En cours au Siège de l'ONU

AG/1066

PLUSIEURS PETITS ETATS INSULAIRES SOULEVENT LA QUESTION D'UNE MEILLEURE REPRESENTATION DANS LES FORUMS INTERNATIONAUX

20 septembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1066


PLUSIEURS PETITS ÉTATS INSULAIRES SOULEVENT LA QUESTION D’UNE MEILLEURE REPRESENTATION DANS LES FORUMS INTERNATIONAUX

20000920

Le Libéria réclame une opération de surveillance de ses frontières avec la Sierra Leone et la Guinée

La situation spécifique et parfois conflictuelle de plusieurs régions a été abordée cet après-midi devant l’Assemblée du millénaire.

Ainsi, le Ministre des affaires étrangères du Libéria a rappelé que l’inviolabilité des frontières entre son pays, la Guinée et la Sierra Leone reste une question cruciale. Il a demandé la mise sur pied d’une opération de surveillance des Nations Unies sur la totalité de ses frontières. Le Ministre a également tenu à attirer l’attention de l’Assemblée sur le mauvais traitement dont ont fait l’objet des réfugiés libériens et sierra-léonais en Guinée. Il a par ailleurs répété les appels de son pays en faveur de la levée de l’embargo sur les armes de manière à ce que le Gouvernement libérien puisse acquérir les moyens de protéger ses citoyens sur son territoire et de maintenir un environnement stable. Si les Nations Unies ne reconnaissent pas au Libéria le droit de se défendre, alors l’Organisation se doit d’assurer la sécurité et la défense du pays.

Le Ministre des affaires étrangères du Myanmar a qualifié d’injustes les accusations portées contre son pays considéré comme une plaque tournante du commerce de l’opium. La lutte contre le trafic de drogues ne peut être l’affaire d’un seul pays et nous devons tous prendre des mesures concertées. Le Ministre a tenu à rappeler les principes de souveraineté, de respect de l’intégrité territoriale, de non-intervention dans les affaires intérieures des Etats, et à condamner la notion d’ingérence humanitaire qu’il considère comme ‘une erreur’ qui peut menacer les édifices du système international. Certains conflits tirent leurs racines de l’histoire et de la culture des pays et il semble vain de penser que la seule ingérence puisse apporter des solutions adéquates. L’intervention de la communauté internationale doit être complémentaire des efforts et politiques nationales.

Plusieurs petits Etats insulaires en développement ont pris la parole, cet après-midi, pour demander que soient reconnus leurs particularismes. Ainsi, le Représentant de Nauru a constaté que les petits Etats insulaires en développement et les îles du Pacifique en particulier font face à des difficultés spécifiques pour assurer leur transition vers la mondialisation et ont besoin de temps pour se conformer aux changements intervenus sur les marchés et intégrer ces changements dans leurs économies. Par ailleurs, l’océan Pacifique est la ressource principale de ces mêmes Etats qu’il fournit en nourriture et en eau potable. Nauru presse donc la communauté internationale d’intégrer l’environnement dans ses politiques

(à suivre 1a)

économiques. Enfin, pour la région du Pacifique, la question d’une représentation équitable des 11 Etats insulaires du Pacifique dans les organes et les Commissions des Nations Unies revêt une importance toute particulière. Le Représentant de Nauru a émis l’idée d’un nouveau regroupement régional au sein de l’ONU qui permettrait une représentation plus équitable.

Soutenant les propos de son homologue de Nauru, le Représentant de Vanuatu a rappelé les difficultés considérables auxquelles sont confrontés les pays les moins développés qui ont déposé leurs candidatures auprès de l'Organisation mondiale du commerce. Les Etats-Unis continuent de formuler des exigences que le représentant a qualifiées de ‘déraisonnables’. "Si les pays puissants ne revoient pas leur position, il ne restera d'autre alternative au pays que de retirer sa candidature".

La question d’une meilleure répartition des bénéfices de la mondialisation, la pandémie du VIH/Sida, le trafic des drogues et des armes ont continué d'alimenter les propos d'une majorité d'orateurs.

L’Assemblée générale s’est prononcée, cet après-midi, en faveur de l’addition de la Micronésie au nombre des orateurs du débat général.

Sont également intervenus les Ministres des affaires étrangères de la République centrafricaine, de la Bolivie, d'Haïti, de la Gambie, ainsi que le Représentant d'Andorre. La Guinée a fait usage de son droit de réponse.

Le débat général se poursuivra demain, jeudi 21 septembre, à partir de 10 heures.

Suite du débat général

M. MONIE CAPTAN, Ministre des affaires étrangères du Libéria: Il existe des domaines des Nations Unies qui requièrent une attention constante et des améliorations. Nous devons revoir la représentation inéquitable des différents peuples du monde dans la structure actuelle du Conseil de sécurité, le processus antidémocratique de prise de décision du Conseil ainsi que les violations en toute impunité de la Charte de l’ONU par les grands, les riches et les puissants. La nécessité de prendre en compte les réalités politique, économique et de sécurité se fait sentir. Le droit de veto au sein du Conseil de sécurité est ainsi un sujet de préoccupation majeur pour le Libéria.

Le Libéria souhaite condamner ici la prise d’otages des Nations Unies par le Front Révolutionnaire Uni (RUF) en Sierra Leone. Le Gouvernement du Libéria, pour donner suite à la résolution du Conseil de sécurité visant à mettre fin au trafic de diamants, a pris plusieurs initiatives, y compris un décret pour criminaliser l’exportation de pierres non accompagnées de certificats d’origine. Après la guerre civile dans notre pays, notre gouvernement a pris différentes mesures pour consolider la paix et la sécurité dans notre sous-région, considérant le fait que de nombreux combattants mécontents avaient cherché refuge dans les pays voisins. Le Libéria a aussi détruit volontairement 21 000 armes de petit calibre et une énorme quantité de munitions. Malgré ces mesures et l’embargo injuste sur les armes toujours imposé au Libéria, des insurgés armés en provenance de Guinée ont attaqué mon pays pour la troisième fois. Cette attaque se poursuit, provoquant des pertes en vies humaines et des déplacements de population importants. Nous sommes inquiets de voir les grandes quantités d’armes nouvelles et de munitions qui sont utilisées par les insurgés en provenance de Guinée et les conséquences de cet état de fait sur les conflits en cours et les foyers sensibles potentiels de notre sous-région.

L’inviolabilité des frontières entre le Libéria, la Guinée et la Sierra Leone reste une question cruciale. Nous appelons de nos vœux une présence des Nations Unies pour surveiller les points de passage le long de ces frontières. Nous suggérons l’utilisation d’un système multispectral aérien pour déceler le mouvement insolite le long de la totalité de la frontière. Le Gouvernement libérien tient également à attirer l’attention de l’Assemblée sur le mauvais traitement dont ont été victimes des réfugiés libériens et sierra-léonais en Guinée. Certains ont été arrêtés, battus et mêmes violés. Ces actes vont à l’encontre des conventions internationales. Nous demandons donc à la communauté internationale qu’elle veille à ce que la Guinée respecte et protège les réfugiés présents sur son territoire. Même si nos appels répétés en faveur de la levée de l’embargo sur les armes pesant sur le Libéria n’ont pas été entendus, nous voulons à nouveau présenter la question au Conseil de sécurité pour qu’il la prenne en considération dans les plus brefs délais. Compte tenu de la situation présente en termes de sécurité entre le Libéria et les pays de la sous-région, toutes les restrictions doivent être levées, de manière à ce que le Gouvernement libérien puisse acquérir les moyens de protéger ses citoyens sur son territoire et de maintenir un environnement stable. Si les Nations Unies ne reconnaissent pas au Libéria le droit de se défendre, alors l’Organisation se doit d’assurer la sécurité et la défense du pays. L’embargo sur les armes laisse mon pays vulnérable aux attaques des dissidents venus de l’extérieur et continue d’avoir des conséquences négatives sur notre système éducationnel ainsi que sur notre économie.

M. MARCEL METEFARA, Ministre des affaires étrangères et de la francophonie de la République centrafricaine: Le Sommet du millénaire a été l’occasion pour les dirigeants de la planète d’imprimer une nouvelle ère aux relations internationales. La paix, quand elle n’est pas assurée, fait place à la guerre. Des facteurs comme la misère, le dénuement, la pauvreté, le sida, le paludisme, la tuberculose, ajoutés à l’intolérance, à l’injustice, à l’indifférence et aux inégalités sociales constituent autant de menaces à l’équilibre de la paix. Les trois quarts de la planète vivent dans des conditions indignes et la solidarité reste encore sélective dans un monde pourtant interdépendant.

L’ONU doit retrouver son autorité pour contribuer à réguler la marche du monde au cours du XXIe siècle. Il faut concevoir, sur la base d’une solidarité réelle entre les États, une coopération nouvelle qui permette d’organiser collectivement la défense de la paix, la promotion du développement et du progrès, ainsi que la promotion des droits de l’homme et de la démocratie partout dans le monde. On constate que la paix est menacée dans nombre de pays et particulièrement sur le continent africain et que les mécanismes classiques de règlement des conflits sont désormais inadaptés devant les situations de crise. Toutefois, les ressources offertes par les Nations Unies et les organisations régionales ont permis de sécréter une nouvelle attitude devant les conflits et qui fait, d’abord, mettre en jeu la sécurité régionale. En ce qui concerne la République centrafricaine, la Mission des Nations Unies en République centrafricaine (MINURCA) a véritablement contribué par sa présence et son action à faire ramener la paix et à favoriser la réconciliation nationale grâce également à l’appui apporté à l’organisation des élections tant législatives que présidentielles. Ma délégation qui soutient le rapport Brahimi espère que les recommandations y contenues seront entièrement appliquées afin que s’instaure véritablement une nouvelle doctrine des opérations de maintien de la paix aux Nations Unies. S’agissant de la République démocratique du Congo, ma délégation en appelle à la coopération de la communauté internationale, dans le cadre de l’ONU, pour que solution soit trouvée à ce conflit dont les conséquences sont lourdes pour la République centrafricaine qui abrite actuellement des dizaines de milliers de réfugiés.

Les Nations Unies devraient ensuite retrouver leur autorité pour leur permettre de contribuer, par le jeu du multilatéralisme, à la promotion du développement dans le monde. Pour permettre aux pays en développement et notamment africains de s’atteler à l’œuvre de développement, il faudra bien sûr éradiquer la pauvreté mais il faudra également placer ces pays dans des conditions qui leur permettent véritablement de relever les défis du développement. Nous pensons ici à la question de la dette dont le fardeau constitue encore un lourd handicap à toute action de développement. Nous plaidons également pour que les règles devant régir le fonctionnement de l’Organisation mondiale du commerce prennent en compte les intérêts de l’Afrique. Ma délégation souhaite que l’ONU retrouve son autorité pour contribuer à assurer les conditions de la promotion des droits et de la démocratie dans le monde. Pour permettre à l’ONU d’assumer tout ce rôle, il lui faut se réformer, il lui faut se rénover, rationaliser ses procédures. Le monde a changé profondément et le Conseil de sécurité doit le refléter dans sa composition, tant au niveau des membres permanents que des non permanents pour tenir compte de la nouvelle réalité internationale. Mais qu’allons-nous faire de cette ONU au XXIe siècle? C’est bien la question

fondamentale que se pose le Secrétaire général dans son rapport sur le Sommet du millénaire. Revenons donc au rêve des pères fondateurs et assurons à l’ONU, au cours de ce nouveau siècle, les moyens de réaliser un monde de paix, de solidarité et de concorde. Un tel monde est possible si nous le voulons.

M. FERNANDO MESSMER TRIGO, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Bolivie: Nous devons redéfinir les priorités de l’Organisation de telle sorte que son action en soit renforcée et plus efficace. Ce qui signifie la réforme importante des organes du système économique et financier, la modernisation du “modus operandi” de l’Assemblée générale, l’adaptation du Conseil de sécurité aux nouvelles réalités et d’autres tâches importantes telles qu’assurer une base financière stable à notre institution, obtenir les ressources adéquates pour les activités de développement et les opérations de maintien de la paix, réviser le barème des quotes-parts tout en conservant le principe de base qui est de tenir compte de la capacité du pays à payer.

L’administration du Président Banzer, convaincu que la démocratie va au-delà d’une cérémonie électorale et que la souveraineté est l’apanage du peuple, a institué la pratique du “Dialogue national”, un mécanisme qui cherche à mettre en place une nouvelle relation de travail et de responsabilité faisant intervenir les institutions gouvernementales, le système politique et les organisations de la société civile. La mise en place de politiques d’état importantes était le fruit du premier Dialogue national en 1997.

Le Dialogue national a de nouveau été mis en pratique cette année dans le but de donner un nouvel élan à la réforme institutionnelle et d’élaborer un programme national anti-pauvreté. Avec la participation de plus de 3 000 habitants issus des différentes villes de Bolivie, un nouveau plan a été élaboré, identifiant les droits et les responsabilités qui permettront, dans une économie de marché, de combattre la pauvreté qui reste présente dans de vastes secteurs de la population bolivienne en dépit de 20 années de démocratie.

Peu après avoir pris ses fonctions, le Président Banzer s’est attaqué à la lutte contre le trafic de drogues. Il y avait en 1997 près de 38 000 hectares de coca. Près de 80% de ces cultures illégales ont été aujourd’hui éradiquées.

Comme dans les Assemblées générales précédentes, la Bolivie a exposé ses arguments politiques, historiques et économiques sur lesquels elle fonde sa demande pour récupérer son statut maritime. C’est dans ce but que la Bolivie a encouragé le dialogue direct avec la République du Chili. Lors d’une rencontre entre les Présidents d’Amérique du Sud qui s’est tenue au Brésil, les leaders de la Bolivie et du Chili, Hugo Banzar et Ricardo Lagos ont réitéré que leurs gouvernements étaient prêts à entamer un dialogue sur tous les sujets concernant les relations bilatérales.

Nous proposons qu’un programme de développement intégré pour l’ouest de la Bolivie et le nord du Chili soit mis en place. Nous espérons que le Pérou participera aussi à ce programme.

M. U WIN AUNG, Ministre des affaires étrangères du Myanmar: L’Assemblée du millénaire est une occasion unique de poursuivre la réforme de l’Organisation des Nations Unies engagée depuis 1993. En effet, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le monde a connu un certain nombre de changements qui exigent des Nations Unies une adaptation à cette nouvelle donne. Aussi, nous pensons que le Conseil de sécurité devrait être réformé afin de regrouper des pays développés et des pays en développement, davantage de membres permanents et non permanents. Nous espérons que ce débat se poursuivra et que nous saurons saisir cette occasion historique de réformer notre Organisation.

A l’aube du nouveau millénaire, la question du développement, de même que celle de la paix et de la sécurité internationales demeurent prioritaires. Le Myanmar est fréquemment accusé d’être une plaque tournante du commerce de l’opium et ces accusations sont injustes dans la mesure où notre Gouvernement ne ménage aucun effort pour lutter contre la culture du pavot. Nous souhaitons que les Nations Unies nous aident à lutter contre ce fléau. En effet, la lutte contre le trafic de drogues ne peut être l’affaire d’un seul pays et nous devons tous prendre des mesures concertées.

Les principes de souveraineté, de respect de l’intégrité territoriale, de la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats énoncés par la Charte demeurent les piliers de la sécurité internationale et de la paix. Ce sont les garants de la stabilité selon nous et nous condamnons ceux qui, ici et là, en appellent à l’ingérence afin de servir des intérêts inavoués. La notion d’ingérence humanitaire est une erreur qui peut menacer les édifices du système international qui ont tenu jusqu’ici. Certains conflits tirent leurs racines dans l’histoire et la culture des pays et il semble vain de penser que la seule ingérence puisse apporter des solutions adéquates. L’intervention de la communauté internationale doit être complémentaire des efforts et des politiques nationales.

Le Myanmar est mis sous pression internationale alors même que nous sommes engagés dans un véritable processus d’instauration d’une société démocratique. Cette transition exige une certaine patience, une ingéniosité et de la compréhension de la part de la communauté internationale. Nous ne ménageons aucun effort également pour garantir la consolidation de l’unité nationale, mais nous ne pouvons le faire sans moyens qui garantissent l’éradication de la pauvreté, une meilleure répartition des richesses, le maintien de la sécurité et de la paix. Sans compréhension de la part de la communauté internationale, le processus de transition ne peut qu’être retardé et, malgré les obstacles qui nous sont posés, nous avons enregistré des progrès considérables au plan économique et social. Nous souhaitons jeter les bases de la construction d’un pays moderne, prospère et pacifique. Nous souhaitons que la communauté internationale établisse un ordre international où le désir légitime de chaque nation soit respecté et les Nations Unies doivent jouer ce rôle sans être la proie des puissances hégémoniques.

M. JULI MINOVES-TRIQUELL (Andorre): "Andorre est un pays qui depuis 1278 n’a pas connu d’invasion et a conservé son indépendance. C'est une des plus anciennes et des plus petites démocraties du monde. Un historien expliquerait ce fait remarquable par son isolement et sa pauvreté ou encore par le fait que pendant des siècles, le monde extérieur a été tenu en équilibre par ses co-Princes, l'Evêque

d'Urgell et le Comte de Foix et plus tard par le Roi de France et depuis 1820, par le chef de l'état français. Vous ne serez pas surpris que j'attribue cette performance au caractère prudent de l'Andorran. Avec moins de partialité la cause peut en être recherchée dans le fait que dans un petit pays où les paroisses communiquent les unes avec les autres directement dans la Maison de la vallée, la communication n’est jamais rompue.

Le Sommet du millénaire des Nations Unies a eu pour thème la mondialisation. C'est une dénomination appropriée, la mondialisation étant bel et bien la grande affaire du second millénaire si ce n’est l’histoire de la culture humaine. Toutefois parler de village planétaire est une vision idyllique. Le Secrétaire général nous a prévenus: "La mondialisation offre de grandes opportunités mais ses bénéfices seront inégalement répartis". Nous savons tous que des manifestations hostiles à la mondialisation ont eu et auront lieu. Le Forum sur la mondialisation par exemple en parle comme "d'un système économique mondialisé dominé par des sociétés commerciales supranationales et des institutions bancaires qui se sont affranchies des processus démocratiques et des gouvernements nationaux". Je voudrais attirer votre attention sur le fait que ce manifeste non seulement s'exprime par l’intermédiaire même de cette technologie mondiale mais qu'il se peut que sa nostalgie même soit le produit de la mondialisation.

Nous devons nous rappeler que les peuples eux-mêmes s'emparent de la mondialisation, ceux qui ne sont pas satisfaits de leur vie à l'endroit où ils sont nés, cherchent à changer de résidence mais c’est pour se rendre compte bien vite de ce qu'ils ont perdu. Il n'est que de quitter cette salle pour découvrir dans les rues des gens venus de partout dans le monde et avides de réaliser les rêves que la ville semble leur proposer. Est-ce donc le meilleur des mondes qui est train de naître autour de nous?

Ce que disant, je ne réfute pas les inquiétudes des anti-mondialistes pas plus que les dangers inhérents au changement. Il y a eu un très important travail réalisé au sein des Nations Unies sur les tensions découlant de la mondialisation. Il importe de le poursuivre.

M. FRITZ LONGCHAMP, Ministre des affaires étrangères d'Haïti: En dépit de toutes les critiques légitimes à son encontre, le système des Nations Unies n'en demeure pas moins la seule structure mondiale appelée à apporter des réponses collectives aux problèmes de sécurité internationale, de sécurité écologique et de développement économique et social. Il est important de poursuivre l'effort de rationalisation du fonctionnement de l'Organisation afin d'obtenir le maximum de résultats avec les moyens existants. Nous devons aussi garder à l'esprit le fait que confier des mandats à l'ONU sans les assortir des moyens d'exécution appropriés ne peut que miner la crédibilité de l'Organisation.

L'évaluation faite en juin dernier des résultats du Sommet social de Copenhague a montré un bilan mitigé, voire négatif. La question du développement social est une question de plus en plus urgente alors que la mondialisation s'accélère. Pour sa part, en dépit de ses multiples difficultés politiques et économiques, Haïti a déployé des efforts constants pour atteindre les objectifs fixés par le Sommet. Cependant, nous sommes

encore très loin d'un niveau acceptable en matière de développement social. C'est pourquoi Haïti accorde une importance particulière à la mise en œuvre du programme d'action pour les années 1990 en faveur des Pays les moins avancés (PMA). Le bilan devra en être dressé lors de la Troisième Conférence des Nations Unies sur les PMA, en mai 2001, à Bruxelles.

La question du développement sera aussi déterminante pour l'avenir pacifique des relations internationales. Les transformations dues à la mondialisation éloignent chaque jour davantage les pays du Nord et du Sud. Cette situation est dangereuse pour la stabilité du système international au niveau politique, économique et écologique. Elle pourrait conduire, à long terme, à l'extension des zones de non-droit, à des phénomènes migratoires intempestifs et à la perpétuation des conflits ou de la violence armée comme mode de relation entre les nations ou à l'intérieur même des nations. Haïti se félicite que le deuxième dialogue de haut niveau sur le renforcement de la coopération économique internationale pour le développement, en 2001, aura pour thème central l'identification des moyens propres à «faciliter l'intégration des moyens des pays en développement dans l'économie mondiale au XXIe siècle».

Mais la mise en œuvre d'une politique globale en faveur du développement économique restera sans effet sur le développement réel de l'être humain si la question de la paix est négligée. Nous nous félicitons donc de la consécration de l'année 2001 comme «Année du dialogue entre les civilisations». Il faut en outre intégrer la culture de la paix dans le champ conceptuel et opérationnel plus vaste de la sécurité humaine, qui situe la personne humaine au cœur même des priorités internationales. Il faut élaborer et mettre en application un programme pour la sécurité humaine qui établisse comme étalon de mesure sa capacité à libérer les hommes et femmes de notre monde de l'esclavage de la pauvreté.

Il faudra envisager la réforme de notre Organisation. Le Conseil de sécurité devrait être démocratisé et le droit de veto profondément réévalué. La réforme du Conseil économique et social est également essentielle pour renforcer sa capacité de coordination des programmes d'action des institutions et agences du Système et éviter leur chevauchement, tout en développement la politique de partenariat pour le développement.

Enfin, Haïti se réjouit de l'admission de Tuvalu et de ses 9000 habitants au sein de l'Organisation, ce qui témoigne de l'universalité de celle-ci. Dans ce contexte, et en attendant que le dialogue entre les deux rives du détroit de Taiwan produise des résultats satisfaisants, Haïti estime que la question de la représentation de Taiwan et de ses 23 millions d'habitants mérite de retenir l'attention de l'ONU.

M. VINCI N. CLODUMAR, (Nauru): Nous considérons que le moment est venu non seulement de doter les Nations Unies des moyens nécessaires pour accomplir efficacement les tâches qui leurs sont dévolues mais aussi pour mettre un terme aux pratiques négatives qui nous empêchent d’atteindre nos objectifs. Dans cette optique, Nauru considère que certaines mesures sont nécessaires pour revitaliser le travail et restaurer l’autorité de l’Assemblée générale en tant que seul organe

représentatif de l’ensemble des Etats Membres. Il faut aussi enrayer la marginalisation croissante des Etats Membres les plus petits et les moins influents. Nous devons engager la réforme du Conseil de sécurité et admettre que l’unanimité en matière de décision est un facteur de retard et d’inefficacité.

Malgré les efforts de l’ONU pour progresser dans le domaine du désarmement, force est de constater la résistance de la plupart des puissances nucléaires au désarmement. Les efforts que nous déployons par le truchement du Traité sur la non-prolifération (TNP) et certaines initiatives bilatérales ou multilatérales pour protéger notre écosystème et nos mers contre les accidents que pourrait provoquer le transport de matériels radioactifs et de combustible nucléaire dans notre région ont rencontré une opposition virulente des Etats qui organisent ce transport. Des Etats qui ne sont pas comme nous dépendants de la mer et de son écosystème pour assurer leur survie.

La pauvreté continue d’être le problème majeur des pays en développement. La région du Pacifique requiert une attention particulière. Mon pays risque bien de connaître plusieurs années encore une croissance négative alors que notre seule ressource industrielle, le phosphate, a presque disparu. Les petits Etats insulaires en développement et les îles du Pacifique en particulier font face à des difficultés spécifiques pour assurer leur intégration à la mondialisation et ont besoin de temps pour se conformer aux nouvelles normes intervenues sur les marchés et adapter leurs économies à ces changements. Notre vulnérabilité particulière devrait être reconnue comme justifiant une attention spéciale pour gérer des questions telles que la libéralisation du commerce mondial.

Par ailleurs, l’océan Pacifique est notre ressource principale dont nous tirons notre nourriture et notre eau potable. Nous en appelons donc à la communauté internationale pour qu’elle se conforme au Protocole de Kyoto et intègre l’environnement à sa politique économique. Enfin, pour la région du Pacifique, la question d’une représentation équitable des 11 Etats insulaires du Pacifique dans les organes et les Commissions des Nations Unies revêt une importance toute particulière. Pour ce faire, nous préconisons un nouveau regroupement régional au sein du système des Nations Unies.

M. ALFRED CARLOT, (Vanuatu): "Les petits Etats insulaires tels que Vanuatu sont en permanence confrontés à des difficultés et des défis que ce sommet doit prendre en compte. Ce qui caractérise la région du Pacifique est son immensité géographique, une base foncière et démographique étroite et des ressources naturelles limitées, ainsi qu'une vulnérabilité aux secousses économiques qui ont un impact inévitable sur ses infrastructures physiques et son développement économique.

Un des plus grands défis auquel nous soyons confrontés est l'accès de tous à l'éducation. L'indice sur la pauvreté humaine situe Vanuatu au dernier rang des pays les moins développés. Vanuatu partage l'opinion selon laquelle l'éducation est la clef du développement et du succès. Nous saluons à cet égard l'initiative du Secrétaire général en faveur d'un partenariat pour l'éducation des jeunes filles et nous aimerions y prendre part. L'éducation pour tous représente néanmoins un objectif ambitieux qui requiert une assistance extérieure. Cette Assemblée se devrait par conséquent d’aborder la question de l'éducation et de la formation à l’échelle la plus vaste possible.

Je ne peux laisser passer cette occasion d'aborder un sujet de sérieuse préoccupation: Les difficultés considérables auxquelles sont confrontés les pays les moins développés qui ont déposé leurs candidatures auprès de l'Organisation mondiale du commerce. Vanuatu a engagé cette procédure il y a cinq ans et demi. Les négociations menées avec de grands acteurs bilatéraux et multilatéraux comme l'Union européenne, le Japon, l'Australie, la Nouvelle Zélande; le Canada et la Suisse se sont achevées dans un esprit de compréhension de la situation du Vanuatu. Or les Etats-Unis continuent de formuler des exigences déraisonnables et d'autant plus absurdes qu’ils demeurent pour nous des partenaires commerciaux insignifiants. Ces conditions posées à notre adhésion sont telles que nous ne parviendrons pas à les remplir à court ou moyen terme. Ainsi, au cas où les pays puissants ne reconsidèreraient pas leur position, il ne nous restera d'autre alternative que de retirer notre candidature.

M. MOMODOU LAMIN SEDAT JOBE, Secrétaire d’État aux affaires étrangères de la République de Gambie: Le Sommet du millénaire a été l’occasion pour les dirigeants de la planète d’échanger et de réfléchir sur le rôle des Nations Unies au XXIe siècle. Les questions telles que la résolution des conflits, l’éradication de la pauvreté, l’accès aux soins de santé, la réduction du fardeau de la dette ont été abordées par tous les participants au Sommet. En ce qui concerne les conflits, en particulier sur le continent africain, nous sommes préoccupés par les situations en Angola, en République démocratique du Congo, entre l’Éthiopie et l’Érythrée, en Somalie et en Sierra Leone. La Gambie et la Sierra Leone ne sont pas très éloignés géographiquement et nous nous félicitons de l’intervention de la Grande- Bretagne qui aurait dû inspirer d’autres puissances membres du Conseil de sécurité. Nous nous félicitons également de la création, par le Conseil de sécurité, d’un tribunal pénal international pour la Sierra Leone et espérons que cette initiative contribuera à triompher de l’impunité. Nous nous félicitons également de la publication du rapport Brahimi et nous engageons la communauté internationale à appliquer ses recommandations le plus vite possible.

Outre l’éradication des conflits, celle de la pauvreté occupe un rang de priorité élevé dans nos efforts de promotion d’un développement humain durable pour le XXIe siècle. Dans notre pays, une étude récente a révélé que les causes de la pauvreté sont, entre autres, le manque d’eau, le chômage, l’absence d’accès au crédit, les carences alimentaires, et le manque d’éducation. Dans nos programmes de lutte contre la pauvreté, la question de la santé est également prioritaire et nous accueillons favorablement le concept d’Alliance mondiale pour la vaccination et l’immunisation (AMVI). Nous devons également éradiquer le paludisme et, à terme, bénéficier davantage des progrès accomplis par la médecine dans les pays développés, tels que la découverte récente du génome humain.

Nous devons aussi redéfinir une nouvelle approche de l’aide au développement en tenant compte du fardeau de la dette et des obstacles rencontrés en ce qui concerne l’accès aux marchés internationaux. Dans la perspective de la Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés, prévue pour mars 2001, la Gambie appuie la recommandation faite par le Secrétaire général aux pays riches de lever les quotas et les barrières douanières pour les produits en provenance de ces pays en développement. S’agissant de la réduction ou de l’annulation de la dette des pays en développement, elle devrait faire l’objet d’un effort décisif conjoint de la Banque Mondiale, du Fonds monétaire international et des pays développés.

Enfin, la question du maintien de la paix et de la sécurité internationales doit demeurer une des préoccupations majeures des Nations Unies qui ne sont pas toujours parvenues à atteindre leurs objectifs, d’une part à cause de l’insuffisance des ressources matérielles mises à leur disposition par les Etats, mais également à cause de la composition du Conseil de sécurité. Ce dernier ne reflète plus la réalité du monde et nous considérons que l’Afrique a droit à deux sièges de membre permanent au Conseil. Les membres permanents actuels, en répondant à ces attentes légitimes, prouveront que l’Organisation des Nations Unies est en marche vers le respect mutuel et la coopération.

Droit de réponse

Le représentant de la Guinée a écouté avec étonnement les déclarations tendancieuses et sans fondement du Ministre des affaires étrangères du Libéria. Le Gouvernement guinéen voudrait rappeler tous les sacrifices qu’il a consentis pour mettre fin à la guerre civile dans le pays voisin. La Guinée a accueilli et continue d’accueillir des réfugiés en provenance du Libéria, plus de 500 000 en dix ans. Ceux-ci sont intégrés dans les familles guinéennes et ne se sont pour l’instant jamais plaints de leur condition. Le caractère belliqueux des autorités de Monrovia et leur implication dans le trafic des diamants et des petites armes sont connus de tous. La Guinée est signataire de la Convention de Genève et manifeste un total respect des engagements internationaux en matière de droits de l’homme et de droits des peuples. Ce n’est pas sans raison que le Conseil de sécurité a maintenu l’embargo sur les armes au Libéria. Des preuves irréfutables seront apportées pour prouver l’implication du Libéria dans le processus de déstabilisation de la sous-région. Nous rejetons donc tous les propos du Ministre des affaires étrangères libérien dans sa déclaration. Le Président de la Guinée est un homme de paix et le gouvernement n’a fait qu’opérer une distinction entre les réfugiés et les rebelles infiltrés. En tout état de cause le Gouvernement guinéen a saisi le Conseil de sécurité qui a condamné les agressions contre son territoire. Nous demandons l’envoi d’une mission de vérification des faits, qui ne manquera pas de faire apparaître que les allégations du Ministre du Libéria sont sans fondement.

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