AG/1071

"L'ONU DOIT DEMEURER LE CENTRE DE DECISION DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE"

27 septembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1071


"L'ONU DOIT DEMEURER LE CENTRE DE DECISION DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE"

20000927

Le rapport du Secrétaire général sur l'activité de l'Organisation examiné en séance plénière

"L'Organisation des Nations Unies doit demeurer le centre de décision de la communauté internationale" a-t-il été déclaré ce matin alors que l'Assemblée générale, réunie en séance plénière, examinait le rapport du Secrétaire général sur l'activité de l'Organisation (cf communiqué de presse AG/1051 du 12 septembre 2000). Sa modernisation et la réforme de certains de ses fonctionnements ont été par ailleurs jugées nécessaires pour lui permettre de remplir ses missions. La question du financement de l'Organisation et plus particulièrement la révision du barème des contributions au budget ordinaire, mais aussi aux opérations de maintien de la paix, a été jugée cruciale à cet égard. Plusieurs intervenants ont souligné la pertinence de la démarche engagée dans le cadre du Pacte mondial qui permet de mobiliser des ressources extérieures dans le cadre de partenariats avec des entreprises ou des organisations non gouvernementales.

L'élargissement du Conseil de sécurité a fait l'objet de plusieurs interventions. "Plus de 150 pays se sont prononcés en faveur de la réforme du Conseil de sécurité depuis le début de cette session; a notamment déclaré le représentant du Japon. Cela devrait donner un élan nouveau à la recherche d'un consensus sur cette question".

Les conclusions du Groupe d'experts sur les opérations de maintien de la paix (rapport Brahimi) ont été également commentées. Les intervenants se sont généralement prononcés en faveur d'un renforcement du dispositif d'intervention et de l'attribution de ressources supplémentaires au Département des opérations de maintien de la paix.

Toutefois plusieurs représentants ont insisté sur le fait que ces grandes questions ne devaient pas faire perdre de vue un des principaux objectifs des Nations Unies: l'éradication de la pauvreté. Des appels ont également été lancés pour que soient mobilisées des ressources supplémentaires pour lutter contre le sida et permettre l’accès des malades aux traitements.

Se sont exprimés ce matin les représentants des pays suivants: Norvège, Irlande, Colombie, Koweït, Japon, Chypre, Bhoutan, Allemagne, Bélarus, Ukraine, Equateur, Croatie, Chine, Ouzbékistan, Emirats arabes unis, Brésil, Pérou, Sénégal, Malaisie, Fédération de Russie.

L’Assemblée poursuivra l'examen de ce point cet après midi à partir de 15 heures.

RAPPORT DU SECRETAIRE GENERAL SUR L’ACTIVITE DE L’ORGANISATION

Débat

M. OLE PETER KOLBY (Norvège) s’est félicité de la pertinence du rapport du Secrétaire général qui permet de réaffirmer les priorités de l’Organisation. D’une part, l’éradication de la pauvreté doit rester l’objectif premier de l’Organisation. D’autre part, la lutte contre l’épidémie du sida requiert que l’on mobilise des ressources supplémentaires, notamment pour permettre l’accès des malades aux traitements. Le représentant a indiqué que son pays est l’un des principaux contributeurs aux programmes de lutte contre le VIH/sida. Tout récemment, la Norvège a versé environ cinq millions de dollars à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour ses programmes de santé en Afrique. Enfin, la capacité de l’Organisation à prévenir les conflits doit être renforcée, suivant les recommandations du rapport Brahimi.

M. RICHARD RYAN (Irlande) a déclaré que les Nations Unies sont “notre” Organisation et que nous devons tous partager ses responsabilités pour qu’elle puisse relever les défis qui lui sont lancés. Si le Département des opérations de maintien de la paix doit poursuivre son travail avec 40 000 hommes répartis en 15 missions avec une équipe totalement inadéquate de soutien au Siège de l’Organisation, si des troupes des Nations Unies sont envoyées sur le terrain sans l’équipement ou l’entraînement nécessaires, si les forces de l’ONU sont impuissantes quand des atrocités sont commises, si les communications sont inadéquates, nous sommes tous responsables à des degrés divers et nous devons tous chercher des solutions, a estimé le représentant.

Le rapport du Secrétaire général sur l’activité de l’Organisation a montré que les efforts des Nations Unies doivent encore se concentrer sur le continent africain en coopération avec l’Organisation de l’unité africaine (OUA), tandis que hors d’Afrique la contribution de l’ONU reste essentielle dans la résolution de situations compliquées comme au Kosovo et au Timor oriental, a poursuivi le représentant pour qui le désarmement est aussi un des éléments essentiels de la stratégie des Nations Unies pour la paix et la sécurité alors que de grandes incertitudes persistent quant au risque que représente la puissance nucléaire.

Si la pauvreté doit être réduite et à terme éliminée, le budget du développement doit être évalué en conséquence, a encore estimé le représentant. Le développement doit aussi être durable, et aujourd’hui s’assurer que les générations futures pourront bénéficier d’un environnement susceptible de répondre à leurs besoins. L’Irlande se prononce donc en faveur de la création d’un index de la vulnérabilité environnementale qui pourrait s’avérer être d’une aide précieuse pour beaucoup d’Etats Membres et en particulier pour les petits Etats insulaires en développement menacés par les changements climatiques.

M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a attiré l'attention sur le fait que le paragraphe 64 du rapport du Secrétaire général évoque la nécessité de trouver une solution au conflit armé en Colombie. Il a déclaré que son Gouvernement continuera à travailler en étroite collaboration avec le Conseiller spécial sur l'aide humanitaire en Colombie, étant absolument convaincu que les progrès réalisés en direction de la paix se traduiront par des améliorations dans le domaine des droits de l'homme. A propos du rapport Brahimi, il a indiqué que ce

document avait été reçu de façon positive par les Etats Membres mais qu'il ne fallait pas perdre de vue que l'Assemblée générale est le seul organe pouvant conférer aux décisions leur légitimité internationale seule garante de leur efficacité. D’autre part, travailler dans un cadre trop rigide crée une pression inutile. Enfin, le rapport Brahimi fait suite à d'autres documents formulant des recommandations en matière d’opérations de maintien de la paix dont il faut tenir compte.

M. MOHAMMAD ABULHASAN (Koweït) a estimé qu’il est difficile de dissocier aujourd’hui les questions de maintien de la paix, de développement et de sécurité internationale. L’ONU est l’instance appropriée pour traiter de ces questions. Le Koweït considère que les questions de sécurité internationale, de développement, de souveraineté et de consensus entre les Etats revêtent une très grande importance.

Le Koweït se félicite des conclusions du rapport Brahimi et demande à l’Assemblée générale de les examiner avec attention. Les Nations Unies doivent aussi se pencher sur la pauvreté, les questions sociales et mener des actions tant au plan national qu’international en vue de lutter contre ces fléaux. Concernant les recommandations du Secrétaire général sur les sanctions, le représentant du Koweït considère qu’elles devraient s’appliquer aux régimes en cause et ne pas faire souffrir les populations innocentes. Enfin, le Koweït souhaite que l’Iraq respecte les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

M. YUKIO SATOH (Japon) est revenu sur les recommandations du rapport portant sur la nécessité de consolider les Nations Unies notamment le Conseil de sécurité, qu’il faudrait réformer de façon à refléter les réalités d'aujourd'hui. Plus de 150 pays se sont prononcés en faveur de la réforme du Conseil de sécurité, a-t-il indiqué. Cela devrait donner un élan nouveau à la recherche d'un consensus sur cette question.

Le représentant a fait valoir que la réforme financière était une tâche nécessitant des efforts particuliers et que le barème des quotes-parts au budget ordinaire devait être revu de façon à aboutir à une répartition plus équitable. Le poids financier des opérations de maintien de la paix devrait également être mieux réparti, a-t-il indiqué. Le représentant s'est dit très favorable aux conclusions du rapport Brahimi et à un renforcement du Secrétariat visant à une meilleure efficacité des opérations de maintien de la paix. Nous attendons un rapport du Secrétaire général pour la mise en oeuvre concrète de ces propositions, a-t-il déclaré.

M. CONSTANTINE MOUSHOUTAS (Chypre) a rappelé que le Conseil de sécurité est la seule source légitime pour l’utilisation de la force armée en cas de rupture de la paix ou lorsque les droits de l’homme sont systématiquement violés. Aussi une intervention autre que celle des Nations Unies peut encourager des militants séparatistes à faire couler le sang. Evoquant les questions de la souveraineté des Etats et de la non-ingérence dans leurs affaires intérieures, M. Moushoutas a estimé qu’elles ne doivent pas être considérées comme des obstacles à une intervention humanitaire lorsqu’il devient évident que les droits de l’homme sont violés de façon systématique.

Le représentant de Chypre a ajouté que l’utilisation de la force militaire motivée par de bonnes intentions mais en violation des dispositions de la Charte des Nations Unies relatives à la souveraineté des Etats, n’est pas une solution mais est une source de nouveaux problèmes. Permettre les interventions non mandatées par les Nations Unies risque d’ouvrir la boîte de Pandôra. Certains dirigeants ayant des visées expansionnistes seront toujours prêts à lancer des agressions sous le prétexte de défendre les droits humains d’un peuple, d’une minorité ou d’une communauté ethnique. Le paragraphe 4 de l’Article 2 de la Charte des Nations Unies interdit un tel emploi de la force. La question de l’intervention humanitaire doit faire l’objet de discussions en profondeur dans le cadre des Nations Unies et à l’extérieur. Le représentant a aussi appuyé un renforcement de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et la société civile.

En ce qui concerne les réformes, il a souligné qu’un élargissement de la composition du Conseil de Sécurité reflétant mieux les réalités du monde actuel, serait plus à même de servir les intérêts de la paix et de la sécurité.

M. LYONPO OM PRADHAN (Bhoutan) approuve les orientations retenues dans le rapport du Secrétaire général sur l’activité de l’Organisation. Au cours des dernières années, le Secrétaire général a favorisé une étroite collaboration entre les gouvernements, les entreprises privées, la société civile, les organisations syndicales afin qu’ils contribuent ensemble à consolider les objectifs fixés dans la Charte des Nations Unies. Au-delà de ce pacte mondial, les questions de maintien de la paix et de la sécurité internationales sont au centre des préoccupations de la délégation du Bhoutan. Les tâches de maintien de la paix sont de plus en plus complexes pour les Nations Unies et les recommandations du rapport Brahimi doivent faire l’objet d’un examen approprié. Le représentant du Bhoutan considère que l’aide publique au développement doit être accrue par les pays développés pour atteindre les objectifs de développement humain et social. Par ailleurs, la question de la bonne gouvernance revêt une importance majeure dans le renforcement du développement social et humain, le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

M. HANNS SCHUMACHER (Allemagne) a rappelé que 17 personnes ont perdu la vie l’année dernière dans l’exercice de leurs fonctions pour les Nations Unies, la plupart dans des actes de violences dont les coupables n’ont jamais été traduits en justice. Une réalité qui, à elle seule, rappelle à la communauté internationale qu’elle est encore loin d’avoir atteint ses buts ambitieux en matière de coopération pacifique et prospère pour le bien de l’humanité.

Le représentant allemand a mis en évidence deux aspects du rapport Brahimi concernant les besoins en matière de missions de maintien de la paix, à savoir: la nécessité d’une meilleure formation et d’une réponse plus rapide dans le temps aux situations d’urgence. Grâce à la création d’un centre international allemand de formation aux missions de maintien de la paix, l’Allemagne veut répondre à ces besoins tout en aidant à trouver des solutions. Les opérations de maintien de la paix requièrent un nombre croissant de policiers qualifiés et d’experts civils.

La préparation à ce genre de déploiement compliqué doit se faire avant même que le besoin d’une force des Nations Unies de maintien de la paix se fasse sentir et que son mandat soit défini, a encore estimé le représentant de l’Allemagne. La création d’une réserve de personnel qualifié qui soit disponible sur demande des Nations Unies ou de l’OSCE, partout dans le monde, rapidement et en phase avec les besoins des missions les plus diverses, est la contribution de l’Allemagne à l’amélioration des missions de maintien de la paix. 400 personnes seront formées à la fin de l’an 2000 et la coopération avec d’autres centres de formation de manière à créer des critères uniformes de formation sera notre priorité désormais, a encore affirmé le représentant.

M. SERGEI LING (Bélarus) a déclaré que les peuples ont besoin de la paix et que cette nécessité doit guider les activités des Nations Unies. Durant le siècle dernier, le Bélarus a contribué de façon importante aux efforts de paix en se conformant à ses obligations envers les Nations Unies et en renonçant à la possession des armes nucléaires. Le représentant a ajouté que le Président et le Ministère des affaires étrangères du Bélarus ont récemment réaffirmé leur intention de poursuivre leur contribution au processus de désarmement. Dans ce cadre, la République du Bélarus a déposé durant cette session les documents de ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et le Protocole relatif aux armes lasers aveuglantes (Protocole IV) se rapportant à la Convention sur l'interdiction ou la limitation de l'emploi de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou frappant sans discrimination. Le Bélarus continuera de défendre l’initiative de la création d’une zone exempte d'armes nucléaires en Europe centrale et en Europe de l’Est.

Le Gouvernement du Bélarus, a-t-il dit, a étudié avec une très grande attention la section du rapport du Secrétaire général sur les sanctions dont il soutient la conclusion selon laquelle l’efficacité de ce type de mesures a été de plus en plus remise en question ces récentes années. Dans ce contexte, les Etats tiers, dont le Bélarus, souffrent de ces sanctions. Le représentant a par conséquent soutenu la proposition faite lors du débat général par M. Jan Kavan, Ministre des affaires étrangères de la République tchèque sur la création dans le cadre des Nations Unies d’un groupe spécial similaire à celui dirigé par M. Brahimi, dont le but serait d’analyser de façon impartiale un ensemble de questions relatives aux sanctions.

En ce qui concerne la section du rapport intitulée «engagements humanitaires», le Bélarus souhaiterait que l’on porte une attention aux questions relatives à Tchernobyl. Il a ajouté que le Président de la République, Alexander Lukhasenko et le Ministre des affaires étrangères du Bélarus ont tous deux loué les Nations Unies pour leur rôle dans l’atténuation des conséquences de la catastrophe de Tchernobyl.

M. VOLODYMYR YEL’CHENKO (Ukraine) a insisté sur la section du rapport du Secrétaire général concernant le maintien de la paix et de la sécurité internationales. La décennie écoulée a montré les limites et les faiblesses des Nations Unies en la matière. Il est de notre devoir, a poursuivi le représentant ukrainien, de remédier à ces problèmes. L’Ukraine se prononce en faveur d’un renforcement de l’activité de l’ONU en matière de prévention des conflits et a proposé l’élaboration d’une stratégie couvrant tous les aspects de la prévention dont un des éléments clefs serait la création de centres régionaux de prévention

des conflits des Nations Unies. Selon le représentant, l’importance de la question pourrait également se traduire dans l’activité quotidienne du Conseil de sécurité. Le Conseil pourrait profiter de réunions d’information, tenues sur une base régulière avec l’Equipe pour l’action préventive qui a été créée au sein du Département des affaires politiques. Cette Equipe informerait le Conseil de son travail qui est d’identifier des situations conflictuelles pouvant requérir une action préventive.

L’Ukraine estime par ailleurs que le Comité spécial sur les opérations de maintien de la paix constitue l’enceinte la plus appropriée pour traiter des conclusions du rapport de M. Brahimi et appelle le bureau de cet organe à organiser une session spéciale pour entamer des discussions en vue de faire des recommandations rapides à l’Assemblée générale en la matière. Enfin, le représentant ukrainien s’est encore prononcé en faveur de la définition d’une méthodologie précise pour l’imposition et la levée des sanctions qui prenne en considération les populations civiles et les problèmes des pays en développement.

M. MARIO ALEMAN (Equateur) a affirmé que les mutations dans la nature et l'envergure des conflits appelait une réflexion sur le rôle de l'Organisation. Aux affrontements idéologiques et aux disputes sur le tracé des frontières de la Guerre froide ont succédé des conflits majoritairement internes impliquant des violations massives des droits de l'homme. Or, il est important de souligner que la question des droits de l'homme ne relève pas uniquement des juridictions internes. Elle était déjà inscrite dans la Charte des Nations Unies qui a valeur de traité international. Les recommandations du rapport Brahimi doivent être mises en oeuvre afin de renforcer l'efficacité des interventions de l'Organisation en faveur de la paix et afin de les adapter à cette nouvelle donne mondiale.

Par ailleurs, l’Equateur souhaite qu'un accord puisse être trouvé en ce qui concerne le financement de l’Organisation, de façon à ce que la capacité contributive des Etats Membres soit respectée.

M. IVAN SIMONOVIC (Croatie) a estimé qu'il faudrait réexaminer notre approche des questions de maintien de la paix et a rappelé que la sécurité collective ne peut plus être définie seulement par l'absence de conflits armés, que ce soit à l'intérieur des Etats ou entre les Etats. Puisque le maintien de la sécurité collective est devenu un processus complexe, la communauté internationale a le devoir d'agir pour des raisons humanitaires, quand les droits de l'homme les plus élémentaires sont bafoués. Il est urgent de réformer et de moderniser la force d'intervention des Nations Unies, en fixant des cadres temporels aux missions de maintien de la paix et en restructurant le Département des opérations de maintien de la paix.

Le financement doit être réorganisé en fonction de principes sains, équitables et durables. Il est souhaitable que les contributions des Etats Membres soient revues ainsi que le barème des quotes-parts pour le maintien de la paix.

M. WANG YINGFAN (Chine) a estimé qu’en matière de maintien de la paix, le rôle du Conseil de sécurité est irremplaçable et son autorité ne peut être remise en question. Il faut donc que la responsabilité du Conseil et son pouvoir politique soient préservés et renforcés. Malgré leur contribution au maintien de la paix et de la sécurité internationales, les opérations de maintien de la paix ne sont pas la panacée. Il faut donc nous attacher aux racines et aux causes réelles des conflits, a ajouté le représentant en réclamant que les Nations Unies accroissent leur action en vue de résoudre les problèmes que connaît l’Afrique.

Quant au "dilemme de l’intervention", la Chine considère que toute intervention doit être autorisée par le Conseil de sécurité et devrait tendre à l’élimination des causes profondes des conflits plutôt qu’à en retarder le règlement, mais devrait aussi faciliter la réconciliation entre les parties plutôt qu’alimenter la haine et la confrontation. Les grandes puissances et les groupes de pays devraient, selon le représentant chinois, respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale des pays impliqués dans un conflit plutôt que d’utiliser le prétexte d’une intervention humanitaire pour s’ingérer dans les affaires intérieures des pays concernés ou d’orienter les conflits.

Le représentant chinois a par ailleurs affirmé que les Nations Unies doivent jouer un rôle dans la réduction du fossé qui sépare les pays pauvres des pays riches de manière à s’assurer que tous bénéficient de la même manière de la mondialisation. Les Nations Unies devraient investir dans ce domaine et considérer l’éradication de la pauvreté comme son objectif actuel primordial. En termes de sécurité, le représentant de la Chine a déclaré que les Nations Unies devraient continuer d’accorder une attention particulière et de prendre les décisions nécessaires pour éviter qu’un pays ne menace la stabilité stratégique internationale en développant un système national de défense antimissile.

M. ALISHER VOHIDOH (Ouzbékistan) a porté son attention sur les questions relatives à la mondialisation qui doivent, selon lui, être au coeur des débats de cette Assemblée du millénaire. Le représentant a rappelé que l’ONU doit jouer un rôle de leader dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. A ce titre, il a souligné qu’il n’est pas possible de parler de stabilité sans aborder la question du désarmement et rappelé l’initiative de son pays de faire de l’Asie centrale une zone exempte d’armes nucléaires. L’Ouzbékistan, en vue d’améliorer l’efficacité des Nations Unies, appuie l’élargissement de la composition du Conseil de sécurité et est en faveur de l’attribution de sièges permanents au Japon et à l’Allemagne. Il appuie le renforcement du rôle du Secrétaire général afin que l’Organisation réagisse mieux aux crises.

La paix internationale est menacée, selon lui, par des défis tels que le terrorisme et les Etats qui soutiennent le terrorisme doivent être condamnés et combattus. Le trafic de la drogue qui est une des sources de financement du terrorisme international doit aussi être combattu. L’Ouzbékistan accueille favorablement la proposition d’organiser une conférence internationale sous l’égide des Nations Unies sur la question et attire l’attention sur la situation particulière de l’Asie centrale.

M. MOHAMMAD SAMHAN (Emirats arabes unis) a apporté un soutien sans réserve au rapport du Secrétaire général et s’est félicité de ce que ses observations et recommandations permettent de relancer la réflexion sur le rôle de l’Organisation. Le concept de sécurité collective ne doit plus se limiter aux conflits armés mais doit également englober des menaces telles que les violations des droits de l’homme, le terrorisme international, les catastrophes naturelles, les disparités dans le développement économique et social. Respectueux de la Charte, les Emirats arabes unis souhaitent contribuer à améliorer la capacité d’intervention des Nations Unies, consolider la paix dans la pratique et promouvoir l’état de droit. Bien qu’elles aient augmenté, les opérations de maintien de la paix ont trop souvent eu à pâtir du manque de volonté politique et de la faiblesse des moyens financiers. Le représentant des Emirats arabes unis a par ailleurs regretté que la course aux armements ait pris une telle ampleur et exprimé son souhait de voir les négociations sur le désarmement couronnées de succès. Il a affirmé que l’ONU reste la seule instance appropriée pour construire un ordre international plus juste et plus équitable et appelé les Etats Membres à doter l’Organisation des ressources financières et humaines à la hauteur de ces défis.

M. GELSON FONSECA (Brésil) a fait état des progrès enregistrés par l’Organisation tels qu’ils figurent dans le rapport du Secrétaire général, notamment en ce qui concerne le maintien de la paix et de la sécurité internationales, les programmes visant à lutter contre le trafic de drogues, le crime transnational organisé et le commerce illicite des armes. Le représentant du Brésil rappelle que le pacte mondial a contribué à faciliter le travail des Nations Unies grâce à la mobilisation des organisations non gouvernementales, des gouvernements, du secteur privé et de la société civile.

Le Sommet du millénaire a été l’occasion d’aborder un certain nombre de questions relatives au maintien de la paix et de la sécurité internationales et, à ce titre, la délégation brésilienne approuve les recommandations du rapport Brahimi et souhaite qu’elles soient prises en compte afin d’améliorer les chances de succès des opérations de l’ONU grâce à des mandats clairs. Par ailleurs, le représentant du Brésil a abordé la question de l’éradication de la pauvreté qui doit être une des priorités pour la communauté internationale afin que les déséquilibres de la mondialisation soient corrigés, notamment par une meilleure coopération internationale et une mobilisation de tous les acteurs, tant au plan national qu’international. Enfin, l’engagement de placer l’individu au centre du développement doit être de nouveau réaffirmé.

M. JORGE VALDEZ (Pérou) a indiqué que sa délégation était prête à collaborer aux nouvelles recommandations du Secrétaire général et à étudier les propositions du rapport Brahimi. Il a exprimé son soutien à la priorité donnée par le Secrétaire général aux actions de prévention des conflits internationaux. Il a toutefois insisté sur le fait que la coopération pour le développement doit rester un objectif primordial et a rappelé que la Déclaration du millénaire avait fixé pour objectif de diminuer de 50% la grande pauvreté d'ici à 2015. Les questions telles que le financement du développement et notamment le commerce sont, de notre point de vue, extrêmement importantes dans la mesure où elles conditionnent la croissance économique et le développement social. Il a regretté que le rapport du Secrétaire général n'accorde pas plus de considération à ces questions.

M. IBRA DEGUENE KA (Sénégal) se félicite des orientations du rapport du Secrétaire général qui vise selon lui à mieux conjuguer les efforts de la communauté internationale afin de relever les défis du nouveau millénaire. Le premier de ces défis est celui de la mondialisation qui, bien qu’elle représente un certain nombre d’opportunités encore inexploitées pour le développement, crée des inégalités dont les conséquences affectent les peuples des pays en développement. Les Nations Unies doivent contribuer, selon le représentant du Sénégal, à rectifier les injustices nées de cette mondialisation en organisant par exemple une conférence internationale sur ce thème afin d’en faire une force positive.

Le second défi, selon lui, est celui de la paix et de la sécurité internationales menacées par de nombreux conflits qui sont favorisés notamment par le commerce illicite des armes légères. La délégation du Sénégal en appelle aux Nations Unies afin que des mesures efficaces soient prises pour lutter contre ces trafics et pour qu’elles mettent en oeuvre les recommandations du rapport Brahimi qui définit les contours d’une nouvelle doctrine du maintien de la paix.

Le représentant du Sénégal considère qu’une réforme du Conseil de sécurité, qu’un renforcement du rôle de l’Assemblée générale et qu’une coordination accrue avec les institutions financières internationales permettrait de démocratiser et de moderniser les Nations Unies afin d’en faire une Organisation à même de relever les défis du XXIème siècle.

M. HASMY AGAM (Malaisie) s’est félicité de ce que le rapport du Secrétaire général soulève un débat entre les Etats Membres au sujet de nombreuses questions non résolues, voire parfois litigieuses. Aujourd’hui, les défis auxquels l’ONU doit faire face persistent, et dans ce type de situation il est impératif que les Etats Membres puissent coordonner leurs efforts. En ce qui concerne la sauvegarde de la sécurité collective, la Malaisie soutient activement la mise en place d’une culture de la prévention qui permettrait d’économiser des moyens financiers. De même, il est souhaitable de promouvoir une coordination plus efficace entre l’ONU et les organisations régionales.

Le Secrétaire général évoque dans son rapport le «dilemme de l’intervention». C’est en effet une question épineuse à laquelle les Etats Membres doivent réfléchir ensemble. Certes, la communauté internationale ne peut rester passive face à des violations des droits de l’homme, mais il est impérieux de respecter le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats. La souveraineté des Etats reste un principe intangible.

Par ailleurs, la Malaisie se félicite des résultats des travaux du Groupe des Nations Unies sur les opérations de maintien de la paix et salue la pertinence du rapport Brahimi qui a fourni des recommandations audacieuses. A ce sujet, la Malaisie pense que les sanctions doivent être plus ciblées et ne pas se transformer en punitions collectives. Elles doivent avoir des objectifs bien précis et être assorties d’échéances.

M. SERGEY V. LAVROV (Fédération de Russie) a déclaré que les opérations de maintien de la paix sont l’une des activités indiscutables dans les priorités des Nations Unies. Cependant, le large éventail des problèmes actuels dans le monde, de l’Afrique aux Balkans en passant par le Timor oriental, demande un renforcement du potentiel dans le domaine de l’imposition de la paix. Selon lui, il est impossible de mettre fin aux violations du droit international humanitaire par des actions contraires à la Charte des Nations Unies. Le monde risque de glisser dans l’anarchie si d’aucuns tentaient d’établir un ordre basé sur le droit au recours à la force sous couvert du concept de l’intervention humanitaire et de la souveraineté limitée. En cas de menace ou de «fait accompli» en matière de violations des droits humains fondamentaux, la communauté internationale devrait agir de concert en respectant les décisions du Conseil de sécurité. Le travail d’adaptation des normes de droit international aux nouvelles réalités mondiales devrait être mené collectivement sur la base de la Charte des Nations Unies. La définition de critères communément acceptés pour l’établissement d’un cadre coercitif réglant les actions de la communauté internationale dans les cas extrêmes de violations du droit humanitaire n’est envisageable qu’à ce prix, a encore déclaré le représentant.

Par ailleurs, la Russie est d’avis que les sanctions imposées par le Conseil de sécurité ne doivent pas devenir un moyen de punir les peuples ou les pays. Le recours aux sanctions requiert la clarté de ses objectifs, une coordination dans le temps des mécanismes de leur application et un possible allègement étape par étape. Il ne faudrait pas que les sanctions déstabilisent la situation économique des pays qui en font l’objet et des pays du tiers monde. Enfin, le représentant a rappelé l’attention particulière que porte son pays à accroître le potentiel de réaction aux catastrophes naturelles et causées par l’homme ainsi qu’à l’interaction et la complémentarité entre l’environnement, le commerce et le développement.

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