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AG/DSI/251

PREMIERE COMMISSION: CUBA ET L'INDE DENONCENT LE REGIME DISCRIMINATOIRE DU TRAITE SUR LA NON-PROLIFERATION DES ARMES NUCLEAIRES (TNP)

6 octobre 2000


Communiqué de Presse
AG/DSI/251


PREMIERE COMMISSION: CUBA ET L’INDE DENONCENT LE REGIME DISCRIMINATOIRE DU TRAITE SUR LA NON-PROLIFERATION DES ARMES NUCLEAIRES (TNP)

20001006

Quelques mois après la tenue de la sixième Conférence de révision du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), la Commission du désarmement et de la sécurité internationale (Première Commission) a entendu ce matin deux Etats non parties au TNP formuler des critiques à l’égard du régime de non-prolifération nucléaire international. Ainsi, l’Inde et Cuba ont fustigé le “régime discriminatoire” qu’institue un tel traité en ce qu’il attribue, à leur avis, une place centrale à l’arme nucléaire dans les doctrines de sécurité des Etats parties au TNP. Le représentant de Cuba a également critiqué les résultats de la Conférence de révision du TNP dans la mesure où aucune mesure n’atteste dans les faits les engagements souscrits à cette occasion. « Bien au contraire, a-t-il précisé, l’on a assisté à l’issue du Sommet du millénaire à des démarches hostiles à l’inclusion dans la déclaration finale d’un modeste appel à la tenue d’une conférence internationale chargée de déterminer les moyens d’éliminer le danger nucléaire ». La Conférence de révision du TNP avait en effet relevé la proposition du Secrétaire général portant sur l’organisation d’un tel événement. Le représentant de l’Inde, de son côté, a estimé que la communauté internationale est en droit d’attendre des Etats nucléaires qu’ils fournissent des garanties sur la réduction du risque de l’usage accidentel ou non autorisé de l’arme nucléaire. L’Inde présentera cette année le projet de résolution sur la réduction du danger nucléaire.

Le représentant de la Mongolie, pour sa part, a évoqué le texte de l’Accord intervenu hier entre les cinq Etats dotés de l’arme nucléaire portant sur le Statut d’Etat exempt des armes nucléaires de la Mongolie. Il a précisé que cette déclaration, par laquelle les cinq Etats accordent des garanties positives et négatives de sécurité à la Mongolie, constitue toutefois une première étape et montre qu’il reste encore beaucoup à faire pour institutionnaliser ce statut.

Les représentants des pays suivants ont fait des déclarations: Turquie, Inde, Cuba, République de Corée, Mongolie, République-Unie de Tanzanie, Yémen, Sri Lanka et Uruguay. L’observateur du Saint-Siège a également pris la parole.

Le débat général se poursuivra cet après-midi, à 15 heures.

Débat général

M. UMIT PARMIR (Turquie) a déclaré que son pays considère le Traité sur les forces conventionnelles en Europe comme étant la pierre angulaire de la stabilité et de la sécurité dans cette région. L’accord d’adaptation de ce traité, signé en novembre 1999, a d’ores et déjà fait naître des obligations juridiquement contraignantes pour les Etats parties, a fait remarquer le représentant. Nous pensons que le Traité, qui entrera en vigueur sous sa nouvelle forme, après la 30ème ratification, apportera une contribution importante à la paix et à la sécurité en Europe. La Turquie exhorte tous les Etats concernés à prendre les mesures nécessaires à l’entrée en vigueur de l’instrument et, dans l’attente de cet événement, à respecter l’Accord d’adaptation. La Turquie fait son possible pour contrôler les transferts d’armes légères qui, jusqu’à ce jour, ne font l’objet d’aucun accord multilatéral. Pour la Turquie, le phénomène de la prolifération des armes légères est un phénomène global et requiert une action multilatérale concertée et une meilleure coopération. A cet égard, le représentant a déclaré que l’institution d’un contrôle international plus efficace passe par la promotion de la transparence. Il a plaidé en faveur de l’élargissement de la portée du Registre des armes classiques. La Turquie est par ailleurs particulièrement préoccupée par les transferts de matières sensibles et de technologies vers des régions à risques, telles que le Moyen Orient.

La Turquie souhaiterait que dans sa région et au-delà, tous les pays se mobilisent contre la prolifération des armes nucléaires. La Turquie a pris, au niveau national, de nombreuses mesures en ce sens et a été l’un des premiers Etats à signer le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. La ratification de l’instrument est intervenue le 16 février 2000. La mise en œuvre effective du Traité apportera une contribution de taille au renforcement du régime mondial de non-prolifération nucléaire, et à la consolidation de son socle fondamental, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Cet instrument demeure un élément clé des avancées en matière de désarmement nucléaire. La Turquie, pays géographiquement proche du Moyen-Orient, attache la plus grande importance à la mise en œuvre de la Résolution concernant cette région, adoptée lors de la Conférence de révision du Traité qui s’est tenue en 1995, et visant à l’instituer en tant que zone exempte d’armes nucléaires. La Turquie appuie pleinement la création de telles zones partout dans le monde et particulièrement en Asie centrale. Toujours en ce qui concerne le désarmement nucléaire, la Turquie est favorable à l’entrée en vigueur, le plus rapidement possible, des garanties de sécurité nucléaire de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Enfin, la Turquie est favorable à l’institution, au sein de la Conférence du désarmement, d’un Comité ad hoc chargé de lancer des négociations sur l’élaboration d’un traité d’interdiction de la production de matière fissile. La Turquie a par ailleurs proposé la conclusion d’un projet d’accord régional entre les Etats de l’Europe du sud-est visant à lutter contre les mines antipersonnel et prévenir leur usage.

M.SALEEM SHERVANI (Inde) a estimé que la Première Commission a la responsabilité de définir une politique de réévaluation du passé et une analyse des perspectives concrètes et sensées du futur. Les délibérations doivent être étayées par le postulat selon lequel seul un ordre pluriel sécuritaire peut relever les défis de la communauté internationale relatifs à la paix et à la sécurité. Les Etats parties au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et leurs alliés ont attribué une place centrale à l’arme nucléaire dans leur doctrine de sécurité ce qui est contraire au principe d’égalité et de légitimité de la sécurité pour tous ainsi qu’à l’avis consultatif de la Cour internationale de Justice. La communauté internationale est en droit d’attendre des Etats nucléaires qu’ils fournissent des garanties sur la réduction

du risque de l’usage accidentel ou non autorisé de l’arme nucléaire. L’Inde, a précisé le représentant, présentera cette année également le projet de résolution sur la réduction du danger nucléaire. Dans cette optique, nous appuyons pleinement la proposition du Secrétaire général des Nations Unies de convoquer une conférence internationale sur les moyens de réduire le danger nucléaire.

Le représentant a souligné que son pays est fermement attaché au désarmement nucléaire. Nous sommes le seul Etat doté de l’arme nucléaire qui soit prêt à négocier au niveau multilatéral pour parvenir à un monde exempt d’un tel danger. Depuis cinquante ans, nous avons toujours plaidé en faveur du désarmement nucléaire universel et vérifiable. Le représentant a regretté que les nombreuses propositions avancées dans cette perspective par son pays n’aient jamais été prises en compte et qu’au contraire un régime de non-prolifération nucléaire discriminatoire ait été mis en place par le biais du TNP. C’est la raison pour laquelle, a-t-il précisé, l’Inde a été forcée de développer l’option nucléaire tandis que la prolifération des armes nucléaires et de leurs vecteurs ne cessaient de s’accroître dans notre région. Néanmoins, notre politique repose sur la dissuasion nucléaire minimum et le non-recours en premier à cette arme. L’Inde est prête à renforcer ces engagements par le biais d’accords bilatéraux et multilatéraux qui répondraient aux besoins de nombreux Etats non dotés de l’arme nucléaire en matière de garanties de sécurité négatives.

Après une série d’essais nucléaires limitée en 1998, a précisé le représentant, l’Inde a déclaré un moratoire volontaire sur les essais nucléaires souterrains, ce qui est conforme à l’esprit du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICE). Nous sommes résolus à créer un environnement national favorable à notre ratification de ce traité et nous disons clairement que nous n’entraverons pas son entrée en vigueur. Pour ce qui est des matières fissiles, le représentant a souligné que l’Inde est prête à participer en toute bonne foi à des négociations relatives à un traité vérifiable et non-discriminatoire interdisant la production de telles matières. S’agissant de la Conférence du désarmement, le représentant a estimé que la priorité est de créer un Comité ad hoc sur le désarmement nucléaire. La Conférence, en tant que seule instance de négociations multilatérales sur le désarmement doit utiliser pleinement les mécanismes contenus dans son règlement intérieur pour mener de telles négociations. Une déligitimisation de l’arme nucléaire est nécessaire à la création d’un monde exempt de l’arme nucléaire. Comme les années précédentes, nous soumettrons un projet de résolution sur une Convention pour l’interdiction des armes nucléaires.

Abordant la question des zones exemptes d’armes nucléaires, le représentant a estimé que de tels arrangements régionaux ne peuvent pas tenir compte de la gamme de préoccupations relatives à la prolifération nucléaire tout en précisant que son pays respecte le choix souverain des Etats qui font partie de telles zones. Au Forum régional de l’ANASE, nous avons réitéré notre respect de la zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est. Nous avons également déclaré que nous sommes prêts à traduire cet engagement en une obligation légale. Nous sommes également disposés à prendre toutes les dispositions nécessaires à la création d’une zone en Asie centrale et à favoriser la confiance en Asie. En tant que pays en développement, l’Inde a payé cher l’imposition de mécanismes discriminatoires de contrôle des exportations. Pour faire progresser le rôle de la science et de la technologie dans le contexte de la sécurité et du désarmement international, nous soumettrons cette année encore une résolution sur cette question.

Le représentant a identifié comme autre défi le risque de la prolifération missilière qui doit être abordé à travers des efforts réels multilatéraux. Le représentant a par ailleurs précisé que son pays s’est toujours opposé à la militarisation de l’espace extra-atmosphérique et qu’il figurait au nombre des pays qui avaient parrainé la résolution en 1999 qui réitérait la responsabilité première qui incombe à la Conférence du désarmement pour ce qui est de négocier un accord multilatéral sur la prévention d’un tel danger. Nous soutenons le lancement dans un futur proche de telles négociations. Il a précisé que les développements technologiques, y compris les systèmes de défense antimissile, seraient de nature à relancer une telle course aux armements.

Mgr. RENATO R.MARTINO (Saint-Siège) a déclaré que le premier devoir des Nations Unies est de préserver et de promouvoir la paix dans le monde. A cet égard la Conférence sur le désarmement a un rôle vital à jouer dans l’élaboration de normes politiques visant à promouvoir la paix.

Dans l’espoir de renforcer les efforts internationaux pour prévenir, combattre et éliminer le commerce illicite des petites armes et des armes légères, le Saint-Siège soutient la convocation de la Conférence sur le commerce illicite des petites armes et des armes légères sous tous ses aspects, qui se tiendra en 2001. A cette occasion, la Communauté internationale devra faire preuve d’une volonté politique renforcée si elle veut arrêter le trafic des armes licites et illicites. Les Etats producteurs de ces armes doivent assumer leur responsabilité sur le contrôle des flux d’exportations et d’importations. Quant aux pays affectés par le fléau de la prolifération des armes légères, une plus grande transparence sur les transferts d’armes ainsi que le soutien aux mesures de désarmement régionales sont nécessaires pour mettre fin au trafic illicite des dites armes.

Le représentant a en outre rappelé que plus de 250 millions de mines antipersonnel ont été détruites depuis l’entrée en vigueur du Traité d’Ottawa sur l’interdiction des mines antipersonnel. Il a cependant constaté que certains pays directement concernés par la question n’ont pas encore signé le Traité et il a donc instamment prié ces derniers à le faire et si possible à le ratifier.

Le représentant a accueilli favorablement les résultats de la deuxième Conférence des parties chargée de la révision du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires et signé par 187 Etats. Il reste à présent à traduire les engagements pris en mesures concrètes d’élimination totale des arsenaux nucléaires. Il a évoqué à cet égard la proposition du Secrétaire général d’une conférence mondiale afin d’identifier les voies et les moyens d’éliminer le danger nucléaire. Les Nations Unies en tant qu’institution universelle doivent jouer un rôle capital dans l’élaboration des mesures visant au désarmement nucléaire car elle est l’organisation gardienne de la paix et de la sécurité humaine dans le monde.

M. RAFAEL DAUSA CESPEDES (Cuba) a souligné l’augmentation des dépenses militaires dans le monde et la sophistication des armements. Comment expliquer alors que la guerre froide est désormais une période révolue, que les budgets militaires aient atteint le montant inégalé de 780 milliards de dollars, s’est interrogé le représentant. Nous sommes devenus tellement coutumiers de ce genre de faits qu’ils passent désormais inaperçus, a-t-il ajouté. Les puissances nucléaires se sont engagées à procéder à la destruction de leurs arsenaux nucléaires lors de la dernière Conférence de révision du TNP, ne faisant par-là que reconnaître l’existence et l’autorité de l’Article VI de ce Traité. Nous ne saurions donc être pleinement satisfaits de cet engagement dans la mesure où il ne s’accompagne d’aucune action concrète et ne repose sur aucun calendrier de mise en oeuvre. Force est de constater que pour l’heure, nous n’avons vu aucune action susceptible d’attester de la volonté de traduire dans les faits les engagements souscrits lors de la Conférence de révision, a souligné le représentant. Bien au contraire, l’on a assisté à l’issue du Sommet du millénaire à des démarches hostiles à l’inclusion dans la déclaration finale d’un modeste appel à la tenue d’une Conférence internationale chargée de déterminer les moyens d’éliminer le danger nucléaire. Cuba espère que la Première Commission pourra s’entendre sur un projet de résolution appelant à la tenue d’une telle Conférence, au cours de la présente session. Cuba n’est pas un Etat partie au Traité sur la non- prolifération des armes nucléaires, dont les dispositions sont de nature discriminatoires et sélectives. Nous avons toutefois décidé de soumettre toutes nos installations nucléaires aux garanties de sécurité de l’Agence internationale pour l’énergie atomique.

Poursuivant, le représentant a fait part de l’hostilité de son pays quant à la mise en place par les Etats-Unis d’un système de défense antimissile. Il s’agirait là d’une violation flagrante du Traité ABM sur la limitation des systèmes de missiles antimissile. Il s’est par ailleurs dit préoccupé par l’inertie de la Conférence du désarmement et a assuré que son pays s’efforcera d’assouplir la position de ses membres pour qu’un accord intervienne sur un programme de travail. Enfin, Cuba se félicite de la tenue d’une conférence internationale sur le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects et souhaiterait que le plus grand nombre de pays puisse y participer. Pour Cuba la conférence devrait s’en tenir au commerce illicite des armes légères. Des négociations fondées sur un calendrier plus large ne permettraient sans doute pas de parvenir à des résultats généralement acceptables.

M. SUN JOUN-YUNG (République de Corée) a salué les résultats positifs de la Conférence de révision du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires au cours de laquelle les Etats dotés de l’arme nucléaire se sont engagés à détruire leurs arsenaux nucléaires. Le Document final a également souligné l’importance de l’universalisation du Traité et à cet égard nous appelons les Etats qui n’en sont pas parties, à savoir l’Inde, le Pakistan, Israël et Cuba, à le faire. Comme le mentionne également le Document final, nous attendons de la République populaire démocratique de Corée qu’elle remplisse les obligations envers lesquelles elle s’est engagée et qu’elle se conforme au système de sécurité de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en sa qualité d’Etat partie au TNP, ce qui en fait une obligation légale. Le représentant a par ailleurs soutenu les négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles. Il s’est félicité de la déclaration faite par les cinq Etats dotés de l’arme nucléaire sur les garanties de sécurité en faveur de la Mongolie.

S’agissant des armes classiques, le représentant a attiré l’attention sur la question des mines antipersonnel. Il a précisé que son pays à l’intention cette année d’adhérer à la Convention sur certaines armes classiques et à son protocole II révisé. Nous soutenons également les négociations au sein de la Conférence du désarmement sur un traité d’interdiction du transfert des mines. Nous nous sommes joints aux efforts de la communauté internationale pour minimiser les conséquences de ces armes en prorogeant indéfiniment le moratoire sur l’exportation des mines. Nous continuerons par ailleurs de contribuer au Fonds des Nations Unies pour l’aide au déminage.

M. JARGALSAIKHANY ENKSHAIKHAN (Mongolie) a déclaré que pour la première fois, les puissances nucléaires ont pris l’engagement, lors de la Conférence de révision du TNP, de procéder à l’élimination totale de leurs arsenaux nucléaires afin de parvenir au désarmement nucléaire total, conformément à l’article VI de la Convention. Lors de la Conférence des appels ont été lancés en faveur d’efforts unilatéraux en matière de désarmement nucléaire et de l’amorce d’un processus conduisant à l’élimination des armes nucléaires. Si ces importantes déclarations se concrétisaient, elles pourraient ouvrir la voie à un véritable désarmement nucléaire, a déclaré le représentant. Par ailleurs, la Mongolie se félicite de la ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et de START II par la Fédération de Russie. Elle invite les Etats parties concernés à lancer les négociations sur START III ainsi que les Etats qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires pour qu’il puisse entrer en vigueur le plus rapidement possible. Le représentant a par ailleurs souligné qu’il est important que la Conférence du désarmement entreprenne des négociations sur un traité relatif à l’interdiction de la production de matière fissile. Dans l’attente de la finalisation d’un tel traité nous souhaiterions que les puissances nucléaires prononcent des moratoires sur la production de matière fissile, a déclaré le représentant. Il serait intéressant, a-t-il poursuivi, d’instituer un Registre des Nations Unies relatif à la matière fissile. Par ailleurs, la Mongolie appuie la proposition du Secrétaire général visant à convoquer une Conférence relative à l’élimination des dangers nucléaires. La Mongolie exhorte les pays qui ne l’ont pas encore fait à ratifier la Convention sur les armes chimiques. Elle espère que le Groupe d’Etats parties à la Convention sur les armes biologiques pourra finaliser le plus rapidement possible le Protocole de vérification de mise en oeuvre de la Convention.

La Mongolie appuie pleinement la création de zones exemptes d’armes nucléaires et la consolidation de celles qui existent. A cet égard, elle souligne l’importance des principes directeurs de l’institution de telles zones définis par la Conférence du désarmement en 1999. Il est bien connu qu’il y a 8 ans, la Mongolie a déclaré son territoire zone exempte d’armes nucléaires et qu’elle a mis en oeuvre les politiques visant à concrétiser cet engagement. Grâce au soutien de la communauté internationale, nous avons pu faire des progrès en ce sens, a déclaré le représentant. En 1998, l’Assemblée générale a adopté la résolution 53/77 intitulée “Sécurité internationale de la Mongolie et Statut d’Etat exempt d’armes nucléaires de la Mongolie”, a rappelé le représentant, précisant que la résolution invitait les Etats Membres, y compris les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, à coopérer à la mise en oeuvre de ce statut. Des consultations sérieuses ont permis de comprendre qu’en raison de sa situation géopolitique, il n’était pas possible de faire de la Mongolie une zone exempte d’armes nucléaires, au sens traditionnel de la notion. Le cas unique de la Mongolie nécessitait en effet, la mise en oeuvre d’une approche particulière, unique, a rappelé le représentant. Cette résolution de l’Assemblée générale reconnaissait que le statut d’Etat exempt d’armes nucléaires de la Mongolie serait plus effectif si la sécurité de l’environnement externe de la Mongolie était renforcée. Partant, le représentant a remercié les Nations Unies pour leur action relative à la mise en oeuvre de cette résolution. Le Parlement de la Mongolie, a poursuivi le représentant, a adopté une législation spéciale relative à son statut particulier. Elle est prête à travailler à l’institutionnalisation de son statut d’Etat exempt d’armes nucléaires au niveau international. Dans ce contexte, le représentant a lu une déclaration par laquelle le Gouvernement de la Mongolie exprime sa reconnaissance aux membres permanents du Conseil de sécurité qui, dans leur déclaration d’hier, ont réaffirmé leur volonté d’oeuvrer à la mise en oeuvre de la résolution de l’Assemblée générale. De l’avis de M. Enkshaikhan, il s’agit d’une étape importante vers l’institutionnalisation du Statut d’Etat exempt d’armes nucléaires de la Mongolie, au niveau international. Pour la Mongolie, la déclaration faite par les cinq membres du Conseil de sécurité est de la plus haute importance, en ce qu’elle manifeste le soutien de la politique mise en oeuvre par la Mongolie. Cette déclaration, par laquelle les cinq Etats accordent des garanties positives et négatives de sécurité à la Mongolie, constitue une première étape et montre qu’il reste encore beaucoup à faire pour institutionnaliser son statut d’Etat exempt d’armes nucléaires, a affirmé le représentant. Cette déclaration devrait être accompagnée d’autres actions concrètes pour renforcer la crédibilité et l’efficacité du statut.

M. DAUDI MWAKAWAGO (République-Unie de Tanzanie) a déclaré que l’ampleur du fléau que représentent les armes légères avait pris des proportions inquiétantes. Il y aurait 500 millions d’armes en circulation dans le monde. Ces armes sont principalement utilisées dans le cadre de conflit interne, mais également dans le cadre des activités de la criminalité transnationale organisée, du terrorisme et du trafic de drogues. La prolifération de ces armes menace donc gravement la sécurité humaine ainsi que la stabilité régionale. Nous souhaitons que la Conférence de 2001 sur le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects mène à un plan d’action concret. Rappelant que les conflits sont la cause de larges déplacements de population que connaît notamment son pays, le représentant a dit soutenir toute initiative régionale et sous-régionale visant à résoudre de tels affrontements. Il a appelé la communauté internationale à soutenir elle aussi ces initiatives, y compris en déployant des missions de maintien de la paix comme en République démocratique du Congo.

S’agissant des armes de destruction massive, le représentant s’est félicité des résultats de la Conférence de révision du TNP, des négociations bilatérales entre la Fédération de Russie et les Etats-Unis sur les réductions de leurs armes stratégiques offensives tout en précisant que de tels pourparlers devraient faire partie d’un cadre multilatéral plus inclusif. Il a dit par ailleurs soutenir la création de zones exemptes d’armes nucléaires notamment en Asie centrale et au Moyen-Orient. Il s’est déclaré satisfait des mesures prises en vue de l’interdiction des armes chimiques et a appelé les pays qui ne l’ont pas encore fait à accéder à la Convention pertinente. Il a également dit attendre beaucoup du Protocole sur la Convention visant l’interdiction des armes biologiques, notamment qu’il renforce un tel instrument.

M. MOHAMED ABDO AL-SINDI (Yémen) a déclaré que la prolifération de plus de 30 000 ogives nucléaires et de 500 millions d’armes légères constitue une menace grave à la paix et à la sécurité internationales. Les efforts bilatéraux des Etats dotés d’armes nucléaires sont d’une importance capitale, a affirmé le représentant. La ratification de START II par la Fédération de Russie et la décision du Président Clinton de reporter le déploiement d’un système national de défense antimissile sont des faits positifs. Le représentant s’est d’autre part félicité de la déclaration faite hier par les membres du Conseil de sécurité au sujet des garanties négatives de sécurité nucléaire de la Mongolie.

Le représentant a par ailleurs tenu à remercier les pays qui ont aidé le Yémen à mettre en oeuvre son programme de déminage. La future conférence relative au commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects, ne doit pas occulter l’importance de la coopération régionale dans ce domaine, a déclaré le représentant. Il a ensuite abordé la situation au Moyen-Orient, estimant qu’Israël est un facteur de risque pour la région. Le représentant a déploré le fait que cet Etat ne fasse aucun cas des appels lancés par la communauté internationale en ce qui concerne la ratification du TNP et le placement des installations nucléaires sous garantie de l’Agence internationale de l’énergie atomique.

M. PALIHAKKARA (Sri Lanka) a déclaré que le Sommet du millénaire a mis en évidence le fait que les critères de paix et de sécurité pour le vingt et unième siècle doivent se fonder collectivement sur la loi et non pas sur la force, pour la bonne gestion des affaires publiques. Il s’est dit inquiet par le tournant négatif que prennent les événements et de l’influence qu’ils ont sur le désarmement mondial. Comme les règles en vigueur sont contournables, nous assistons à une augmentation des dépenses militaires. Les négociations ont été intermittentes et les régimes des traités ont été remis en question ou affaiblis pas l’inaction ou, au contraire, par les initiatives de certains pays. Les doctrines de sécurité ont, quant à elles, continué de défendre l’emploi de l’arme nucléaire. L’annonce faite par le Président des Etats-Unis de remettre à plus tard le projet de défense antimissile est la bienvenue car le déploiement d’un tel système provoquerait un nouveau cycle de prolifération nucléaire et une militarisation de l’espace. M. Palihakkara a déclaré que compte tenu de

l’importance capitale que revêt l’espace extra-atmosphérique pour la vie sur terre, il est absolument indispensable que la question des missiles reçoive une attention prioritaire. L’Egypte et le Sri Lanka présenteront à cet effet un projet de résolution. Le représentant a par ailleurs rappelé que l’objectif de faire de l’océan Indien une zone de paix conservait toute son importance.

Le représentant a également appelé à la coopération internationale accrue pour lutter contre le phénomène du trafic d’armes, fortement lié à la contrebande et à la criminalité transnationale organisée. C’est à quoi doit aboutir la Conférence de 2001 sur le trafic illicite des armes légères. La Conférence devra également évoquer les achats des gouvernements dans la mesure où cette question est liée aux mesures de transparence qui ont un lien avec le trafic illicite. Ceci étant, il ne faut pas trop conceptualiser ni intégrer ces deux notions au risque de violer les dispositions de la Charte des Nations Unies sur le droit à la légitime défense des Etats. Pour ce qui est du Département du désarmement, il l’a engagé à accroître sa banque de données et à fournir plus de documents techniques aux Etats et à servir des mécanismes régionaux de lutte contre les armes légères comme modèles de référence.

M. ALBERTO GUANI (Uruguay) a souligné qu’alors que 1,2 milliards de personnes vivent avec moins d’un dollar par jour, ce sont pas moins de 145 dollars par personne et par jour qui sont consacrés aux dépenses d’armement. Notre approche des questions relatives au désarmement est dépassée, a affirmé le représentant. Nous considérons les armes nucléaires et bactériologiques comme des armes de destruction massive alors que les armes légères ont fait 5 millions de morts dans les cinq dernières années. Poursuivant, le représentant a déclaré que la communauté internationale devrait se fixer des dates butoir pour éliminer les armes nucléaires. Cette tâche n’est pas aisée. On peut se réjouir de la réduction des armements stratégiques mais il faut faire davantage. A ce titre, il est important que les Etats qui ne l’ont pas encore fait ratifient le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. Tous les Etats Membres de l’ONU devraient prendre des engagements sans équivoque en matière de désarmement pour parvenir aux buts fixés par la Charte des Nations Unies en matière de paix et de sécurité.

Le représentant a appelé de ses voeux la création dans l’hémisphère Sud et ses régions adjacentes d’une zone exempte d’armes nucléaires. Il a d’autre part estimé qu’il fallait définir des règles relatives au transport maritime de déchets nucléaires. A cet égard, il s’est félicité des mesures prises récemment, visant à renforcer la sécurité du transport maritime des déchets nucléaires. Le représentant a enfin rappelé qu’il reste encore beaucoup à faire à la communauté internationale pour trouver des solutions au problème du trafic illicite des armes légères. Il a émis l’espoir que le Comité préparatoire de la Conférence pourra faire des recommandations sur le Plan d’action de la Conférence.

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