ethiopie; Croatie; République Slovaque; Ukraine; Monaco; République arabe syrienne; et Saint-Marin. Lobservateur de la Fédération internationale des sociétés de la Croix- Rouge et du Croissant-Rouge ainsi que le représentant de lOrganisation internationale du Travail ont aussi fait des déclarations.
La Troisième Commission poursuivra son débat cet après-midi, à 15 heures.
ELIMINATION DU RACISME ET DE LA DISCRIMINATION RACIALE
DROIT DES PEUPLES A LAUTODETERMINATION
Suite du débat
M. MARIANO SIMON-PADROS (Argentine) a déclaré que sa délégation partage les inquiétudes du Rapporteur spécial sur la montée du racisme. Rappelant la ratification par lArgentine des instruments juridiques internationaux pertinents, il a ajouté que son pays assume pleinement ses obligations pour la lutte contre ce fléau. Le représentant a expliqué que lArgentine a depuis sa première Constitution qui date de 1853, une vieille et solide tradition de respect et daccueil des étrangers. Il a indiqué quen 1988, une loi réprimant les actes discriminatoires a été votée unanimement par tous les partis politiques au Congrès argentin.
Dautre part, M. Simon-Padros a indiqué que depuis 1995, lInstitut national contre la discrimination (INADI) uvre à combattre contre toute manifestation dintolérance. LInstitut répond aux plaintes et suit les dénonciations quelle reçoit, tout en jouant un rôle de médiateur. Il a ajouté quun plan national déclaré dintérêt national contre la discrimination sera lancé en septembre prochain. LINADI mettra également en place un programme pilote de formation de formateurs et se penchera sur la question de nouveaux contenus des manuels scolaires en vue de prévenir la discrimination raciale. M. Simon-Padros a souligné le rôle déterminant que jouent léducation et les campagnes de sensibilisation. Il a conclu en affirmant que le racisme doit être fermement combattu pour que la communauté internationale aboutisse à une société juste et solidaire.
M. AHMED DARWISH (Egypte) a déclaré que la Conférence mondiale contre le racisme constituera un jalon important dans la lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée. Il a espéré que tous les Etats manifesteront leur engagement dans la lutte contre ces problèmes en participant à la Conférence et à ses préparatifs. A cet égard, le représentant a souligné que l'Egypte apporterait sa contribution au processus préparatoire. Il a poursuivi en déclarant que le multiculturalisme est une richesse pour l'humanité. En ce qui concerne le rapport sur les formes contemporaines de racisme présenté par M. Glèlè-Ahanhanzo, Rapporteur spécial de la Commission des droits de l'homme sur les formes contemporaines de racisme, l'Egypte est préoccupée par les informations sur la propagation de messages xénophobes par l'intermédiaire de sites Internet occidentaux, a-t-il déclaré. Le représentant a également critiqué la tendance, que l'on observe dans certains pays développés, à accuser les immigrants d'être la cause du chômage ou de perturbations sociales. Il a appelé les Etats à ratifier la Convention internationale sur la protection des travailleurs migrants et de leur famille et à en appliquer les dispositions. Le racisme est une façon de penser primitive qui met en danger la paix et la sécurité internationales, a-t-il ajouté.
Le représentant a ensuite déclaré que le droit à l'autodétermination constitue l'un des principes fondamentaux du régime des relations internationales consacré par la Charte. Sans ce droit, personne ne peut réaliser pleinement ses droits humains, a-t-il estimé. Le représentant a ensuite déclaré que l'Egypte se place aux côtés du peuple palestinien et estime que les résolutions des Nations Unies, notamment concernant les territoires arabes occupés, font référence et devraient être appliquées. Le représentant a insisté sur la reconnaissance du droit légitime du peuple palestinien à l'autodétermination et a annoncé que l'Egypte va présenter une résolution sur ce droit.
M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie) a déclaré que son pays sassocie à la déclaration faite par le Nigéria au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Il a espéré que la Conférence mondiale prévue en Afrique du Sud débouchera sur la reconnaissance de l'étendue du problème qui n'épargne aucun pays dans le monde. Le représentant a affirmé quune fois de plus, son pays regrette que lengagement proclamé de la communauté internationale contre le racisme nait pas été suivi de réalisations concrètes. Il a expliqué que la question du racisme est complexe et exige des solutions globales.
Evoquant la situation dans son pays, M. Wibisono a d'abord rappelé que l'Indonésie a signé et ratifié l'année dernière la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Il a indiqué quun groupe dexperts indonésiens continue à examiner la législation en vigueur car lIndonésie est déterminée à éliminer tous les aspects discriminatoires de sa Constitution. Le représentant a également évoqué les troubles religieux et ethniques auxquels les autorités font face en s'efforçant d'en résoudre les causes socioéconomiques sous-jacentes par le biais du dialogue et de l'éducation. Mais il a regretté que la crise financière nait pas facilité la tâche du gouvernement.
M. Wibisono a appuyé les travaux du Comité pour lélimination de la discrimination raciale, particulièrement les mesures dalerte avancée identifiées pour éviter que les problèmes existants se transforment en conflit. Il a déploré lutilisation des nouvelles technologies, particulièrement de lInternet dans la promotion didées racistes et souhaité que les Etats Membres arrivent à un consensus sur ce problème qui ne tient pas compte des frontières.
M. Wibisono a affirmé que l'exploitation des différences ethniques en Indonésie peut à première vue, paraître évoluer de manière inquiétante. Le gouvernement s'efforce de répondre à ces préoccupations. Mais le représentant a suggéré que les problèmes ne sont pas essentiellement raciaux ou ethniques mais socioéconomiques et ayant des causes profondes, dont la pauvreté, lignorance et la crise économique récente. La pauvreté et l'ignorance sont des facteurs de division qui ont été exploités dans certaines régions du pays. En tant que pays multireligieux et multiethnique, lIndonésie nacceptera pas la manifestation de tels comportements dintolérance, a-t-il souligné. La vision de son pays pour le nouveau millénaire est celle d'une nouvelle Indonésie, en tant qu'Etat moderne donnant à toute sa population la possibilité de développer pleinement son potentiel sans discrimination aucune, a-t-il conclu.
MME CLAUDIA FRITSCHE (Liechtenstein) a regretté que certains ne considèrent le principe fondamental d'autodétermination que dans le cadre de la décolonisation, le reléguant ainsi au passé. La délégation du Liechtenstein estime cependant que l'autodétermination est tout aussi importante aujourd'hui qu'il y a 50 ans, lors de la création de l'Organisation des Nations Unies. Les événements internationaux récents n'ont fait que renforcer cette conviction, a-t- elle ajouté.
La représentante a ensuite rappelé que sa délégation, depuis 1993, a présenté une initiative concernant ce droit. Le Liechtenstein est d'avis que le droit d'autodétermination des communautés peut être réalisé par la mise en place progressive et souple de schémas d'auto-administration commençant par des mesures très limitées et simples pour aller vers une situation proche de l'autonomie. Cette forme d'administration doit donc être flexible et pouvoir varier en fonction des circonstances, des besoins de la communauté concernée et de la structure du gouvernement central. La représentante a estimé que la résistance face au principe d'autodétermination tient essentiellement au fait qu'on l'oppose aux principes de la souveraineté et de l'intégrité territoriale. Le Liechtenstein soutient pleinement ces deux derniers principes mais considère que l'autodétermination n'est pas nécessairement synonyme d'indépendance et de sécession. En effet, le Liechtenstein estime que l'indépendance n'est que l'une des voies de l'autodétermination. Les autres voies sont nombreuses et permettent d'éviter les situations de violence et de désintégration qui résultent souvent des revendications d'indépendance.
Les conflits armés internes sont souvent le résultat d'une mauvaise représentation politique ou d'un manque de dialogue entre le gouvernement central et la communauté concernée. La délégation du Liechtenstein est d'avis que le droit de ces communautés à l'autodétermination devrait être reconnu, et réalisé par le biais de l'auto-administration et de l'autonomie de ces communautés, dans le respect de l'intégrité territoriale de l'Etat. L'indépendance n'est pas toujours une solution idéale et il est arrivé que l'autonomie produise de biens meilleurs résultats tant pour la communauté que pour l'Etat. Nous sommes d'avis qu'une nouvelle évaluation de l'autodétermination et l'adoption d'une approche proactive permettraient d'éviter dans bien des cas une violente désintégration de l'Etat, a déclaré la représentante. La délégation du Liechtenstein estime qu'il faut absolument mettre l'accent sur la prévention des conflits armés, en particulier des conflits internes, dans les travaux des Nations Unies.
M. RODOLFO REYES RODRIGUEZ (Cuba) a déclaré que cest dans le monde développé que les pires formes de racisme et dexclusion sexpriment. Il y a même des pays qui garantissent le financement de certains groupes politiques racistes à partir du budget de lEtat, a-t-il affirmé. Citant larticle 4 de la Convention sur lélimination de toutes les formes de discrimination raciale, il a demandé linterdiction immédiate de tout groupe de propagande raciste. Le représentant a expliqué que la répartition inégale des richesses dans les pays et entre les pays est le principal facteur favorisant la discrimination raciale. Il a déploré que les réseaux planétaires comme Internet sont utilisés pour lincitation au racisme.
M. Rodríguez a dénoncé ce quil a appelé un racisme institutionnel aux Etats-Unis, notamment dans ladministration de la justice. Il a dénoncé labsolution des policiers qui ont assassiné le jeune immigrant Amadou Diallo. Statistiques à lappui, il a dénoncé les disparités qui prévalent aux Etats-Unis, notamment dans la question des exécutions capitales, sur le revenu des familles et à propos de lemprisonnement des femmes, affirmant que les Afroaméricains sont toujours largement défavorisés dans tous ces domaines. Evoquant la situation dans divers pays dEurope, M. Rodríguez sest arrêté sur le sort de la minorité roma et a souhaité que cette question soit examinée de façon prioritaire. Finalement, le représentant a demandé que lesclavage dont les peuples africains ont été victimes soit déclaré comme crime contre lhumanité. Il a vivement souhaité que les descendants des victimes de cette traite obtiennent des réparations sur la base des normes internationales.
M. YU WENZHE (Chine) a déclaré que le droit à l'autodétermination est sacré et signifie que chaque peuple peut choisir son propre système politique, social et économique, son propre modèle de développement, et s'opposer à l'agression, à l'interférence et au contrôle étrangers, ainsi que sauvegarder la souveraineté de l'Etat, l'indépendance et l'intégrité territoriale. L'agression d'un pays faible par un pays puissant, le recours aux pressions politiques, aux sanctions économiques ou même à l'invasion armée en vue d'intervenir dans les affaires d'un autre Etat sont des pratiques contraires à la Charte des Nations Unies et au droit à l'autodétermination et, à ce titre, doivent être condamnés par la communauté internationale. Cependant, nous devons être conscients que certains individus mal intentionnés prônent ouvertement la division d'Etats souverains sous couvert d'autodétermination. Ces pratiques sont l'antithèse de la promotion et de la protection des droits de l'homme et méritent la condamnation unanime et une ferme opposition de la part de tous les peuples du monde.
La situation au Moyen-Orient traverse une phase critique. La Chine est très préoccupée des violents conflits qui se sont déroulés de manière constante dans la zone au cours des derniers jours. Elle condamne fermement l'utilisation d'armes lourdes contre les civils palestiniens qui a entraîné des pertes en vies humaines dans la population. La Chine espère que l'accord du Sommet de Charm el-Cheikh pourra être mis en oeuvre efficacement. Nous espérons que les parties concernées feront preuve de la plus grande retenue, cesseront tous les discours et toutes les actions qui ne contribuent pas au processus de paix, créeront les conditions nécessaires à la restauration et à l'accélération des négociations de paix. Nous estimons que tant que les parties, s'appuyant sur les résolutions pertinentes des Nations Unies, conformément au principe "Terre contre paix", et dans un esprit de confiance et de compréhension mutuelles, persévèreront patiemment et sérieusement dans les négociations et respecteront strictement les accords déjà conclus, le processus de paix au Moyen-Orient avancera, a conclu le représentant.
M. MOHAMMAD EL MURTADA MUBARAK (Soudan) a tout dabord dénoncé lintolérance religieuse et la profanation des lieux de culte à travers le monde. Il a ensuite affirmé que les idées de supériorité dune race ou dun groupe donné, lépuration ethnique et le génocide constituent des fléaux qui finissent par avoir un impact sur toute la communauté internationale. Sa délégation, a-t-il ajouté, exprime sa vive inquiétude face à ces phénomènes et estime quil faut sensibiliser le public et notamment intégrer des moyens de lutte surtout dans le système éducatif.
Le Soudan, a ajouté le représentant, est également préoccupé par la propagation rapide de la promotion du racisme et de lintolérance sur Internet. Il a estimé quil convient dadopter des législations nationales et internationales pour lutter contre ce phénomène.
M. Mubarak a indiqué que pour le Soudan, le droit des peuples à lautodétermination ne doit pas être une voie conduisant à leffritement des Etats ou une manière de porter atteinte à leur souveraineté. Linterprétation erronée de ce droit favorise les conflits, a-t-il ajouté. Il a précisé que le droit à lautodétermination doit être limité aux peuples qui vivent sous le joug du colonialisme ou de loccupation étrangère. Il a estimé que les événements dans le territoire occupé exige lapplication des résolutions pertinentes pour garantir aux Palestiniens une vie digne, car ceux-ci continuent à souffrir sous loccupation israélienne dans un conflit qui na pas épargné les enfants. Ces derniers, a-t-il fait observer, nont pas hésité à sacrifier leurs vies dans lespoir de parvenir à la création dun Etat palestinien indépendant.
Sur la question de lutilisation des mercenaires, M. Mubarak a affirmé que le Soudan est daccord avec le Rapporteur spécial. Il a souhaité une définition juridique plus claire du mercenaire et létablissement de normes internationales pour mettre fin à leurs activités. Il a ajouté que les activités du mercenariat constituent une grave menace à lordre international et au droit des peuples à lautodétermination. A cet égard, il a estimé que limplication des sociétés privées dans le mercenariat préoccupe grandement sa délégation.
MME DEBORAH-MAE LOVELL (Antigua-et-Barbuda au nom de la Communauté des Caraïbes - CARICOM) a regretté que le spectre affreux du racisme «déambule toujours la tête haute partout sur la planète Terre». Elle a déclaré qu'il est donc impératif que les membres de la communauté internationale détectent le racisme et le cortège qui l'accompagne, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est liée, quelle que soit la forme qu'il emprunte et qu'elle redouble d'efforts pour cantonner ces fléaux dans les poubelles de l'histoire. La représentante a donc appuyé les objectifs de la Conférence mondiale contre le racisme identifiés par le Comité préparatoire à la Conférence, notamment le renforcement de l'application des normes existantes et la prise de conscience des problèmes liés au racisme. La CARICOM estime cependant que la Conférence ne pourra être considérée comme une réussite que si elle recommande des mesures pour venir en aide aux victimes du racisme. La ratification universelle de la Convention internationale pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale renforcerait également la lutte contre ce fléau.
Par ailleurs, la CARICOM est profondément perturbée par le phénomène du "cyber racisme". La représentante a invité les Etats Membres à prendre les mesures juridiques nécessaires à la réalisation de leurs engagements internationaux sur l'interdiction du racisme sur Internet. La CARICOM encourage également tous les Etats à coordonner leurs contributions au processus de préparation de la Conférence et à sensibiliser l'opinion publique à l'importance de la Conférence ainsi qu'à ses objectifs. La CARICOM encourage également la participation des organisations non gouvernementales à la Conférence. Les membres de la CARICOM ont également encouragé les autres Etats à contribuer généreusement aux Fonds de ressources volontaires de la Conférence.
M. FESSEHA A. TESSEMA (Ethiopie) a regretté que la lutte contre le racisme nait pas obtenu la priorité quelle mérite sur la scène internationale. Il a ajouté que tous les efforts visant à combattre lutilisation pernicieuse dInternet doivent être compatibles avec le droit à la liberté dexpression telle que stipulée dans lArticle 19 de la Déclaration universelle des droits de lhomme.
M. Tessema a indiqué que lEthiopie est très préoccupée par les mesures racistes perpétrées par les autorités érythréennes contre les Ethiopiens vivant en Erythrée. Selon le représentant, les atrocités se sont intensifiées depuis que lEthiopie a complètement éliminé les forces érythréennes de toutes les zones occupées par lErythrée dès mai 1998. Il a dénoncé la cruauté contre ces ressortissants -notamment les femmes, les personnes âgées et les enfants- qui ont été attaqués en grand nombre ou expulsés. Certains languissent dans des camps de concentration, a-t-il déclaré. Ceux qui ont résisté ont été torturés et certains ont été tués de façon barbare; les animaux nont pas été épargnés, a-t-il ajouté. M. Tessema a précisé que le nombre des déportés dErythrée dépasse 55,000. Il a indiqué que les ressortissants éthiopiens ont été également victimes dexécutions sommaires et que certains autres, fuyant les exactions, ont dû traverser la frontière minée sans lassistance du Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Affirmant que le monde ne peut pas se permettre dassister en silence aux exécutions extrajudiciaires quotidiennes aux actes de torture, aux expulsions de masse, fondées sur lanimosité et la propagande raciste du régime dAsmara, M. Tessema a déclaré que la délégation éthiopienne lance un appel à la communauté internationale pour quelle mette fin à la brutalité haineuse du régime érythréen contre les civils éthiopiens innocents. Il a expliqué que par ces actes, lErythrée cherche à se venger de sa défaite militaire humiliante sur tous les fronts.
MME DUBRAVKA SIMONOVIC (Croatie) a déclaré que les actions entreprises pour lutter contre le racisme ne sont pas suffisantes. Le racisme et la xénophobie sont au coeur de chaque conflit et de la plupart des violations des droits de l'homme. Dans notre approche des droits de l'homme, nous devons mettre l'accent sur les stratégies préventives et sur une campagne de large portée contre le racisme tenant compte de ses nouvelles formes. La représentante a également estimé que pour réaliser les engagements exprimés lors du Sommet du millénaire, la communauté internationale ne doit pas tourner le dos aux réfugiés et aux personnes déplacées, aux immigrants, aux travailleurs migrants, aux victimes de la traite, ainsi qu'aux femmes et aux enfants, qui représentent les membres les plus vulnérables de la société.
Présentant les mesures prises par son Gouvernement, la représentante a notamment souligné le rôle fondamental de l'éducation dans le domaine des droits de l'homme. Elle a également indiqué la création d'un Groupe de travail chargé des préparatifs de la Conférence mondiale contre le racisme. En outre, trois textes législatifs régissant les droits des minorités nationales ont été promulgués par le Parlement croate en mai 2000 en vue d'assurer la mise en oeuvre des dispositions constitutionnelles concernant la protection des droits humains des minorités.
M. JURAJ PRIPUTEN (Slovaquie) a indiqué que sa délégation tenait à ajouter quelques considérations supplémentaires à la déclaration faite par la France à laquelle son pays sest associé. Il a affirmé que la République slovaque appuie fermement la Conférence contre le racisme prévue en Afrique du Sud lan prochain, et espère que cette rencontre permettra une meilleure compréhension des principaux défis du nouveau millénaire. Il a souhaité que la société civile soit impliquée dans sa préparation. A cet égard, le représentant a salué les conclusions de la conférence préparatoire organisée la semaine dernière à Strasbourg sous légide du Conseil de lEurope. La Slovaquie est prête à assumer les engagements stipulés dans la Déclaration politique de ladite conférence.
Le représentant a ajouté que dans la perspective de deux conférences pré- citées, celle de Strasbourg et celle de Pretoria, le chef dEtat slovaque, M. Rudolf Schuster, a présidé le 18 mai dernier à Bratislava une conférence nationale qui a évalué la situation actuelle dans le pays et fait des recommandations. M. Priputen a indiqué à cet égard que la situation de la minorité roma est un problème délicat pour les pays dEurope centrale et que son gouvernement a pris toutes les mesures nécessaires pour trouver des solutions dans les meilleurs délais. Un budget a été prévu par lEtat pour appuyer des projets destinés aux Romas, entre autres mesures envisagées par le gouvernement. Le problème des Romas va bien au-delà de la question des droits de lhomme et a des dimensions économiques, sociales et culturelles importantes, a-t-il affirmé.
M. MYKOLA MELENEVSKIY (Ukraine) s'est dit convaincu que les mesures préventives de lutte contre le racisme et l'intolérance raciale au niveau international doivent recevoir une importance prioritaire. Il est vital d'établir des procédures d'alerte précoce afin d'améliorer la capacité des Nations Unies de prévention des conflits résultant de tensions raciales et ethniques. La Commission des droits de l'homme pourrait jouer un rôle important dans ce domaine. Le représentant a également souligné la responsabilité primordiale qu'ont les gouvernements d'éliminer la discrimination raciale, en particulier par l'adoption de législations nationales et à travers les mesures d'éducation.
A cet égard, le représentant a indiqué que l'Ukraine possède un système de garanties juridiques condamnant expressément le racisme et la discrimination raciale et déclenchant des poursuites contre tous les contrevenants à cette interdiction. La législation accorde une place prépondérante aux droits des minorités nationales qui constituent plus du quart de la population ukrainienne, en particulier dans le domaine linguistique.
En ce qui concerne l'autodétermination, le représentant a noté que sa mise en oeuvre touche souvent aux intérêts vitaux des nations, des minorités nationales et des Etats. La réalisation de ce droit doit se faire en conformité avec les principes fondamentaux et les normes du droit international, à commencer par la Charte des Nations Unies et les accords d'Helsinki. Nous établissons une distinction très claire entre le droit à l'autodétermination des peuples dont le statut découle de la colonisation ou de l'occupation par une puissance étrangère, et celui des minorités nationales qui vivent sur les territoires d'Etats modernes à la suite d'un "processus historique naturel". Nous soutenons que le principe d'autodétermination ne doit pas automatiquement impliquer le droit à la sécession territoriale, a déclaré le représentant. La délégation de l'Ukraine estime que
le droit à l'autodétermination doit s'exercer en observant strictement l'adhésion aux principes démocratiques, de la protection des droits de l'homme et des minorités nationales; de la reconnaissance de l'inviolabilité des frontières étatiques; ainsi qu'en utilisant des voies pacifiques de résolution des conflits. Les droits des populations autochtones qui ne possèdent pas leur propre Etat doivent être réalisés par le biais de leur droit à l'autodétermination interne ou à l'autonomie.
M. JACQUES L. BOISSON (Monaco) est davis quil est essentiel de condamner la discrimination raciale sous tous ses aspects notamment économiques, manifestée par exemple par la crainte quun «étranger» profite de bénéfices de la situation plus favorable dun pays dont il ne serait pas ressortissant, ou encore sociologiques, comme celle tendant à exclure des groupes minoritaires de la vie et des activités dune société donnée. Le racisme, a-t-il dit, et le plus souvent un instrument dans les mains de certains groupes pour affermir leur pouvoir politique et économique, le cas le plus grave a été celui de lapartheid. Il incombe à la communauté internationale et aux autorités nationales en particulier un devoir de vigilance. Le Représentant a insisté sur le fait quun Etat de droit ne peut autoriser la propagation didées racistes sur lInternet et doit prendre des mesures concrètes pour lutter contre ce phénomène. M Boisson a suggéré dorganiser une concertation internationale au niveau gouvernemental, en vue dune régulation de lusage de lInternet et dune harmonisation des législations pénales sur lexploitation de ce média à des fins racistes, ajoutant que la Conférence mondiale de 2001 pourrait être loccasion de promouvoir cette idée.
Le racisme, qui a plusieurs visages, est un phénomène complexe dans lequel interviennent de multiples facteurs, économiques, politiques, historiques, culturels, sociaux et psychologiques, a poursuivi M. Boisson. A son avis, pour lutter contre ce phénomène, lessentiel est de mobiliser fortement lopinion publique, par des programmes actifs de sensibilisation, par léducation et surtout par la promotion de la compréhension mutuelle et de la tolérance. La Conférence mondiale de 2001 sera une occasion exceptionnelle pour unir nos efforts afin de lutter plus efficacement encore contre ce fléau qui touche, parfois si profondément nos sociétés, a-t-il conclu.
MME RANIA HAJ ALI (République arabe syrienne) a dénoncé la politique israélienne à propos de la question palestinienne. Cette politique est selon la représentante, contraire aux fondements mêmes des Nations Unies. Elle a rappelé que la République arabe syrienne a appuyé les peuples qui ont lutté contre le colonialisme et loccupation étrangère, conformément aux principes de lONU au droit à lautodétermination et aux dispositions du Mouvement des pays non alignés. Mme Ali a ajouté quen dépit des nombreuses résolutions dans divers forums et organisations, les Nations Unies nont pas pu permettre aux Palestiniens de jouir de leur droit à lautodétermination, à cause de la politique expansionniste dIsraël.
La représentante a souligné que les réfugiés palestiniens espèrent toujours, depuis un demi-siècle, revenir dans leur territoire, sur la base du droit international, mais Israël poursuit sa politique, continuant à changer la composition de la population sur les terres doù les Palestiniens ont été expulsés, par le biais de limplantation de colonies de peuplement. Mme Ali a affirmé que les pratiques israéliennes dans les territoires occupés sont les pires exemples de racisme et de terrorisme dEtat. Elle a ajouté que la preuve en a été
donnée par les images télévisées dans le monde entier du carnage des enfants dont la seule faute se résumait au fait quils sont des Arabes palestiniens aspirant à une vie digne. Cette politique de répression et de discrimination est contraire aux principes internationaux et aux Conventions de Genève, a-t-elle indiqué, tout en dénonçant les 10 mythes religieux quIsraël utilise comme fondements historiques douteux, a-t-elle ajouté. Mme Ali a affirmé que pour la République arabe syrienne, Israël doit mettre fin à sa politique de discrimination et de répression, se retirer de tous les territoires occupés et reconnaître au peuple palestinien son droit à lautodétermination avec un état ayant pour capitale Al Qods Al Charif (Jérusalem).
MME ELENA MOLARONI (Saint-Marin) a déclaré qu'aujourd'hui, il est plus que jamais nécessaire et urgent que les gouvernements prennent des mesures contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée. La représentante a déclaré que le racisme est une peur de l'inconnu qui dégénère en une isolation de ce qui est "différent", puis en discrimination, violence ou même élimination totale de cette "différence". Le racisme est également un manque de curiosité et de patience face à des manières différentes, ainsi que l'incompréhension du fait qu'accepter une culture différente ne signifie pas perdre sa propre culture. Au contraire, les cultures ont besoin de diversité pour s'affirmer, se renforcer et avancer. La plupart du temps, a estimé la représentante, le racisme découle de pressions sociales, de préjugés et d'idées fausses, contre lesquels il est nécessaire de mener une lutte perpétuelle.
La République de Saint-Marin estime que les mesures les plus urgentes à prendre pour lutter contre le racisme et la discrimination raciale sont de rassembler et d'analyser des informations sur le racisme, d'éduquer les jeunes générations afin qu'elles sachent accepter la différence, la reconnaître et ne pas la craindre. Il faut également susciter une prise de conscience au sein du public sur les manière de vivre ensemble et en harmonie. Il faut également lancer une action dans le domaine législatif afin que les crimes d'intolérance, de racisme et de discrimination soient condamnés en vue d'éliminer toute inégalité de traitement entre les citoyens.
MME KIRSTI POHJANKUKKA (Fédération Internationale des sociétés de la Croix Rouge et du Croissant Rouge) a déclaré que 97 millions de personnes à travers les 176 sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge basent leur action sur le terrain sur les principes de lhumanité, de limpartialité, de la neutralité, de lindépendance, du volontariat et de luniversalité. Lhumanité, a-t-elle dit, cest le respect dun être humain pour lautre être humain.
Mme Pohjankukka a expliqué que les jeunes sont particulièrement efficaces et déterminés quand il sagit de promouvoir la tolérance et de lutter contre la discrimination. A cet égard, elle a indiqué quen collaboration avec le Conseil de lEurope, un projet de formation des jeunes a été lancé à léchelle mondiale. Elle a également souligné limportance du partenariat et la nécessité de trouver des solutions communautaires aux problèmes de la société. Mme Pohjankukka a indiqué que lors de la 27e conférence de la Fédération internationale en novembre dernier, un Plan daction a été adopté, par lequel les Etats ont affirmé quils sont déterminés à réaliser concrètement des initiatives stratégiques et à protéger
les groupes vulnérables. Elle a finalement indiqué que la Fédération internationale collabore avec les Sociétés nationales pour la réalisation du Plan daction pendant la période 2000-2003, afin de promouvoir un climat de tolérance, dacceptation mutuelle et de paix.
M. GARETH HOWELL (Organisation internationale du Travail - OIT) a critiqué les preuves récentes d'une dimension raciale dans l'incidence de la torture, ainsi que d'autres violations flagrantes des droits de l'homme les plus fondamentaux. Ainsi que l'a souligné le Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme, la discrimination raciale a également des incidences sur l'emploi, a ajouté le représentant. Il a précisé que la campagne de l'OIT pour un travail décent est axée sur l'emploi, la sécurité socioéconomique, les droits fondamentaux au travail et y compris la libre-association. L'élimination de la discrimination dans l'emploi est l'un des principes fondamentaux du mandat de l'OIT. L'une des huit conventions fondamentales de l'Organisation, la Convention No. 111 de 1958, interdit la discrimination fondée sur le sexe ou la race dans le travail ou toute autre activité. Cet instrument a été ratifié par 145 pays.
Le représentant a ajouté que l'accélération des migrations a amené l'OIT à renforcer son programme concernant la "migration en vue d'un emploi" qui vise notamment à fournir des conseils sur la formulation des politiques nationales en matière de migration. La préservation de l'identité nationale et ethnique, ainsi
que les liens culturels des migrants avec leur pays d'origine sont reconnus par l'OIT. Les Conventions No. 169 et 107 qui concernent les populations autochtones visent également à leur garantir une égalité de traitement tout en leur permettant de conserver leur mode de vie et leur culture propres.
Par ailleurs, l'OIT est gravement préoccupée par la persistance de l'esclavage et du travail forcé, et appelle les gouvernements à ratifier au plus vite la Convention No. 29 de 1930 sur le travail forcé, et à en mettre en oeuvre les dispositions. Le représentant a également regretté que la discrimination raciale, comme toutes les autres formes de discrimination, frappe exagérément les femmes. Cependant, a-t-il estimé, les dispositions légales sont insuffisantes et doivent être complétées par une redistribution du pouvoir social, économique et culturel, et la promotion de la justice et de l'égalité sociales, afin que tous puissent participer à part égale.
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