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SC/6936

POUR LA MISSION DU CONSEIL DE SECURITE EN SIERRA LEONE, UNE LUEUR D'ESPOIR SE DESSINE MALGRE LES PROFONDES SOUFFRANCES

13 octobre 2000


Communiqué de Presse
SC/6936


POUR LA MISSION DU CONSEIL DE SECURITE EN SIERRA LEONE, UNE LUEUR D'ESPOIR SE DESSINE MALGRE LES PROFONDES SOUFFRANCES

20001013

On trouvera ci-après le texte d'une déclaration faite hier à la presse à Freetown (Sierra Leone), par le chef de la Mission du Conseil de sécurité en Afrique de l'Ouest, M. Jeremy Greenstock, Représentant permanent du Royaume-Uni:

Avant notre arrivée, nous avions tous été émus et horrifiés par ce qui était arrivé en Sierra Leone. Nous restons profondément affligés par les souffrances que connaît ce pays; mais nous en rapportons également une impression différente : nous avons tous été frappés par les signes d’espoir qui se manifestent en Sierra Leone, par le dynamisme et l’énergie de la population, par les immenses efforts qu’entreprennent le Gouvernement, la société civile, l’Organisation des Nations Unies et l’ensemble de la communauté internationale pour l’emporter sur l’infime minorité qui tient à la violence et remettre ce pays sur les rails.

Le message que nous allons rapporter à New York consiste à prendre de nouveau un double engagement, à savoir, en premier lieu, l’engagement de continuer d’aider la population sierra-léonaise à reconstruire son avenir et, en second lieu, un engagement en faveur de l’œuvre de maintien de la paix des Nations Unies. Au cours des prochains jours, nous allons nous pencher avec le plus grand soin sur nos conclusions et recommandations avant notre retour à New York. Mais nous voudrions aujourd’hui, avant notre départ de Sierra Leone, vous faire part d’un certain nombre d’observations.

Nous évoquerons tout d’abord la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL). Cette mission a connu cette année des difficultés traumatisantes. Elle a surmonté cette crise avec succès. Nous avons pu nous rendre compte par nous-mêmes du caractère particulièrement impressionnant de l’œuvre de maintien et de rétablissement de la paix qu’accomplissait chacune des unités auxquelles nous avons rendu visite. C’est l’un des messages les plus importants que nous rapporterons avec nous. Le Conseil de sécurité va devoir prendre un certain nombre de décisions importantes sur l’orientation, le mandat et la structure futurs de la MINUSIL, et notre visite nous a renforcés dans notre détermination à rendre cette opération aussi efficace, performante et musclée que possible, même si beaucoup reste à faire.

En second lieu, notre passage dans ce pays nous a fait comprendre mieux que jamais la gravité, l’étendue et la complexité des problèmes auxquels ce pays est confronté. Ils ne pourront être réglés qu’en appliquant une stratégie globale selon laquelle la communauté internationale devra fournir une assistance importante à long terme, dans le cadre de laquelle l’Organisation des Nations Unies jouera un rôle prépondérant. D’un autre côté, nous avons l’intime conviction que le Gouvernement non seulement doit jouer son rôle, mais dispose d’atouts importants pour le faire. Il s’agit d’un pays qui a énormément souffert, mais dont la population constitue la plus importante ressource. Nous voudrions voir les Sierra-Léonais, sous la direction de leur gouvernement, assumer un rôle de plus en plus important pour stabiliser et régénérer leur pays, et nous pensons qu’ils peuvent le faire. Nous espérons que l’appui du monde extérieur, que cette mission la plus importante que le Conseil de sécurité ait envoyée en Afrique représente, saura galvaniser la population et l’encourager à assumer un tel rôle.

Nous voudrions dire quelques mots sur le tribunal spécial. Nous avons entendu ici le Gouvernement, le pouvoir judiciaire, la société civile et les organisations non gouvernementales (ONG) avancer un large éventail d’opinions. Le Conseil de sécurité entendra examiner les recommandations du Secrétaire général avant de se prononcer sur la question. Mais nous pouvons d’ores et déjà adresser un message des plus clairs : nous demeurons déterminés à ce que ce tribunal rende une justice équitable, rapide et efficace au nom du peuple sierra-léonais. Nous comptons que seuls les principaux responsables des crimes perpétrés seront mis en accusation par le tribunal. Les enfants, la société civile, les ONG et différents organismes font savoir avec force que les personnes de moins de 18 ans ne devraient pas relever de sa compétence. Nous sommes fermement convaincus que la justice du tribunal spécial peut être rendue d’une façon compatible avec le processus de réconciliation.

Nous allons quitter la Sierra Leone, mais notre mission continue dans la région. L’un des messages les plus clairs que nous ayons entendus ces derniers jours est que la crise en Sierra Leone est une crise régionale, du point de vue de ses causes et de ses effets, mais aussi sur le plan des solutions à lui apporter. En rétablissant la paix, la stabilité et la prospérité en Sierra Leone, on pourra les rétablir aussi dans le reste de la région. Nous invitons les dirigeants des pays membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), à titre individuel et collectif, à assumer cette responsabilité et à agir en conséquence. Ils peuvent compter sur le plein appui de l’Organisation des Nations Unies et de la communauté internationale.

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.