AG/1073

DES DELEGATIONS EXHORTENT L'ONU A PROMOUVOIR DES POLITIQUES DE CROISSANCE POUR LES PAYS PAUVRES

28 septembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1073


DES DELEGATIONS EXHORTENT L’ONU A PROMOUVOIR DES POLITIQUES DE CROISSANCE POUR LES PAYS PAUVRES

20000928

L'Assemblée qui achevait son examen du rapport d'activité de l'ONU a entendu une remise en cause des sanctions par l'Iraq

"L'ONU se doit de promouvoir des politiques de croissance". Cette déclaration du représentant de l'Australie en séance plénière de l'Assemblée générale ce matin, était l'une des prises de position favorables à une intensification de l'action de l'ONU en matière de développement et d'éradication de la pauvreté. "Il est vain de répéter que la mondialisation accroît la pauvreté, a ajouté le représentant, ce qui d’ailleurs est discutable puisque dans les 10 dernières années, la proportion de la population vivant dans des conditions d’extrême pauvreté est passée de 28% à 24%. Le rôle des Nations Unies consiste plutôt à aider les Etats à identifier les opportunités de croissance que leur offre la mondialisation". Au nombre des moyens à mettre en oeuvre à cette fin, les intervenants ont cité l'élimination des dernières barrières commerciales, l'aide à une meilleure gouvernance, l'annulation de la dette, une coordination améliorée des institutions de l'ONU concernées, la formation des pays en développement aux technologies de l'information, la poursuite de la politique de partenariats avec le secteur privé.

Les Nations Unies doivent notamment relever le défi posé par l'Afrique, ont déclaré plusieurs représentants qui ont fait figurer le sida au nombre des obstacles au développement du continent.

La remise en cause du régime des sanctions a constitué l'essentiel de l'intervention du représentant de l'Iraq qui s'est félicité que le rapport du Secrétaire général fasse état des doutes existant à leur égard. Il a fait état des conséquences des sanctions sur la population civile dans son pays. "Plus d'un million et demi de personnes ont péri, a-t-il déclaré. Ces sanctions, illégitimes du point de vue des droits de l'homme et du droit humanitaire international aboutissent au génocide de tout un peuple".

A propos du renforcement des capacités de l'ONU en matière de maintien de la paix, le représentant de la République de Corée a insisté pour que les pays contributeurs de troupes ou de ressources soient associés d'une façon ou d'une autre, ne serait-ce qu'en ayant accès aux documents fondant ses travaux, aux décisions du Conseil de sécurité impliquant l'envoi d'une force de maintien de la paix.

Au cours de la même séance, l’Assemblée générale, sur recommandation du Bureau dans son deuxième rapport, a décidé d’inscrire la coopération entre la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale avec l’ONU comme point supplémentaire à l’ordre du jour de la présente session. Elle a également décidé d’examiner ce point et celui portant sur la prévention du crime et la justice pénale en séance plénière.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole au cours du débat: République de Moldova, Iraq, République islamique d’Iran, Jamaïque, République- Unie de Tanzanie, Bangladesh, Tadjikistan, Indonésie, Nouvelle-Zélande, Pakistan, Namibie, Australie, Mongolie, République de Corée, Argentine, Uruguay, Afrique du Sud, Albanie, Kirghizistan et Oman.

L’Assemblée devrait se réunir à nouveau le 3 octobre prochain pour l’examen du problème du virus de l’immunodéficience humaine et du syndrome d’immunodéficience acquise sous tous ses aspects.

RAPPORT DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SUR L’ACTIVITÉ DE L’ORGANISATION

Fin du débat

M. ION BOTNARU (République de Moldova) a déclaré que son pays comme de nombreux autres, est d’avis que la mondialisation est l’un des défis les plus importants auxquels la communauté internationale doit faire face. Cependant, le maintien de la paix et de la sécurité continue à avoir un rôle central dans notre monde actuel. La République de Moldova soutient les propositions avancées par le Secrétaire général pour prévenir et mettre fin aux conflits ainsi que pour reconstruire une paix durable dans les zones sorties de conflits. Elle recommande fortement le renforcement de la capacité des Nations Unies à identifier et à répondre aux conflits. Le représentant s’est réjoui de la création au Département des affaires politiques d’une Equipe pour l’action préventive. Il a souhaité que cette nouvelle unité porte son attention à toutes les zones où existe un conflit potentiel. Il a ainsi souhaité que l’Equipe se penche sur la situation spécifique de la région de Transnistrie en République de Moldova.

Par ailleurs, il a noté que la communauté internationale ne porte pas la même attention à tous les conflits et jugé ceci préoccupant.

Le représentant a aussi souligné que la République de Moldova soutient le dialogue entre les Nations Unies et les institutions de Bretton Woods notamment sur le renforcement des arrangements financiers et sur l’éradication de la pauvreté. Elle appuie les efforts du Secrétaire général pour maintenir un dialogue régulier avec le secteur privé et les organisations de la société civile qui sont impliquées dans le processus de développement.

M. MOHAMMED AL-HUMAIMIDI (Iraq) a évoqué la conclusion du Secrétaire général dans son rapport sur l’activité de l’Organisation, où il déclare que le doute plane sur l’efficacité du régime des sanctions, qui peut s’accompagner d’effets néfastes sur les populations locales des pays visés. Les sanctions contre l’Iraq entrent dans leur onzième année et ont fait plus d’un million et demi de victimes dont de nombreux enfants; sept mille périssent chaque mois. Il s’agit en l’occurrence d’une violation manifeste du droit international humanitaire, a affirmé le représentant. Les sanctions générales imposées à l’Iraq sont illégitimes au titre des règles de droit international humanitaire et des droits de l’homme. Le représentant a fustigé l’attitude des Etats-Unis et du Royaume- Uni, deux pays qui continuent de se prononcer pour le maintien des sanctions à l’encontre de l’Iraq, quels qu’en soient les effets néfastes. Ces sanctions sont devenues une sorte de politique de génocide contre tout un peuple, a-t-il ajouté.

En ce qui concerne la paix et la sécurité, l’Iraq considère qu’un recours à la force contre un pays indépendant, comme ce fut le cas contre la Yougoslavie, constitue une attitude allant à l’encontre du droit international. L’Iraq continue de subir des agressions contre son territoire, et les zones de sécurité qui y ont été décrétées ne trouvent leur légitimation légale dans aucune résolution des Nations Unies. Il faut donc que les pays qui sont responsables de cette agression y mettent fin. Les droits de l’homme ne peuvent être un instrument politique pour s’ingérer dans les affaires intérieures d’un Etat. L’idée d’imposer le droit d’ingérence humanitaire dans un monde dans lequel il n’existe qu’une seule grande puissance est illusoire et ne peut servir la règle de droit international.

M. HAKI NEJAD-HOSSEINIAN (République islamique d'Iran) a attiré l'attention sur le fait que le rapport du Secrétaire général montre clairement qu'il n'existe pas d'alternative au renforcement du Nations Unies, principal mécanisme chargé de la paix et de la sécurité dans le monde. Les opérations de maintien de la paix sont, de toutes les activités de l'ONU, celles qui sont les plus connues de l'opinion publique mondiale, a-t-il déclaré. Il est donc particulièrement préoccupant que ces activités soient critiquées pour l'inégalité des critères appliqués aux régions, l'insuffisance de leurs ressources et de leur financement, les erreurs dans la façon dont elles sont conduites, etc. Le représentant a estimé que les recommandations du Groupe d'experts contribueront à améliorer l'efficacité des opérations de maintien de la paix dans le futur, mais qu'il est nécessaire de procéder à un examen approfondi du rapport par les Etats Membres car, si certaines recommandations concernent des questions qui relèvent du Secrétaire général, d'autres nécessitent l'approbation de différents organes des Nations Unies.

Le représentant s'est prononcé en faveur de la mise en place d'une coopération internationale, seule susceptible d'orienter dans le bon sens le potentiel de la mondialisation. Il a indiqué que son pays attendait avec impatience l'évaluation prochaine des dix ans d'application de l'Agenda 21 et y voit la possibilité de lever les derniers obstacles à sa complète mise en oeuvre.

Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a rappelé le lien qui existe entre l’établissement d’une paix durable et le développement économique et social. Alors que les forces de la mondialisation ont entraîné des améliorations extraordinaires pour certains, elles sont également à l’origine d’un accroissement de la pauvreté et d’un accès toujours plus inégal aux nouvelles technologies. Les questions du maintien et de la consolidation de la paix ne sauraient donc être dissociées de celles du développement à long terme.

Aujourd´hui, les opérations de paix ne consistent plus à faire respecter les cessez-le-feu, mais aussi et surtout à promouvoir le désarmement, les réformes juridiques internationales, le respect des droits de l’homme. C’est pourquoi la Jamaïque pense que les recommandations du rapport Brahimi méritent d’être examinées avec attention. Afin de faire de la prévention le concept clef du maintien de la paix, il est nécessaire de procéder à un examen minutieux des causes des conflits.

Par ailleurs, la délégation a exprimé son inquiétude pour le personnel des Nations Unies et le personnel associé; l’année dernière environ 65 personnes ont perdu la vie dans l’exercice de leurs fonctions. La Jamaïque accueille avec soulagement la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies visant à protéger le personnel envoyé dans des missions humanitaires; elle souhaite cependant que cette Convention soit élargie afin de couvrir le personnel recruté localement.

M. DAUDI N. MWAKAWAGO (Tanzanie) s'est félicité des engagements pris au cours du Sommet du millénaire, plus particulièrement concernant le renforcement des mécanismes de maintien de la paix et de la sécurité internationales. Concernant le continent africain, il a indiqué que la promotion d'une paix et d'un développement durables devaient s'accompagner d'une approche durable et soutenue du développement. Les Nations Unies doivent relever ce défi en mobilisant des partenariats pour le développement de l'Afrique tant au niveau social qu'économique. Aujourd'hui, les obstacles au développement du continent sont la pauvreté, le VIH/sida, la question de la dette et l'accès limité aux marchés internationaux.

Le représentant de la Tanzanie a ensuite souligné la complexité des opérations de prévention et de résolution des conflits et a souhaité que les personnels engagés dans ces opérations soient davantage protégés pour éviter les tragédies telle que celle qui a frappé la Sierra Leone. En République démocratique du Congo, les Nations Unies devront rassurer les populations civiles et les forces déployées devront disposer davantage de latitude, d'autant que toutes les parties au conflit ont souhaité le déploiement de la MONUC. Enfin, la Tanzanie s'inquiète de la forte concentration de réfugiés sur son territoire, due aux conflits dans la région des Grands Lacs et souhaite que cette question soit abordée au plus vite par les Nations Unies car elle peut aussi être source d'instabilité. La question du retour des réfugiés devrait, selon le représentant de la Tanzanie, être au centre des préoccupations des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a déclaré que son pays considère que les opérations de maintien de la paix sont un outil efficace dans la prévention des conflits. A ce titre, elles devraient être mises en oeuvre avec un mandat politique clair et précis défini par les Nations Unies, et une structure de commandement efficace et contrôlée. Le Bangladesh soutient le Secrétaire général quand il affirme qu’il faut passer d’une culture de réaction à une culture de prévention, ce qui se traduirait par des effets bénéfiques en matière de coûts humains et financiers. Le représentant s’est félicité du fait que le rapport du Secrétaire général sur l’activité de l’Organisation reconnaisse l’interdépendance de la paix, du développement et du respect des droits de l’homme.

M. RASHID ALIMOV (Tadjikistan) a indiqué que son pays apporterait son soutien à l'objectif prioritaire du renforcement des capacités de l'ONU en matière de prévention et de règlement des conflits. Il a estimé qu'une analyse en profondeur des mécanismes de l'ONU et l'élaboration de moyens pour améliorer l'efficacité des interventions de l'ONU étaient nécessaires et qu'à cet égard, l'évaluation réaliste du rapport Brahimi était une importante contribution. L'un des enjeux essentiels, a-t-il déclaré, est la prévention. De nouveaux foyers de conflits apparaissent alors que d'autres ne sont toujours pas résolus. Nous pensons que le trafic des armes et des drogues, alimenté par l'argent sale, est souvent ce qui stimule les conflits. Le Tadjikistan continuera à lutter contre la production et le commerce des stupéfiants. Le représentant a attiré l'attention sur le plan d'action élaboré à la mi-septembre par le Groupe des 6+2 destiné à lutter contre ce fléau.

Il a émis l’espoir que l’ONU fera tout ce qui est en son pouvoir pour relancer le processus visant à réduire l'écart entre riches et pauvres. Il a indiqué que son pays participera à l'effort en faveur du développement et qu'il espérait que les préparatifs de la Conférence de 2001 permettront de trouver une solution aux problèmes de l'endettement. Sans le fardeau de la dette, beaucoup de problèmes de développement trouveraient leur solution, a-t-il déclaré.

Il a enfin attiré l'attention sur le problème de l'eau potable, un des défis majeurs posés à la communauté internationale. Il a rappelé que, selon certaines études, en 2050, les ressources d'eau ne seront plus suffisantes pour couvrir les besoins de la planète.

M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie) a déclaré que, comme l’indique clairement le rapport du Secrétaire général, la sécurité reste la préoccupation majeure des Nations Unies. Il nous faut un mécanisme régional d’action dans ce domaine. Les opérations de maintien et de consolidation de la paix sont devenues plus compliquées. Il faut leur donner un appui financier adéquat, a estimé le représentant. Le fardeau le plus important va aujourd’hui aux pays en développement, ce qui décourage leur participation. Par ailleurs, les opérations de maintien de la paix ne devraient pas être interventionnistes ou abusives. La question d’une intervention internationale reste controversée et touche à la délicate question de l’ingérence dans les affaires intérieures des Etats sur laquelle le consensus est loin d’être atteint. Une intervention internationale ne peut se faire qu’avec le consentement du pays concerné ou sans quoi nous menacerions le principe de la souveraineté des Etats, a affirmé le représentant.

A propos des démarches concernant le désarmement, le représentant indonésien a estimé que certains pays, dans l’ère de l’après guerre froide, adoptent des positions inacceptables. Il faut que ces pays respectent leurs engagements et les Nations Unies doivent faire respecter les traités en la matière par tous les Etats. Le trafic des armes légères est lui aussi une menace. Selon le représentant, le lien entre petites armes, trafic de drogues et terrorisme et les conséquences qui en découlent doivent demeurer l’une des priorités de l’action des Nations Unies. En ce qui concerne le régime des sanctions, l’Indonésie considère qu’elles ne devraient être imposées que dans des cas extrêmes et levées dès que l’objectif est atteint. Quant à l’assistance humanitaire nous pensons qu’elle ne doit être déployée que sur demande d’un Etat de manière à respecter la règle de la non-ingérence dans les affaires intérieures.

M. MICHAEL POWLES (Nouvelle-Zélande) a déclaré que les questions posées l'année dernière sur l'intervention humanitaire et la souveraineté nationale restent sans réponse. Conformément à la Charte des Nations Unies il a précisé qu'il n'y a pas de contradiction inhérente entre l'intervention et la souveraineté nationale. En effet, l’Article 2.7 de la Charte stipule que dans certaines circonstances, les Etats Membres ne jouissent pas d’une juridiction exclusive dans leurs affaires intérieures, notamment quand il s’agit de l’application du chapitre 7. En d’autres termes, la préservation de la paix et de la sécurité internationales peut prévaloir sur la souveraineté d'un Etat. La souveraineté nationale n'est donc pas absolue.

Se référant au rapport du Secrétaire général sur l'activité de l'Organisation, il a indiqué l'engagement plus important des Nations Unies dans la région Sud du pacifique. En sa qualité de membre du Groupe de gestion de la paix, de Bougainville, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, la Nouvelle-Zélande rend hommage à l’excellent travail accompli par le Bureau des affaires politique de lONU.

M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a déclaré que la paix ne peut être véritablement durable en l’absence de développement et que le développement requiert un environnement pacifié. Compte tenu des nombreux différends qui n’ont pas encore été réglés, il serait particulièrement souhaitable de promouvoir une culture de la prévention. Cependant, pour que la prévention soit crédible, elle doit s’appliquer à toutes les situations et se traduire en engagements. Le Conseil de sécurité a pour mandat d’agir sans discrimination, faute de quoi la communauté internationale perdrait la confiance qu’elle a placée dans les Nations Unies.

M. Ahmad a appelé l’Assemblée générale à promouvoir la Cour pénale internationale pour permettre un règlement pacifique des différends. Il a également manifesté son souhait de voir les Etats Membres doter l’Organisation de ressources adéquates et prévisibles qui seules, permettraient de mettre en oeuvre une vraie stratégie de la paix et de renforcer les capacités des Nations Unies dans ces domaines vitaux. Bien que le travail des tribunaux, qui jugent des individus accusés de crimes contre l’humanité doit être encouragé, il faut veiller à ce que l’Organisation ne tombe pas dans l’erreur du principe de “deux poids deux mesures” qui pourrait remettre son autorité en jeu. M. Ahmad a rappelé que l’oppression du peuple du Jammu et du Cachemire concerne plus de 10 millions de personnes et a demandé aux Nations Unies de faire appliquer les résolutions du Conseil de sécurité concernant le Cachemire.

Enfin, la délégation du Pakistan a appelé les Nations Unies à s’engager avec détermination en faveur du développement économique et d’une répartition plus équitable des bienfaits de la mondialisation. A cet égard, la réforme des institutions de Bretton Woods doit être envisagée. L’aide officielle au développement ne doit pas rester à des niveaux aussi faibles si l’objectif affiché de réduire la pauvreté de moitié d’ici à 2015 doit être atteint. Enfin, une solution devrait être négociée pour que la dette cesse de peser lourdement sur la croissance de nombreux pays en développement, notamment en Afrique.

M. MARTIN ANDJABA (Namibie) s'est félicité de la teneur du rapport du Secrétaire général qui, outre les questions de paix et de sécurité, de droits de l'homme et de développement, traite également de la question du VIH/sida, de développement social et surtout de l'éradication de la pauvreté. Sur le continent africain, le VIH/sida représente une menace sérieuse à la paix et à la sécurité et, en prévision du débat consacré à cette pandémie, le représentant de la Namibie a tenu à souligner l'urgence pour l'Assemblée générale à apporter des réponses concrètes à ce fléau. Les Etats doivent, selon lui, s'engager à soutenir politiquement et à financer les initiatives qui seront prises par les Nations Unies au cours de cette session.

Il a ensuite évoqué la question du développement et des conséquences de la mondialisation et a souhaité que les pays riches fassent davantage d'efforts pour aider les pays pauvres à éradiquer la pauvreté, ceci conformément aux engagements pris au cours du Sommet du millénaire. La Namibie participera activement aux initiatives des Nations Unies en matière d'éradication de la pauvreté et prendra part en particulier à la conférence de 2001 sur les pays les moins avancés.

Enfin, il a souhaité que les recommandations du rapport Brahimi soient examinées et s'est opposé aux interventions humanitaires unilatérales, rappelant la position de son pays sur cette doctrine. La Namibie considère en effet que les interventions humanitaires doivent être décidées conjointement entre pays développés et pays en développement et pas uniquement par les Etats membres du Conseil de sécurité. Dans cet esprit, il a souhaité que les prérogatives de l'Assemblée générale soient renforcées.

M. DAVID STUART (Australie) a déclaré que si l’ONU souhaite réellement faire de l’éradication de la pauvreté son objectif prioritaire, ainsi que l’affirme le Secrétaire général dans son rapport, elle devrait alors faire converger tous ses efforts vers la promotion de politiques de croissance. Il a regretté que les recommandations de l’ONU en la matière ne soient pas suffisamment substantielles.

En premier lieu, ces politiques de croissance doivent viser à s’affranchir des contraintes extérieures qui pèsent sur la croissance. Ces contraintes sont dues aux nombreuses barrières qui entravent la libre circulation des biens et des services. Le commerce international est encore trop empreint de protectionnisme; ainsi, selon un récent rapport de l’OCDE, les subventions totales au secteur agricole dans les pays de l’OCDE s’élèvent à 361 milliards de dollars, soit 7 fois plus que l’aide que ces pays accordent aux pays en développement. Ces subventions aux exportations créent des distorsions dans le commerce international et empêchent la libre concurrence. L’Australie pense qu’il est urgent d’ouvrir de nouvelles négociations commerciales multilatérales.

En second lieu, les politiques de croissance dépendent de facteurs internes. Dans ce domaine, l’accent mis par les Nations Unies sur la bonne gouvernance comme élément clé d’un développement durable et équitable est louable. Il faut cependant souligner que les politiques internes ainsi que le renforcement des institutions restent du ressort des gouvernements.

Aujourd´hui, la mondialisation est en marche et les Nations Unies ne peuvent rien contre le cours des choses. Il est vain de répéter que la mondialisation accroît la pauvreté, ce qui d’ailleurs est discutable puisque dans les 10 dernières années, la proportion de la population vivant dans des conditions d’extrême pauvreté est passée de 28% à 24%. Le rôle des Nations Unies consiste plutôt à aider les Etats à identifier les opportunités de croissance que leur offre la mondialisation. Pour cela, il est nécessaire que les Nations Unies améliorent la coordination entre ses différentes agences d’aide et lient l’octroi de fonds à des résultats démontrés et réalisés. Ces actions seront plus efficaces pour le développement que n’importe quelle taxe internationale.

M. J. ENKHSAIKHAN (Mongolie) a souligné que le rapport du Secrétaire général contient un certain nombre de propositions intéressantes pour adapter les Nations Unies au contexte mondial actuel tout en respectant les principes de la Charte. Il a ajouté qu'il était temps de mettre en oeuvre les recommandations issues du Sommet du millénaire et de redynamiser les Nations Unies en rendant notamment à l'Assemblée générale les pouvoirs qui lui sont conférés par la Charte, en élargissant le Conseil de sécurité, en renforcant le Conseil économique et social et en privilégiant une meilleure coordination entre les activités de l'Organisation et celles des autres institutions financières internationales.

En matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, le représentant de la Mongolie a regretté les échecs des Nations Unies en Bosnie, au Rwanda, en Sierra Leone et s'est félicité des recommandations du rapport Brahimi avant d'annoncer que son pays avait signé un accord avec les Nations Unies afin de former des forces de maintien de la paix.

Il a ensuite souligné l'importance pour les Nations Unies de se pencher sur la question des pays en développement et a souhaité que l'Assemblée générale se saisisse des recommandations de la CNUCED concernant l'accès au marché international des pays en développement, et en particulier des pays enclavés.

Enfin, il a appuyé la proposition du Secrétaire général d'organiser une conférence internationale sur le désarmement et l'élimination des armes nucléaires et a suggéré que les Nations Unies recensent et listent les stocks de matières fissiles afin de limiter la prolifération. Il a soutenu l'initiative visant à créer une zone exempte d'armes nucléaires afin de garantir la paix et la sécurité en Asie.

M. JOUN-YUNG SUN (République de Corée) a dit partager les vues du Secrétaire général concernant la péninsule coréenne faisant face à une occasion historique de mettre fin à des décennies de conflits entre la Corée du Sud et la Corée du Nord et donc de participer à la stabilité et à la paix dans la région. Pour le représentant, la complexité des récentes situations de crise réclame que les opérations de maintien de la paix élargissent leur champ d’action au-delà des réalités traditionnelles de ce genre d’opérations, intimement liées désormais à la consolidation de la paix. Ainsi, la République de Corée considère que le rapport Brahimi constitue une base importante de délibérations sur le sujet. En appliquant ses recommandations, les Nations Unies devront garder à l’esprit les implications budgétaires, a encore estimé le représentant. Dans ce cadre, le processus de prise de décision du Conseil de sécurité devrait être plus transparent et les pays contributeurs de troupes devraient être d’une manière ou d’une autre associés à ce processus.

Par ailleurs, le représentant de la République de Corée a insisté sur les conséquences indésirables de la mondialisation en particulier pour les pays en développement. Son Gouvernement attache une importance particulière à l’éducation dans le domaine des technologies de l’information et de la communication et a déjà fourni des programmes de formation à ces technologies pour les pays en développement de manière à construire le “pont digital” entre ces pays et les pays développés.

M. ARNOLDO LISTRE (Argentine) a également évoqué la question de l´ingérence humanitaire et les craintes exprimées par de nombreux pays de voir une telle intervention en cas de violations humanitaires, se traduire par une limitation de la souveraineté nationale. Il a déclaré que pour l´Argentine, il est nécessaire d´ajouter au principe de non-ingérence un principe tout aussi important: celui de la non-indifférence. Ce principe signifie que ceux qui commettent des crimes ne doivent pas rester impunis. C´est pourquoi l´Argentine salue la création de la Cour pénale internationale et des tribunaux pour le Rwanda, l´ex-Yougoslavie et la Sierra Leone et pense qu´ils ont un rôle important à jouer sur la voie de la réconciliation nationale et de la justice.

L´Argentine s´est félicitée de l´initiative visant à établir un Contrat mondial qui lie les entreprises, les syndicats et les organisations civiles. Ce contrat est complémentaire à l´action des gouvernements et permettra de diriger les flux de capitaux et les investissements étrangers vers les pays qui en ont le plus besoin.

M. FELIPE H. PAOLILLO (Uruguay) a déclaré que si l'on pouvait concevoir de recourir à l'intervention humanitaire, il ne fallait pas l'institutionnaliser et en faire l'instrument ad hoc dans la lutte contre les crimes internationaux. Il a insisté sur l'importance de la prévention en matière de paix et de sécurité internationales et sur la nécessité de renforcer les services d'information et d'analyse des Nations Unies de façon à améliorer leur capacité d'alerte du Secrétariat. Il s'est dit convaincu que les organisations régionales telles que l'Organisation des Etats américains et l'Organisation de l'unité africaine pourraient jouer un rôle important dans la prévention des conflits dans leurs régions respectives.

S'opposer à la mondialisation équivaudrait à s'opposer à la loi sur la gravitation universelle, a-t-il par ailleurs déclaré. Dans un cas comme dans l'autre, il faut en contrôler les effets de façon à ce qu'ils soient bénéfiques à toutes les sociétés du monde.

M. DUMISANI SHADRACK KUMALO (Afrique du Sud) a déclaré que le rapport du Secrétaire général donnait un certain nombre d'orientations quant au rôle qu'auraient à jouer les Nations Unies au XXIème siècle. Il a considéré que les questions d'éradication de la pauvreté, de développement, de paix et de sécurité étaient indissociables et que les Etats devaient désormais travailler étroitement pour répondre aux attentes des populations. Il a rappelé que le concept de renaissance africaine développé par le Président Thabo Mbeki s'inscrivait dans cette dynamique qui consiste à mettre l'être humain au coeur du développement, à respecter les particularismes de chacun et à promouvoir la démocratie. Il devient dès lors possible de consolider le développement économique sur le continent africain pour que celui-ci puisse avoir la place qu'il mérite dans la compétition économique internationale. La renaissance africaine suppose, selon lui, l’application d’un long processus, tout comme l'engagement pris au sein des Nations Unies d'éradiquer la pauvreté et de promouvoir le développement des pays les moins avancés.

Il a ensuite déclaré que la mondialisation était un phénomène durable et qu'il fallait faire en sorte de mieux équilibrer ses bénéfices sur la base des recommandations de la Conférence du Groupe des 77 tenue à La Havane en avril 2000. Il a apporté son soutien à l'initiative des Nations Unies envers les pays pauvres les plus endettés et a demandé que les pays riches fassent un effort concernant l'aide publique au développement. L'Afrique du Sud appuie l'initiative du Secrétaire général d'organiser en 2001 une conférence internationale sur les pays les moins avancés.

Soulignant que la paix était indissociable du développement, il a plaidé pour davantage d'efforts en vue de promouvoir la bonne gouvernance et la démocratie dans la perspective de renforcer la stabilité politique du continent africain. Il s'est ensuite réjoui de l'initiative du Secrétaire général de convoquer, en 2001, une Conférence internationale sur le commerce illicite des armes légères, ce qui représente une mesure préventive certaine pour les conflits en Afrique. Il a par ailleurs appuyé les recommandations du rapport Brahimi et a plaidé pour un renforcement de la sécurité du personnel opérationnel des Nations Unies. Le représentant de l'Afrique du Sud s'est déclaré en faveur d'une redynamisation de l'Organisation des Nations Unies, passant notamment par un élargissement du Conseil de sécurité et par une meilleure coordination avec les institutions de Bretton Woods et l'Organisation mondiale du commerce. Enfin, il a souhaité que l'Afrique du Sud parvienne à passer de la catégorie B à la catégorie C en matière d'opérations de maintien de la paix et a renouvelé la demande de son pays d'accueillir en 2002 le Sommet de la terre.

M. AGIM NESHO (Albanie) a déclaré que dans le domaine particulier des opérations de maintien et de consolidation de la paix, le Gouvernement albanais a accueilli favorablement et soutenu le travail de la Mission des Nations Unies au Kosovo (MINUK) et le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Bernard Kouchner. Nous estimons, a poursuivi le représentant, que la MINUK a conduit à des changements positifs au Kosovo en matière d’administration, d’assistance humanitaire, et de mise en place d’institutions démocratiques. Il s’est également félicité de la présence militaire de la KFOR et de la police civile au Kosovo qui ont, selon lui, permis d’instaurer la sécurité dans la région pour le peuple du Kosovo et pour la présence civile internationale.

Le représentant albanais a affirmé qu’il est important que les instituions des Nations Unies présentes dans la région intensifient leurs efforts, tout comme la communauté internationale, pour préparer le retour des 200 000 réfugiés et plus, qui vivent pour l’instant dans différents pays européens, et leur assurer des conditions de vie normales. La situation inquiétante en Yougoslavie (Serbie et Monténégro) et les courants potentiels de réfugiés signifient implicitement que ces institutions doivent disposer de plans d’urgence à même de gérer les conséquences humanitaires qui pourraient découler de cette situation.

A propos de la persistance de la violence inter-ethnique au Kosovo, dont les Kosovars albanais sont considérés comme les principaux responsables, le Gouvernement albanais rappelle qu’il soutient le principe d’une société pluriethnique au Kosovo et condamne les actes de violence. Cependant, il ne faudrait pas oublier que cette violence trouve ses racines dans le génocide et le nettoyage ethnique perpétrés par les Serbes contre les Kosovars albanais. Le régime de M. Milosevic continue d’ailleurs de déstabiliser la région en générant la violence au sein du Kosovo tout en mettant les objectifs de la MINUK en péril, a encore ajouté le représentant.

L’Albanie espère que les récentes élections présidentielles et législatives en Yougoslavie (Serbie et Monténégro) mettront fin au régime criminel de M. Milosevic et inaugureront une ère nouvelle de coopération et de compréhension mutuelle dans les Balkans.

M. ELMIRA IBRAIMOVA (Kirghizistan) a déclaré que le rapport du Secrétaire général était une étape importante dans la vie de l'Organisation des Nations Unies. Il a appuyé le concept de paix et de sécurité durables développé par le Secrétaire général dans son rapport et a suggéré que les recommandations du rapport Brahimi soient mises en oeuvre, de même que la doctrine de diplomatie préventive. Il s'est félicité de la tenue en 2001 d'une Conférence internationale sur le désarmement et sur la prolifération des armes légères avant d'attirer l'attention des délégués sur l'impact du commerce illicite des drogues sur le terrorisme international et sur les conflits, notamment en Asie centrale. Il a ensuite abordé la question de l'action humanitaire qui est une des missions les plus nobles de l'Organisation des Nations Unies et qui doit être poursuivie.

Il a appuyé l'initiative du Secrétaire général en vue de l'éradication de la pauvreté et la démarche du PNUD visant à définir une stratégie de réduction de la pauvreté et de rétrécissant du fossé entre pays riches et pays pauvres. Enfin, le représentant du Kirghizistan a fait allusion aux questions d'environnement et en particulier aux efforts de la FAO et des organisations non gouvernementales en vue de développer les régions montagneuses en protégeant les écosystèmes et l'héritage culturel de ces régions. Il a souhaité que ces questions, d'une grande importance pour le Kirghizistan et ses voisins, soient abordées, notamment dans la perspective du Sommet de la Terre qui doit se tenir en 2002.

M. FUAD MUBARAK AL-HINAI (Oman) a déclaré que sur la question de l'intervention humanitaire, l'activité de l'Organisation des Nations Unies devrait et doit être limitée aux mandats spécifiés par la Charte.

En ce qui concerne la réforme des Nations Unies et de ses organes, il a indiqué que les changements qui ont eu lieu depuis 1945 imposent un élargissement de la composition du Conseil de sécurité pour obtenir une représentation plus équitable.

Il a par ailleurs rappelé la distribution inégale des bénéfices de la globalisation qui a un impact positif sur les pays développés, mais un effet négatif sur les pays en développement. Dans ce cadre, il a appelé la communauté internationale et plus particulièrement les pays développés à tenir compte des préoccupations des pays en développement afin de réduire l’écart économique et technologique qui les sépare.

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