AG/SHC/480

LES DELEGATIONS PRONENT LA SOLIDARITE POUR SAUVER LES ENFANTS SOLDATS, LES ENFANTS REFUGIES ET LES ENFANTS VICTIMES D'EXPLOITATION

13 octobre 2000


Communiqué de Presse
AG/SHC/480


LES DELEGATIONS PRONENT LA SOLIDARITE POUR SAUVER LES ENFANTS SOLDATS, LES ENFANTS REFUGIES ET LES ENFANTS VICTIMES D’EXPLOITATION

20001013

Poursuivant leur débat sur la promotion et la protection des droits des enfants, à la Commission des affaires sociales, culturelles et humanitaires, plusieurs délégations ont présenté les mesures prises par leurs gouvernements respectifs pour promouvoir la survie et le développement des enfants ainsi que pour leur garantir les droits qui leur sont reconnus dans la Convention adoptée en 1989. Le représentant du Mozambique a indiqué que son pays a adopté un cadre juridique, social et économique incorporant les principales dispositions de la Convention relative aux droits de l'enfant ainsi que de la Charte africaine sur les droits et le bien-être des enfants. Cette mise en harmonie de la législation nationale mozambicaine s'est faite en coopération avec d'autres acteurs, dont ceux de la société civile, a-t-il précisé. Le représentant a ajouté que les lois sur le service militaire et sur la défense fixent à dix-huit ans l'âge minimum de la conscription. Pour sa part, le représentant du Pakistan a déclaré que les efforts de son pays pour éliminer le travail des enfants dans l’industrie textile ont été couronnés de succès. Il a exhorté les pays développés à apporter une aide aux pays en développement pour que ceux-ci libèrent leurs enfants du joug du travail pour que l’on mette fin au cercle vicieux de la pauvreté, de l’analphabétisme et de la dépendance. Faisant écho à cette déclaration, le représentant du Cameroun, tout comme d’autres délégations, a souligné que la lutte contre la pauvreté doit demeurer la priorité de la communauté internationale. Mais la représentante de la Palestine a expliqué qu’un climat de paix et des conditions de sécurité fondées sur le respect et la dignité sont indispensables à la protection intégrale des droits des enfants. Soulignant qu'elle représentait un peuple qui venait d'être témoin du meurtre de plus de 20 de ses enfants, elle a affirmé que l’utilisation excessive de la force par l’armée israélienne, dans le cadre de l’occupation, a entraîné la perte d'un grand nombre de vies humaines et la destruction de nombreuses infrastructures, ce qui a eu dans tous les territoires occupés, des incidences négatives sur le bien-être général des enfants palestiniens.

Plusieurs délégations ont par ailleurs évoqué les fléaux de l’exploitation sexuelle des enfants, de la vente des enfants et de la pornographie impliquant des enfants. Le Ghana, La Tunisie, et la Gambie ont souligné l’ampleur du phénomène des enfants réfugiés et des enfants soldats. La représentante de la Gambie, citant des données statistiques déprimantes, a indiqué qu’entre 1986 et 1996, les conflits armés ont causé la mort de 2 millions d’enfants; ils ont fait 6 millions de blessés, 1 million d’orphelins et jeté 22 millions d’enfants sur les routes de l’exil ou du déplacement.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Barbade au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM); Mozambique; Ghana; Tunisie; République-Unie de Tanzanie; Andorre; Venezuela; Kenya; Australie; Pakistan; Cuba; Cameroun; Sierra Leone; Gambie et Indonésie. Les observateurs de la Suisse et de la Palestine ont également participé au débat.

La Troisième Commission conclura, cet après-midi, à partir de 15 heures, son débat sur la promotion et la protection des droits de l'enfant.

PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L'ENFANT

Suite du débat

MME BETTY ANN RUSSELL (Barbade) s'exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a déclaré que beaucoup reste à faire pour la promotion et la protection des droits des enfants, malgré les progrès enregistrés depuis 1990. La pauvreté, les disparités entre riches et pauvres, les conflits et la pandémie du VIH/sida continuent à avoir de lourdes conséquences sur les enfants et les groupes vulnérables, a-t-elle dit. Mme Russel a indiqué que selon les chiffres de l’UNICEF, 130 millions d'enfants dans les pays en développement ne vont pas à l’école, dont deux tiers sont des fillettes, et près de 50 millions d'enfants et de femmes sont victimes de conflits armés, de violence et d’exploitation. La représentante a affirmé que l'impact de la mondialisation sur la capacité des pays à atteindre les objectifs du Sommet du millénaire doit être minutieusement évalué et des recommandations formulées. La révolution informatique et des technologies de communication a eu des effets positifs et négatifs sur les enfants. Son potentiel positif doit être exploité pas seulement au service des riches mais également pour l'amélioration de la situation des pauvres et des groupes vulnérables, a-t-elle affirmé.

Mme Russell a estimé que l'éducation, particulièrement celle des fillettes, est l'un des meilleurs moyens pour lutter contre la pauvreté et créer une société plus équitable. Elle a rappelé à cet égard que la CARICOM s’est depuis longtemps associée à l'Education pour tous, objectif visé par l’UNICEF. La représentante a également évoqué la pandémie du VIH/sida que les pays de la CARICOM combattent vigoureusement grâce à un plan stratégique régional. La sous-région, a-t-elle expliqué, a la prévalence la plus élevée du VIH/sida dans l'hémisphère occidental. Le VIH/sida n'est pas seulement un problème de santé, mais c’est aussi un problème social, économique et une question d'éducation. Mme Russell, qui s’est félicitée de l'adoption des résolutions 1261 et 1314 par le Conseil de sécurité, a souligné la nécessité de protéger les enfants en situation de conflits armés, les enfants prisonniers et ceux qui sont victimes de la pornographie et de la traite. Elle a estimé qu'une application effective des instruments juridiques internationaux pertinents, une meilleure collaboration internationale et une lutte déterminée contre la vente illicite d’armes de petit calibre contribueraient à résoudre ces fléaux.

M. MIRKO GIULIETTI (Suisse) a regretté que le caractère universel de la Convention relative aux droits des enfants ne s’accompagne pas encore du respect effectif des droits qui y sont énoncés. Par conséquent, des efforts doivent encore être faits par les Etats et également par les divers organes des Nations Unies, par les organisations non gouvernementales et les acteurs économiques. Afin de renforcer la protection des enfants, la Suisse a participé activement à l’élaboration du Protocole facultatif concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés et s’engagera à l’avenir en faveur de la ratification par tous les Etats de cet instrument afin que tous les pays reconnaissent également l’âge limite de 18 ans pour le recrutement volontaire et pour qu’aucune réserve ne vienne affaiblir la portée de ce Protocole. M. Giulietti a souligné que le Protocole comporte d’évidentes faiblesses, tout particulièrement en ce qui concerne le régime prévu pour le recrutement volontaire et aussi, dans une certaine mesure, la participation aux hostilités, où la Suisse souhaitait une disposition à caractère plus contraignant.

La Suisse est convaincue que des actions au niveau régional doivent également être entreprises afin d’assurer une meilleure protection des droits de l’enfant, notamment en cas de conflit. Dans ce sens, elle soutient un engagement accru de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) en faveur des enfants par la création de mécanismes institutionnels forts, afin de concrétiser la bonne volonté existante des Etats membres de l’OSCE dans ce domaine.

Enfin, la Suisse estime également que l’adoption d’un Protocole facultatif à la Convention des Nations Unies contre la torture, qui vise à ce qu’un Comité international puisse en tout temps visiter tout lieu où se trouvent des personnes privées de liberté par une autorité publique, permettra d’améliorer le sort des enfants victimes de mauvais traitements et de torture. Elle souhaite ainsi que tous les Etats prennent part activement, l’année prochaine, aux travaux préparatoires d’un tel Protocole.

M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique) s'est félicité de l'attention accordée par le Conseil de sécurité à la question des enfants dans les conflits armés et l'a exhorté à poursuivre ses délibérations. Il a également salué la convocation de la Conférence de Winnipeg sur le même thème par le Gouvernement canadien. Il a précisé qu'au Mozambique un Programme de réunification des familles visant à réintégrer dans la société les enfants victimes de la guerre, a été réalisé avec succès.

Le représentant a ensuite expliqué qu'afin de promouvoir et de protéger les droits des enfants, le Gouvernement du Mozambique a adopté un cadre juridique, social et économique incorporant les principales dispositions de la Convention relative aux droits de l'enfant ainsi que d'un autre instrument régional auquel il est partie, à savoir la Charte africaine sur les droits et le bien-être des enfants. Cette mise en harmonie de la législation nationale s'est faite en coopération avec d'autres acteurs, dont ceux de la société civile. En ce qui concerne les autres mesures prises par son Gouvernement pour la promotion et la protection des droits de l'enfant, M. Dos Santos a notamment précisé que les lois sur le service militaire et sur la défense fixent à dix-huit ans l'âge minimum de la conscription. Dans le même esprit, la loi sur le travail, la loi sur la famille et les autres cadres d'action ont été adoptés pour défendre les droits des enfants.

Par ailleurs, le représentant a souligné que la cause des droits de l'enfant ne devrait pas s'arrêter à la ratification de la Convention relative aux droits de l'enfant et à ses deux Protocoles facultatifs. Ces instruments devraient être traduits par des actions concrètes menées à tous les niveaux de nos sociétés dans l'intérêt de nos enfants, sur qui repose l'avenir de l'humanité, a-t-il ajouté. A cette fin, le Mozambique soutient pleinement les travaux et les importantes recommandations faites par le bureau de M. Olara Otunnu et est prêt à les mettre en oeuvre.

MME BEATRICE ROSA BROBBEY (Ghana) a déclaré que la situation des enfants dans le monde révèle que la communauté internationale ne s’engage pas de façon effective en leur faveur. Sa délégation appuie l’appel lancé par M. Olara Otunnu, le Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, en vue d’un respect scrupuleux et d’une application concrète des instruments juridiques pertinents. La représentante a affirmé que son pays est préoccupé par les enfants touchés par les conflits armés mais a noté avec satisfaction les progrès tangibles réalisés dans ce domaine. Mme Brobbey a indiqué qu’en avril dernier, la capitale de son pays a accueilli une conférence sous régionale sur les enfants et les conflits armés et que les participants ont adopté un plan d’action couvrant la Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest (CEDEAO).

Evoquant la situation dans son pays, Mme Brobbey a indiqué qu’au Ghana, l’âge de la responsabilité criminelle a été porté de 7 à 14 ans. La représentante a estimé que la collaboration avec le secteur privé pourrait réduire les risques d’exploitation sexuelle. Elle a noté avec satisfaction le travail de l’UNICEF pour endiguer la propagation du VIH/sida dans la sous région, notamment pour limiter la transmission de la mère à l’enfant. Mme Brobbey a enfin affirmé que la lutte contre les fléaux qui menacent les enfants exige de la communauté internationale un engagement politique à tous les niveaux.

M. ALI CHERIF (Tunisie) a déclaré que l’adoption des deux protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l’enfant constitue une avancée significative sur la voie de la pleine réalisation des droits de l’enfant, et qu’il appartient maintenant aux Etats de traduire les engagements dans les faits et de veiller à l’application de ces normes.

Il a rappelé que dans de nombreuses régions du monde, la situation de l’enfant demeure préoccupante, particulièrement en Afrique. Le nombre des enfants de moins de 18 ans participant à des conflits armés est estimé à plus de 300 000, la moitié des 40 millions de réfugiés sont des enfants et plus d’un million d’enfants sont orphelins ou séparés de leurs parents. Ces chiffres sont alarmants et inacceptables. M. Cherif a exhorté la Communauté internationale à multiplier ses efforts pour mettre fin à cette tragédie humaine et coordonner l’action des différents intervenants pour optimiser les résultats.

Par ailleurs, la Tunisie a attiré l’attention de la communauté internationale sur la situation des enfants vivant sous l’occupation étrangère. “Comment ne pas s’indigner à l’image d’un enfant de 12 ans froidement assassiné par des militaires armés alors qu’il essayait de se protéger contre la barbarie et ce au mépris total des principes les plus élémentaires de l’être humain!”, s’est exclamé M. Cherif.

De notre point de vue, a ajouté M. Cherif, le suivi de la promotion des droits de l’enfant devrait être assuré par des mécanismes d’appui garantissant la mise en œuvre effective des normes légales en vue de les traduire effectivement en action. A cette fin, la Tunisie a créé le poste de Commissaire chargé de la protection de l’enfance auprès des gouvernorats avec de larges compétences lui permettant d’intervenir auprès des familles pour résoudre les problèmes qui se posent aux enfants.

M. DAUDI N. MWAKAWAGO (Tanzanie) s'est associé à la déclaration faite par le représentant de la Namibie au nom de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SDAC). Il a indiqué que son Gouvernement a formulé un plan d'action national visant la mise en œuvre des objectifs de la Convention relative aux droits de l'enfant, en particulier dans les domaines de la réduction de la mortalité infantile, de la malnutrition, de l'accès à l'éducation, des services de santé, d'abris et d'eau potable. Faisant remarquer que des progrès ont été réalisés, il a estimé qu'il reste encore beaucoup à faire, notamment en termes d'augmentation de l'aide en provenance de la communauté internationale, des institutions de Bretton Woods, du secteur privé et des organisations non gouvernementales. Il a déclaré que, dans un monde de plus en plus mondialisé, il convient de s'attaquer au problème de la pauvreté qui est exacerbé dans les pays en développement par le problème de la dette, le manque d'investissement et de flux financiers. Le représentant a ainsi lancé un appel à l'aide internationale afin d'éliminer la pauvreté qui retarde la réalisation des objectifs du Sommet mondial pour les enfants.

Faisant observer que l'épidémie du VIH/sida est un problème sérieux auquel fait face son Gouvernement, il a indiqué que l'épidémie, et notamment sa transmission à l'enfant par la mère, a renversé les progrès enregistrés dans le domaine de la santé. Dans ce contexte, il a lancé un appel pour plus d'aide dans le domaine de la prévention de la transmission du virus à l'enfant par la mère et a émis l'espoir que le Partenariat pour la lutte contre le sida sera en mesure d'affronter le virus. Il a également exprimé l'espoir, qu'à l'occasion de la Session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au problème du VIH/sida, la question de l'impact de la pandémie sur l'enfant soit étudiée sous tous ces aspects et qu'un plan d'action en la matière soit formulé afin d'y répondre. Il a par ailleurs déclaré que la communauté internationale doit prendre des mesures urgentes pour s'attaquer aux problèmes de la prostitution et du trafic d'enfants, et de la pornographie mettant en scène des enfants. Il a ajouté qu'il est également important de garantir que les enfants ne sont pas exploités au travail alors que leur place à l'école reste vide. "Nous ne pouvons pas continuer de voir nos enfants être victimes de violence en situation de conflit. C'est un crime de le faire", a-t-il continué déclarant qu'il est grand temps, alors que se prépare la session extraordinaire de l'Assemblée générale d'examen du Sommet mondial des enfants, de réaliser les promesses faites en 1989 en matière de droits des enfants.

MME ROSER SUÑE (Andorre) a salué le rapport du Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, M. Otunnu, et pour les propositions constructives qu’il contient. L´Andorre se réjouit notamment du fait que la question de la protection des enfants dans les conflits armés soit partie intégrante de la sphère de compétence du Conseil de sécurité. Aujourd´hui que le rapport Brahimi suscite une nouvelle réflexion sur les opérations de maintien de la paix, il est également important que toutes les missions soient sensibilisées aux questions spécifiques relatives à l’enfance et que, sur le terrain, le personnel soit en mesure de répondre de manière beaucoup plus efficace aux besoins des enfants. Un aspect fondamental concerne le travail qui doit être effectué dans les situations de post-conflit; il faut élaborer des programmes cohérents qui prennent en compte les besoins des enfants ayant vécu des situations de guerre.

Par ailleurs, l’Andorre a déclaré appuyer toutes les initiatives visant à renforcer la pénalisation des crimes portant atteinte aux enfants. C’est pourquoi l’élaboration du statut de la Cour pénale internationale doit recevoir toute l’attention de la communauté internationale. Enfin, Mme Suñé a exprimé le souhait que la conférence sur le sida qui se tiendra l’année prochaine porte une attention particulière au sort des enfants touchés par la maladie.

MME FEDA ABDELHADY NASSER (Observatrice de la Palestine) a affirmé qu’elle s’adressait aujourd’hui à la troisième Commission en tant que représentante d’un peuple qui vient de voir de plus de vingt de ses enfants brutalement assassinés. Elle a spécifiquement rappelé ce qu’elle a décrit comme l’assassinat délibéré du jeune Mohammed Jamal Al-Durra, âgé de 12 ans. Elle a ajouté que la mort de cet enfant, que son père n’a pas réussi à sauver des balles qui les criblaient, a donné au monde une image forte qui représente bien la tragédie des enfants palestiniens vivant sous l’occupation israélienne. Mohammed Jamal Al-Durra était un enfant innocent, a-t-elle souligné. Mme Nasser a ajouté qu’au cours de ces deux dernières semaines, beaucoup d’autres familles palestiniennes ont du enterrer leurs petites filles et leurs petits garçons.

La représentante a indiqué que dans la réalité tragique des conflits armés et de l’occupation étrangère, la vie des enfants est en danger et ils ne peuvent donc pas jouir de leurs droits. Elle a expliqué qu’un climat de paix et des conditions de sécurité fondées sur le respect et la dignité sont indispensables à la protection intégrale des droits des enfants. Elle a affirmé que l’utilisation excessive de la force par l’armée israélienne, dans le cadre de l’occupation qui continue à opprimer le peuple palestinien et les enfants de Palestine, a entraîné de nombreuses pertes en vies humaines et la destruction de nombreuses infrastructures, ce qui a eu dans tous les territoires occupés, des incidences négatives sur les enfants, y compris la fermeture d’écoles.

Mme Nasser, qui a déclaré qu’elle avait espéré s’exprimer dans un contexte plus propice à l’énumération des progrès accomplis par le peuple palestinien en faveur des enfants, a réaffirmé qu’Israël, la Puissance occupante depuis des décennies, viole les droits des enfants palestiniens et les instruments juridiques pertinents relatifs aux droits de l’homme et à la protection et à la promotion des droits des enfants. Elle a souligné que les enfants palestiniens méritent une attention particulière, ainsi que de la protection et une assistance. A cet égard, Mme Nasser a enfin exhorté la communauté internationale à prendre ses responsabilités.

M. MARIO AGUZZI-DURAN (Venezuela) a déclaré que le grand nombre de signatures déjà apposées aux Protocoles à la Convention relative aux droits de l'enfant sur l'implication des enfants dans les conflits armés et sur la vente des enfants, la prostitution des enfants et la pornographie impliquant des enfants est un signe encourageant. Faisons de ces protocoles la preuve de notre volonté politique et de notre engagement moral à traduire dans la réalité les mesures que leur contenu, que nous avons librement accepté, nous engage à mettre en œuvre. Le représentant a reconnu que des progrès ont été réalisés mais a regretté les nombreuses atrocités qui continuent d'être commises contre les enfants, en dépit de l'existence d'instruments juridiques qui les interdisent et d'accords d'autre nature pris en faveur des droits de l'enfant.

Le Venezuela a été de longue date opposé à la participation des enfants aux conflits armés, a ajouté le représentant. La législation nationale établit que les personnes qui participent aux combats doivent avoir atteint l’âge de 18 ans. Par ailleurs, le représentant a déclaré que la vente et la traite des enfants, quelles que soient leurs fins, sont un problème qui préoccupe le Venezuela. Il s'est dit convaincu que la protection des enfants ne doit pas se limiter au seul aspect sexuel. Le Venezuela condamne également d'autres pratiques, par exemple celles qui violent les normes internationales en matière d'adoption. Notre législation sanctionne le trafic des enfants et des adolescents, ainsi que leur exploitation et leur abus sexuel, a précisé le représentant.

Poursuivant, le représentant a déclaré que le peuple du Venezuela s'est doté d'une nouvelle constitution dont l'un des premiers paragraphes est consacré aux devoirs, aux droits humains et aux garanties dont bénéficient les personnes. En matière d'égalité entre les sexes, notre nouvelle magna carta s'inscrit dans le principe d'égalité et de non discrimination, a-t-il ajouté. Le représentant a également expliqué que le Venezuela offre un traitement égalitaire aux fillettes comme aux garçons. Il a ajouté que son Gouvernement s'emploie à harmoniser sa législation avec les dispositions de la Convention relative aux droits de l'enfant et a adopté, le 1er avril 2000, une loi organique pour la protection de l'enfant et de l'adolescent.

M. FARES M. KUINDWA (Kenya) s'est dit profondément préoccupé par la propagation du VIH/sida, qui a pris l'ampleur d'une pandémie. A cet égard, il a salué toutes les interventions et les systèmes de soutien que les Nations Unies et les organisations de promotion des droits de l'enfant ont mis en place. Le Kenya attache une grande importance à la question des enfants et, à ce titre, a approuvé une loi sur les droits des enfants, ratifié la Charte africaine sur les droits et le bien-être des enfants et signé les deux Protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l'enfant.

Au cours de ses 36 ans d'indépendance, le Kenya n'a pas connu de conflit armé. Néanmoins, il a dû offrir un refuge aux enfants victimes de conflits armés faisant rage dans des pays voisins. Nous avons donc pu constater directement quelles sont les souffrances que provoquent les conflits chez des enfants innocents, a déclaré le Représentant. Avec la collaboration du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), le Gouvernement kenyan tente de mettre en place des initiatives de paix et de réconciliation afin de faire en sorte que ces enfants ne soient pas utilisés pour perpétuer les hostilités.

Le représentant a jugé particulièrement important de voir au-delà de ces événements catastrophiques et de considérer comment établir et encourager, au niveau local, la formation et le renforcement des capacités en matière de gestion des traumatismes et de réhabilitation des enfants touchés par la guerre. Il faut également pouvoir être en mesure d'évaluer les séquelles psychologiques dont souffrent les enfants et agir en conséquence. Il faut donc que la communauté internationale fasse tout ce qui est en son pouvoir pour rassembler les fonds nécessaires à de telles initiatives destinées aux enfants, donc à notre avenir, a conclu le représentant.

MME ROBYN MUDIE (Australie) a déclaré que l'Australie est un pays qui chérit la démocratie, le règne du droit et de la tolérance, ainsi que la défense des droits humains, y compris ceux des enfants et des adolescents. La manière dont les enfants et les jeunes sont traités dans une société la définissent. En tant que groupe le plus vulnérable, les enfants doivent recevoir une protection spéciale et des soins spéciaux de la part de la communauté internationale, a souligné la représentante.

Mme Mudie a salué l'adoption en 1999 de la Convention de l'Organisation internationale du Travail (OIT) sur l'interdiction des pires formes de travail des enfants, que l'Australie se prépare actuellement à ratifier. Elle a salué les travaux du Représentant spécial du Secrétaire général sur les enfants et les conflits armés. Nous avons pris note de son objectif de canaliser les activités de nombreuses organisations travaillant dans ce domaine afin de constituer un ensemble d’activités essentielles et viables, a-t-elle déclaré. Nous sommes d'accord sur le fait que des actions concrètes et ciblées peuvent produire des résultats tangibles et nous attendons avec impatience les résultats des efforts du Représentant spécial, a ajouté la représentante. Elle a également salué l'adoption du Programme pour les enfants touchés par la guerre, lors de la récente Conférence de Winnipeg au Canada.

De même, l'Australie appuie les travaux du Rapporteur spécial sur la vente des enfants, Mme Ofelia Calcetas-Santos. L'Australie soutient fermement les efforts en vue de contrer la répugnante pratique de la traite des enfants, a souligné la représentante.

A son avis, le dixième anniversaire de l’adoption de la Convention relative aux droits de l'enfant, ainsi que celui du Sommet mondial pour l’enfance, fourniront en 2001 à la communauté internationale la possibilité d'évaluer les progrès réalisés dans la mise en œuvre des objectifs fixés en 1990 et d'identifier les nouveaux défis. La session extraordinaire sur ce thème devra notamment examiner les problèmes de la malnutrition, des taux de mortalité élevés, de la santé et de l'éducation des fillettes.

M. MUNAWAR SAEED BHATTI (Pakistan), après avoir énuméré d’importants défis mondiaux tels que les conflits et la violence, la pauvreté, le VIH/sida, a déclaré que la situation dans laquelle se trouvent les femmes et les enfants dans les conflits armés est préoccupante. Il a salué les efforts de M. Olara Otunnu, le Représentant spécial pour les enfants et les conflits armés, en vue d’attirer l’attention de l’opinion publique internationale à cet égard. Il a exprimé son accord avec M. Otunnu sur la question de l’écroulement des valeurs traditionnelles qui, par le passé, protégeaient la femme et l’enfant dans la société. A cet égard, M. Bhatti a affirmé qu’il est impératif que les dirigeants politiques et la société civile joignent leurs efforts afin de rétablir ces valeurs.

Déplorant les adoptions forcées d’enfants, le marché de plus en plus lucratif du sexe, la vente des enfants et la pornographie impliquant des enfants, M. Bhatti dit que le rapport de Mme Ofelia Calcetas-Santos, Rapporteur spécial de la Commission des droits de l’homme sur ces questions, contient des informations très utiles. Il a ajouté que le Pakistan est d’accord avec l’opinion exprimée dans ce rapport selon laquelle une famille harmonieuse est le milieu idéal de l’enfant, et que le contact physique entre la mère et l’enfant est irremplaçable. A propos

de la Convention 182 de l’OIT sur les pires formes de travail des enfants, le Pakistan, a-t-il précisé, a mis en place des réformes en vue d’éliminer progressivement ce fléau. A cet égard, son pays a lancé en début d’année un Plan d’action national en ce sens, a-t-il ajouté. Le représentant a déclaré que les efforts de son pays pour éliminer le travail des enfants dans l’industrie textile ont été applaudis. Il a exhorté les pays développés à apporter une aide aux pays en développement pour que ceux-ci libèrent leurs enfants du joug du travail pour que l’on mette fin au cercle vicieux de la pauvreté, de l’analphabétisme et de la dépendance.

MME MERCEDES DE ARMAS GARCIA (Cuba) a estimé que si nous n'assumons pas nos responsabilités présentes, nos enfants recueilleront les rebuts d'une civilisation moderne qui, malgré les Nations Unies, les grandes conférences, les pactes et les conventions, dépérit, frappée par les maladies curables ou la pandémie de VIH/sida, la malnutrition ainsi que par les conflits armés ou encore les violations des droits des enfants telles que les sévices ou la traite.

La représentante a indiqué que Cuba a mis en place il y a plusieurs années un Programme d'action national chargé de la réalisation des objectifs fixés lors du Sommet mondial de l'enfance, et qui démontre que la volonté politique joue un rôle essentiel. Elle a ajouté que prétendre réussir un développement intégral de l'enfance sans être parvenu à un développement social et matériel n'a pas de sens. Les efforts déployés au niveau national doivent être soutenus par la solidarité internationale, a-t-elle souligné.

La représentante a ensuite jugé préoccupant que le Conseil de sécurité, organe chargé de la préservation de la paix et de la sécurité internationales, s'immisce dans la promotion et la protection des droits de l'enfant. Ce thème doit recevoir une attention plus large et les décisions dans ce domaine doivent émaner des organes à qui la Charte des Nations Unies a accordé une compétence dans le domaine social, humanitaire et des droits de l'homme, à savoir le Conseil économique et social et l'Assemblée générale. La représentante a estimé que, pour être jugée importante, une question ne doit pas nécessairement avoir été considérée par le Conseil de sécurité.

Par ailleurs, la représentante a jugé particulièrement important que le Rapporteur spécial de la Commission des droits de l'homme sur la vente des enfants, Mme Ofelia Calcetas-Santos, n'ait pas pu être présente pour présenter son rapport à la Troisième Commission et participer au débat sur son rapport. Cuba estime que s'il est vrai que ses efforts ont contribué à approfondir la prise de conscience sur les pernicieuses pratiques que sont la vente d'enfants, la prostitution des enfants et la pornographie impliquant des enfants, il n'en est pas moins regrettable que le rapport ne soit pas complet ni riche en statistiques et en références. La représentante a espéré que le prochain rapport mettrait à profit le questionnaire envoyé à tous les Etats pour identifier plus clairement où sont les problèmes et comment nous pouvons les affronter. La représentante a également critiqué la pratique, en voie d’institutionnalisation, de certains rapporteurs spéciaux de la Commission des droits de l'homme, qui consiste à choisir unilatéralement un thème spécifique sur lequel axer leur rapport.

M. PIERRE NDZENGUE (Cameroun), a déclaré que le Cameroun appuie le fait que le Conseil de Sécurité ait reconnu la question des enfants dans les conflits armés comme intégrante de sa sphère de compétence. La délégation camerounaise voudrait saluer particulièrement M. Olara Otunnu, Représentant du Secrétaire général pour la protection des enfants touchés par les conflits armés pour le travail accompli et qui lui a valu des retombées remarquables en temps record. Lésés en terme de bien-être et d’accomplissement personnel, les enfants des pays en développement ne peuvent devenir des citoyens responsables et productifs, la pauvreté ayant légué des séquelles dans leurs esprits et dans leur corps, a poursuivi le représentant. La lutte contre la pauvreté doit donc demeurer notre priorité, a-t-il insisté. A cet égard, les pays en développement doivent recevoir des ressources substantielles pour le financement des services sociaux de base. Ceci appelle, dans l’esprit d’un contrat de solidarité, l’accroissement de l’aide publique au développement ainsi qu’un traitement adéquat du problème de la dette. La délégation du Cameroun est d’autre part d’avis que pour lutter contre la pandémie du VIH/sida, les dirigeants du monde entier doivent envisager des dispositions donnant aux enfants et aux jeunes les connaissances leur permettant de se protéger des risques de contamination.

En ce qui concerne la politique de son pays, le représentant a précisé que les orientations stratégiques pour la protection de la petite enfance, à savoir: l’éducation parentale et communautaire à l’encadrement de la petite enfance de la conception jusqu’à l’entrée au cycle primaire; la promotion des institutions publiques et privées de substitution temporaire ou définitive aux familles; l’appui aux initiatives privées individuelles et communautaires d’encadrement de la petite enfance; la rééducation des mineurs dans des institutions spécialisées; l’encadrement des mineurs incarcérés; la réinsertion socio-économique des mineurs par la formation et le placement professionnel.

M. FODE S. KAMARA (Sierra Leone) a estimé que les rapports soumis à la Commission contenaient des propositions visant à satisfaire le bien être des enfants. Rappelant que de nombreux pays membres ont ratifié ou adhéré à la Convention relative aux droits de l'enfant, il a fait observer que la situation des enfants dans de nombreuses régions du monde demeure critique. A cet égard, ma délégation estime que la poursuite des conflits civils, en particulier dans les pays en développement, combinée à la pauvreté et aux problèmes qui l'accompagnent, entrave la pleine mise en œuvre des principes de la Convention et de ses Protocoles facultatifs, a-t-il déclaré. M. Kamara a indiqué qu'en dépit de la situation de guerre qui persiste dans son pays, le Gouvernement, conscient de ses obligations visant à garantir et à promouvoir les droits des enfants, a mis en place un Ministère pour les Affaires sociales, l'égalité entre les sexes et l'enfance, ayant un mandat particulier pour la protection des enfants, y compris des enfants dans les conflits armés. Avec l'aide de la communauté internationale, a-t-il poursuivi, le Gouvernement a également mis en place un département chargé des programmes de désarmement, de démobilisation et réintégration. Ces programmes accordent une attention particulière aux besoins spécifiques des enfants soldats.

Le représentant a informé la Commission que son Gouvernement a établi, en avril dernier, une Commission nationale pour les enfants touchés par la guerre, et ce, afin de s'assurer que les besoins et le bien être des enfants et des jeunes soient pleinement pris en considération. C'est pourquoi, a-t-il conclu, mon pays continuera d'accueillir avec appréciation l'aide bilatérale d'autres pays amis visant à alléger les souffrances des enfants, à leur fournir la protection nécessaire et à promouvoir leurs droits, conformément aux dispositions de la Convention et de ses Protocoles facultatifs.

MME JULIANA G. BALDEH (Gambie) citant des données statistiques déprimantes, a indiqué qu’entre 1986 et 1996, les conflits armés ont causé la mort de 2 millions d’enfants; ils ont fait 6 millions de blessés, 1 million d’orphelins et jeté sur les routes de l’exil ou du déplacement 22 millions d’enfants; par ailleurs, on estime à 300 000 le nombre d’enfants soldats âgés de moins de 18 ans. La représentante a affirmé que sa délégation est particulièrement préoccupée par le fait que malgré la panoplie d’instruments juridiques internationaux pour la protection des enfants dans les conflits armés, la violation des droits humains de ces enfants se poursuit avec impunité. A cet égard, la Gambie soutient l’initiative d’une “Stratégie pour une ère d’application du droit international” telle que proposée par M. Otunnu, a indiqué Mme Baldeh. Son pays appuie également la nécessité, pour la communauté internationale, d’assurer que les crimes de guerre perpétrés contre les enfants ne resteront pas impunis. C’est pour cela, a- t-elle précisé, que la Gambie appuie la création du Tribunal pénal international et est en faveur d’un Tribunal spécial pour la Sierra Leone.

Mme Baldeh a enfin souligné l’importance des mécanismes de prévention des conflits et de la coopération internationale pour la protection des enfants. Citant Mme Graça Machel, elle a dit qu’il faut “mettre les enfants à leur place, c’est-à-dire au cœur de toutes nos actions”.

MME LUCIA RUSTAM (Indonésie) a déclaré qu’en Indonésie, comme dans nombre d’autres Etats, la pauvreté constitue la principale menace au bien-être et à la santé des enfants. C’est un fait totalement incompréhensible qu’en ces temps de prospérité et d’enrichissement, tant d’enfants continuent de mourir de faim et de malnutrition, du manque d’eau potable et ou de la défaillance des systèmes d’hygiène publique, ou tout simplement du fait de négligences, s’est indignée Mme Rustam. La situation est d’autant plus préoccupante que tous les ans de nouveaux engagements sont pris mais que ni l’aide au développement, ni la réduction de la dette, ni les programmes antipauvreté n’ont à ce jour apporté des résultats probants. Seuls la reprise de la croissance économique et l’établissement d’institutions financières stables permettront d’améliorer les conditions socioéconomiques générales et auront un impact direct sur la santé et le bien-être des enfants.

Mme Rustam a rappelé que le travail des enfants et la prostitution sont des conséquences directes de l’indigence. Cependant la pauvreté ne saurait excuser de telles pratiques et l’Indonésie a donc signé et ratifié la Convention 138 de l’Organisation internationale du Travail qui est la Convention de base pour l’élimination du travail des enfants et la Convention No 182 concernant l’élimination des pires formes de travail. L´Indonésie a également établi une Commission nationale indépendante sur la protection des enfants afin de mettre fin au travail des enfants et à leur exploitation sexuelle à des fins commerciales.

Enfin, l’Indonésie a déclaré être profondément concernée par le sort des enfants dans les conflits armés et a souligné que les droits des enfants dans les conflits armés doivent constituer une priorité dans les processus de maintien et de consolidation de la paix ainsi que dans les programmes de démobilisation et de réinsertion.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.