AG/1065

LE PRESIDENT SORTANT DE L'ASSEMBLEE GENERALE SUGGERE QUE LE BUREAU DE L'ASSEMBLEE DEVIENNE LE BRAS EXECUTIF DE LA PRESIDENCE

20 septembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1065


LE PRESIDENT SORTANT DE L’ASSEMBLEE GENERALE SUGGERE QUE LE BUREAU DE L’ASSEMBLEE DEVIENNE LE BRAS EXECUTIF DE LA PRESIDENCE

20000920

M. Theo-Ben Gurirab, Ministre des affaires étrangères de la République de Namibie qui s’exprimait ce matin dans le cadre du débat général de l’Assemblée générale, a dénoncé le “dénigrement inacceptable dont a fait l’objet la Présidence” pendant son mandat. “Le Président de l’Assemblée générale ne devrait pas être soumis aux sautes d’humeur de bureaucrates anonymes”, a-t-il déclaré. Il s’est félicité “des dispositions des paragraphes 30 et 31 de la Déclaration du millénaire qui réaffirment le rôle central du Président et du Bureau de l’Assemblée générale, notamment dans le suivi des décisions prises au cours de l’Assemblée du Millénaire”, et a suggéré en conséquence “que le Bureau de l’Assemblée soit réellement conçu comme le bras exécutif de la Présidence. Le Bureau doit devenir un mécanisme politique de l’Organisation des Nations Unies et une meilleure coordination entre les différents organes, le Secrétariat et le bureau du Président de l’Assemblée générale doit être privilégiée, conformément à la lettre de la Charte des Nations Unies”.

Les effets de la mondialisation et des récentes évolutions technologiques, préoccupation fréquemment exprimée au cours de ce débat général, ont été à nouveau le sujet central de plusieurs interventions. “Là où l'utilisation de l'ordinateur amène des progrès significatifs en matière de soins de santé élémentaires, d'amélioration des conditions de vie, d'efficacité et de productivité, en offrant un potentiel économique et de prospérité énorme à certains, (…) la majorité des laissés pour compte de cette prospérité continue de vivre dans des conditions d'extrême pauvreté, reste enfermée dans des conflits sans fin et doit subir les ravages de la pandémie du VIH/sida et d'autres maladies” a fait valoir le Ministre des affaires étrangères du Lesotho. Le Ministre d’Etat, Ministre des affaires étrangères du Cambodge lui a fait écho en déclarant que “Le défi du XXIe siècle pour les Nations Unies est d'éliminer les disparités existantes en ouvrant les portes de l'ère numérique aux pays pauvres”.

Plusieurs pays se sont également prononcés en faveur de l’élargissement du Conseil de sécurité et de la réforme de l’ensemble du système des Nations Unies.

Ont également pris la parole au cours de cette session les Ministres des affaires étrangères de Slovaquie, d’Azerbaïdjan, de Singapour et du Kirghizistan ainsi que le Représentant de la République des Palaos.

L’Assemblée générale reprendra son débat général cet après-midi à partir de 15 heures.

Suite du débat général

H.E. M. EDUARD KUKAN, Ministre des affaires étrangères de la Slovaquie : Le processus de réforme des Nations Unies doit continuer. L'élément clef de ce processus est la réforme du Conseil de sécurité. Nous considérons que la prochaine session du Groupe de travail sur la question sera cruciale pour les progrès futurs du processus de réforme. Concernant la question de l'élargissement du Conseil de Sécurité nous considérons l'augmentation du nombre de membres dans les deux catégories comme étant justifiée. Toutefois, ces augmentations peuvent ne pas se faire simultanément. Le nombre total des membres ne devrait pas excéder 25 dans le but d'une efficacité et d'une flexibilité du Conseil de Sécurité à réagir immédiatement à une situation de crise. Le Groupe des Etats d'Europe de l'Est dont les membres à l'ONU ont plus que doublé ces dernières années ne doit pas être oublié lors de l'élargissement du Conseil de Sécurité.

Nous accueillons favorablement le rapport Brahimi et nous continuerons notre soutien personnel, matériel et financier aux missions de maintien de la paix. Il faut fournir aux opérations de maintien de la paix, dès leur création, les ressources financières nécessaires à la réalisation de leur mandat. Je suis heureux d'annoncer aujourd'hui notre ferme soutien à la révision de la structure financière du maintien de la paix et d'affirmer que la Slovaquie est prête à remplir ses obligations financières au titre d'un barème révisé pour ce secteur. La Slovaquie est prête à envoyer une unité de génie à la Mission des Nations Unies en Ethiopie et en Erythrée qui a été autorisée par le Conseil de sécurité vendredi dernier.

Notre position géopolitique nous rend plus sensibles à la situation dans les Balkans. Nous sommes conscients que les crises et les tensions dans la région pourront être éliminées lorsque tous les pays impliqués seront entièrement engagés, quand ils souhaiteront collaborer pour rechercher des compromis, quand ils seront prêts à dépasser les querelles historiques. Nous espérons que les élections en Yougoslavie se dérouleront dans une atmosphère de paix, qu'elles seront conformes à l'état de droit, et démocratiques, libres et justes. Autrement il sera difficile de parvenir à la stabilisation d'ensemble de la situation en République de Yougoslavie et dans la région.

M. ELDAR G. KOULIEV, Azerbaïdjan : “Le vingtième siècle touche à sa fin. L’humanité s’en souviendra comme d’une époque d’exceptionnels contrastes : le progrès scientifique et technologique et le sang versé pendant les deux guerres mondiales, l’effondrement des empires et l’émergence de nouveaux états souverains, la guerre froide et les efforts collectifs en faveur de la paix et la stabilité. La mondialisation caractérise le stade actuel du développement de l’économie mondiale. Les moyens dont disposent les Nations Unies ainsi que ceux de ses institutions spécialisées doivent être mieux utilisés de façon à aider les Etats à anticiper les conséquences négatives de la mondialisation et de l’interdépendance sans cesse croissante des Etats et à s’en prémunir

L’Azerbaïdjan apporte sa contribution au développement de la mondialisation. Situé à la jonction de l’Europe et de l’Asie, doté d’une économie diversifiée et riche en ressources naturelles y compris en hydrocarbures, mon pays sert en fait de lien dans le développement de la coopération Est-Ouest et Nord-Sud. L’Azerbaïdjan participe activement aux projets de développement et de transport des hydrocarbures de la mer Caspienne en direction des marchés internationaux ainsi qu’au projet de restauration de la Grande route de la soie, tous d’importance mondiale.

Toutefois les menaces extérieures et les problèmes internes, les pressions venues de l’étranger et les guerres d’influence privent les jeunes et encore fragiles démocraties de l’opportunité de mener librement la politique susceptible de servir au mieux les intérêts et les attentes de leurs populations, de renforcer l’Etat et de mener à bien un développement pacifique. Le Sud-Caucase est malheureusement une région où tous ces problèmes se manifestent de façon explicite. L’agression de l’Azerbaïdjan par l’Arménie a été le principal facteur de déstabilisation dans la région et s’est traduite par des tragédies incalculables pour des millions de gens. Quatre résolutions du Conseil de sécurité confirment la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’inviolabilité des frontières de l’Azerbaïdjan. Depuis 1993, ces résolutions n’en restent pas moins lettre morte. L’action de médiation que mène l’OSCE depuis 1992 demeure infructueuse. Les discussions bilatérales entre les Présidents de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie n’ont pas eu d’effets jusqu’à ce jour. Nous lançons un appel aux Nations Unies pour qu’elles prennent toutes les mesures nécessaires pour que soient appliquées les résolutions du Conseil de sécurité. La poursuite de l’aide humanitaire jusqu’à ce que tous les réfugiés et les personnes déplacées soient rentrés chez eux est également cruciale.

Nous accordons une grande importance aux efforts du Secrétaire général pour réformer les Nations Unies et leur apportons notre soutien. Des réformes sérieuses et rationnelles devraient renforcer l’efficacité de l’Organisation et en premier lieu du Conseil de sécurité. La question de l’adoption par les deux tiers des Etats Membres des décisions porteuses de réforme a déjà fait l’objet d’une résolution de consensus par l’Assemblée générale. L’Azerbaïdjan soutient pleinement cette réforme. Nous sommes également convaincus que la représentation des Etats d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine auprès du Conseil de sécurité devrait mieux refléter les réalités politiques modernes. Nous exprimons à nouveau notre soutien à l’élection de l’Allemagne et du Japon en tant que membres permanents du Conseil de sécurité. Un siège supplémentaire de membre non permanent devrait par ailleurs être attribué au groupe régional de l’Europe de l’Est en raison de la multiplication par deux de leur représentation dans le groupe. Faute de quoi, chaque Etat Membre siègera, en tant que membre non permanent, seulement tous les 38 ans.

M. THEO-BEN GURIRAB, Ministre des affaires étrangères de la République de Namibie : La position de la Namibie n’a pas évolué concernant les questions de sécurité nationale, régionales et internationales. La Déclaration du millénaire est un nouvel engagement des Etats de respecter la Charte des Nations Unies en mobilisant les ressources nécessaires pour préserver l’humanité face aux nouveaux défis du Millénaire afin de répondre aux attentes des peuples des Nations Unies. Dans la définition d’un nouveau partenariat mondial, le Nord doit faire preuve de générosité afin de soutenir les efforts visant la croissance et le développement durables. Au Sud, nous devons placer le génie et la volonté de nos populations à la base de la reconstruction et renoncer à la guerre et à la violence dans lesquelles nous battons tous les records. La conjonction de ces deux facteurs permettra d’envisager la paix, la prospérité et le développement, de même que la participation des organisations non gouvernementales, des associations, de la société civile. Cependant, les résolutions prises dans la Déclaration du millénaire, en particulier l’éradication de la pauvreté et la poursuite du développement durable ne se réaliseront pas sans notre engagement à tous.

En tant que Président sortant de l’Assemblée générale, je veux dire ici mon regret de l'incompréhension dont le Bureau de l’Assemblée générale a pu être victime, pour des dysfonctionnements qui tenaient davantage au manque de coordination des différents organes des Nations Unies. Je me félicite des dispositions des paragraphes 30 et 31 de la Déclaration du millénaire qui réaffirment le rôle central du Président et du Bureau de l’Assemblée générale, notamment dans le suivi des décisions prises au cours de l’Assemblée du millénaire, et je suggère en conséquence que le Bureau soit réellement conçu comme le bras exécutif de la Présidence. Le Bureau doit devenir un mécanisme politique de l’Organisation des Nations Unies et un meilleur instrument de coordination entre les différents organes, le Secrétariat. Le bureau du Président de l’Assemblée générale doit être privilégié, conformément à l'esprit et à la lettre de la Charte des Nations Unies.

Aujourd’hui, le monde est entré dans l’ère de la globalisation, une nouvelle approche de l’impérialisme capitaliste qui, depuis 500 ans, marginalise le continent africain tout en le saignant par l’esclavage. Tout en prétendant qu'on s’inquiète de cette marginalisation de l’Afrique, on demande paradoxalement, aux Etats africains de trouver eux-mêmes les réponses à leurs problèmes. Pourtant, dans le passé, des Etats européens ont bénéficié du Plan Marshall, un véritable effort de solidarité qui les avait aidés à sortir de l’abîme. Si je demande aux pays du Nord de ne pas perdre de vue certaines réalités qui paralysent les chances de développement, de même, je me tourne vers les Etats africains pour les inviter à travailler tous ensemble en vue de promouvoir le développement de notre continent et de cesser de nous déchirer dans des conflits. Les pays du Nord ont une dette morale envers les pays africains et celle-ci doit se matérialiser par des réparations mais nous devons, pour notre part, affirmer plus efficacement nos droits et notre solidarité et ne plus condamner qui que ce soit car nous sommes responsables de notre devenir. Dans le domaine des nouvelles technologies de l’information par exemple, nous devons organiser des partenariats en vue de favoriser le transfert des technologies qui contribuera au développement de l’Afrique et, à terme, réduira le degré de dépendance de ces pays vis-à-vis de l’aide au développement.

Je voudrais également souligner les ambiguïtés de la doctrine de la bonne gouvernance qui semble se limiter, pour les pays riches, à un processus de transition démocratique interne, alors que nous, au Sud, nous l’entendons davantage comme la démocratisation et la transparence dans les relations internationales et les marchés financiers. Dans les rapports Nord-Sud, nous sommes encore gouvernés par une vision paternaliste et cynique et toute idée qui viserait à inventer un monde plus juste, plus viable est considérée comme une utopie. Pourtant, on ne peut faire l’économie d’un dialogue entre le Nord et le Sud qui aurait pour objectif de construire un monde sans guerres, un monde tourné vers le développement, un monde plus équitable. Car aujourd’hui, la notion d’ingérence humanitaire constitue à nos yeux un prolongement du diktat des pays riches aux pays pauvres et c'est pour cette raison que la Namibie y demeure opposée. Les interventions humanitaires ne sont jamais lancées par de petits pays en développement, ce serait inimaginable. C’est pourquoi il est temps, selon moi, de démocratiser, de restructurer, de repenser le processus de décision au sein des Nations Unies afin de pouvoir remplir plus efficacement les mandats qui leur ont été assignés, notamment en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales.

M. S. JAYAKUMAR, Ministre des affaires étrangères de Singapour : Les Nations Unies remplissent deux fonctions essentielles pour la communauté internationale. Elles servent d'instrument à la communauté internationale pour faire progresser nos intérêts communs et, pour ce faire, établissent des normes régissant les relations entre nations et les droits de l'homme. Elles offrent également à tous les Etats Membres une tribune pour défendre leurs intérêts nationaux. Il n'existe pas de contradiction nécessaire entre ces deux fonctions. Ce qui est considéré comme important à l'échelle mondiale l'est aussi pour les intérêts nationaux. Toute la question est d'identifier ce qui relève du domaine commun et ce qui réconcilie nos intérêts nationaux. Le XXe siècle a connu une tension croissante entre deux idéaux apparemment contradictoires: la souveraineté nationale et les progrès accomplis dans l'élaboration du droit international. L'expérience paradoxale du XXe siècle a fini par montrer que ni la souveraineté absolue ni la règle de droit international ne pouvait triompher seule, mais que chacune a besoin de l'autre pour compenser ses propres lacunes. Nous ne devons pas choisir entre ces idéaux, mais établir un équilibre entre les deux pour progresser dans notre tâche.

En matière de développement, il est impératif que les pays développés s'éloignent de l'idée d'un "modèle" uniquement applicable à tous. Les normes en la matière provenant aujourd'hui en grande partie de l'Occident, il faudrait qu'elles puissent être négociées au niveau international. Les Nations Unies ne peuvent travailler de manière isolée et doivent s'assurer que les institutions financières internationales telles que le FMI, la Banque mondiale et l'OMC coordonnent leurs efforts pour travailler en équipe. L'ONU est le forum au sein duquel le dialogue entre ces organisations peut s'amorcer pour aider les pays en développement à développer leur potentiel. Les Nations Unies doivent aussi veiller à la régulation du marché mondial et dénoncer les effets pervers de la mondialisation, en particulier sur les économies les plus petites et les plus faibles.

En matière de sécurité, la fin de la guerre froide n'a manifestement pas apporté la fin des conflits internationaux. Non seulement le nombre et les coûts des opérations de maintien de la paix ont augmenté de manière importante, mais leur mission a également évolué. Sur les 40 opérations de maintien de la paix autorisées depuis 1989, seules cinq ont été mises en place pour répondre aux problèmes posés par des conflits entre Etats. Nous avons été témoins au cours de l'histoire de conflits internes et d'atrocités commises par certains Etats contre leur propre population. Aujourd'hui cependant, la différence est que les technologies modernes, la télévision, l'Internet et les ONG diffusent instantanément les informations dans le monde entier, ce qui galvanise l'opinion et renforce le sentiment que la communauté internationale doit intervenir. Ce qui augmente aussi souvent la pression sur les Nations Unies dans le sens d'un interventionnisme accru. Il est important que l'ONU se donne les moyens d'assurer ses activités de maintien de la paix maintenant et dans le futur. Dans cet optique nous espérons que le Conseil de sécurité va également revoir son processus de prise de décision en la matière.

Mme ELMIRA IBRAIMOVA (Kirghizistan) : Il y a dix ans, le Kirghizistan s’est fixé comme objectif la mise en place d’une société ouverte et démocratique et d’une économie fondée sur les principes du libre marché. Aujourd’hui nous pouvons regarder en arrière avec quelque satisfaction. Cependant l’invasion, en 1999 et en août cette année, du Sud du Kirghizistan par des terroristes internationaux met en évidence la fragilité des nouvelles démocraties. Ces événements montrent également que les organisations terroristes internationales ont l’intention de mener leurs activités criminelles à partir des Etats d’Asie centrale. Il faut prendre ces actions pour ce qu’elles sont : un des volets d’un plan global visant à déstabiliser toute une région. Il est avéré désormais que ces terroristes sont les instruments par lesquels des organisations extrémistes internationales cherchent à réaliser leurs plans dans de nombreux pays du monde dont ceux d’Asie centrale.

Le Kirghizistan participe au combat mondial contre le terrorisme international. Il est partie aux principales conventions internationales. Etape importante dans le renforcement de la sécurité régionale, le Sommet des chefs d’Etat, les membres des “Cinq de Shanghai” exerce une autorité croissante au niveau régional et mondial dans les domaines politique, militaire, économico- commercial et autres, notamment par son apport à la sécurité régionale. Il a été créé, dans ce cadre, le Groupe de Bishkek rassemblant les organes de maintien de l’ordre et les services spéciaux des pays membres qui oeuvrent à la coordination des actions de nos pays en matière de prévention et de lutte contre les manifestations du terrorisme international, l’extrémisme, le séparatisme, le trafic de drogue, la contrebande d’armes, les migrations illégales et les autres formes d’activités criminelles. Le centre antiterroriste est en train d'être mis en place avec son siège de Bishkek.

Nous sommes convaincus que les efforts de nos pays doivent être soutenus par la communauté internationale et le rôle des Nations Unies dans ce processus est le plus important. C’est seulement grâce aux efforts conjoints de l’ensemble des pays de la région et de la communauté internationale que nous pourrons résister aux défis posés à la paix, la sécurité et l’ordre en Asie centrale et dans le monde. Le Kirghizistan travaille à la création d’un système international de mesures de contrôle du terrorisme et des autres formes d’extrémisme. L’initiative de l’Ouzbékistan visant à créer un Centre du contre-terrorisme international est à cet égard particulièrement intéressante.

Les efforts entrepris par le Kirghizistan et les autres Etats d’Asie centrale ne seront pas couronnés de succès sans la normalisation de la situation en Afghanistan. Le Kirghizistan confirme qu’il est prêt à accueillir sur son territoire une conférence de paix organisée sous les auspices des Nations Unies. Souhaitant apporter sa contribution à l’effort de la communauté mondiale en faveur de la dénucléarisation, le Kirghizistan participe activement à la création d’une zone dénucléarisée en Asie centrale. Nous apprécions l’aide des Nations Unies à cet égard et espérons que les pays d’Asie centrale pourront mener à bien la rédaction d’un projet de traité qui satisfasse à la fois les intérêts régionaux de leurs populations et ceux de la communauté internationale tout entière.

Le Kirghizistan considère que la stabilité procède non seulement d’aspects politiques ou économiques mais a aussi des perspectives liées à l’environnement. Nous voudrions à cet égard exprimer notre profonde gratitude à la communauté mondiale pour son soutien à la résolution, adoptée par la cinquante-troisième session de l’Assemblée générale sur une initiative du Kirghizistan, résolution annonçant que 2002 serait l’Année internationale des montagnes. Manifestant par là l’espoir que cela contribuera à mobiliser des ressources économiques, techniques et financières en faveur du développement durable des montagnes, le Kirghizistan propose de tenir en 2002, sur son territoire, la Conférence internationale sur les montagnes sous les auspices des Nations Unies.

M. MOTSOAHAE THOMAS THABANE, Ministre des affaires étrangères du Royaume du Lesotho : Le monde actuel assiste à une révolution dans les systèmes d'information et leur intégration dans la vie des hommes, des femmes et des enfants d'où l'expression 'l'ère de l'information'. C'est une période qui annonce des répercussions sur bien des secteurs de nos sociétés tant au niveau national qu'international. Il ne fait aucun doute que les technologies de l'information et la mondialisation permettent de passer de la simple évocation théorique à la pratique, là où l'utilisation de l'ordinateur amène des progrès significatifs en matière de soins de santé élémentaires, d'amélioration des conditions de vie, d'efficacité et de productivité, en offrant un potentiel économique et de prospérité énorme à certains. Malheureusement, la majorité des laissés pour compte de cette prospérité continue de vivre dans des conditions d'extrême pauvreté, reste enfermée dans

des conflits sans fin et doit subir les ravages de la pandémie du VIH/sida et d'autres maladies. Le défi du vingt et unième siècle pour les Nations Unies est donc d'éliminer les disparités existantes en ouvrant les portes de l'ère digitale aux pays pauvres.

Alors que le monde bénéficie d'une augmentation substantielle de ses ressources financières, le poids insoutenable de la dette continue de faire obstacle au développement de l'Afrique. Le Lesotho par exemple fait partie de la catégorie des Etats qui ne peuvent prétendre à un allègement de leur dette selon les critères actuels. Nous avons pris des mesures drastiques pour éliminer la pauvreté et nous pensions que la coopération Sud-Sud est un outil important pouvant aider les pays en développement à renforcer leur indépendance économique.

La mondialisation de l'économie ne doit pas faire oublier la mondialisation des droits de l'homme. Nous appelons donc de nos voeux une approche pragmatique afin d'identifier les situations qui requièrent une protection des individus, y compris là où l'Etat s'est désintégré. Alors que le développement des technologies rapproche les peuples de la terre en effaçant les barrières politiques et autres, nos sociétés continuent d'être ravagées par le fléau de la discrimination raciale, de la xénophobie et d'autres formes d'intolérance qui perpétuent le nettoyage ethnique, la haine raciale et de nouvelles formes d'esclavage. Un autre défi pour les Nations Unies sera d'élaborer des stratégies mondiales et des mesures urgentes et efficaces destinées à éliminer la discrimination raciale et les conflits ethniques.

La prolifération des conflits en Afrique continue d'anéantir les efforts du continent pour assurer son développement économique et social. Le commerce illégal des armes, des diamants et des ressources naturelles ainsi que le détournement de ressources théoriquement affectées au développement en faveur des activités militaires continuent d'alimenter ces conflits et de menacer la démocratie. Le défi que doit relever l'Afrique reste la gestion et la résolution des conflits et le renforcement des institutions démocratiques, toutes choses qui requièrent une volonté politique des Africains eux-mêmes et des moyens de la communauté internationale pour renforcer l'action des gouvernements démocratiques.

M. HERSEY KYOTA, République des Palaos : Nous vivons à une époque où la production de nourriture est particulièrement importante. A cet effet, nous disposons aujourd'hui de techniques avancées permettant d'obtenir d'excellents résultats dans l'agriculture et l'élevage. Dans un contexte similaire, la recherche et l'information médicales peuvent et devraient être partagées universellement. Une approche intégrée et une intervention dans le domaine du VIH/sida sont nécessaires dans de nombreux pays en développement. Les outils de prévention et de contrôle, que constituent, entre autres, le diagnostic, les vaccins et les médicaments devraient être disponibles et accessibles surtout par les pays du Tiers Monde qui en ont grandement besoin.

Certaines activités humaines qui échappent au contrôle ont affecté et continuent d'affecter notre écosystème, en même temps qu'elles menacent notre existence. Le réchauffement de la planète est un sujet compliqué sur lequel les scientifiques restent divisés, et notamment en ce qui concerne ses causes et ses conséquences. Les gaz à effet de serre et les activités industrielles sont responsables de changements intervenus dans le climat. Petit Etat insulaire du Pacifique, la République des Palaos est inquiète de constater que le niveau de la mer et la température de l'eau ont augmenté ce qui constitue des signes indéniables du réchauffement de la planète et des bouleversements climatiques.

La République des Palaos, considère que le Conseil de sécurité devrait être réorganisé et restructuré par une augmentation du nombre de ses membres permanents et non permanents, ce qui permettrait de promouvoir son travail et son efficacité.

M. HOR NAMHONG, Ministre d’Etat, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Royaume du Cambodge: Le Gouvernement royal du Cambodge a mis en place en 1998 une plate-forme pour le développement économique dont les résultats enregistrés sont très encourageants en terme de croissance durable après des décennies de guerre civile qu’a connues notre pays. Cette reconstruction repose sur le renforcement des fondements culturels, démocratiques et le respect des droits de l’homme chers à notre peuple.

Le récent Sommet du millénaire a été l’occasion de redéfinir le rôle des Nations Unies face aux défis de la planète au seuil du troisième millénaire. Une des questions essentielles est celle de la globalisation et de ses conséquences sur le niveau de vie des populations de la planète. En effet, les Nations Unies doivent aujourd’hui être au coeur de la réflexion sur le développement économique, social et culturel des nations. Pour cela, il importe que le Conseil de sécurité soit réorganisé afin de mieux refléter le nouvel équilibre international. Le Royaume du Cambodge est favorable à l’augmentation des membres permanents et non permanents du Conseil et nous plaidons en particulier pour l’entrée de l’Inde et du Japon au Conseil de sécurité en qualité de membres permanents. Une telle restructuration renforcerait la vocation de maintien de la paix et de la sécurité internationales qui incombe aux Nations Unies. A ce propos, le Royaume du Cambodge se réjouit des efforts de dialogue entre les deux Corée qui sont prometteurs pour la stabilité de la sous-région.

En ce qui concerne le phénomène de la globalisation, nous souhaitons qu’il ne marginalise pas davantage les pays en développement, sachant que jusqu’à présent, il a beaucoup profité aux économies des pays développés. Une meilleure répartition des bénéfices de la mondialisation, une attention particulière à la question du fardeau de la dette pour les pays en développement, une réforme de l’Organisation des Nations Unies afin de la

rendre en adéquation avec les enjeux actuels du développement durable sont autant de défis que nous avons à relever. Afin d’atteindre nos objectifs, il serait important de mieux coordonner les politiques menées par les institutions financières internationales et celles mises en oeuvre par l’Organisation des Nations Unies. Il s’agit là d’un défi important, celui de la survie et de la sécurité de toute la communauté internationale.

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.