AG/1064

L'ASSEMBLEE DU MILLENAIRE DOIT JETER UN PONT ENTRE PASSE ET AVENIR, PROMESSES ET REALISATIONS, EXPERIENCE ET VISION

19 septembre 2000


Communiqué de Presse
AG/1064


L'ASSEMBLEE DU MILLENAIRE DOIT JETER UN PONT ENTRE PASSE ET AVENIR, PROMESSES ET REALISATIONS, EXPERIENCE ET VISION

20000919

La prochaine décennie doit être celle de la réalisation des engagements communs pris lors de la décennie écoulée

La présente session de l'Assemblée générale doit constituer un pont entre le passé et l'avenir, entre l'expérience et la vision, entre les promesses et les réalisations: cette formule, due au Secrétaire d'Etat aux affaires étrangères des Philippines, était largement partagée par nombre d'orateurs cet après-midi dans le cadre du débat général.

"Investissons dans l'humain", a encore déclaré le Ministre philippin, qui a insisté sur le rôle de l'éducation, meilleur outil de protection des droits de l'homme et de promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance. La paix, c'est aussi la sécurité humaine, qu'ont appelée de leurs voeux plusieurs participants, notamment les Ministres des affaires étrangères du Bangladesh et de la Thaïlande. Ce dernier a particulièrement insisté sur la nécessité pour les Etats de protéger leurs populations contre les pires formes d'abus, de souffrances et de privations.

Pour sa part, le Ministre des affaires étrangères de Sierra Leone a rappelé les atrocités subies par son peuple dans le cadre du conflit interne auquel tentent de mettre fin les Nations Unies, à qui il a rendu un hommage appuyé. Concernant les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, plusieurs orateurs ont salué le rapport Brahimi, dont ils ont fait remarquer qu'il méritait un examen aussi attentif qu'urgent car, comme l'a rappelé le Ministre des affaires étrangères du Congo, les succès remportés par les Nations Unies dans ce domaine sont encore loin des attentes des peuples. Certains ministres ont également préconisé un recours plus fréquent à la diplomatie préventive plutôt qu'à la force et aux sanctions beaucoup plus difficiles à gérer. Plusieurs ont insisté sur le rôle du désarmement et ont souhaité un large appui à la première Conférence des Nations Unies sur les armes légères et de petit calibre prévue pour 2001.

La misère, l'extrême pauvreté ont été évoquées pour demander que les opportunités qu'offre la mondialisation soient plus accessibles à toutes les populations du monde. Si nous ne prenons pas des mesures pour en faire partager les fruits, la mondialisation sera moins une chance qu'un nouveau défi pour les pays en développement, a affirmé notamment le Ministre du Bangladesh. Et alors, être à l'abri du besoin ne sera qu'une vaine formule.

Dans un monde où tous les pays admettent leur interdépendance, il faut permettre l'épanouissement du potentiel de l'ensemble de l'humanité. Pour cela, la coopération internationale est la seule solution. Le défi de la prochaine décennie sera de mettre en œuvre les engagements pris en commun pour y faire face.

Lors de la séance de cet après-midi, ont pris la parole le Premier ministre du Commonwealth de la Dominique et les ministres des Affaires étrangères de Sierra Leone, de Thaïlande, des Philippines, du Botswana, de l'inde, du Bangladesh, du Guyana, du Soudan et du Congo, ainsi que la représentante du Turkménistan.

L'Assemblée générale poursuivra son débat général demain, mercredi 20 septembre, à partir de 10 heures.

Suite du débat général

M. SAMA BANYA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de Sierra Leone: A la suite de la capture criminelle par le Front Uni Révolutionnaire (RUF) de centaines de casques bleus des Nations Unies de la MINUSIL, une manifestation pacifique de membres de la société civile sierra- léonaise avait été organisée pour exiger de Foday Sankoh la libération inconditionnelle des otages et pour l’amener à coopérer afin de mettre oeuvre l’Accord de paix de Lomé, en particulier en ce qui concerne le désarmement et la démobilisation des combattants, ainsi que le programme de réintégration. Dès que les manifestants ont atteint la résidence de Foday Sankoh, les hommes de celui-ci ont ouvert le feu sur cette foule sans défense, faisant 22 morts et de nombreux blessés dont deux devaient ensuite succomber. Les événements ont ensuite révélé que le RUF avait l’intention de renverser par la violence le gouvernement le lendemain, 9 mai 2000. Ceci nous a conduit à remettre en cause l’Accord de Lomé en particulier le rôle de Foday Sankoh, qui avait été nommé à la tête de la Commission de la gestion des ressources stratégiques en application de cet Accord. M. Sankoh a utilisé sa position pour, sans en référer à quiconque, ouvrir des négociations avec des gens afin d’attribuer des droits d’exploitation et de vente des diamants du pays.

Le Gouvernement de Sierra Leone avait signé l’Accord de Lomé afin de mettre fin aux atrocités perpétrées à l’encontre de la population civile, en particulier des femmes et des enfants innocents. Le texte prévoyait notamment la démobilisation et le désarmement des combattants, ainsi que le déploiement d’un contingent des Nations Unies, la MINUSIL. Bien que le RUF ait perdu tout droit à bénéficier de l’Accord de paix, le gouvernement entend le raviver.

La MINUSIL doit être félicitée pour le professionnalisme dont elle a fait preuve pour libérer les otages. Un autre groupe de bandits, les “West Side Boys”, avait capturé dix militaires britanniques, chargés de former une armée professionnelle. Au soulagement de tous, les otages ont finalement été libérés et mon gouvernement a déjà félicité le Gouvernement britannique pour le professionnalisme de son équipe de sauvetage.

Le Conseil de sécurité a adopté récemment une résolution interdisant la vente illégale des “diamants du sang” en provenance de Sierra Leone, qui ont servi à alimenter la guerre. Je remercie les Gouvernements des Etats-Unis, du Royaume- Uni et du Canada pour leur persévérance et pour avoir clairement désigné les coupables. Nous espérons que les nouveaux accords permettront non seulement de mettre fin au trafic illégal de diamants, mais aussi de rendre le système plus sain, pour le bien de notre pays.

Grâce aux actes décisifs du Conseil de sécurité et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, sous la direction du Président Obasanjo du Nigéria et du Président Konare du Mali, les Sierra-Léonais entrevoient enfin la lumière au bout du tunnel. Les procès qui auront lieu prochainement pour juger ceux qui ont commis des actes horribles contre leurs concitoyens constitueront un signal pour les aventuriers: il n’y aura plus d’impunité.

Aucune parole ne pourra exprimer toute la gratitude du peuple de Sierra Leone envers le Conseil de sécurité et les pays qui ont fourni des troupes. Je lance un appel à nos amis pour qu’ils poursuivent et intensifient leurs programmes humanitaires pour reconstruire le pays.

M. SURIN PITSUWAN, Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande: Nous devons oeuvrer collectivement afin de concrétiser les engagements que nous avons pris au Sommet du millénaire et lors d'autres réunions et afin que ces engagements bénéficient directement aux peuples. Bien que la récente crise économique et sociale ait eu des conséquences dévastatrices pour des millions de personnes dans la région de l'Asie et du Pacifique, elle a aussi permis au Gouvernement de se concentrer sur la nécessité de protéger sa richesse la plus précieuse, à savoir son peuple. La crise a soulevé plusieurs questions difficiles, telles que celle de savoir comment pouvons-nous oeuvrer pour un développement durable et même tenter de parvenir à une prospérité économique lorsque les besoins fondamentaux de nos populations ne peuvent pas être satisfaits. L'idée de placer les personnes au centre des efforts de développement n'est pas nouvelle mais elle est loin d'avoir été réalisée partout.

Dans le cadre des efforts visant à placer les personnes au centre du développement, il faut lutter en priorité contre les problèmes nationaux et transnationaux qui ont un impact direct sur le bien-être des populations. Ces problèmes sont liés aux drogues et au trafic de narcotiques, au VIH/sida et à la pauvreté, qui doit être atténuée grâce à un développement durable. L'une des conséquences les plus regrettables de la mondialisation est la «mondialisation» du problème des drogues et des narcotiques. La production et le trafic illicites des stupéfiants érodent les ressources de l'économie, génèrent une cohorte de problèmes sociaux et sapent le potentiel humain. Il s'agit d'un problème mondial qui affecte tant les consommateurs de drogues que ceux qui n'en consomment pas. Tous les types de drogues représentent une menace pour la société mais la communauté doit accorder la même attention à la menace grandissante des méthamphétamines qu'à celle de l'héroïne et des autres drogues. La Thaïlande est à la pointe du combat contre les drogues aux niveaux national et régional. Elle accueillera à Bangkok en octobre une conférence organisée par l’ANASE et le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues sur le thème «A la poursuite d’une région de l’ANASE libérée des drogues d’ici 2015». Le faible coût de production des méthamphétamines les rend accessibles à tous les secteurs de société et donc difficiles à supprimer.

Pour ce qui est du sida, nous soutenons la proposition de convier une session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à ce problème en 2001. Sortir les populations de la pauvreté abjecte dans laquelle elles vivent et leur fournir le moyen de mener une vie productive est la meilleure garantie d'une stabilité sociale à long terme, c'est aussi le fondement le plus sûr de la prospérité future et de la paix internationale. Les problèmes de dette sont un sérieux obstacle au développement économique et social et tous les pays doivent être assistés dans la gestion de leurs obligations financières. Toutefois, la meilleure manière d'assurer une réduction de la pauvreté et de promouvoir le développement durable est de donner aux peuples la capacité de s'aider eux-mêmes.

On ne peut lutter pour la sécurité humaine et oeuvrer efficacement pour un développement centré sur la personne humaine si l'on n'est pas en mesure de protéger efficacement les populations contre les pires formes d'abus, de souffrances et de privations. Nous cherchons à promouvoir, de l'intérieur, une paix et une sécurité internationales en soutenant le paradigme de la sécurité humaine entre les nations, mais nous devons aussi déployer des efforts sur la scène extérieure. Nous devons nous engager dans une action collective prompte et efficace aux niveaux régional et multilatéral afin de créer les conditions de la paix et de la sécurité. La Thaïlande est favorable à l'expansion du nombre de membres permanents et non permanents du Conseil de sécurité, en tenant compte du principe de représentation géographique équitable, d'efficacité et de capacité à partager des responsabilités. En outre, la Thaïlande soutient pleinement le principe de réforme des opérations de maintien de la paix des Nations Unies afin d'assurer leur efficacité et donc leur crédibilité.

Mme AKSOLTAN ATAEVA, Représentante du Turkménistan: Le XXème siècle a été un siècle marqué par des contradictions, notamment les guerres mondiales et la catastrophe de Tchernobyl. La flamme de la guerre s’est également allumée en Afrique, dévastant de nombreux pays. Le XXème siècle n’a pas permis de régler un certain nombre de problèmes. Il incombe à tous les gouvernements d’oeuvrer aujourd’hui pour assurer un meilleur avenir car la planète est le patrimoine commun de toute l’humanité. Les droits de l’homme sont universellement reconnus et doivent être respectés partout dans le monde. Le modèle de mondialisation politique fondé sur la philosophie néolibérale porte en lui le germe de la confrontation. Les Nations Unies doivent être le lieu où s'harmonisent les idées et les philosophies qui doivent inspirer le bon déroulement des relations internationales. Il est absolument indispensable de rechercher ce qui rapproche les peuples. La principale réalisation du Turkménistan depuis son indépendance a été l’instauration de la stabilité, indispensable pour assurer le succès du processus de développement du pays. Le gouvernement a accordé la priorité à la mise en place de nombreux programmes dont les fleurons sont les transports et le renforcement de la coopération économique avec les pays voisins. L’édification de gazoducs et d’oléoducs est apparue essentielle pour faciliter l’acheminement du gaz et du pétrole. Le Turkménistan oeuvre également en faveur de la détermination du statut juridique de la mer Caspienne.

De l’avis du gouvernement turkmène, le dialogue avec les Taliban contribuera à régler la crise en Afghanistan dont le peuple souffre terriblement. Le maintien des sanctions n’aura pour effet qu’à exacerber la situation.

M. DOMINGO L. SIAZON, Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères des Philippines: Notre Assemblée a reçu une nécessaire impulsion lors du Sommet du millénaire, qui ne doit pas être perdue. La cinquante-cinquième session de l'Assemblée générale doit refléter le nouveau pacte mondial en faveur de la paix et du progrès et, comme toujours, les Nations Unies doivent prendre la tête de cette entreprise. Pour les Philippines, cette session doit constituer un pont entre le passé et l’avenir, entre l’expérience et la vision, et entre les promesses et les réalisations.

Il y a 55 ans, notre Organisation naissait des cendres de la guerre. A l’époque, une communauté vraiment mondiale était encore pour la plupart un idéal lointain. Aujourd’hui, nous constituons effectivement un village planétaire. L’interdépendance est un fait reconnu et accepté et la mondialisation est bon gré mal gré sur toutes les lèvres. Plus encore, notre avenir dépend des peuples du monde entier, des riches comme des démunis, des forts comme des faibles. Nous ouvrons la porte au plus grand épanouissement du potentiel humain. Nous affirmons aussi la dignité humaine. Donner le pouvoir au peuple, c’est jeter un pont vers l’avenir. Mettons-nous au travail afin de nous assurer qu’en 2015, nos enfants pourront achever leur scolarité primaire et qu’au-delà, ils auront la possibilité d’accéder à des niveaux supérieurs d’éducation. L’éducation est le meilleur outil de la protection des droits de l’homme, de promotion de la démocratie et de l'avènement de la bonne gouvernance. Et comme l’esprit sain travaille mieux dans un corps sain, nous devons combattre les maladies et le VIH/sida, réduire la mortalité maternelle et enfantine. Investissons dans l’humanité. Lançons une sorte de plan Marshall pour les peuples du monde. Construisons ce pont humain dès à présent.

Les Nations Unies ont à la fois l’expérience et la vision nécessaires pour réussir. Notre Organisation doit prendre en main avec confiance la direction de notre monde pour le conduire vers l’avenir. A cette fin, des réformes institutionnelles profondes doivent être entreprises et menées à bien, sous la direction d’une Assemblée générale volontaire et d’un Conseil de sécurité réellement représentatif et transparent. Les Nations Unies doivent rester sans équivoque le premier et le dernier pacificateur. Elles doivent aussi être à l’avant-garde du règne du droit dans les affaires internationales comme dans les affaires intérieures. La diplomatie préventive doit être notre principal outil et la force doit être moins souvent utilisée. Quand elle l’est, il faut que ce soit dans le cadre des normes internationales, et les opérations de paix doivent être menées avec des mandats précis et bien définis. A cet égard, le rapport Brahimi mérite notre considération attentive et urgente. Nous devons faire progresser le désarmement vers un monde sans arme nucléaire et nous soutenons l’initiative du Secrétaire général en faveur d’une conférence sur les dangers du nucléaire. Nous souhaitons aussi une participation active à la Conférence de 2001 sur les armes légères et de petit calibre. Le rôle central des Nations Unies ne doit pas se limiter au maintien de la sécurité internationale; il doit s’étendre à la promotion de la prospérité pour tous. Nous devons, d’ici 2015, réduire de moitié la pauvreté dans le monde. Avec les institutions de Bretton Woods et d’autres organisations internationales, les Nations Unies sont bien placées pour réformer le système économique et financier mondial. Nous devons créer un régime économique mondial qui construise des capacités de production, et ne creuse pas des écarts de revenus; qui stimule l’ouverture et pas la corruption; qui récompense l’initiative et pas la cupidité. En cela, le partenariat avec le secteur privé et la société civile est indispensable. La paix et la prospérité doivent reposer avant tout sur la coopération entre les hommes. Dans le village mondial, la coopération est le seul moyen de jeter un pont entre l’expérience et la vision.

La Déclaration du millénaire recèle notre espoir commun : la promesse d’une véritable communauté des nations travaillant ensemble en vue d’un monde plus prospère, plus pacifique et plus juste. Mais la route est tortueuse. Pourtant, nous devons marcher. Sur cette route, le plus grand danger est le sous- développement. Qui n’est pas à l’abri du besoin ne peut être à l’abri de la peur. Dans le monde en développement, des décennies de troubles et de sous-développement abject ont eu un effet si débilitant que seule l’aide internationale peut remettre certains d’entre-nous sur pieds. Beaucoup d’entre-nous demandent des «filets de sécurité». Mais même le poisson ne souhaite pas vivre dans un filet. Ce dont nous avons besoin, c’est d’un nouveau contrat pour les pays pauvres. Cette année, l’aide aux pays en développement atteindra peut-être 40 milliards de dollars, la moitié de ce qu’elle était il y a 25 ans. Il faut alléger le fardeau de la dette et honorer les promesses d’aide publique au développement faites voilà trente ans. De nouveaux pas doivent être franchis lors de la troisième Conférence de l’ONU sur les pays les moins avancés l’an prochain et nous devons préparer cette Conférence de manière à ce qu’elle soit couronnée de succès.

M. MOMPATI S. MERAFHE, Ministre des affaires étrangères de la République du Botswana: Le Botswana renouvelle la confiance qu'il a dans l'Organisation des Nations Unies qui reste toujours confrontée aux problèmes de l’heure, tels que les conflits meurtriers, la pauvreté, les maladies. Sur le continent africain, la lutte pour la paix et contre la guerre demeure une grande préoccupation. L’Accord de Lusaka, conclu il y a un peu plus d’un an, pour ramener la paix en Afrique centrale, n’a toujours pas été mis en oeuvre. Bien qu'un facilitateur soit en République démocratique du Congo depuis neuf mois, le dialogue n’a pu reprendre, ce qui est regrettable. Les dirigeants congolais se rendront peut-être compte que l'Accord de Lusaka est leur seul salut. Les dirigeants du Burundi, pays voisin de la RDC, se sont récemment réunis à Arusha, avec M. Nelson Mandela comme médiateur et en présence de dirigeants tels que M. Bill Clinton. Il est regrettable que l'Accord de paix ait été accepté par certains et dénigré par d'autres. La région des Grands Lacs de l'Afrique centrale a besoin de paix. Les voisins de la RDC et du Burundi ne trouveront pas la paix aussi longtemps que les carnages continueront sur leurs terres.

L'Organisation des Nations Unies a fait des progrès en Sierra Leone, après les mésaventures qui ont failli tourner au ridicule. La dimension de la force des Nations Unies déployée dans ce petit pays devrait être suffisante pour contrecarrer les activités meurtrières des brigands du Front Uni Révolutionnaire. Mais, en dernier ressort, c’est au peuple de Sierra Leone qu’il appartient de poursuivre la logique de paix à travers le dialogue national et la réconciliation. Dans la Corne de l'Afrique, le silence des armes dans la guerre tragique entre l'Erythrée et l'Ethiopie est vraiment le bienvenu. Nous nourrissons l’espoir que la communauté internationale saura apporter assistance aux régions affectées. Pour ce qui est de la Somalie, notre souhait est que la nouvelle autorité centrale soit respectée par tous les partis du pays.

Pour être réussie, la lutte pour la paix en Afrique doit se poursuivre sur deux fronts, politique et économique. Depuis quelque temps déjà, nous constatons sur notre continent des changements positifs. Nous pensons qu’une bonne gouvernance implique transparence et incorruptibilité, ouverture et tolérance. Sur le front économique, l'Afrique a besoin d'investissements et d'assistance pour renforcer le processus démocratique. Les Africains méritent une solidarité et des engagements constructifs de la part du monde développé.

En tant que petit pays, nous ressentons une certaine sécurité à appartenir aux Nations Unies. Nous payons dans les délais notre cotisation à l'Organisation et participons aux opérations de maintien de la paix. Nous avons aussi défendu l'Organisation contre ses nombreux détracteurs. Connaissant le risque d'insolvabilité des Nations Unies, le Secrétaire général a raison de mettre les pays Membres face à leurs responsabilités pour respecter les obligations de la Charte. Nous devons renforcer les Nations Unies, en réformant le Conseil de sécurité qui a besoin davantage de démocratisation, et renforcer les opérations de maintien de la paix. Les leçons reçues au Kosovo, au Timor oriental et plus récemment en Sierra Leone ont fait comprendre que les Nations Unies doivent renforcer l'entraînement et l'équipement de ses troupes, tout en donnant des mandats plus réalistes au Conseil de sécurité.

M. AL-HAJ ABDUS SAMAD AZAD, Ministre des affaires étrangères du Bangladesh: Il y a 36 ans, quand le père de la nation, Bangabandhu Sheikh Mujibur Rahman, s’est adressé pour la première fois à l’Assemblée générale, il a mis l’accent sur notre engagement en faveur de la Charte des Nations Unies. Pour notre peuple, ce fut un moment intense. Pour le peuple du Bangladesh, les droits de l’homme sont un droit sacré, car nous avons été victimes de violations. Le père de la nation lui-même fut assassiné par des gens qui ont ensuite bénéficié d’une immunité accordée par le régime non démocratique de l’époque. Aujourd’hui, l’actuel Gouvernement démocratique du Bangladesh a mis fin à cette immunité et a jugé et condamné les assassins. Certains ont pourtant trouvé refuge à l’étranger. Si les droits de l’homme doivent dominer l’ordre du jour du prochain siècle, nous souhaitons une coopération internationale afin de ramener ces criminels avoués au Bangladesh pour qu’ils soient traduits en justice.

Une des plus importantes expressions des droits de l’homme est le droit au développement. Il est essentiel que nos efforts se concentrent sur la réduction de la pauvreté. Si nous ne prenons pas des mesures positives en ce sens, la mondialisation sera davantage un défi qu’une opportunité. Etre à l’abri du besoin restera une formule. Durant la décennie passée, la communauté internationale a reconnu l’existence de nombreux défis et a pris des engagements. Le défi qui est devant nous consiste désormais à concrétiser ces engagements communs. Sous la direction du Premier Ministre Sheikh Hasina, le Bangladesh s’est fixé comme objectif principal l’élimination de la pauvreté. Nous investissons de plus en plus dans notre peuple et dans notre développement social et humain. Dans ce contexte le Bangladesh a mis l’accent sur les droits des femmes et des enfants. Il est devenu partie à la plupart des grands instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme. Durant le Sommet du millénaire, Sheikh Hasina a ratifié le protocole facultatif à la Convention sur les droits de la femme et deux Protocoles additionnels à la Convention des droits de l’enfant. Malheureusement, nos efforts en vue d’un développement durable sont freinés par des calamités qui échappent à notre contrôle. Aujourd’hui, deux tiers de la population du Bangladesh sont ainsi menacés par l’arsenic qui a contaminé l’eau potable.

La sécurité et la paix internationales doivent aussi s’entendre en termes de sécurité humaine. L’établissement d’une cour criminelle internationale ira en ce sens. Nous avons signé le Statut de Rome et avons entamé le processus qui mènera à sa ratification. Membre élu du Conseil de sécurité, le Bangladesh soutient le renforcement de l’efficacité des opérations de maintien de la paix, auxquelles nous apportons une importante contribution. Nous saluons les recommandations du rapport Brahimi et espérons leur examen par des organes intergouvernementaux compétents. Nous nous sommes toujours préoccupés des sanctions et de leur impact et c’est un Représentant du Bangladesh qui préside le Groupe de travail sur les sanctions mis en place par le Conseil de sécurité après des années de débats.

Pour garantir la paix et le développement, nous devons aller de l’avant vers un véritable désarmement. Nous sommes préoccupés de la nucléarisation de l’Asie du Sud. Comptant parmi les plus pauvres du monde, notre région ne peut se permettre une course aux armements nucléaires. Le Bangladesh a ratifié en début d’année le Traité pour l’interdiction complète des essais nucléaires (CTBT), signé dès 1996.

Nous avons aussi été le premier pays de la région à signer le Traité d’Ottawa sur l’interdiction des mines terrestres, que nous avons également ratifié durant ce Sommet, en même temps que la Convention sur l’élimination de certaines armes conventionnelles. Le Bangladesh considère la paix et le développement comme des droits fondamentaux: les Nations Unies et les Etats Membres doivent continuer à adopter et à promouvoir une culture de la paix.

Les Nations Unies doivent se préparer à faire face efficacement aux défis du XXIème siècle. Depuis le lancement de la réforme des Nations Unies, beaucoup a été fait mais il reste encore beaucoup à faire. Nous souhaitons une plus grande démocratisation et transparence dans les organisations des Nations Unies. Nous pensons aussi que la participation des organisations non gouvernementales (ONG) et d’autres secteurs de la société civile peut améliorer l’efficacité des Nations Unies. Nous devons non seulement libérer les peuples du fléau de la guerre, mais aussi préserver les générations futures du fléau de la pauvreté.

M. JASWANT SINGH, Ministre des affaires extérieures de l'Inde: La paix, la sécurité collective et le développement sont l'inspiration des Nations Unies. Nous entrons dans le XXIème siècle avec de formidables capacités intellectuelles et techniques. Ce sont nos outils pour surmonter les défis qui se dressent devant nous. La stabilité et le développement sont les piliers du maintien de la paix et de la sécurité. Les menaces contre la paix surgissent de différentes sources. Ce ne sont pas seulement les armes de destruction massive ou la course aux armements qui menacent la paix, mais aussi la pauvreté déshumanisante et le manque de développement. L'action collective et la coopération internationale amplifient nos efforts de paix et de progrès. Nous devons réaffirmer le principe du respect de la souveraineté de l'Etat et de la non-ingérence dans les affaires intérieures des pays. Nous devons donc renoncer à toute action unilatérale. Lorsque les circonstances exigent une action du Conseil de sécurité, elle doit être fermement ancrée dans les dispositions de la Charte.

Le désarmement et particulièrement le désarmement nucléaire complet est essentiel pour engendrer un sentiment de sécurité chez les Etats Membres. L'Inde a été et continuera d'être en première ligne des efforts vers le désarmement nucléaire complet et la non-prolifération véritable. Nous sommes favorables à la convocation d'une Conférence internationale sur l'élimination du danger nucléaire.

Le transfert illicite, la fabrication et la mise en circulation de petites armes, en particulier à partir d'acteurs étatiques vers des acteurs non étatiques et des groupes terroristes; ainsi que le lien intrinsèque que ces activités entretiennent avec le terrorisme et du trafic de stupéfiants, sont d'importantes sources de préoccupation pour la communauté mondiale. Lorsque s'y ajoutent le fanatisme religieux et l'"aventurisme" militaire, ces activités mettent en danger les normes de la civilisation mondiale auxquelles nous aspirons tous.

A notre époque, le terrorisme est une menace mondiale. Pour certains, le terrorisme remplace l'idéologie ou les politiques. Ses cibles sont principalement des innocents, ce qui en fait l'une des plus flagrantes violations des droits de l'homme. Lorsque les terroristes sont armés, financés et appuyés par les gouvernements ou leurs organisations, le terrorisme constitue une menace pour la paix et la sécurité internationales. J'appelle tous les Membres des Nations Unies à fournir tout leur soutien à l'élaboration d'une convention contre le terrorisme international.

L'Organisation des Nations Unies est unique, on ne peut ni la reproduire ni la remplacer. Le nombre de membres des Nations Unies a augmenté plusieurs fois au cours du dernier demi-siècle, jusqu'à atteindre 189. En revanche, le Conseil de sécurité a conservé la même structure qu'en 1945, lorsque le monde était encore colonisé. Il est évident que le nombre de membres permanents et non permanents du Conseil de sécurité doit être élargi. Un Conseil de sécurité non représentatif pâtira d'un manque de compréhension des réalités sur lesquelles il devra se prononcer ou d'un manque d'autorité morale. Je souhaite réaffirmer la volonté de l'Inde de porter la responsabilité d'un poste de Membre permanent. En outre, le fonctionnement et le rôle de l'Assemblée générale doivent être renforcé.

Nous avons toujours appelé les Nations Unies à accroître leur orientation et leur engagement envers le développement. Les pays en développement et leurs populations ne peuvent prospérer à partir d'un régime uniquement composé de conseils et de bonne volonté. La prochaine conférence sur le financement du développement devra donc adopter des initiatives concrètes pour mobiliser les financements extérieurs du développement. Cela est particulièrement important en Afrique, un continent dont les efforts doivent recevoir un soutien adéquat de la part de la communauté internationale. Par ailleurs, les enfants et les questions qui les concernent ont une importance prioritaire. Nous espérons que la session extraordinaire de l'Assemblée générale, qui se tiendra l'année prochaine, se concentrera sur l'application de la Déclaration du Sommet mondial sur les enfants.

M. CLEMENT J. ROHEE, Ministre des affaires étrangères du Guyana: Le fossé qui existe entre les pays les plus riches et les pays les plus pauvres s’est creusé de telle sorte au cours de ces dernières années qu’il est indispensable de prendre des mesures urgentes et vigoureuses pour éviter une catastrophe humaine de grande portée. Selon les estimations de la Banque mondiale, 1,3 milliard de personnes ne disposent que d’un dollar par jour pour vivre. Pour la plupart des pays en développement, comme le Guyana, les maigres ressources financières et humaines dont ils disposent imposent des restrictions lourdes sur les mesures qu’ils peuvent prendre. En dépit du fait que bon nombre de ces pays ont opté pour des réformes en faveur d’une économie de marché et de la bonne gouvernance, ils n'ont guère réussi à améliorer la situation socio-économique de leurs populations. Tandis que la mondialisation a profité aux économies fortes, elle a dangereusement affaibli de nombreux pays en développement. Plusieurs pays ont même connu un véritable effondrement économique et social, accentuant les vulnérabilités particulières aux petits pays en développement, qui dépendent essentiellement de l’agriculture. La majorité des pays en développement continuent d’être paralysés par une faible infrastructure des réseaux routiers et des télécommunications et par l’absence de personnel spécialisé qui pourrait mieux tirer parti des offres du marché. De plus, ils n'ont pas les moyens de faire face à des coups de production élevés ni d'avoir accès aux marchés pour écouler leurs produits. La libéralisation du commerce a également conduit à la croissance rapide des importations par les pays en développement tandis que leurs exportations demeurent limitées et leurs balances commerciales continuent d’être déficitaires.

A l'aube du nouveau millénaire, la communauté internationale et les décideurs se doivent de faire face, de manière globale et durable, à ces inégalités dans l’économie mondiale afin d’assurer une intégration souple des pays en développement, en particulier les plus petites économies, dans le processus de mondialisation. Les pays en développement ne demandent pas la charité, ils ne demandent qu’une assistance pour leur permettre de créer un climat national propice à leur participation dans l’économie de marché. Il serait utile d’intégrer les périodes de transition dans les modèles économiques actuels et d’établir des dispositions pour une assistance ciblée en faveur des petits pays en développement. Il serait également souhaitable d’alléger de manière considérable le fardeau de la dette et de l’annuler, en cas de nécessité, tout en fournissant une assistance spéciale pour le développement, ce qui stimulerait les capacités générales de production des pays en développement. Tout en reconnaissant que le partenariat global entre les Nations Unies, le secteur privé et les organisations non gouvernementales peut renforcer la coopération dans de nombreux domaines, ce partenariat ne peut être établi que sur la base de la compréhension et du respect mutuels en définissant clairement les rôles respectifs des partenaires. Il doit y avoir des objectifs et un mandat clairs pour chaque partenaire.

M. MUSTAFA OSMAN ISMAIL, Ministre des affaires extérieures du Soudan: Nous pensons que l'Assemblée du millénaire doit examiner la question de la réforme des institutions des Nations Unies, car elles représentent les mécanismes par lesquels la communauté internationale coordonne la mise en oeuvre des plans pour la réalisation de la paix et de la sécurité internationales, du développement complet et de la prospérité pour l'humanité. Une réforme des méthodes de travail et du mécanisme de prise de décision du Conseil de sécurité s'impose également, afin que celui-ci devienne plus démocratique et transparent.

Nous partageons l'opinion exprimée par le Secrétaire général selon laquelle le principal défi que nous devons affronter aujourd'hui est de savoir comment transformer la mondialisation en une force dynamique et positive qui bénéficiera à tous les peuples du monde.

Le droit au développement est l'un des droits humains les plus essentiels. Pour en garantir la réalisation, nous devons impérativement établir un ordre économique mondial juste et démocratique qui garantisse des termes d'échange justes entre les pays pauvres et les pays riches. Une augmentation du niveau de l'aide publique au développement et une atténuation du fardeau de la dette sont également indispensables. Le manquement aux engagements financiers et le fardeau excessif de la dette sont les principales raisons pour lesquelles les engagements pris lors des Conférences de Beijing et de Copenhague n'ont pu être réalisés.

Sensibles aux préoccupations exprimées par la communauté internationale au sujet du conflit qui se déroule actuellement au Sud-Soudan, nous devons toutefois préciser que le Soudan est confronté à une guerre qui lui a été imposée par un mouvement rebelle dont l'objectif est de saper notre intégrité territoriale ainsi que la sécurité de notre population. Il convient de rappeler que c'est le Gouvernement du Soudan qui a, le premier, invité les Nations Unies à coordonner l'assistance humanitaire à l'attention des citoyens touchés par ce conflit. Le mouvement rebelle a continué de violer le cessez-le-feu partiel dans la zone de Bahr Elghazal, au Sud-Soudan. Il est urgent que cette auguste assemblée fasse pression sur le mouvement rebelle afin que celui-ci cesse d'utiliser les emplacements civils, tels que les hôpitaux et les écoles, comme des boucliers humains. Le Gouvernement du Soudan poursuit ses efforts de réconciliation nationale à travers des contacts directs et indirects avec les groupes d'opposition. Il a notamment été convenu de créer une Conférence nationale à laquelle participeront toutes les forces politiques et sociales du pays.

Deux années se sont écoulées depuis l'agression commise par l'armée américaine contre l'usine pharmaceutique d'Al-Shifa. Les débris de cet établissement qui produisait plus de la moitié des médicaments nécessaires pour sauver des vies au Soudan, se dressent encore comme un exemple de ce qui arrive lorsque la puissance d'une super-puissance est utilisée de manière irresponsable. Bien que le monde entier, y compris des médias des Etats-Unis, aient mis en doute les allégations de l'Administration américaine au sujet de l'usine d'Al-Shifa. Le Soudan espère par ailleurs que les membres des Nations Unies soutiendrons sa candidature à un siège non permanent du Conseil de sécurité pour la période 2001- 2002.

M. RODOLPHE ADADA, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie du Congo: Mon pays est concerné par l’environnement qui doit absolument être préservé et géré conformément aux préceptes du développement durable. Encore, faudrait-il que nous acceptions tous, pays développés et pays en développement, gouvernements et secteur privé, d’en payer le prix, de manière solidaire, pour ôter tout prétexte à ceux qui n’ont parfois pas d’autre choix que de le dégrader. C’est là tout l’enjeu de la sauvegarde indispensable de la faune, de la flore et surtout des forêts des pays en développement. Le Congo – pays équatorial – se sent une responsabilité particulière dans ce domaine. Le gouvernement congolais s’est engagé résolument dans la gestion et l’utilisation durables de sa forêt. Ce sujet sera le point focal de la réunion ministérielle de l’Organisation africaine du bois, qui aura lieu à Brazzaville, du 9 au 13 octobre prochains.

Pour remarquables qu’ils soient, les succès remportés par l’ONU dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales sont encore loin des attentes angoissées des millions d’hommes, de femmes et d’enfants à travers le monde. C’est pourquoi, le Congo appuie fermement les propositions formulées dans le rapport Brahimi et appelle de ses voeux leur mise en oeuvre rapide.

En Afrique centrale, déterminés à renforcer leurs capacités opérationnelles de maintien de la paix face à la persistance des crises et conflits qui minent la sous-région, les pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale – CEEAC – ont décidé de mettre en place un Conseil de paix et de sécurité – COPAX – dont le mécanisme d’alerte rapide et la Force multinationale de maintien de la paix comptent parmi les organes opérationnels. Au-delà de sa mission de prévention, le COPAX est également une réponse à l’appel du Secrétaire général au sujet des forces en attente. Il importe que la communauté internationale contribue au bon fonctionnement de ce mécanisme sous-régional de prévention, de gestion et de règlement des conflits, dans cette région du monde en proie à des guerres meurtrières et dévastatrices. Eu égard à la gravité de la situation humanitaire au nord-est du Congo, du fait de l’afflux massif des réfugiés et des déplacés fuyant la recrudescence des combats en République démocratique du Congo, le Congo appelle de nouveau la communauté internationale à apporter une assistance conséquente à ces populations en détresse.

Egalement secoué par des conflits internes, le Congo a signé l’année dernière des Accords de cessez-le-feu et de cessation des hostilités, pour se tourner vers l’avenir. Pour le Congo, l’avenir est désormais la consolidation de la paix, la réconciliation nationale, la reconstruction du pays et la relance du processus démocratique. A partir de ce mois de septembre, le gouvernement congolais a engagé d’importantes consultations sur le projet de constitution qu’il soumettra pour adoption au Parlement de transition, en mars 2001. Son adoption ouvrira la voie au référendum constitutionnel et aux élections générales. De même, dans le cadre de la reconstruction du pays, le gouvernement vient d’adopter un programme intérimaire post-conflit pour la période 2000-2002 dont la mise en oeuvre nécessite la mobilisation d’importantes ressources financières, et pour lequel l'appui de la communauté internationale sera indispensable.

M. ROOSEVELT DOUGLAS, Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Commonwealth de la Dominique: Le défi auquel font face les Nations Unies et la communauté internationale est d'aller au-delà des préoccupations exprimées au Sommet du millénaire et de mener, par des moyens tangibles et efficaces, des efforts concertés pour aboutir à un changement significatif dans la vie de nombreux pauvres parmi nous. La mondialisation et la libéralisation du commerce sont favorables aux pays riches et développés, mais pour des petits pays comme le mien cela aboutit à une plus grande inégalité et à la marginalisation. La tendance des pays riches et puissants à décider unilatéralement des lois régissant le commerce international réserve à ceux-ci une part importante de décision dans ce domaine.

En tant que petit pays produisant des bananes, nous avons traditionnellement exporté notre produit sur le marché européen, selon des règles spéciales. Sur cette question, l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) n'a pas rendu de décision dans le souci de promouvoir l'équité et la justice entre des parties inégales, mais on ne pouvait rien attendre d'autre d'une organisation qui a été créée de façon évidente pour juger des litiges entre parties égales et où les pays développés sont majoritairement représentés. Dans le litige relatif à l'Union européenne, la décision de l'OMC a eu pour conséquence une stagnation économique dans les îles Windward. Ma délégation demande une sortie rapide de cette impasse.

Dans un même temps, l'OCDE a attaqué notre secteur financier, comme celui d'autres pays des Caraïbes, en l'accusant de créer et de maintenir des paradis fiscaux. Les formulations du rapport de l'OCDE sont inconsistantes et c'est simplement un exemple de plus de la volonté de voir les petits Etats en développement contraints par les règles et les pratiques promulguées par les pays développés pour la protection de leur propre économie. Nous nous engageons à

créer des règles pour éviter les activités illégales, mais nous n'avons pas l'intention d'abandonner notre droit à la souveraineté pour agir dans le meilleur intérêt économique de nos concitoyens. Le Commonwealth de la Dominique continue à être affecté par le déclin de l'aide publique au développement (APD). En conséquence, nos attentes en matière d'investissements étrangers sont déçues. Les pays les plus avancés ont bénéficié de façon disproportionnée de l'augmentation des investissements étrangers directs pendant la dernière décennie, tandis que les pays les moins développés ont peu ou n’ont rien reçu.

En ce qui concerne le sida, nous payons un lourd tribut en tant que deuxième région la plus affectée. Une première étape est de réduire le coût des médicaments et, en même temps, des efforts doivent être accomplis pour développer une conscience de cette crise et des mesures préventives. En 1994, le Commonwealth de la Dominique a participé à la Conférence mondiale sur le développement durable des petits Etats insulaires en développement. Notre tâche est d'assurer que les ressources de ces Etats sont utilisées de façon à profiter aux générations futures. Notre souci concernant la pollution de la mer des Caraïbes porte avant tout sur le transport des matières dangereuses.

Enfin, le Commonwealth de la Dominique est préoccupé par la question de la représentation de la République de Chine à Taiwan aux Nations Unies, car c'est un modèle de démocratie en Asie, capable de respecter les obligations de la Charte, qui doit pouvoir participer aux travaux de notre Organisation.

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