AG/DSI/249

PRESERVATION DU TRAITE ABM, COURSE AUX ARMEMENTS DANS L'ESPACE ET INTERDICTION DES MATIERES FISSILES: THEMES MAJEURS EVOQUES EN PREMIERE COMMISSION

4 octobre 2000


Communiqué de Presse
AG/DSI/249


PRESERVATION DU TRAITE ABM, COURSE AUX ARMEMENTS DANS L’ESPACE ET INTERDICTION DES MATIERES FISSILES: THEMES MAJEURS EVOQUES EN PREMIERE COMMISSION

20001004

Au troisième jour de son débat général, la Commission du désarmement et de la sécurité internationale (Première Commission) a entendu le représentant de la Fédération de Russie réitérer la volonté de son gouvernement de procéder à de nouvelles réductions des armements stratégiques offensifs. Rappelant que son pays avait ratifié en avril dernier START II, qui porte sur la limitation et la réduction de ce type d’armes, le représentant a précisé que l’ouverture de négociations sur START III était toutefois liée à la préservation du Traité ABM sur la limitation des systèmes de missiles antimissile conclu entre les Etats-Unis et l’ancienne Union soviétique, que menace le projet américain de bouclier antimissile. Le représentant a précisé que son pays présentera un projet de résolution sur la préservation du Traité ABM.

Pour sa part, le représentant des Etats-Unis a précisé que la politique de son pays en matière de sécurité collective porte sur la promotion de la coopération avec la Fédération de Russie au sujet de la stabilité stratégique, l’intensification de leurs discussions au sujet de START III, la préservation et le renforcement du Traité ABM. Pour lui, le projet américain de système de défense antimissile ne fera que renforcer la stabilité stratégique dans le monde.

Les deux pays ont par ailleurs exprimé des points de vue divergents au sujet de la question d’une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique. Le représentant des Etats-Unis a regretté que certains pays au sein de la Conférence du désarmement à Genève exigent de la Conférence qu’elle entame au préalable des négociations sur la prévention de la militarisation de l’espace extra- atmosphérique avant de lancer toute négociation sur un traité d’interdiction des matières fissiles. De son côté, le représentant de la Fédération de Russie a estimé que le fait qu’il n’existe pas pour l’instant de course aux armements dans l’espace ne fait que renforcer le caractère pragmatique de la proposition du Président russe de la convocation à Moscou en 2001 d’une conférence internationale sur la prévention d’un tel risque.

Les délégations des pays suivants ont pris la parole: Mali, Etats-Unis, Bélarus, Algérie, Fédération de Russie, Colombie, Sénégal et Chili.

La Commission poursuivra son débat général, jeudi 5 octobre, à 15 heures.

Débat général

M. CHRISTIAN FAESSLER (Observateur de la Suisse) a salué la ratification de START II et du CTBT par la Fédération de Russie ainsi que les succès remportés par la Conférence de révision du TNP. Malgré tout, a regretté le représentant, ces développements positifs n’ont pas permis de déboucher sur d’autres résultats tangibles. Le représentant, a évoqué, à cet égard l’impasse où se trouvent les travaux de la Conférence du désarmement ainsi que l’incertitude concernant les intentions des Etats-Unis en ce qui concerne le déploiement d’un système de défense national antimissile. Nous nous sommes toujours prononcés en faveur d’un traité entre les Etats-Unis et la Fédération de Russie qui tienne compte du Traité ABM ainsi que la stabilité du système de sécurité stratégique international a-t-il précisé. S’agissant plus particulièrement de la Conférence du désarmement le représentant a indiqué que la Suisse accorde une priorité au lancement de négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles. Elle est également prête à traiter des autres questions de désarmement comme des négociations sur le désarmement nucléaire et sur la course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique. Il a estimé que les documents de travail présentés par le Brésil et de la Belgique constituent une bonne base de travail pour parvenir à un consensus sur le futur programme de travail de la Conférence. Il a par ailleurs regretté que malgré le fait que les Etats parties à la Conférence de révision du TNP se soient engagés à détruire leurs arsenaux nucléaires, les objectifs de désarmement nucléaire de 1995 sont restés modestes. Pour ce qui est des armes biologiques, le représentant a indiqué que son pays souhaite accueillir à Genève le siège de la future organisation sur l’interdiction des armes biologiques et qu’elle soumettra prochainement une proposition concrète à ce sujet.

Abordant la question des armes légères, le représentant s’est félicité de la tenue en 2001 d’une Conférence sur le commerce illicite des armes légères et a rappelé que la Suisse avait proposé d’accueillir un tel événement. Nous sommes prêts à couvrir la différence de coûts entre Genève et New York et à mettre à disposition les ressources nécessaires afin de garantir une participation aussi large que possible à Genève. Le représentant a en outre rappelé que lors de la première session du Comité préparatoire, la Suisse et la France ont distribué un document de travail sur un instrument légal de marquage, d’enregistrement et de traçabilité des armes légères. Le but étant d’améliorer la surveillance et le contrôle des armes légères. Nos deux gouvernements, a-t-il précisé, proposent d’inclure dans le plan d’action futur de la Conférence un certain nombre de principes et d’objectifs en vue de l’élaboration d’une convention sur le marquage des armes, l’identification et le contrôle des armes. Il va sans dire que le marquage des armes doit être accompagné de mesures de transparence, de contrôle et de réduction dans le cadre des efforts postconflits. La Suisse à l’intention d’organiser au cours de l’année prochaine, un deuxième atelier consacré à une meilleure sécurité des stocks. Elle a également lancé un projet d’annuaire sur les armes légères. Il a également rappelé que Genève a accueilli la deuxième réunion des Etats parties à la Convention d’Ottawa. La Suisse a offert, dans le but de faciliter l’universalisation de la Convention, de former des spécialistes pour la destruction des mines. Dans le domaine des armes chimiques, le représentant a plaidé en faveur de la constitution d’un groupe d’experts pour faciliter la convocation de la Conférence d’examen de la Convention sur l’interdiction de certaines armes classiques.

M. CHEIKNA KEITA (Mali) a insisté sur les actions spécifiques et complémentaires mises en oeuvre par certains Etats africains, en partenariat avec des organisations internationales et ONG, afin de maîtriser la circulation illicite des armes légères et de contrôler leur détention par les populations civiles. Le représentant a fait état, à cet égard, de la mise en place par la CEDEAO, du Programme communautaire d’assistance en matière de Sécurité et de Développement, conçu pour coordonner l’ensemble des activités prioritaires entreprises en ce domaine. Il a expliqué que beaucoup de progrès ont été réalisés en matière de désarmement dans la sous-région depuis que la décision a été prise en décembre 1999 d’inviter tous les Etats Membres à créer des commissions nationales de lutte contre la prolifération des armes légères. Il a attiré l’attention de la commission sur les multiples initiatives prises par son pays, dont notamment celles de la création d’un registre des armes, et de l’institution d’un contrôle aux frontières. Il a également déclaré que son pays accueillera à la fin du mois de décembre une conférence régionale dont l’ordre du jour sera la question des armes légères. Le représentant a également parlé de la mise en place de la “Mano River Union”, qui regroupe la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone, trois pays confrontés à une situation d’insécurité. Il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle accorde un soutien coordonné et accru aux efforts régionaux de lutte contre la prolifération des armes légères. Il a suggéré que la Conférence de 2001 sur le commerce illicite des armes légères soit pour la communauté internationale l’occasion de prendre les mesures propres à mettre un terme à l’accumulation excessive des armes légères. La Conférence devrait, a-t-il déclaré, aborder tous les aspects de ce phénomène et privilégier la transparence. Les Etats membres de la CEDEAO a conclu le représentant sont déterminés à contribuer à la consolidation de la paix et de la sécurité internationales en empêchant l’accumulation, la prolifération et l’utilisation excessive des armes légères et de petit calibre. Ils attendent de la communauté internationale qu’elle ne ménage pas ses efforts pour parvenir à l’acceptation universelle du traité sur la non-prolifération nucléaire, instrument fondamental du désarmement nucléaire.

M. JOHN HOLUM (Etats-Unis) a indiqué que la Russie et les Etats-Unis ont détruit près de 25 000 armes nucléaires au cours de la dernière décennie. Il sont également convenus que START III devrait mener à une réduction de 80 % des seuils qui prévalaient il y a dix ans. Les Etats-Unis ont réduit leurs stocks d’armes nucléaires stratégiques de 50 %, les bombardiers lourds ont été mis hors d’alerte, et nos armes stratégiques ne sont dirigées vers aucun pays. Depuis la Conférence de révision du TNP, a-t-il poursuivi, les Etats-Unis sont convenus avec la Fédération de Russie de promouvoir leur coopération sur la stabilité stratégique, d’intensifier leurs discussions au sujet de START III, et de préserver et de renforcer le Traité ABM. Nous sommes également convenus de détruire 68 tonnes métriques de plutonium. Le représentant a précisé par ailleurs que son pays avait dépensé plus de 3 milliards de dollars en vue d’aider la Russie et d’autres pays à détruire plus de 500 missiles et bombes. Les Etats-Unis pour leur part ont retiré 226 tonnes de matière fissiles de ses arsenaux nucléaires. Nous avons également mené des négociations avec la Corée du Nord pour qu’elle gèle sa production de plutonium. Les Etats-Unis continueront également d’appuyer les initiatives visant à établir des zones exemptes d’armes nucléaires. Nous avons ratifié les protocoles relatifs aux traités portant création de telles zones en

Amérique latine, en Afrique et dans le Pacifique Sud. Les Etats-Unis ont prouvé leur engagement à ne pas procéder à des essais nucléaires en ayant signé les premiers TICE. Nous tentons actuellement de mobiliser l’appui nécessaire à la ratification de ce Traité. Dans l’intervalle, nous respecterons le moratoire sur les essais nucléaires.

Le représentant s’est félicité des résultats positifs de la Conférence de révision du TNP dont certains anticipaient déjà l’échec. Les Etats parties ont néanmoins montré ce que l’on pouvait obtenir lorsque l’on place au premier plan la sécurité collective. Nous avons aplani nos divergences pour que cet événement soit couronné de succès et nous avons pensé à tort que de tels résultats auraient des effets bénéfiques sur d’autres processus comme celui en cours sur l’élaboration sur un protocole de vérification de la Convention sur les armes biologiques ainsi que sur les travaux de la Conférence du désarmement. Le représentant a regretté que les négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles au sein de la Conférence du désarmement n’aient pas été lancées. Il n’y a plus d’excuses à une telle impasse, a-t-il souligné. Alors que certains Etats à la Conférence s’efforcent de trouver un terrain d’entente, d’autres exigent de la Conférence qu’elle entame au préalable des négociations sur la prévention de la militarisation de l’espace extra-atmosphérique. Une telle course aux armements dans l’espace n’existe pas, a précisé le représentant.

Abordant la décision du Président des Etats-Unis de ne pas déployer le projet de défense antimissile, il a précisé que son pays mettrait à profit ce répit pour convaincre leurs partenaires dans le monde de la nécessité d’un tel programme qui ne fera que renforcer la stabilité stratégique dans le monde. Pour ce qui est du Protocole à la Convention sur les armes biologiques, le représentant a précisé qu’un tel instrument ne devrait pas saper le droit à la légitime défense des Etats et leur droit de progresser en matière de biotechnologie. Le représentant a tenu à rappeler que parfois des espoirs irréalistes en matière de sécurité sont contraires à la réalité et au bon sens commun. Il a réitéré que son pays tient à achever les négociations sur un Traité d’interdiction des matières fissiles dans un délai de 5 ans. Mais nous n’arriverons jamais en haut de l’échelle si nous ne parvenons pas à franchir les premiers échelons à savoir les mesures de transparence et de contrôle des matières fissiles, le renforcement du régime de l’AIEA, et les négociations sur l’interdiction du transfert des mines antipersonnel.

M. SERGEI MARTYNOV, Vice-Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a déclaré que les questions de la paix, de la sécurité et du désarmement doivent faire l’objet d’une approche concrète. L’effondrement de l’ex-URSS a provoqué la naissance de nouvelles puissances nucléaires, parmi lesquelles le Bélarus qui a été le premier à exprimer sa ferme volonté de procéder à la destruction de ses arsenaux nucléaires. Dans le cadre de cette action, le Bélarus a signé le traité d’interdiction complète des essais nucléaires et déposé les instruments de ratification du Traité juste avant l’ouverture de la présente session de l’Assemblée générale. Le représentant a également évoqué la signature par son pays de l’Accord sur l’Adaptation du traité relatif aux forces conventionnelles en Europe. Le représentant s’est dit convaincu de ce que l’initiative lancée par le Bélarus visant à créer une zone exempte d’armes

nucléaires en Europe centrale et en Europe de l’est sert non seulement les intérêts de la région mais également les intérêts de la sécurité mondiale. Le retrait des armements nucléaires de la région et la finalisation du statut de zone exempte d’armes nucléaire devront être consolidés par des instruments juridiquement contraignants a-t-il ajouté.

Le Bélarus est également convaincu de la nécessité de préserver la parité stratégique ainsi que l’équilibre des forces dans le monde. Aussi, la préservation et le respect du Traité sur la limitation des systèmes de missiles antimissile balistiques sont-ils des éléments essentiels au maintien de la stabilité et de la sécurité mondiales. Il a estimé que la transparence dans le désarmement est de la plus grande importance pour assurer la mise en oeuvre efficace des régimes de la non-prolifération des armes, qu’elles soient de destruction massive ou classiques. Il a d’autre part souligné le fait que la finalisation du Protocole de vérification de la Convention sur les armes chimiques et biologiques d’une part, et la nécessité de prévenir la mise au point de nouveaux types d’armes nucléaires demeurent des objectifs inéluctables. Le Bélarus espère que la communauté internationale sera prête lors du XXIème siècle à se débarrasser de toutes les armes de destruction massive. A cette fin il serait opportun de définir et d’adopter un Code de la Paix, de la confiance partagée et de la sécurité, qui servirait de fondement universel à la coopération et à l’interaction entre les nations.

M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a déclaré que l’engagement pris par les puissances nucléaires lors de la Conférence de révision du TNP de détruire leurs arsenaux, doit être maintenant suivi d’applications. Nous devons tous faire en sorte qu’il en soit ainsi, a-t-il proposé. Tout n’a pas été dit lors de cet événement. Certains écueils, s’ils ont été contournés, n’ont pas disparu pour autant. Toutefois, les résultats positifs obtenus lors de la Conférence de révision du TNP devraient faciliter l’ouverture de négociations au sein de la Conférence du désarmement sur l’élaboration d’un traité non discriminatoire, multilatéral et internationalement vérifiable, interdisant la production de matières fissiles. Le représentant a rappelé les propositions faites par son pays en juillet 1999 à Genève afin de mettre fin à la situation de paralysie de la Conférence du désarmement. Ces propositions qui visent à créer un Comité spécial sur l’interdiction de la production de matières fissiles et un Comité spécial sur le désarmement gardent toute leur pertinence et méritent d’être à nouveau examinées. Il a observé que tout n’est pas sombre sur le front du désarmement puisque les ratifications du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires se poursuivent, rapprochant ainsi le traité de son entrée en vigueur. L’Algérie entend ratifier cet instrument dans un délai rapproché. Le représentant a exprimé sa grave préoccupation face à l’absence de progrès concernant la création d’une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient. L’Algérie appelle Israël à adhérer au TNP et lui demande de soumettre ses installations nucléaires aux garanties généralisées de l’Agence internationale de l’énergie atomique.

L’Algérie considère que les armes conventionnelles doivent autant que les autres retenir l’attention de la communauté internationale, particulièrement lorsque ces armes, grâce au trafic illicite, approvisionnent des réseaux terroristes dont l’objectif est de déstabiliser les Etats. C’est pourquoi mon pays a, dès le départ, pris une part active au processus préparatoire de la Conférence de 2001 sur le commerce illicite des armes légères. Le représentant a enfin souligné l’impérative nécessité de réexaminer la question de la sécurité à travers une approche multidimensionnelle où l’aspect militaire doit être envisagé parallèlement aux autres priorités, notamment celles liées au développement économique et social. La nouvelle approche devrait appréhender de manière globale et simultanée l’ensemble des nouveaux défis et des nouvelles menaces transnationales auxquels se trouve confrontée la commuanuté internationale. Enfin, l’Algérie soutient le plan de règlement de l’ONU et de l’OUA et les Accords de Houston, acceptés par le Maroc et le Front Polisario pour permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination. En outre, l’Algérie oeuvre à l’instauration d’une aire de solidarité en Méditerranée, qui réponde aux aspirations des peuples des deux rives.

M. SERGUEY LAVROV (Fédération de Russie) a déclaré qu’il existait à l’heure actuelle deux tendances contradictoires à savoir la réduction des armes stratégiques dans le respect du Traité ABM qui est la pierre angulaire de la stabilité stratégique dans le monde et qui fait partie intégrante de la structure internationale de sécurité. L’autre tendance vise à revenir sur les acquis obtenus dans le domaine de la limitation et de la réduction des armements et des armes stratégiques, à éroder les fondations de la non-prolifération, à rejeter les efforts de coopération et à imposer une suprématie par l’emploi de la force militaire. La Fédération de Russie s’oppose à cette dernière tendance. Elle a l’intention de continuer de respecter ses obligations dans le domaine de la réduction et de l’élimination des armes de destruction massive, de la mise en œuvre des mesures de confiance, de la promotion des zones exemptes d’armes nucléaires. La Russie, a rappelé le représentant, a ratifié le TICE. Elle a également ratifié START II ainsi qu’un ensemble d’accords au sujet du processus START et du Traité ABM.

Le représentant a indiqué que son pays est disposé à entamer des réductions plus importantes des armes stratégiques avec les Etats-Unis sur une base bilatérale. Ceci serait possible à condition de préserver et de renforcer le Traité ABM de 1972 comme seule garantie de non-recours à une confrontation mondiale. Cette Commission, a insisté le représentant, ne peut pas ignorer les problèmes qui se posent au sujet du Traité ABM. La décision du Président américain de ne pas déployer le programme de défense antimissile est une décision sage, a jugé le représentant qui a toutefois relevé que cet intervalle peut être mis à profit pour favoriser une mise au point accélérée du projet américain. Nous estimons que l’Assemblée générale devrait se prononcer en faveur de la préservation du Traité ABM car cette question ne peut pas être traitée uniquement entre nos deux pays. Nous avions l’intention de présenter un projet de résolution sur ce sujet. Par ailleurs, le représentant a rappelé deux propositions faites lors de l’Assemblée du millénaire par le Président Poutine visant à mettre en oeuvre, avec la participation de l’AIEA, un programme d’élimination de l’uranium enrichi et du plutonium pur. Il avait également proposé l’organisation en 2001 à Moscou d’une conférence sur la prévention d’une course aux armements dans l’espace extra-atmosphérique. Le fait qu’aucune arme n’ait été déployée dans l’espace ne fait que renforcer le pragmatisme de la proposition russe. A cet effet, nous avons l’intention de proposer la création d’un comité ad hoc au sein de la Conférence du désarmement à Genève.

M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a déclaré que la Colombie accorde un rang de priorité élevé aux mesures visant le contrôle des armes légères, dont le trafic contribue à l’intensification de la violence et comporte des menaces à la paix et à la sécurité internationales. Bien que nos autorités s’efforcent sans relâche de démanteler les réseaux qui se livrent au trafic d’armes légères, nous ne pouvons que constater que de la grande quantité d’armes qui circulent internationalement, beaucoup arrivent en Colombie de façon secrète et illicite. Il est donc plus que jamais impératif de mettre fin à ce phénomène. Le représentant a proposé que les stratégies collectives de lutte contre le trafic illicite d’armes légères tiennent compte du fait que la demande émane de groupes ou d’individus délinquants ou criminels. Il faut également tenir compte, a ajouté le représentant, que les marchands d’armes profitent de l’absence de contrôle sur la production et que la lutte contre le trafic illicite des armes légères passe par l’élaboration d’accords de coopération internationale. Tout en participant aux travaux en cours à Vienne sur la criminalité transnationale organisée, la Colombie estime que pour être utile, un instrument international relatif au trafic illicite des armes, doit se concentrer sur des mesures qui garantissent un commerce légitime des armes et permettent d’éviter ses dérapages illicites. La Colombie espère que la Conférence de 2001 sur le commerce illicite des armes sous tous ses aspects donnera l’occasion à la communauté internationale de trouver des solutions à ce problème.

Le représentant a souligné le fait que son pays a ratifié la Convention d’Ottawa relative aux mines antipersonnel, dont la Colombie continue de subir les terribles conséquences. En tant qu’Etat partie à ce traité, le Gouvernement colombien est déterminé à mettre fin aux souffrances et aux décès causés par ce type d’armes. Nous souhaitons poursuivre les actions de déminage et d’assistance aux victimes, avec l’aide généreuse de la communauté internationale, et notamment du Canada, a précisé le représentant. Il a par ailleurs évoqué l’adoption du “Plan Colombie” destiné à mettre fin au conflit qui sévit dans le pays. Ce plan vise le règlement politique du conflit; il comprend une stratégie de lutte contre le trafic de drogues et des mesures économiques et sociales. La réalisation des objectifs poursuivis par ce plan requiert une coopération internationale fondée sur le principe de la coresponsabilité en matière de lutte contre le trafic de drogues et sur un soutien au processus de paix.

M. IBRA DEGUENE KA (Sénégal) a souligné l’urgence qu’il y a à accorder la priorité aux stratégies et politiques destinées à combattre la circulation des armes légères. Il a indiqué que les pays de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se sont résolument engagés dans la recherche d’une solution régionale à ce fléau comme en témoigne le moratoire qu’ils ont décrété sur la fabrication et l’exportation de telles armes en Afrique de l’Ouest. Le besoin de sécuriser le continent africain dépasse largement les frontières de l’Afrique qui n’est pas grande productrice d’armement. Nous appelons la communauté internationale, notamment les pays producteurs, à mener une action internationale soutenue et coordonnée afin de résoudre tous les aspects liés à la prolifération et au commerce illicite des armes légères. Nous estimons, a précisé le représentant, que la communauté internationale, par le biais de la Conférence de 2001, devrait viser le renforcement de la réglementation en matière de transfert d’armes, qu’elle doit tendre vers une plus grande transparence des transactions commerciales et des activités de courtage ainsi que vers une coopération plus décisive dans la mise en oeuvre des programmes régionaux et nationaux de collecte et de destruction des armes.

La Conférence devrait également aboutir à l’adoption d’un programme d’action qui contienne des dispositions politiques mais également juridiquement contraignantes tout en reconnaissant que pour utiles qu’elles soient, les mesures de contrôle de la production, du stockage et du transfert d’armes ne devraient en aucune façon porter préjudice au droit de légitime défense des Etats. On ne cesse de le répéter, a conclu le représentant, que le désarmement est la condition sine qua non à la prévention des conflits dans de nombreux pays en développement. Par ailleurs, des richesses immenses sont englouties dans la course aux armements au détriment des politiques de développement durable. Nous avons le devoir de corriger cette situation et de faire en sorte que le développement de nos nations par les dividendes du désarmement, devienne une de nos options majeures.

M. JUAN GABRIEL VALDES (Chili) a déclaré que la Première Commission devrait se consacrer à la promotion d’une plus grande confiance dans les mécanismes de désarmement et préciser les nouveaux concepts de la sécurité internationale. La notion de sécurité humaine, a souligné le représentant, renouvelle et enrichit notre démarche. Cette idée qui met l’accent sur l’importance du droit humanitaire et des droits de l’homme en tant que piliers fondamentaux du développement humain, permet par ailleurs de donner un nouvel élan aux efforts déployés en vue d’éliminer les mines antipersonnel et de prévenir le commerce illicite des armes légères. Le Chili appuie pleinement la convocation en 2001 d’une Conférence sur le commerce illicite des armes légères sous tous ses aspects et, à cet égard, il est important d’impliquer la société civile dans ce processus, si l’on veut en assurer le succès. Par ailleurs, compte tenu de l’impasse dans laquelle se trouve la Conférence du désarmement, le Chili appuie plus que jamais l’initiative visant à l’adoption d’un nouvel agenda en matière de désarmement, qui reflète davantage les réalités actuelles.

Le représentant, évoquant les résultats positifs de la dernière Conférence de révision du traité sur la non-prolifération nucléaire, a insisté sur la nécessité pour les Etats concernés de mettre en oeuvre effectivement les engagements pris au sujet de la destruction des arsenaux nucléaires. Cet engagement doit être, sans délai, traduit en un processus à la fois de négociations et de réalisations concrètes. A cet égard, le représentant a rappelé la validité de l’avis de la Cour internationale de Justice relatif à l’obligation pour les Etats de négocier de bonne foi en matière de désarmement nucléaire. Pour le Chili, le dialogue entre les puissances nucléaires est un élément déterminant des progrès du désarmement et de l’élimination des armes de destruction massive. Le représentant a par ailleurs annoncé que son pays a déposé les instruments de ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. Le Chili lance un appel aux Etats qui ne l’ont pas encore fait pour qu’ils ratifient cet instrument. En outre, le Chili insiste sur le fait qu’il est primordial de garantir la sécurité du transport maritime des déchets nucléaires. Nous devons poursuivre l’élaboration de mesures en ce domaine, la théorie de l’abus de droit est, à cet égard, une base utile de réflexion.

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