AG/1068

L'IRAQ, LE ZIMBABWE, L'AFGHANISTAN ET LE BURUNDI EN APPELLENT A LA FERMETE DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

21 septembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1068


L’IRAQ, LE ZIMBABWE, L’AFGHANISTAN ET LE BURUNDI EN APPELLENT A LA FERMETE DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

20000921

Des appels à une action plus ferme de la communauté internationale face à diverses situations ont été lancés, cet après-midi, au cours du débat général de l’Assemblée du millénaire. Le Ministre des affaires étrangères de l’Iraq a appelé la communauté internationale à exercer une pression plus forte sur deux membres permanents du Conseil, les Etats-Unis et le Royaume-Uni, qu’il a rendu responsables du maintien des sanctions imposées depuis onze ans à son pays. Dénonçant la manipulation que ces pays font des organes des Nations Unies, le Ministre des affaires étrangères a plaidé pour la levée des sanctions en arguant du respect par son pays des résolutions pertinentes du Conseil. Estimant que la résolution 1284 (1999) –portant création de la Commission de vérification et de contrôle de l’armement iraquien- ne tient pas compte de ce fait, le Ministre a d’abord qualifié le texte d’instrument de maintien de la politique anti-iraquienne des Etats-Unis avant de réitérer la position de son gouvernement de “ne rien avoir à faire avec la résolution”. Des appels à la compréhension et à l’appui de la communauté internationale ont également été lancés par le Ministre des affaires étrangères du Zimbabwe qui a dénoncé le fait que le processus de réforme agraire mis en place par son pays n’ait reçu ni la coopération des secteurs de la société à qui la colonisation a attribué des privilèges ni l’appui des anciens colonisateurs à l’origine de ces privilèges. Le Ministre a particulièrement dénoncé les dispositions du “Zimbabwe Democracy Act 2000” adoptées par le Sénat américain en juin dernier, qui, par mesure de rétorsion contre la réforme agraire et l’implication du Zimbabwe dans le conflit en République démocratique du Congo (RDC), prévoit le déblocage d’une somme substantielle pour appuyer les partis d’opposition zimbabwéens et enjoint le FMI et la Banque mondiale à voter contre toute demande du Zimbabwe.

La communauté internationale et, en particulier le Conseil de sécurité, doit se montrer plus ferme vis-à-vis de la situation en Afghanistan, a estimé, à son tour, le ministre des affaires étrangères de ce pays. Il a dénoncé l’implication du Pakistan dans le conflit afghan en appelant le Conseil de sécurité à prendre les mesures appropriées contre ce pays et à confier à la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan le mandat de mettre en place une équipe d'enquête pour rendre compte de la présence d'hommes armés pakistanais et arabes aux côtés des mercenaires Taliban et rompre ainsi le silence qui encourage l'intervention du Pakistan en Afghanistan. La communauté internationale doit condamner l’intransigeance de la rébellion et permettre ainsi aux organisations internationales d’intervenir, a dit, pour sa part, le Représentant permanent du Burundi en indiquant l’échec des négociations tenues hier pour tenter de rallier à

l’Accord du 28 août les mouvements rebelles. Le Ministre a profité de l’occasion pour rejeter les allégations de la RDC selon laquelle des troupes burundaises se trouveraient en territoire congolais. Le Ministre a indiqué que le seul intérêt de son pays consiste à maintenir la sécurité de ses frontières, sans aucune ambition politique ou économique vis-à-vis d’un pays voisin.

Les Ministres des affaires étrangères et Représentants de la Grenade, des Maldives, des Bahamas, de l’Argentine, de Saint-Vincent-et-les Grenadines, du Niger et des Iles Marshall ont également pris la parole. Le Koweït, le Royaume- Uni, l’Iraq et l’Argentine ont exercé leur droit de réponse.

L’Assemblée du millénaire poursuivra son débat général demain 22 septembre à 10 heures.

Suite du débat général

M. ELVIN NIMROD, Ministre des affaires étrangères de la Grenade : Ma délégation accueille favorablement les engagements souscrits au Sommet du millénaire de lutter entre autres contre la pauvreté, la maladie, l’ignorance, l’injustice, la violence et la dégradation de l’environnement. En matière de pauvreté et de maladie, nous sommes confrontés aux inégalités qui persistent dans le monde, le sida fauchant dans la force de l'âge des personnes qui pourraient contribuer utilement au développement dans le monde. Le commerce est fondamental pour les Grenadiens, notamment les exportations de bananes. Malheureusement, nos économies sont menacées par la cynique décision de l’Organisation mondiale du commerce contre le régime d'assistance de l’Union européenne à nos petits producteurs de banane. Nous demandons aux Nations Unies d’appeler l’OMC à prendre en considération les problèmes structurels spéciaux auxquels font face les petits producteurs de bananes des Caraïbes. Nous lançons un appel aux entreprises pour que soit établi un partenariat mondial plus équitable. Il est aussi urgent de soulager les pays les moins avancés du fardeau de leur dette. Une solution doit être d'urgence trouvée pour annuler ces dettes, en les transformant ainsi en un investissement pour la communauté mondiale.

Le coût très élevé des catastrophes naturelles rend le développement durable très difficile. Nous appelons les secteurs publics et privés à apporter leur contribution à la création d’un fonds à cet effet. Nous attendons une évolution positive des programmes de mondialisation, de libéralisation du commerce, de développement de la technologie de l’information et de développement durable. Mais pour certains, la mondialisation constitue une grave menace. Les démunis doivent pouvoir avoir part aux effets bénéfiques de la mondialisation. L’ingérence dans notre secteur de services offshore est une atteinte à notre commerce de services et à notre rôle dans l’économie mondiale. Nous nous élevons contre les accusations injustes qu'un cartel de nations à fiscalité très élevée porte contre nos pratiques fiscales jugées anticoncurrentielles. Il s'agit là d'un impérialisme fiscal, contraire au principe de la souveraineté nationale. En ce qui concerne la révolution technologique, Grenade demande l’assistance du PNUD et d’autres institutions de bonne volonté pour créer des programmes de formation à distance. La communauté internationale devrait saisir l’occasion de la Conférence sur le financement du développement qui aura lieu en 2001, pour mobiliser son attention et ses ressources afin de poursuivre le développement, la paix et la stabilité.

Nous remercions la République de Chine à Taiwan pour l’assistance qu’elle a apportée à Grenade au niveau de l’agriculture, des ressources maritimes, de l’éducation, de la santé de la culture et des infrastructures. C’est dans cet esprit que Grenade demande une fois de plus l'admission de la République de Chine à Taiwan aux Nations Unies, car elle peut apporter une contribution positive à l’économie mondiale.

M. ABDULLAH ABDULLAH, Ministre des affaires étrangères par intérim de l'Afghanistan : Quelle est le résultat de la "talibanisation" de la partie occupée de l'Afghanistan? Cela a notamment conduit au règne de la terreur imposée par une police religieuse, l'élimination de toutes les libertés, des violations flagrantes des droits de l'homme, le trafic d'enfants et de femmes, la pratique de la terre brûlée, le terrorisme et la destruction du patrimoine afin de couper la nation afghane de son identité historique. En imposant un «Emirat islamique» des Taliban, l'objectif des agents militaires pakistanais, connus sous le nom d'ISI, a été de provoquer l'instabilité dans la région de l'Asie centrale et du sud par des actes terroristes. Cet «Emirat islamique» s'est donné le Mullah Mohammad Omar comme «Commandant de la foi» non seulement pour l'Afghanistan mais aussi pour l'ensemble du monde musulman. La nation afghane est la victime directe des rêves diaboliques hégémoniques des militaires pakistanais dans la région. Le monde doit savoir que par des violations flagrantes des normes et principes du droit international et en violation de la Charte des Nations Unies, les dirigeants de la junte militaire pakistanaise, se réclamant de la sécurité nationale, s'efforcent d'imposer un certain groupe ethnique au prix de la souveraineté et de l'indépendance de l'Afghanistan. Il est grand temps que le Conseil de sécurité, conformément à ses résolutions pertinentes, prenne les mesures qui s'imposent contre le Pakistan, premier responsable de la situation. La recrudescence des activités terroristes dans les pays d'Asie centrale et au-delà, ayant pour point de départ les territoires afghans occupés par les Taliban, devrait amener le Conseil de sécurité à prendre des mesures draconiennes à l'égard des milices et de ceux qui les soutiennent au Pakistan. Il y a lieu d'envisager l'imposition de sanctions mieux ciblées et l'élargissement de la portée de la résolution 1267, qui doit inclure la fin des activités terroristes sous toutes leurs formes dans la partie de l'Afghanistan contrôlée par les Taliban. Je soutiens la proposition de la République de l'Ouzbékistan visant à réunir une conférence internationale sur le phénomène du terrorisme.

Les crimes haineux et les violations du droit international humanitaire commis par les milices taliban avec une aide extérieure, sont largement imputables au manque de fermeté du Conseil de sécurité et au fait que la communauté internationale n'ait pas poursuivi en justice les personnes impliquées. L'Afghanistan exhorte le Conseil de sécurité à donner mandat à l'UNSMA de dépêcher sur place une commission d'enquête pour constater la présence d'hommes armés pakistanais et arabes, agissant avec les mercenaires Taliban, ce qui permettrait aussi de déterminer l'implication du Pakistan en Afghanistan. L'Afghanistan attend que les Nations Unies et la communauté internationale exercent des pressions sur le Pakistan pour qu'il mette un terme immédiatement à son intervention en Afghanistan et en retire tout son personnel militaire. Elle attend du Conseil de sécurité qu'il se saisisse de la question de l'intervention étrangère, de l'existence de réseaux terroristes en Afghanistan et qu'il s'assure de la mise en œuvre de ses résolutions pertinentes. Nous attendons d'une part de l'Organisation de la Conférence islamique un réexamen de sa position au sujet des Taliban, qui agît au nom de l'Islam en contradiction avec l'esprit de l'Islam et, d'autre part, du Programme des Nations Unies pour le contrôle des drogues qu'il nous aide dans la lutte contre la production et le trafic illégal de drogues.

M. MOHAMMED SAID AL-SAHAF, Ministre des affaires étrangères de l’Iraq : Au cours du Sommet du millénaire, l’Iraq a pris note du nombre croissant d’Etats Membres qui se sont plaints du contrôle unipolaire sur les affaires internationales et du danger qu’il représente pour le présent et l’avenir. Il y a plus de dix ans pourtant, le Président Saddam Hussein avait déjà mis en garde contre le contrôle unilatéral exercé par les Etats-Unis et l’empressement de ces derniers à imposer leur hégémonie sur le monde en général et sur la région du Golfe en particulier. Le Président Saddam Hussein avait aussi mis en garde contre le danger que représente le recours à des moyens illégitimes et immoraux pour réaliser cet objectif. Parmi ceux-ci, il faut citer le recours à la force brutale, les pressions, le chantage politique et économique, l’ingérence dans les affaires intérieures des Etats, les encouragements aux conflits raciaux, religieux et entre sectes, et la manipulation des institutions internationales. L’Iraq très tôt avait dénoncé l’exploitation par les pays industrialisés, y compris et surtout par les Etats-Unis, des progrès scientifiques et technologiques à des fins politiques; la politique de deux poids deux mesures; la primauté de la logique de puissance et d’intérêts particuliers dans le recours aux mécanismes des Nations Unies; l’imposition de politiques unilatérales à la communauté internationale; l’adaptation par la force des règles du droit international pour servir les politiques hégémoniques; et la fuite devant les responsabilités lorsqu’elles ne servent pas les intérêts économiques.

Pour sortir de cette situation, il faut que les Nations Unies deviennent la véritable expression des voeux de tous les peuples et de toutes les nations du monde. A cet égard, la réforme de l’Organisation s’impose, et en particulier celle du Conseil de sécurité. Il est également urgent de rétablir le rôle de l’Assemblée générale dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales pour instaurer l’équilibre nécessaire quand le Conseil n’assume pas ses responsabilités fondamentales en raison d’un exercice unilatéral et abusif de ses pouvoirs. Le régime de sanctions imposé à l’Iraq entre dans sa onzième année et à tous égards, ce régime est l’équivalent d’un crime de génocide, d’une punition collective voire d’une revanche sur un peuple. Il ne fait plus aucun doute que ces sanctions constituent une violation flagrante de la Charte des Nations Unies, du droit international et du droit humanitaire international, comme cela a été confirmé dans les rapports des institutions des Nations Unies et des organisations humanitaires et des droits de l’homme. Les Américains et les Britanniques continuent de prétendre que le programme "pétrole contre nourriture" allège l’impact de ces sanctions injustes imposées contre l’Iraq. Cette allégation se révèle sans fondement lorsque que l’on se penche sur les chiffres publiés par les Nations Unies elles-mêmes. En dépit de la pression accrue que la communauté internationale exerce sur eux, ces deux Membres Permanents du Conseil de sécurité insistent sur la poursuite de ce crime pour faire avancer leur plan de déstabilisation de la région du Golfe et prolonger ainsi leur occupation militaire et hégémonique sur la région, ainsi que le pillage de ses richesses. Les Etats- Unis l’ont dit, ils sont prêts à exercer leur droit de veto contre toute tentative pour lever les sanctions. Il est honteux, pour ce pays, que son propre Secrétaire d’Etat déclare à la télévision que la poursuite des sanctions vaut bien la mort d’un demi-million d’enfants iraquiens. Il faut noter qu'en vertu de l'article 25 de la Charte, les Membres de l'ONU conviennent d'accepter et d'appliquer les décisions du Conseil de sécurité conformément à la Charte. Donc, les sanctions étant devenues illégales en fonction du droit humanitaire, elles n'ont plus force obligatoire pour les Etats Membres.

Outre les sanctions, l’Iraq fait aussi l’objet d’agressions quotidiennes dans les zones du Nord et du Sud frappées d’interdiction de survols par une décision unilatérale des Gouvernements américain et britannique. Le caractère illégal de l’imposition de ces zones a été prouvé par les déclarations officielles de la Fédération de Russie, de la France et de la Chine ainsi que du Secrétaire général des Nations Unies. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni doivent assumer la responsabilité de ces actes d’agressions conformément à la règle internationale. Ils doivent en outre partager cette responsabilité avec l’Arabie saoudite, le Koweït et la Turquie qui leur servent de bases militaires. L’Iraq a honoré ses obligations au titre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. La conséquence logique serait donc que le Conseil de sécurité procède à la levée des sanctions. En aucune circonstance, l’Iraq n’adhèrera à une position injuste qui consisterait à ignorer son respect des obligations et à nier son droit légitime à la levée des sanctions conformément à la Charte et à une interprétation correcte des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. De manière subversive, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont réussi à faire de la résolution 1284 (1999) un instrument de déni des droits iraquiens.

Cette résolution n’est rien d’autre qu’un moyen supplémentaire de maintenir la politique anti-iraquienne des Etats-Unis consacrée par un embargo illimité. En conséquence, l’Iraq a déclaré clairement qu’il n’a rien à voir avec la résolution 1284. La situation au Moyen-Orient jette d’ailleurs la lumière sur la politique de deux poids deux mesures des Etats-Unis. D’un côté, ils arment l’entité sioniste et lui fournissent un appui illimité et de l’autre, ils ignorent délibérément les dispositions du paragraphe 14 de la résolution 687 (1991) qui stipule que les mesures imposées à l’Iraq doivent êtres appliquées à d’autres pays de la région pour faire du Moyen-Orient une zone exempte d’armes de destruction massive et d’armes chimiques. Le Conseil de sécurité n’ayant pris aucune mesure en ce sens, il n’est plus permis de douter que la manière dont le Conseil de sécurité agit sous la pression américaine est une preuve flagrante d’une politique de deux poids deux mesures.

M. MARC NTETURUYE, Représentant permanent de la République du Burundi auprès des Nations Unies : Comme le disait le Ministre burundais des relations extérieures et de la coopération lors du Sommet du millénaire, le peuple burundais est en train de tourner une page de son histoire; (…) tout n’est pas réglé pour autant, le plus grand défi reste celui de l’arrêt de la guerre sans lequel l’application de l’Accord est impossible. L’arrêt de la guerre devait être négocié hier, le 20 septembre, avec notamment la présence des trois partis politiques qui n’avaient pas signé l’Accord de paix le 28 août dernier et d’un seul mouvement de la rébellion, le FNL. Les deux mouvements de la rébellion ont refusé de négocier et le rendez-vous a donc été raté. La rébellion avait souhaité, avant l’accord de paix du 28 août, deux conditions préalables dont la première était sans objet (le gouvernement avait démantelé les camps de regroupement au 31 juillet 2000) et la deuxième (libération des prisonniers politiques) était soumise au Secrétaire général pour qu’il dépêche au Burundi des experts en droit pénal. Les Burundais, notamment les réfugiés et les déplacés, souffrent énormément de la guerre. La communauté internationale doit condamner l’intransigeance de la rébellion en appliquant l’article 2 de l’accord de paix et permettre ainsi aux organisations internationales d’intervenir. Le gouvernement quant à lui poursuit sa campagne d’explication et de consultations pour trouver des solutions.

Rien ne permet d’espérer que la paix va bientôt se matérialiser dans la région des Grands Lacs. Le Sommet de Lusaka en août 2000 s’est soldé par un échec. Nous exprimons notre soutien au président Frederick Chiluba de la Zambie pour les efforts inlassables qu’il déploie pour sortir de l'impasse la question congolaise. Quant à moi, contrairement aux allégations du chef de la délégation de la république démocratique du Congo à cette tribune le 16 septembre, le seul intérêt de mon pays consiste à maintenir la sécurité sur ses frontières, sans ambition politique ou économique vis-à-vis d’un pays voisin. En toute réciprocité, nous souhaitons qu’il en soit de même de la part des pays voisins du nôtre, notamment ceux qui abritent la rébellion burundaise. C’est seulement dans ces conditions que pourra se tenir la conférence envisagée sur la paix, la sécurité et le développement pour les pays des Grands Lacs.

Face à la multiplicité et à la complexité des conflits dans le monde, la communauté internationale n’enregistre souvent que des succès mitigés. Les causes de cet état de choses résident d’abord dans le fonctionnement des Nations Unies. Le Conseil de sécurité décide de tout et trop lentement. Ma délégation réitère le vœu de repenser le fonctionnement, la composition et les attributions du Conseil. La Cour pénale internationale servira aussi d’outil pour lutter contre l’impunité. Nous appuyons aussi l’application des précieuses recommandations du rapport Brahimi. Le Burundi a été victime de sanctions économiques imposées par les pays voisins du 31 juillet 1996 jusqu’en janvier 1999, sans que ce soit le Conseil de sécurité qui en ait décidé ainsi et les populations innocentes en ont beaucoup souffert. Un autre obstacle à la paix mondiale est la prolifération des armes légères et la compétition mondiale en matière de production d’armes de destruction massive. Notre organisation devra mettre tout en œuvre pour aboutir à la dénucléarisation globale. La coopération véritable des pays riches en faveur des pays pauvres sera celle qui permettra d'accroître la production et les revenus des populations des pays en développement.

En Afrique subsaharienne, la tragédie provoquée par la pandémie VIH/sida est grave et les prévisions sont pessimistes. Une politique vigoureuse de prévention a été lancée par notre pays, avec l’aide de l’OMS et de l’UNICEF. Nous devons léguer à nos enfants une planète équilibrée sur le plan écologique et ma délégation veut amplifier l’appel que le Secrétaire général a lancé pour financer l’évaluation des écosystèmes avant qu’il ne soit trop tard.

M. HUSSAIN SHILAB (Maldives) : Depuis vingt ans, les Maldives ont réussi à faire de grands progrès économiques et sociaux. Toutefois, leur économie demeure vulnérable. Nous ne souhaitons pas et nous ne voulons pas être indéfiniment parmi les pays les moins avancés. Mais notre fierté nationale ne nourrit pas notre population. C’est pourquoi durant la réunion du Conseil économique et social qui a eu lieu cette année en juillet, les Maldives ont pris position contre leur retrait de la liste des pays les moins avancés car le succès de notre développement national dépend fortement des finances concédées à des conditions privilégiées et de l’assistance au développement. La remise en cause d’une telle assistance à ce stade crucial de notre développement, risquerait de sérieusement affecter nos efforts de développement. Notre économie déclinerait si nous perdons l’accès préférentiel aux marchés. Notre dette serait insoutenable.

Les Maldives ne sont pas simplement une île–nation elles sont aussi une nation de plusieurs îles. Les sols pauvres et poreux ne permettent pas une plus grande production agricole et les voies de diversification économique sont extrêmement limitées. Les coûts de transport et de communication sont prohibitifs. C’est pour cette raison que nous demandons à la communauté internationale de regarder de plus près notre situation et de réexaminer la question du retrait des Maldives de la liste des pays les moins avancés. Nous espérons que la communauté internationale nous comprendra et soutiendra notre cas.

Les Maldives sont inquiètes concernant l’impact d’une dégradation de l’environnement sur les petits Etats insulaires. Nous avons bien accueilli le Protocole de Kyoto. Malheureusement, la lenteur de sa ratification par la communauté internationale continue de mettre en danger les petits Etats insulaires en développement. Il est regrettable que seuls 23 pays aient ratifié le Protocole. Nous sommes cependant encouragés par le fait que la Déclaration du millénaire appelle la communauté internationale à accélérer la ratification pour assurer l’entrée en vigueur du Protocole d’ici au dixième anniversaire de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement en 2002.

La mondialisation est aujourd’hui une réalité. Aucun pays, petit ou grand ne peut aller contre le courant de la mondialisation et de la révolution numérique qui réorganise le monde moderne. La mondialisation doit pouvoir être bénéfique à tous les pays. Ses coûts doivent être partagés par tous les pays. Les pays les moins avancés doivent se voir garantir un accès libre aux marchés des pays développés pour leurs exportations. L’aide publique au développement doit être augmentée. Nous espérons que la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés qui se tiendra l'année prochaine lancera une nouvelle ère de développement pour ces derniers.

M. STANISLAS MUDENGE, Ministre des affaires étrangères du Zimbabwe : Les inégalités structurelles sont la réalité de l’Afrique post coloniale à laquelle des pays comme le Zimbabwe doivent s’attaquer aujourd’hui. Dans un pays de près de 13 millions d’habitants, 70% des meilleures terres arables du pays restent aux mains de 4 500 agriculteurs et de leurs descendants. Le fait est historique; le régime colonial nous a dépouillés de nos terres sans nous donner une quelconque compensation. Le Zimbabwe s’est lancé dans un processus de redistribution de 5 à 12 millions d’hectares de terres à des paysans sans terres. La réforme agraire ne vise pas seulement à corriger les déséquilibres nés de l’ère coloniale, mais aussi à rétablir l’héritage de nos peuples, leurs moyens de subsistance et leur participation économique. Ce processus n’a reçu ni la coopération des secteurs de la société à qui la colonisation a attribué des privilèges ni la reconnaissance et l’appui des anciens colonisateurs qui sont à l’origine de ces privilèges. Bien au contraire, les grandes puissances ont utilisé leur pouvoir financier et leur contrôle sur les médias non seulement pour compromettre l’économie zimbabwéenne mais aussi pour diaboliser le pays aux yeux du monde. On ne peut à la fois proclamer son attachement aux droits de l’homme, à l’égalité et à l’élimination de la pauvreté et, dans le même temps, défendre l’inégalité et la condamnation des peuples à une vie sans avenir. Le Zimbabwe invite tous ses partenaires à déchirer le voile négatif et raciste des médias et à reconnaître le besoin de justice et de réforme agraire du peuple zimbabwéen.

La détermination du Zimbabwe à entreprendre une réforme agraire est un de ces “crimes” que dénonce le “Zimbabwe Democracy Act 2000” adopté, en juin dernier, par le Sénat des Etats-Unis. Virtuellement, la loi se propose de prendre le pas sur l’autorité du Parlement zimbabwéen; le plus ironique étant que la loi autorise le déblocage d’une somme de près 300 millions de dollars zimbabwéens pour financer l’opposition. Il faut tout de même préciser que cette somme représente quatre fois plus que les 70 millions de dollars zimbabwéens que se partage l’ensemble des partis politiques représentés au Parlement. Où est le droit du Zimbabwe à l’autodétermination et à la souveraineté pour lesquelles tant de sang et de vies ont été sacrifiés. La loi va plus loin et se propose de compromettre l’avenir du Zimbabwe. Par exemple, en soumettant des directives aux Directeurs de citoyenneté américaine du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, leur demandant de voter, en toute occasion, contre le Zimbabwe. Quelles sont donc les règles du jeu et devant qui ces institutions sont-elles responsables? Avons-nous encore besoin davantage de justifications pour réclamer une nouvelle architecture financière internationale?

L’implication du Zimbabwe dans le conflit en République démocratique du Congo (RDC) est un autre de ces “crimes” dénoncé par le “Zimbabwe Democracy Act 2000” même si c’est l’intervention de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC) qui a ouvert la voie à la signature de l’Accord de Lusaka. Qu’est-ce que le Zimbabwe a-t-il retiré des sacrifices qu’il a consentis au nom des principes de la Charte des Nations Unies. La réponse est simple: des sanctions et des menaces de sanctions supplémentaires. Pour avoir aidé à la création de conditions permettant le déploiement d’une Mission de l’ONU, le Zimbabwe s’est vu interrogé, jugé et condamné à un statut de paria. Plutôt que punir ceux qui ont envahi la RDC, de censurer ceux qui ont violé sa souveraineté nationale et son intégrité territoriale dans une désacralisation flagrante des principes cardinaux de la Charte, certains Membres du Conseil ont préféré présenter le Zimbabwe comme une victime alors que ses troupes se trouvent en RDC, à l’invitation du Gouvernement congolais. Réellement, quelle est l’issue que la communauté internationale veut voir au conflit de la RDC?

Le Zimbabwe s’est engagé à respecter les Accords de Lusaka ainsi que les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Le Zimbabwe l’a dit, il est prêt à quitter la RDC dès que les Nations Unies auront déployé leurs troupes. En RDC comme en Angola, le Zimbabwe met l’ONU au défi, en particulier le Conseil de sécurité, de prendre la défense des victimes innocentes, de protéger du pillage leur héritage et leurs ressources naturelles, et de garantir leur intégrité territoriale et leur souveraineté nationale. Malgré les discours sur le "village mondial", l’isolement de l’Afrique a encore de beaux jours devant elle. Le Conseil de sécurité doit se rendre plus attentif aux besoins de l’ensemble de la famille des nations et contribuer aux arrangements régionaux. Aussi longtemps que cette instance échappera à la réforme, les réponses conformes aux intérêts de tous les Etats Membres continueront de manquer.

Mme JANET BOSTWICK, Ministre de la justice et des affaires étrangères des Bahamas : La Déclaration du millénaire a placé la mondialisation en tête de la liste des questions urgentes. Bien que la mondialisation n’ait pas été remise en question, le constat est qu'en réalité elle n'a profité qu’à peu de pays, laissant certaines petites économies marginalisées et vulnérables. Dans ce contexte, beaucoup des petits Etats insulaires en développement des Caraïbes voient leurs principales industries, les bananes et les services financiers, soumises à une grande pression. S’agissant des services financiers, les Bahamas ont toujours coopéré avec la communauté internationale pour combattre le blanchiment de l’argent sale. En outre, nous sommes très préoccupés par l'attitude des pays de l’OCDE qui cherchent à définir unilatéralement ce qu'ils considèrent comme une "concurrence fiscale dommageable". Nous prions ces pays d'entrer dans un dialogue constructif multilatéral afin de résoudre ce contentieux. Le processus de mondialisation semble accroître l’écart entre les pays, sans qu'aucun d'entre eux ne puisse y échapper. Puisqu'il en est ainsi, il incombe aux Nations Unies de faire en sorte que tous les pays y trouvent leur compte. Les Bahamas qui sont encore des observateurs à l’OMC se proposent de devenir membre à part entière afin de travailler à faire de la mondialisation et de la libéralisation des échanges des instruments équitables de développement.

Un autre engagement souscrit dans la Déclaration du millénaire et qui revêt une importance capitale pour les petits Etats insulaires en développement est la réaffirmation de la détermination des Nations Unies de prendre en considération des besoins spécifiques des petits Etats insulaires en développement en mettant en œuvre le plan d’action de la Barbade et les conclusions de la 22e session spéciale de l’Assemblée générale consacrée à ce plan. Ce faisant, la déclaration reconnaît la vulnérabilité de leurs économies aux chocs extérieurs et leur exposition aux changements climatiques, à la montée du niveau de la mer et aux catastrophes naturelles. Ces pays attendent des mesures comme des stratégies de gestion des catastrophes. Nous voulons aussi appeler nos partenaires du monde développé à ne pas continuer de mettre en danger nos pays en transportant sur la mer des Caraïbes des déchets nucléaires et autres matières toxiques. Le problème de la drogue et le trafic des armes légères sont deux fléaux liés contre lesquels il faut lutter. Les Bahamas attendent avec impatience la conférence des Nations Unies qui est prévue pour l’année prochaine sur ce sujet. Dans la Déclaration du millénaire les dirigeants du monde se sont engagés à éradiquer la pauvreté et nous devons tout d’abord parvenir à un accord pour assurer le succès de la conférence internationale et intergouvernementale sur le financement du développement en 2001. Nous nous sommes aussi engagés à faire bénéficier tous les pays des avancées technologiques. Nous devons également lutter contre la violation des droits de l’homme. Les Bahamas subissent une immigration illégale et la contrebande des clandestins. Nous devons parvenir à la réforme complète du Conseil de sécurité.

Le VIH/sida a eu des effets dévastateurs sur des pays entiers et des efforts doivent être accomplis en particulier en Afrique. Les Bahamas ont offert un centre régional pour traiter de ce problème. Le Secrétaire général ne peut pas mener à bien les mandats primordiaux que nous lui avons confiés s’il ne dispose pas des ressources suffisantes pour le faire. Des questions parfois d'intérêt vital pour les pays en développement ont été soustraites à l'attention de cette Organisation universelle pour être confiées à des organisations poursuivant des intérêts spéciaux étroits et dont les décisions peuvent être non seulement défavorables aux Etats non membres mais également à la société mondiale tout

entière. Une autre préoccupation très grave est celle de la sécurité des fonctionnaires internationaux. Nous présentons nos condoléances aux familles de ceux qui ont trouvé la mort suite aux attaques perpétrées contre les bureaux de l’ONU au Timor occidental et dans une attaque en Guinée.

M. ENRIQUE CANDIOTI, Secrétaire d'Etat et Vice-Ministre des affaires étrangères de l'Argentine : Le Gouvernement de Fernando de la Rua a formulé une politique étrangère qui vise au renforcement des relations avec ses voisins, le renforcement du dialogue régional, la promotion du développement économique et le progrès social, le libre commerce et l'interdiction des armes de destruction massive. Son objectif prioritaire est son intégration politique et économique au sein du Mercosur, c'est-à-dire avec le Brésil, le Paraguay, l'Uruguay, le Chili et la Bolivie. Ces pays se sont accordés pour renforcer le Mercosur sur la base de l'équilibre et de l'équité et dans le sens de l'expansion de nos marchés. La création du Mercosur était une décision politique qui dépasse la sphère économique. En témoignent la convergence et la complémentarité croissante de nos intérêts. La Bolivie et le Chili, qui sont membres associés, seront bientôt membres à part entière du Mercosur. S'inscrivant dans le renforcement de la sphère politique du Mercosur, nos objectifs évoluent vers la création d'une zone de paix. L'Argentine fait partie d'une zone exempte d'armes nucléaires. Notre objectif est de préserver la paix et de renforcer le développement durable de la région pour permettre à nos pays de participer à l'économie mondiale. La consolidation de la stabilité démocratique en Amérique latine est la priorité du Gouvernement argentin. Le Gouvernement argentin est déterminé à éliminer la pauvreté et à garantir l'équité et la justice sociale. Il est engagé à renforcer la lutte contre le crime organisé et le trafic de drogues. Il demande par ailleurs à l'ensemble de la communauté internationale de prendre des mesures pour diminuer les obstacles au libre commerce. C'est dans ce sens que l'Argentine est engagée dans la réalisation d'un vaste marché commun par l'Association de libre- échange des Amériques. Le principal défi du monde actuel consiste à permettre un accès toujours plus grand aux pays les moins développés. A cet effet, l'innovation technologique doit parvenir aux Etats les moins développés. Les Etats à titre individuel et la communauté internationale dans son ensemble doivent améliorer l'accès des pays en développement aux technologies de l'information. Concernant l'environnement, nous estimons qu'il convient de renforcer les instruments juridiques internationaux en matière de protection de l'environnement. Nous accordons une grande importance à l'entrée en vigueur du Protocole de Kyoto dans les meilleurs délais.

En matière de maintien de la paix, il est nécessaire d'adopter des politiques de sécurité coopérative et de faire face de façon concertée aux causes profondes des conflits. L'Argentine défend le principe de la non-intervention comme base de nos relations entre Etats, mais elle est préoccupée par la situation de certains groupes vulnérables, les réfugiés et les enfants en particulier et, par conséquent, nous considérons que la Communauté internationale se doit d'apporter une réponse appropriée aux crises humanitaires. Les Nations Unies doivent accorder la priorité à la formulation de consensus plus démocratiques dans le processus de prise de décisions. Dans ce sens, le Conseil de sécurité doit être renforcé. L'Argentine a toujours défendu le principe de l'égalité souveraine des Etats et par conséquent, elle estime que la réforme ne doit pas apporter avec elle de nouvelles discriminations. Une plus grande participation de tous est nécessaire. Il faut créer un plus grand espace de participation partagée par tous et non pas monopolisée par quelques-uns. L'Argentine est donc pour

l'élargissement de la seule catégorie des membres non permanents du Conseil de sécurité. La réforme du Conseil de sécurité doit aussi apporter plus de transparence et plus d'efficacité. Par ailleurs, l'Argentine appuie les initiatives visant à optimiser la planification et l'appui aux opérations de paix et la mise en place de forces de déploiement rapide. L'Argentine appuie la mise en place dès que possible d'un groupe d'étude sur les conséquences financières des recommandations du rapport Brahimi. L'Argentine est favorable à l'amélioration de la sécurité du personnel par la mise en œuvre des nouvelles mesures pratiques et juridiques. Elle se félicite de l'initiative visant la composition de corps de volontaires spécialisés. Concernant le différend de souveraineté qui existe concernant les îles Malvinas, l'Argentine réaffirme être pleinement disposée à reprendre les négociations avec le Royaume-Uni et réaffirme son appui aux bons offices de l'Assemblée générale dans le but d'un règlement de ce différend.

M. ALLAN CRUICKSHANK, Ministre des affaires étrangères, du tourisme et de l’information de Saint-Vincent-et-les Grenadines : L’environnement changeant du monde actuel exige la revitalisation et la restructuration des différents organes des Nations Unies. Le pays attache une importance particulière au renforcement du rôle de l’Organisation dans la promotion de la coopération internationale aux fins d’un développement économique durable. Le pays remercie les pays donateurs qui ont apporté des contributions financières à la Commission des géosciences du Pacifique Sud chargée de l’élaboration d’un index de vulnérabilité écologique et appelle la communauté internationale à adopter rapidement un index de vulnérabilité qui pourrait servir de base aux institutions financières multilatérales et aux Nations Unies en ce qui concerne les pays en développement. Le pays profite de l’occasion qui lui est offerte pour attirer l’attention sur le commerce de la banane entre les pays des Caraïbes et l’Union européenne. Le pays est profondément préoccupé par les conséquences graves que pourrait avoir sur les économies des pays concernés toute élimination du régime des quotas, conformément aux règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Une telle élimination conduirait à la destruction de l’industrie de la banane tout comme elle affecterait les pays qui exportent vers les ACP. Le pays est également préoccupé par les obstacles procéduraux de l’OMC qui empêchent l’examen du régime préférentiel prévu par l’Accord de partenariat entre le Groupe des Etats d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) et l’Union européenne.

Le pays ne cache pas non plus sa préoccupation devant les mesures imposées par l’OCDE à nos services financiers, sans tenir compte de nos droits. Ceci est entrepris avec une indifférence totale du bien-être des petits Etats vulnérables qui essayent de diversifier leurs économies. Les services financiers offshore sont la voie de la diversification économique choisie par ces pays qui se savent capables d’offrir des services utiles, professionnels et d’intérêt mutuel à leurs clients. En 1995, ces pays se sont engagés dans un exercice législatif exhaustif pour assurer la mise en place d’un cadre régulateur permettant de surveiller la conduite des affaires financières internationales s’effectuant sur leur territoire. Nous avons aussi déployé des efforts renouvelés pour lutter contre le blanchiment de l'argent. Tout en adhérant aux principes du droit à la vie privée, notre pays s’est résolument engagé dans des efforts visant à démasquer les personnes indésirables qui essaient de tirer illicitement parti des opportunités offertes par le secteur financier international. Les mesures de l’OCDE auront pour effet de biaiser la concurrence en matière de taxation et de porter préjudice à la souveraineté des petits Etats qui cherchent désespérément des voies de

survie. Les pratiques unilatérales de l’OCDE, du Forum pour la stabilité financière (FSF) et de l’Equipe spéciale pour l’action financière (FATF)auront des impacts négatifs sur la fiscalité déjà lourde dans les pays riches. De plus, elles compromettront le caractère concurrentiel de la jurisprudence des Caraïbes qui permet d'offrir un service financier mondial. Ces mesures peuvent compromettre la croissance économique des 47 pays inscrits sur la liste noire.

M. OUSMANE MOUTARI, Représentant permanent du Niger auprès des Nations Unies: Notre peuple vient d’émerger d’une période d’instabilité politique et de régression économique, pleinement confiant en la pérennité des institutions démocratiques qu’établit la constitution du 18 juillet 1999. Le Niger connaît une libération des énergies créatrices que génèrent les sociétés démocratiques, tout en ressentant l’angoisse des lendemains incertains. Nous devons remodeler l’Organisation et poursuivre l’élan d’ouverture du système aux partenaires tels que les Parlements et les organisations gouvernementales régionales.

L’absence de la sécurité physique est une première source d’angoisse, ainsi que la prolifération des armes légères et de petit calibre. Des mesures concrètes doivent être prises au triple niveau national, régional et mondial pour s’y attaquer. Mon pays a créé dès 1994 la Commission nationale de collecte et de contrôle des armes illicites. Je remercie les gouvernements des Etats intéressés, en particulier l’Allemagne, la Norvège, la France et le Japon, pour leur contribution financière au Fonds des Nations Unies pour l’assistance aux Etats pour la collecte des armes légères, qui a permis la réalisation de cette mission. Une remise des armes détenues par les fronts de l’ex-rébellion a eu lieu le 5 juin dernier au Niger.

En matière de lutte contre la pauvreté, il faut une stratégie internationale de développement axée sur l’élimination de la pauvreté absolue et la relance de la croissance dans le monde en développement plus particulièrement en Afrique. La mise en oeuvre de l’initiative pour la réduction de la dette des pays pauvres très endettés s’avère trop lente et trop sélective. Il faut lui donner un nouvel élan et coopérer étroitement au plan international pour renforcer la cohérence des mécanismes de coordination des initiatives en faveur de l’Afrique. Par ailleurs, les Nations Unies doivent jouer un rôle dans la création d’un partenariat favorable aux initiatives pour combler le fossé numérique. L’accès universel aux nouvelles technologies doit être inscrit par une résolution de l’Assemblée générale au nombre des droits fondamentaux de la personne humaine. Le partenariat mondial doit continuer à lutter contre le VIH/sida et une attention particulière devrait aussi être accordée au problème du paludisme qui résiste désormais aux traitements jusque-là appliqués. Pour repenser le développement, un Pacte mondial a été proposé par le Secrétaire général à la 10ème Conférence de la CNUCED; il faut combler les déséquilibres et ne pas être freiné par le protectionnisme des pays industrialisés. Il est également nécessaire de renforcer le rôle de notre Organisation et de mettre en place les règles d’une bonne gouvernance mondiale apte à promouvoir “une mondialisation à visage humain”. Mon pays attache une grande importance à la tenue de la Conférence internationale sur le financement du développement et à la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés, notamment pour une coopération plus efficace entre acteurs du développement. Le Niger apprécie les efforts déployés par les Nations Unies pour promouvoir et consolider les démocraties nouvelles ou rétablies, en particulier le concours précieux apporté au Niger à l'occasion de la restauration de la

démocratie. Nous renouvelons notre gratitude au PNUD, au FNUAP, à l’UNICEF et à tous les partenaires du développement au Niger pour leur soutien à notre pays. Nous rappelons enfin notre satisfaction du travail remarquable qu’accomplit notre frère, M. Kofi Annan, à la tête de cette Organisation universelle. Nous remercions aussi M. Théo Ben Guirirab et le Président de cette Assemblée générale pour leurs compétences.

M. JACKEO RELANG (Iles Marshall) : L'admission de nouveaux membres, comme Tuvalu, dans l'Organisation des Nations Unies renforce la légitimité de l'Organisation mais le déni de la qualité de Membre à vingt-trois millions de personnes qui ont contribué significativement au développement international est contraire à l'esprit de la Charte des Nations Unies. L'ONU est la seule organisation qui puisse apporter la lumière aux vingt-trois millions de personnes de la République de Chine à Taiwan. Un examen et une restructuration plus poussée du Conseil de sécurité visant à élargir la base de prise de décisions par le consensus et à restaurer sa légitimité est depuis longtemps nécessaire. L'élargissement des catégories de membres permanents et non permanents avec une représentation géographique plus équitable semble en être la voie.

Les Iles Marshall soutiennent les efforts du Secrétaire général visant à réformer les Nations Unies et les autres organisations du système. En ce qui concerne le processus de reforme des opérations de maintien de la paix, la responsabilité et la capacité limitées des petits Etats insulaires en développement doivent être prises en compte. Maintenant que les Nations Unies comptent 189 Etats Membres dont 14 de la région Pacifique, la reconfiguration de regroupement à des fins électorales devrait être examinée. Les efforts visant à rendre les activités opérationnelles des agences spécialisées des Nations Unies plus efficaces et plus à même de répondre aux besoins spécifiques des petits Etats insulaires en développement joueront un rôle clef à l'aube du millénaire. Pour faire face aux nouvelles menaces telles que le terrorisme, les maladies infectieuses comme le VIH/sida, la malaria et la tuberculose, notre réponse collective est nécessaire. Nous devons également agir pour l'élimination des armes de destruction massive, les armes nucléaires en particulier. Il est important de parvenir à l'universalité du Traité de non-prolifération nucléaire et du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires.

Le trafic de drogues et d'armes légères constituent des menaces du même ordre pour les petites îles comme les îles Marshall, en raison de leur isolation géographique et de leur manque de ressources adéquates pour les combattre. Notre effort collectif pour la création d'une réponse mondiale efficace à ces menaces est requis de manière urgente.

Le problème de l'"air chaud" est une menace réelle pour les Iles Marshall et les autres petits Etats insulaires en développement. La mise en œuvre des engagements pris dans le Protocole de Kyoto, qui ont force obligatoire, est la seule étape significative dans le combat contre les changements climatiques.

Par ailleurs, je lance un appel à la communauté internationale pour qu'elle soutienne les initiatives prises par les Iles Marshall pour améliorer les systèmes d'éducation et de santé. Nous remercions le Gouvernement de l'Italie pour le soutien qu'il a apporté aux Iles Marshall pour la mise en œuvre du Programme

d'action de la Barbade. Un soutien supplémentaire pour la mise en œuvre de ce Programme serait bienvenu. Les Iles Marshall s'efforcent par ailleurs de mettre en œuvre leurs obligations en vertu de la Convention sur les droits de l'enfant. Dans ce contexte, les Iles Marshall lancent un appel au soutien de la communauté internationale.

Droit de réponse

Le Représentant du Koweït a rejeté les accusations de l’Iraq selon lesquelles le Koweït fournirait un appui aux attaques aériennes américaines et britanniques contre l’Iraq. Ces accusations, a dit le représentant, font partie d’une campagne de désinformation lancée dernièrement par l’Iraq pour accroître l’instabilité dans la région. La présence des troupes en question est régie par des accords bilatéraux de défense et de sécurité qui ont été signés à la suite de l’invasion iraquienne brutale. Le représentant a poursuivi en soulignant que son pays n’avait aucune force étrangère sur son sol avant le 2 août 1990. C’est l’invasion iraquienne et les menaces du Gouvernement iraquien qui ont rendu nécessaires les mesures prises par le Koweït. Le représentant a également rejeté les allégations selon lesquelles l’Iraq se serait acquitté de ses engagements au titre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Les engagements relatifs à la libération des prisonniers de guerre koweïtiens et à la remise des biens koweïtiens volés n’ont jamais été respectés. La communauté internationale et le Conseil de sécurité, a ajouté le représentant, savent que le régime iraquien ne s’est pas encore acquitté de ses obligations et répète à souhait que la levée des sanctions dépend du respect par l’Iraq de toutes les dispositions des résolutions pertinentes du Conseil, a conclu le représentant.

Le Représentant du Royaume-Uni, en réponse à l'intervention de l'Argentine, a déclaré que le Gouvernement britannique n'accepte pas les remarques du Ministre des affaires étrangères de l'Argentine concernant la souveraineté des Iles Falkland. Nous n'avons aucun doute en ce qui concerne la souveraineté britannique sur les Iles Falkland et les autres dépendances britanniques dans l'Atlantique sud. En outre, nous avons l'obligation de respecter le droit à l'autodétermination du peuple des Iles Falkland qui ont exprimé clairement qu'ils ne souhaitaient pas faire partie de l'Argentine.

En dépit de nos divergences avec l'Argentine, nous continuons à renforcer nos relations bilatérales, et de faire des progrès sur la base de l'accord signé l'année dernière sur les arrangements pratiques en matière d'intérêts communs dans l'Atlantique sud.

Le Représentant de l’Iraq a affirmé que son pays n’a aucune intention de menacer le Koweït. Il ne fait qu’informer la communauté internationale de la participation quotidienne du Koweït aux agressions dont il fait l’objet. L’Iraq réaffirme que les zones d’interdiction de vol sont une infraction de la Charte des Nations Unies et du droit international, a dit le représentant ajoutant que le porte-parole du Secrétaire général a lui-même reconnu le caractère unilatéral de cette décision tout comme la majorité des Membres permanents du Conseil qui eux ont qualifié les agressions de recours illégitime à la force. La participation du Koweït et sa responsabilité sont claires et indiscutables, a précisé le représentant avant d’ajouter que son pays ne détient aucun prisonnier koweïtien.

L’Iraq, a-t-il expliqué, reconnaît la disparition de ressortissants koweïtiens dont les cas font l’objet d’efforts de la Croix-Rouge et du Comité tripartite, lesquels sont compromis par les Etats-Unis. L’Iraq s’est acquitté de ses obligations et il incombe maintenant à la communauté internationale de lever les sanctions, a conclu le représentant.

Le Représentant de l'Argentine a déclaré qu'il réaffirmait ce qui a été dit par le ministre des affaires étrangères.

Le Représentant du Koweït a réaffirmé qu'il s'oppose aux déclarations de l’Iraq qui déforme les faits. L'Iraq a bien lancé une campagne de désinformation pour déstabiliser la région. Des menaces, a-t-il ajouté, ont été proférées contre le Koweït et notamment par un ministre iraquien qui a accusé le Koweït d’avoir saboté les installations pétrolières en Iraq. Le Koweït en a d’ailleurs informé le Secrétaire général. Tout ce que le pays demande c’est que l’Iraq s’acquitte de ses obligations, a souligné le représentant. Or l'Iraq continue de refuser d'appliquer la résolution 1284 du Conseil de sécurité.

Le Représentant de l’Iraq a réaffirmé que son pays n’a jamais lancé de campagne contre le Koweït. Il s’est contenté de dénoncer les agressions du Koweït et de l’Arabie saoudite. J’ai déjà répondu à la question sur la disparition des ressortissants koweïtiens, a-t-il dit et je me doute que la question du respect de la résolution 1284 a été soufflée au Koweït par ses maîtres.

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